Junji
Ito - Spirale - Delcourt
Le genre horrifique sous toutes ses déclinaisons,
littéraires ou cinématographiques, n’est pas mon fort. Simetierre de
Stephen King m’a littéralement paniqué, ruinant tout tentative de lecture des productions
de Peter Straub et consort. J’ai écumé les classiques fantastiques publiés
jadis chez Marabout. J’ai admiré le Psycho d’Hitchcock, le Shining
de Kubrick, supporté quelques Alien, visionné nombre de vieilleries honorables
(Tourneur, Franju …) mais délaissé injustement le cinéma de Romero et de Dario
Argento. Or le gore monte en puissance en particulier dans le manga, cette
bande dessinée japonaise que le public français s’arrache à coup de millions
d’exemplaires. Plonger dans Spirale était, au-delà de la lecture d’une œuvre
hors norme, l’occasion de plonger dans l’inconscient de nos plus ou moins
jeunes contemporains, de comprendre le présent en furetant dans les angles
morts négligés par la recherche universitaire.
L’adolescente Kirié Goshima raconte les évènements survenus
dans sa petite ville natale de Kurouzu, un petit
port de pêche doté d’un phare. Elle habite avec sa famille au cœur de la cité
et fréquente le lycée situé plus à flanc de montagne. Kirié a un aussi un petit
ami du nom de Shuichi qui fréquente un établissement scolaire d’une autre ville.
Elle a pris l’habitude de le raccompagner chez lui en fin de journée. Shuichi
rêve de quitter définitivement les lieux, hanté par un obscur pressentiment. Les
craintes du jeune homme connaissent un début de confirmation avec l’obsession
soudaine de son père pour les objets spiralés. Elle envahit son quotidien ;
un jour Shuichi et sa mère découvrent son cadavre enroulé bizarrement dans un
énorme baquet. Lors de la crémation, la fumée s’envole en spirale dans le ciel.
Frappée de folie et atteinte de la même pathologie, la mère de Shuichi meurt à
son tour. Les dix-huit chapitres suivants (1) décrivent la progression du Mal
dans la cité, frappant les habitant, polluant l’écosystème.
Perturbant mais fascinant,
Spirale doit sa réussite à
une histoire cohérente menée de main de maitre, à cent lieues des story à
rallonge qui se déploient en dizaines ou centaines de volumes. Elle est déclinée
en 20 récits publiés en autant de fascicules au Japon en 1998 et 1999.
L’intégrale publiée en France en 2016 sauf erreur, était épuisée et Delcourt la
réédite tout en s’attaquant aux autres productions du mangaka. Junji Ito crée là
un univers à la Lovecraft. Choix génial que cette figure géométrique qui structure
aussi bien le microcosme de la Création que le macrocosme, l’ADN comme les
galaxies. L’auteur en déploie les représentations et les malfaisances, revisitant au passage de
vieux mythes comme celui de la Gorgone («
Les cheveux bouclés -
chapitre 6 »). Le dessin renforce l’impact du propos. Il rappelle la
ligne claire de Taniguchi et ce réalisme, appliqué aux scènes les plus
glauques, - le fameux « body horror » -, heurte vraiment les sensibilités
au point de m’inciter à ne pas les reproduire ici, malgré leur
représentativité. On note parfois quelques analogies ; ici page 272, un
ciel au-dessus du phare qui se souvient de
La nuit étoilée de Van Gogh,
là, page 20 l’expression de la folie du père de Shuichi ou le portrait d’Azami
Kirotani page 85 effectués à la manière de Crumb. Les lecteurs de la trilogie
du
Rempart Sud auront repéré le phare, le puit et son escalier.
Le manga s’achève en postface par une étude d’un ancien
diplomate japonais qui tombe comme un cheveu sur la soupe. On y apprend à
minima que les hommes politiques de l’archipel nippon prennent les BD au
sérieux. C’est déjà çà. On sait, et cela vient de loin comme Godzilla par
exemple, que les artistes de l’archipel nippon savent exorciser leurs peurs en
les dotant d’une charge symbolique. Plus récemment
L’attaque des titans
revisitait le mythe de l’ogre exprimant peut-être, la peur du monde adulte (2).
