Sir
Georges Chesney - La bataille de
Dorking - PRNG éditions
Il faut dit-on tenter d’isoler le battage médiatique né de
la sortie d’un livre, du livre lui-même, pour pouvoir l’apprécier à sa juste
valeur. Or le bruit, La bataille de Dorking du colonel Sir George Tomkyns
Chesney n’en manqua pas. Et pour cause, puisque le récit de cette invasion de
l’Angleterre par la Prusse parut en magazine en 1871, année de l’armistice
franco-allemand et fut aussitôt traduite dans l’Hexagone.
La défaite militaire d’une Nation auréolée du prestige de l’exposition universelle de 1867 surprit les esprits outre-Manche. On craignit dans un premier temps qu’un « bismarckisme » succède au « napoléonisme » et que Paris ne puisse honorer le paiement des indemnités de guerre imposées par l’Allemagne. La longue nouvelle de Sir Chesney cristallisa ces inquiétudes. Le récit raconte dans une langue élégante le déroulé d’une bataille décisive perdue par imprévoyance et impréparation avec pour résultat une recomposition du monde : les Etats-Unis absorbent le Canada, l’Espagne, Gibraltar. Enfin le commerce avec l’Inde et la Chine s’effondre.
L’effet de sidération du texte influença sans doute H.G
Wells dans la rédaction de La guerre des mondes. Mais plus qu’à une
véritable uchronie qui s’appesantirait sur le monde d’après, on a affaire ici à
une fable inspiratrice de romans d’un nouveau genre, « Les guerres de
fiction ». Il y a trois ans le ministère des armées a réuni un collectif
d’écrivains, la « Red Team », pour plancher sur des scenarii de
conflits futurs.
La longue et étouffante préface à l’édition française de 1871 cible, au détour d’un éloge de la Restauration (!), ses attaques sur Napoléon III, oubliant une phrase de Bismarck prononcée alors « Sans Iéna, pas de Sedan ». La bataille de Dorking reste une nouvelle d'intérêt historique.
86 commentaires:
"En Angleterre, les articles alarmistes ne semblent pas faire sortir les Britanniques de leur flegme. Toute perspective de guerre tend à les pétrifier plus qu’à les faire réagir pour prévenir un conflit possible. Sachant que leur réaction peut être prépondérante dans l’apaisement des tensions, les Britanniques ne savent quelle attitude adopter."
C'est passionnant d'ouvrir ce lien avec l'actualité belliciste qui devient notre quotidien...
Le choix de cette nouvelle de Sir Georges Chesney , "La bataille de Dorking" , ne manque pas d'à-propos !
Et pourquoi pas "La Porte des mondes" de
Robert Silverberg ?
Au quatorzième siecle, totalement ravagée par la peste, l’Europe a été conquise par l’Empire ottoman qui y règne en maître absolu....
L'avez-vous chroniquée cette autre guerre uchronique ?
oui … quelques semaines après un infarctus.
C'était l'occasion de franchir cette porte
Cela sera pour une prochaine fois :) :)
https://soleilgreen.blogspot.com/2015/10/la-porte-des-mondes-integrale_29.html
Hors sujet : sur un site dont je tairai le nom, on y évoque la maltraitance dont fut victime Aragon de la part d'Angelo Rinaldi.
J'ai appris à aimer Aragon avec le temps; ses compagnons ou ex compagnons surréalistes me lassent.
D'où le final du billet !
"Ainsi se termine mon 100éme article.
Interrogeons mon nouvel ami Prestimion Le Coronaire.
« Qu’en penses tu ?
- Bah, tant que ça t’occupe …
- Merci, c’est encourageant ! »
C'était un grand rêveur de mots... Je relis souvent "Aurélien". Cette quête de Bérénice... La Seine...La guerre.
Les poèmes "Les yeux d'Elsa" chantés par Jean Ferrat...
"Le Roman inachevé"... et son questionnement sur l'art.
Oui, on apprend à l'aimer en le lisant.
