Ray Nayler - La Montagne
dans la mer - Le Bélial’
Les lecteurs français ont découvert en 2023 l’auteur
américain Ray Nayler avec le recueil de nouvelles Protectorats. Il contenait
des récits de science-fiction se déroulant au sein d’un monde légèrement
alternatif, dans une tonalité Eganienne, où prédominait l’inquiétude mémorielle
et identitaire. L’écrivain récidive cette année avec un roman, La Montagne
dans la mer situé dans le même contexte géopolitique. Il relate la
découverte d’un peuplement de pieuvres très intelligentes, Octopus Habilis,
dans un cargo échoué au large de l’archipel vietnamien de Con Dao - et les enjeux qui en découlent. L’entreprise
DIANIMA spécialisée dans l’ingénierie biologique, l’intelligence artificielle,
et récente propriétaire de l’ile compte exploiter cette trouvaille. Elle fait
appel au docteur Ha Nguyen pour épauler une équipe comprenant un androïde conçu
par DIANIMA. C’est plus qu’il n’en faut pour éveiller des convoitises
malfaisantes et faire disparaitre quelques témoins gênants.
Ce techno-thriller que l’on pressent emprunter le chemin
tracé par Ted Chiang dans « L’histoire de ta vie », adapté au
cinéma sous le titre Premier contact, explore en effet le thème de la communication
avec une espèce résolument étrangère. Mais loin de laisser filer son sujet à
poulpe abattu, Ray Nayler propulse son récit dans trois directions différentes,
trois voies appelées à converger. L’archipel de Con Dao donc puis Astrakhan et
Istanbul où un hacker est chargé par une mystérieuse et menaçante commanditaire
de pirater un réseau neuronal, les fameux « connectomes» de Protectorats,
supports des dernières générations d’IA ; enfin, une odyssée maritime
mettant aux prises des pêcheurs esclaves d’un cargo automatisé avec leurs
geôliers humains ou non.
Au fil de ces narrations que d’aucuns pourraient assimiler à
tort à des chemins de traverse, se dessine une trame sur l’impuissance des
hommes à s’affranchir de leurs démons. Au chapitre 31 une responsable de
DIANIMA fait la remarque suivante : « Il y a quelque chose de
grand et de terrible chez les humains : nous ferons toujours ce que nous sommes
capables de faire ». Phrase terrible qui renvoie à un conte ancien où
un serpent demande à un batracien ou un oiseau - ma mémoire est faible – de
l’aider à traverser une rivière. Au milieu du gué le serpent mord son
transporteur qui avant de mourir lui fait remarquer qu’ils vont périr tous les
deux. « Je le sais bien dit le serpent mais c’est dans ma nature ».
Sentence qui révèle l’inaptitude humaine à entrevoir l’au-delà du monde, à affronter l’étrangeté du réel car condamnée à reproduire éternellement et à se réfugier
dans la technologie. L’échange symbolique avec les pieuvres n’est que la clef
de voute d’un roman sur l’ incompréhension et l’incommunicabilité. Plus besoin d'aller
chercher les extra-terrestres au fond de l’univers. Ils sont ici et se nomment Algorithme,
IA, ChatGPT, Sensitive Readers, Humains. Plus concis, les Kloetzer concluaient
la lecture des Insulaires de Christopher Priest par ces mots « Chaque
homme est une ile. »
La Montagne dans la mer est un beau livre, dans tous
les sens du terme, les illustrations de couverture ayant bénéficié, nous dit
Olivier Girard, d’un pelliculage « soft touch » ou « peau de pêche ».
54 commentaires:
C'est vraiment la force de vos chroniques, Soleil vert, revenir régulièrement sur un auteur et nous guider vers une nouvelle création de cet auteur.
Une autre force, celle de rapprocher les imaginaires de plusieurs auteurs à travers leurs livres, grâce à vos liens. On clique et on se retrouve dans un passé proche se jouant sur quelques années.
Cette façon de construire votre blog est vraiment intéressante.
Il y aussi d'autres auteurs qui ne sont pas de science-fiction. Les liens entre les uns et les autres sont passionnants ainsi Modiano, Quignard.
Vous êtes tout-à-fait inclassable, un lecteur déroutant, surprenant, ouvert. Vous effacez les frontières, obligez les lecteurs à s'interroger sur leurs certitudes.
De plus l'atmosphère du blog est sereine permettant de cheminer dans un roman, permettant aussi d'autres lectures au goût des uns et des autres.
C'est vraiment réjouissant.
Quelques corrections. SV
J’ai relu, je n'ai pas vu la correction tant le texte happe.
