Al
Robertson - Station : la chute - Denoël Lunes d’encre
« Après sept ans
de Guerre Logicielle entre les intelligences artificielles rebelles de la
Totalité et l'humanité - dirigée par les dieux du Panthéon, des consortiums qui
se manifestent très rarement à leurs adorateurs -, la Terre n'est plus qu'un
gigantesque champ de ruines. La plupart des humains ayant échappé au conflit
vivent à bord de Station, un immense complexe spatial.
Jack Forster a
combattu les IA de la Totalité pour le compte du Panthéon, secondé par Hugo
Fist, une marionnette virtuelle, un logiciel de combat ultra-sophistiqué
installé en lui. Considéré comme un traître parce qu'il s'est rendu à la
Totalité, Jack revient des confins du système solaire pour laver son honneur et
trouver sur Station les réponses aux questions qui le taraudent depuis sept
ans. Mais le temps presse : le contrat de licence de Fist arrive bientôt à
échéance ; au-delà, c'est la marionnette qui prendra le contrôle, effaçant
irrémédiablement l'esprit de Jack, le condamnant au néant. »
La collection Lunes
d’encre entame l’année 2018 avec un thriller cyberpunk de bon aloi, non
seulement lisible, ce que ce sous-genre de SF ne garantit pas toujours, mais de
plus original. Loin des sophistications hasardeuses des dernières productions
gibsoniennes, Al Robertson propose un premier roman nerveux emmené par un duo
de personnages épatants. Saluons le travail de traduction et de relecture et
écartons d’emblée le sujet qui fâche. Qu’est ce que c’est que ce titre
incompréhensible Station : la chute ? L’ouvrage raconte la
lutte prométhéenne d’un humain contre les Dieux qui gouvernent un complexe
spatial abritant les derniers survivants d’une Humanité en guerre contre des IA.
Le titre original Crashing Heaven semble explicite : c’est le Ciel
qui tombe, pas la station…
La littérature de
science-fiction n’est jamais aussi intéressante que lorsqu’elle remplit son
rôle de poil à gratter de la modernité. Considérant d’un œil narquois les
gentils assistants virtuels qui polluent nos portables et écrans, Al Robertson
ressuscite la marionnette Hugo Ficht issue d’un vieux film d’horreur des années
50 (1) et en fait le compagnon logiciel et insupportable d’un aventurier
dégoûté de la guerre. Jack Foster revient
régler ses comptes sur la Station et retrouver la belle Andrea, une
chanteuse de bar.
Déambulant entre Homeland
et Dockland l’Humanité rescapée tente d’oublier son triste sort en s’absorbant
dans la réalité virtuelle de la Trame et en remettant son destin aux mains de
consortiums divinisés. A sa manière l’auteur crée une sorte de Divine Comédie
2.0. A Heaven siègent les Dieux du Panthéon. Sandal est responsable des
transports, Kingdom entretient les infrastructures, East, Venus des temps
futurs, gère la communication etc … Tous entretiennent des relations
privilégiés avec certains de leurs adorateurs. « Tout en bas », dans
l’Allée des Cercueils circulent les Revenants. En effet dans cette espèce de
rond de serviette orbitant autour d’une Terre défunte, nul ne meurt jamais
complètement.
La quête de vérité du
héros et l’évolution des rapports entre marionnette et marionnettiste
constituent la trame de la narration. Mais ils n’occultent pas le plaisir de
l’immersion propre au genre. En mode cyberpunk nos vies sont elles autre chose
qu’un peu de tôle froissée peuplée d’images ?
(1)
Merci à l’auteur et à Pascal Godbillon d’avoir communiqué ces pistes aux
lecteurs.
2 commentaires:
Encore une chronique qui donne envie d'acheter et lire ce livre.
Et encore un éditeur qui ne donne pas envie d'acheter son livre numérique...
Merci.
C'est sympa de relire du cyberpunk !
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