Justine Niogret - Chien du
Heaume - J’ai lu
Les quelques lecteurs de ce blog se souviendront peut-être
que Mordred de Justine Niogret avait fait l’objet il y a quelques années
d’une fiche de lecture – un peu sévère – ici même. Il aurait été injuste de ne
pas relire et chroniquer Chien du Heaume qui révéla en 2010 ses qualités
d’autrice, doublement récompensées par le Grand prix de l’imaginaire et le
Prix des imaginales. Au risque de se répéter, mais autant enfoncer le clou,
Jean-Philippe Jaworski et Justine Niogret sont à mon avis les têtes de pont d’une
« école » de fantasy française qui ne dit pas son nom et dont la
principale vertu réside en une revivification de la langue française inspirée
par le parler médiéval et l’exploration des mythes chrétiens voire scandinaves.
L’auteur de ces lignes garde en mémoire les premiers paragraphes de La
guerre du feu dictés jadis en classe de 6ème et ce n’est pas
folie d’imaginer que les textes des deux écrivains précités fassent l’objet du
même traitement au profit des nouvelles générations.
Chien du Heaume est le surnom d’une mercenaire qui subsiste
en faisant le commerce de peaux ou en offrant ses services de guerrière. Elle a
acquis une certaine expérience dans le maniement de la hache et un archer
dépêché par un commanditaire inconnu pour l’éliminer en fait la désastreuse
expérience dès le premier chapitre. La jeune femme arpente un monde évoquant un
haut Moyen-Age que la chrétienté n’aurait pas encore conquis, même si l’on y
trouve à l’instar de La Sonde et la Taille quelques moines esseulés ou
regroupés en rares confréries. Tout est Bois et Hivers rigoureux dans ce rude
univers que Chien du Heaume parcourt animée par une quête, celle de son nom. Quelques
rares souvenirs et l’image des serpents entrelacés gravés sur son arme
entretiennent ses errances à défaut de lui fournir des pistes sérieuses. C’est
ainsi qu’elle trouve refuge dans le castel du seigneur de Broe.
Ce qui aurait pu constituer l’achèvement d’une Geste s’éparpille
alors en récits enchâssés d’hommes de guerre vieillis, cloitrés dans l’hiver et
les souvenirs, malgré l’ire d’une fillette trop tôt mariée et résolue à se
venger. La littérature générale est plus tolérante en ce domaine que la
littérature de genre. Mais on se souviendra de quelques beaux personnages et de
cet aphorisme « L’amour ne se love en cœur que pour mieux y mordre ».
3 commentaires:
Quand on eu mangé le dernier chien”, autre titre m’avait fortement marqué.
Je note celui ci.
PLus tard je "m'attaquerai" à Mordre le bouclier sv
Très étrange passage de Mordred à cette guerrière solitaire. Je ne peux m'empêcher de penser à Orlando de Virginia Woolf qui trouva dans l'écriture une double présence masculine et féminine. Telle que vous la décrivez, Soleil vert, elle est très masculine et brutale. Mordred, au moins avait appris le nom des fleurs auprès de sa mère.
Ce cadre moyenâgeux, ces chocs d'épées, ce sang. L'écriture doit s'en ressentir dure et haletante.
La dernière phrase du billet pourrait être signée par Virginia Woolf.
C'est très tentant. Merci pour la découverte.
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