mercredi 15 novembre 2023

Dictionnaire utopique de la science-fiction

Ugo Bellagamba - Dictionnaire utopique de la science-fiction - Le Bélial'

 

 

Ugo Bellagamba est un romancier et universitaire français, historien du droit. Outre des romans et nouvelles de science-fiction, il a rédigé quelques essais sur son genre littéraire de prédilection dont le plus célèbre est Solutions non satisfaisantes consacré à Robert Heinlein. Le Dictionnaire utopique de la science-fiction qu’il vient de publier au Bélial’ lui permet de renouer avec un autre de ses champs d’études favoris, l’Utopie.

 

Avant toute chose, on se félicitera de disposer d’un ouvrage alliant l’expertise à la clarté, que l’on gardera à portée de main tant les éclairages sur le siècle des Lumières et les textes de l’Antiquité dépassent la « simple » adéquation d’un propos à son sujet pour atteindre la pure sphère d’un plaisir intellectuel. Cette ligne éditoriale est la marque de fabrique de la collection Parallaxe : souhaitons qu’elle la conserve et ne cède pas à l’entre-soi jargonnant entrevu parfois ailleurs.

 

Le dictionnaire d’Hugo Bellagamba ne doit pas se comprendre comme une compilation d’items relatifs à une thématique née de la vision de Thomas More (1), mais comme une approche de la science-fiction sous l’angle utopique. Imaginer des « vivre ensemble » tel serait in fine le véritable fond de commerce, le projet d’ensemble de cette littérature et la rapprocherait de l’utopie. Le lecteur y souscrira avec néanmoins la sensation d’emprunter des virages serrés en parcourant les chapitres consacrés aux « Dystopies », « Fins du monde », « Cyberpunk ».


 

Quel plaisir d’associer, en clin d’œil à Michel Foucault, la planète Mars à une hétérotopie, La Cité du Soleil de Tommaso Campanella à l’héliocentrisme de Copernic, de constater dans les œuvres uchroniques le glissement très rapide d’un discours critique sociétal à un foisonnement de textes s’apparentant à des romans historiques. Tout ce qui se rapporte aux lois, aux institutions et à leur déclinaison dans notre genre littéraire ou cinématographique préféré est passionnant. Une liste des ouvrages ou films cités complète l’ensemble mais un index aurait été le bienvenu. Ainsi pour L’esquisse d’un tableau des progrès de l’Esprit humain de Condorcet, il vous faudra consulter la page 72.

 

Fille de la Raison ou laboratoire Métaphysique, la science-fiction continuera-t-elle de susciter de nouvelles interrogations sur notre vivre ensemble ? C’est l’interrogation soulevée par les ventes de la fantasy et celles inquiétantes promises pour la « romantasy ». En revanche pas doute pour le Dictionnaire utopique de la science-fiction qui se doit de figurer dans toute bonne bibliothèque.

  

 

 

   (1) Qui sauf erreur de ma part ne figure pas dans les sources en fin de volume.


81 commentaires:

Anonyme a dit…

Bref, le nouveau Versins? MC

Soleil vert a dit…

Bonjour,
Plutôt un essayiste comme Serge Lehman ou Gérard Klein.
Versins c'était l'homme des recensions comme Joseph Altairac.
BAV

Christiane a dit…

Ah voici un livre où l'on de déplace comme dans un labyrinthe à mille entrées. Limites illimitées du lecteur qu'est Ugo Bellagamba. Comment rejoindre l'impossible si ce n'est dans la science-fiction ?
Se mettre en chemin à ses côtés c'est découvrir des ponts imprévisibles entre elle et la littérature classique à lire votre billet, Soleil vert. Une sorte de lecture multiple.
Où chercher l'écrivain, un livre en appelant un autre ?
C'est une lecture délicate qui rend possible la danse de la libellule... Quelle foule soudain...

Soleil vert a dit…

Ah, je croyais vous avoir perdu
Prochain livre, une autobiographie de Francis Berthelot (auto-uchronia), qui me donne envie de relire Si le grain ne meurt de qui vous savez.

Christiane a dit…

Je n'étais pas perdue, je ne savais que penser de ce livre ayant une culture dans le domaine de la science-fiction très incertaine.
Je me réjouis de l'annonce du prochain roman.
"Si le grain ne meurt", quel livre inoubliable....

Anonyme a dit…

Pourriez-vous préciser ce dont il retourne au sujet du clin d'œil à Michel Foucault..., SVP ? J'ai comme une absence (temporaire ?). Merci d'avance, Bàv (JJJ). - Un nouveau dico pour Charoulet, j'en doute !...

Christiane a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Soleil vert a dit…

Pourriez-vous préciser ce dont il retourne au sujet du clin d'œil à Michel Foucault..., SVP ?

wiki : "L'hétérotopie est un concept forgé par Michel Foucault dans une conférence de 1967 intitulée « Des espaces autres ».

Il y définit les hétérotopies comme une localisation physique de l'utopie. Ce sont des espaces concrets qui hébergent l'imaginaire, comme une cabane d'enfant ou un théâtre."

