Philip José Farmer - Le Cycle du
Fleuve de l’éternité : Le Monde du Fleuve - J’ai Lu
CONCEPTION
En 1952, l'éditeur Shasta (d'après la montagne homonyme) créé au départ par trois fans américains (Dikty, Korshak et Shroyer) et commençant à se faire un nom pour la réédition en livres reliés aux tarifs parfois exorbitants d'auteurs phares tels Heinlein, Hubbard, De Camp, Campbell, Bester, décide d'organiser un concours couronnant un roman destiné à être publié par eux et ensuite en poche par Pocket Books.
Sentant l'opportunité, Farmer, connu seulement à l’époque pour The Lovers
et Sail On, Sail On!, se met à écrire à toute vitesse (la légende parle
d'un mois) et grâce à son épouse qui coordonne la dactylographie livre un texte
de 150.000 mots sous les titres I Owe for the Flesh/Owe for the Flesh,
à temps ; il remporte le prix.
Hélas, Shasta en difficultés
financières sérieuses (suite à la poursuite vaine d'un best-seller (Westmore
Beauty Book ?) par les frères Westmore, célèbres maquilleurs
d'Hollywood), ne publie pas le livre et ne verse pas (tout) le montant du prix
(les détails exacts manquent et les versions diffèrent). Du coup, Farmer qui
avait abandonné son emploi pour devenir écrivain à plein temps, se trouve dans
la misère, il perd sa maison et sa femme tombe malade. Le texte de ce roman
sera enfin publié en partie en 1976 sous le titre River of Eternity
après s'être appelé Owe for a River et correspond à la deuxième moitié
de The Fabulous Riverboat.
En 1964, Frederik Pohl lit le manuscrit et suggère à Farmer que le concept de Riverworld dépasse le cadre d’un simple roman et peut donner naissance à une série. Farmer re-utilise (et/ou tronçonne) son concept et rédige trois nouvelles pour le magazine Worlds Of Tomorrow : "Day of the Great Shout" paru en janvier 1965, et en VF sous le titre "Le jour du grand cri" dans Galaxie 2ème série avril 1968; "Riverworld" paru en janvier 1966, traduit en VF sous le titre "La quête de la vérité" dans Galaxie 2ème série janvier 1969 qui sera plus tard développé à deux reprises (légèrement pour une parution en recueil en 1971, fortement en 1979) devenant du coup en VF "Ainsi meurt toute chair" in Les dieux du fleuve ; The Suicide Express paru en mars 1966, et traduit en VF sous le titre A la recherche de la tour noire dans Galaxie 2ème série mai 1968.
Les premières et troisièmes nouvelles sont ensuite combinées pour devenir en
1971 To Your Scattered Bodies Go (en VF Le monde du fleuve dans
l'omnibus Le fleuve de l'éternité).
En Juillet & Aout 1967 paraît en deux parties dans le magazine World of If, "The Felled Star", connu en VF comme "Le météore" Galaxie 2ème série Juillet & Aout 1970 ; puis toujours dans World of If en 1971 « The Fabulous Riverboat » en deux parties puis en VF sous le titre « Le bateau fabuleux » dans Galaxie 2ème série mars & Avril 1972. Les deux textes seront aussi combinés pour devenir le roman The Fabulous Riverboat et en français Le bateau fabuleux chez Ailleurs & Demain inclus dans le diptyque Le fleuve de l'éternité.
En 1977 parait directement le roman The Dark Design (en VF Le noir dessein), puis en 1980 The Magic Labyrinth (en VF Le labyrinthe magique) et enfin en 1983 Gods of Riverworld (en VF Les dieux du fleuve).
Pour les « complétistes », il existe un certain nombre de textes
"annexes" : "Riverworld War" (cinq chapitres excisés
de The Magic Labyrinth, en VF comme "Chute dans le fleuve"
dans le coffret Le cycle du fleuve Laffont 2003), des textes en
sharecrop par divers auteurs (et aussi par Farmer) réunis dans Tales of
Riverworld (1992) et Quest to Riverworld (1993) dont les textes de
Farmer se trouvent aussi dans l'omnibus Laffont - mais pas dans l'intégrale
Mnémos -.
Pour aller plus loin (et merci à
eux) :
- sur Farmer : Chapman (http://www.isfdb.org/cgi-bin/title.cgi?1010178) et
Brizzi (http://www.isfdb.org/cgi-bin/title.cgi?973397), sur l'affaire Shasta :
Eshbach (http://www.isfdb.org/cgi-bin/title.cgi?102903), sur les éléments
bibliographiques : Stephensen-Payne & Benson (http://www.isfdb.org/cgi-bin/title.cgi?1275682)
et en ligne l'ISFDB.
- sur le site noosphère (Alain Sprauel) : https://www.noosfere.org/icarus/BiblioSprauel/Farmer_2.1_2012-02.pdf
LE MONDE DU FLEUVE
Le célèbre explorateur Sir Francis Richard Burton décède le 20 octobre 1890 à Trieste. Il reprend vie au bord d’un fleuve sur un monde inconnu. Il n’est pas le seul. Trente à quarante milliards d’êtres humains errent sur les rives de ce cours d’eau long de trente-deux millions de km, où ont été implantées à intervalles réguliers d’étranges structures en pierre qui fournissent deux fois par jour nourriture ou vêtements. Tous ceux qui ont vécu sont là ; ni au Paradis ni en Enfer, mais sur une autre Terre. Dans quel but ? Les résurrections semblent n’obéir à aucun dessein particulier. D’une rive à l’autre, époques et civilisations dissemblables se découvrent ou s’affrontent.
Burton anime un petit groupe qui
comprend un américain, Frigate, un homme du futur décimé comme ses compatriotes
au cours d’un conflit opposant humains et une race extraterrestre provenant de Tau
Ceti, Monat,- l’un de ces E.T- et plus
extraordinaire Alice Pleasance Liddell (adulte), celle-là même qui fut l’inspiratrice
de Lewis Caroll. Un néandertalien, Kazz, les rejoint. Ayant pris ses marques,
Burton, fidèle à sa légende, construit un bateau et décide de remonter le
fleuve jusqu’à sa source.
Philip José Farmer a puisé son
inspiration, selon ses dires, dans l’Huckleberry Finn de Mark Twain. Il fera
d’ailleurs de l’écrivain le personnage principal de la suite du cycle, Le
bateau fabuleux. A Houseboat on the Styx de John Kendrick Bangs
(1895) comporte également quelques séquences offrant des similitudes
troublantes avec son œuvre. Plus prosaïquement, les paysages de la jeunesse de
l'auteur, en particulier la rivière Illinois (qui traverse Peoria) ont aussi
laissé des traces. Enfin, s’il est permis temporairement de s’affranchir du
sceau de l’objectivité au sein d’une chronique, mentionnons que Borges, furetant
comme d’habitude dans les couloirs secrets de la littérature, signalait dans le
recueil L’Aleph, la présence d’un Fleuve aux eaux d’Immortalité et d’Oubli,
et surtout dans la nouvelle éponyme l’existence d’un manuscrit laissé par
Burton lors de son passage à Santos au Brésil en 1867. L’explorateur racontait
avoir découvert au sein des pierres de la mosquée du Caire, un des passages
menant à « … un lieu où se trouve tous les lieux de l’univers, vus sous
tous les angles » (1).
Ce volume, sans doute l’un des
meilleurs, contient paradoxalement des éléments narratifs de fin de
cycle. Ceci explique peut-être la faiblesse progressive de l'intrigue des livres
suivants. Le concept d’ensemble est génial, le traitement picaresque, la
conclusion nébuleuse. Le Monde du Fleuve échappe à cette critique, porté
par un personnage complexe, homme d’action mais qui essaye de justifier aux témoins
de l’Holocauste, alors même qu’il affronte les troupes d’un certain Hermann
Goering allié à Tullus Hostilius, la rédaction de The Gypsy, the Jew and El
Islam.
Cette fiche a été réalisée par
Sandrine et Soleil vert
(1)
Œuvres de Borges in Pléiade tome 1, pages 660 et 665.
196 commentaires:
"Ma corédactrice m'a envoyé un réquisitoire (non publié ici) accablant sur l'auteur !"
Voilà une préface qui ne manque pas de sel !
J'attends "Pages perdues ". Cette lecture - au moins les trois premières nouvelles -sera antérieure à une plongée éventuelle dans ce maelstrom étonnant.(Philip José Farmer - Le Cycle du Fleuve de l’éternité : Le Monde du Fleuve -)
Bonne vacance loin des écrans peut-être.
Vous laissez la maison ouverte ? Peut-on y venir en votre absence pour écrire ?
A bientôt.
Je relis votre passionnant billet et il me semble qu'il y a un lien avec la stratégie de Paul Di Filippo dans ses nouvelles : "Pages perdues", car, à nouveau, des personnages ayant réellement vécu sont appelés après un passage par la mort à continuer un chemin de vie. J'ai cru comprendre - car je n'ai pas encore reçu le livre - que Di Filippo propose une vie meilleure à ses personnages. Ceux de Farmer, cette multitude de "ressuscités", que vont-ils faire de cette continuation de leur vie ? Cette communauté semble très disparate... Dans quel état de reprennent-ils vie, ?même âge ? Mémoire intacte ? Regrets ? Mêmes pulsions, pour les pires ?
Il y a dans l'enchaînement de ces deux livres quelque chose de logique. Vos références à Borges me rappellent des souvenirs de lecture (dans L'Aleph ?).
Bref, on ne manque pas de tentations en lisant vos billets. J'aime beaucoup quand la science-fiction explore des mondes imaginaires proches de nos méditations. Après la mort ? Ou, la vie aurait-elle pu être différente ?
Je pense aussi au museey du quai de Branly ou bien des mythes sont réunis ou à un de mes livres ressource celui de Dumézil que j'évoque souvent "Esquisses de mythologies".
En dehors du joug des religions et des croyances diverses, on ne peut empêcher l'homme de rêver, d'imaginer et quand il est en panne les cauchemars ou rêves idylliques prennent la relève.
Au fil de mes lecture j'apprends at goûter la littérature de science-fiction. Je trouve que c'est très artistique ( Goya, Redon,dessins de Hugo, G.Dore, Magritte, Dali....).
Grand merci pour tout cela.
J'ai presque terminé la relecture de Matisse- Roman d'Aragon. Les chapitres comprenant Baudelaire (Les Fleurs du Mal)et Ingres sont extraordinaires comme son approche du portrait si variable dans sa recherche de vérité.
Pas de problème, vous êtes ici chez vous :)
Tullus Hostilius et Dumézil, tout un programme …
Merci.Sous le billet précédent j'écrirai au fil des pages lues comment le monde du réel et celui de l'écriture échangent leur vérité.Des hommes et des femmes devenus plus que le vrai, différents . Des livres de fiction devenus lieux où tout se joue.. Être l'hôte le temps d'une lecture de miroirs contradictoires.
Songes et visions. Dans ces fictions, on marche comme dans un labyrinthe. Il faut tenir fermement le fil du passé pour comprendre que ce n'est qu'un voyage apparent . Avancer de retour dans la lenteur hypnotique de la lecture... comme le sommeil qui répand des rêves.
J'ai du lire la mauvaise partie. (en existe-t-il une moins pire?) je n'avais pas été convaincu du tout par ce parti-pris d 'utiliser la résurrection, dans le récit comme une sorte de cache misère romanesque. Je ne pensais pas que le noyau était si ancien.Maintenant, pourrait-on rapprocher ce dinosaure d'une obscure prémonition de l'Echiquier du Mal, de Simmons ( qui comporte aussi ses longueurs!) MC
"je n'avais pas été convaincu du tout par ce parti-pris d 'utiliser la résurrection"
Moi je trouve le concept vertigineux, à condition de ne pas tout sacrifier au mode picaresque, ce qui est réalisé en partie ici.
Intéressante la référence au mode picaresque qui met en scène des aventures rêvées loin du réel .
La résurrection n'est pas seulement un mythe chrétien, beaucoup de croyances autres à travers le temps où les hommes ont inventé une suite après la mort.
Comme si il y avait un refus que tout s'arrête à la mort.
Où l'on peut lire classées par ordre alphabétique les différentes conceptions religieuses et philosophiques de vie après la mort (fin du document)
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Vie_apr%C3%A8s_la_mort#:~:text=la%20kabbale%5D%20%C2%BB.-,Selon%20le%20mormonisme,lui%2Dm%C3%AAme%20un%20dieu%20cr%C3%A9ateur.
