lundi 8 septembre 2025

L’aube de la nuit T1

Peter F. Hamilton - L’aube de la nuit T1 - Bragelonne

 

 

Sans tambour ni trompette l’éditeur Bragelonne réédite un des grands cycles de space-opera de Peter Hamilton paru initialement chez Laffont. L’écrivain britannique, après une première trilogie The Greg Mandel Books, posa en 1996 les premières pierres d’une entreprise littéraire L’aube de la nuit comportant au total six volumes relatant une histoire séquencée en trois épisodes eux-mêmes subdivisés en deux parties. Dubitatif comme à l’époque d’Ailleurs &Demain à la perspective d’escalader une montagne romanesque de trois mille pages, j’ai préféré « tâter le terrain » en jetant quelques notes sur ce qu’il est convenu de nommer « 1. Rupture dans le réel-première partie :Emergence »

 

2581 : l’Humanité s’est lancée dans les étoiles. Elle s’est aussi scindée en deux groupements, les Adamistes et les Edénistes. Ces derniers ont intégré à leur ADN un gène d’affinité élaboré 500 ans plus tôt. Il leur confère une forme de télépathie, la possibilité de contrôler leur biotek (leur habitat), des animaux, et, pour les officiers naviguant, génère la création d’un lien quasi symbiotique avec leurs vaisseaux spatiaux, faucons et gerfauts. La religion chrétienne très présente chez les Adamistes condamne ces pratiques jusqu’à excommunier les croyants porteurs du fameux gène. En revanche les Edénistes ont vaincu l’angoisse de la mort. A la fin de leur existence ils transfèrent leur individualité au sein de la conscience collective de l’habitat.

 

Face à la multiplication des points de départs narratifs, bien difficile de suivre un fil de lecture ordonné. Autant commencer par Joshua Calvert qui comme d’autres explorateurs et prospecteurs espère trouver dans l’anneau Ruine un vestige technologique lucratif enfoui dans ce qui fut autrefois l’habitat de la civilisation des Laymils. Leur disparition volontaire ou provoquée passionne et inquiète la communauté scientifique. Inquiétude qui va culminer à son apogée dans la tragédie qui frappe la planète Lalonde.

 

C’est bien dans ce récit et non dans les premiers vols de Syrine et de son faucon Oenone ou les marivaudages de Joshua Calvert et de Ione Saldana souveraine de Ruine et de l’habitat géant Tranquillité, que se situe le cœur de l’action. Lalonde, fraichement découverte, accueille un flot de colons ininterrompu. Parmi ceux-ci des prisonniers (deps comme déportés) font office de main-d’œuvre. Dans le lot un adepte d’une secte satanique tente de prendre le contrôle du tout nouveau camp d’Aberdale. Comme si cela ne suffisait pas, par un étrange concours de circonstance, une entité maléfique d’outre espace s’empare de lui. Un massacre s’ensuit n’épargnant ni homme ni femme ni enfant et même votre serviteur à deux doigts de lâcher le livre.

 

Croiser un space opera et une histoire de revenant renouvelle effectivement le genre. L’auteur a un talent indéniable, mais ce n’est pas ma voie. Point d’interrogation pour le second volume. Restent les deux premiers chapitres, une bataille spatiale que n’aurait pas reniée Edward Elmer "Doc" Smith et les dix pages relatives à l’élévation des Ly-cilphes, petits poissons devenus par un extraordinaire mouvement de contorsion évolutionniste des entités transcendantales, flot de particules conscientes vouées à l’exploration et à l’observation de l’univers. La merveille était là.


44 commentaires:

Christiane a dit…

Eh bien, quelle affaire ! Je retiens les petits poissons contorsionnistes, "flot de particules conscientes vouées à l’exploration et à l’observation de l’univers."
Puisque Soleil vert nous dit que "la merveille est là."
C'est plus gai que de regarder et écouter les débats de l'Assemblée Nationale où François Bayrou tente de dérouler son discours sur fond de brouhaha pénible.
Il est en train de dire "vous ne pouvez pas effacer le réel "... Hum... Il devrait venir ici où le réel ne demeure pas inexorable !

