Roger
Zelazny - Le temps d’un souffle, je m’attarde - Le passager
clandestin/dyschroniques
Dans un futur indéterminé,
les hommes ne sont plus. Ne subsistent d’eux que leurs réseaux de machines.
Solcom, une Intelligence Artificielle satellisée dirige leurs activités. Deux autres
IA le seconde sur Terre, Gel chargé de l’hémisphère Nord et Machine-Béta de l’hémisphère
Sud. Avant de disparaître, les humains ont conçu un autre super-ordinateur
chargé de prendre la relève au cas ou Solcom disparaitrait. Divcom, c’est son
nom, fut activé à la suite de l’explosion d’un missile nucléaire qui
endommagea, sans les entamer, les fonctions de Solcom. Depuis les deux IA s’affrontent
par l’intermédiaire de leurs serviteurs mécaniques.
L’un d’eux Gel découvre
un jour des artefacts humains. Enthousiasmé par ses maigres découvertes sur les
Créateurs, il demande l’aide de Mordel, un des agents de Divcom pour en
découvrir davantage. Tous deux signent un pacte. Si Gel échoue dans sa tentative
de compréhension des Humains, il se mettra au service du Maitre des Profondeurs.
Wall-e |
A titre remarquable, nouvelle
remarquable. Roger Zelazny emprunta le sien à un poème d’un certain Alfred
Edward Housman datant de 1896. Paru en 1966, le texte fut traduit en français
et intégré dans le Livre d’Or de l’auteur en 1983. La collection Dyschroniques
le réédite dans une traduction révisée, complétée par une très intéressante postface.
Elle rappelle le contexte dans lequel « Le temps d’un souffle, je m’attarde »
fut conçu, à savoir les travaux de Wiener sur la Cybernétique, de Turing,
McCarthy, Shannon, Minsky et Rochester sur l’intelligence artificielle. Il est
à cet égard désolant de constater, qu’en France Georges Bernanos publiait La France
contre les robots, alors même que surgissaient outre-Atlantique, les
concepts de machines réplicatives, de singularité, de machines apprenantes etc.
Même la littérature de science-fiction peinait à suivre le courant de pensée
des années 1950-1970.
Les machines succédant ou
remplaçant les êtres humains :la nouvelle de Roger Zelazny inspira 2001
et son ordinateur fou, Blade Runner, peut-être « Le robot qui rêvait »
d’Isaac Asimov, ou plus récemment le film Wall-e. Elle renouvelle le mythe
faustien avec une déclinaison inédite. Gel signe un pacte avec Mordel, c'est-à-dire
le Diable, pour échapper à la finitude de son existence. Mais il ne le fait pas
au nom du Pouvoir ou des biens matériels, mais de la transcendance, de l’Homme. La logique,
contre l’émotion, les sensations …
Merci à Dyschroniques d’avoir
publié ce petit bijou de science-fiction.
92 commentaires:
Ces robots deviennent intéressants et émouvants quand ils se heurtent aux sentiments humains. L'intelligence mathématique, sidérante, leurs capacités d'intervention inouïes ne vaudront jamais une larme ou un sourire.
Donc ce Gel est très sympathique puisqu'il vend sa ferraille au diable pour avoir une âme !
Voilà !
Pas d’accord! La France contre les Robots est un texte mettant en garde contre les périls du machinisme, ou d’ailleurs il est moins question de robots que de tracteurs et de ce qu’on appellerait fort justement du patriotisme économique ou du colbertisme bien compris. «il est de l’honneur de la France de ne pas acheter les tracteurs de Mr Mac Cormick. « Bernanos ne fait pas de SF, il s’inquiéte de la disparition sous les coups de la mécanisation d’un savoir immémorial.Je pourrais aussi m’amuser à chercher à l’époque des exemples de Science Fiction poussive, tiens, l’Ile aérienne de Max Andre Dazergues, prévoyant la conquête de la Lune par un escalier aérien de trois plateformes. On n’en verra qu’une dans le récit. Passons sur Zelasny, ses ordinateurs rebaptisés IA, c’est un auteur qui me.distille un profond ennui. Au point que. J’ai même cru un moment qu’il était français ! Bien à vous. MC
Bernanos : Il ne s'agit pas d'un texte contre les robots bien sûr (ce serait une grossière erreur de ma part), mais d'un pamphlet contre la société industrielle, le machinisme et au final contre le progrès. Déjà qu'on avait du mal à se remettre de l'idéologie de "la terre ne ment pas"... Ce n'est pas la société industrielle qui doit être mise en cause mais la distribution des profits (voir Raymond Aron).
Débat intéressant
"(...) nous sommes désormais en possession d’une certaine espèce d’imbécile capable de résister à toutes les catastrophes jusqu’à ce que cette malheureuse planète soit volatilisée, elle aussi, par quelque feu mystérieux dont le futur inventeur est probablement un enfant au maillot. »
Riche idée, Soleil vert, d'avoir rappelé cet essai de Bernanos.
https://www.dailymotion.com/video/x22aow7
Un extrait de l'essai lu et prémonitoire. Voilà qui nous ramène effectivement au domaine de la science-fiction.