"Au XXe siècle, à Douarnenez (Finistère), les pêcheurs noyés dans la baie sont transportés dans la grotte de l’Autel, près de Morgat, où ils sont censés embarquer pour l’autre monde. A la Toussaint, en Corse, les familles, avant d’aller dormir, laissent un peu de lait et quelques châtaignes sur la table pour leurs morts supposés revenir ce soir-là dans les lieux où ils ont vécu. Dans le Limousin, le défunt est inhumé avec un chapeau pour saluer saint Pierre, le journal du jour et, dans la main, une pièce de monnaie (le « denier de Charon ») destinée à payer son voyage au paradis. Ici et là, on continue à ouvrir les fenêtres afin que l’âme puisse s’échapper, à vider l’eau des seaux ou à voiler les miroirs pour éviter qu’elle n’y reste emprisonnée.
Ainsi, dans la France des années 1970, de vieilles croyances subsistent, des gestes ou des formules magiques qui, combinés à des invocations des saints et de la Vierge, forment une « religion populaire christianisée ». Et pourtant, nous voici entrés dans l’ère du progrès. La raison a triomphé de l’obscurantisme. Le service des pompes funèbres a remplacé les églises, et le médecin, le curé. La mort est devenue un marché florissant. Mais rien n’y fait, le mystère reste entier. Les mythes antiques, les religions monothéistes, les philosophes, les sciences… Personne n’a encore apporté de réponse définitive à cette éternelle question : qu’y a-t-il après la mort ?
Aussi, en rejetant les modèles traditionnels, l’homme du XXIe siècle a intériorisé son attitude face à la mort. Peu à peu, il s’est fabriqué son propre système de croyances, qui se transmet désormais dans un cercle étroit, au sein d’une famille, d’un village ou d’une communauté. Résultat : de l’affaire de tous, la mort est devenue une affaire privée, intime. Aujourd’hui, on revendique le droit d’inventer ses propres réponses et gris-gris, d’exprimer ses superstitions et de s’abstraire, au final, des formes collectives de «gestion » de la mort qui ont prévalu pendant 3 000 ans. Chacun sa vie, chacun sa mort!"
Manuela France (Se cultiver surcroyances mort superstition) pour Cairn..
Je viens de regarder sur Arte Replay un magnifique film documentaire de Rudolf Klingohr.
La Sécession viennoise et ses mécènes juifs qui ont permis une grande révolution artistique. Revécu mon voyage à Vienne pour l'année Gustav Klimt.
Le palais de la Sécession, et son dôme de feuilles de laurier dorées... L'inscription sur la façade : Ver Sacrum... La fresque Wagner de Klimt si mal accueillie à l'époque, d'autres œuvres de Klimt, Schiele... Josef Hoffman, l'architecture, le Ring (les travaux de la Ringstrase. ) La grande bourgeoisie qui s'y installe le long de l'avenue. Les cafés, les Salons où les intellectuels se réunissent, lisent les journaux , comme au café Sperl.
Otto Wagner et le métro... L' Art nouveau ( objets, meubles...)
Le film n'est rediffusé que jusqu'au 20/08/2022. (52 minutes de bonheur absolu). Ne le ratez pas.
"L'Art nouveau viennois et ses mécènes".
La montée du nazisme y est évoquée à la fin du film comme celle de l'antisémitisme. ... comme la pauvreté de Vienne pour les familles modestes, les ouvriers frappéd par la crise économique mondiale. Les interdits pour les étudiants, artistes, écrivains juifs. Leur fuite, leur extermination.
La ville en ruines à la fin de la seconde guerre mondiale.
Puis le renouveau, le second souffle.
Erreur : lire non pas Cairn mais "Ça m'intéresse" pour l'article cité partiellement ci-dessus
"Manuela France collabore depuis plus de 10 ans au magazine "Ça m'intéresse," ou elle passe chaque mois au crible un chef-d'oeuvre de l'Histoire de l'art. Pour le magazine "Ça m'intéresse Histoire", elle traite d'événements historiques faisant écho à l'actualité. Elle est l'auteure de : "Les Coulisses de l'Art".
Un bel article de Jacques baudou sur Le Monde évoquant ce livre de Philip José Farmer.
Dites donc, il y en a des personnages dans ce roman si TOUS les morts de retrouvent au bord de ce fleuve !
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2009/03/18/philip-jose-farmer-auteur-de-science-fiction_1169570_3382.html
Baudou
Baudou auteur du "MERVEILLEUX FANTASTIQUE ET SCIENCE FICTION A LA TELEVISION FRANCAISE"
Petite erreur dans son article sur la longueur du Fleuve.
Très drôle !
https://www.noosfere.org/livres/niourf.asp?numlivre=2146563985
Passionnant mais très cher...
https://amp-lefigaro-fr.cdn.ampproject.org/v/s/amp.lefigaro.fr/culture/les-merveilleuses-archives-du-fantastique-a-la-francaise-20200427?amp_gsa=1&_js_v=a9&usqp=mq331AQKKAFQArABIIACAw%3D%3D#amp_tf=Source%C2%A0%3A%20%251%24s&aoh=16608943066656&referrer=https%3A%2F%2Fwww.google.com&share=https%3A%2F%2Fwww.lefigaro.fr%2Fculture%2Fles-merveilleuses-archives-du-fantastique-a-la-francaise-20200427
Olivier Delcroix donne ici quelques pistes bien intéressantes.
"Meilleur spécialiste des mauvais genres" ah ça c'est très piquant !
https://www.etonnants-voyageurs.com/BAUDOU-Jacques.html
Sourire du hasard, les deux romans sont arrivés en même temps dans ma boîte aux lettres ! J'étais en train de relire les lettres à Milena de Franz Kafka traduites soir par Alexandre Vialatte doit par Claude David ( L'imaginaire - Gallimard).
Joie. Joie. Joie.
Mais je n'ai pas dit que ça m'avait choqué! Je l'ai considéré comme un truc de feuilletonniste dont, dans ce que j'ai lu, -Le Bateau Fabuleux?- il use et abuse. Soit pour éloigner les personnages, soit pour les faire revenir. Résultat: on tourne en rond. Le mystère de la mort n'a rien à voir ici! On a plutôt l'impression du recours à une facilité romanesque dont le seul but parait d'écrire un roman sans fin...
"On a plutôt l'impression du recours à une facilité romanesque dont le seul but parait d'écrire un roman sans fin..."
Si tous les morts revenus à la vie dans cette fiction se mettent à jouer les personnages ce sera un roman sans fin près d'un fleuve sans fin dans un temps sans fin...
Mais pour l'instant je découvre Les pages perdues de Paul Di Filippo et c'est ébouriffant !
Il ne pleut plus. Je vois même quelques touches de bleu entre deux nuages dans un ciel signé Constable.
Lu les premières pages du roman de Philip José Farmer "Le Monde du fleuve". Très décevant. C'est mou, bavard. Plein de clichés. Un salmagondis indigeste. Je n'aime pas du tout. Bon, je ne passerai pas l'éternité à le lire.
En plus la couverture est moche.
Je retourne aux Pages perdues de Paul Di Filippo
Autre niveau de langue, de pensée, Dee références littéraires. Là, oui.
Je crois également que l'intérêt pour cette littérature ne peut-être qu'archéologique...
Ce roman est bancal et tombe vite dans l'incohérence. Dans une des critiques lisibles sur le net il est écrit que Farmer a voulu tenter une idée de la résurrection laïque. Il remplace tout simplement les religions, superstitions et croyances diverses par une magie de pacotille, ne sachant que faire de ses personnages pour lesquels il a inventé un traducteur extraterrestre, moche mais multilingue. Ce livre me tombe des mains. Je ne suis pas prête à le reprendre.
Aie, ouille :)
(SV)
SV
Mais j'aime infiniment, le billet précédent et la lecture de Pages perdues de Paul Di Filippo.
Celui-là , Le Fleuve...est pour moi aberrant, ne mène à rien. Trop de morts, trop de ressuscités paumés dans des corps imberbes, musclés . Décapant certainement aussi pour leur cerveau cette remise en vie tellement ennuyeuse au bord d'un fleuve qui aurait pu être beau.
Mais vous pouvez aimer SV, ça ne me gêne pas du tout. Si vous saviez les inepties que je lis parfois. Pas longtemps mais quand même par curiosité. Et puis vous n'êtes pas le seul à aimer. La préface de Gérard Klein ne sauve rien. Pourtant d'habitude j'aime ses préfaces.
Bon, je retourne à la vie, fragile mais merveilleuse. Bonnes vacances.
Soleil vert, vous me faites rire avec vos aie et vos ouille !
C'est vraiment plaisant d'être ici. Merci.
Cher Soleil vert. Le livre de Paul Di Filippo "Pages perdues" révèle bien des surprises. La troisième nouvelle "Terre sans hommes" croise la lecture que je fais des lettres échangées entre Consuelo et Antoine de Saint Exupéry entre 1930 et 1944. Lettres éditées par Gallimard en avril 2022..
C'est assez incroyable comme certains passages des lettres d'Antoine de Saint-Exupéry permettent un accès possible à cette nouvelle de Paul Di Filippo.
Il y pose clairement le rapport entre la vie et la litterature, les liens entre les personnages de fiction et les personnages réels.
Le 31 juillet 1944, il s'envole de Bastia en Corse pour une mission de reconnaissance au-dessus de la France. On ne le reverra pas. Début d'une légende.
Dans ce beau livre (j'espère que Rose/RDL, l'a), beaucoup de photos de Consuelo et d'Antoine, de pages manuscrites. Tout est réuni pour entrer dans cette aventure quand il quitte New York en avril 1943 pour participer à la guerre. Ils pressentent l'un et l'autre qu'ils ne se reverront plus
Un couple en souffrance qui plie sous les problèmes mais qu'elle tendresse dans ses lettres et que de pressentiments sur la mort proche. Que de rêves partagés aussi, c'est une correspondance onirique.
Déjà "Vol de nuit" était une nuit lourde, une métaphore de nuit.
Dans cet Alger, en 1943, il attend, désespère de pouvoir voler à nouveau à cause de son âge.
Il écrit : "...Consuelo chérie mon amour si jamais il m'arrive malheur, ne m'en veuillez pas de la décision que j'ai prise. Je suis certainement le seul "vieux" pilote du monde qui fait la guerre sur le Lightning, le plus rapide du monde Et je tiens le coup. Mais je puis recevoir un croc-en-jambe de Dieu. Sachez que je ne regretterai rien.(...)"
Aussi, le retrouver dans cette nouvelle de fiction, au Kenya atterrissant en catastrophe sur un haut plateau. Puis, evanoui, "tenant à la main un carton à chapeau qui, une fois ouvert, de révéla contenir des papiers griffonnés et un livre imprimé" permettant à la petite communauté d'européens qui y survit de le reconnaître, c'est extra !
Il avait quitté la France, désormais vaste cimetières ponctué de nécropoles", survolé les eaux monotones de la Méditerranée et le grand rift africain...
Dans le livre de leur correspondance, Il lui écrit son rêve : "J'étais près de vous dans une plaine. Et la terre était morte. Et les arbres étaient morts. Et rien n'avait d'odeur ni de goût. Et brusquement, bien que rien n'ait changé en apparence, tout a changé. La terre est redevenue vivante, les arbres sont redevenus vivants. Tout a pris tellement d'odeur et de goût que c'était trop fort, presque trop fort pour moi. La vie m'était rendue trop vite."
Dans la nouvelle, il s'évanouit plusieurs fois. On lui offre un repas. L'herbe est verte.... malgré un monde dévasté.
Voilà, c'est le début...
Que me réserve la suite ?
Je m'aperçois que je me suis trompée de page. "Pages perdues", c'était sous le billet d'avant. Tant pis !
Vous remarquerez la fameuse phrase sur les couples qui regardent dans la même direction , reproduite ici SV
Oups, mauvaise manip. Commentaire envolé.
Regardent-ils dans la même direction ? Elle , artiste, volcanique, tendre, jalouse, puérile ; lui aviateur et écrivain, amoureux, mélancolique, cavaleur... Mais leur correspondance est un joyau de tendresse entre les coups durs et dans cette solitude due aux missions de Saint Exupéry.
