Les amoureux fervents et les savants austères
Aiment également, dans leur mûre saison,
Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.
Amis de la science et de la volupté,
Ils cherchent le silence et l’horreur des ténèbres ;
L’Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,
S’ils pouvaient au servage incliner leur fierté.
Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s’endormir dans un rêve sans fin ;
Leurs reins féconds sont pleins d’étincelles magiques,
Et des parcelles d’or, ainsi qu’un sable fin,
Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal
20 commentaires:
La photographie de ce chat erudit est excellente !
Enigme, ce poème... à l'image des chats que vous avez si bien approchés dans vos poèmes, Soleil vert.
Celui-ci est-il seulement un chat ?
Il est de tant de mondes, ici, un peu ésotérique , distant et proche, apprivoisé et libre...
Ondulant entre douceur et mystère, les chats de Baudelaire sont très sensuels, attirant la volupté autant que les questions vertigineuses des savants, des philosophes, des poètes...
Compagnon silencieux et fidèle, quelle joie d'accueillir celui , tellement mystérieux de Baudelaire.
Voyons… Il y a Petronius, dit Pete, dans une Porte sur l’Ete, qui miaulparle très joliment.
Et dans d'autres dans les "mauvais genres"
https://www.quarante-deux.org/archives/klein/prefaces/une_Porte_sur_l%27ete/
Techniquement, à l'aide d'un reflex et d'un filtre polarisant j'aurais pu diminuer les reflets dans la vitrine
De Baudelaire à l'Égypte ancienne , il y a 4000 ans, femme et chats s'échangent . Bastet, la fille du Dieu du soleil, Ré.
Dans votre formidable lien, j'ai apprécié cette pensée d'Alain Resnais :
"Si les chats lisaient, ils liraient de la Science-Fiction. (...) J'adore le chat, qui est un des seuls animaux à posséder la faculté d'imaginer. Un chat peut s'amuser tout seul avec une pelote de laine."
Et bravo pour la photo !
Très belle photo où ce chat semble réenchanter le monde des passants et nous fait oublier la brutalité contemporaine.
Merci SV.
Libraire.
Merci pour Goliarda Sapienza sur qui le chat s'est endormi après quelques pages de lecture...
Poe et Baudelaire seraient-ils plus «classiques »? MC
Si je remets les choses en ordre, c'est donc cette photo inouïe prise devant la vitrine d'un libraire aimant les chats et leur quiétude qui a appelé ce poème de Baudelaire. C'est encore plus beau !
Que dire de plus, sinon merci
Deux coincidences, ce chat et la nouvelle édition des oeuvres de Baudelaire parue le 16 Mai.
« La nouvelle édition de Baudelaire « fournit de bonnes raisons pour garder la Pichois…
Un peu comme la Guillaume pour Nerval, qui n’a certes pas remplacé la Richer!
Honnêtement, un Jesuite pour Nerval…
Un aparté pour JC, (RdL), qui semble se lasser de cette photo incroyable du bond du danseur Noureev.
C'est une citation trouvée dans un essai de Daniel Sibony "Le corps et la danse" ( points -Seuil).
"Dans cette aventure du corps, ce soulèvement serein et mouvementé, le corps est le lieu d'une "folie" qui jouit de s'expulser ; le lieu d'une souffrance qui jouit de s'absorber. C'est un mouvement physique de l'âme pour faire passer le corps ailleurs, s'en dépouiller, recueillir sa dépouille, celle du Dieu qu'on devient, ou dont on a la peau. Comme un danseur qui accourt, qui lance son corps aux confins de l'espace, et ramènerait en lui l'origine de l'espace ; avec lui." ( p. 329)
Oui, le texte présenté et annoté par Claude Pichoid ( Œuvres complètes I,II, Gallimard, "Bibliothèque de la Pléiade")est un délice. L'oeuvre critique, les journaux intimes, les textes inachevés, les articles de presse, tout est offert en trois mille pages dans ce coffret somptueux.
Et pour les amateurs d'images, le Quarto Gallimard "Baudelaire - La passion des images est passionnant. Henri sceptique en assure la présentation et les notes. Un bouquet littéraire ! Dialogues entre littérature, peinture et musique.
Enfin, le catalogue prolongeant l'exposition à la BNF, réunit des analystes différents. Textes réunis par Jean-Marc Chatelain.
N'oublions pas "L'irréductible Baudelaire" d'Antoine Compagnon. Un essai édité par Flammarion.
Plein d'autres aussi...
Mais l'essentiel, n'est-il pas en regardant un chat dormir dans la vitrine d'un libraire de penser à ce poème de Baudelaire ?
Pichois
Il était peut-être ainsi mais son nom est Scepi.
Bizarrement, je ne me rappelait plus de ce poème. J'ai bien fait de passer dans le coin après une si longue absence !
*rappelaiS
Ravi de vous revoir ED. SV
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