Ursula Le Guin - Contes
de Terremer - Poche
[Réédition non corrigée, donc avec ses insuffisances, d’une
antique fiche de lecture. On conseillera aujourd’hui au lecteur de se procurer,
toujours en Poche, l’intégrale du cycle]
Déclinaison en Poche d’un ouvrage traduit chez Ailleurs & Demain en 2003, les Contes de Terremer marquent le retour de Ursula Le Guin au cycle de Terremer dont le dernier opus, Tehanu, datait de 1990 [1991 pour la traduction chez Laffont]. Une dizaine d’années s’est écoulée entre la rédaction du quatrième livre et le présent recueil. Pourquoi ? Ursula s’en explique dans un avant propos de quelques pages. Toute oeuvre romanesque échappe à son créateur. Le mot fin est illusoire. Il n'appartient pas à l'écrivain. Une fiction possède son temps propre qui n'est pas celui de l'auteur, elle s'inscrit comme histoire dans l'Histoire, fut elle imaginaire, elle devient Terra Incognita pour son Géniteur, objet de curiosité et enfin territoire à arpenter, à redécouvrir.
Le plaisir des retrouvailles n’en est que plus grand : un intense plaisir d’écriture transparaît à la lecture des Contes de Terremer. Chansons, vers, la romancière parcourt avec jubilation l’archipel, elle en poursuit l’inventaire avec quelques contes et légendes, complété d’une annexe descriptive qui clôt le recueil. Celle-ci aurait d’ailleurs pu fournir matière à récit et donne le sentiment que LE GUIN poursuit un double objectif, romanesque et lexicologique, qui nuit à l’homogénéité du présent volume.
Cinq nouvelles composent les
Contes de Terremer.
-
« Le Trouvier » relate la fondation de
l’école de Roke. Le héros est un jeune charpentier de marine originaire de
l’ile d’Havnor qui doté du talent de localisation [un des neufs dons maîtrisés
par les mages de Roke] va, avec l’aide de l’esclave Anieb, délivrer l’archipel
du joug du roi Losen et du mage Gelluk.
-
« Rosenoir et Diamant » est un
marivaudage sur l ‘amour, lu devoir, et la magie. Lequel de ces langages choisir ?
-
« Les os de la terre » : deux
magiciens conjuguent leurs efforts pour maîtriser un tremblement de terre dans
la cité de Ré albi.
-
« Dans le grand marais » :
l’histoire de la rédemption d’un mage redoutable, une nouvelle dans laquelle resurgit Ged, héros de Terremer.
-
« Libellule » : Une sorcière désireuse
de connaître l’étendue véritable de ses pouvoirs se rend à l’île de Roke, en
compagnie d’un faux mage. Un récit en clin d’œil où l’on apprend que le dicton
« nul ne saurait expliquer un dragon » s’applique aussi aux femmes.
De ces cinq récits, le premier s’en détache par sa longueur et son souffle. Dans celui-ci, comme dans les autres textes, les femmes y tiennent un rôle de premier plan. Les sages femmes de Roke, ainsi les nomme Le Guin, s’opposent à la folie guerrière des hommes. Anieb l’esclave, Irien la redoutable, Rosenoir la tenace, Emer la patiente sont bien les véritables héroïnes de ce livre et non les Neuf Maîtres de Terremer.

59 commentaires:
Ursula Le Guin ? Ah oui, j'avais aimé la découvrir grâce à Soleil vert. Celui-ci s'annonce un heureux temps de lecture.
Le métier d'un romancier c'est le mensonge, le descriptif pas la prédiction, disait-elle.
Elle a vraiment eu du flair en inventant des histoires. Elle s'est beaucoup amusée avec les histoires de genre, par exemple. Elle écrivait en explorant tous les fonds : la politique ( elle est un peu anarchiste virant au taoisme), les psychés, les paysages, le langage. C'est une styliste. Parfois je pense à Yourcenar car elle va au-delà de la science-fiction. Une écriture poétique, pleine de douceur et de beauté. .Ses nouvelles ne sont pas avares de légendes de ces peuples qu'elle inventait plein d'humanité. Écrire pour elle c'était la pratique d'un art. Quelle maîtrise de la langue ! J'aime bien son style., son oeuvre protéiforme. Elle a même écrit des poemes.C'est une joie de la rencontrer ici. Je ne l'ai pas trouvée dans la colonne de gauche, pourtant je suis certaine qu'on l'a évoquée ici. Peut-être dans les commentaires.