Mais leur rêve d'intimité est un ciment, une espérance folle. Ils sont assez extraordinaires. Tant de beauté dans ces mots...
J'avance dans la nouvelle. Très fine observation de ces européens égoïstes, qui tiennent à leur privilèges, leur sentiment de classe, leur antisémitisme, leur frivolité. Et Saint Exupéry choqué, ne comprenant pas que ce soit possible alors que la guerre terrible nay été interrompue que par cette pandémie hémorragique. Lui veut reconstruire. Eux semblent ne pas le désirer et souhaitent vivre dans leur repli confortable.
Comment l'auteur va-t-il faire évoluer la nouvelle ? Passionnant !
Toujours pas trouvé la phrase mais ses souvenirs sont crédibles et beaux
Étonnante nouvelle, pleine de lucidité. Très beau travail d'écriture et de réflexion.
Mais quel pessimisme.
Quête de drogue pour les nantis. Bombes pour les indigènes récalcitrants.
Quant au clin d'œil à Terre des hommes. L'hospitalité a fui les hommes du désert qui l'avaient sauvé autrefois. Armes et agressivité.
Une fin pessimiste, réaliste.
Le Petit Prince a bien fait de disparaître dans la grande bleue. Rien à attendre de cette terre SANS hommes...
Merci, Soleil vert pour cette belle découverte.
Désolée d'avoir été allergique au Fleuve de l'éternité. C'est comme pour les arachides ou les fraises, ça arrive....
Curieux! Vous étiez à Vienne pour le centenaire de Klimt, et j'y etais pour le centenaire de Schiele! Magnifique exposition au Léopold!
Oui, 2012. Une semaine enchantée
Au Belvédère la réunion des peintures de Klimt et des intérieurs d'Hoffmann. Je pensais à la famille Wittgenstein où ces deux grands créateurs furent appréciés. Le Belvédère et ses jardins de pierre et d'eau... La frise du palais Stoclet et ces matériaux si de si les à la lumière (nacre, email, verre, éclats d'or et d'argent). La frise Beethoven au pavillon de la Sécession où l'on marchait sur une passerelle longeant les trois murs peints dont celui terrible des forces hostiles (les gorgones, la maladie, la folie, la mort)
Et oui le face à face avec les dessins et les peintures de Schiele au Léopold. Egon Schiele, cet immense artiste. Sa vie de bohème à la fin dramatique, ses oeuvres si fines, érotiques, accusées d'obscenité. J'aimais leur crudité, leur élégance, leur intensité, leur fragilité ( comme enfermés dans une prison. corps tordus, affalés, désarticulés, décharnés). La douceur de l'enfant endormi. L'étreinte.
Mais j'étais oppressée dans cette ville un peu étouffante, malgré cette beauté, malgré les gourmandises chez Hawelka ou chez Sacher. Je pensais aux intellectuels désespérés.
J'ai retrouvé cette angoisse en regardant "Le troisième homme" de Carol Reed, en écoutant la musique de la cithare qui revient en boucle comme la grande roue du Prater. Vienne en ruines, divisée par les quatre vainqueurs, A Musil aussi qui a si bien évoqué cet étouffement dans son roman inachevé, L'homme sans qualités. Vienne insouciante et tragique, distinguée.mais aussi les Brueghel, les Rembrandt, Rubens.
La musique... Écouter Mozart au Musikverein dans cette salle magnifique dite dorée ...
L'ancien palais impérial devant lequel stationnent les fiacres et les cochers à chapeau melon.
Tant de souvenirs. Merci pour le partage.
si sensibles
Et pourtant Manchu est doué mais celle-ci est kicht, ratée.
https://www.l-atalante.com/auteurs/manchu/
Soleil vert, vous me faites faire des choses insensées. Pour donner à votre Fleuve une dernière chance de m'embarquer dans son rêve, j'ai repris le livre, me suis arrêtée au hasard, disons toutes les vingt pages. J'ai lu en entier la page (coup de dé )et me suis dit que si elle me donnait envie de lire la page précédente et la suivante, je reprenais la lecture du livre. Eh bien, ce n'est pas arrivé. Ils se tuent, se plantent des lances dans le ventre. Et il y en a toujours plus et en plus quand ils meurent, ils reviennent à eux aussi têtus, aussi bornés pour les pires. Et puis., il y a trop de monde dans ce roman ! De quoi prendre un canoë et se tirer en vitesse..
Donc j'en aurai lu une vingtaine de pages en plus. Et tout ça pour me trouver face à Goering. Alors là, ce malfaisant, non et non ! Bon, tant pis pour celui-ci et les quatre autres qui lui font suite. J'abandonne.
Bonnes vacances.
Un Goering escamotable, si j’ose dire….
Escamotable... Vous en avez de bonnes !
Ce n'est pas un roman, c'est une invasion !
Qu'on nous préserve de la résurrection...
Comme chante Brassens quand il pense à sa mort : qu'on me donne un trou bien moelleux face ay la mer au cimetière de Sète.
J'ai hâte de voir la prochaine chronique : Conrad... Ah cat c'est bien.
Les paroles exactes , si belles. Je fais suivre la chanson de Brassens."Juste au bord de la mer, à deux pas des flots bleus
Creusez si c'est possible un petit trou moelleux
Une bonne petite niche
Auprès de mes amis d'enfance, les dauphins
Le long de cette grève où le sable est si fin
Sur la plage de la corniche"
https://www.dailymotion.com/video/x1qwmum
Je ne m'en lasse pas.
Conrad... "Au cœur des ténèbres", j’ai le souvenir de la remontée du fleuve sur le vapeur de Marllow".
Autre fleuve. Autre quête de sens.
Marlow
Dans une propriété corse,au sein des pins parasols.Je regarde les sommets des arbres d'un vert tendre.Avec le vent léger, cette masse de verdure oscille, comme les vagues d'un autre océan, d'un autre monde.Plus haut le bleu du ciel chapaute le vert. Ces deux couleurs suffisent à ma rêverie.SV
Vous êtes en harmonie avec Brassens dans sa suplique.
Le bonheur vous va bien.
Larguez les amarres.
"Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée !
Ô récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux !"
Lui aussi repose sur la corniche... Juste de l'autre côté de la mer.
A vous trois vous versez sur le jour les incertitudes du bleu.
Une moitié du monde caché l'autre...
« Une magie de pacotille « . Vous avez saisi l’essentiel!
Bachelard dans "La poétique de l'espace" rapporte cette histoire inventée par le grand romancier Hermann Hesse . C'est celle d' un prisonnier condamné à finir sa vie en prison et qui s'ennuie. Alors il peint sur le mur de sa cellule un train s'engageant dans un tunnel.. Un jour d'interrogatoire, il demande à ses geôliers de patienter un moment car, dit-il, il doit vérifier un détail à l'intérieur du petit train qu'il a peint et qu'il doit pour cela entrer dans la tableau. Les geôliers se moquent de lui et le mettent au défi de le faire.
Le narrateur du conte dit alors : "Je me fis tout petit. J'entrai dans mon tableau, montai dans le petit train qui se mit en marche et disparut dans le noir du petit tunnel. Pendant quelques instants, l'on aperçut encore un peu de fumée floconneuse qui sortait du trou rond. Puis cette fumée de dissipa et avec elle le tableau et avec le tableau ma personne."
Imagination miniaturisante pour un rêveur qui désire s'évader. L'absurde alors peut être ce moyen comme dans les histoires de "Plume" de Michaux. L'inattendu est une façon de regarder les choses en oubliant ce que l'on sait, même d'une façon minuscule.
Dans ce roman j'ai trop senti l'artifice ce qui m'a empêché de rêver.
Ce texte d'Hermann Hesse est paru dans la revue "Fontaine" n°57, p. 725.
Et Bachelard l'évoque dans le chapitre VII "La miniature, p.141. de "La poétique de l'espace" puf.
Incroyable, l'idée du récit d'Herman Hesse est présente dans https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Comment_Wang-F%C3%B4_fut_sauv%C3%A9
, une des nouvelles orientales de Marguerite Yourcenar.
SV
Dès le matin, cette bonne nouvelle de Yourcenar. Merci pour le lien.
On pourrait ajouter les aventures de Gulliver, certains contes d'Andersen comme la petite Poucette ou encore venu de notre enfance ce Petit Poucet et l'énorme ogre qui le guette. Rimbaud s'y glissera.
L'imagination... Quel trésor !
Bachelard dans ce chapitre passionnant "La miniature" de son ouvrage "La poétique de l'espace " écrit : "(...) nous acceptons de réagir à nos lectures en rêveur. C'est déjà diminuer et arrêter une rêverie que de la d'écrire objectivement. En présence d'une image qui rêve, il faut la prendre comme une invitation à continuer la rêverie qui l'a créée. Le problème posé est absurde. En y mettant assez de rêves on finit par rendre cette question oniriquement valable. (...) Le rêveur fait courir des ondes d'irréalité sur ce qui était le monde réel, le transformant en un milieu malléable à souhait."
Quelques pages plus loin, il fait comme vous regardant, heureux, le vert tendre du feuillage sur le bleu du ciel, en citant Victor Hugo dans Le Rhin: "A Freiberg, j'ai oublié longtemps l'immense paysage que j'avais sous les yeux pour le carré de gazon dans lequel j'étais assis. Là aussi il y avait un monde (...)". La page s'allonge, le poète s'amuse, il évoque Micromegas.
Tous ces rêves, ceux de Hesse, de Yourcenar, de Hugo, les vôtres, les nôtres, se font un bon domaine dans la littérature de science-fiction ou pas, dans la poésie écrite ou peinte.
C'est une évasion délicieuse.
Mais Hesse a été proche de nombreuses sociétés Occultes, comme en témoigne son très angoissant Damian. L'envers de la Nouvelle que vous citez dans K Dick, les Pantins d'Argile, ou l'existence d'un train Electrique devient à la fin le monde qui absorbe les protagonistes. Bien à vous sous le soleil Breton. MC
Un rêveur en Corse, l'autre en Bretagne, que vos commentaires sont enrichissants ! De Hermann Hesse, j'avais aimé Le loup des steppes.
C'est épatant l'envers de la nouvelle d'Hesse dans celle de K Dick.
Quelque chose comme ça à la fin du Voyage de Céline quand le remorqueur entraîne le monde entier dans son sillage.
Ah je ne m'ennuie pas ici. Que de beautés littéraires.
Merci.
"De loin, le remorqueur a sifflé ; son appel a passé le pont, encore une arche, une autre, l'écluse, un autre pont, loin, plus loin... Il appelait vers lui toutes les péniches du fleuve toutes, et la ville entière, et le ciel et la campagne, et nous, tout qu'il emmenait, la Seine aussi, tout, qu'on n'en parle plus. "
LF Céline Voyage au bout de la nuit.
Lu Microtikal, uchronie ou des néo_mayas ont envahi l'Espagne. Ca se lit, malgré une image caricaturale de la Papauté, reconvertie à ce qu'il semble dans la fabrication d'engins atomiques. Il existe, naturellement, une Résistance Espagnole, pas glorieuse, et des Mayas moins bornés qui visent à renoncer au système néocolonial -Ceux-ci interviennent à point pour le dénouement. Les deux personnages centraux, le censeur Yaqui, et le Résistant Enrique, sont eux bien campés. Cet improbable duo d'un fonctionnaire Maya qui apprend peu à peu sa disgrâce et d'un athée militant fonctionne bien. Immortel, non. A lire à la rigueur à la plage. Bonnes idées mais pas toutes exploitées ( Les fouilles du Tombeau de St Jacques, pour lesquelles le lecteur restera sur sa faim.. Produit de consommation honnête, sans plus, à lire à la plage ou lors d'une journée de détente. MC
Pour quelles raisons "la plage" est-elle le lieu où l'on pardonne aux livres d'être médiocres ?
Sur une plage - mes souvenirs sont encore proches - une torpeur délicieuse accordée au roulis des vagues et à la réverbération du soleil sur l'eau, me rendait toute lecture impossible. Je rêvais, un crayon à la main cherchant à capter ce qui ne se laissait pas regarder... Une amie écrivait furieusement près de moi, se dissociant de son corps éponge qui absorbait paresseusement le soleil. Des mouches venaient agacer notre torpeur. J'écoutais le monde. Je l'intériorisais jusqu'à ne plus être en moi. Alors, un vol de mouettes criardes était la dernière tentation pour quitter la pesanteur. Rêve d'Icare auquel il ne manquait même pas la mer.
