Takashi Murakami - Le chien gardien d’étoiles - Éditions Sarbacane
Œuvre à succès de Takashi Murakami, Le chien gardien
d’étoiles paru au Japon en 2008 et traduit trois ans plus tard en France,
représente après Paji un jalon dans une carrière bien remplie qui
démarra en 1985 dans le magazine Young Jump des éditions Shueisha.
Le succès de ce manga tient dans un pitch à la fois simple,
émouvant et sincère, support d’un thème auquel L’appel de la forêt de
Jack London a donné ses lettres de noblesse : l’amitié d’un homme et d’un
chien. Deux récits se succèdent, reliés comme dans L’oiseau bleu par des
fils invisibles qui transcendent le cycle de la vie et de la mort.
Le premier débute avec la découverte par la police dans un
terrain vague semé de tournesols, d’une vieille carcasse de voiture. A
l’intérieur gît le cadavre d’un homme décédé depuis environ un an et un peu
plus loin celui d’un chien mort plus récemment. C’est en quelque sorte par la
voix de ce chien que l’auteur retrace l’existence du SDF et le périple mortel
des deux compagnons. Happy, tel est le nom de l’animal, avait pour maître une
personne que nous ne connaîtrons que par le surnom de Papa. Cet homme avait
fondé un foyer. Marié et père d’une petite fille Miku, il symbolise selon Takashi
Murakami, le japonais traditionnel, être de devoir, un peu frustre et dépassé
par l’évolution de la société nipponne. De fait, il perd son emploi, divorce et
part dans le Sud de l’archipel avec le peu qui lui reste, sa voiture, quelques
yens et son chien.
Le second texte « Tournesols » raconte les
recherches effectuées par un assistant social, M Okutsu, pour identifier le
SDF. Peu à peu au fil du récit l’auteur effectue un parallèle entre la vie de
ce fonctionnaire, qui au fil de son enquête remonte le chemin de sa mémoire, et
le disparu. Comme celui-ci, M Okutsu possédait un chien légué par son
grand-père. Désormais seul, il regrette d’avoir négligé son compagnon.
Van Gogh, une source d'inspiration ? |
Une thématique qu’on nommera faute de mieux karma ou
métempsychose, sans doute d’influence shintoïste, parcourt les oeuvres récentes de Takashi
Murakami. Par delà les limites de l’existence quelque chose se transmet. Les
flux de la vie, nos actions, parcourent le cosmos et se réincarnent en d’autres
êtres et d’autres lieux. Telle est peut-être la signification de ces
tourterelles et de ces libellules qui parcourent ces magnifiques champs
d’étoiles terrestres, appelées tournesols.
Au fil de son périple « Papa » s’enfonce avec une
dignité toute japonaise dans la misère la plus noire. Mais à bien y réfléchir,
comme Hideo le vieil homme de l’oiseau bleu, il se débarrasse peu à peu
du monde matériel pour ne garder que l'indispensable, ici l’amitié de son chien. L’essentiel
écrivait Saint-Exupéry est invisible pour les yeux. Le chien gardien
d’étoiles, un chef d’œuvre ?
4 commentaires:
Bonjour,
J'avais déjà lu cette chouette fiche de lecture. Je la retrouve avec plaisir.
J'aime bien cette phrase : "...le japonais traditionnel, être de devoir, un peu frustre et dépassé par l’évolution de la société nipponne.". J'ai l'impression de lire un portrait de mon beau père.
A+
Amicalement,
Colin Laney
Merci !
Lu grâce à toi, c'est excellent, merci !
As-tu essayé Taiyou Matsumoto ( http://www.bedetheque.com/auteur-4427-BD-Matsumoto-Taiyou.html ) ?
Si ce n'est pas le cas, je te le recommande très chaudement, et en particulier sa nouvelle série en cour de publication : Sunny.
Merci ! Je prends note pour Sunny.
En ce moment j'attaque Preacher. Dans les BD ou les manga, je retrouve une fraicheur que je ne ressens plus dans les romans.
Bonne fête à toi et aux tiens.
SV
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