Anders
Fager - La Reine en jaune - Mirobole Editions
Trois ans que l’on attendait une suite ou tout au moins une
nouvelle compilation des productions horrifiques d’Anders Fager. Les furies
de Borås publié par Mirobole Editions en 1974 consacraient le talent d’un
Lovecraft suédois qui s’inspirant des créations morbides du Maître de
Providence, rédigeait des histoires déjantées peuplées de créatures anciennes
peu recommandables.
La Reine en jaune, comme son prédécesseur, est un
recueil de nouvelles alternant récits brefs dénommés « fragments » et
d’autres plus longs. Certains forment un ensemble comme « Le chef
d’oeuvre de Mademoiselle Witt » et « La Reine en Jaune ».
Des personnages récurrents font aussi leur apparition de texte en texte sans
qu’une intrigue véritablement consistante leur soit associée. Un procédé
employé par Lovecraft à propos de monstres dont la seule évocation suscite la
terreur.
C’est ainsi que l’on fait connaissance dans le « fragment 1 » avec la messagère de
la Femme Boursouflée dont certaines relations disparues ont pris la précaution
de faire incinérer et jeter dans l’acide leurs restes … « Le chef
d’oeuvre de Mademoiselle Witt » raconte le dérapage d’une star du porno placée sous les feux des
caméras et des réseaux sociaux et dont les prestations « artistiques »
en perpétuelles surenchères aboutissent à un acte de folie. Hormis l’épilogue,
la nouvelle respire un ennui digne d'un Identification des schémas de plate mémoire. Dans la suite « La
Reine en Jaune », My Witt internée en hôpital psychiatrique se transforme
en une créature infernale et va régler quelques comptes.
C’est mieux mais le recueil décolle vraiment avec trois
textes, « Cérémonies », « Quand la mort vient à Bodskär » et
« Le voyage de Grand-mère ».
Le premier est la chronique sociale déjantée et hilarante d’une maison de
retraite. Pourquoi les pensionnaires du 4e étage (1) ne meurent ils jamais ?
Il faut avouer que Le Nexus du
docteur Erdmann de Nancy Kress fait pale figure face à ces petits vieux dont les déambulateurs
suintant la merde suite à une ingestion de pruneaux font une haie d’honneur à
une jeune beauté dénudée victime consentante d’une cérémonie secrète. Dans le
second, un commando investit une île du comté de Bodskär. Des
russes, parait il, y ont élu domicile. Mais laissons parler l’auteur : « C’est lors d’une nuit d’automne
éclairée par un fin croissant de lune que la mort arriva à Bodskär. C’est une
forme de mort inconnue qui s’y présenta. Elle était en acier et renvoyait des
reflets métalliques. Elle avait été
pensée dans les moindres détails, avait fait l’effet de nombreux exercices.. La
mort qui débarqua à Bodskär était humaine et moderne. […] Le problème était que
la mort se trouvait déjà à Bodskär. Celle là était noire et terrifiante. Elle
était séculaire, boursouflée et empestait le poisson pourri, la graisse de
phoque et le bois vermoulu. ». «
Le voyage de Grand-mère » raconte l’interminable voyage de deux créatures
venues trimballer leur aïeule. Transporter Mémé, qui au passage a bien connu
Yog-Sothotth, n’est pas une sinécure : il faut une auge, un van et de quoi
l’alimenter. Un récit bien barré quoiqu ‘un peu long.
Bref on en redemande. Second coup de cœur de l’année pour
moi.
(1) Il s’agit bien du quatrième étage de la pension de
Trossen et non du troisième comme indiqué sur le 4e de couverture.
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