John Fante - Demande à la poussière - 10/18
Arturo Bandini jeune homme d’une vingtaine d’années natif du Colorado débarque à Los Angeles à la fin des années 30. Comme d’autres laissés pour compte du rêve américain attirés par le mirage californien tels des mouches à miel, il atterrit dans un hôtel miteux sur Bunker Hill. Arturo a tout de même un projet, devenir écrivain. Et ça s’annonce plutôt bien : un certain Hackmuth, patron de magazine qui l’a à la bonne, accepte une première nouvelle puis une seconde. Dans l’attente du succès, l’apprenti romancier découvre les facettes de l’existence partagé entre la bienheureuse fièvre de l’écriture, l’alcool, les prostituées et un amour impossible, Camilla.
Demande à la poussière appartient à un cycle
autobiographique « le quatuor Bandini » consacré à la saga d’un auteur
italo américain. Découvert tardivement en France, sorti de l’oubli aux USA par
Charles Bukowski, John Fante - bien plus qu’Hemingway - casse les codes de l’establishment
littéraire américain symbolisé par Faulkner dès 1936, au même titre que Céline outre-Atlantique.
La Beat Generation et d’autres emprunteront ses pas mais il demeurera à jamais le
vilain petit canard de l’Oncle Sam.
Ecrit à la première personne, Demande à la poussière est tout à la fois le récit d’une errance mentale, une tentative de rédemption par l’écriture, une fantastique purée émotionnelle où la prière succède à l’imprécation, la joie au désespoir, comme une bipolarité élevée en art romanesque, signe aussi d’une instabilité identitaire permanente ou plus simplement d’un écrivain qui se cherche. Le préfacier et auteur de Souvenirs d’un pas grand-chose dévorant l’ouvrage souligne « que chaque ligne avait sa propre énergie ». En effet derrière la description du Los Angeles des quartiers pauvres, la colère des exclus, on découvre un style incroyablement moderne. Il est ici mis en valeur par Philippe Garnier, l’un des trois Philippe (avec Paringaux et Manœuvre sauf erreur de ma part) du grand magazine Rock ’folk des années 70.
L’amour passion qu’éprouve Arturo pour Camillia une
jolie fille junkie d’ascendance mexicaine connaît un triste épilogue. Elle
tombe amoureuse d’un barman, part dans une dérive toxicomane, séjourne dans un
hôpital et se perd dans les sables comme Sammy son ex petit ami. Vingt plus tard
Ethan Edwards héros de La prisonnière du désert ira rechercher sa nièce
Debbie, capturée plusieurs années auparavant par les indiens dans le Colorado.
Le salut pour les uns, la damnation pour les autres.
John Fante catholique fervent, raconte dans
ce livre extraordinaire une histoire d’âmes perdues et de rédemption.
3 commentaires:
A noter que son fils, Dan, écrit aussi, dans une veine relativement similaire. Il était édité chez 13eme note, je ne sais pas si un éditeur l'a repris dans son catalogue.
Pas sur ...
Texte corrigé 14/11/20
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