Et Léo Ferré, Catherine Sauvage pour les poèmes mis en musique
Oui
Et à coté des alexandrins des merveiles comme :
y a des choses que je ne dis à Personne Alors
Elles ne font de mal à personne Mais
Le malheur c’est
Que moi
Le malheur le malheur c’est
Que moi ces choses je les sais
etc.
ou en prose Une vague de rêves, Éditions Seghers:
Je rêve d’un long rêve où chacun rêverait. Je ne sais ce que va devenir cette nouvelle entreprise de songes. Je rêve sur le bord du monde et de la nuit. (…) Qui est là? Ah très bien : faites entrer l’infini. »
Je ne connaissais pas. C'est bouleversant comme un homme qui ne peut se rencontrer que par la fiction.
La colère de Pierre Assouline quant à la mise en scène au théâtre de la ville de "Bérénice" est toute construite sur la nostalgie d'un amour de la beauté de la langue de Racine et des mises en scène classiques au service de cette beauté. Paul Edel l'écrit merveilleusement.
Les tentatives actuelles de chambouler le théâtre classique sont souvent décevantes, déplorables, désastreuses.
Par ailleurs, Isabelle Huppert qui est une si fine actrice au cinéma ne me paraît pas être dans son élément sur une scène de théâtre. Son vis-à-vis c'est la caméra scrutant son visage, ses expressions, ses silences, sa voix souffle, rare..
Quant à ce metteur en scène, je ne connais pas du tout son travail.
Il y a tant à créer au théâtre qui est art magnifique. Pour quelles raisons choir dans ces pantalonades même si les décors, les lumières et semblent avoir retenu l'oeil d'un expert passionné de théâtre. La musique tonitruante écrasant la voix des comédiens ne semble pas mémorable.
Mon plus beau souvenir de théâtre fut peut-être "Le partage de midi". Langue inspireet de Claudel avec la belle Marina Hands et sa robe rouge flamboyante.
"Marina Hands a trois superbes partenaires, surtout Eric Ruf, Mesa fragile et féroce comme un fauve blessé. Et le public, ma foi, se laisse emporter par la musique de ce verbe d'un autre âge avec une attendrissante ferveur." Philippe Alexandre, Lire.
"La sobre mise en scène d'Yves Beaunesne s'accorde à merveille à l'écriture luxuriante de Claudel. Il a trouvé en Marina Hands, visage d'ange et corps robuste, une Ysé idéale."
Joshka Schidlow, Télérama,
C'était au théâtre Marigny dans une mise en scène d'Yves Beaunesne. Avec Marina Hands, Christian Gonon, Hervé Pierre, Eric Ruf. Tous les quatre sur le pont d'un bateau, quittant Marseille pour rejoindre la Chine...
Souvenir inoubliable....
Excusez-moi, mais quand on joue à démolir un chef d’œuvre comme Berenice, il ne faut pas s’attendre à recevoir des félicitations…. MC.
Eh bien oui, nous sommes d'accord .Pourquoi ce commentaire ? J'approuve complètement le billet de Passou.
mais là on joue à démolir Castelluci... Et Passoul ne doit pas s'attendre à recevoir des félicitations, c'est ellement fastoche. L'avez vous vu, vous-même, cette mise en scène, déjà ? Et puis c'est quoi cette manie de démolir Aragon ? au juste... Comme si Rinaldi avait quoi que ce soit de commensurable avec icelui.
Tous les soirs, Martha Argerich sur la chaine Mezzo avec sa fascinante chevelure grise -> Une fée nommée nos logis à la porte de la perception.
Eh bien, vous avez dû fumer la moquette ! Bonne nuit petit clown du web.
"Une fée nommée nos logis à la porte de la perception."
Pas mal ! On dirait du JJJ, grand cru....
Mais la lionne le mérite bien.
Dans les mêmes circonstances... je dessinais tout ce que je voyais par la fenêtre de la chambre de l'hôpital.
Franchir la porte... quel souvenir...
Il est très bien votre billet.
Ces uchronies sont infinies.
Il suffit de changer une. variante et le sort du monde s'en trouve changé...
Le roi Lear, Rose... mais quel personnage ? J'aime beaucoup Cordélia tellement limpide dans son desir de vérité. La seule des trois filles qui ne joue pas le jeu de l’hypocrisie, de la langue de bois.
Une vérité qui l'oblige à l'exil mais qui ne change rien à sa véritable affection pour son père.
Exigeant la réciprocité plus que l'adulation hypocrite, Cordelia est une entêtée très fiable !.
Ce pauvre roi à la recherche de laudations se contente des mensonges des deux autres filles qui le trahiront. Il comprend Cordelia peu à peu , est dévasté par sa mort à la fin de la pièce.