Une très longue et utile méditation de Juan Asensio sur cet essai de Georges Bernanos. ( Deuxième partie après Nicolas Berdiaeff).
Juan Asensio est passionné par Georges Bernanos et lui a consacré plusieurs chroniques brillantes sur son blog.
https://www.juanasensio.com/archive/2020/02/16/la-france-contre-les-robots-de-georges-bernanos.html
https://www.en-attendant-nadeau.fr/2021/11/17/bernanos-angelier/
Voilà !
https://youtu.be/OQqJ8DR8pWI
Sans se déplacer, mardi !
Merci Christiane
Asensio dit : "Bernanos concluant ce passage en écrivant qu'un «monde gagné pour la Technique est perdu pour la Liberté» "
En fait la crainte de Bernanos c'est que l'Homme soit dévoré par la Machine. Dans le texte de Zelazny c'est l'inverse : une Machine veut devenir Humaine.
La technique ne s'oppose pas forcément à la vie intérieure. Les fortes croissances des années 50-60 ont laissé imaginé la naissance d'une civilisation des loisirs. En peinture les progrès techniques (les inventions de la perspective, du tube de gouache) ont ouvert de nouveaux univers.
C'est vraiment passionnant. De Bernanos je ne connaissais que les grands romans sombres, magnifiques. Vous me faites découvrir cet homme en colère et intègre, cet auteur de textes offensifs , d'essais.
J'ai commencé le limpide roman de Roger Zelazny "Le temps d'un souffle je m'attarde" (traduit par Jean Bailhache /Dominique Bellec, le directeur de la collection "le passager clandestin".)
Ce n'est pas du tout ennuyeux, une nouvelle de science-fiction qui n'a pas vieilli .
L'écriture est claire , très poétique. Gel est amusant avec tout ce bric-à-brac d'artefacts humains qui lui sont piste pour retrouver l'humanité.
La perspective ? Si habilement évoquée dans le premier chapitre du roman de Jo Walton avec son personnage mémoire Filippo Brunelleschi (15e siècle et son art de représenter le monde de manière géométriquement exacte. Tout l’art du Quattrocento....
Quant au tube de gouache... Sans lui pas de peinture en extérieur, pas d'impressionnisme....
C'est émouvant, page 32, quand Gel cherche à ressentir une émotion sans savoir ce que ça sera. Juste peut-il dire : Ce sera différent...
La question est peut-on lui donner tort? Et je ne crois pas qu’il aurait apprécié le lien avec ce qu’il appelait lui-même la petainerie, la terre qui ne ment pas, Etc.
(Pétaineries ...) vous avez raison.
Mais avant de critiquer le machinisme en 47, il fallait bien l'édifier cette société industrielle française, dans un pays que Roosevelt voulait transformer en protectorat cinq ans plus tot. Un pays qui avait renié le merveilleux scientifique dans l'entre-deux guerres.
L'homme dépassé par la technique, trouve son expression aux USA avec le concept de singularité - c'est à dire quand la technologie devient hors contrôle - popularisé par Vernon Vinge dont l'ouvrage "Un feu sur l'abime" vient d'etre réédité Chez Laffont
Bav
SV
Humblement, une de mes meilleures fiches de lecture.
https://www.noosfere.org/livres/niourf.asp?numlivre=2146596160
Le prologue de cette fiche - il est vrai, excellente - me transporte en quelques lignes dans un quartier familier de Paris : Les Batignolles... Place Clichy... Les fortifs au delà des boulevards extérieurs avec ses gangs d'Apaches, les rupins collés au parc Monceau, les nuits de misère de Pigalle mais l'impasse Véron où Prévert et Vian regardaient les étoiles sur la terrasse derrière les ailes du Moulin, les lycées abritant les science-fictionneux - je n'ai pas connu !
Ces années là, j'étais en exil en Normandie quêtant les légendes de la forêt d'Ouche chères à La Varende. Et puis Montmartre vous a échappé, ses escaliers innombrables, ces ruelles longeant la vigne et le Bateau Lavoir.
Enfances gémellaires pour des gosses aux yeux miroir où un autre monde se glissait sur le réel. Un monde où craquait ce qui enserre les prisonniers du mur.
Vous donnez bien envie d'entrer dans cette fiction où les métaphores ne sont que des métamorphoses du réel. Merci pour le cadeau.
Vos chroniques sont comme les morceaux d'un monde dont vous détenez la clé.
Chaque histoire ne prend un sens que par rapport au tout de votre blog. Vous composez ainsi un monde que vous êtes en train de créer de livre en livre . Une cosmogonie du futur dont vous devenez le témoin en lisant ces récits , les déroulant comme ces rouleaux anciens peints et suspendus dans les temples bouddhiques du Japon. Récits à multiples péripéties tenant vos lecteurs en haleine.
Au passage vous laissez un conte à l'envers, le temps d'un souffle, pour que l'on s'attarde près d'un petit robot bien sympathique, Gel, celui qui constate que les humains ont laissé des messages, qu'ils avaient une âme, ressentaient le chaud et le froid, étaient capables de réfléchir, de s'émouvoir, de créer. Mais aussi d'être cruels...