Dans
Spirale, on trouve de nombreuses représentations fœtales, à
commencer par le cadavre des pages 40,41, les habitants agglutinés dans les
cabanes concentrationnaires page 575 et la scène finale. Cette
attirance/répulsion prend un tour actif dans l’hallucinant et cauchemardesque
chapitre11 «
Le cordon ombilical ». Des bébés communiquent
entre eux leur volonté de réintégrer le ventre maternel (page 347). Un désir
freudien que le chirurgien du service de maternité de l’hôpital de Kurouzu met
à exécution sous l’œil effaré de Kirié Goshima, bloquée dans un lit à cause d’une
chute dans l’escalier. On notera aussi la transformation de certains en gastéropodes,
la coquille spiralée transformée en refuge. Quelle signification apporter à cet
enfer involutif ?
Junji Ito a réalisé une œuvre aussi magistrale que
dérangeante placée sous le signe de Lovecraft, de Mary Shelley et du Kafka de
La
métamorphose.
(1) L’ouvrage se termine par un vingtième récit étranger au
corpus narratif.
(2) Un thème exploré aussi autrefois par la littérature
française, Chessex, Tournier …
65 commentaires:
Spirale. Aussi un titre de Paul Halter, le Dickson Carr français. Et il me semble que ses héros sont adolescents. Mais ça s’arrête là.
Ah, enfin un livre d'une infinie douceur...
Plus sérieusement, le succès de ce livre est une énigme autant au Japon qu'en Europe.
Vous dites et je veux bien le croire que les dessins du livre dont insupportables de sadisme et de cruauté. Ils doivent laisser une empreinte indélébile dans la mémoire du lecteur. Alors pourquoi cette fascination qui de plus semble liée à une grande beauté des dessins ?
Qu'est-ce qui en l'homme socialisé, raffiné est en attente de cette effraction dans l'inconscient ? Quel désir d'horreur, de sadisme ? L'explication par métaphores ne suffit pas. Tout au plus elle est un alibi d'intellectuel.
C'est assez troublant, même effarant.
Dans le monde de l'aliénation il y a parfois abolition de la contrainte que se donne l'être humain pour résister à ces gouffres...
C'est bien que vous ayez ouvert vos chroniques à cette énigme.
Je pense au colonel Kurtz dans le film de Coppola inspiré par le personnage de Conrad dans le roman "Au coeur des ténèbres"
Là, c'est les horreurs de la guerre qui ont fait basculer un homme dans cet enfer. La fin est terrible..
Il meurt en disant : "Horreur ! Horreur !
Les ténèbres, ont gagné l’âme de Kurtz . On est maintenant au « Cœur des ténèbres ». Terrible dualité de l'homme qui peut régresser vers un état primitif de fureur, de cruauté.
Encore une fois je reviens à la fiction qui peut librement inscrire cette noirceur dans d'autres univers, dans les motivations de personnages qui souvent ne sont pas humains.
Voilà que j'ai envie, soudain, de lire un poème de Paul Celan. La poésie poreuse de Celan...
Grille de parole
"Rond d'un œil entre les barres.
Vibratile animal paupière
rame vers le haut,
permet un regard.
Iris, nageuse, sans rêve et morose:
le ciel, gris-coeur, doit être proche.
Si j'étais comme toi. Si tu étais comme moi.
N'étions-nous pas
sous un seul et même alizé ?
Nous sommes des étrangers."
(Traduction Pierre Lefèbvre - choix de poèmes - Gallimard)
https://soleilgreen.blogspot.com/2021/04/au-cur-des-tenebres.html
« Horreur , Horreur »Ce qui est pour un anglo-saxon , une très belle citation de Macbeth et du rôle de Macduff.,,.qui évoque la fin : « Life is à walking shadow/ à tale told by an idiot, which signifies nothing… »
Magnifique !
Une autre façon d'écrire, celle de John Fante dans son roman autobiographique " Demande à la poussière " / "Ask the Dust".