Que d'aveuglement dans cette tragedie....
A moins que ce soit le fou, incarnant la sagesse dans un monde de folie....
Il y a un échange possible entre le fou et Cordelia...
"Nothing !" (Je n'ai rien à te dire) répondra Cordelia à la demande du roi, son père.
Vient aussi ce dialogue entre le fou et le roi :
" Le Fou
- Connais-tu la différence, mon petit, entre un fou amer et un gentil ?
Lear
- Non, mon garçon, apprend-la moi.
Le Fou
- Ce seigneur qui te conseilla
D’abandonner ton royaume,
Place-le auprès de moi,
Joue le rôle de cet homme;
Gentil fou et fou amer
A l’instant vont se montrer.
L’un en livrée bariolée,
(Montrant Lear)
L’autre est là, de ce côté.
Lear
- Tu me traites de fou, petit ?
Le Fou
- Tous tes autres titres, tu les as abandonnés, celui-là tu es né avec."
(Le fou met le monde à l'envers, comme JJJ !)
Votre allusion est passionnante, Rose.
Les clowns et les fous, qui se trouvent et dans le théâtre de Shakespeare, ne raisonnent pas comme nous, ils sont différents. La pensée et la folie, Shakespeare ne cesse de les explorer. Les fous, saisiraient-ils mieux que les raisonnables, le malheur des hommes ? La folie conduirait-elle à la sagesse ? (Surtout quand elle est feinte ! ) . Sous le masque, la contestation !
N'a-t-il pas écrit :
"Le monde entier est un théâtre, Et tous, hommes et femmes, n'en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles...."
Ou encore :
"C'est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde de fous".
J'aime vos incises. Elles s'écartent des sentiers battus et élargissent le monde.
En aparté, lu la très fine analyse du roman de Camus, "La Peste" , par Rosanette/ DHH. Superbes ses restrictions !
Il passe de belles pensées sur la RdL. Dommage d'y trouver aussi tant de harcèlement....
L'espace commentaire de votre site, Soleil vert, a un effet gigogne d'emboîtement . Il rassemble quelques ruptures dûes aux apartés quand un visiteur joue avec des éclats de mots comme un enfant saisissant un miroir pour capter quelque soleil et renvoyant ses rayons là où il veut.
Un peu comme dans l’ouvrage de Queneau, "Cent mille milliards de poèmes" alors qu'il n'y a que dix poèmes de base . Mais chaque vers est imprimé sur une languette indépendante. Jouant à les combiner, d'autres textes surgissent...
Est-ce un langage fractal ?
On ne parlera pas de la
qualité des poèmes, obligatoirement des. sonnets …je ne crois pas qu’il s’agisse de fractales, plutôt une machine à engendrer un certain type de poèmes , mais inopérante pour les autres. MC
Pour revenir au sujet, c’est trente ans plus tard que la Navy commandera à Conan Doyle un ouvrage où la flotte britannique perd une guerre européenne faute de sous-marins, et, selon JD Carr, cela marchera, ( non il ne s’agit pas d’un polar avec Sherlock Holmes, mais d’un ouvrage on ne peut plus démonstratif, un peu comme cette bataille de Dorking.! Traduction française inexistante .) MC
Le fou met le monde à l'envers, comme JJJ !)
resté bloqué sur la revue Le fou parle... C'est exact. Merci pour lui (MC)
Oui, bien sûr , mais ce livre plaisait beaucoup à mes petits élèves, il y a si longtemps....
Et puis, ici, l'envol vers un interlocuteur - comme vers vous en ce moment - même s'il ouvre à une autre discussion fait toujours retour au tronc porteur comme les branches à l'arbre.
C'est du blog de Soleil vert que m'est venue cette idée de fractales plus que de ce livre- jeu de Queneau pour lequel vous montez bien les limites.
Le titre ?
Quelle revue ?
Celle-ci ?
"Le fou parle" (sous-titrée Revue d'art et d'humeur) est une revue trimestrielle française fondée par Jacques Vallet en 1977.
Organisée sur le principe du bénévolat, elle a à son actif trente numéros publiés de 1977 à 1984.
Éditée par la maison Balland, elle rassemble de nombreux écrivains et artistes originaux dont Roland Topor."