Dans l'esprit d'Ugo Bellagamba, une hétérotopie est une utopie réalisée. Et de citer Mars comme exemple.
BAV

Christiane a dit…

"C'est pour moi un problème très important ; je me rends bien compte que je n’ai jamais rien écrit que des fictions. Je ne veux pas dire pour autant que cela soit hors vérité. Il me semble qu’il y a la possibilité de faire travailler la fiction dans la vérité, d’induire des effets de vérité avec un discours de fiction, et de faire en sorte que le discours de vérité suscite, fabrique quelque chose qui n’existe pas encore, donc “fictionne”. On “fictionne” de l’histoire à partir d’une réalité politique qui la rend vraie, on “fictionne” une politique qui n’existe pas encore à partir d’une vérité historique."
Entretien de Michel Foucault avec Duccio Trombadori, dans "Dits et écrits".

Christiane a dit…

Merci, Soleil vert. Foucault et la fiction c'est une belle aventure d'écriture et de pensée.
Ugo Bellagamba semble construire des passerelles intéressantes entre des écrivains très différents.
J'aime bien l'entêtement de JJJ sur la RdL en matière de littérature.

Christiane a dit…

Son regard sur l'univers fictionnel de Bosch, Breughel et Dürer est extraordinaire. Foucault est à l'aise dans la transgression, dans l'insensé, dans la folie.

Anonyme a dit…

Oui, quand il ne le déforme pas, ce qui arrive hélas souvent! MC

Christiane a dit…

C'est peut-être pour cela qu'il a l'impression de n'écrire que des fictions...

Christiane a dit…

Vous m'intriguez avec ce livre d'Ugo Bellagamba. J'irai l'acheter demain.

Christiane a dit…

Il reste aussi inclassable que déroutant.

Christiane a dit…

Retour à Foucault.
Dans "L'archéologie du savoir", un essai que j'apprécie, il écrit cette pensée que j'avais soulignée :
"Plus d'un comme moi sans doute, écrivent pour n'avoir plus de visage. Ne me demandez pas qui je suis et ne me dites pas de rester le même : c'est une morale d'état civil ; elle régit nos papiers. Qu'elle nous laisse libres quand il s'agit d'écrire."

Christiane a dit…

J'avais acheté un autre livre de lui ("les mots et les choses", mon préféré) pour connaître son analyse remarquable sur le tableau de Velasquez "Les Menines" (Prado) après le tableau symboliste d'Émile Bernard : "Madeleine au bois d'amour", peint à proximité de Pont-Aven, en Bretagne. Paul Gauguin aimait ce tableau.. Il est maintenant au musée d'Orsay. Allongée, on dirait qu'elle flotte, qu'elle rêve, passive, immobile. C'est la sœur du peintre. Le paysage semble la cerner, construit en bandes horizontales parallèles . Gauguin l'a peinte également.
Foucault voyait de drôles de choses dans ce tableau sur la relation complexe du peintre et de sa sœur.
Je trouve la toile sereine, un peu mystique, lui y voyait de l'angoisse...
L'école de Pont-Aven cherchait à se libérer de l'impressionnisme. Paul Sérusier y séjourna aussi. Mais Émile Bernard est le plus jeune de la bande. Il était paraît-il d'une culture époustouflante. Proche de Mallarmé, il écrivait avec talent. Sur la mer, la lande, les harmonies des paysages, les coutumes, les légendes .... J'aime aussi ces "Bretonnes dans la prairie verte".
A la fin du livre il écrit quelque chose de très étrange : "L'homme est une invention dont l'archéologie de notre pensée montre aisément la date récente. Et peut-être la fin prochaine. "
( Presque de la science-fiction !)
Mais c'est avant tout un ouvrage sur le langage qui se sépare du monde comme les mots des choses, le visible et l'énonçable... Le parcours de la littérature.

Soleil vert a dit…

Oui, et j'avais relevé ce passage avant la séparation que vous évoquez :

" le langage n’est pas un système arbitraire ; il est déposé dans le monde et il en fait partie à la fois parce que les choses elles-mêmes cachent et manifestent leur énigme comme un langage et parce que les mots se proposent aux hommes comme des choses à déchiffrer. La grande métaphore du livre qu’on ouvre qu’on épelle et qu’on lit pour connaître la nature, n’est que l’envers visible d’un autre transfert, beaucoup plus profond, qui contraint le langage à résider du coté du monde, parmi les plantes, les herbes, les pierres et les animaux. "

Christiane a dit…

Il y a dans ces réflexions un approfondissement inlassable qui m'a souvent ébranlée, empêchée de m'endormir dans le même, déjà lu, d'être comblée. Un dialogue vers plus de lucidité qui invite autant à la vigilance qu'à l'aventure de l'imaginaire.
J'attends de ce livre d"Ugo Bellagamba des correspondances et des échos qui renvoient des auteurs, des textes les uns aux autres. Un passage. Des associations. Un livre qui aurait plusieurs sens.
Votre citation s'attache à la richesse polysémique des mots selon le contexte du livre, de la phrase . Une ouverture et une transgression de la logique entre le concret et l'abstrait, le réel et la fiction. Un livre d'entrelacements... Une mémoire littéraire aussi.

"La grande métaphore du livre qu’on ouvre qu’on épelle et qu’on lit pour connaître la nature, n’est que l’envers visible d’un autre transfert, beaucoup plus profond, qui contraint le langage à résider du coté du monde."