Ce qui me frappe à la relecture c'est ce conte sur le serpent. J'avais lu une variante avec un scorpion. Même conclusion. C'est effrayant cette impossibilité de certains êtres humains de s'empêcher de suivre leurs instincts négatifs;. Comme si la jouissance du mal était envoûtante.
Donc ces pieuvres... Effectivement je me souviens du film "Premier contact", de ces signes sur un écran, de ces entités bienveillantes ressemblant à des pieuvres, de l'insolite héroïne qui a déjà vécu sa vie à venir.
Et l'océan... Encore une fois, monde inexploré totalement, qui réserve des surprises.
L'intelligence des céphalopodes ? Elle est reconnue par des scientifiques comme possibilité de s'adapter, de contourner des difficultés pour atteindre un but.
Celle du grand roman de J. Verne, énorme, meurtrière est loin. Enfin... La pieuvre d'aujourd'hui est parfaitement dénoncée dans ce billet. L'homme pour le meilleur et le pire pour l'homme...
J'apprécie les citations philosophiques du Dr Ha Nguyen ("Comment pensent les océans") qu'il soit réel ou fictif.
Un roman graphique qui m'attire. On y retrouve les minuscules créatures des abysses, les «Julys» qui traversent les pages, des petits génies de la nature bienveillants.
Les dessins de Nylso explorent les sous-bois, les profondeurs de la mer dans un graphisme éblouissant d'un beau noir et blanc.
Page 21 dans le roman de Ray Nayler, "La montagne dans la mer", un passage hors histoire qui me plaît beaucoup.
"A certains moments, quand un céphalopode se repose, sa peau affiche des couleurs et des textures qui paraissent inconscientes - comme si le flux électrochimique de ses pensées était projeté sur cette surface. Quand il est dans cet état, on dirait vraiment qu'un esprit libéré de toute chair flotte au fond de l'océan."
C'est très onirique...
C'est encore une citation du Dr Ha Nguyen ("Comment pensent les océans")
Une suite de pronoms personnels apprend au lecteur que c'est une femme, docteur en biologie, apparaissant dans ce roman comme un expert.
Ces citations qui portent sur le monde de l'océan donnent au récit un fond philosophique lié à une connaissance fine des hôtes des océans.
Ça commence bien !
Elle fait un rêve récurrent où elle assiste ,émue , à la mort d'une pieuvre, ressentant une empathie pour l'animal blessé... Son activité de plongée sous-marine est à l'origine d'images aquatiques où évolue un monde qu'elle aime.
Chic, une alliée féminine pour plonger dans l'encre noire du roman...
Je suis sensible à certains détails comme cette odeur de café qui est notée dans les premières pages, odeur familière et très rare dans les romans de science-fiction. J'avais déjà noté des détails de ce genre dans les nouvelles de Ray Nayler, lues l'an passé. ("Protectorats"). J'aime que l'étrange, le fantastique émanent de notre monde, de notre quotidien. C'est troublant et délicieux
Page 31 le premier androïde, Evrim, apparaît, "être conscient créé par l'humanité". Que réserve la rencontre entre cet androïde et Ha ?
Bon début de roman que je n'ai pas l'intention de raconter. Je note seulement pour chaque roman de science-fiction choisi par Soleil vert les éléments qui décideront de mon envie de poursuivre ou non sa lecture.
Ici, les voyants sont au... vert !
Ce commentaire était destiné au billet précédent portant sur un roman graphique.
Ce sont des miroirs, ces romans de science-fiction...
La façon d'écrire de Ray Nayler est étonnante. On le suit dans une première idée du roman et voilà que s'en viennent d'autres idees nous transportant ailleurs. Il ne veut pas y renoncer. Le lecteur change de paysage et de personnages mais il y a comme une mémoire dans l'écriture qui rapproche ces unités du récit. Il est comme un musicien devant les claviers multiples d'un orgue. J'écoute la musique de ce monde qui nous transporte dans un autre temps à venir - pour lui. Au passage j'apprends beaucoup sur les céphalopodes , sur l'océan, sur ce qu'on nomme la conscience humaine
Pieuvre, petite pieuvre disait Cousteau. SV
La Calypso en aura fait des voyages sur les océans. .. Qui ne connaît son bonnet rouge ?
Mais il est mort d'un accident d'avion....
Non, c'est son fils... SV
Allons bon ! Quelle lignée !
Quel beau moment de lecture que celui de l'apparition de la pieuvre dans le roman de Ray Nayler.
Page 77.