Parfois je trouvais une plume. Infime trace de mes divagations méridiennes.
Peut-être parce que les vacances sont l’occasion d’expérimenter des livres bien huilés mais médiocres?
( et la plage n’est pas un lieu de concentration. Ça se saurait!)
Laissez les estivants huilés et leur indolente inertie. Il y a sous le vent, dans l'odeur du goémon et des algues pourrissantes, des marches qui donnent la sauvagerie de la mer. Les livres sont alors dans la tête, les toiles aussi. Semelles crissantes sur le sable et les coquillages brisés. Regards à l'horizon comme guettant l'apparition d'un chalutier.
Le livre alors, glissé dans la besace comme un trésor. Mots murmurants, carnets noircis. La halte bonne, sous un rocher, dans une crique, bien calé et entouré d'écharpe de laine rude et coiffé de bonnet. Pull pour ne pas être trempé par la pluie apportée par la marée. Face à face avec l'océan gris et tumultueux. Hugo, Saint John Perse et Chateaubriand dans la tête. Heureux et libre.
http://www.autofiction.org/index.php?post/2009/08/08/Entretien-avec-Gregoire-Bouillier
Cet écrivain que Pierre Assouline a choisi : Grégoire Bouillier. Celui qui suit à la trace Bataille et Leiris (L'âge d'homme). Ce n'est pas rien.
Bien plus important que le fait divers que cet écrivain a choisi, le réel est à nouveau une fiction plein d'imprévus. C'est lui qui est interrogé.
En cherchant à élucider l'histoire de cette femme qui s'est observée mourante et qui raconte sa longue agonie et pourrit dans son cadavre, il analyse celui qui raconte donc qui il est où n'est pas dans ce langage qui le fait imploser.
Cet entretien est remarquable.
Bataille et Leiris, deux oubliés de ma bibliothèque ; si vous avez des lumières sur ces romanciers ...
Oui, avec plaisir. Bataille avant Leiris . Bataille qui dans la poésie répond par le burlesque et l'affreux à la poésie idéaliste qu'il trouve plate. C'est un furieux qui s'est forcé à une dérision tragique en jouant avec l'autodestruction pour frôler la mort. Il était hostile aux ddurrealistes et surtout à André Breton qui pour lui y exerçait une véritable dictature bien qu'il était fasciné par son écriture (Nadja) Il forma un groupe de dissidents out il accueillit entre autres Michel Leiris et Desnos et Vitrac. C'est l'époque de la parution de la revue "Documents" du "Grand jeu" ( 1929 / 1930).
Ce qui réunit es deux écrivains c'est aussi l'érotisme et l'écriture de soi sans fuir la honte, les failles. Écrire comme une déchirure du vivre et de l'écrire. Il vivent au bord des limites, désespérant d'exprimer ce qui si scrit dans le corps jusqu'à l'obscénité, jusqu'à la défaillance.. Bataille écrit "j'ai voulu en moi que la vie se déshabille." Je n'ai pas lu ses œuvres complètes Trop difficile. La part de l'autobiographie y est très grande. Il allait, écrivant, vers l'impossible en se libérant de toute transcendance.. il disait : " il n'y a pas de fin utile. Une fin utile à quoi ?. Au fond l'homme est un peu guignol. Un peu Dieu. .. un peu fou..."
L'expérience intérieure est un grand livre.
Michel Leiris lui fit connaître André Masson qui fit pour lui de nombreuses lithographies (Histoire de l œil - Bleu du ciel -Sacrifices Acephale...)
Deux solitaires.une amitié aussi forte va l'unir à Leiris. Mais Leiris reproche à Bataille de perdre son temps avec la politique au détriment de la poésie
surréalistes
Pour Michel Leiris, j'ai été bouleversée par "L'Age d'homme", "L'Afrique fantôme", "De la littérature considérée comme une tauromachie".
L'Age d'homme, c'est une tentative d'autobiographie très étrange. Un portrait moral et physique où il piste sa laideur, ses défauts où il essaie d'être sincère.
"Je me trouve d'une laideur humiliante".
Il se cogne aux limites de l'autoportrait. Il refuse son corps.
Francis Bacon a fait de lui un portrait saisissant, émouvant, hypnotique, que j'ai longuement regardé à Beaubourg. Ces deux créateurs se comprenaient et s'admiraient..
Et il y a aussi deux portraits réalisés par Alberto Giacometti que j'aime beaucoup.
Pour en revenir à Bataille. Il écrit d'eux : "je crois que nous sommes l'un et l'autre ouverts sans défense - par tentation - à des forces de destruction, mais non comme des audacieux, comme des enfants que n'abandonne jamais une lâche naïveté."
Il faudrait que je lise le Journal de Leiris.
Voilà, Soleil vert, des éclats d'eux...
https://www.cairn.info/revue-de-litterature-comparee-2003-2-page-169.htm
Superbe document pour vous.
A la fin de son billet sur le roman de Bouillier, "Le cœur ne cède pas", Pierre Assouline écrit :
"Si, comme le croit Bouillier, « le sujet d’un livre, c’est toujours la littérature », convenons qu’elle l’est chez quelques uns plus encore que chez beaucoup d’autres. Lui écrit avec ses tripes (maison Bouillier, authentique littérature à l’estomac !) et surtout « avec mon cœur, tant qu’il ne céderait pas ». Qu’on ne s’y trompe pas : si Grégoire Bouillier est partout dans ce livre, et comment en serait-il autrement, ce n’est en rien nombriliste. Et qu’on ne nous parle pas de cette fumisterie de l’autofiction ! Rien à voir. Si l’on cherche un modèle et une inspiration, il faudrait plutôt aller voir du côté de "L’Âge d’homme", le grand récit de soi de Michel Leiris. Il n’est pas cité dans "Le Cœur ne cède pas" (...)
C’est un livre sur la littérature"
Ce sont ces lignes qui ont réveillé mes souvenirs de lecture et la si belle exposition au Centre Pompidou des oeuvres de Francis Bacon dont tout un secteur était Commentry par les textes de Michel Leiris.
Pierre Assouline est un fin lecteur et un amateur d'art éclairé. S'il a osé cette comparaison, cela donne diablement envie d'aller voir de quoi il retourne !
commenté
Lecture des histoires de Machine , regroupées par Klein . Allons les ancêtres n’ont pas trop dit de bêtises sur l’ordinateur qui, c’est visible, les préoccupaient beaucoup. On prend plaisir à ce Labyrinthe ou l’on salue parfois quelques grandes figures….MC
Tout à fait d'accord. J'en ai lu plusieurs gracay au lien de Soleil vert mais pour ce roman je l'ai trouvée moins percutante que les autres. Bonne nuit.
Je viens de retrouver dans mes piles de revues d'art le précieux catalogue de lexpo du Centre Pompidou "Bacon en toutes lettres". Demain je vous copierai des extraits des présentations de G.Bataille et M. Leiris (superbes).
C'est un hors série L'objet d'art.
Tout un secteur de lexpo était réservé à Bacon et les Lettres car Bacon était un lecteur passionney.
Eschyle, Nieti, Conrad, T.S Éliot,,G.Bataille et M.Leiris.
Vous verrez , on apprend plein de choses et cat c'est formidable !!!
Alors, tout ce que vous allez lire est extrait du catalogue. Si j'oublie des guillemets, remettez les !
Des écrivains ci-dessus cités, leurs livres n'étaient pas exposés dans des vitrines. Textes lus par des comédiens que l'on pouvait écouter dans des espaces semi-clos qui parsemaient l'exposition.
Ainsi "L'Orestie d'Eschyle et les Furies pour le premier triptyque de 1944." Des extraits du roman "Au coeur des ténèbres" pour Conrad ("proche de Leiris et de son anticolonialisme qui imprègne L'Afrique fantôme" pour un autre triptyque.
Bacon écrivait à Michel Leiris qu'il voulait "retranscrire en images sur la toile les sensations que les textes tragiques faisaient naître en lui." ("avec une certaine brutalité d'une matière brute, non travaillée, non informée par une morale"), fasciné par "les meurtres, sacrifices et les suicides."
De même "la pensée subversive de Bataille a marqué Bacon par sa virulence. La jouissance du mal peut mener au sacré."
Bataille, "durant son enfance est témoin des atroces douleurs dont souffre son père, atteint de syphilis, souvent accompagnées de délires sexuels." A Madrid où il fait ses études "il découvre la corrida et le flamenco en lesquels il reconnaît le génie tragique. (...) Bibliothécaire, il se rapproche des surréalistes ( Breton, Masson, Leiris, Artaud). Son œuvre littéraire mêle érotisme et transgression. Bataille édité plusieurs revues à la frontière de l'histoire de l'art, de l'archéologie, de l'ethnologie." Son"esthétique de l'informe et de la chair a marqué profondément Bacon., en témoigne l'omniprésence des carcasses dans sa peinture."
C’est un chartiste, je crois,.. d’où peut être la Bibliothèque et l’importance du livre?pour Leiris, ne pas oublier son recueil de poésie le Haut Mal, si je puis me permettre…
Leiris "est l'auteur de nombreux textes consacrés à la peinture de Bacon qu'ils place parmi ses artistes de prédilection avec Giacometti, Masson et Picasso. (...)
Né à Paris en 1901. Ce fils de famille bourgeoise voué à une carrière scientifique découvre tout jeune "Impressions d'Afrique" de R.Roussel. et fréquente les milieux avant-gardistes, se liant d'amitié avec les artistes proches du surréalisme.
Participe à l'expédition Dakar- Djibouti dirigée par l'anthropologue M.Griaule. Leiris relate ce voyage dans un journal, "l'Afrique fantôme. Il y interrogé la présence du sacré dans la vie quotidienne. Exprimé son malaise face au pillage d'objets rituels ( texte écrit at la première personne).
Découvre les écrits d'Antonin Artaud sur "le théâtre de la cruauté". (..)
Il envoie à Bacon "Miroir de la tauromachie ( 1938)."
Extrait : "Dans la passe tauromachique le torero, avec sa science, représente la beauté géométrique. Cette beauté intemporelle est en relation de menace avec la catastrophe du taureau, sorte de monstre qui tend à se précipiter au mépris de toutes règles, comme un chien renversant les quilles d'un jeu bien aligné telles les idées platoniciennes.".
Les taureaux font leur apparition dans les toiles de Bacon.
Voilà , Soleil vert, quelques notes pour éclairer ces deux écrivains auxquels pierre Assouline se réfère dans son billet sur le roman de Bouillier"Le coeurt ne cède pas ".
L'autoportrait du narrateur dans ce roman et le fait-divers choisi seraient-ils propices au surgissement d'un portrait d'écrivain remarquable ?
Désolée pour les modifications apportées par mon iphone : Pierre, e aulieu de é à la fin des verbes, à aulieu de at, cœur,...
Joie de vous lire en ces précisions.
J'espère que l'ensemble de mes impressions personnelles et notes du catalogue ( souvent dues à Didier Ottinger directeur du Musée d'Art moderne du Centre Pompidou et commissaire de l'exposition Bacon.) ne sont pas trop indigestes. J'avais cœur à répondre à Soleil vert.
Merci !
SV
MC : La grande idée de Klein sur les machines, il l'exprime dans une nouvelle "Les virus ne parlent pas". Des êtres vivants intelligents tentent d'outrepasser leur nature en s'intégrant à une machine complexe qui finit par prendre les commandes et neutraliser ses créateurs. Un vieux thème ...
SV
Maintenant que c'est fait, j'aimerais revenir sur L'Age d'homme de Michel Leiris.
Quelque chose m'a gênée. Je n'ai pas réussi à coïncider avec la "vérité" annoncée de cette confession à cause des effets d'atténuation bien évoqués dans la préface :
"Ce que je méconnaissais, c'est qu'à la base de toute introspection, il y a le goût de se contempler et qu'au fond de toute confession, il y a le désir d'être absous. Me regarder sans complaisance, c'était encore me regarder, maintenir mes yeux fixés sur moi au lieu de les porter au-delà pour me dépasser vers quelque chose de plus largement humain. Me dévoiler devant les autres mais le faire dans un écrit dont je souhaitais qu'il fût bien rédigé et architecturé, riche d'aperçus et émouvant, c'était tenter de les séduire pour qu'ils me soient indulgents, limiter - de toute façon - le scandale en lui donnant une forme esthétique. " (P.13)
Une contradiction, en somme : avouer sans avouer... quite à employer l'ironie ou à rappeler dans le livre l'influence déprimante de son éducation catholique (sentiment de culpabilité).
Ne pas oublier que Georges Bataille lui avait suggéré une confession érotique...
Leiris découvrira l'ambivalence des aveux, une écriture travaillée par les contraires...
Cela m'évoque certaine personne qui s'y est risquée sur un blog voisin. Pas facile !
Hum... Quelle idée ! Ça ne me viendrait pas à l'esprit de m'éloigner de mon identité humaine pour cohabiter avec une machine sauf peut-être pour les handicaps physiques privant de la marche ou de la préhension.
Et vous, MC, ça vous tenterait ?
... ou si vous voulez, le créateur dépassé par sa créature ..
SV
Le Golem... La créature de Frankenstein... La potion du docteur Jekyll le transformant en master Hyde... l'apprenti sorcier de Ducas...
C'est un mythe tenace.
Donc, il atteint les machines (robots - écrans).
Je me souviens du film 2001 l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick, un film apparenté au genre de la science-fiction. L'aube de l'humanité. Ce passage des prehominiens à l'humanité. Les primates et l'homme en mission spatiale vers Jupiter en 2001. Des singes aux galaxies.
L'étrange monolithe noir était-il un signe de l'au-delà qui provoque un saut dans le temps. L'ntroduction du merveilleux ? du fantastique ? Est-ce un être transcendant ? Une machine venue du futur ?
C'est un livre de Clarke, je crois...
Puis, dans la deuxième partie du roman et du film le vaisseau spatial où cohabitent l'homme (l'astronaute) et son double, la machine, l'ordinateur central, HAL. La lutte mortelle entre la machine et les hommes.
La mort de HAL est bouleversante. Il fit : J'ai peur. Et pourtant c'est une machine...
Puis la transformation finale que je n'ai pas compris. ( le fœtus astral ? Est-ce un retour aux origines ? La terre visible. La réapparition finale du monolithe...)
Et cette exploration plus du temps que de l'espace.
Jupiter et au-delà de l'infini... ( la dernière partie) Ça ressemble à un rêve
Il y a des choses obscures dans 2001...
Leiris : il est difficile de s'abstraire de l'amour de soi, je vois le texte comme cela.
Oui
Oui
Merci Soleil vert
Je lis toujours les rares billets de Paul Edel que je savoure. Mais face à ses talents d'écrivain , à sa culture, à sa façon inimitable de parler d'un roman, il y a , que je prise tout autant Margotte. Drôle, vraie, pas poseuse pour deux sous, au franc parler et beaucoup de bon sens. L'idéal d'un lecteur de blog tel que je le conçois. Margotte, ça ravigote !
Quand on parle de Jupiter...
https://www.radiofrance.fr/franceinter/le-telescope-spatial-james-webb-devoile-des-images-inedites-de-jupiter-8847669
J’avais trouvé en son temps , et il est loin, un lien possible entre 2001 et une nouvelle reproduite par Sadoul qui doit s’intituler sauf erreur le Manteau d’ Aesir. Il me semble , sauf erreur, que le monolithe y figure. Auquel cas ce serait peut-être un « Rosebud »? Je peux vérifier si vous voulez. .,
Ah oui.
Ce monolithe est un mystère total. Il résiste à toute supposition . On sait seulement par le message préenregistré que l'on entend après la mort de HAL qu'une forme de vie était enfouie sous le sol lunaire .
Ce monolithe noir reste inerte à part une onde radio très puissante envoyée vers Jupiter. Suffit-il à prouver l'existence de cette vie intelligente extraterrestre ?. On ne sait pas vers quoi il fait signe avec cette onde radio.
Kubrick a dit dans un entretien lors de la sortie du film : " Un objet a été laissé sur terre par des explorateurs extraterrestres il y a cinq millions d'années. Un autre a été placé sur la lune.. un autre a été abandonné sur orbite près de Jupiter. Il semblent qu'il y ait un relais entre eux
L'astronaute qui arrive sur Jupiter est manipulé par ??? Qui a créé l'appartement où il se retrouve recréé à partir de ses souvenirs. Il y est observey sans sent douter. Il y vit puis. il meurt et renaît sous une forme particulière pour revenir sur terre transformé, peut-être amélioré. Et Kubrick conclut en disant je ne pense pas devoir mapasentir
Je ne pense pas devoir m'apesantir au-delà de ce niveau. Bien entendu, toute impression que vous pouvez ressentir à l'égard de 2001 est valable."
Puis très longuement il parle de civilisations évoluées dans le milliard de galaxies qui sont dans l'univers.. des êtres qui auraient des pouvoirs immenses. Une "sorte de conscience immortelle".
Et s'il avait volontairement répondu par une fiction pleine... d'humour ?
Pour ma part j'étais restée peu convaincue... Quant au livre de A.C. Clarke un critique ajoutait que "ces entités posséderaient les attributs de la divinité : omniscience et omnipotence". ( Jacques Goimard " Une Odyssée formelle" - Préface de " 2001 - 3001, Les Odyssées de l'espace", Arthur C. Clarke, Omnibus, Paris, 2001.
Voilà pour mon vieux dossier.
Votre Rosebud, m'intéresse .
Le premier commentaire s'est envolé non relu non corrigé par une fausse manip. Désolée !
Il y est observé sans s'en douter.
Terminé le Conrad, fiche dans une semaine mon Leiris
erreur de saisie je recommence (va y avoir du ménage sur la console PC :))
Terminé le Conrad.Fiche d'ici une semaine.Mon Leiris à moi c'est Alberto Manguel et ses allers-retour entre fiction et réel.SV
Vous me donnez faim de livres, d'auteurs.
Conrad... J'ai hâte !
Alberto Manguel ? J'ai à proximité son "Journal d'un lecteur" et sa présentation... tonique !
J'ai aussi sur la page de gauche une bibliographie qui me fait envie et que je n'ai jamais explorée. Pour quelles raisons ? Je ne sais.
Peut-être découvrir certains titres : Chez Borges - Kipling... ( Mais là, Pierre Assouline a écrit un livre puissant) - Dans la forêt du miroir. Essai sur les mots et le monde...
Actes Sud a édité ses livres (Babel). J'apprécie ces livres de poche raffinés.
Le Journal est traduit par Christine Le Boeuf, les autres, je ne sais .
Pourquoi dites-vous que Manguel est votre Leiris ? Vous parlez souvent par énigme.
Dans ce Journal, j'aimais les livres et les auteurs qu'il évoquait : Bioy Casarès - H.G. Wells - Kipling - Chateaubriand - Conan Doyle - Goethe - Cervantès - Buzzati -...
Tout ça mêlé à sa vie, à ses rencontres.
Il écrit "La lecture est une conversation (...) un dialogue provoqué par des mots sur une page". Ici, c'est le cas !
Il écrit aussi que "la lecture est une tâche confortable, solitaire et sensuelle". C'est également tellement vrai.
Ce blog peut durer des années et c'est bien, une route vers une bibliothèque infinie.
Bons pins, bon ciel, bons rêves dans l'air saturé des parfums épicés du maquis corse .
"Christine Le Bœuf avait créé l'image graphique d'Actes Sud, cofondé avec son mari Hubert Nyssen. Elle avait également traduit de nombreux ouvrages publiés par la maison, notamment ceux de Paul Auster, Siri Hustvedt, Bahiyyih Nakhjavani et Alberto Manguel."
J'aime bien la présentation de Babelio. Donc c'était aussi une artiste, une graphiste. Étonnant. Et quel beau visage lumineux
https://www.babelio.com/auteur/Christine-Le-Boeuf/102376
Je suis restée peu convaincue par les explications de Kubrick parce que dans le domaine de la science-fiction je préfère garder mon inquiétude. Je n'aime pas les raisonnements logiques qui tentent de tout expliquer. C'est un monde visuel. De rêve.
Dans ce film peu de paroles, de la musique (étonnante) Strauss
Le seul dialogue qui m'est resté est celui entre l'astronaute et HAL qui va être débranché.
A près tout qu'importe ce vieillard qui devient (redevient) nouveau-né. Qu'importe si rien n'est élucidé dans cette mission pour Jupiter. Beauté inoubliable de ce primate lançant un os en l'air, le regardant tournoyer, s'élever, et ce basculement dans le vaisseau spatial.
Ce monolithe m'a fait penser à un tableau noir. Une surface sur laquelle on a envie d'inscrire quelque chose, une écriture.
Je crois que j'aime plus les films de science fiction, les images que les livres de science-fiction car souvent ils n'ont pas de style. .Quand je lis un roman j'aime que l'écriture du livre reste en moi, que des phrases entières habitent ma mémoire, mon langage.
Et puis tout ce qui arriverait après la mort ne m'intéresse que peu. J'ai besoin que ça s'arrête là la vie, sinon on ne s'en sort pas. Quelle poisse.
Les planètes, les galaxies c'est surtout beau, silencieux, vaste, inexploré. Les images des télescopes sont une approche pour l'instant respectueuse de ces mondes inconnus.
Elle ne s’appelle pas.. Christiane? Pas vous, Madame Nyssen! L’Apprenti Sorcier, Dukas, certes, mais n’y a -t-il pas un argument de Goethe là dessous? Bien à vous. Dans deux jours je reçois une Bibliothèque ( meuble) à remplir! Je verrai pour 2001, mais est-ce que la principale différence ne vient pas de ce que c’est un cinéaste qui parle? Bien à vous. MC
Bonjour MC,
"Un cinéaste qui parle"
Oui, mais en mêlant adroitement le livre de Clarke et son film. Les deux ne sont pas exactement superposables.
Ainsi, au début du film, l'écran reste longtemps noir, puis une image fixe. Je pensais à Malevitch. Plastiquement c'est très beau.
L'alignement monolithe, soleil et lune est extraordinaire.
Il a choisi de faire un film quasiment muet. Des titres écrits pour annoncer les temps différents.
Tout cela c'est très très loin. Plus de vingt ans. Beaucoup de scènes de sont effacées.
Il reste un mystère. J'ai beaucoup aimé ce film comme les tableaux d'une exposition. C'est une peinture abstraite...
Une bibliothèque à remplir. Vous allez vous régaler, toucher tous vos livres, ne pas pouvoir vous empêcher de les ouvrir.
Lesquels garder près de vous, à hauteur de main ?
Christiane ? Vous êtes sûr ? Dans mon livre c'est Christine.
Pour L'apprenti sorcier, je vais chercher.
Bonne soirée
Bravo !
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/L%27Apprenti_sorcier_(po%C3%A8me)
Paul Dukas ( merci MC).
La lecture est une conversation : Voltaire dit qq chose de similaire
J'aime beaucoup cette pensée. Elle porte en elle tant de bonheur d'échanger.
D'échanger, oui... Avec un auteur même mort, avec son texte, son livre. Le remercier sans le connaître. Lui poser des questions qui resteront sans réponse sauf par la lecture. Quel profond mystère. Très troublant.
Et puis quand on a cette chance, comme ici, partager avec d'autres lecteurs des impressions de lecture.
C'est cela le bonheur.
Après, plus tard, un temps enchanté quand au hasard de la vie, d'une marche, des fragments de ce livre nous reviennent. Un poème. Une phrase. Le nom d'un personnage. Un mot. Et là c'est un monologue... ou un duo.
"La lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés."
René Descartes
Lui aussi
Voilà comment Alberto Manguel développe sa pensée :
http://culture-et-debats.over-blog.com/article-288310.html
Pas si muet! Il y a la musique! et Dieu sait si elle est en situation.En fait, ce serait plutôt un Opera Galactique constitué de situations archétypales transfigurées par le metteur en scene de récits de Science Fiction. Si j'ajoute que le fœtus de la fin est aussi une figure Alchimique d'après certains chercheurs tout à fait sérieux,on voit qu'on peut aller très loin....
A Bientot.
MCourt
PS
Dukas avait ses tocs, dont celui de ne jamais traverser dans un certain sens la Place de la Concorde, et surtout une exigence folle qui l'a amené à détruire des manuscrits dont il était insatisfait et dont d'autres se seraient bien contentés. D'où un Corpus très mince: l'Apprenti, Ariane et Barbe Bleue, son seul et magnifique opéra, une Ouverture rescapée de l'Opera de Polyeucte, au sujet massacré par Gounod, les Variations et finale sur un thème de Rameau, tout simplement géniales, et c'est quasiment tout avec, je crois, la Fanfare pour la Péri...