Rencontrera -t-il leurs visages comme ceux peints sur les momies du Fayoum pour que les parents et les familiers puissent une dernière fois s'imprégner de leur visage avant les ténèbres ?
Un monde dont je cherche les traces, aussi...
Mais je ne suis qu'au milieu du livre...
Cela me vaut le plaisir de votre compagnie
Idem.
C'est beau quand les premiers mots de Gel naissant en sa métamorphose humaine sont ceux de HAL le robot qui va mourir dans 2001, l'Odyssée de l'espace :
- Je... J'ai peur !
On dirait le ruban de Moebius.
C'est un conte très poétique qui trouve son titre dans ce long poème d'Edward Housman où "l'auteur suggère l'idée que l'humain n'est qu'une combinaison d'éléments assemblés par le hasard et qu'il doit jouir du présent avant de se dissoudre".(postface).
Donc page 59, un dialogue entre Béta et Gel :
"- Allô, Béta. Écoute ceci : "De loin, du soir et du matin, et de ce ciel aux douze vents là-haut, ce qui fait la vie est venu ici pour me former : me voici."
- Je connais ce poème, dit Béta.
- Alors, quelle est la suite ?
- "... Maintenant, le temps d'un souffle je m'attarde, avant de me disperser... vite, prends ma main et dis-moi ce que tu as dans le cœur."
- Ton pôle est froid, dit Gel, et je me sens seul.
- Je n'ai pas de mains, dit Béta."
(Poème tiré du recueil "A Shropshire Lad" ( "Un gars de Shropshire", 1896). Traduit en français en 1983 et fait partie du "Livre d'or de la science-fiction " consacré à Zelazny. Non republié en France avant cette édition. (Postface).
Autre traduction sur le site Recours au poème :
"From far, from eve and morning
De loin, du soir au matin,
And yon twelve-winded sky
Par les douze vents célestes
The stuff of life to knit me
Fut tissé mon fil de vie
Blew hither: here am I.
Qui exhala par là : me voici.
**
Now—for a breath I tarry
Maintenant- pour un temps, je reste
Nor yet disperse apart—
Ne me dispersant pas encore –
Take my hand quick and tell me,
Prends ma main, hâte-toi et dis-moi,
What have you in your heart.
Ce que tu as dans ton cœur.
**
Speak now, and I will answer;
Parle maintenant, et je répondrai ;
How shall I help you, say;
Comment puis-je t’aider, dis-je ;
Ere to the wind’s twelve quarters
Avant qu’au douzième vent
I take my endless way.
Je prenne mon dernier chemin."
*****
**************************
HOUSMAN POÈME
A SHROPSHIRE LAD
UN GARS DU SHROPSHIRE
http://artgitato.com/poeme-de-a-e-housman-1896-un-gars-de-shropshire-xxxii/
Pour vous,MC. On y parle intelligemment du duc d'Aumale.
https://www.france.tv/france-5/le-doc-du-dimanche/1947661-le-chateau-de-chantilly-une-histoire-francaise.html
« Un pays qui avait renié le merveilleux scientifique dans l’Entre Deux Guerres » Pouvez-vous préciser? Il me semble que le culte du savant comme St Laïc a été très puissant à l’époque. - Les Curie, Langevin, etc. S’agit-il de SF ? Il y a tout de même les Hommes Frénétiques de Perrochon et sans doute d’autres.
La carrière de Carsac commence en 1945 officiellement.
« Un pays qui avait renié le merveilleux scientifique dans l’Entre Deux Guerres » Pouvez-vous préciser?
Je vous renvoie à la section "Déclin et disparition" de la fiche wiki :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Merveilleux_scientifique#:~:text=difficile%20%C3%A0%20appr%C3%A9hender.-,Manifeste%20de%201909,et%20de%20l%27incertain.%20%C2%BB
ainsi qu'aux préfaces de Serge Lehman en particulier celle de l'anthologie Escales sur l'horizon
Bav
"Signes" de M. Night Shyamalan. On pense à Alfred Hitchcock et Steven Spielberg. C'est un film qui pose beaucoup de questions : hasard ou signes, pas mal d’épouvante aussi mais atténuée par la douceur de cette famille où le père, pasteur, a perdu la foi quand sa femme est morte.
Très bien votre lien sur le merveilleux scientifique. Pile poil au bon moment ! Vous avez ...un sixième sens !
Je vous laisse pour regarder le film (2002), je crois.
Y a-t-il des coïncidences ?
J'ai retrouvé la critique de la revue Première lors de la sortie du film. Elle m'éclaire beaucoup sur ce que j'ai ressenti.
