dimanche 23 février 2020

Bienvenue à Sturkeyville


Bob Leman - Bienvenue à Sturkeyville - Editions Scylla







Thématique récurrente des textes d’horreur ou de fantastique, les villes maudites ne cessent d’inspirer les écrivains. Ainsi récemment Wink née sous la plume de Robert Jackson Bennett (American Elsewhere) chez Albin Michel Imaginaire, ou Sturkeyville, point nodal de la désespérance imaginé par Bob Leman dans quelques nouvelles tirées de l’oubli par la Librairie Scylla et un amateur passionné. Certaines avaient fait l’objet d’une précédente parution entre 1977 et 1988 dans la revue Fiction sous la houlette du grand Alain Dorémieux. Grâce à la traductrice Nathalie Serval et au bon vouloir des ayant droits de l’auteur, l’intégralité des récits de Sturkeyville est mise à disposition des lecteurs. 


Les six narrations du recueil constituent la quintessence d’une œuvre réduite à quinze textes. Aucun roman. S’il fut un nouvelliste tardif et peu productif, le talent de conteur de Bob Leman ne souffre en revanche aucune contestation. Avis aux amateurs, sur les traces de Lovecraft (mais qui ne l’est pas ?), Bienvenue à Sturkeyville donne dans le lombric plutôt que dans le céphalopode. Pas de faiblesse dans ce volume qui dégage une homogénéité d’inspiration et d’écriture de bon aloi. En grattant bien on peut mettre en avant « La saison du ver » une histoire de possession qui prend d’entrée le lecteur à la gorge, la novella « Les Créatures du lac » et sa thématique de malédiction ancienne, ou « Loob ». Ce récit d’altération temporelle a pour héros un rejeton de Benjy Compson, l’idiot de The Sound and the Fury de William Faulkner. De Sturgeon à Shepard, en passant par Leman, le Prix Nobel 1949 n’en finit pas de susciter des émules dans les rangs des écrivains de science-fiction.


Bienvenue à Sturkeyville, issu d’un crowfunding, donne une idée de ce que peuvent réaliser les éditeurs de l’imaginaire lorsqu’ils s’affranchissent de l’étau financier : choix de textes sans concession, couverture à larges rabats, illustrations intérieures, etc. Sous la houlette du maitre d’œuvre Xavier Vernet, saluons les illustrateurs Stéphane Perger, Arnaud S. Maniak, la maquettiste Laure Afchain et la correctrice Pascale Doré.




Préface en guise de remerciement
La saison du ver
La Quête de Clifford M.
Les Créatures du lac
Odila
Loob
Viens là où mon amour repose et rêve

Aucun commentaire: