jeudi 12 octobre 2017

La cinquième saison


N.K. Jemisin - La cinquième saison - J’ai lu Nouveaux Millénaires







La cinquième saison désigne sur une Terre lointaine un long hiver engendré par des catastrophiques écologiques en particulier des éruptions volcaniques. Sur le Fixe, le principal continent de cette planète, les « fixés » c'est-à-dire les humains, tentent de survivre aux dramatiques perturbations de l’écosystème qui en résultent pendant quelques dizaines d’années.


Plus que les séismes, la population supporte difficilement la présence de mutants en son sein, les orogènes. Qu’ils soient sauvages ou contrôlés par le gouvernement, les orogènes ont le pouvoir de canaliser les secousses sismiques, de les stopper voire même de les déclencher. Entre captivité, fuite ou décès leur destin semble tracé d’avance.


Le roman de N.K Jemisin suit le parcours de trois mutantes. La première Essun quitte la ville de Tirimo. Son mari Jija a tué son jeune fils, après avoir découvert les pouvoirs de mutant du bambin et a fui avec sa fille. Elle se lance à leur poursuite. Le second personnage a plus de chance. Dénoncée par ses parents, Damaya est récupérée par un Gardien qui entreprend d’en faire un agent gouvernemental. Elle intègre une école afin d’obtenir progressivement les anneaux de pouvoir. Enfin la troisième, Syénite, une « quatre anneaux », est chargée, entre autres, de procréer avec un « dix anneaux ».


Le thème de la violence faite aux femmes saute aux yeux. La première héroïne perd un enfant, une autre est sommée de procréer, et le Gardien de Damaya brise ses phalanges, histoire de lui montrer qui est le mâle de l’histoire.


Mais de nobles idées aboutissent elles forcément à d’excellents romans ? Il y a de bonnes séquences, la quête d’Essun, la disparition de sa famille et la résurgence contre son gré de son état de mutante et donc de paria. L’apprentissage de Damaya réserve aussi quelques pages vivantes. Il y a enfin la découverte du lien qui unit les trois personnages principaux, une belle astuce narrative. En revanche la scène de la découverte du nœud manque de dramaturgie.


L’usage du pluriel de l’indicatif utilisé pour l’odyssée d’Essun est original. Mais aussi que de digressions ralentissant la progression de l’intrigue « Tel est le non-dit qui a toujours été là, entre vous. A un moment, pendant votre séjour à Tirimo, Lerna a deviné ce que vous êtes. Vous ne lui avez pas dit. Il l’a deviné, parce que qu’il s’intéressait assez à vous pour remarquer les signes et parce qu’il est intelligent. Le fils de Makenba vous a toujours beaucoup aimée. Vous pensiez que ça finirait par lui passer. Vous vous agitez un peu, mal à l’aise en comprenant que tel n’a pas été le cas. ». Et ces « rouille de rouille » ou « croûte de rouille » à tout bout de champ. Insupportable …


La cinquième saison est, pour moi, bon, sans plus. Jeunes écrivains, quittez les ateliers d’écriture et mettez vous enfin à délirer !

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