"Comme son titre l’indique, "Signes" offre une accumulation d’indices habilement disposés pour inciter les personnages à choisir leur camp, comme Mel Gibson l’énonce dans une scène cruciale. Selon lui, le monde est divisé en deux : il y a ceux qui croient que tout n’est qu’une série de coïncidences, et ceux qui croient qu’il y a autre chose qui nous fait bouger. Sans rien dévoiler de la fin, "Signes" plaide pour l'hypothèse d'une force intelligente et volontaire qui régit le chaos. On y croit sans peine au vu du film lui-même qui est une démonstration de la force de persuasion du cinéma. On s'en doutait avec ses deux premiers films, mais ce troisième confirme Shyamalan comme le cinéaste le plus efficacement méthodique depuis Hitchcock. Chaque plan est composé avec une précision mathématique. Le moindre mouvement de caméra, la direction d’un regard, un changement d’axe nous montre exactement ce qu’il faut voir. Contrairement à la majorité des films hollywoodiens, le monde de "Signes" ne se limite pas à ce qui est dans le cadre. Maîtrisant le hors-champ comme personne
, Shyamalan nous oblige à redouter l’obscurité, les coins et généralement tout ce qui est caché derrière un écran ou hors de vue. Ce qui est valable pour l’image l’est aussi pour le son : le silence peut être chargé de menace ou un bruissement de vent terriblement angoissant parce qu’il nous empêche d’entend (...) On n'est pas obligé de croire en Dieu, mais il faut être aveugle ou de mauvaise foi pour ne pas voir l'extraordinaire capacité de Shyamalan à organiser des images qui nous font croire en l'incroyable. C'est le pouvoir de la fiction, et il n'est pas si fréquent qu'un film se joue de nos émotions avec une telle puissance."
M. NIGHT SHYAMALAN A FINI DE TOURNER KNOCK AT THE CABIN (EN PELLICULE
Les trois dernières lignes sont apparues par erreur.
Pour en revenir au roman de Zelazny qui une fois de plus met en scène un robot qui serait capable de conscience, peut-être faut-il en passer par la problématique inverse. Qu'attend l'homme des robots ? Pourquoi sont-ils de plus en plus nombreux et perfectionnés ? Pas seulement pour alléger son travail des tâches pénibles, pour suppléer à ses déficiences motrices. Il y a autre chose qui justement est remis en cause dans 2001, la créature de Frankenstein, Robocop, Blade Runer, et autres romans ou films. C'est la conscience et par elle le droit de refuser d'obéir aux ordres de leurs créateurs (comme tuer sans état d'âme...) Capable de ne pas ressentir de culpabilité, de remords, de souffrance, d'hésitation devant un choix... Une intelligence ...sans le cœur, sans la capacité de créer, de rêver..
Comme si les hommes avaient du mal à supporter leur vulnérabilité ...
Blade Runner
Un roman de Pierre Assouline, Golem, pose encore un autre problème. C'est l'histoire de Gustave Meyer qu'un neurochirurgien a opéré en modifiant son cerveau sans qu'il le sache afin d'améliorer ses capacités de mémoire. Une manipulation clandestine donc, visant comme dans les mouvements transhumanistes un but : expérimenter une humanité «augmentée».
Lui fuit et voudrait tant être celui qu'il a été... Être simplement humain et libre.
Il y a un lien dans les deux cheminements de Gustave Meyer et de Gel. Un vœu : retrouver l'humain , (non modifié pour Meyer qui se sent hybride comme le Golem.)
Ce Gustav Meyer paraît bien proche de Gustav Meyrink ,lui-même auteur de la version dix-neuvième siècle du Golem un brin névrotique, qui elle-même succède aux traditions beaucoup plus anciennes collectées après et autour du Rabbi Loew, à Prague. On passe ainsi de traditions magiques de défense de la communaute juive à Prague à un Roman fin de siècle et d’ailleurs remarquable sur le Double…
On pourrait aussi dire que le héros de Gustav Meyrink cherche à se retrouver lui-même dans un labyrinthe constitué d’ identités et du ghetto praguois…Je vais regarder au moins le Déclin…
Le testament du Duc d’ Aumale stipule que la propriété doit être laissée en l’ Etat. Et les œuvres, ne jamais en sortir. La Presse a épilogué sur l’Hotel de luxe, prévu non loin du château, et qui a suscité les protestations de la Famille de France. Mais elle n’a pas dit un mot sur l’exportation à Fontainebleau de quelques œuvres, exportation qui constitue une violation beaucoup plus grave du Testament.Je les y ai vues. Espérons que cela s’est fait avec l’accord des héritiers. Sur le Duc, le meilleur travail est celui de Raymond Cazelles. Bien à vous et désolé de ne pas avoir lu votre mot plus tôt. MC
Il est possible, au fond, que le Golem soit l’archétype du robot…
Bonsoir, MC. Je viens de passer une heure fabuleuse en écoutant en Replay, sur France Inter Laure Adler qui recevait Carlo Ginzburg pour la sortie de son livre (Verdier) "Néanmoins Machiavel et Pascal." Cet historien que vous m'avez fait decouvrir a pris le temps de répondre aux questions concernant ses souvenirs d'enfance, la sorcellerie (ses recherches) avant d'en venir à ce livre. L'émission se termine sur une citation de Tacite qu'il aime beaucoup "les hommes finissent par croire à ce qu'ils ont inventé (où inventent)" (de mémoire !).