Mon souvenir, c'est "La main gauche de la nuit", dans les années 70. Quelle pagaille dans les genres ! Elle s'est beaucoup amusée. Drôle de planète. Ainsi donc visiteur voyait dans un individu d'abord un homme après une femme. Et là il interrogeait les critères qui renvoient habituellement au féminin ou au masculin. Il avait fort à faire... (années 70 aux États-Unis. Les femmes devant être d'abord de bonnes épouses ménagères et mères de famille !)
Quel humour !
Beauvoir en France, Le Guin dans la SF en Amérique.
Elle sait si bien décaler le réel pour nous faire réfléchir à notre vision du monde homme / femme. Et s'il n'y avait pas cette binarite qu'est-ce que ce serait la vie ?
Un explorateur anthropologue - un peu machiste - est envoyé vers cette planète Nivôse, lointaine pour étudier les particularités de cette société . Les habitants sont tantôt sexués tantôt non, tantôt homme, tantôt femme. Transformation subite et imprévisible. Ils ne peuvent pas choisir et ne savent pas quel sexe ils vont avoir pendant quelques jours. Pas de viol, pas de guerre sur cette planète .Comment peut-il être objectif ce candide qu'il devient au fur et à mesure qu'il apprend à les connaître ? Comment peut-il se repérer ? Le roi est "enceint(e)" donc il ne peut plus être roi ! Et on découvre vers le milieu du livre qu'il est noir. Elle l'a fait exprès pour choquer les américains. (Un roman qui plairait à Rose et C.T.)
Avec elle la science-fiction n'est pas seulement le fief des hommes. Elle écrit pour des femmes mais pour des hommes aussi. Il y a beaucoup d'amitié dans ses roman.
Elle déconstruit les façons de penser et avec ironie.
C'est l'époque où elle signait K. Le Guin.
Toutefois c'est surtout le côté poétique de ses nouvelles qui m'a conquise mais elle m'a bien fait rire à une époque où j'étais plutôt libertaire et le côté roman d'aventure, avec des explorations de toute beauté. C'est une planète glacée. Comme on a froid parfois. De très belles légendes aussi glissées dans ce roman. Le rapport au temps ici - on compte les années à l'envers - m'a ravie.
la redécouvrir
Ces explorations - puisqu'il voyage - font penser aux "Lettres persanes" de Montesquieu.
« Le jour est la main gauche de la nuit, et la nuit la main droite du jour. Deux font un, la vie et la mort enlacés comme des amants en kemma, comme deux mains jointes, comme la fin et le moyen."
P.234 - chap 16
Car c'est le livre de "Hain". Je ne connais pas la série "contes de terremer".
Et p.239. même chapitre
"Heureux, je ne l'étais certainement pas. Le bonheurs est affaire de raison, et seule la raison le mérite. Ce qui m'était donné, c'était ce quelque chose qui ne se gagne ni ne de conserve, qu'on ne sait souvent même pas identifier sur le moment : la joie."
Et tous ces paysages de glace et de neige.
"des pics bigarrés de blanc et de noir, neige et basalte - éclatante sous le soleil (...) vallées sinueuses semées de blocs de glace et de roches erratiques (...) nous découvrîmes la grande calotte glaciaire, le fameux Gobrin, aveuglant d'une blancheur éblouissante, insoutenable."
P.221 - chap 15.
Cinq nouvelles composent les Contes de Terremer.
Donc, « Le Trouvier »...
Aïe ! Nous n'avons pas la même édition. Les contes réunis dans mon livre sont :
Le sorcier de Terremer
Les tombeaux d'Atuan
L'ultime rivage
Tehanu
Libellule
Le vent d'ailleurs
La fille d"Odrin....
