Richard
Byrd - Seul - Libretto
Tout homme tente
d’écarter de sa route trois maux, la pauvreté, la maladie, la solitude. C’est
cette dernière que Richard Byrd, explorateur polaire (1888-1957), choisit
d’affronter dans le Pôle Sud en 1934. L’homme est un habitué des
exploits : officier de l’US Navy reconverti dans l’aviation, il traverse
l’Atlantique un mois après Lindbergh, survole les deux Pôles, et lance
plusieurs expéditions en Antarctique. Son ouvrage le plus célèbre Alone
raconte une expérience de naufragé volontaire au cœur des glaces.
Après avoir établi le camp
de Petite-Amérique en Antarctique, à l’emplacement de la Baie des baleines, Byrd décide quelques années plus tard
de construire et de s’installer en territoire inconnu dans un bunker de bois
immergé quelque part dans le glacier de la Barrière de Ross à cent quatre vingt
km de la base, sous 80° de latitude. L’expédition initialement conçue pour
trois membres de l'équipe a pour mission d’étudier les conditions météorologiques hivernales
de cette région. Réduite à une seule personne, l’aventure va se transformer en une
expérience de survie en milieu extrême.
Les détails du journal de
bord de l’amiral Byrd publié quatre années plus tard sont universellement
connus. Ils relatent, au fur et à mesure de l’irruption de la nuit polaire,
le combat constant contre les ennemis connus, froid intense, dépression, fatigue, et
contre l’imprévu, comme ces émanations de monoxyde de carbone du poêle de
chauffage qui faillirent mettre fin à l’odyssée. Tel quel le journal raconte le
quotidien de l’explorateur, le relevé des mesures des instruments, leur maintenance,
les communication radios, les prudentes excursions à l’extérieur de l’abri.
Au delà de ces moments héroïques
où à l 'abattement succède l’émerveillement devant le spectacle des nuits
australes ou des aurores boréales, surgit progressivement à travers de belles
pages une leçon de vie, celle d’un homme qui tente de trouver une place dans le
cosmos. Adoptant systématiquement une posture scientifique il ne manque pas de
s’étudier lui-même. Cette démarche lui permet d’affronter un épisode dépressif
au cours duquel il inventorie et analyse les ressorts moraux, physiologiques et
environnementaux de son mal. Comme d’autres
aventuriers confrontés à des situations périlleuses, il suscite en son être des
ressources spirituelles et physiques insoupçonnées. Cette force née de la
fragilité extrême, la qualité de l’écriture, font de Seul, un livre de chevet.
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