vendredi 12 mai 2017

Seul



Richard Byrd - Seul - Libretto









Tout homme tente d’écarter de sa route trois maux, la pauvreté, la maladie, la solitude. C’est cette dernière que Richard Byrd, explorateur polaire (1888-1957), choisit d’affronter dans le Pôle Sud en 1934. L’homme est un habitué des exploits : officier de l’US Navy reconverti dans l’aviation, il traverse l’Atlantique un mois après Lindbergh, survole les deux Pôles, et lance plusieurs expéditions en Antarctique. Son ouvrage le plus célèbre Alone raconte une expérience de naufragé volontaire au cœur des glaces.

Après avoir établi le camp de Petite-Amérique en Antarctique, à l’emplacement de la Baie des baleines, Byrd décide quelques années plus tard de construire et de s’installer en territoire inconnu dans un bunker de bois immergé quelque part dans le glacier de la Barrière de Ross à cent quatre vingt km de la base, sous 80° de latitude. L’expédition initialement conçue pour trois membres de l'équipe a pour mission d’étudier les conditions météorologiques hivernales de cette région. Réduite à une seule personne, l’aventure va se transformer en une expérience de survie en milieu extrême.

Les détails du journal de bord de l’amiral Byrd publié quatre années plus tard sont universellement connus. Ils relatent, au fur et à mesure de l’irruption de la nuit polaire, le combat constant contre les ennemis connus, froid intense, dépression, fatigue, et contre l’imprévu, comme ces émanations de monoxyde de carbone du poêle de chauffage qui faillirent mettre fin à l’odyssée. Tel quel le journal raconte le quotidien de l’explorateur, le relevé des mesures des instruments, leur maintenance, les communication radios, les prudentes excursions à l’extérieur de l’abri.

Au delà de ces moments héroïques où à l 'abattement succède l’émerveillement devant le spectacle des nuits australes ou des aurores boréales, surgit progressivement à travers de belles pages une leçon de vie, celle d’un homme qui tente de trouver une place dans le cosmos. Adoptant systématiquement une posture scientifique il ne manque pas de s’étudier lui-même. Cette démarche lui permet d’affronter un épisode dépressif au cours duquel il inventorie et analyse les ressorts moraux, physiologiques et environnementaux de son mal.  Comme d’autres aventuriers confrontés à des situations périlleuses, il suscite en son être des ressources spirituelles et physiques insoupçonnées. Cette force née de la fragilité extrême, la qualité de l’écriture, font de Seul, un livre de chevet.

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