Une introduction datée de février 2016 précède les contes.où elle met en place la carte des îles, où elle explique son refus d'une illustration qui induirait tout un tas de faux préjugés sur les personnages et les lieux de son ouvrage en dix tomes. Dix huit années. Elle avait quarante-deux ans en 1973 ; en 1990 elle en avait soixante... Elle dit être sortie de cette perception de la société que l'on nommait féminisme durant les années 1970 et 1980. Elle évoque Jane Austen, Emily Brontë, Elizabeth Gaskell, George Eliot, Virginia Woolf... Et explique que son écriture avait besoin d'autre chose. Terremer porte ce changement de perspective.
J'apprécie qu'elle précise que ces contes ne s'adressent pas à des enfants, que la fantasy n'est pas réservée aux immatures !
Une posface suit les contes. Elle y distingue la fantasy - pure, à l'ancienne, sans mélange relevant de la science-fiction. Elle aime les histoires de sorciers, de dragons, de formules magiques... décide de s'interroger sur la façon avec laquelle ils étaient devenus sorciers et où. Elle raconte comment avant d'écrire elle avait dessiné une carte ou figurerait les îles de Terremer, l'Archipel, les Terres Kargues, les Lointains..... En inventant leurs noms.
Elle évoque bien sûr Le Seigneur des anneaux, Tolkien, T.H. White....
Allons donc vers ces contes fantastiques du XXe siècle que je pressens subversifs. Il n'y aura pas de guerre sur Terremer, pas de soldats, pas d'armée, pas de bataille, de jeux de guerre. L'esprit d'Ursula Le Guin ne fonctionne pas sur un canevas guerrier. Elle écrit la découverte de soi....
Je feuillette. Plus de 1000 pages ! (1798...)
Page 1052 Le Trouvier !
Qu'est-ce qu'elle écrit bien ! Je me délecte. Merci, Soleil vert.
Page 1042 :
"Et il y a les chansons, ballades et lais issus des petites îles et des plateaux tranquilles d'Havnor, qui racontent l'histoire de ces années. (...)
Par cette cité transite tout le négoce, tout l'enseignement, tout l'artisanat de Terremer, fortune que nul ne thésaurise. Là trône le roi, qui est revenu après la guérison de l'Anneau, en signe de guérison. Et dans cette ville, ces jours-ci, les hommes et les femmes des îles parlent avec les dragons, en signe de changement..."
Ça coule lentement comme un soir à la veillée. C'est reposant de la lire. Une cantilène....
(Terribles images du sud-est inondé. Une femme qui se rendait dans son collège meurt noyée dans sa voiture...)
"Le Trouvier". Un texte pour MC. Une belle étude sur les sorcières.
P. 1044
"Les sorcières partageaient un riche savoir fait des sorts et des charmes qui assuraient le bon résultat de ces tâches. Mais lorsque les choses tournaient mal lors d'une naissance, ou dans les champs, c'était la faute des sorcières. Et les choses tournaient mal plus souvent qu'à leur tour, avec les magiciens qui guerroyaient, qui usaient de poisons et de malédictions à l'envi afin de prendre un avantage immédiat sans se soucier de ce qui se passerait ensuite. Ils apportaient la sécheresse et la tempête, la rouille, l'incendie et la maladie sur la contrée, et on punissait la sorcière du village. Elle ne comprenait pas pourquoi son sort de soin causait la gangrène dans la blessure, pourquoi elle mettait au monde un enfant qui se révélait un idiot congénital, pourquoi sa bénédiction desséchait la graine dans le sillon et cloquait la pomme sur l'arbre. Mais pour ces maux, il fallait accuser quelqu'un : et la sorcière ou l'enchanteur était là, au village, au bourg, non pas au loin dans le château où la forteresse du seigneur de la guerre, non pas protégé par des hommes en armes et des sorts de defense. On noyait enchanteurs et sorcières dans les puits empoisonnés, on les brûlait dans les champs flétris, on les enterrait vifs pour rendre sa richesse à la terre morte."
