China Miéville - Kraken - Pocket
Il avait tourné la tête vers l’autre côté des murs, vers
cette étrange obscurité dans laquelle on ignorait les dieux, et où les
souvenirs s’étaient mis en marche à la poursuite de l’avenir.
China Miéville occupe une place à la fois prépondérante et
particulière dans l’univers de la fantasy. Le génie imaginatif de l’écrivain et
la flamboyance de son écriture rallient tous les suffrages, attirent les
lecteurs les plus exigeants mais peuvent décontenancer les amateurs de
littérature de genre habitués aux poncifs. Chaque cycle ou roman inaugure une
nouvelle approche, une nouvelle manière de raconter. A l’univers lovecraftien
et à la luxuriance stylistique de Perdido Street Station ou des Scarifiés
succèdent le borgésien The city and the city et maintenant Kraken,
sorte de fantasy délirante dans le sillage de James Morrow.
Un calmar géant est dérobé au Muséum d’histoire naturel de Londres.
A peine remis de la surprise de la disparition de son céphalopode préféré, Billy
Harrow conservateur et spécialiste de mollusques en tous genres est enlevé par
deux tueurs étranges au service du Tatoué, un chef de pègre. Alors qu’on l’interroge
sur le vol du calmar, un employé du Muséum au service d’une secte adoratrice du Kraken le délivre de
ses geôliers. S’engage alors entre les différents
protagonistes, auxquels il faut ajouter une brigade policière très « zarbi », une course poursuite
…teuthologique.
Le met proposé était pourtant alléchant. Un Londres occulte,
des personnages déjantés tels Goss et Subby, tueurs à la mine de papier mâché
surgis du fond des âges, Anders Hooper, un commerçant qui pratique l’origami
sur des êtres vivants ou des caisses enregistreuses, ou Wati, un chaouabti, c'est-à-dire un serviteur
funéraire égyptien … en grève. On retrouve en quelque sorte le bestiaire cher à
l’auteur. Pourtant à l’approche de la 400 ème page…
La faute peut-être à une narration pas suffisamment nerveuse
eu égard à la longueur de l’ouvrage (700 pages) et accumulant les décrochages,
donnant l’impression au lecteur de sortir de l’intrigue. Le céphalopode brille
par son absence réelle ou métaphorique. China Miéville aurait du ajouter à sa
liste de lecture Les travailleurs de la
mer de Victor Hugo. Dommage, on a l’impression qu'il est passé à côté d’un remake des Voies d’Anubis. Mention d’excellence une
fois de plus à Nathalie Mège qui nous gratifie au passage d’un « encornet
de glace », plus appétissant il est vrai qu’un calmar au formol.
5 commentaires:
J'avais adoré Perdido Street Station, qui reste à ce jour ma lecture la plus marquante (avec, peut-être, le Cycle de Cendre de Mary Gentle) et je vais bientôt pouvoir me plonger dans son tout dernier paru en français. Dommage pour celui-là !
A.C.
Essaye peut-être Les scarifiés
J'ai Le Concile de Fer et The City and the City...
(et comment fait-on pour mettre en italique? ;-) )
A.C.
Le i entre crochets au début du texte et /i entre crochets à la fin
OK, j'ai compris...
N'est-ce pas ? (en fait, il me manquait juste la barre pour fermer)
A.C.
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