"mais je l'ai vu bouger. La pieuvre. Son camouflage était presque parfait. Ensuite, elle l'a modifié. Elle s'est assombrie. Elle a conservé la texture du mur mais sa peau a noirci, comme dans un accès de colère. J'ai vu ce phénomène bien souvent chez les céphalopodes que j'ai observés. (...)
A ce moment-là, la pieuvre s'est détachée de la paroi et a également glissé vers la droite. (...) Et c'était là, à deux mètres de l'appareil, dans la position classique de Nosferatu. Dressé de toute sa taille devant la cloison, avec son manteau relevé sur la tête, les bras écartés. La posture de menace durant laquelle les poulpes sont généralement noirs. Mais celui-ci était presque blanc. Et vraiment grand (...) il mesurait au moins la taille d'un humain quand il se dressait."
Je retrouve, lisant, mon effroi intact et suave lisant Jules Verne.... Vingt mille lieues sous les mers....
Je revis ce voyage dans le monde effrayant de l'océan.
Je revois, dessiné par les mots, cette pieuvre géante qui, sème la terreur, l'affrontement terrible entre elle et les trois marins du Nautilus, le sous-marin du capitaine Nemo.
Je regarde la couverture du roman de Ray Nayler, une grande poésie magnifiée par les bleus...
Dans les nouvelles de Lovecraft ( Night océan) on trouve aussi ces présences jamais vues mais terrifiantes, peut-être monstrueuses qui sortent la nuit. Cet homme enfermé dans sa maison sur la plage, entend des bruits et trouve au matin des éléments inquiétants sur la plage.
Dans ce roman de Ray Nayler, page 99, un monstre marin semble aussi habiter l'océan de Con Dao. "Des légendes couraient sur le monstre depuis des générations. (...) Des mythes pour effrayer les enfants : des ombres et des noyades, des formes aperçues sur la plage. Maintenant, tout le monde finissait par croire à ces histoires.(...) Dans certains cas, les corps portaient des marques et des blessures laissant supposer qu'ils avaient été maintenus dans l'eau "
Leurs univers se croisent.
Je crois que Vingt Mille Lieues renvoie à un Kraken. La pieuvre en tant que telle surgit dans les Travailleurs de la Mer. Maintenant je ne suis pas infaillible…
https://fr.wikipedia.org/wiki/Kraken
Ah, je découvre. Belle notice de wiki avec, même une citation de Jules Verne. Donc un calamar géant....
Donc, les cal(a)mars font partie des céphalopodes à dix bras (huit bras fonctionnant par paire et deux longs tentacules, appelés « fouets », aux extrémités munies de crochets et de ventouses)..
Les espèces de la famille des octopoteuthidés, comme leur nom l'indique, ne possèdent que 8 bras.
Il n'y a que chez Soleil vert que ces monstres sont beaux (couverture du livre et texte) et peut-être bienveillants.... Des petites pieuvres, oui, petites ...
Nicolas Fructus a créé cette couverture superbe. C'est un artiste doué qui a illustré beaucoup de livres avec talent.
Un entretien avec Nicolas Fructus ouvrant à son travaille d'illustrateur et à d'autres artistes.
https://campusmiskatonic.fr/?p=2937
Je commence à y voir plus clair. "Avant l'acquisition de l'archipel de Côn Dao par DIANIMA, les Tibétains ont acheté cette île, Bay Canh, et ont transformé le site de protection des tortues en sanctuaire religieux."
Ha, sereine, accompagnée
d'Evrim, regarde la course effrénée des jeunes tortues en direction de l'eau , vers l'immensité de l'océan. Elle a l'impression qu'elle commence enfin à vivre sa vie.
Un pêcheur dit avoir vu une pieuvre descendre la plage en marchant comme un homme - un curieux détail.
Pour Ha, il y a l'archipel et la pieuvre et Evrim, l'androïde , un compagnon silencieux et semble-il bienveillant.
Les moines sont aussi des androïdes, des cybermoines.
De nouveaux personnages, humains, apparaissent. Rustem, un scientifique, pas du genre bavard.
Je place mes pions sur l'échiquier. Page 140 sur 472. Où Ray Nayler me conduit il ?
"dianima", c'est, dans ce roman, une multinationale spécialisée en bio-ingénierie et en intelligence artificielle.
Ce n'est que le chapitre 2....
Je relis le billet. Soleil vert éclaire la présence de Ha sur l'archipel. Il va loin dans le roman... Je n'en suis qu'au début.