Oui, un texte n'est jamais seulement lui-même, clos, fini dans sa relation aux autres textes.
(Avec M.C., nous ne pouvons nous empêcher de rebondir d'un livre à l'autre, de questionner toujours, de frôler l'incertitude.)
La fiction, justement, défait la certitude, introduit une sorte de flottement.
J'aime bien, chez vous, avec tous ces livres et ces échanges, remettre en cause les illusions de la certitude.
Merci, Soleil vert

Christiane a dit…

Cher Soleil vert c'est un temps de plaisir offert par ce livre de Ugo Bellagamba : "Dictionnaire utopique de la science-fiction (Le Belial).
Déjà, le livre est confortable, léger, beau, facile à lire grâce au choix de la police de caractères.
Des chapitres courts, une trentaine, qui, ô bonheur, ne sont pas dédiés à des auteurs ou des œuvres emblématiques classés par ordre alphabétique.
Ugo Bellagamba a opté pour des entrées transversales déclinées au pluriel. Ce qui offre une grande liberté de circuler dans le livre en choisissant dans ces entrées celles qui nous happent.
Alors, ces mots : "utopie", (l'irréel), sa forme inversée "dystopie" (les ombres)et "uchronie", (ce qui aurait pu être) sont comme une grille de lecture bienvenue.
Bien sûr, la porte que j'ai ouverte en premier est celles des "Bibliothèques".
Joie de monter à bord du Nautilus, invitée par le capitaine Nemo et d'accéder aux trésors de sa bibliothèque. J'ai un peu triché, me souvenant des gravures de Hetzel dans l'édition originale du roman de Jules Verne, "Vingt Mille Lieues sous les mers".
U.B., délicieusement, cite Nemo : "Où trouverait-on plus de solitude, plus de silence qu'au plus profond de mers ?".
Donc pas de classement. Nemo lisait "ce que sa main prenait au hasard".
Comme pour ce livre "qui n'a pas vocation à être lu dans l'ordre alphabétique.'
Et bien sûr, suit "La bibliothèque de Babel" de Borges.
C'est là qu'il évoque Foucault et son grain de sable : "l'hétérotopie... à l'équerre du réel".
Le deuxième chapitre que j'ai lu c'est "Pouvoirs". Excellente analyse du pouvoir qui, dans ses excès prévisibles détruit les espaces et les êtres. La violence... L'Etat qui "en exige le monopole légitime". Retour, bien sûr à Montesquieu et son désir de "contre-pouvoir" dans "L'Esprit des Lois" et à un bagage historique à César,' Attila, Néron, Napoléon.... Quand U.B. enchaîne avec l'omniprésence du pouvoir dans l'imaginaire dans les récits de science-fiction ou dans leur réinterprétation au cinéma, tout paraît tellement clair.
La suite de son raisonnement présente cette dualité entre "la puissance visible et celle invisible, plus dangereuse". Hannah Arendt est alors la bienvenue.
C'est un livre épatant, qui me fait du bien car il clarifie mes lectures, les liens que je fais souvent d'un livre à l'autre, d'un écrivain à un autre.

Christiane a dit…

Donc, deux chapitres lus il en reste plein. Joie.

Anonyme a dit…

Ah ce portrait de Madeleine Bernard au Bois d’ Amour, il a fallu qu’il le déforme? En passant, petites remarques. C’est la rencontre Bernard-Gauguin qui fonde l’ Ecole de Pont Aven. Bernard a un peu plus de vingt ans , et l’esprit à révolutionner la peinture. Mais plus tard, il s’occupera de la reconstruire. D’où il suit qu’il y a deux Bernard, celui de Pont Aven, et celui qui vient après. On a peine à croire que c’est le même homme. D’un côté une peinture révolutionnaire, de l’autre , une peinture neo-classique, qui n’est d’ailleurs pas parfois sans beauté. Les tableaux conservés dans certaine église le prouvent bien. Pour le choix de Pont Aven, c’est Gauguin, et ce temoignage est recoupé par plusieurs autres, qui dit pourquoi dans sa Correspondance. La vie n’y est pas chère, ce qui explique qu’on y trouve bien des peintres peignant sur le motif. Des américains académiques, des francais régionaux et autres, et Gauguin et Bernard. Lors du second voyage de Gauguin à Pont Aven , il se plaindra justement que les prix ont augmenté ! Ce n’est pas faux. Des lors le rêve tahitien peut prendre forme…Enfin bien qu’ayant subi l’enseignement de Gauguin, Serusier sera Nabi ,( prophète) et trouvera en Bretagne sa thébaïde.Bien à vous. MC

Christiane a dit…

Merci, M.C. L'école de Pont-Aven, des toiles que j'aime beaucoup. Un peu lame de la Bretagne de ces années là avec un soupçon d'estampes japonaises. Un monde arrêté, paisible. Et cette amitié entre les artistes... Oui, j'ai vaguement su que E. Bernard s'était éloigné d'eux. Mais ces deux tableaux sont étrangement beaux.
Foucault est intéressant mais il débloque souvent avec trop de sexualité ou de politique. C'était aussi Vincennes et ses mythes des années 68. J'aime lire l'évocation que vous faites de ce temps. Merci.