Christiane a dit…

Ah, j'ai oublié. Que c'est beau ce titre : "L'aube de la nuit". Le sentiment d'appartenance de la lumière (aube) à la nuit donne à ce livre une dimension d'inconnu. Un peu comme dans le film "2001, l'odyssée de l'espace" de Stanley Kubrick, (1968) quand après un écran noir, la lumière balaie un paysage plongé dans la nuit et l'allume comme au premier matin du monde.
L'aube de l'humanité...

Christiane a dit…

La couverture du livre m'inspire cela.

Christiane a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Christiane a dit…

Quant au nom choisi par ces éditeurs : "Bragelonne", nous voici dans la fin des aventures des "Trois mousquetaires" d'Alexandre Dumas. Le vicomte de Bragelonne est le fils d'Athos. Un livre mélancolique mais l'union de ces amis a peut-être donné à ces éditeurs qui se présentent comme "une bande de potes" un symbole d'amitié, de faire ensemble.

Anonyme a dit…

Le Vicomte est le seul que j’.aie en édition d’époque…comme on dit dans une opérette , » un pour tous , tous pour un , et chacun pour soi! »

Christiane a dit…

Et un à un, ils moururent...

Christiane a dit…

https://www.la-pleiade.fr/Catalogue/GALLIMARD/Bibliotheque-de-la-Pleiade/Le-Vicomte-de-Bragelonne

Très belle méditation sur le Temps.

Anonyme a dit…

Il. Faudrait peut-être rendre hommage à Augustus Mac Kent
, autrement dit Auguste Maquet, qui déterra d’obscures chroniques - moins les Mémoires de La Rochefoucauld- de quoi donner chair et âme à ces mousquetaires, ce qu’ils n’ont pas chez Courtilz de Sandras, par exemple!. S’il y a un St Patron du negre littéraire, c’est à Macquet que je donne le titre. Au demeurant, n’a -t-il pas copie aux quatre angles de son tombeau les principaux titres de Dumas?!

Anonyme a dit…

Désolé Mac Keat

Anonyme a dit…

Faux écossais mais vrai negre, si j’ose dire !

Christiane a dit…

"La paternité de certaines de ses œuvres lui est contestée. Dumas fut ainsi soupçonné par plusieurs critiques de son époque d'avoir eu recours à des "prête-plumes", notamment Auguste Maquet."
Maquet ou Mac Keat ?

Christiane a dit…

https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste_Maquet

Christiane a dit…

Mais...
"Peut-on pour autant contester à Dumas la paternité de ses œuvres ?
Globalement non, mais il faut admettre que c’est une paternité plurielle. Sans Dumas, ces romans n’auraient jamais été écrits. Il a donné son rythme, sa cadence… et sa signature, qui fonctionne comme une marque. Auguste Maquet a écrit des textes sous son nom, de bons romans d’ailleurs, mais qui n’ont pas eu le même succès, tout simplement parce qu’ils n’ont pas la marque Dumas. C’est injuste, mais c’est ainsi. "

Christiane a dit…

Extrait d'un entretien avec Anne-Marie Callet-Bianco, maître de conférences en littérature du XIXe siècle à l’université d’Angers.

Anonyme a dit…

Ne nous emballons pas; Bragelonne a connu jadis une période de fort remous managérial. Albin Michel, Le Bélial et d'autres petrits éditeurs chroniqués ici sont aussi méritants. SV

Christiane a dit…

Merci. Vous avez raison. Des petits éditeurs indépendants sont grands par leur travail souvent difficile dans ce monde sans pitié de l'Edition.
J'ai ôté la revue de Presse. Merci, SV. Votre commentaire donne la mesure d'un monde juste. C'est bien votre retour.

Christiane a dit…

Mais c'était l'occasion de se souvenir de Dumas.

Christiane a dit…

Le Bélial, c'est votre chouchou !

Ubik a dit…

Hello camarade,
Tu en as lu plus que moi. Je n'ai pas pu terminer le premier livre car j'ai trouvé que c'était épouvantablement mal écrit et mal foutu.

Christiane a dit…

Ubik me fait rire aux éclats. Tonik Ubik !

Anonyme a dit…

Pour SV” What a Magical ..cronic”.

