Peut-être sur Terre, dans un futur indéterminé, s’étend une mégastructure haute de plusieurs milliers de niveaux. Les humains rescapés d’une pandémie virale s’ y réfugient. Ils ne sont pas les seuls. Des mutants, des androïdes les recherchent et les traquent à la recherche de gènes intacts. Dans une autre dimension s’étend la résosphère. Le dernier refuge ? Encore faut t’il disposer d’un terminal génétique pour entrer en contact avec celle-ci.
Les dix tomes de Blame ! (1) racontent l’effort de Killy, un enquêteur, pour se procurer l’un d’entre eux. Assisté de Shibo, une scientifique, il se fraye patiemment un chemin vers le haut de la structure à coup de pistolet positronique, une arme dotée d’une puissance de feu digne d’un missile de croisière. Elle n’est pas de trop pour écarter les hordes de Sauvegardes, Silicates et autres bestioles du même cru qui entravent constamment son ascension.
Tsutomu Nihei livre un manga extrêmement sombre, une oeuvre désespérée à l’image de Génocides le roman de Thomas Disch. Rares sont les récits cyberpunk évoluant dans une telle ambiance. Ici point d’Elu ou de Matrice pontifiante comme dans Matrix. A l’instar des acteurs sans passé, sans avenir, de Blame !, l’auteur déploie un arsenal narratif réduit, ponctué d’onomatopées. L’image guide le récit. Tsutomu Nihei ne révèle rien ou presque de l’âme de ses personnages, évitant toute introspection, bridant l’émotion et d’une certaine façon l’empathie du lecteur pour ceux-ci. Un parti pris original, qui singularise certes ce manga mais assomme le lecteur à moitié du parcours. Le dessin, à la limite de l’esquisse, contribue à la morbidité de l’ensemble : architectures vieillissantes, labyrinthes à l’abandon, organismes pourrissants, intégration de l’organique et du métal (certains ont souligné l’influence de Giger).
Oeuvre fortement originale, Blame ! s’essouffle cependant au point de se réduire progressivement à un shoot them up. L’auteur comme le lecteur ont perdu le fil du récit.
(1) à noter que les volumes 9 et 10 de l'édition française sont épuisés.
Shibo avant lifting |
Shibo après lifting |
3 commentaires:
je suis parti dedans, merci du conseil
Blame : il existe une fiche wikipedia détaillée qui permet de débroussailler le récit. Bonne lecture
Punaise, j'achète !
Enregistrer un commentaire