Christiane a dit…

Par contre, il est brillant sur "Les Ménines" de Velasquez. Analyse qui ouvre "Les mots et les choses". J'ai découvert ce jeu de regard et l'importance du miroir en le lisant.

Christiane a dit…

l'âme

Christiane a dit…

Un nouveau chapitre passionnant dans le livre d'Ugo Bellagamba : "Origines".
Là encore, une pensée claire et fluide.
Science-fiction et roman préhistorique.
Les "Voyages extraordinaires" de Jules Verne naissant en même temps que les recherches sur la préhistoire.
"L'obscur passé de la Terre". Le paléolithique, par opposition aux questionnements métaphysiques et à l'histoire des religions.
Une étude où "l'inattendu, toujours arrive, comme le disait André Maurois".
Ainsi il évoque l'œuvre de Rosny, "La Guerre du feu", "contant les tribulations de trois aventuriers préhistoriques partis en quête du feu", comme récit et comme vulgarisation scientifique.
Ou encore les premiers plans de"2001 : l'Odyssée de l'espace" (Kubrick / Clarke).
L'Origine, tellement liée à la fin des temps.
Fruit du hasard, de l'évolution , projet d'une intelligence supérieure ?
La science-fiction comme une éternelle quête de sens sur "cette créature sur le point de devenir humaine"....
U.B. donne alors une liste d'auteurs et de cinéastes s'étant passionnés pour cette quête des origines -parfois tentés par une origine extraterrestre de l'humanité . L'occasion, à travers toutes ces oeuvres, soit de mettre en cause nos certitudes soit de rêver jusqu'à l'infini du ciel... Soit, ajouterais-je, d'ouvrir - ou de réouvrir - le passionnant essai de Marie-José Mondzain, "Homo spectator" (Bayard), qui nous plonge dans l'obscurité de la grotte Chauvet pour rencontrer les premières traces de l'homme.
Mais toujours une incertitude quant à la destinée de l'humanité. Parfois des utopies, parfois l'inverse.
Quelle béance au cœur du visible... l'immanence d'une absence... Construction millénaire de la mémoire.
J'aime beaucoup ce livre, Soleil vert. Il me fait tant réfléchir. Et puis vous devez être content car vos auteurs préférés y sont répertoriés, dont beaucoup me sont inconnus.

Christiane a dit…

Sans oublier "Poussières d'étoiles" (Seuil), d'Hubert Reeves.
"Nous sommes loin de la vision légaliste de l'univers que la science présente à la fin du XVIIIe siècle. Les acquis de la physique moderne, les progrès de la biologie nous ont révélé la dimension d'indétermination du devenir du monde (...) le caractère ludique du comportement de la Nature.
J'ai souligné, à plusieurs reprises, le rôle primordial du hasard dans l'évolution de la matière. (...)
La façon de la Nature, c'est de tout essayer. La Nature, en jouant, invente l'être humain. Ce fruit du jeu de la Nature joue à son tour à imaginer des êtres nouveaux."

Christiane a dit…

Marcel Brion - Les escales de la haute nuit :
https://books.google.com/books/about/Les_Escales_de_la_haute_nuit.html?hl=fr&id=GvlXDwAAQBAJ#v=onepage&q&f=false

Christiane a dit…

Un très bel article de Pierre Henri Simon pour le Monde ( décembre 1965) sur la littérature de l'imaginaire :


https://www.lemonde.fr/archives/article/1965/12/08/les-escales-de-la-haute-nuit-de-marcel-brion-beau-francois-de-maurice-genevoix-histoires-fantastiques-contes-nocturnes-recits-insolites-recueillis-par-marcel-schneider-hubert-juin_3069028_1819218.html

Christiane a dit…

Sa réflexion sur l'Histoire est remarquable et son lien avec les fictions. Je la partage complètement.
P. 105
"L'Histoire, bien qu'elle soit basée sur des faits exacts, est avant tout un discours subjectif à propos de la portée de ces faits qui ont été retenus par l'historien. Elle traite des évènements passés tels qu'ils résonnent "dans" le présent. Si les dates, les lieux, les noms et les chiffres sont objectifs, les explications, bien que rationnelles, ne le sont presque jamais. Représentation autant que reconstitution du passé, l'Histoire est toujours la tentation de lui donner un sens, exactement comme l'utopie dans la science-fiction : en décrivant des sociétés hypothétiques, elles ambitionnent de donner une perspective à celle présente et réelle. Il existe toutefois une différence majeure entre l'historien et l'auteur de science-fiction (j'ajouterais le romancier) : si le travail du second utilise le travail du premier, ce n'est pas par dévotion pour l'Histoire, mais comme une source d'inspiration."
D'où le titre du chapitre : "Histoires du futur".
" Les histoires du futur sont toujours construites à partir des fragments du passé. "
Je pense au "Hussard sur le toit" de Giono, aux romans de Stendhal, à "La Peste" de Camus... Lui à Asimov (pour l'interprétation de "Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain" de Gibbon..,) et à bien d'autres auteurs de science-fiction dont Wells.

