vendredi 26 juin 2020

Aimer l’Apocalypse

Nicolas Winter - Pourquoi aimons-nous autant en finir avec l’Humanité ? - Just a Word



Pourvoyeur inlassable et pluridisciplinaire du blog Just a Word - à tel point que je me suis demandé s’il ne recréait pas à lui seul le défunt site du Cafard cosmique - Nicolas Winter cumule chroniques littéraires, cinématographiques, interviews et parfois comme ici articles de fond. Il s’attaque aujourd’hui aux représentations imaginaires, culturelles de la fin du monde. Comme pour tous les « dossiers » de ce type, ainsi les nommions nous à l‘époque des blattes, l’exercice présente deux difficultés, la recension et l’angle d’attaque. A l’étage supérieur (Klein, Lehman …) le thème peut rebondir sur une problématique sociale ou philosophique. Dernière épine, l’apocalypse est un sujet chausse-trappe car récurrent. Il est difficile de l’extraire de la gangue religieuse ou sectaire véhiculée depuis l’aube des temps et de trouver publications et matière à réflexion.



Nicolas trouve une voie originale en s’attaquant à la fonction cathartique. L’apocalypse est une jouissance esthétique ( Ballard !) (1) et un fantasme de solitude. Le lien avec l’individualisme contemporain est bienvenu. La haine des autres (Le Misanthrope évidemment, Robinson Crusoé reconstruisant à lui seul une société, le Huis Clos sartrien) trouve dans Je suis une légende de Matheson un scénario repoussoir, métaphorisé, de l’envahissement de l’homo economicus, de ses valeurs, de l’avènement de Facebook et Twitter (« La colère des imbéciles remplit le monde » disait de façon prémonitoire Bernanos). La fin du monde c'est la paix retrouvée.

Apocalypse, de l'esthétisme au snobisme (défilé Chanel)


Qui dit apocalypse dit châtiment. Dignes héritiers de l’Iliade dans l'art de trucider les auteurs de science-fiction ont multiplié les fins de rideaux provoquées d’ailleurs autant par l’Humanité elle-même que par un événement extérieur. Et puis enfin il faut survivre. Comment sera le monde futur ? Les quelques vieilles références qui me sont venues à l’esprit, Un cantique pour Leibowitz, Génocides, Le cycle du Nouveau printemps, L’invention de Morel (?), quelques nouvelles de L’homme illustré sont largement compensées, rafraichies par des apports récents. En résumant very good job. 

Photo Peng Shepherd. "La mort viendra et elle aura tes yeux" : l'apocalypse selon Pavese …









(1)   Déjà les toiles de Jérôme Bosch et leur contenu ambiguë et complexe …


4 commentaires:

Anonyme a dit…

Juste un mot..merci pour cette chronique.

Anonyme a dit…

De rien :)
SV

Nicolas Winter a dit…

Merci à toi pour le relais et les compliments !
Et, je regrette en effet amèrement le CC et l'époque des dossiers fournis qui m'avaient donné 1001 lectures.

Soleil vert a dit…

Tiens une info (Source Twitter Alain Jean-Robert) pour toi

Avis à la population: George Orwell fera son entrée dans la Pléiade le 8 octobre dans une édition dirigée par Philippe Jaworski déja à l'oeuvre pour les volumes de Philip Roth, Jack London, Herman Melville et Francis Scott Fitzgerald... Joie! #GeorgeOrwell
@Gallimard


S'agira t-il de la traduction de Josée Kamoun ou Philippe Jaworski va t-il mettre la main à la patte ?

De quoi réalimenter les conversations sur la novlangue ou le neoparlé