Pour le Duc d'Aumale c'est à propos d'une conversation que nous avions eue. Je revenais du château de Chantilly. Je voulais voir l'exposition des gravures de Rembrandt et dans la grande galerie Le massacre des Innocents de Nicolas Poussin et un certain repas d'huîtres de gentilhommes et bien d'autres toiles qu'on ne peut voir que là et la bibliothèque...et... nous en étions venus à évoquer le Duc d'Aumale
J'avais vu comme vous l'estimiez et aviez trouvé son exil injuste. La vidéo permet une belle visite des lieux fort bien commentée.
Pour le Golem votre dernier commentaire est juste. J'avais aimé ce roman de Pierre Assouline qui commence par une question poétique : Où va le blanc quand la neige fond ?
Bonne soirée.
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-heure-bleue/l-heure-bleue-du-mercredi-05-octobre-2022-9618025
https://editions-verdier.fr/livre/neanmoins/
Et pour terminer une belle analyse du déjeuner d'huîtres de Jean François de Troy
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_D%C3%A9jeuner_d%27hu%C3%AEtres
Le massacre des Innocents de Nicolas Poussin a inspiré Picasso pour sa toile Guernica. Magnifique construction.
MC,
Vous écrivez : "Ce Gustav Meyer paraît bien proche de Gustav Meyrink ,lui-même auteur de la version dix-neuvième siècle du Golem..."
Vous ne croyez pas si bien dire !
"Gustav Meyer ne se départira jamais d'un profond ressentiment nourri à l'endroit de sa mère, qui aura été négligente sinon absente. Dès 1891, il prendra pour nom de plume le patronyme d'un lointain ancêtre maternel qui fut officier dans l'armée de Saxe, Meyrink. Meyer est l'objet de quolibets à cause de l'expression allemande « je veux bien me faire appeler Meyer » qui signifie qu'il y a aussi peu de chance d'admettre quelque chose que de se convertir au judaïsme. En 1901, l'état civil de Bavière entérinera l'usageet Meyrink deviendra le nom officiel de l'écrivain."
Le Golem ? Le double onirique du narrateur, celui qui fait entrer l'ombre dans la lumière.
"Le golem de la légende, grossier humanoïde façonné dans la glaise par Rabbi Loew et amené à un état de vie artificielle par une formule magique.". Mais , MC, ce Golem qui hante les rues du ghetto de Prague, n'a dans le roman de Meyrink qu'un rôle secondaire.
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Cette description vous convient-elle ?
https://www.dol-celeb.com/creatures/golem/
Dire que j'ai raté cette expo !
Ce compte-rendu devrait plaire à Soleil vert.
https://francais.radio.cz/le-golem-de-prague-et-ses-differentes-formes-sexposent-a-paris-8188604
Intéressant tout ça.SV
"Nous sommes dans un film, me dis-je, dans une de ces incroyables scènes qui continuent et continuent encore, et où il y a des gens qui expliquent, d'autres qui répondent, et d'autres qui réclament les prolongations."
Page 359 du roman que vous avez chroniqué pour nous, Soleil vert : "La solitude est un cercueil de verre" de Ray Bradbury.
Oui,Christiane, chez Meyrink le Golem classique sert plutôt de faire-valoir à l'autre. Au point qu'on peut se méprendre quand on ne l'a pas lu, et penser qu'on achète un roman sur le Golem de Loew.
Sur Meyrink, il me semble que la question de ses origines est encore débattue. Il est compréhensible qu'il en ait voulu à sa mère.
Au fond, ce roman, contemporain de la "Naissance de l'Hystérie", tire sa force du névrosisme impulsé au héros. Ce sera la seule fois. Tous les volumes suivants,Borges l'avait noté, se noieront dans un occultisme de pacotille. C'est L'Homme d'un seul livre. Et c'est celui d'une quête des origines, comme par hasard...
Bonne nouvelle que la parution d'un Ginzburg. J'achèterai. Cela vaudra toujours mieux que l'Alain Viala posthume qui nous menace.
Le Duc d'Aumale fut aussi longtemps le patron de la Société des Bibliophiles Francais, et quand on voit ce qu'elle a publié comme notices érudites et memoires, on ne peut que lui dire merci, comme à Guizot à qui revient la Fondation de la toujours existante Société de l'Histoire de France.
A très bientôt. MC
Ah, c'était bien ce partage ! Que de joie ici et toute en littérature.
Dehors été de la Saint Martin. Je fais un crumble aux quetches car elles étaient trop mûres. Ça sent bon !
Faut que je déterre mon exemplaire maraboutesque en site 2 et acquérir la version "passou"
Les palimpsestes infinis d'Annie Ernaux. Je me souviens de la lecture de "Les Années".
Elle écrivait : « Toutes les images disparaîtront (...) Sauver quelque chose du temps où l’on ne sera plus jamais.»
Prix Nobel donc. C'est une belle histoire.
Gel aussi ne veut pas que le temps des hommes disparaisse.
Pour vous donner envie de lire "Golem" de Pierre Assouline, cette phrase qu'il a choisie en exergue :
"Où irais-je, si je pouvais aller, que serais-je, si je pouvais être, que dirais-je, si j'avais une voix, qui parle ainsi, se disant moi ?"
Samuel Beckett,
"L'innommable", in Nouvelles et textes pour rien.