Anonyme a dit…

Les Escales étaient parues en zone libre pendant la guerre, imprimées à Marseille. On en goute que plus certain « Marechal de la Peur. » Pendant ce temps, » PHS » , comme on le surnommait donnait dans son Oflag de remarquables cours de Littérature aux officiers français. On peut penser que 1965 correspond au passage de l’édition du catalogue Laffont à celui de Marabout….Il vaudrait la peine de se demander la place que Brion occupe, s’il en a une , chez Ugo Bellejambe…

Christiane a dit…

Des cours de littérature dans son oflag... Quelle belle façon de résister...
Pourquoi PHS ?

Donc vous voyez des liens possibles entre Ugo Bellagamba et Marcel Brion. Il faudrait pour cela connaître son oeuvre de fiction...
Ici, dans ce livre, "Dictionnaire utopique de la science-fiction", le lecteur est face à un ouvrage de type philosophique sur l'évolution de la littérature. Bien sûr on y trouve des références nombreuses d'auteurs de science-fiction mais au-delà, une interrogation, à travers ces entrées multiples, sur les mystères de l'origine de l'humanité et sur son destin.
On est loin des querelles de certains vaniteux sur les termes de dystopie et utopie qui cachent une méconnaissance de tout un pan de la littérature bien en place depuis le XIXe siècle.
Dans ce domaine de la littérature de l'imaginaire, Paul Edel tient une place particulière. Ses faux-semblants de souvenirs sont une lecture de passe-muraille dignes de Marcel Aymé..

Christiane a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Christiane a dit…

J'avais lu avec délice ce polar de Pierre Assouline où l'on trouve un homme mort d'avoir trop aimé lire au coeur de la BNF. Un régal !

Christiane a dit…

https://www.lemonde.fr/archives/article/2003/08/02/fantomes-de-pierre-assouline_329656_1819218.html

Et voilà, "Fantômes"....

Christiane a dit…

Imaginer un monde sans violence paraît une utopie.
Pas forcément ! Il suffit de lire le dernier texte de Paul Edel. Il nous libérer de ce que nous impose l'actualité.
Lentement reviennent les gestes de pliages de la mère à l'enfant, le bonheur d'un drap frais bien lissé sur le lit, l'odeur de propre du tissu de coton repassé.
Texte magique.
Ce qu'il y a de plus difficile : la jeune morte ( les Grecs entraient dans la mort à reculons) et la chambre nuptiale interdite à lenfant.
Intimité solitaire...
Du Schuman...
Des jeux du soleil sur les draps qui claquent au vent...
Tout ce blanc..
Que de sensations qu'on lui vole avec avec bonheur. Son récit est une façon de fermer les yeux. A cause du silence.
L'être de la mère...
Un regard qui traverse le temps...

Je pense au si beau texte de Philippe Jaccottet, "A travers le verger".
"Voilà ce que j'ai vu tel jour d'avril, comme jerrais sans savoir, comme ma vie s'écoulait lentement de moi sans que j'y pense ; on aurait dit qu'un nuage de neige flottait au-dessus du sol sous le ciel gris (...). Qu'est-ce qui naît à la rencontre du ciel et des yeux ? (...) Il faut imaginer quelque chose d'aussi totalement inimaginable et improbable qui fasse écrouler un mur.
A travers l'heureux brouillard des amandiers"... qui rend l'enfance heureuse....

Christiane a dit…

il nous libère

Soleil vert a dit…

Donc vous voyez des liens possibles entre Ugo Bellagamba et Marcel Brion. Il faudrait pour cela connaître son oeuvre de fiction...

Pour moi, pas de rapport.

Le Fou parle a dit…

est-ce notre faute si la fiche de wiki n'est pas à jour ?
https://www.blog813.com/2023/11/hommage-a-jacques-vallet.html

Christiane a dit…

Je continue l'exploration de ce livre qui fait réfléchir.

Christiane a dit…

Je viens de terminer le chapitre "Contacts". Pour une fois, je ne me sens pas sans expérience puisqu'il évoque plutôt des films de science-fiction , les analysant rapidement pour arriver à une interrogation : comment est mis en scène le premier contact avec l'autre ? L'être inconnu ?
Les films je les ai vus.
Les livres qu'il choisit, plutôt des nouvelles me donnent envie de les découvrir, surtout deux : "Cher démon" de Fredric Brown (1950) et "Au carrefour des étoiles" de C. Simak. Tout un univers d'amitié.

Ensuite, il note dans les créations un changement, le premier contact se déclinant de façon cynique, désespérée, négative. Ugo Bellagamba lie cette transformation à celle de la société où les gens sont autocentrés sur leurs peurs. Une disparition de l'altérité, une dystopie ou ...anti-utopie .
Encore des pages très fines.
J'aime découvrir à partir de ces lectures l'homme généreux qu'il semble être . Le registre utopique lui va très bien. Il le convoque sous plusieurs formes. Mais on sent l'historien qui analyse le monde contemporain, la réalité avec lucidité.
Dans l'introduction, il explique comment il a structuré son livre, l'esprit et le cœur au service de chaque entrée..
Il est donc enseignant-chercheur (histoire du droit et de la justice) et écrivain. Il dit son goût pour les voyages imaginaires, les sociétés hypothétiques .
Une citation intéressante de Théodore Sturgeon clôt cette introduction :
"Une bonne histoire de science-fiction est toujours construite autour d'êtres humains avec un problème humain et une solution humaine, et qui n'aurait pu se produire sans son contenu scientifique." et il ajoute : son aspiration utopique : vivre ensemble... car il ose croire en l'être humain.