Page 103
"Alors je me suis mis à la machine et j'ai écrit sur tout ça, comment ça aurait dû être, ce qui aurait dû se passer, et je crachais ça en martelant les touches avec une telle violence que la machine n'arrêtait pas de s'éloigner de moi sur la table. Sur le papier je la piégais comme un tigre et je la battais comme plâtre et je la dubjuguais de ma force invincible. Cela se terminait évidemment par des pleurs : elle se traînait après moi dans le sable, les yeux noyés de larmes, et m'enjoignait d'avoir pitié d'elle. Bon, ça. excellent. Mais en relisant j'ai trouvé ça moche et ennuyeux. J'ai déchiré les pages et je les ai jetées."
subjuguais
J'avais besoin de reprendre souffle, Soleil vert, souffle de tendresse. Écoutez la voix douce et troublante de Jean Marie Le Clezio. Une de ses nouvelles dans "Avers" : "La rivière Taniers" page 145.
"Un souvenir ancien, si ancien qu'il pourrait avoir été inventé"...
D'abord les voix du grand-père, grave, puis celle de la grand-mère douce. Ses chansons créoles qu'elle fredonnait pour l'endormir. Une de la rivière Taniers...
Alors, il imagine le temps ancien du peuple mauricien...
"Pourquoi les berceuses sont-elles si souvent tristes ? Est-ce parce que la vie qui attend, au-dehors, au sortir des bras chauds et des mamelles douces, la vie est dure et mauvaise, violente, terrible ? Ou bien parce que la porte du sommeil s'ouvre sur les cauchemars, sur la solitude, et quelquefois entrer dans la nuit c'est entrer dans la mort ?"
Il laisse la mémoire de ces berceuses lui parler de
ces terreurs de l'enfance, nées de la forêt proche : les démons, les tigres, les poissons féroces... Cette peur qu'il fallait fuir en entrant dans le sommeil, les yeux bien fermés.
La mémoire l'entraîne sur des scènes de guerre, d'exil, les abris de fortune, les cases de tôle, l'esclavage...
Puis la vieille voix reprend sa chanson et recommence :
"Mo passé la rivière Taniers / Rencontré en vieil grand maman /Grand dimoune ki wa pe fer / ça ki vieil reste dans la case /Li dire mo mo bien misère / Mo ena tout mo couraz/ Waï waï mo zenfant/ Faut travail pou gagne so pain..."
"Yaya, la vieille nénéne de mon grand-père. C'est d'elle qu'il a reçu la chanson mélancolique de la rivière Taniers. Yaya, elle était fille d'esclave, arrivée à Maurice en 1820....
C'est magnifique, troublant, poignant, ce beau regard de Le Clezio sur ceux qu'on ne voit pas ailleurs, très loin et ici...
Le Grand Père ou l’ Arrière est tout de même le Roi du Sucre qui empêcha Maurice de devenir française…Alors le coté oncle Tom du personnage…
Cette chanson, elle vient de la nounou du grand-père, Yaya,. C'est elle qui est fille d'esclave. Elle avait quarante ans quand le grand-père est né. Elle ne l'a pas nourri mais bercé en lui chantant des berceuses , en lui récitant des contes. Elle s'est occupée de tous les enfants de la famille
C'est pour elle que Le Clezio écrit cette nouvelle .
"Yaya avait sa vie mais qui s'en est soucié ?"
Chaque nouvelle est écrite pour nous présenter un de ses invisibles, parfois très près de nous (RER, métro, recoin de porte, bidonville, église, sous les ponts,....).
Sur la quatrième de couverture, on peut lire : "Avers. Des nouvelles des indesirables.
Pour moi, l'écriture est avant tout un moyen d'agir, une manière de diffuser des idées. Le sort que je réserve à mes personnages n'est guère enviable, parce que ce sont des indésirables, et mon objectif est de faire naître chez le lecteur un sentiment de révolte face à l'injustice de ce qui leur arrive." J.M.G.L.C.
La nouvelle "La rivière Taniers" fait 14 pages. Elle commence par l'évocation de la grand-mère. qui "n'était pas créole, elle était née dans l'est de la France, à Beaurieux, dans une plaine de betteraves." Le Clezio ajoute "qu'il n'y avait pas là-bas de rivière Taniers. Il y avait seulement la langue picarde, les chansons de France, les Fais dodo, les Colas, les moulins (...) et surtout pas cette voix de la vieille nénéne noire, cette voix de nuit chaude. "
Il faut croire que son grand-père chantonnait cette ancienne berceuse...