Ici sécheresse préoccupante que ne compensent pas quelques jours d’ averse…. Je reverrai Paris bientôt. MC
Oui, la terre a du mal à se remettre de ces mois brûlants où les cultures se calcinaient sur pied.
Les agriculteurs, les eleveurs doivent être angoissés. Tout ce qu'ils donnent d'efforts pour nous nourrir. Nous n'y pensons même plus quand on fait les courses, quand on cuisine.
Parfois cette désolation traverse la science-fiction comme un mûrissement de nos angoisses.
Le pain, ce bonheur... l'eau, cet autre bonheur, le vin pour certains... Et tous ces fruits, ces légumes d'automne.
Je pense au champ aux coquelicots peint par Monet avec cette étrange répétition qui boucle le temps comme dans un mouvement perpétuel : la femme et l'enfant. Même couple en bas et en haut du tableau. Joie de l'enfant traversant ces hautes herbes. Rêverie de la mère à l'ombrelle.
Comme si le temps tournait sur lui-même ne pouvant choisir entre passé et avenir.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Coquelicots
Paul Edel aux côtés d'Annie Ernaux. Merci Paul Edel.
Margotte irrésistible de drôlerie.
Je ne partage pas cet enthousiasme pour un style. Grisâtre et neo stalinien, mais bon, il en faut pour tous les goûts !
Je ne connais pas assez les livres d'Annie Ernaux pour me faire une idée. Je n'ai lu qu'un livre d'elle "Les années". J'avais aimé ce livre qui redonnait vie à ces années-là.
Puis je l'ai oubliée, attirée par d'autres lectures. De temps ay autre, on parlait d'elle, de ses livres. Mais tout était comme une plongée dans un passé et une sorte de pesanteur dans le cadre de la ville où elle vivait, Cergy.
Je crois qu'elle ne reniait pas sa famille mais qu'elle aurait aimé que la culture y sois plus présente. Elle a été prof de français.
A part cela je n'apprécie guère cette levée de boucliers devant la décision du Nobel pour de mauvaises raisons.
Je relis Golem. Je ne me souvenais pas que je m'en souvenais autant. L'histoire de cet homme , Gustave Meyer, m'était apparue comme une projection d'une peur, étrangère à cette histoire d'homme augmenté. C'était comme une recherche d'identité rejoignant celle de Gaspard (Hauser).
J'ai assisté à la représentation de cette tragédie de Peter Handke au TGP à saint Denis. Un vertige verbal.
Je me souviens : "Je ne suis pas ce que j'ai été. Je n'ai pas été comme j'aurais dû être. Je ne suis pas devenu ce que j'aurais dû devenir."
Gaspard dit la vérité mais c'est comme s'il mentait pour ceux qui l'interrogent. Gaspard est cerné. On le force à oublier ce qu'il est par la parole. C'est terrible.
C'est une création qui évoque ce jeune homme apparu soudain dans un petit village en Bavière vers 1830, Gaspard Hauser. Il ne savait, ne pouvait pas parler ayant été séquestré sans personne avec qui parler pendant toute sa vie. On décida de le rééduquer... Le langage devint une oppression, une torture. Toutes les phrases etaient possibles donc fausses. Gaspard se divisait en plusieurs autres, se perdait dans une identité vide.
Handke en a fait une sorte de conte comme un conte effrayant de Grimm. L'imaginaire y recouvre le réel. La peur le mène aux limites de la survie. Lui ne peut pas fuir. Gustave Meyer peut fuir...
Soit
(Je ne sais pas si Pierre Assouline aimerait cette superposition entre son roman, Golem, et le Gaspard de Peter Handke. J'ai parfois des mémoires de livres qui se cherchent...)
Hauser est un personnage polymorphe s’il en est. Ce qu’il a raconté ressemble beaucoup au «roman noir » de son temps. Il y est même question d’un Homme en noir omnipresent. Que cela ait influence la littérature des Faux Dauphins est possible. Après tout Naundorff était allemand. Il faudrait voir les dates pour juger si ce discours délirant rebondit de l’un à l’autre ou non.
Merci. Quelle piste de réflexion !
Je relis le roman de pierre Assouline pour conforter ou pas cette intuition.
Gaspard Hauser chante :
"Je suis venu, calme orphelin,
Riche de mes seuls yeux tranquilles,
Vers les hommes des grandes villes :
Ils ne m’ont pas trouvé malin.
À vingt ans un trouble nouveau
Sous le nom d’amoureuses flammes
M’a fait trouver belles les femmes :
Elles ne m’ont pas trouvé beau.
Bien que sans patrie et sans roi
Et très brave ne l’étant guère,
J’ai voulu mourir à la guerre :
La mort n’a pas voulu de moi.
Suis-je né trop tôt ou trop tard ?
Qu’est-ce que je fais en ce monde ?
Ô vous tous, ma peine est profonde :
Priez pour le pauvre Gaspard ! »
Verlaine, Sagesse
C'est cette création que j'ai vu au TGP. Handke a ciblé le langage comme Beckett dont pierre Assouline a choisi de mettre en exergue un extrait de L'Inommable.
https://www.theatreonline.com/Spectacle/Gaspard/16332
vue -L'Innommable
Comme l'écrit Peter Handke : "la pièce ne montre pas ce qu'il en est réellement ou ce qu'il en fut réellement de Gaspard Hauser. Elle montre ce qui est possible avec quelqu'un".