Oui, la musique est très importante. Je pensais à la parole, aux dialogues plus rares. Le silence au début du film puis les cris d'animaux. Le silence du glissement du vaisseau spatial. Le sommeil programmé des astronautes.
Oui, le tout petit à la fin avec ses grands yeux, sans nombril..' a été interprété de plusieurs façons. La votre n'est pas exclue. Il fixe la terre... Son voyage futur.
Quand le monolithe réapparaît à la fin il est horizontal. Invitation pour le dernier astronaute à oser l'entrée dans l'attraction de Jupiter où il perd tous ses repères. Clarke a remué profondément par son roman l'inconscient de Kubrick qui a créé un film philosophique : l'éveil de la conscience humaine. (Kant - Nietzsche ( la musique de
Strauss au début). Le frôlement d'une autre civilisation dont on ne saura rien. Mais pourquoi ne pas imaginer d'autres formes de vie, ailleurs...
Reste ce monolithe majestueux, opaque, impénétrable, inerte dressé dans ce creux de terre éphémèrement, magnifique, écrasant, imposant quand il est vu en contre-plongée.
Le ciel est rouge après le noir de l'écran, la terre noire, lente à s'éveiller comme si ce monde était en friche. Le premier outil : une arme pour tuer...
Étrange ce que vous m'apprenez sur Paul Dukas. Je me souviens de cette musique écoutée à l'école primaire. J'entendais la folie s'emparer des balais. Je n'avais pas besoin d'images.
Nous avions à l'école publique des enseignants extraordinaires. Même bâtisse abritant maternelle, élémentaire et collège. Un quartier paisible au bas de la butte Montmartre. C'est avec ces profs que j'ai découvert le TNP, le musée du Louvre ( Les raboteurs de parquet de Caillebotte),, les séances de cinéma au Gaumont (films anglais sous-titres anglais),la littérature, la musique, l'art je dois beaucoup à cette école publique.
J'ai aimé lui rendre tout ce bonheur en essayant en Normandie puis en Seine saint Denis cette transmission enchantée.
C'est si beau des enfants qui se rendent libres par la culture. Tout est alors possible. Le plus difficile c'est de les faire passer du cocon familial à la vie en collectivité, l'apprentissage du groupe, des règles de vie à l'école. Trouver pour chacun un espace où solitude et groupe peuvent cohabiter .
L'évaluation aussi est un sacré problème. Donner à chacun d'eux la joie d'être apprécié. Lui donner envie de se dépasser, de découvrir.
Les sciences sont devenues très importantes ces dernières années. Je les conduisais parfois à La Villette à la cité des enfants où ils pouvaient expérimenter, chercher, construire des hypothèses, les vérifier. Face à face avec des oeuvres d'art, des concerts et une attention toute particulière pour le livre, la lecture. C'est une belle Odyssée aussi.
Ainsi parlait Zarathoustra ( Nietzsche)
Et
Le poème symphonique de Richard Strauss "Ainsi parlait Zarathoustra" au début du film justement en relation avec l'apparition du monolithe.
Si Richard Strauss avait eu besoin d’une seconde carrière, Kubrick la lui aurait donnée ! Ce meme Richard qui, dans son jardin, avait fait poser une petite stèle vouée à son opéra de jeunesse: « « Ci-gît Guntram, assassine par l’orchestre de son père! »
Le passage vers Jupiter est peut-être le lieu d’une transfiguration. C’est un lieu commun en SF , mais ici , avec les effets spéciaux de Douglas Thornbull, ça reste très impressionnant. A noter aussi que le monolithe est noir, comme l’Oeuvre du même nom, et que c’est le passage du rayon qui détermine je crois le cluster Zaraoustraque….Il y a là des choses troublantes , mais contenues déjà dans le rapport microcosme macrocosme, cf la Table d’ Émeraude « ce qui est en haut est en bas, Etc »
Ce qui est piquant c'est que le viennois Johann Strauss, le roi de la valse est aussi présent dans les musiques de film.
J'adore vos historiettes, le petit bout de la lorgnette !
Mes souvenirs sont flous. Je n'ai pas revu le film depuis des années...
L'émission du rayon sort du deuxième monolithe noir, découvert sur la lune.
L'œuvre au noir... Mystérieuse Marguerite Yourcenar.
La musique de Zarathoustra on l'entend au début. Écran noir, puis lever de soleil derrière la terre. Alignement des trois planètes avec la lune. On est dans un monde
Cosmique. Poétique La musique dilate l'espace... puis les singes et enfin le monolithe noir vu en contre-plongée. Un bel alignement. On entend encore une ou deux fois ce morceau de musique.
Comme l'écrit MC "Si Richard Strauss avait eu besoin d’une seconde carrière, Kubrick la lui aurait donnée !"
Vous écrivez : "les effets spéciaux de Douglas Thornbull, ça reste très impressionnant". Oui ! Quel régal.
J'ai cherché mais rien trouvé sur ce monolithe que vous rattachez à une nouvelle SF reproduite par Sadoul : le Manteau d’ Aesir. Vous dites : Il me semble , sauf erreur, que le monolithe y figure.
Je crois que ce sont des légendes du Nord (Odin)...
En tout cas c'est une belle idée.
Pourquoi "Rosebud"?
C'est chic qu'on évoque ce film alors que 21 juillet 1969, un rêve se réalisait. Un homme allait poser le pied sur la lune. Tant de spectateurs à guetter ces images . Je m'en souviens doublement car mon fils allait naître. Je lui ai souvent parler d'Apollon 11.
C'était une aventure extraordinaire. De la science-fiction en direct.
C'est un blog où se souvenir de ce voyage dont on avait tous rêvé.
La lune... Déjà Méliès... Déjà Jules Verne... Mais là c'était en vrai.
Dans une note qui accompagne son roman, Yourcenar commente ainsi à ce sujet :
« La formule « L'Œuvre au noir », donnée comme titre au présent livre, désigne dans les traités alchimiques la phase de séparation et de dissolution de la substance qui était, dit-on, la part la plus difficile du Grand Œuvre. On discute encore si cette expression s'appliquait à d'audacieuses expériences sur la matière elle-même ou s'entendait symboliquement des épreuves de l'esprit se libérant des routines et des préjugés. Sans doute a-t-elle signifié tour à tour ou à la fois l'un et l'autre. »
Votre rappel est lumineux .
Je regarde sur Public Sénat ce film reportage d'alors, celui que nous avons vu en direct. Même émerveillement. Voir la lune de si près et ce module qui descend sur la zone de destination. Le dialogue avec les chercheurs de la NASA..le moteur armé pour la descente. Des secondes inoubliables. La descente se poursuit. 1,5m/s. Comment va être le sol ? Tous sont inquiets. Visages tendus . Moteur coupé. Silence èmu. Allunissage... réussi. Les astronautes voient la terre par le hublot. Ils deverouillentvla porte. On voit l'astronaute Armstrong descendre les barreaux de l'échelle lentement. On voit les pieds du Lem et son ombre sur le sol lunaire. C'est fait. Il a touché le sol lunaire. Tout le monde applaudit. Le premier homme sur la lune. Et il continue de nous parler. Regarde l'empreinte de ses bottes. Les photographies. Il dit C'est d'une beauté austère.
Le réel est une fiction époustouflante.
Strauss: tout tourne, tout valse dans 2001.SV
Oui, Le beau Danube bleu joué si lentement accordé au mouvement des planètes ou comme vous l'écrire " tout tourne" comme ces hommes qui tournent en rond sur eux-memes, enfermés dans ce vaisseau, hibernant et ne sachant rien du monde extérieur. Seuls les spectateurs voient ce ciel et ces planetes.
Donc, Kubrick choisit un Strauss allemand (Zarathoustra) et un autre, viennois (valse) comme lui. Comme une pub sucrée inattendue dans ce contexte spatial, comme les hôtesses, inattendues aussi avec leurs chaussures agripantes (Humour ?) Façon de résister aux clichés par ces décalages.
Musique et images... "Grâce et beauté du mouvement tournant" (Kubrick)
Il y a aussi la musique de Ligeti, très douce quand le monolithe semble flotter horizontalement, à la fin. Un monde bleu comme une toile de Paul Klee.
Est-on dans le monde du surnaturel, de l'occulte, de l'esthétique ?
Je ne sais. Me suis laissée embarquer sans trop chercher à comprendre. C'est un voyage visuel et sonore vers où au-delà de l'infini.
Très douce à la Fin, oui. Mais dans l’épisode lunaire, c’est autre chose. Dans les deux cas, c’est le Requiem.! Dans le Classica de ce mois-ci, je signale en une page les goûts musicaux de PA. Non bA ce propos , vous aviez raison quant à l’école. J’ai du entendre l’ouverture du Vaisseau Famtome au College ! Ça m’a beaucoup impressionné mais pas rendu wagnérien, Et l’analyse qu’on ya faite m’a servi des années après à lier conversation avec un musicologue ( entre autres) dans un restaurant chinois, lors d’un Colloque à Oxford. Nous nous sommes retrouvés tous les deux à chanter le thème initial ! Que voulez-vous, ça nous changeait du dix-septième ! Bien à vous. MC
MC, je me régale à vous lire. Merci.
Les goûts musicaux de PA. Au gré de ces romans, de ses billets, on en apprend beaucoup. Dans un entretien, il disait avoir l'oreille absolue. Ce doit être extraordinaire. Une aisance à reconnaître les notes comme un peintre chemine avec assurance dans les tons, les couleurs. Parfois je l'imagine, loin des mots, des livres, uniquement enchanté de musique et de son écrin : le silence. Je vais chercher ce numéro de Classica. Donc vous même êtes un passionné de musique... Le Requiem à propos de la lune. C'est une séquence du film sur j'ai oubliée. Curieux les gommages de la mémoire. Peut-être parce que le scénario était secondaire.
De la lune, je rêve encore d'Armstrong si violemment ému en posant ses pieds sur le sol lunaire. Un Requiem, oui. Pour la gravité de ce pas. Pour le rêve devenu plus que la réalité.
Enfant - et encore maintenant - les soirs de pleine lune, je contemplais longuement cette boule de lumière suspendue dans le ciel, tellement apaisante. De bonnes ondes en viennent comme dans les berceuses, comme dans le regard d'un nouveau-né.
Le monde dans un regard...
Je suis contente de votre accord sur l'école. J'aime votre souvenir de collège.
Ce qui est bien quand on est enseignant c'est qu'on ne sait pas vraiment ce qu'on a apporté aux élèves. On espère que c'est bien. On se souvient aussi des échecs comme une blessure. Le désespoir d'un enfant est bouleversant même s'il naît de plusieurs causes assemblées. Sa joie tout autant est un cadeau du ciel.
Votre conversation dans un restaurant chinois avec un musicologue grâce à ce moment de découverte est un scenario magnifique du hasard. Ainsi rencontrons-nous d'une façon semble-t-il imprévisible des êtres avec qui quelque chose d'important se dira, même si c'est une fois dans vie. On n'oubliera pas. C'est un peu cela qui me ravit dans la littérature. Être lecteur dans ces situations donne une logique aux rêves, aux situations. Tout reste dans le temps du livre. On peut relire pour le plaisir.
Il y a si peu de distance , parfois, entre réel et rêve.
J'aime ces explorations des pensées des personnages.
Tiens, un noir et blanc de qualité. "Chaussure à son pied" de David Lean sur Arte. Vite, la VO. Heureux... hasard pour passer cette heure chaude à l'ombre des volets. Les décors me plaisent et surtout la qualité de la langue. Les costumes aussi . 1954. Ces rediffusions sont un enchantement.
Je n'arrive plus à vous situer. Vous êtes comme un caméléon prenant la couleur de vos passions. Tantôt l'Histoire, tantôt la musique, la littérature, la science-fiction. C'est bien. Un homme tranquille, heureux de partager ses connaissances.
Soleil vert me manque. Même s'il nous écrit des petits mots ici , on sent que son esprit est ailleurs, que son regard est capturé par la beauté d'un paysage, d'une vacance enchantée.
Merci pour la joie du partage.
Et Charles Laughton. Quel acteur. Superbe !
La vie de György Ligeti a été profondément marquée par les horreurs du XXe siècle. Sa famille a été décimée dans les camps (à l’exception de sa mère qui a miraculeusement survécu), il a connu la terreur, l’antisémitisme, l’exil.