"Jean-Marie Gustave Le Clézio est le fils de Raoul Le Clézio (chirurgien) et de Simonne Le Clézio. Le nom de famille est d'origine bretonne et rurale, «kleuzioù, ar c'hleuzioù » (« talus en bord de chemin - avec ou sans fossé »). Ses parents sont cousins germains (tous les deux ont les mêmes grands-parents paternels, sir Eugène Le Clézio et Camille Accary) et sont issus d’une famille bretonne émigrée à l’île Maurice au XVIIIe siècle, où ils acquièrent la nationalité britannique à la suite de l’annexion de l’île par l'Empire britannique. Le Clézio se considère lui-même comme de culture mauricienne et de langue française. Il écrit ses premiers récits à l’âge de 7 ans, dans la cabine du bateau qui le conduit avec sa mère au Nigeria où il va retrouver son père, qui y est resté pendant la Seconde Guerre mondiale. Il effectue ses études au lycée Masséna, puis au collège littéraire universitaire à Nice,...." ( Wiki)
"...à Nice, à Aix-en-Provence, puis à Londres et à Bristol." ( Fin de la notice biographique de Wikipédia.
Et un peu plus de détails... Mais pas de sucre !
https://www.associationleclezio.com/ressources/biographie-de-j-m-g-le-clezio/
Le Clezio ... on verra plus tard
1 manga de Yoshiharu Tsuge tout en sensibilité et 2 (!) John Fante
1 sf
sur fond sonore
https://www.youtube.com/watch?v=EI3ATDO3oEI&list=PLLBkkD7Zi2H44fHqcWnNLrlTjt7PRZY0O&index=4
C'est très surprenant de vous lire. Un peu surréaliste. Longtemps que je n'avais écouté Anyone who had a Heart.
Bref. Burt est mort ce jour mais il a laissé des musiques à chavirer. Oui, Le Clezio...
Ses huit personnages sont attachants mais rien ne presse. C'était en passant...
Des mangas tout en sensibilité. Chic alors ! Et une SF de John Fante. C'est extra.
Quel moissonneur vous faites ! Et quel plaisir d'être surprise par vos choix imprévisibles.
Burt Bacharach
Quelle belle interprétation ! On l'écouterait en boucle...
C'est très surprenant de vous lire, oui. Votre écriture semble fonctionner sur des intuitions que vous vérifiez ensuite.avec sérieux et le plus d'objectivité possible dans vos chroniques. Mais vos choix appartiennent à un horizon très personnel. Ces petits textes me font entrer dans la lecture d'ouvrages souvent inconnus. Alors par une histoire j'entre dans votre univers. Les dialogues ouvrent alors à une certaine fragilité, à une confiance. Ici, on peut confier sa parole à un autre.
Se crée ainsi, de livre en livre, une mémoire littéraire
avec ces pages qui offrent un autre lien, un autre lieu. On suit la route de la caravane, le passage.
Pour cela il faut s'éloigner des territoires connus. Bien que parfois, une réminiscence nous conduit à retrouver un livre aimé.
C'est une école buissonnière. Ici, on ne se laisse pas enfermer. On devient. On dit "pourquoi ?" car toutes les réponses ne sont pas données.
La caravane se transforme en bateau livre.... ivre. La lectrice est ballottée, transbahutée.
Je pense à Bachelard. "L'eau et les rêves" ( Corti). Car il y écrit que le fait imaginé est plus important que le fait réel .
En page 254, cette image qui ressemble à la lecture.
"Tombant de la feuillée après l'orage, il est des gouttes qui clignotent et font trembler la lumière et le miroir des eaux. A les voir, on les entend frémir."
Je lis, attentive et libre ces livres qui vont de rêve en rêve. Oui. Les idées font l'école buissonnière....
