samedi 27 avril 2013

Sandman Slim

Richard Kadrey - Sandman Slim - Denoël Lunes d’encre







James Stark, alias Sandman Slim se réveille dans un cimetière de Los Angeles. Il vient de s’échapper de l’Enfer où l’ont expédié onze années auparavant quelques-uns des membres de son Cercle de magie. Sa petite amie, Alice, a été tuée par la même occasion. Armé d’un couteau infernal en os, d’une clef donnant accès à tout l’univers et d’un oracle en forme de médaille, il entreprend de liquider son ancien réseau. Il faut dire que la fréquentation assidue d’arènes de gladiateurs dans le royaume de Lucifer donne à son projet une certaine consistance.


Richard Kadrey est un auteur de science-fiction reconverti à la fantasy urbaine. Outre Butcher Bird également traduit chez Lunes d’encre, il entame avec Sandman Slim une série de romans ayant pour cadre un Los Angeles version « magic underground ». Le mot sandman évoque bien entendu une œuvre graphique de Neil Gaiman mais en remontant la filiation, d’autres allégeances surgissent. Un personnage utilisant les ombres pour se déplacer, la face d’une médaille représentant Lucifer Etoile du matin, un réveil sur un monticule de déchets et jusqu’ à la couverture … comme des échos lointains du vieux Jack of Shadows petit bouquin mal fagoté mais débordant d’imagination de Roger Zelazny. Il est vrai aussi que depuis ce temps là les bad boys habillés en perfecto ont envahi les écrans de cinéma.


Richard Kadrey a bâti un récit enlevé et spirituel. James Starck, toute Abomination qu’il soit, est un cabotin de première qui franchit les obstacles et débusque les complots même cosmiques avec une régularité et une indifférence de tunnelier se baladant sous la Manche. Les Enfers sont peuplés de bestioles peu recommandables mais distrayantes à éliminer surtout lorsqu’elles se glissent dans les bas fonds de Los Angeles. Tout gamer vous le dira. Quant au Ciel et ses habitants, l’écrivain leur réserve le même jugement que Fritz Lang dans Liliom : une administration sans états d’âme.


L’apparition des Kissis, une espèce d’anges dévoyés, au milieu du roman, laisse craindre un ralentissement du rythme de l’intrigue. Mais il n’en est rien. On traque le dénouement avec impatience, qui laisse néanmoins une porte ouverte, suite oblige. Reste cette ambiance d’un Los Angeles underground et musical mythique (1). Sans oublier Alice de Tom Waits


En paraphrasant William Gibson, on dira que Sandman Slim est une très bonne série B.


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