"la sortie du tunnel n'était pas au bout du garage, mais au bout du courage", aurait dit Aristobulus Ursiclos, dans le fameux roman qui m'inspira tant que je fus jeune, :-)
https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Rayon_vert/Chapitre_VII
Joli ! Soleil vert laisserait- il un rayon vert traverser son blog afin de voir au plus profond des cœurs , selon la légende que Jules Verne suggéra ?
Le plus amusant c'est que les deux amoureux ne le virent pas trop occupés à se regarder, les yeux dans les yeux.
Un roman à vous faire tourner la tête !
Jules Verne crée un article fictif lu dans un journal londonnien "Morning Post. ":
« Avez-vous quelquefois observé le soleil qui se couche sur un horizon de mer ? Oui ! sans doute. L'avez-vous suivi jusqu'au moment où, la partie supérieure de son disque effleurant la ligne d'eau, il va disparaître ? C'est très probable. Mais avez-vous remarqué le phénomène qui se produit à l'instant précis où l'astre radieux lance son dernier rayon, si le ciel, dégagé de brumes, est alors d'une pureté parfaite ? Non ! peut-être. Eh bien, la première fois que vous trouverez l'occasion, — elle se présente très rarement, — de faire cette observation, ce ne sera pas comme on pourrait le croire, un rayon rouge qui viendra frapper la rétine de votre œil, ce sera un rayon «vert», mais d'un vert merveilleux, d'un vert qu'aucun peintre ne peut obtenir sur sa palette, d'un vert dont la nature, ni dans la teinte si variée des végétaux, ni dans la couleur des mers les plus limpides, n'a jamais reproduit la nuance ! S'il y a du vert dans le Paradis, ce ne peut être que ce vert-là, qui est, sans doute, le vrai vert de l'Espérance !» (Chap. III — L'article du «Morning Post.»)
Dans votre citation, JJJ, le mot que je préfère est le mot courage.
Cette pulsion qui monte en chacun de nous, d'une façon imprévue, dans un instant décisif. Un geste, un mot, un mouvement parfois discrets qui font basculer une situation parfois désespérée ( le tunnel). L'action ou le mot courageux n'obtiennent pas toujours l'effet espéré. Qu'importe, ils ne sont pas inutiles ces courages-là.
C'est très beau l'enfance de Loutre, le futur magicien C'est rare qu'un auteur créé l'enfance d'un homme qui a des pouvoirs étranges. Là tous ont plutôt peur de l'enfant.
"Et lorsqu'il apparut que le garçon possédait le don de magie, son père s'efforça de le lui extirper à l'aide de raclées.
- Autant battre un nuage parce qu'il pleut, dit la météo de Loutre.
- Gare à ne pas lui insuffler le démon à force de le cogner, dit la tante du garçon. (...)
Un des dons du pouvoir consiste y reconnaître le pouvoir. Un magicien reconnaît l'autre, à moins d'un déguisement très habile. Et le garçon n'avait d'autre talent que la construction de bateaux, en laquelle il se montrait fort prometteur à l'âge de douze ans. (...)
Et ils lui apprirent tout ce qu'ils n'avaient. (...)
Il ne pouvait refuser ce savoir, ni la sagesse ni les louanges de ses professeurs miséreux.
- Il ne te fera aucun mal tant que tu ne l'utilises pas pour le mal, dirent-ils."
Ces contes me plaisent. Une femme généreuse les a écrits. Pas d'esbrouffe. Tout est simple, près du réel mais la magie opère quand on les lit.
Revenons aux contes de "Terremer" ou à ceux du billet précédent, "Le cycle des Rages".
Ce qu'il y a de reposant dans ces fictions c'est qu'elles nous éloignent des nombreux livres paraissant ces derniers temps où les auteurs dont obsédés par leur généalogie. C'est comme si, l'avenir étant obscur, inquiétant, une plongée dans le passé familial restreignait les inquiétudes sur des lendemains sombres.