Je ne sais dans quel livre vous avez trouvé une SF de John Fante. Si vous le pouvez, ouvrez le livre de ses nouvelles écrites entre 1932 et 1959. Elles sont regroupées dans un livre édité par Christian Bourgois sous le titre "Grosse faim". 1952. C'est d'ailleurs le titre d'une nouvelle sidérante décrivant les fantasmes d'un gamin de sept ans qui s'imagine trucider soeur, frère, copain... Se révoltant contre les dictats de sa mère. Les faits de mêlent à la fiction. Grandiose... Et la dernière qui m'a le plus perturbée, "Mon premier voyage à Paris". 1959. Un peu comme "La Chute" de Camus. Sortant d'un hôtel de luxe, il croise une mendiante âgée et triste, accroupie devant un mur. Il pleut.. Il n'ose l'aborder, l'aider. Rêve qu'un autre fasse ce qu'il n'arrive pas à faire : s'arrêter, lui parler, l'aider. Personne ne s'arrête... Que va-t-il faire ?
Et rareté : quelques pages qui manquaient dans le prologue de "Demande à la poussière"/ "Ask the Dust ". Un ami lui avait déconseillé de publier ces lignes car il y révélait la fin de l'histoire. Et pourtant quelle richesse....
Dix-huit textes brefs, percutants. Un style qui happe, une écriture qui va droit au but, qui décortiqué magistralement nos pensées secrètes.. J'aime vraiment beaucoup.
J'ai écouté "Anyone who had a Heart" à nouveau. C'est vraiment la meilleure des cinq chansons de Burt Bacharach que vous avez mises en lien. Peut-être à cause de ce rythme syncopé et de la beauté étrange des paroles , de la voix de cette chanteuse. Un beau cadeau. Merci.
Un enchaînement de ruptures et relances dans la mélodie.
Je ne sais dans quel livre vous avez trouvé une SF de John Fante
-Je n'ai pas dit cela 2 John Fante et un SF
Yes !
Ça fait donc un livre de plus. Chouette !
Chroniques Vénusiennes de John Fante?
Dans le desastre de cet accident qui dévaste aussi une famille, Damien écrit sur la RdL un commentaire très profond, d'une rare humanité. Je mets les premières lignes pour que vous le retrouviez. Un peu plus haut, un premier commentaire de lui très juste aussi.
"La maison de Palmade, où il s’isolait du monde, était au sud de Paris, à Cély-en-Bière. Là il faisait de grandes fêtes, des orgies, avec de la drogue dure (Palmade était adepte des rapports sexuels sous came). Cette déliquescence morale rappelle Edgar Poe,..."
Extrait du premier commentaire de Damien. On pense à Bernanos....
"Il a commis en somme un crime de la route, avec sa voiture, alors qu’il faisait la fête et qu’il était drogué. Néanmoins, ne nous acharnons pas sur lui. Comment va-t-il survivre à cela, lui qui est si fragile psychologiquement ? Au fond, lui aussi, comme le bébé, est mort dans cet accident, et sa vie est détruite, comme celles des trois autres personnes grièvement blessées. Palmade réagira-t-il dignement, assumant son forfait ? Ou bien essaiera-t-il de se réfugier dans un déni de réalité, qui était son lot lorsqu’il consommait de la drogue ? Un long cheminement de rédemption s’ouvre à lui, quelque chose de nouveau pour cette pauvre âme perdue, pas bien intéressante, mais âme quand même. ..."
Je ne sais qui est ce Damien. Je lis avec attention ses commentaires. Il aide à réfléchir avec des mots qui ne laissent pas indifférents. Idem pour la littérature quand il s'y penche. Il me rappelle une autre plume, un autre blog que j'aime visiter.
C’est l’exemple type de fausse bonne cause à mon avis, et je me fonde sur des souvenirs certains. MC
Peut-être... Mais le portrait que livre Damien de cet homme est touchant bien que je ne cesse de penser à cette famille dévastée, brisée, blessée gravement, à ce bébé qui n'aura pas vécu, a son frère qui est dans un état grave comme le père. Et la mère.... .
Par ailleurs, beaucoup trop d'accidents récents provoqués par des conducteurs sous emprise de drogue avec parfois des délits de fuite et une vie crapuleuse.