Christiane a dit…

Je commence seulement à comprendre pour quelles raisons il a fait ce livre, comment il l'a fait, ce qu'il avait à dire de notre monde de vivants et de la science-fiction.
C'est très beau votre choix, S.V.
Ugo Bellagamba abat une à une mes résistances en matière de science-fiction. Un peu comme ma mère qui m'apprenait à trier les lentilles ou la patience alors qu'elle enroulait la laine en pelotes toutes rondes alors qu'il me fallait tenir, avant-bras écartés, l'écheveau de laine. C'était une économie conséquente. Elle detricotait nos pulls devenus trop petits et créait en mariant les couleurs de nouveaux pulls tricotés avec amour tout en écoutant nos histoires. Eh bien, Ugo Bellagamba fait le même travail avec les romans et les films qui avaient besoin d'être "retricotés". Le fil de laine est "utopie". (Il vaut bien celui d'Ariane pour sortir du labyrinthe où la peur nous guette comme le Minotaure.)

Anonyme a dit…

Pourquoi ce Brown là, Grand Dieu, qui ne court pas les rues? Quand on a du meme la Nuit du Jabberwock, Fantômes et Farfafouilles, ou plus classiquement Paradoxe Perdu?

Christiane a dit…

Pourquoi ?
Voilà ce qu'il en dit et qui me donne envie de le lire.
"L'un de mes préférés est celui (premier contact) décrit par Frederic Brown ( 1906- 1972) dans sa nouvelle "Cher Démon" (1950) : un extraterrestre poète, abandonné par les siens sur la Terre désolée d'un lointain futur, apprivoise , jour après jour, un adolescent humain qu'il "prélève" dans un clan ayant tout oublié de la civilisation. A force de patience, de musique et délicatesse, un lien d'affection et une mutuelle compréhension se créent entre le céphalopode mélomane d'outre-Terre et l'enfant nommé "Agile". De cette relation, complexe et délicate, découlera l'opportunité d'un nouveau départ pour l'humanité, et une inscription solennelle viendra commémorer le rôle de Pygmalion qu'aura joué ledit "Cher Démon". Chef-d'œuvre de l'âge d'or à lire absolument."
Nous avions parler de la nouvelle inquiétante de "La nuit de Jabberwock". Elle ne conviendrait pas dans cette évocation du premier contact positif .

Christiane a dit…

Cet essai d'Ugo Bellagamba tente de réunir deux plans différents de sa pensée . C'est inattendu et très intéressant. Tantôt on réfléchit à l'origine, au destin de l'humanité, à ses façons de s'organiser, de se nuire ou de s'épanouir, tantôt on se plonge dans des listes d'ouvrages de science-fiction construits sur cette réflexion. De ce fait le lecteur est conduit à sortir de sa quiétude et à entrer dans le "possible" de livres inconnus.
Le débat vu, le déjà lu est fracturé devant cette rencontre fortuite. Le signe des livres et films choisis est l'objet d'une rencontre et ce qu'elle donne à penser .
Y manquent quand même, des grands récits non classés dans la science-fiction mais appartenant aussi à la littérature de l'imaginaire.
Bien avant le vingtième siècle. Un autre lieu de la littérature.
Je pense à l'épopée de Gilgamesh de l'ancienne Mésopotamie (XVIIe s. av. J.-C.), réunissant des récits légendaires sumériens. La plus vieille oeuvre littéraire connue. Et d'autres récits appartenant au patrimoine de l'humanité, dont l'Iliade et L'Odyssée, la Bible...
Des recueils d'énigmes mythologiques pour le lecteur amateur de mystères.
Pour quelles raisons inexplicables ce livre d'Ugo Bellagamba me renvoie-t-il aux nouvelles de Kafka ? A Borges, aveugle au milieu de son alphabet perdu ? A la mythologie grecque ? Aux contes orientaux (Shéhérazade et le livre des Mille et une nuits)?
L'impossible attend souvent les héros de ces récits.
Besoin, soudain d'échapper à ce dictionnaire passionnant pour retrouver la chair mystérieuse d'un roman, d'une nouvelle, d'un récit.
Certaines lectures ne veulent pas se séparer de moi.

Anonyme a dit…

J’ ai lu toute l’œuvre romanesque et nouvelliste de Brion, et, tranquillisez-vous, Soleil Vert, je ne vois pas non plus de rapport avec Bellejambe,. Tout au plus le prolongement d’un certain romantisme à la manière des Allemands. Merci Christiane pour la réponse sur Brown . La Nuit du Jabberwock n’est pas si tragique qu’elle en a l’air. Bien à vous. MC

Christiane a dit…

Je crois que Ugo Bellaganba s'est trompé. La nouvelle "Cher démon" est d'Eric Frank Russell, initialement parue dans Other Worlds Science Stories, mai 1950.
Situation dans le recueil : p. 263 à 317.
Intrigue : sur une Terre post-apocalyptique, un extraterrestre martien aide les humains survivants à retrouver espoir dans le futur.
Elle est parue en France en 1974, dans un recueil dont le titre est "La grande histoire de la Science Fiction : Histoire d'extraterrestres" (Livre de Poche) où sont réunies des nouvelles d'auteurs différents par J.Goimard, Demètre Ioakimidis et Gerard Klein.
Dans ce recueil, il y a bien une nouvelle de Frederic Brown de 1954 "Un coup à la porte".
Dommage qu'elle ne soit pas éditée, seule.