Il livre avec son Requiem un témoignage poignant, une réflexion musicale et philosophique sur la mort"
Suite de la citation, magnifique, sur ce requiem de Ligeti :
https://www.ensembleintercontemporain.com/fr/2018/12/le-requiem-de-gyorgy-ligeti/
Je ne pensais pas au Requiem. Kubrick n'a-t-il pas utilisé une autre composition de Ligeti dans son film ? Plus douce, plus légère ?
revue Classica commandée. deux numéros (juillet/aout et septembre. Je vais découvrir. Merci.
Septembre suffisait, avec Minkovski en couverture! Toute l’école polonaise a été frappée de plein fouet, encore Ligeti est-il revenu à une sorte de Neo-romantisme sur la fin. Mais Penderecki, c’est pareil. S’ajoute aussi le problème : comment créer et être admis comme compositeur sous le rideau de fer. C’est à peu près la génération de Chostakovitch, donc celle de Jdanov! Il bénéficie de l’appel d’air post stalinien, mais tout est toujours à renégocier. Regrettons que ni La Passion selon St Marc, ni les Diables de Loudun ne soient disponibles au catalogue français. Et moins encore les œuvres de Lutoslawski, qui n’est pas non plus un petit compagnon! Bien à vous. MC
Alors là, je ne connais pas du tout. J'apprends...
Visite de mon fils. Nous avons évoqué 2001 ( le film ).
La question qui pour lui soutend le film est : Qu'est-ce qu'un homme ?
Il n'aime pas trop le cinéma de Kubrick. Il trouve ses films froids, un peu déshumanisés. Mais il trouve ce film d'une grande beauté bien que pas très clair quant à son sens.
J'adore parler cinéma avec mon fils.
Oui Kubrick est froid.
Bon,nous sommes a J-4. La fiche portera sur L'Agent secret de Conrad
Question : dans le final Conrad est-il si éloigné des russes qu'il deteste ?
SV
Chic, un nouveau roman à découvrir. C'est gentil de l'annoncer avant le billet.
A bientôt Soleil vert.
« Barry Lindon » n’est pas froid, ou je me trompé-je? Et le moyen pour un grand metteur en scène de penser autrement que par tableau. On peut contester l’Australopirheque touché par la Grâce, mais qu’est ce que c’est bien filmé ! Du « froid « comme ça, j’en redemande. Les autres 2000 (2 films) tirés de Clarke se sont effondrés lamentablement..
https://www.cineclubdecaen.com/realisateur/kubrick/kubrick.htm
Je partage assez cette analyse.
Oui, il est doué. Ses films marquent l'imaginaire et la mémoire, sont époustouflants de trouvailles techniques, de précision historique, de beauté violente mais oui je les trouve froids.
Orange Mécanique répondrait peut-être mieux à cette définition. Le dernier est un caprice tourné pour la seule réunion , on ne sait pas bien.
C'est le dernier, entre autres qui lui a donné cette impression. C'est le précédent que vous citez qui m'a glacée.
Cela n'enlève rien à son formidable talent de cinéaste mais il est obsédé par la violence qui nait de l'intelligence. Très pessimiste... sur le genre humain.
A voir . On peut le lire comme une initiation ratée. A quoi ? On ne sait pas mais le héros la rate. L’ honorable Société, Le plan après sur les grilles qui demeurent obstinément fermées du Chateau , c’est du très bon cinéma, et les acteurs donnent le meilleur d’eux mêmes…. MC
Oui
A titre d'amusement, regardez la photo tout en haut à droite du blog. C'est une scène de tournage de 2001.Le décor ressemble à celui de Barry Lindon.
Amicalement SV
C'est étonnant comme des chemins qui semblent bifurquer finissent par se rejoindre. Les frontières s'estompent et un ordre clandestin apparaît . Nos histoires finissent par se rencontrer. Oui, c'est très amusant ! Une façon pour vous de n'être pas parti en vacances comme si avec cette petite photo vous nous aviez accompagnés dans nos échanges sur 2001 !
Pour prolonger le plaisir et traverser les miroirs :
https://retourverslecinema.com/galerie/dans-les-coulisses-de-2001-lodyssee-de-lespace/
Bonne surprise le gros livre de Bouillier , très lourd, présenté par PA "Le cœur ne cède pas" est disponible sur tablette. Ça tombe bien, je n'avais pas de plateau à pieds ( petit déjeuner)pour le poser !
Je lis d'abord le roman de Conrad, très étonnant, très interessant. On en reparlera. Et plus tard. Rien ne presse pour ce roman où l'auteur suit la lignée de Bataille et Leiris pour se regarder en narrateur lucide.
Froid ne veut pas dire pas apprécié.
Vous lisez l’Agent Secret en Français ? Pour l’avoir lu en bilingue, sachez qu’il y a de sacrés tripotages syntaxiques derrière pour couler ce texte dans le moule français. Je me souviens avoir été pris de vertige dès les premières pages entre ce que l’anglais disait, et ce qu’on lisait! Vous voilà prévenue ! Cordialement. MC
Je suis perplexe après avoir lu le billet de Paul Edel sur Witold Gombrowitz. Et pourtant j'en ai lu des analyses sur l'oeuvre, l'homme. Et j'ai lu et relu ses livres. Mais là, on a presque envie de s'éloigner sur la pointe des pieds. Quelque chose chuchotte dans le silence, des mots comme un échange de secrets d'écrivain à écrivain. Ils se comprennent, partagent l'ironie, la blessure, l'émoi. P.E a choisi de citer de lui une écoute musicale. C'est rare et beau. J'aime ce qu'il dit de Ferdydurke, le premier que j'ai lu. Et sur ce journal parfois méchant parfois généreux. Son rapport au corps d'une sincérité déconcertante. L'absurde polonais.
Un conflit entre lui et son œuvre. Il écrit : En moi, toutes les contradictions se donnent rendez-vous - calme et folie, lucidité et ivresse, vérité et imposture, grandeur et petitesse.
Deux grands qui s'affrontent dans une tendre fraternité.
Oui, je sais mais je ne peux le lire en anglais. Trois traducteurs. J'ai celle de Henry David Davray. La plus ancienne. On se fait quand même une idée assez juste en ce début, de ces personnages. M. Verloc est une sorte d'antihéros finement étudié. Trés manipulé. Impression que la laideur, l'insincérité des personnages va aller en grandissant. J'ai un peu peur de ce milieu d'activistes prêt à fragiliser la société par des attentats. C'est tellement ce que notre époque affronte. C'est ce que certains nihilistes essaient de mettre en oeuvre pour déstabiliser, tuer sans remords.
Heureusement je sens beaucoup d'humour dans le ton de ces premières pages. Je crois que c'est comme un pastiche. Conrad est un grand, un si grand écrivain. Soleil vert doit m'aider sur cette lecture où j'avance prudemment. Vous aussi ! Mais j'ai envie de savoir donc, je continue.
C'est sympa votre mise en garde MC. Je sais que vous êtes à l'aise comme un poisson dans l'eau dans la langue anglaise, vous le familier d'Oxford.
J'accepte mes manques avec sérénité. Les langues m'ont toujours étaient redoutables.
Il a fallu que je me trouve seule dans un quartier de Brooklyn pour oser, m'étant égarée, trouver au fond de ma mémoire quelques phrases possibles pour me faire comprendre et aider. Heureusement j'avais noté l'adresse de mon hôtel et mon chaperon m'a conduite en riant jusqu'à l'entrée.
Là, j'ai vraiment su que si cela avait été nécessaire, j'aurais pu me débrouiller.
Mais cet océan entre mon pays et ces rives de l'Hudson mangoissait. De plus nous étions en fin de tornade et des trombes d'eau allaient transformer le mariage auquel j'étais invitée avec une amie en scène burlesque. Le Massachusetts me laissa l'impression d'un paysage mouillé que j'ai eu plaisir à croquer avec des crayons aquarelle.
chuchote
J'ai lu Conrad dans la traduction de Sylvere Monod
SV
Oui, la plus récente. Qu'en pensez-vous ?
J'aime bien la mienne.
MC dénonce une trahison. On pourra comparer nos traductions et MC nous reverra si besoin au texte d'origine.
MC est droit mais têtu. C'est sympa.
C'est tellement surprenant ce roman de Conrad. Pas d'espionnage. Un décalage que je situé mal encore.
J'ai hâte de lire votre billet. Vraiment hâte.
Excellent choix cher Soleil vert. On va fouiller là-dedans avec délice.
renverra - situe
Je viens de regarder un excellent polar sur la 2 "Tout le monde ment". Un téléfilm de d'Hélène
Angel. Vincent Elbaz épatant dans le rôle d'un ancien flic trés intuitif. Olivier Norek a écrit le scénario. Maigret plane dans l'atmosphère du film. Nicolas Marié cynique à souhait très bien aussi.
Tout ça pour dire que ce titre conviendrait bien je crois au faux roman d'espionnage de Conrad.
Un personnage me plaît , Stevie, l'innocent, le seul qui ne peut pas mentir.
Hâte de lire votre billet.
Mais à Oxford, avez-vous pensé qu’on pouvait parler et citer français !? Je me souviens m’être lancé
Dans Cyrano avec un illustre professeur.américain sur le chemin du pub. On a bien tenu dix minutes devant le groupe. Ce qui a fait dire à mon partenaire: « tu vois Marc, dans n’importe quelle ville , deux personnes qui déclament dans la rue, on les arrête! Mais À Oxford, on les laisse tranquille! »
Cela dit, c’est la seule fois où je me suis fait traiter au pub de Sir par des étudiants très respectueux!
Délicieux souvenirs. Merci.
et vous, Marc,
pour votre livre bilingue qui a traduit le roman en français ?
Même imparfaites, les traductions nous ouvrent à tant d'écrivains. On commence à peine à citer leur nom sur les livres, à leur rendre hommage pour ce travail souvent long, scrupuleux, passionné mais il est vrai que dans les traductions actuelles le ton du texte l'emporte parfois sur la traduction littérale. De plus il y a des jeux de sons , de mots, d'idées, intraduisibles d'une langue à l'autre. Par exemple en poésie.
Je crois que PA avait écrit une étude sur les traducteurs au fil des siècles, la façon dont ils étaient oubliés par les éditeurs.
Il y a des droits aussi qui gèlent de nouvelles traductions pendant des années ne laissant paraître que la première traduction autorisée par l'auteur et l'éditeur.
Sans traducteur je n'aurais lu aucun livre de Conrad et de tant d'autres écrivains de langue anglaise, russe, allemande, polonaise, italienne, espagnole... Grâces leur soient rendues et bienvenue aux multiples traductions qui permettent d'approcher la langue d'écriture de l'écrivain.
C'est vraiment joyeux votre souvenir. Encore merci.
Portugais (Pessoa)...
L’Aubier- Flammarion, mais il est impossible à retrouver. Peut-être m’en suis-je débarrassé ?…
En tous cas c’est peut-être un service que d’avoir oublié le nom du traducteur?
Donc vous n'aimez vraiment pas cette traduction... Mais l'anglais vous a apporté la clé du roman, alors tout va bien.
https://journals.openedition.org/cve/959
Voici un document très intéressant : Conrad et la langue française. Conrad en dialogue avec Davray pour sa traduction de L'agent secret.
On apprend qu'il tenait une correspondance en français avec une amie.
Par contre je n'ait trouvé aucune trace sur le net de l'édition bilingue chez Flammarion. Dommage, on aurait pu savoir qui l'avait traduit en français.
Bonne journée.
ce n'est pas une amie mais sa tante Marguerite Poradowska . La lettre figure dans le document.