Un très bel article d'Hervé Le Tellier à la mort de Jacques Vallet, fondateur de la revue "Le fou parle", pour Le Monde :
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2023/11/23/la-mort-de-jacques-vallet-ecrivain-et-fondateur-de-la-revue-le-fou-parle_6201898_3382.html
Merci pour la virée, JJJ. Prendre l'air sur un rivage aimé.
A propos d'Isabelle Huppert, il me semble que c'est Claude Chabrol qui l'a révélée dans Violette Nozière. Son regard ambigu froid et parfois enfantin. Un crime qui la laisse indifférente, indolente. Elle s'ennuyait...
Même intuition quand il lui confie un rôle essentiel dans La Cérémonie bien accompagnée par Sandrine Bonnaire. Chaos et férocité. Monstre à deux têtes.
Sa vérité est peut-être à chercher dans ses rôles...
montrez
Dans le billet, je lis : "L’effet de sidération du texte..."
Oui, sidération devant ces textes de l'imaginaire. Mais pourquoi ? Quelle énigme de cache dans cette sidération ? Comme si nous étions transportés dans un monde qui ouvre un gouffre dans nos habitudes de pensée. Comme si de lire ces étranges récits ( je suis encore dans les nouvelles de Christian Léourier), un autre moi s'installe à l'intérieur de soi. Comme si nous étions divisés.
Je ressens la même impression en contemplant les tableaux de Magritte.
Ces artistes des mots et des couleurs ( images) nous séparent de nous-mêmes. Nous quittons un monde raisonnable mais fragile pour un autre où vont affluer nos images intérieures. Quelque chose de l'origine soudain nous submerge, une sorte de peur, comme si nous avions égaré quelque chose...celle de se rencontrer à l'extérieur de soi. Un théâtre inverti...
Christian Léourier amorti les dénouements. C'est un magicien. Sommes-nous ce que nous sommes ? Quelque chose demeure en suspens que nous ne pouvons nommer.
inverti / inversé
N'est-ce pas Prestimion, le Coronal ?
Le Coronaire deviendrait alors un lapsus de circonstance, l'infarctus ciblant les... coronaires...
Le titre du Doyle est soigneusement absent des deux « intégrales » Conan D en français. Figure-t-il seulement dans la traduction de Dickson Carr? Il me semble que oui. Attendons à demain! MC
JJJ,
Je suis à Casablanca, années 50, avec un ado de 14 ans. J'aime beaucoup cette écriture de Michel Chaillou. Je ne sais si c'est autobiographique, ça pourrait l'être mais ce n'est pas l'essentiel. C'est cette écriture avec ces mots bouscoulés, même étoilés
de langue arabe. C'est dru, sensuel, malhabile comme un garçon de 14 ans qui est troublé par les femmes, ses approches maladroites, ses fantasmes. Il est propre, sain, se parle beaucoup.
Tout ça dans cette ville marocaine solaire, épices et sables.
Cinéma pour les premières caresses, fauteuils grinçants, corps offerts puis fuyant avant la fin de la séance pour retrouver l'anonymat de la rue où toutes les femmes se drapent.
La mère est jeune, belle, aventureuse.
Il parle tout le temps d'âne - ça je n'ai pas trop compris. Mais je prends le méli-mélo tout vivant, touffu, à fleur de peau.
Un voyage aussi pour arriver là, un long voyage.
Des synagogues des murs blancs plein de lumière.
C'est beau les évocations d'adolescence. Je connais bien celle des filles. Là je rentre par effraction dans les errances d'un jeune amoureux.
Je pense à un film d'autrefois, années 70, "Mes petites amoureuses" de Jean Eustache. Même pureté tendre, émue, même éveil à la sensualité.
Beau choix. Merci.
C'est ma pause solaire. Il pleut tant !
Bonheur de rencontrer cette écriture :
"Je m'éveille dans la grande casse du grenier, campement nomade, tente oscillante de bois et de tôle. Quand je remue, la soupente remue. (...)
Je m'habille, une armoire a été dressée contre le mur, des étagères pervertissent un angle, un tapis volant a jeté par endroits sur le plancher. Quand j'enfile ma chemise, le monde disparaît par le col, j'en sors vite. Dessous mes pieds, entre les interstices, Mustapha cuisine Moutchou sur ses amours, l'autre s'emporte, énerve des familles de casseroles, de marmites . (...)