Un doute plane sur les intentions des pieuvres apparues dans l'archipel. Sont-elles bienveillantes ou malveillantes ? Le mort trouvé sur la plage est-il victime de la pieuvre ou pas ? Elle chercheuse, passionnée par l'océan et les pieuvres, que va-t-elle trouver ?
Ce que j'aime aussi dans ce roman c'est qu'il est écrit comme un roman policier.
Oui pardon ! Le Kraken est bien où était bien un Calmar géant. Cela dit , la description hugolienne a fait beaucoup de mal aux pieuvres…sans le vouloir!
Pourquoi pardon ? Vous m'avez fait distinguer deux familles animales que je confondais.
Oui, ces romans ont fait beaucoup de mal aux pieuvres, les dessinateurs aussi.
Enfin de là à communiquer avec une pieuvre, fût-ce par les couleurs, je ne tenterais pas l'expérience. Mais par fiction interposée, on se sent tous les courages !
Quelle étrange et belle histoire.
J'aime ce cadeau que la pieuvre, le Chanteforme, fait à Ha. Faire apparaître sur, elle, son visage, comme dessiné avec du charbon de bois.. Subtil témoignage éphémère d'une rencontre qui avait eu lieu. Le Chanteforme. Il l'avait observée.
Un jour dans l'indifférence d'un wagon de métro bondé. Assise, je dessinais la passagère endormie, face à moi. Soudain elle ouvrit les yeux comme avertie que sa station approchait. Elle me dit - je peux voir ? Elle avait donc, paupières baissées, senti un regard attentif posé sur elle.
Je détachai la feuille du carnet à spirale. Elle reçut ce cadeau en souriant et descendit de la rame.
Wagon...étrange mot pour un métro... Est-ce un lapsus parce que dans mon souvenir, la voiture était bondée ?
SF encore puis Zweig (ici on défend Zweig !) et un Cortázar. SV
Merci pour les fêtes à venir, dont Zweig.
Zweig sait si bien suggérer dans un geste, un regard, les tourments intérieurs de ses personnages et révéler les vertiges de leur inconscient, de leur passé;
C’est , comme Lenotre, un biographe intuitif et psychologue. Ce n’est pas rien.
Ce qui est passionnant dans le roman de Ray Nayler c'est la différence dans la façon d'appréhender le monde par Ha et par la pieuvre.
Ainsi, pour elle, pas de cerveau central regroupant les information des ressentis tactiles venus des extrémités des tentacules indépendantes les unes des autres. Elle explore par le toucher, construit des stratégies à partir d'elles. Ce qui a été vérifié, hors la fiction, par des observateurs scientifiques.
Le problème se joue dans la conscience pour les humains, liée à la mémoire construite pour l'harmonie du sujet plus que pour trouver une vérité. Entre ces deux êtres, Ha et Chanteforme, l'écrivain crée un pacte de différences. Elles viennent de mondes différents et Ha le sait. Ces deux êtres peuvent communiquer par un lien étrange et éphémère .
" Marelle"... Julio Cortázar...
Deux façons de lire un roman... et peut-être plus....
Pourquoi ces deux façons de lire votre roman, lui demanda-t-on ?
Il répondit : "La première correspond au type de roman que l'on a l'habitude de lire : une histoire qui se déroule de bout en bout. La seconde répond davantage à ma manière d'avoir écrit le livre. Je ne l'ai pas composé d'une seule coulée, mais par saccades, bonds. D'ailleurs vous trouverez, dans la première version, d'imperceptibles changements de ton entre certains chapitres. J'ai voulu que ce livre soif comme un acte de provocation envers le lecteur. Au lieu d'être un roman qu'on lit, c'est un roman à la création duquel le lecteur doit participer en le lisant. "
Je me souviens l'avoir lu en pensant à Queneau qui aimait tant jouer avec la structure de histoires.
Cortázar ajoutait que s’il était arrivé au fantastique, c’était grâce à Jarry.
Le fantastique pour eux est une façon de saisir le monde et la réalité dans toute sa totalité et sacomplexité.
Donc, le roman "Marelle" pouvait se lire du début à la fin, ou se lire seulement du chapitre 1 jusqu'au chapitre 56 en ignorent le reste du livre ou commencer seulement au chapitre 153 en ignorant ce qui précédait.
Le seul problème était de choisir car je ne connaissais pas le roman. Je crois avoir tenté plusieurs approches et n'avoir choisi aucune d'entre elles mais j'ai fini par le lire avec des pauses, très amusée par ce jeu oulipien.
Il y avait Horacio Oliveira, et son double, l'un à Paris, l'autre à Buenos Aires.