Je reprends ce passage du document qui ravira MC moi, il me ravit ! : "un dernier exemple peut illustrer ce type de fonctionnement textuel. Au chapitre six de The Secret Agent, nous trouvons la description suivante de Michaelis, « the ticket-of-leave Apostle. », qui se met en devoir d’écrire un livre « In that characteristic attitude, pathetic in his grotesque and incurable obesity which he had to drag like a galley slave’s bullet to the end of his days . . . » (Secret Agent, 107). L’instance narrative semble simplement vouloir dire qu’il doit porter son poids, physique et moral tout à la fois, comme un bagnard son boulet, mais ce que dit le sous-texte est sensiblement différent et constitue un mélange détonant. D’un côté, le terme « galley » renvoie aussi aux épreuves d’imprimerie issues de la copie dactylographiée afin que l’auteur puisse procéder aux ultimes corrections, et d’un autre, il est associé au mot « bullet » (balle de fusil) et non pas au boulet du bagnard (convict’s ball), comme semble le croire Conrad. En d’autres termes, ce que sous-entend le texte c’est que les livres peuvent devenir des armes parfois plus mortelles que la bombe du « Professor » utilisée si maladroitement par Stevie. Quant à savoir si ces choix lexicaux ambigus sont délibérés ou fortuits, aucune réponse ne sera jamais apportée, et ce qui demeure à jamais c’est l’entre-deux langues, l’incertitude structurelle, l’amphibolie généralisée, qui permettent à l’écriture conradienne de produire tous les effets poétiques du jeu sur le signifiant que la relation translinguistique favorise."
Je confirme. Les sites les plus pointus n’ont pas cette traduction en ce moment! Elle est emblématique du « faire joli » que brocardait mon professeur d’ anglais, et auquel on a tous sacrifié un moment ou un autre. J’ai vu une partie de Tout le Monde ment, j’ignorais que Norek en était responsable. C’est un bon auteur de polars. Bien à vous. MC
Nous ressemblons à des archéologues.
Arte nous gâte. En début d'après-midi, immersion dans l'art à partir d'une fiction inspirée par la vie de Gerhard Richter.. un film de Florian Henckel ( La vie des autres).
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Gerhard_Richter
L'oeuvre sans auteur
"Le faire joli" c'est ce qu'on reprochait a la première traduction de "L'appel de la forêt". De l'ancienne traduction j'aurais conservé le titre - bien qu'imparfait ou conservé le titre VO The call of the wild, qui se deguste en bouche comme un st Emilion. SV
"The call of the wild, qui se deguste en bouche comme un st Emilion." SV
Joli !
Je regarde ce film. Prologue un peu long mais utile. Dans Dresde en ruines, ce jeune artiste qui doit lutter contre l'enseignement prodigué et ne pas oublier ses intuitions.
L'Histoire c'est quelque chose de difficile quand on y est immergé. Elle n'est souvent lisible, analysable que bien plus tard.
Idem pour l'art. Le passage est progressif de la figuration à l'abstraction. Réfléchir à la nature de la réalité. On retrouve le problème posé en littérature. Lutter contre le dépourvu de sens .
Kandinsky m'a appris que le bleu peut être obscur.
Comment comprendre que la couleur peut ne renvoyer à rien d'autre qu'à elle-même ? Il faut du temps. Regarder longtemps. Étudier le rapport des couleurs entre elles..
Et qu'est-ce que la ligne ? Cette voie de passage, cette coupure. Chez Kandinsky, elle est associée, verticale, à ce qui est debout.
Baudelaire a tellement raison : "il n'y a dans la nature ni ligne ni couleur. C'est l'homme qui crée la ligne et la couleur "
C'est une langue mystérieuse. Une représentation mentale.
Matisse a compris la force expressive de la couleur, de la ligne. Vert pour lui n'était pas l'herbe, bleu pas le ciel. Il percevait les teintes rabattues sur l'herbe et le ciel comme Cézanne.
Comme pour les mots que le poète combine pour créer un sens nouveau.. Lisant Joyce je pense à Kandinsky.
Rothko peignait les émotions. C'est comme cela que je les reçois.
Un jour PE a posé la question du beau et du laid. Oui , seulement des formes et des apparences colorées.
J'ai le temps de penser au tout cela car peu de réflexion sur l'art dans ce film qui suit l'évolution d'un ancien nazi. Les dégâts qu'il continue de commettre sur ses proches.
Là ça devient intéressant quand il rejoint un groupe d’artistes sous linfluence d’un professeur inspiré par Joseph Beuys, aux prises avec la création et les traumas du passé.
Donc je reviens au film.
Ça devient passionnant. Il fallait juste laisser passer ces deux premières heures. Le geste est juste. Il touche du bout du pinceau ce qui était en lui. Ce qui voulait se dire. Ah, je ne regrette pas. Je chrysalide et fait le songe intérieur à rebours.
Déambuler à l'intérieur... baguenauder dans sa mémoire... Toute douleur déchire... et sépare.
Le manteau de Joseph Beuys... Toutes ces couvertures de feutre...
Je lis... Je crois lire.
Un bleu sans fond comme la nuit du monde.
Une odeur de goudron dans la rue. Pâte chaude, granuleuse que les ouvriers tirent avec des planches de bois.
Je retourne au livre de Soleil vert et de Conrad. Traduit...
Mais c’est joli et sans contresens, SV,,cet Appel de la Forêt. On a bien essayé de trouver des équivalents modernes aux « « Hauts de Hurlevent ». Je ne suis pas sûr qu’on ait réussi…
J'aime bien le dialogue MC/SV. On entre dans les images mentales que créent ces titres. Des sensations enfouies dans la mémoire.
https://www.guichetdusavoir.org/question/voir/58791
Donc tous ces titres c'était pour présenter des traductions différentes sans affronter les poursuites des héritiers !
Oui, mais derrière la forêt il faut entrevoir la vie sauvage ou la sauvagerie. SV
Oui ce n’est pas un square,la forêt (canadienne?)
Et les sonorités ! "L'appel" ça reste à l'horizontal, alors que "the call" monte au ciel comme un hurlement de loup.
Sur les retraductions : le livre assez illsible quoique célèbre :"Neuromancien" vient d'être retrait. La première phrase donnait avant : le ciel était couleur TV, calée sur un émetteur hors service. Autrement dit un ciel gris - c'était la couleur des écrans analogique d'alors quand on ne captait pas une chaîne. Dans la nouvelle traduction on lit :le ciel était couleur tv calée sur une chaîne défunte. Autrement dit noir. Ca n'a plus rien a voir avec la grisaille suggérée par l'auteur. Quelle idée de vouloir adapter une traduction à l'évolution technologique ! SV
retraduit et non retrait
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-science-cqfd/soleil-vert-l-alerte-rouge-4160238
Je partage votre avis sur le Neuromancien , illisible du fait de la première traduction et, qui n’a pas l’air de gagner à cette seconde. Le courant cyber punk use souvent de cette modernité facile, et je ne crois pas que Gibson ait écrit autre chose. « Nous avons trop d’auteurs qui n’ont fait qu’un ouvrage! » Pour le reste, retrouvé « Littérature »de Giraudoux dont j’ai longtemps cité, en toute innocence, et persuadé de l’avoir lue dans le chapitre sur Hugo, cette phrase qui ne s’y trouve pas plus que la « votre « dans « votre « Tolstoi à propos des romantiques: « Ils se sont battus pour que vivent les buffets Henri II. » Si c’est un pastiche personnel, j’en suis assez content… MC
Ceci pour SV!
L'agent secret.
Terminé ma lecture. Bien aimé la traduction de Henry David Davray. La plus ancienne.
L'intensité monte avec le déroulement du roman. Le final est réjouissant !!! tient en haleine.
Comme ils s'aiment tous ces gens-là !!!
Hâte de lire votre billet Soleil vert.
Hâte de parler de ce roman palpitant avec vous.
Mais alors Conrad ? Je ne m'attendais pas à ce roman.
En attendant je vais commencer Le cœur ne cède pas de Grégoire Bouillier.
Cadavre pour cadavre... les deux (des deux romans) sont dans un triste état !!!
Impossible de le retrouver, et vous écrivez avec une belle inconscience : « MC nous donnera le texte anglais » Oui , ile livre aurait pu au moins servir à ça ! Hélas! Il se cache peut-être par représailles…
La francophilie polonaise ayant atteint des sommets fin Dix-Neuvieme,je ne suis pas étonné de la traductrice de Conrad. Âge d’or révolu
Pas grave ! Je l'ai adopté en français. Les derniers chapitres sont grandioses ! Comme un jeu de dominos qui tombent en se cognant les uns sur les autres. Le mécanisme est très drôle. Ce roman m'a vraiment divertie. La femme Verloc est un sacré personnage. Et ce mort qui n'est pas le mort prévisible, très drôle aussi.
Enfin attendant le billet de plume verte j'ai commencé Le cœur ne cède pas de Grégoire Bouillier. C'est bien ce que Pierre Assouline laissait pressentir. Cet écrivain qui s'interroge avec humour sur fiction et réalité, sur le rapport avec des gens qui l'ont connue et pas aimée, pas aimée suffisamment pour que personne en dix mois ne se soit inquiété de son absence de son silence.
Très lucide et mordant cet écrivain.
Grégoire Bouillier. Bien surt que l'on pense à Leiris dans cet autoportrait sans concession où il ne s'aime pas :
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"On est donc en juin 2018 et, à l'époque, je ne vais pas fort. Je me sens inutile, amer, teigneux, désoeuvré, perdu, mesquin,etc.. (...) Les autres m'exaspèrent. Ils me dépriment. Je n'aime pas leur manière d'être. Des que je parle avec quelqu'un, je me sens encore plus seul. Je me sens effaré.. D'ailleurs je ne sors plus. Je passe mon temps à ruminer."
C'est l'écriture qui les réunit mais en opposition. Lui se remet mal du grand désert qui a suivi la parution de son premier roman, dont il était si fier.
Elle ( celle qui s'est donné la mort) "C'était le journal, non de la mort, mais de la vie face à la mort. C'était le journal de la vie se regardant mourir. De la vie se donnant la mort."
La balance entre les deux fonctionne.
Ah j'ai oublié, à propos de la RdL, depuis quelques semaines un certain Damien écrit et ce qu'il dit des livres a retenu mon attention. Il ne fait pas de bruit. C'est un félin. Il observe les uns et les autres. Puis il écrit à pas feutrés des choses que seul un chat peut voir.
Je n'ai pas oublié mon job, mais en rentrant chez moi de vacances … plus de courant électrique. Un nouvel entrant dans mon immeuble a piqué mon numéro de point de livraison.
Ah ça ce n'est pas ordinaire ! Que pouvez-vous faire ?
En attendant que vous ayez retrouvé la jouissance de votre compteur électrique, je continue à avancer tranquillement dans le roman "Le cœur ne cède pas" de Grégoire Bouillier. C'est bien ce que Pierre Assouline laissait entendre, toutes ces ramifications.
Ainsi quand il évoque une émission de radio aujourd'hui disparue "Les Nuits magnétiques". Ce qu'il en dit éveille mes souvenirs : "j'étais un fidèle de cette émission. L'une des plus belles de l'histoire de la radio. Chaque soir, elle emmenait aux confins du rêve et de la réalité. Elle était un tapis volant. Une plongée dans la magie des sons. L'invention d'un pur moment de réel. La radio comme un voyage intérieur (...) D'ailleurs, cette émission de revendiquait, depuis sa création en 1978, de Trajectoire du rêve d'André Breton."
Je me souviens de la voix d'Alain Veinstein qui avait créé l'émission sur France Culture. "Nuits Magnétiques bonsoir", juste après le générique musical très bizarre. Le premier lien que je découvrais entre les écrivains et la radio, comme leurs confidences, leurs passions par des reportages. On ne savait jamais où allaient nous entrainer ces invités.
Et puis, il y a eu Du jour au lendemain où la nuit s'écoulait douce avec plein de vrais silences. Juste un auteur et lui. Et de lons silences. Avec Pascal Quignard c'était silence contre silence. une merveille. Et l'écriture est silence; une parole nue.Souvent des poètes : Franck Venaille, André du Bouchet, Michel Deguy , Michel Cournot que j’ai découvert alors.
Enfin, je lis cette page. J'en ai aimé la signature.
Rien ne m'étonne dans les réponses de Pierre Assouline sauf peut-être Tedi Papavrami.
Toutes ces œuvres, tous ces musiciens sont dans ma joie d'écoute.
Mais Passion classique, j'adore !
Soleil vert, le 22 août vous écrivez :
"Dans une propriété corse,au sein des pins parasols.Je regarde les sommets des arbres d'un vert tendre.Avec le vent léger, cette masse de verdure oscille, comme les vagues d'un autre océan, d'un autre monde.Plus haut le bleu du ciel chapaute le vert. Ces deux couleurs suffisent à ma rêverie.SV"
Aujourd'hui, Paul Edel, sur son blog écrit une variation solaire qui répond à la vôtre. De jolies jeunes femmes palpitantes et rieuses en plus...
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