Je me suis toujours inquiété des ânes, ce qui braie en nous demandant solitude. Que d'ânes dans ces années, d'instants longues oreilles que seules les juments entendent ?(...)
Mais où est le tonnerre ? le donneur de coups ? Ce qui va sortir de la queue d'âne m'assomme un peu. L'amour a dû promener un gourdin sur mon échine.
Le militaire, un adjudant, passe une tête hilare en soulevant une tenture : "Ça va ?". Il me semble irréel, aussi irréel qu'un troisième larron qui pourtant remue lascivement sous des couvertures. Sans doute un des quarante voleurs descendu à l'instant d'un des quarante chevaux épais qui font glapir la terre quand ils passent dessus en trot serré.
Je suis à Marrakech."
Truculent, poétique, un peu fou. Une pochette surprise surréaliste. Un conte des mille et une nuits ? Je m'y perds et j'adore cette impression d'être dans un maelstrom verbal.
C'est ce roman de Michel Chaillou, "Mémoires de Melle.", qu'évoquait JJJ sur la RdL. J'en ai commencé la lecture immédiatement. Ce matin, j'ai ouvert un lien qu'il a ajouté et je découvre un homme tellement cultivé et baroque, ami des poètes que j'aime, Meschonnic, Prévert, Roubaud... la bande des fous d'encre. Bonheur...
a été jeté
Voilà le lien
https://autour-de-paris.com/project/michel-michele-chaillou-explorateurs-paris-disparu
Cet homme a sa place dans votre univers, Soleil vert.
Mais aussi Pérec, Barthes....
C'est noté !
Marrakech.... dévoilée poétiquement dans ce roman. La langue d'écriture est différente, assouplie, sinueuse, lente.
"Marrakech, trois coups frappés dans l'air pour appeler les esprits. Marrakech, es-tu là ? L'esprit du Sud roula devant lui cette dune immense remuée en maisons, terrasses, en éboulis de ruelles qui dégringolent. Les lignes de la main ne les retrouvent pas, encore moins celledes pieds. (...)
Le sable à Marrakech ne se vend pas, on le foule gratis, c'est l'or de la poussière, qui crisse de solitude sous la sandale dans, par exemple, ce quartier de nulle part où, dans l'alternative d'une porte au fond d'une impasse ou derb, un secret s'effile en jet d'eau. (...)
Un minaret aux quatre boules dorées enfilées à son sommet me frappe l'esprit. "La Koutoubia, m'apprend l'adjudant, décidément très savant, la mosquée des libraires. Il y a quelques siècles, au moins deux cents libraires y boutiquaient autour."
(il a maintenant dix-sept ans)
Merci, Soleil vert. Je sais qu'ici je peux lire plusieurs livres en même temps, passant d'un univers à l'autre comme si j'étais dans un train. Puis je prends celui du retour et je retrouve le livre laissé entrouvert comme un paysage familier.
C'est comme faire des croquis au fil des jours. Visages et paysages se succèdent . La lumière change. Parfois une page blanche invite à l'écriture ou simplement, carnet refermé, à la marche.
Il s'agit d'un article, Great Britain and the next war, jamais traduit et publié en 1913. Compte rendu dans le Dickson-Carr, La Vie De Conan Doyle, et absence confirmée des bibliographies françaises. MC
->Le Coronaire deviendrait alors un lapsus de circonstance
Délibéré ! :)
->"Merci, Soleil vert. Je sais qu'ici je peux lire plusieurs livres en même temps, passant d'un univers à l'autre comme si j'étais dans un train."
Je suis pourtant un bien piètre interlocuteur
Délibéré ! Ah, vous êtes fort. J'adore !
Interlocuteur ? Oui, infiniment. Il suffit que vous soyez là pour que la parole ait un nid.
Ou, pour le dire autrement, votre blog est mon atelier de lecture et d'écriture. Vous, présence discrète, souvent plongé dans vos livres ou parti sur les routes, sac en bandoulière ou près des vôtres en famille. J'aime habiter en solitaire cet atelier qui sent l'encre et la térébenthine. Et puis, c'est plein de livres. Il y en a partout... C'est tout bruissant de mots. Votre vaisseau galactique proche, toujours prêt à décoller. Tout est parfait. Et puis, moi aussi, j'ai mes fugues, mes rires partagés avec les miens, les roses au cimetière, les oiseaux au parc et sur les toits proches, un arbre qui roucoule tant les nids de sont multipliés et puis là-haut, le ciel qui me fait tant rêver.