Il y avait aussi la Sibylle, maîtresse d'Horacio Oliveira. Un beau personnage féminin étrange. Elle rêve beaucoup, sème du fantastique par sa façon de réagir, toujours dans l'imprévisible.
Il y a une marelle à la fin comme pour induire ces cheminements possibles selon la place aléatoire du palet.
J'avais aimé le jeu de miroirs entre les rues de Paris et celles de Buenos Aires où se déplaçaient Horacio ou son double
C'était un hypertexte sur papier tel que je définit Pierre Assouline dans son intérêt pour l'écriture des commentaires sur son blog ou sur les liens infinis d'internet.
Un peu comme les fractales de Sergio.
C'est douloureux le mépris des pieuvres manifesté par Minervudottir-Chan, cette scientifique de Dianima. Elle les tue, les dissèque pour explorer la structure de leur cerveau, dans une totale indifférence émotionnelle, contrairement à Ha qui cherche à communiquer avec elles. Et surtout avec celle qu'elle nomme Chanteforme.
Douloureux, car je pense à tous ces laboratoires où des animaux familiers ou sauvages servent aux expérimentations des chercheurs dans la souffrance et la captivité.
En 2016, 1,9 million d’animaux ont été utilisés. Parmi eux :
Souris 1 145 000 soit 59,6%
Poissons (toutes espèces) 307 000 soit 16%
Rats 172 000 soit 8,9%
Lapins 118 000 soit 6,1%
Poulets 57 000 soit 2,9%
Cochons d’Inde 45 000 soit 2,3%
Autres oiseaux 15 000 soit 0,7%
Chiens 4 204 soit 0,2%
Primates non humains* 3 508 (dont 95% macaques) soit 0,18%
Chats 1067
*L’expérimentation sur les grands singes (gorilles, chimpanzés, bonobos, orangs outans) est interdite.
Statistiques fournies par la Fondation / droit animal
Page 400
"L'esprit parcourait le corps tout entier. Ce n'était pas une échelle, mais un anneau. Un anneau neuronal, déplaçant les signaux d'un membre à un autre, puis jusqu'au cerveau,et inversement. Une boucle de distribution à travers le corps entier. Une conscience capable de se diviser, puis de se rassembler."
Quand même, ce roman souffre d'une surcharge due aux trois récits entrelacés. La communication avec une nouvelle espèce est le récit qui m'a le plus intéressée, surtout qu'il se fonde sur l'indifférence préalable de deux communautés. Dans ce roman on tue par hasard. Parce qu'un navire fait croire aux octopodes qu'ils sont attaqués. Parce que le docteur Minervudottir-Chan se trouve au mauvais endroit.
Ce roman questionne la nature de l'intelligence, de la conscience. L'IA est representeey par Evrim, un être artificiel intelligent et qui n'est pas dépourvu d'empathie. Il place par sa présence la fiction dans une proposition post-humaniste. Moitié-moitié personne et robot.
Le monde de l'océan est dans le cœur de l'écrivain, sa défense, sa protection.
De l'eau à perte de vue...
Il y a l'espace, les galaxies. Il y a la terre, l'eau. Le voyage intérieur de Ray Nayler nous entraîne dans un temps de métamorphose, un grand rêve.
500 pages dont je retiens certaines images fortes, un dialogue avec le vivant, un dialogue avec un texte.
Alors qu'un déluge violent et destructeur s'est abattu sur Mayotte, Ray Nayler nous met face à une petite terre pleine de violence. Les conteurs des textes bibliques ne sont pas loin qui pensèrent à un autre déluge, à Noé et son arche et tous ces animaux. A la lassitude d'un Dieu qui après avoir créé le monde décidé de l'effacer. Peut-être rêvant d'une nouvelle humanité... tout en pensant la douleur de la perte. Le temps de l'absence...
Est-ce que Ray Nayler a écrit pour tenter de dépasser une angoisse profonde , une douleur de vivre ? Une sorte de récit d'une possibilité de Création, des nous du deuil et du commencement.
Ha me fait penser à Jonas, ce prophète qui survécut trois jours et trois nuits dans le ventre d'un poisson. Une créature de l'océan... Ha aurait pu être entraînées par Chanteforme au fond des océans... Mais elle a dit : Pas encore.... Elle a pris le risque de rester.
Je pense à un très beau film. Je crois que le titre c'est La mémoire de l'eau. Je chercherai...
"La Forme de l'eau" de Guillermo del Toro (2017)
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Forme_de_l%27eau
https://justaword.fr/la-montagne-dans-la-mer-un-premier-roman-de-science-fiction-tentaculaire-6e7a0a3f55a9
Magnifique !
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