Pour Ursula Le Guin, non seulement il n'y a pas cette obsession mais de plus, tout en nous plongeant dans des contes palpitants, elle pose avec un humour incisif un regard sociologique sur les années où elle vit. Un portrait esquissé de l'Amérique.
Ainsi dans la vie de Loutre, cette interrogation sur le Mal, la puissance politique mal employée, le sort des plus fragiles, l'esclavage...
J'aime bien lire ces contes même si leur nombre laissera ma lecture inachevée !
J'apprécie aussi son écriture qui se coule dans la façon de raconter les histoires autrefois.
Ce magicien, Loutre, a de belles qualités humaines, celles , courageuses, d'un Résistant.
Le conte devient oppressant dans cette usine où du minerai on extrait le mercure. Cette fournaise, alimentée par des corps d'êtres vivants, était-elle nécessaire. Ils fuient... Gelluk est un personnage affreux ! (Dommage d'avoir pris ce nom qui est celui d'un dessinateur belge que j'aime beaucoup)
Ce qui est beau et mystérieux entre ces deux amis c'est à plusieurs reprises ce partage rendant l'un transparent à l'autre. Quand elle meurt, ce lien continuera-t-il d'exister ?
Il me semble que oui.
Le Chat, c'est le personnage philosophe et debonnaire créé par l'artiste Philippe Geluck. J'aime vraiment beaucoup.
"il lui semblait qu'au lieu d'être avec lui, elle était lui où il était elle. Il voyait par des yeux. Sa voix parlait dans son esprit, plus forte, plus claire que la voix et les sorts de Gelluk. Par des yeux et son esprit à elle, il pouvait voir, et penser. Et il vit bientôt que le magicien, si sûr de le posséder corps et âme, ne se couciait plus assez des sortilèges censés plier le garçon ay sa volonté. Un lien forme une liaison. Loutre - ou Ancien en lui - pouvait suivre les maillons des sorts de Gelluk jusque dans l'esprit de Gelluk. Inconscient du manège, le magicien continuait de parler, enchanté par le don de sa superbe voix. (...)
Loutre entrevit les images dans son esprit : de grands feux flamboyaient, en consumant des branches pourvues de mains et de pieds, et des troncs qui criaient comme le bois vert crie dans le brasier.
- Oui, reprit le magicien d'une voix douce et rêveuse, il faut la brûler vive. (...)
Loutre se figea de terreur, croyant que le magicien l'avait pris sur le fait à déchiffrer son esprit."
Hello camarade,
Tu me rappelles cet article que j'ai commis jadis.
https://yossarianblogdotcom.wordpress.com/2016/10/22/terremer-le-pouvoir-des-mots/
Superbe article permettant de suivre l'imaginaire d'Ursula Le Guin. Merci, Ubik. Je vais garder ce chemin précieusement.
Merci Ubik.SV
https://fantasy.bnf.fr/fr/comprendre/ursula-k-le-guin-une-femme-au-sommet-de-la-fantasy
Un beau regard sur son œuvre.
Très beau conte ce "Trouvier", dont la fin très pure rappelle un peu la légende d'Orphée et d"Eurydice.
Ursula Le Guin, un écrivain que j'aime beaucoup par des contes ses poèmes. Une très belle écriture.
Cet épouvantable bas-bleu merite-t-il qu’on s’intéresse plus longtemps à lui? On craint que non, depuis le Mobde de Roccànon. Cela dit, elle fait fuir ses ex -lecteurs dans les libraires, ce qui n’est pas donné à tout le monde’ ! MC
Qui est lui, ce "bas bleu" ?
Qui c'est "elle" qui fait fuir des lecteurs ?
Commentaire incompréhensible...
pas incompréhensible mais limite limite modération.SV
Et bien moi j'aime beaucoup ces contes. MC ronchonne toujours...ah la la ...
J'ai repris l'excellente présentation d'Ubik avant de lire Le Sorcier de Terremer.