Là, c'est un homme desservi par le fait qu'il est connu et pas toujours justement.
Mais je comprends M.C. votre reaction .
Il est très difficile de se positionner par rapport aux faits divers surtout dans un temps ouy les médias en font leur une.
Pendant ce temps, en Syrie et en Turquie que de morts, malheurs et de souffrances,...
Bonne soirée, cher, M.C..
Et puis vous voyez Bernanos décrire du Palmade???
Relisez Mouchette....
Un roman inoubliable...
https://www.cairn.info/revue-transversalites-2009-3-page-13.htm
Et le film de Bresson. Épatant. Lui c'est "Mouchette". Bernanos c'est "La nouvelle histoire de Mouchette."
Mais ce n’est pas du tout ça Mouchette! D’un côté une enfant, de l’autre un acteur de show buisness, et si la perversion de la première paraît causée par la société, le texte est ambigu, elle débouche sur la mort. Ici on a un causeur de mort cocaine pour qui nul rachat n’est possible, à supposer qu’il y ait une théologie des accidents de la route, bien entendu ! Non , je ne marche pas.La sinistre épave n’a pas changée depuis trente ans, c’est le contexte qui en révèle l’inconscience…De ce point de vue, opposé radical de Bernanos et de Mouchette, justement!
Dans Mouchette, il y a une pureté par défaut. L’idee d’une pureté palmadesque est aussi grotesque que risible…
Ce n'est pas pour la pureté mais pour la façon dont elle vit diverses humiliations. Je crois, bien que je connaisse très mal la vie de cet homme, Pierre Palmade, qu'il en a encaissées pas mal quand il était enfant et adolescent quant à son apparence physique et les débuts de son homosexualité.
Toutefois, la rage que vous exprimez à son égard jusqu'à dans l'emploi de termes méprisants fait qu'il est difficile, voire inutile d'en parler avec vous ce soir. Il reste que c'est un drame épouvantable de plus dû à la prise de ces drogues et de l'alcool.
Mouchette est un très grand livre, le film aussi. On en parlera une autre fois..
L'érotisme de l'autre est un mystère. Quel lieu obscur que le corps... Pierre Palmade me semble par ces prises de drogue et d'alcool, ces débauches vouloir aussi joindre la vie à la mort ( comme Mouchette). C'est un déraciné, toujours
fuyant ses démons. Comme si son identité lui devenait insupportable... Que cherchait il dans ces paradis artificiels si ce n'est un lieu et un temps où tout est permis, à contre morale, au rebours des lois et même de l'humain.
ll ne se remettra jamais de cet accident mortel où il a broyé involontairement la vie dinnocents.
Nous faisons ici, maintenant, vous et moi, l'expérience d'une sorte de fermeture des mots .
Pierre-Alain Cahné ausculte ici la misère humaine avec une telle acuité (lien). Le cheminement de sa pensée pouvait obtenir votre attention, M.C.... Je l'avais choisi pour vous qui vous demandiez si Bernanos aurait pu écrire sur Pierre Palmade.
Le lisant, nous allons vers plus d'insaisissable. Il arrive que l'obscur d'une vie dresse un mur face à notre compréhension. Les certitudes empêchent de s'interroger...
Je vous souhaite une bonne journée.
PS : je suis outrée par les paroles haineuses qui vous sont adressées sur la RdL. Là aussi beaucoup d'obscurité dans les pensées de celle qui vous injuriant se couvre de laideur.
Ah Pierre-Alain Cahne ! Il m’a donné quelques cours de prépa agreg. Il y a longtemps ! C’est dans ces mêmes années lointaines que j’ai croisé le phénomène dont nous parlons. Il était déjà sous drogue et venait avec son harem, Un de mes amis qui travaillait alors dans le milieu de la nuit ou la sainteté pourtant n’est pas toujours de mise, le jugeait « malsain » et j’ai ratifié de visu ce diagnostic pour l’avoir croisé plusieurs fois.On pourrait dire d’autres choses mais je m’en tiens à l’essentiel.’Ne vous en faites pas pour le reste, les chiens aboient la caravane passe, encore que ce proverbe oriental soit bien dur pour les canidés! MC
Ça alors !
