Takashi Murakami - Le chien gardien d’étoiles (Enfances) - Éditions Sarbacane
Publié sur la lancée du succès du Chien gardien d’étoiles,
Enfances a été traduit en France en 2014. Il constitue la suite de cette
histoire touchante, qui à travers des personnages vagabonds, balayait les
thèmes universels de l’amitié, de la mort, de l’acceptation d’un destin cruel.
Les tournesols de la précédente couverture ont laissé place à des cerisiers en
fleurs ce qui laisse augurer de scénarii et d’horizons plus légers.
L’argument de départ est des plus simple. Le chien Happy possédait
une sœur jumelle. Leur histoire commune débute dans une boite en carton laissée
dans une rue. La famille de « Papa » récupère le chiot, tandis
que la petite chienne de santé fragile manque de mourir, avant d’être sauvée
par une vieille dame. Elle suivra un chemin aux antipodes de celui de son
frère. Un second récit met en scène une vieille connaissance du précédent
album, le jeune vagabond Tetsuo. Sa route avait croisé celle de
« Papa » et d’Happy. Il avait partagé un temps leur existence, avant
de s’enfuir en volant des papiers et de l’argent. Tetsuo, abandonné par une
mère inconséquente, vit de menus larcins et chapardages. Son grand-père
constitue son dernier lien affectif, et c’est lui qu’il va retrouver à bout de
forces en compagnie d’un pug, un chien chinois. Le vieil homme entreprend alors
de lui donner une éducation morale et à l’image de M Okutsu, tente de remonter
la piste menant à « Papa ».
Comme souvent chez Takashi Murakami, les survivants se
rassemblent autour de souvenirs épars et donnent un sens à leur vie en luttant
dignement contre l’oubli et le sort contraire. A l’inverse du beau et cruel volume précédent, Enfances
est d’abord le manga de la réhabilitation. A cet effet de multiples séquences
rappellent l’odyssée du Chien gardien d’étoiles. Tous les personnages participent consciemment
ou non au travail de mémoire, de même que tous les chiens portent le nom
d’Happy.
Sous ses apparences de manga seinen virant au shonen, Enfances
relate aussi l’existence des laissés pour compte de la croissance
japonaise : personnes âgées, enfants abandonnés, familles détruites. Moins
direct qu’un Fukutani, Murakami dénonce néanmoins la perte des valeurs morales
du Japon moderne et rappelle les impératifs de solidarité et d’humanité.
Le graphisme moins léché que celui de Jirô Taniguchi évoque
celui de nos caricaturistes. Il réserve néanmoins des surprises : examinez
la dernière page, on dirait un dessin de Sempé. On se félicitera de la
traduction qui respecte autant que faire se peut le travail du mangaka. Un cran en dessous du Chien gardien d’étoiles, Enfances se lit néanmoins
avec grand plaisir.
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