Ce qui m'a intéressée c'est l'enfance de Ged, ce sorcier que les enfants du village nomment Épervier. Tout vient des mots. Une formule incantatoire de sorcière qu'il entend et reproduit lorsqu'il est seul avec ses chèvres dans les hauts pâturages.
Le pouvoir du langage, des mots, puis celui de transformer les éléments comme la brume, le vent. Ursula Le Guin le créé dans une époque un peu moyenâgeuse. Ce village, cette île subit l'invasion des envahisseurs , des guerriers cruels, les Kargues.
Un récit initiatique qui plairait à un public adolescent, un peu comme Le Seigneur des anneaux. On y retrouve ces aventures mêlées de magie, teintées de courage et d'astuces. Cette création d'un langage liant imaginaire et vocabulaire ancien.
Le rythme du récit est proche de celui maîtrisé par les conteurs qui animaient les veillées.
C'est une langue que l'on a perdue, une façon de renouer avec une langue orale aussi belle que la langue écrite.
Dans ce conte qui devient plus complexe qu'il ne paraît au début, se révèle une plume, une façon d'entrer dans l'imaginaire par la magie, la langue, une mémoire populaire.
Donc, MC, vous évoquiez Ursula Le Guin avec prétention et misogynie.
Vous êtes vraiment insupportable !
Mais que diable venez-vous faire ici avec vos jugements toujours négatifs et moqueurs ? Restez donc dans votre bibliothèque et ne gâchez pas le plaisir des lecteurs. Ah la la !
C'est une oeuvre qui gagne à être lue patiemment ensuivant les épisodes. Ainsi pour Ged, ce choix difficile qu'il a à faire : rester auprès d'Ogion le vieux mage pour parcourir avec lui les forêts, en apprenant à être silencieux ou partir en bateau jusqu'à l'île des Sages, Roke, où se situe l'école des Sorciers. Ged qui n'était jamais descendu des hauteurs choisit l'aventure....
Il part sur un vaisseau pour la Mer du Centre mais il est triste de quitter Ogion. Ce navire s'appelle l'Ombre. Très long voyage, grands périls.
Son premier étonnement en arrivant dans l'île c'est la langue inconnue que parle l'Archimage qui l'accueille, la langue hardique de Terremer , un langage ancien dont elle est issue, la langue des dragons, la langue des sortilèges, de enchantements, des invocations.....
Quelques ressemblances avec la saga d'Harry Potter mais ce monde n'est pas seulement celui de l'enfance..
Une ville étrange, des habitants ayant l'habitude de la sorcellerie. Ils parlent beaucoup par énigmes.
Ged se sent perdu et soudain aurait bien voulu être ailleurs.
C'est à la fois un livre facile à lire et complexe. Le pouvoir de la sorcellerie y est posée comme un risque de perturber l'équilibre du monde, comme un pouvoir dangereux .
Ainsi se passe l'adolescence de Ged ...
C'est un livre qui ne ressemble pas aux fictions habituelles de la science-fiction. On renoue ici avec les contes. C'est un domaine particulier. Un genre que l'on abandonne au sortir de l'adolescence une porte de velours chère à Jean Cocteau.
Un moment de révélation. Le pouvoir de l'ombre.
"Tu portes un grand pouvoir en toi, et tu en as fait mauvais usage en lançant un sort que tu ne maîtrisais pas, sans savoir comment ce sort affecterait l'équilibre de la lumière et des ténèbres, de la vie et de la mort, du bien et du mal. Et ce sont la haine et l'orgueil qui t'ont poussé à agir ainsi. Est-il étonnant, dans ces conditions, que le résultat ait été un désastre ? Tu as invoqué un esprit d'entre les morts, mais avec lui est venue l'une des Puissances de la non-vie. Sans avoir été appelée, elles est venue d'un endroit où les noms n'existent pas
Elle est le mal, et sa volonté est de faire le mal à travers toi. Le pouvoir qui t'a permis de la faire venir lui donne pouvoir sur toi : vous êtes liés l'un à l'autre."
Je pense à La flûte enchantée de Mozart et à la Reine de la nuit.