@ SV
Je reviens à Spirale, belle chronique. C’est une descente vers le sordide.
En film ça doit être horrible.
Il y eut aussi dans les Mangad le Chevalier ( ou la Rose )de Versailles, qui fit l’objet d’une belle communication d’un collègue américain. ( Orlando ou Salt Lake City, avec une préférence pour Orlando…). Bien à vous. MC
Mangas. Ah les corrections automatiques non demandées…
Oui. C'était corrigé. La rose de Versailles ( d'après le net) c'est un sacré mélange de zombies et de personnages historiques au XVIIIe siècle
Par contre rien sur Orlando ni sur Salt lake City...
https://www.babelio.com/livres/Ikeda-La-rose-de-Versailles-tome-4/1155417
Où celui-ci :
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Rose_de_Versailles
Oui, plus troubles dans le Genre, etc. Son nom me revient, la communication etait de Russel Ganim. Fort intéressante d'ailleurs, et sans jargon. Très pédagogique pour un public non initié. MC
https://www.researchgate.net/publication/333330506_Fleur_rebelle_fleur_royale_the_friendship_of_Lady_Oscar_and_Marie_Antoinette_in_The_Rose_of_Versailles
Lisant le résumé de l'analyse de Russel Ganim, je comprends mieux votre allusion à Orlando. Celui de Virginia Wolf ?
Ce sont des fictions étrangement proches du personnage dont nous parlions...
Woolf
https://fr.wikipedia.org/wiki/Orlando_(roman)
Eh non , c’est Orlando en Floride! Mais ce pourrait être woolfien, oui. Ou avez vous lu cette communication?
En vagabondant sur le net ayant mis son nom dans le moteur de recherche. Elle était en anglais.
Sur ce très très bonne nuit. Le marchand de sable est passé....
Vous avez tout à fait raison, et e ne sais pas pourquoi je lis encore à cette heure la biographie d’ Henri de Rohan… Bien à vous. MC
"Avec tous les talents, le ciel l'avait fait naître ;
il agit en héros, en sage il écrivit ;
il fut même un grand homme en combattant son maître,
et plus grand encore quand il le servit » (Voltaire)
Sa mère dit alors : « Roi ne puis, duc ne daigne, Rohan suis »
@SV
Parasite,un manga d’horreur chez Glenat mangas est un peu du même style horrifique.
Mais aussi le nom d'un excellent film :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Parasite_(film,_2019)
Duc, il l’est tout de même !
Prononçant ces paroles, la mère d'Henri de Rohan faisait peut-être allusion au fait que la famille de Rohan à partir du XVIIe siècle utilise sa généalogie et sa puissance à la Cour pour obtenir le rang de "prince étranger" passant ainsi juste après les princes du sang et "avant l'ensemble des ducs et pairs". Le but était de prouver que les anciens rois de Bretagne avaient bien été souverains et que les Rohan descendaient d'eux en ligne directe."...
En général, je n'aime pas les dessins des mangas. Ces personnages avec des grands yeux, des expressions frisant la caricature, des décors souvent inexistants. Je crois que l'édition galopante de ce genre au Japon et maintenant en France a facilité des éditions de qualité moyenne pour ces dessins en noir et blanc sauf justement ces dessins qui sont inclus dans votre billet, virtuoses. Vous dites, Soleil vert, que "Le dessin renforce l’impact du propos. Il rappelle la ligne claire de Taniguchi" et que "Junji Ito crée là un univers à la Lovecraft. Choix génial que cette figure géométrique qui structure" le récit.
Oui un grand artiste mais une imagination très très sombre.
Mais ce Rohan là est protestant et il me semble que l’affaire Conan Meriadec date de l’Histoire de Bretagne des Bénédictins, toujours une référence, mais du dix-huitième siècle. Cette affaire coûtera d’ailleurs sa place à l’un des Historiographes…
Bon, cher M.C., merci ! Mais je passe à mon premier manga "L'homme sans talent" de Yoshiharu Tsuge (Atrabile)
Avez-vous déjà lu des mangas ?
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