Soleil vert a dit…

Il en parle où de Russel ?

Christiane a dit…

Justement, il n'en parle pas...

Christiane a dit…

Page 59

Soleil vert a dit…

yes !

Christiane a dit…

Il n'apparaît pas non plus dans les sources bibliographiques à la fin du livre.
C'est quand même étrange pour un livre qu'il aime tellement....

Soleil vert a dit…

Il y a un truc sur Stanley Weinbaum que je n'ai pas bien saisi

Christiane a dit…

Ah oui ? A propos de quoi ? Quelle page ?

Soleil vert a dit…

je n'ai pas trouvé. Votre remarque sur Russell confirmée par noosfere + isfdb. Je l'ai fait remonter à l'éditeur en vous citant.

Christiane a dit…

Je n'avais pas compris votre question sur Russel. C'est en voulant commander le livre que je suis tombeet sur plusieurs entrées évoquant cette nouvelle comme étant de Éric Frank Russell..

Christiane a dit…

Ce lien entre autres :


https://fr.wikipedia.org/wiki/Cher_D%C3%A9mon

Christiane a dit…

C'est quand même un livre formidablement intéressant. Ce qui m'a surpris c'est que les nouvelles ou romans d'anticipation et les films que Ugo Bellagamba cite sont souvent des années 1950/1960. Ce qui n'est pas fait pour me déplaire. La création plus récente y figure rarement.
Son analyse de la société humaine en miroir est souvent très juste et ne porte pas à l'optimisme.

J'aime beaucoup la façon
dont vous présentez le nouveau roman que vous avez choisi dans le billet d'aujourd'hui.
J'ai relu "Si le grain ne meurt" d'André Gide en attendant l'arrivée du livre.
Ces enfances ont été marquées par l'intolérance des familles et de la société. Les premiers émois de ces jeunes homosexuels ont été tellement condamnés par le regard des proches qu'ils ont dû combattre un sentiment de culpabilité. Je ne suis pas certaine que cela a changé dans les blessures de ceux qui aiment autrement.
L'idée par un roman de changer quelque chose du passé qui a meurtri est un beau rêve.
Il y a tant de crimes et de persecutions de l'Histoire qu'on aimerait effacer ...

Christiane a dit…

Le billet concernant "Auto-Uchronia ou Fugue en zut mineur" de Francis Berthelot.
J'ai bien compris qu'il y avait deux parties et que la première est toute en vérité.

Christiane a dit…

Et dans la première partie de "Si le grain ne meurt", j'ai aimé les souvenirs d'enfance de Gide. Autant ceux des billes sur celles des écoles des maisons familiales traversées au fil des déménagements. Dans cette eau limpide quelques pensées prémonitoires. Ainsi page 72 :
"J'ai les idées toutes brouillées et je pense, avant de sombrer dans le sommeil, confusément : il y a la réalité et il y a les rêves ; et puis il y a une seconde réalité.
La croyance indistincte, indéfinissable, à je ne sais quoi d'autre, à côté du réel, du quotidien, de l'avoué, m'habita durant nombre d'années. (...)
Je crois bien qu'il y avait là un maladroit besoin d'épaissir la vie. (..) et une certaine propension aussi, à supposer le clandestin."

Christiane a dit…

que celles des écoles

Christiane a dit…

Les jardins aussi... et tous les souvenirs se rattachant aux parents et grands-parents, les auxiliaires de bonheur du "petit" personnel... C'est vraiment un très beau livre dont on épouse peu à peu la langue harmonieuse.

Anonyme a dit…

Ah le Gide! Et la Nature qui en a horreur!l Le pire est encore les Nourritures Terrrestres. Et ça se permet de donner , patelinement, des leçons à Proust!

Christiane a dit…

Cette lettre qu'il envoya à Proust pour tenter d'expliquer le refus du manuscrit "Du côté de chez Swann" par la N.R.F. contient ces quelques phrases :
"(...) Pour moi, vous étiez resté celui qui fréquente chez Mme X ou Y, et celui qui écrit dans Le Figaro. Je vous croyais, vous l’avouerai-je, du côté de chez Verdurin !, un snob, un mondain amateur, – quelque chose d’on ne peut plus fâcheux pour notre revue.(...)"
(Je souris en pensant à Laure Murat...)
N'empêche que sans l'influence de Rivière, il serait certainement resté bloqué par un sentiment de jalousie cachée. Proust ? Un rival en écriture, une fascination ?
Puis, il a vraiment désiré que la N.R.F. soit la maison d'édition qui l'éditerait.