J'aime bien aussi les amis, vos amis, qui passent à l'atelier, qui laissent un mot punaisé sur la porte, un livre, , une miche de pain à partager.
J'évoquais l'influence de Sir G. Chesney ou tout au moins la mode des guerres de fiction engendrée par sa nouvelle.
Il y a "Deutschland und der Nächste Krieg" (L’Allemagne et la prochaine guerre), de Friedrich Adam Julius von Bernhardi paru en 1911 mais qui semble plutôt un livre de doctrine militaire, comme le fut "Vers l’armée de métier" du Général De Gaulle (1934)
Je pensais, phonétiquement, au coroner, cet officier de police judiciaire qui, dans les pays anglo-saxons (Grande-Bretagne, États-Unis), est chargé de prendre des informations, avec l'assistance d'un jury, sur les causes de toute espèce de mort violente, non naturelle ou mystérieuse, sur les découvertes de trésors et les débris de naufrages....
Mais ça ne collait pas !
Alors j'ai lié le mot à votre infarctus. L’obstruction complète ou partielle d’une artère coronaire créant un infarctus du myocarde.
Et vous avez avec ce mot transformé un titre pour placer cette remarque providentielle :
"Ainsi se termine mon 100éme article.
Interrogeons mon nouvel ami Prestimion Le Coronaire.
« Qu’en penses tu ?
- Bah, tant que ça t’occupe …
- Merci, c’est encourageant".
Génial !
Et voici donc Prestimion le Coronal !
https://www.livredepoche.com/livre/prestimion-le-coronal-cycle-de-majipoor-tome-6-9782253072959
C'est un peu compliqué, MC, de vous suivre sur ce livre de Conan Doyle, mais merci d'avoir cherché.
Sylvia Plath. Connaissez vous cette poétesse.
”Ariel”.
Poésie difficile de prime abord
Je ne sais à qui est posée cette question.
Peut-être, Soleil vert, qui écrit aussi des poèmes.
J'ai lu certains de ses poèmes ( traduits) et beaucoup de témoignages sur sa vie compliquée . Se suicider à 30 ans en se mettant la tête dans le four à gaz tout en ayant préparé la table du petit déjeuner pour ses deux jeunes enfants , encore endormis, est pour moi, inconcevable.
Je crois qu'elle a subi des internements psychiatriques tant elle se sentait mal.
Une union passionnelle avec Tex Hugues trop célèbre à ses dépens pensait-elle... D'où une séparation torride...Ces années-là étaient encore fermées à la création féminine, enfin, juste entrouvertes... Certains poèmes sont d'une férocité rare envers cet homme, envers les hommes. Devenue égérie d'un féminisme sectaire, évidemment....
J'ai du mal à aimer sa poésie intranquille même si elle est somptueuse.
J'ai besoin de douceur, d'harmonie, d'un monde mixte, de chemins partagés entre les uns et les autres.
Ariel est son dernier recueil....
D'autres femmes ont une écriture plus proche de mes attentes ( prose ou poésie) mais à vrai dire je ne cherche pas à genrer l'écriture, pas du tout. Un livre me plaît ou ne me plaît pas.
Après, à chacun sa route et ses choix : célibat, liaisons multiples, vie de couple ou désir de solitude.
Et puis il y a les deuils cruels. Je crois que la mort de son père lui a brisé le cœur.
Ted
Je ne suis pas sûr qu’une politique de quotas rende heureux les femmes actuelles. Le but est-il d’être heureux, ou d’atteindre la démesure d’une Sylvia Plath? Auquel cas tout le monde bientôt serait heureux, avec une sérieuse déperdition creatrice. Ce problème me semble devoir être soulevé en ce temps de bonheur etatico-Macronien. MC
Qu'est-ce qu'une politique de quotas vient faire dans la vie de Sylvia Plath ? N'importe quoi !
C’est tout simplement ce que la France d’ Emmanuel Macron trouve à offrir à ses femmes. Ça ne s’appelle pas politique des quotas, mais ça en a l’aspect. Il fait tant de femmes chef d’orchestre, par exemple, ou. une parité rigoureuse, mais faisant fi du mérite, dans l’ Administration. Et bientôt, tout mérite à part, autant de poètes que de poétesses. ( joli mot qu’on ne dit plus!) MC
@ que vous soyez là pour que la parole ait un nid.
