Adrian Tchaïkovski - Dans les profondeurs du temps -
Denoël Lunes d’encre
« Il y a
plusieurs milliers d’années, la Terre a envoyé de nombreuses équipes dans l’espace
en vue de terraformer de nouveaux mondes et de donner un futur à l’Humanité.
Arrivés à proximité d’une de ces planètes, les scientifiques à bord du vaisseau
de terraformation baptisé l’Egéen découvrent, contre toute attente, qu’elle
abrite déjà une forme de vie. Vont-ils sursoir à l’exécution de leur mission ou,
envers et contre tout, rendre la planète habitable pour l’homme alors que la Terre
n’a plus donné signe de vie depuis bien longtemps ? L’un d’entre eux, Disra Senkovi, est convaincu que des poulpes qu’il a élevé
à la conscience pourront les aider à accomplir leur tâche au mieux. Et peu
importent les conséquences. »
Déjà
remarqué pour l’estimable Chiens de guerre, Adrian Tchaïkovski livre le second volet d’un
cycle de space-opera entamé avec Dans la toile du temps où une Humanité
agonisante, en proie aux conflits tente de survivre en essaimant dans l’Univers.
Dans les profondeurs du temps n’est pas à proprement parlé une suite mais un
récit supplémentaire évoluant dans le même continuum. Astucieusement Tchaïkovski
découpe l’intrigue en deux époques, celle dans laquelle s’inscrit l’odyssée de l’Egéen
et une seconde plus lointaine dans laquelle les humains s’effacent derrière
leurs successeurs. La narration oscille entre ces temps éloignés et, cerise sur
le gâteau, l’auteur opère une convergence entre les deux romans.
Dans la toile du temps racontait l’histoire d’une
terraformation catastrophique. Les instigateurs de l’entreprise prévoyaient de
larguer des singes sur La nouvelle Kern et d’accélérer dans un second temps leur
évolution grâce à l’activation d’un nanovirus. Malheureusement la navette
transportant les primates était détruite et l’élévation (pour reprendre le
concept popularisé par David Brin) profitait aux araignées locales. Dans le
roman suivant les astronautes découvrent un système solaire peuplé de géantes
gazeuses et de planètes internes. Tess 834h, candidate prévue de longue date à
la terraformation réserve une mauvaise surprise. Elle abrite des formes de vie,
or le protocole de géotransformation prévoit une refonte totale de l’écosystème.
Le chef de l’expédition Yusul Baltiel prend alors deux décisions lourdes de
conséquences : installer une colonie humaine sur Tess 834h et terraformer
la planète voisine océanique Tess 834g.
Yusul
Baltiel est assisté d’un second brillant mais autonome. Disra Senkovi a embarqué avec lui quelques
pieuvres de compagnie auxquelles il a injecté discrètement le Rus-Califi. Assez facétieuses elles vont se révéler
utiles lorsque la Terre, dans un ultime acte d’auto anéantissement tentera de détruire
à distance les vaisseaux explorateurs. Il y a pire. Sur Nod, la planète
rocheuse, un parasite s’attaque aux apprentis colons. Cela nous vaut quelques séquences
horrifiques de bon aloi.
Loin
des péripéties guerrières et des célébrations d’empires galactiques propres au genre,
Adrian Tchaïkovski étire son récit dans le Temps long, racontant l’effort désespéré
de quelques humains pour survivre, le combat obstiné de la conscience naissante
contre la brutalité de l’instinct, les efforts inlassables consentis par des
espèces radicalement étrangères pour communiquer voire coopérer. Il y a un bien
un soupçon de mélancolie (« Que valent les paroles d’un homme mort »
dit admirablement Tchaïkovski) mais le romancier délivre un message d’optimisme et parie sur l’intelligence, au-delà des Atlantides disparues. Sans jeu de mots,
Dans les profondeurs du temps est une œuvre d’une grande élévation, dans le
haut du panier de la production actuelle.
5 commentaires:
Va bien falloir que je m'intéresse à cet auteur. Merci pour cette critique.
Denoël publie désormais au compte-gouttes, mais quelles gouttes !
Pas lu le 1er.
Le blog de Denoël est un peu à l’arrêt.
Au fait avez-vous un formulaire de contact?Sinon ce n’est pas grave.
Bonjour,
J'ai bricolé un formulaire de contact, tout en bas à droite
Merci.Blogger restant toujours un mystère pour moi,cela peut toujours servir en deuxième intention.
Cordialement
Biancarelli
Enregistrer un commentaire