Je vais peut-être commencer par Le robot qui rêvait.
Je doute qu’un jour les robots puissent vraiment se substituer à la complexité de l’âme humaine.
Un robot qui rêvait...
Les rêves sont-ils possibles sans le maître d'œuvre qui est l'inconscient ?
Chez JM Jeanneney dans l'émission "Concordance des temps", on se demande si le blanc est une couleur. Voilà qui me ramène à la question de Pierre Assouline qui ouvre son roman : "Où va le blanc quand la neige fond ?" Le blanc est-il une absence de couleur ? Un vide ?
Voilà un rêve qui a saisi l'écrivain avant que son personnage Gustave Meyer ne se demande s'il est un robot ou un homme ou une absence.
(Quand Soleil vert s'exprime sous "anonyme" c'est qu'il est loin, en vadrouille, avec un coin de ciel dans la tête et des mots-hirondelles qui rêvent d'un grand voyage inconnu.)
J'aime cette obscurité des blogs qui tiennent les secrets d'identité, de lieux comme une immense liberté.
Écrire à côté de la vie par le fil tenu d'un livre, d'une histoire.
Le temps aussi prend son manteau d'invisibilité, effaçant tout repère entre passé et présent. Le présent étant celui de la lecture.
Tiens un lecteur lit le début de Blanche-Neige. Alors que dans ce conte les flocons tombent et que la reine comme Gustave Meyer rêve en regardant le blanc de la neige d'une naissance. Elle meurt en mettant son enfant au monde.
Qu'est-ce qui est mort dans l'identité de Gustave Meyer qui ressemble au passé ?
Cette couleur est importante dans le récit de PA se fondant dans son prologue dans l'univers blafard de l'hôpital où il attend, laissant son regard se poser sur les gens assis près de lui.
Ce blanc est donc ambivalent, beauté, pureté ou maladie voire mort ou encore effacement, amnésie.
Gel, le gentil robot rêvait il en pensant aux hommes ? Aura-t-il une âme ? On ne sait car il part pour un long voyage avec son amie.
Damien sur la RdL est tellement sincère. Ça fait du bien de le lire. Je comprends ses réserves face à l'enfermement d'Annie Ernaux dans son monde oppressant. Je suis heureuse d'avoir lu "Les années" et de ne pas avoir prolonger mon exploration de son œuvre. Les nombreux extraits donnés ici ou là manquent l'envol de l'écrivain comme l'écrit Damien. Mais c'est son choix ... comme celui des passionnés de papillons qui au lieu de les regarder voleter de fleur en fleur les emprisonnent dans des filets, les tuent au chloroforme pour les épingler sur des plaques de liège.
Ça vaut le coup de relire "Golem" de Pierre Assouline. Surtout aux environs de la page 100 quand Gustave Meyer découvre le contenu de son dossier médical et le journal où le chirurgien Klapman consignait ses réflexions. Un mot y revient souvent "émet" (vérité en hébreu)... Le mot inscrit sur le front du Golem dans la légende.
J'avais oublié... comme j'avais oublié sa longue visite au Mémorial de la Shoah rue Geoffroy -l'Asnier. Comme s'il marchait dans sa propre mémoire.. .
Il y a aussi des passages très kafkaïens : "Pourtant je n'ai pas commis de faute, je suis la faute, murmura-t-il, se persuadant que la menace est d'autant plus pesante qu'elle est invisible et que l'ennemi est sans nom."
Oui, c'est bien de relire un roman. On le redécouvre. De plus , Soleil vert, m'a branchée "transhumanisme" et "robots". La lecture en est enrichie.
Un homme en noir, inconnu, traverse ces 100 premières pages. Il semble se cacher...
David L. Ulin écrit qu'Annie Ernaux est impitoyable , également : "Ce que révèle Annie Ernaux, c’est que chacun de nous, qu’il soit écrivain ou non, lecteur ou non, réalise sa propre re-création à travers le langage, à travers des récits par lesquels il entend façonner sa vie. Et le fait que ces récits soient conditionnels, subjectifs, est au cœur de son oeuvre."
C'est dans le “Los Angeles Times”, où David L. Ulin, critique littéraire a écrit un très bel article.
Pour vous, MC.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2022/09/29/neanmoins-machiavel-pascal-carlo-ginzburg-cas-singulier_6143646_3260.html
J'avais oublié aussi (mais lors de ma première lecture la rue de la Glacière m'était étrangère )- que c'est dans la fameuse bibliothèque du Saulchoir que Gustave Meyer se plongera dans la lecture de la kabbale pour y trouver l'histoire des mots Golem et "emet". Golem cet Adam inachevé.... Et qu'une lettre effacée transformait le mot "emet" en "met" qui signifie mort.
Golem aussi "ce monstre majeur de l'imaginaire des hommes et matrice des monstres de papier ou de pellicule."
Et toute la légende du Golem habite soudain le roman. On y apprend même que Borges a appris l'allemand en lisant "Der Golem" de Gustav Meyrink.