Elle est si poétiquement gentille... Moi, j'aurais jamais pu dire ça, des comme elles, non, ça n'existe pas... Cela dit, à son contact, le coucou MC peut y perd de superbes plumes... Il dit vague... Anéfé, on a du mal avec Sylvia Plath... Voyons voir : elle décida de se suicider vu qu'elle souffrait le martyne, comme Virginia, mais il n'y avait pas l'euthanasie ni de mise en sudation profonde. Il fallait alors en finir avec le gaz de la cuisinière. Bien plus tard, Manu Micron-Onde est arrivé, il te lui a trouvé une solution plus élégante avec le suicide assisté par ordinateur... On perdit ce faisant du génie de ces écrivaines douloureusement suicidaires, ce que l'on gagna avec les médiocres écrivaines dépressives d'aujourd'hui. Voilà ce qu'il semble vouloir dire, l'O MC... Lui aussi, parfois il boit le soir... On finirait presque par aimer ce type de faiblesse passagères, chez lui, alors qu'il en est si totalement dépourvu habituellement. Ne l'accablons point, Xtiane.... Il cherche un nid réconfortant depuis si longtemps, le kouroukoukou du passé ou de la SF du futur. Hein ? Il l'a presque trouvé, son nid. Attrapons-le avec un gluau une bonne fois pour toutes et qu'il n'en bouge plus. Bàv (JJJ)
Poétesse ! Je ne l'emploie jamais, pas plus qu'autrice !
Mais laissez Macron où il est.
Le problème est littéraire. La réception d'une œuvre doublée des difficultés à être en couple avec un alter-ego.
Puis la place des femmes dans l'écriture, les arts. Cela n'a pas toujours été facile pour elles au vingtième siècle en Europe, aux États-Unis en Angleterre....
Il y a dans la bibliothèque de Soleil vert quelques femmes écrivains remarquables.
Sylvia Plath était très compliquée, obsédée par un désir d'absolu. On en reparlera si vous voulez ..
Valérie Rousseau a fait un magnifique travail de traduction de sa poésie.
Une belle émission :
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-pages-arrachees-a-sylvia-plath
Rouzeau !!!
Ah, le grand JJJ en goguette. Je vous salue d'un grand éclat de rire.
Dans cette émission :
De ces "Pages arrachées" du journal de Sylvia Plath, je retiens la quatrième partie "Ariel" où elle explique comment elle vit son écriture dans son couple et à quel point elle redoute d'attendre un enfant voulant consacrer tout son temps a son écriture. La cinquième et dernière partie permet de connaître un peu la pensée de Ted Hugues.
La première est cristalline : sa jeunesse étudiante brillante.
Mais la mort et le sang l'obsèdent comme l'échec.
(Cinq parties de 20mn chacune).
Un très bel article du Monde proche d'une biographie de Sylvia Plath écrit par JL.Douin en 2006.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2006/06/22/la-legende-de-sylvia-et-ted_786638_3260.html
Auteure, autrice j'ai lu un doc introuvable sur le sujet.
Perso (pardon Christiane) je vais opter pour autrice
L'écriture d'une femme, oui, comment en nommer l'auteur ? Que disait-on avant l'emploi de ces suffixes mettant en valeur autant que séparant.
Hommes ou femmes, tous fouillent dans cette chair des mots qui les emportent souvent vers une vie divisée, douloureuse.
Et nous nous retrouvons un de ces objets entre les mains : un livre.
Alors, les frontières s'estompent entre hommes et femmes lecteurs ou écrivains, poètes magiciens.
Hors Macron-politique, il est bon que MC, ait inscrit le nom de cette femme écartelée par son écriture.
Son journal, plus fluide que ses poèmes est une parole qui lacère. Le récit d'un désir d'écrire dévorant.
Ce tissu, le texte, ce déplacement de la langue qui fouaille au plus profond cette femme aux prises avec le réel. Cet impossible qui lui échappe, la fascine et qui la mène parfois au délire. Une langue, dans ses textes poétiques , qui essaie d'échapper à son propre pouvoir.