Anonyme a dit…

J'apprécie Gilles Dumay. Lunes d'encre regorgeait de pépites. Je lui dois aussi la découverte de De Lillo et Cormac McCarthy.SV

Christiane a dit…

Lunes d'encre... C'est aussi pour les poètes...
De Lillo et Cormac McCarthy ? Oui, des grands rêveurs, cauchemars compris.

Christiane a dit…

Ted Chiang / "histoire de ta vie ".... "Premier contact" (film) D. Villeneuve. Denoël / Lunes d'encre. Ah c'était beau !

Christiane a dit…

Ce qui m'avait troublée c'est quand Louise accepte la mort de sa fille, posant sa main contre la vitre qui la sépare de la créature et que dans ce contact son rapport au Temps change. Elle sait que sa fille va mourir de ce cancer mais elle peut naviguer dans le temps. Elle ne le subit plus, elle est comme hors du temps et dans le temps. Elle revit sa naissance, son enfance, leur couple....D'ailleurs on ne sait pas si sa fille est morte avant la rencontre avec ces octopodes venus du lointain espace ou après leur départ puisqu'elle y rencontre l'homme qu'elle aimera. Avant après ça n'a plus d'importance....

Christiane a dit…

ou heptapodes

Christiane a dit…

Je lis un si beau livre, ailleurs, dont personne n'a parlé. Un trésor secret dont les mots coulent en moi comme un souvenir de choses que je n'ai pas vécues. Alors, bon ou mauvais, cet énorme livre choisi par Soleil vert - et qui n'a pas l'air de l'emballer - ça m'est égal. Ce qui est important c'est qu'il soit revenu du fond du Web. Bonne soirée aux passagers.

Anonyme a dit…

Yes camarade Ubik.SV

Christiane a dit…

Soleil vert,
Il n'y a qu'avec vous que le temps est autant espiègle. Figurez-vous que je reçois ce matin d'une librairie éloignée de chez moi un e-mail m'informant que mon livre était arrivé. Suit le titre "Les fleurs rouges" de Yoshiharu Tsuge... Mystère et boule de gomme.
Intriguée, je suis allée le chercher.
J'ai demandé au libraire la date de cette commande : Février 2023 !... Nous avons ri.
Le livre était en réimpression. L'ordinateur avait gardé ma demande.
Bien sûr, c'est vous qui en aviez parlé... En 2023. ..
Pourriez-vous retrouver ce que vous en disiez. Ça me ferait bien plaisir de remonter le temps.
Il faut que je retrouve mes réflexes d'alors : de la fin au début, de droite à gauche, de haut en bas. Plusieurs histoires. La première : veillée funèbre... Bon, je meurs d'envie de découvrir. La couverture est somptueuse. En couleurs. Dedans c'est noir et blanc. Feuilletant j'ai vu un dessin pleine page : orage sur un lac.
Vous alors, vos horloges sont bizarres ....

Christiane a dit…

Oui, oui, vous nous aviez fait découvrir "L'homme sans talent", une si belle histoire. "Les fleurs rouges " vous avez dû en parler dans les commentaires.
Il y a douze histoires, toutes aux fins inachevées. Très étranges, mélancoliques, incongrues, cruelles. C'est un miroir onirique de l'humanité. L'auteur semble dépressif, immensément doué pour dessiner.

Christiane a dit…

https://soleilgreen.blogspot.com/2023/02/les-fleurs-rouges.html

Voilà j'ai retrouvé. Chic !

Christiane a dit…

https://soleilgreen.blogspot.com/2023/03/lhomme-sans-talent.html


Et voilà le premier que j'avais tant aimé.

Christiane a dit…

Tout avait commencé avec ce manga éblouissant : "L’homme qui marche" de Jirô Taniguchi .

Christiane a dit…

Oh ça me fait chaud au cœur de relire vos deux billets si bien composés avec cette alternance de petits résumés et ces dessins.
Puis j'ai relu nos échanges. Comme c'était bien... Février 23 septembre 25 et nous sommes dans ce temps comme dans le livre de Ted Chiang / "histoire de ta vie ".... et le film "Premier contact" (film) D. Villeneuve.
Comme Louise nous revivons grâce à ce blog , vos billets, et ces échanges dans les commentaires , un passé qui devient présent, un présent qui n'a pas vieilli. Un temps circulaire où on peut avancer et reculer.
C'est extra chanterait Léo Ferré.
Donc nous habitons le temps de la science-fiction. Il faudra s'en souvenir dans notre futur.