Autant pour moi qui n'ait pas voulu prendre le Monde des Livres parce qu'en dehors de la Russie Contemporaine, il n'y avait rien ! Et de fait, j'ai pourtant lu le sommaire !
Apprendre l'Allemand dans un roman parait curieux, mais c'était la méthode du Dix-Neuvième Siècle. Vertigineux d'apprendre que Schliemann a connu le Français par les médiocres Incas de Marmontel. Je soupçonne quand même un peu ces messieurs de faire l'impasse sur d'autres méthodes : précepteurs, etc.
La BN n'ayant que la réédition Daragnon de Naundorff, il est impossible de confirmer ou d'infirmer la thèse d'une influence qui ne serait, je crois, que sensibilité à un même air du temps.
Bien à vous. MC
On trouve des articles sur le net qui ne sont pas dans le journal papier.
On n'en finit pas de s'étonner, d'apprendre, de partager.
Lire, fenêtres grand ouvertes. Rien que le chant des oiseaux, des bruits de plumes. De temps à autre un rire d'enfant et le raclement d'une patinette sur le bitume. La ville respire tranquillement.
Mes fenêtres donnent sur l'arrière du "Tiers temps", cette maison où Samuel Beckett a fini ses jours. Je pense souvent à lui.
Une allée proche porte son nom.
Il a tant pensé cet homme là, tant exploré le langage avec un vocabulaire frappé de pauvreté, dépouillé.
Je revois Lucky entrer en scène avec sa corde autour du cou suivi de Pozzo le tyran. Le temps est un tyran....
Et puis "La dernière bande" au théâtre de l'Oeuvre et ce silence... Maintenant je le rejoins par l'écrit. Écrivain épuisé, écrivain de l'épuisement, de l'empêchement. Beckett et ses personnages improbables. Et cet ennui à couper au couteau qu'ils génèrent.
De "L'Innommable" dont Pierre Assouline a choisi une phrase en exergue de "Golem", je retiens la dernière : "ça va être le silence, là où je suis, je ne sais pas, je ne le saurai jamais, dans le silence on ne sait pas, il faut continuer, je ne peux pas continuer, je vais continuer."
Beckett, une voix de silence...
Il y a au cœur du roman de Pierre Assouline, Golem, un moment de grâce qui échappe au fil de l'histoire comme un arrêt magique, c'est le face à face de Gustave avec une toile de Rothko à la Tate galery. Un calme soudain. Au loin l'angoisse de la fuite, la terreur de cette implantation d'électrodes dans son cerveau. Il n'a pas besoin de cette mémoire augmentée. Il est juste lui, en toute vérité. Naissant et mourant au passé dans un instant double, saisi par tant de beauté. La toile respire, vibrante. Gustave est au seuil d'un monde inaccessible, lui l'isolé, le désespéré. Et pourtant la contemplant il progresse vers une clarté où toutes ses souffrances s'apaisent et entre dans une profonde méditation. Enfouissement.
La Tate Modern
La Tate Modern est une annexe de la Tate Galery réservée à l'art contemporain.
Soleil vert va sourire quand il lira ce que fait Gustave devant la toile de Rothko. Il se dira : Et de trois !
La fatalité pèse lourd dans le destin de Gustave Meyer. Londres... La Tate Modern... La synagogue... La fille et le père auraient pu être réunis. Le Rothko aurait pu être une porte pour entrer dans la mort mais Pierre Assouline n'en avait pas fini avec le destin de son Golem. Il lui fallait le conduire à Prague. Il lui fallait mettre entre les mains de Gustave Meyer ce fameux livre de Beckett.
Quand un écrivain est habité par son roman, nul ne peut lui ôter son manuscrit.
L'écrivain est un aventurier qui entraîne avec lui ses personnages. Handke avec Gaspard... Assouline avec Meyer... Zelazny avec Gel.. Beckett avec ses vagabonds...
Et le lecteur lit ce qu'ils font à leurs personnages , impuissant à changer leur destin, la construction du livre. Terrible puissance du créateur.
Si la fugue est le sommet de l’art contrapuntique alors celle de Gustave Meyer en est un. Fin du roman comme une fugue de Bach où tout se superpose pour s'annuler. Le blanc n'est-il pas la superposition de toutes les couleurs ? Et quand celui de la neige fond c'est que le livre est refermé sur sa douleur.
Dans
Lisant le dernier billet de Paul Edel ... Écriture souveraine, assourdie.
Et si le langage servait à exister plus qu'à communiquer, mi-parole, mi-écriture.
C'est là où il n'est pas, comme une solitude. Un moi d'écriture incertain, le Je étant celui de l'écriture.Tant de voix diverses le composent. Pourrait-il confirmer son identité ? Vacillation... Il fait du fantastique avec du très connu comme Antonioni. Passe magique... Même regard... Une ellipse. Ce qu'il note c'est la sensation du moment, une coulée de sensations. Mais aussi un tact caché.
Prochaine fiche : un recueil d'Harlan Ellison
Attention aux secousses
Chic alors !
Un vieux recueil tout de même, pas facilement disponible en occasion
C'est encore mieux. Il dépendra de vous, lecteur !
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