Si Novalis pensait que "la poésie guérit les blessures de l'entendement ", pour Sylvia Plath, la blessure est si profonde que seul le sommeil de la mort l'en délivrera... La mort, un don d'absence, l'appel d'un nouveau sens ?
Ce parcours du désir incessant, contradictoire, ce mal qui la conduisit à la mort volontaire comme Virginia Woolf. Tout d'un coup la littérature devient un cri.
Mais les enfants....
Est-ce ce texte paru dans Le Figaro ?
https://www.lefigaro.fr/langue-francaise/actu-des-mots/auteure-ou-autrice-cette-feminisation-des-noms-de-metier-qui-seme-le-doute-20220308
"auteur " : l’Académie française n’écarte pas la forme masculine, compte tenu du "caractère tout à fait spécifique de la notion, qui enveloppe une grande part d’abstraction", comme c’est le cas de poète voire de médecin . Alors je garde le masculin.
"Autrice " ? logique (on dit bien une actrice, une créatrice, une réalisatrice...).
Alors de l'un à l'autre on ira du masculin au féminin !
Ou celui-ci , paru dans le quotidien Libération ?
https://www.liberation.fr/france/2019/02/20/auteure-ou-autrice-on-ne-trouve-plus-ces-termes-choquants-comme-dans-les-annees-80_1710520/
"(...) Au Moyen Âge, de nombreux noms de métiers existaient au féminin et cette objection à les féminiser était beaucoup moins présente qu’aujourd’hui. À cette époque, on dit déjà « peintresse », « venderesse», « inventeure » pour qualifier des métiers exercés par des femmes.
Reprise au XIVe siècle, la loi salique, plus connue comme étant la loi qui a entériné l’interdiction aux femmes de succéder au trône en France, a nettement modifié la place des femmes dans la société en les relayant au rang «d’épouses de », ce qui a fait reculer l’usage courant de la féminisation des noms de métiers. (...)
Le mot écrivain vient du latin scriba qui signifie « scribe», «greffier» et de l’ancien français escrivain. Au XIIe siècle, un écrivain est un copiste et ce n’est qu’un siècle plus tard que ce mot désigne quelqu’un qui écrit ses propres textes. Par ailleurs, on remarque également qu’une forme féminisée du mot «écrivain» existait déjà dès le XIVe siècle pour désigner une autrice. Ces femmes étaient des escrivaines ou des escripvaines. Ces mots ont disparu au XVIIe siècle, lorsque le moyen français a été remplacé par le français dit « moderne" (...)"
Extraits d'un article de Solène Rousseau paru sur le blog : "Édith & Nous".
Le mont Saint Michel complètement entouré d'eau par la grande marée desuinoxe. La route submergée. Des fleuves en crue qui débordent. Les touristes prennent des photos. Paul Edel sur la digue doit penser à Châteaubriant ou à Hugo.
La SF ausculte les dérèglements climatiques les amplifié. Elle amplifiecaussi les désastres des guerres...
Ici, goût est calme. Juste les toits de zinc tout luisants de pluie. Peu d'oiseaux visibles. Blottis dans les feuillages ?
L'équinoxe... Les planètes alignées... La lune en plein travail d'attraction. Les vents déchaînés....
Y a-t-il une nouvelle SF sur l'attraction de la lune sur les marées et sur les êtres vivants. On sait deja que la pleine lune favorise les accouchements.
Mystérieuse planète tant liée aux autres, tant inconnue encore.
Auteure-autrice : Christiane, le texte en question
http://siefar.org/wp-content/uploads/2009/01/Histoire-d-autrice-AEvain.pdf
J’ajouterais qu’il est douteux que la vieille Loi Salique, brandie comme un totem par les légistes de Philippe VI pour déconsidérer la candidature bourguignonne représentée par une femme ait eu la moindre portée sur ces métiers féminins… enfin.
Passionnant. Merci.
"L absorption du Canada par les Etats-Unis" ...Ne résistons pas au plaisir d'évoquer la Guerre de 1812, ou Washington brula, qui fut pensée méthodiquement par l'Angleterre pour récupérer ses ex-colonies en s'appuyant sur le Canada! Un conflit USA -GB peu connu...
Ah, merci, MC. Quel plaisir de relire toute cette page... C'est quand même bien nos dérivés sur d'autres livres.
Bonne soirée à vous et à Soleil vert -et à JJJ s'il passe par là.
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