Je vous trouve sévère avec Gide.
Ce regard sur son enfance dans "Si le grain ne meurt" expose tous les carcans dont il a dû se délivrer pour être... dont le contrôle féroce de sa mère sur ses lectures et ses fréquentations.
Il semble, à relire ce livre, qu'une complicité intellectuelle le liait à son père.
Il n'aimait pas être interne, subissant de la part de ses camarades et professeurs pas mal de vexations. L'Ecole Alsacienne était assez rigide sur le plan des comportements.
Ce qui est délicieux c'est son regard sur les Protestants lors du séjour chez son grand-père qu'il respectait infiniment.
Enfin la première partie de ce livre contient tant de vérités sur l'enfance écrites au fil des pensées et des souvenirs, sans plan préétabli.
Je le relis pour plonger bientôt dans une autobiographie suivie d'une métamorphose, celle de "Auto-Uchronia ou Fugue en zut mineur" de Francis Berthelot.

Christiane a dit…

Une analyse passionnante de ce duel... Gide / Proust.

https://books.openedition.org/pul/41115

Christiane a dit…

Pour la deuxième partie de Si le grain ne meurt, lors du voyage en Algérie ou en Tunisie, je ne sais plus... je ne risquerai pas une nouvelle lecture lecture. Le souvenir ancien de cette partie du livre m'avait révoltée, choquée.
Ces pauvres enfants "consommés" par ces adultes, c'est tellement cruel et révoltant... Donc je n'évoque que la première partie fort intéressante : son enfance.

Anonyme a dit…

Je ne vois guère que La Porte Étroite qui puisse survivre, peut-être Urien pour les gravures de Maurice Denis, et, dans un moment de doute, les Caves. Mais l’Immoraliste a atrocement vieilli…

Christiane a dit…

C'est moi qui ai vieilli. Je me rends compte que tout cela est bien loin...
Avez-vous ouvert le lien.? A la fin la lettre de Proust m'a surprise. Étaient-ils sincères tous les deux ? Que de fleurs et quel ton trop enthousiaste....

Christiane a dit…

Gide... Encore une fois est évoquée, par les écrits de cet écrivain, l’écriture autobiographique de l'aveu. Encore une fois l'influence déprimante de l'éducation catholique. Encore une fois, les préjugés de la famille, de la société. L'écriture de soi face à la honte.
Gide et ses confessions... ses provocations, aussi. Culpabilité liée aux conséquences de la masturbation (renvoi de l'école, intervention de la médecine...) et report, plus tard, dans ces voyages nauséeux où il rencontrera, entre autres "touristes", Oscar Wilde.
Peut-on ne pas penser dans cette introspection complaisante à "L'Age d'homme" de Michel Leiris ?
Heureusement, le roman annoncé par S.V. nous conduit vers une écriture autobiographique remise en cause par une distorsion de temps et de l'Histoire. Une utopie dans l'Histoire, une Uchronie comme la nomme Ugo Bellagamba, celle qui joue sur les évènements du passé. L'Histoire revisitée par Francis Berthelot dans son roman "Auto-Uchronia".

Anonyme a dit…

Éducation catholique ? Il était protestant! Du moins si on peut l’être! MC

Anonyme a dit…

Lisez si vous en avez le courage, Octave Mirbeau et son Sebastien Roch, là oui! Est-ce mieux? Dans ce cas precis, non !

Christiane a dit…

Ce que je retiens des heures passées dans le livre d'Ugo Bellagamba, c'est que, pensant en fonction du monde que nous percevons, nous créons un monde qui n'est pas le réel car toujours perçu par la médiation de nos sens, de notre mémoire, de notre culture.
Échanger nos points de vue c'est recomposer la réalité .
Je me souviens de la lecture d'un livre : "La dimension cachée" d'E.T.Hall (Seuil). Il décrivait bien cette dimension culturelle dont nous n'avons pas toujours conscience. Il parlait des espaces fixes (organisation géographique des villes, des villages évoluant dans le temps et l'espace.), des espaces personnels, (nos intérieurs, nos meubles et leurs fonctions, les portes, les fenêtres...), notre espace privé, la distance sociale que chacun a besoin d'établir entre lui et les autres.
Aussi , dans le livre d'U.B., le chapitre sur la rencontre, le contact m'a passionnée par ses observations fines. Qu'est-ce que l'étranger ? Et l'incidence de ses réflexions sur la littérature de fiction.

Christiane a dit…
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Christiane a dit…
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Christiane a dit…

Il faut lire le livre de Gide pour prendre conscience de ce poids

Christiane a dit…

Puritaine et très rigoriste.... Quant à L'Ecole Alsacienne....

Christiane a dit…

MC., catholiqued ou protestantd, ces internats ont fait des dégâts par leur attitude répressives. Je ne sais lesquels étaient pires. De plus les scandales qui font la une depuis quelques années accompagnent cette attitude rigoriste d'abus de pouvoir envers ces enfants....

Anonyme a dit…

Vous aviez les internats laïcs, aussi!Tout ce qui est pension reposant sur la séparation des sexes, de manière générale. MC

Anonyme a dit…

La Porte Étroite illustre à merveille ce que peut une éducation puritaine . Et comme disait l’une de mes profs de Khagne: «  Ne pensez surtout pas que ce Protestantisme là - celui de la Porte Etroite- n’a pas existé ! » Elle était protestante elle-même.. .

Anonyme a dit…

MC, (bien sûr).

Christiane a dit…
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