Le livret de La flûte enchantée de Mozart repose aussi sur la lutte entre la lumière et l'obscurité qui symbolise la lutte entre le Bien (représenté par Sarastro), et le Mal (la Reine de la Nuit).
La Flûte enchantée est aussi un conte dans lequel il faut choisir entre les forces opposées du Bien et du Mal.
Les contes de Terremer sont riches en symboles et idéaux, en rituels d'initiation. Ged progresse d’étape en étape à la recherche de la Vérité. Il recherche maintenant la solitude et le silence.. Il est comme prisonnier à Roke. Il se nomme aussi Épervier . Son destin est de parcourir les mers, le ciel avec les dragons, les faucons comme lui prédit son ami Vesce.
"Grâce à ses maîtres et aux très anciens livres dec sapience, Ged apprit tout ce qu'il put sur les êtres tels que l'ombre qu'il avait libérée."
Larme du dragon qu'il doit affronter est le langage.
"Elle ne l'empêche pas de mentir, d'assembler des mots vrais à des fins mensongères, et d'égarer l'auditeur sans méfiance dans un labyrinthe de mots-miroirs dont chacun reflète la vérité et dont aucun ne débouche sur quoi que ce soit."
Ce dragon est un fin politique !
Tout le conte tourne autour d'une idée. Ged doit se retourner, affronter, sa peur, son ombre. Marcher vers son origine. Tout le contraire du conseil donné à Orphée.
Ou encore comme dans la Bible, la femme de Loth, dans le Livre de la Genèse, qui fut transformee en statue de sel après qu'elle se soit retournée vers Sodome .
Les poursuites, les traques sont remarquablement écrites
Ainsi donc, maintenant, Ged traque et fait fuir la peur, seul dans sa petite barque bricolée à l'aide de sortilèges.
Des paysages impressionnants, déchiquetés, des tempêtes, des bourrasques font de ces îles inconnues, de ces noires falaises, autant de redoutables pièges.
Épuisé, blessé, affamé, il ne renonce pas.
"Il ne ressentait plus aucune terreur, ni aucune joie. Ce n'était plus qu'une poursuite.
Et voilà, déjà, le chapitre 9.
Comment MC, a-t-il pu s'ennuyer ? Mystère et boule de gomme...
Je parle du Monde de Roccanon, qui m’a guéri d’ouvrir un livre d’ Ursula le Guin…
Terminé Le Sorcier de Terremer. La postface qui suit est conforme à mes questions en cours de lecture. C'est une belle fantasy en 10 chapitres, bien équilibrée , distillant la peur, l'enthousiasme, les interrogations philosophiques sur le sens d'une vie, l'équilibre d'un être psychologiquement. Un cadre jamais perturbé par quelque anachronisme. Oui, à cette époque lointaine, l'océan portait en lui la fin de notre monde et aucune terre n'était imaginable au bout d'une longue route maritime. Juste le bord du monde... Cela remet en mémoire le courage de ces navigateurs qui firent de leur aventure une traversée d'un continent à l'autre et la connaissance d'une Terre sphérique. On oublie tant, à vivre dans le présent avec notre lot de connaissances ne laissant que peu d'ombre sur l'inconnu, tout ce long apprentissage, toutes ces découvertes. Toutes ces injustices (Galilée)....
Quel dommage que toutes ces découvertes géographiques et scientifiques n'aient provoqué que guerres et désirs de posséder les richesses de toute la Terre. Il reste le Pôle Sud qui intéresse fort la Chine...
Devenir ce que l'on est, certainement pas un pléonasme mais une vie acceptant la solitude et les épreuves nécessaires à la connaissance de soi. Les écrivains de fantasy, de science-fiction, les poètes, les romanciers, les philosophes nourrissent nos imaginaires et notre réflexion.
Ce livre d'Ursula Le Guin est un très beau choix. A lire lentement pour, dépassant le plaisir de lire de belles aventures s'interroger sur les talents de cette femme, son univers de création, pour assembler ces récits venus d'un lointain passé pour instruire.
J'abandonne cette bataille vaine avec un certain lecteur qui aime semer ici des jugements hâtifs du haut de ses certitudes. Et vogue la galère...