Christiane a dit…

"Les postfaciers soulignent l’analogie de L’Homme sans talent avec le récit « La Famille de M Lee » - inclus dans Les Fleurs rouges - dont il pourrait être le développement."
Oui, absolument !

Christiane a dit…

C'est l'éditeur qui l'a envoyé. J'avais suivi votre conseil mais il était épuisé - pas l'éditeur, le livre !

Christiane a dit…

Je me demandais comment évoquer "Veillée funèbre". Vous y réussissez dans votre billet. Yoshiharu Tsuge est incroyable. Il peut évoquer l'attitude et le langage de ces deux garnements sans offusquer le lecteur.
Les "ensablés" qui ratent deux occasions d'être secourus est formidable.
C'est étonnant comme il sinue dans les tabous ( Les fleurs rouges) avec une délicatesse qui désarme.
J'aime beaucoup cette alternance de pureté et de trivialité. C'est la vie.

Christiane a dit…

Toujours dans "Les fleurs rouges", l'histoire "Paysage au bord des la mer", offre des dessins extraordinaires (pages 94,98 et suivantes Les rochers noirs balayés de vagues sont monstrueusement impressionnants). Il sait représenter la mer. Et cette barque page 103, surmontée des bateaux en ombre chinoise : magistral ! Et la pluie et la grande double page finale avec une bulle : Tout va bien... Alors qu'il semble ne plus pouvoir s'arrêter de nager.
Quel étrange créateur ce Yoshiharu Tsuge... Très surréaliste ...

Christiane a dit…

JJJ, j'aimais bien vous lire. Pourquoi ne venez-vous plus ici. Même si les livres de SF ne sont pas votre priorité. Nous évoquons aussi d'autres livres étonnants. Hier j'ai reçu en librairie, un livre commandé il y a plus de deux ans. C'était le retour d'un passé enfoui comme une chrysalide.
Je ne lis pas trop les romans de la rentrée. Ce n'est pas une bonne période pour les lire tranquillement. Ceux qui les aiment, ceux qui les éreintent, les prix littéraires.... La lecture a besoin de calme et d'innocence. Vous êtes un bon lecteur.

Christiane a dit…

Grâce aux liens des commentaires j'ai regardé à nouveau l'exposition qui était dédiée à Yoshiharu Tsuge présentant les dessins de ses mangas autobiographiques, lors du Festival international de la Bande Dessinée d'Angoulême.
Quelle beauté !
Je me demande ce qui se passait dans sa tête. Était-ce d'abord l'histoire ou certains dessins ? Quand venaient les textes ? Dans "Les fleurs rouges" seules les onomatopées ne sont pas traduites et font sur la page d'étranges petits signes que l'on traduits comme on peut et peu importe.

Christiane a dit…

https://www.manga-news.com/index.php/actus/2020/02/16/Retour-en-photos-sur-lexposition-Yoshiharu-Tsuge-a-Angouleme

Christiane a dit…

Dans le livre poétique , "Trois huttes", de Christian Doumet, je retrouve ces lignes :
"Connaître en toute habitation terrestre le passager, le périssable ; savoir qu'aucune ne ressemble à notre tombe, que vivre est au prix d'incessants déménagements - cette sagesse."
Ces lignes évoquent les huttes du poète Bashô. Même atmosphère que dans certains mangas de Yoshiharu Tsuge.
"Légèreté idéale d'un souffle perdu, (... ) les huttes elles aussi divaguent dans la ramure du temps, une façon d'éluder le partage du dehors et du dedans."

Christiane a dit…

Voilà, j'ai lu "Les fleurs rouges". Ce n'est pas un manga de divertissement destiné aux enfants mais une suite de très courtes histoires reprises semble-t-il du folklore des contes populaires ou inspirées par certains romans ou totalement créés par Yoshiharu Tsuge. Me frappent les nombreux laissés pour compte qui animent ces histoires, des fous aussi. Tout cela dans la vie des villages et la suite des saisons. Les dernières, sous la neige, offrent des noirs et blancs somptueux. C'est très très beau. On voit aussi l'apparition du "Je" donnant à ces histoires un ton autobiographique. Merci, Soleil vert.