Ursula Le Guin définit très bien son désir de fiction dans sa postface .
"La tradition des contes fantastiques et des histoires de héros, qui nous parvient, telle une rivière depuis les hautes sources du Mythe - un confluent de folklore, de contes de fées, de gestes épiques, d'histoires classiques médiévales et de la Renaissance occidentale, de ballades romantiques, de récits d'imaginaire victorien, et d'aventures fantastiques du XXe siècle, tels que le cycle arthurien de T.H. White ou les formidables livres de Tolkien.
Si une large part de ce flot de littérature avait été composée à l'attention des adultes, l'idéologie littéraire moderniste avait cependant confiné le genre à un jeune lectorat.
(...) Les femmes agissantes (sombres sorcières) faisaient le lit de la destruction et de la tragédie. Elles n'étaient jamais au centre des histoires, qui parlaient des hommes, de ce qu'ils faisaient, de ce qui importait à leurs yeux.
Dans ce sens, "Le Sorcier" était tout à fait conventionnel. Le héros y accomplit tout ce qu'on attend d'un homme (...) dans un monde où les femmes restent en second plan - un monde d'hommes. (...) Bien des lecteurs blancs n'étaient pas préparés à accepter un héros à la peau sombre, en 1967 (...) avant de se rendre compte que Ged, à l'instar de bien des personnages n'est pas blanc. Son peuple, les Archipéliens, arboré toutes les nuances de cuivre et de brun, jusqu'au noir dans les Lointains Sud et Est. (...) Je sapais ainsi les poncifs racistes...."
https://www.editions-picquier.com/produit/la-porte-3/
Voilà ma trouvaille.
Par hasard je suis entré et dans un café -librairie très inspiré par le Japon. Sirotant un café je découvrais ce roman. Il me plut , je repartais avec ce petit trésor.
Je l'ai posé en attente sur mon étagère. Il est temps de m'y enfouir avec délice
Désolée pour mon absence à l'étage au-dessus.
Ce manga, pourquoi pas ? SV
Peut-être ce roman a-t-il donné naissance à un manga mais là rien de tel. C'est un roman édité par Picquier - poche en 2022 de 275 pages. Il était sur la seule table où les livres japonais sont traduits en français. Ici par Corinne Atlan.
La couverture m'a attirée. Un fragment d'encre représentant un petit homme assez ventru poussant une énorme boule avec difficulté. J'ai pensé à Sisyphe...
Ah je comprends ... Dans le lien c'est le manga qui est présenté !
https://www.editions-picquier.com/produit/la-porte-2/
Voilà le mien.
C'est un beau roman, très doux, très simple.
Mais j'aurais dû commander un thé pas un café. Je n'y ai pas pensé.
Au moins ces jugements ne vous visent pas!
Vous
ne sentez pas la féministe?
Non.
Enfin, pas si doux, pas si simple. Ce roman , "La Porte", est triste. Ces deux êtres sont vieux malgré leur trentaine, se laissant aller à une vie faite d'habitudes, de petits désirs, d'égoïsme. Le jeune frère, Koroku, à la mort du père, comptait sur eux pour suivre ses études mais l'argent manque... Puis on découvre un passé pas très brillant pour chacun d'eux, beaucoup de petites lâchetés. La porte du temple zen, très symbolique, s'ouvrira-t-elle pour Sôsuke ? O-Yone pourra-t-elle avoir un enfant ? Un destin gris pour ces deux êtres solidaires mais fragiles.
J'ai terminé "La Porte". L'auteur , Sôseki, doit être un être mélancolique. Il arrive à alléger les chagrins de ce couple, leurs défaillances avec beaucoup d'humanité comme s'il savait que dans la vie on rencontre rarement des êtres volontaires qui ne pensent pas " je vais faire" mais qui le font. Ici a force de procastiner bien des évènements deviennent insurmontables. Mais à la fin, un chant de rossignol montre que tout n'est pas perdu.
C'est bien !
Enregistrer un commentaire