samedi 10 octobre 2015

Glissement vers le bleu



Robert Silverberg & Alvaro Zinos-Amaro - Glissement vers le bleu - Editions Actusf






Robert Silverberg le Démiurge, Robert Silverberg le Créateur de mondes. La couverture rend hommage à cet écrivain longtemps prolifique qui a décidé de mettre fin à sa carrière. Roma Aeterna, fut sa dernière création notable, hormis quelques textes courts, dont ceux publiés par les éditions Actusf. Place désormais aux fonds de tiroir, ce qui n’a rien de péjoratif. L’auteur de l’oreille interne connaît le sort réservé à ses grands confrères. Les érudits traquent l’inédit, ou comme c’est le cas ici les écrits résiduels de projets avortés.

Glissement vers le bleu provient en partie d’un roman inachevé rédigé en 1987 puis oublié dans un coin d’ordinateur. Il refit surface en 2012, quand Mick Resnick désireux de lancer une nouvelle collection fit appel à Robert Silverberg. Celui-ci, en conformité avec sa décision récente de ne plus rien produire, déclina dans un premier temps la proposition de l’éditeur, avant de ressortir le texte en question  et d’en confier l’achèvement à un de ses fans. C’est donc un roman à quatre mains qui est aujourd’hui proposé aux lecteurs. Précisons tout de même que celui-ci avait fait l’objet d’une première publication numérique par les éditions Actusf dans un format court (nouvelle) sous le titre « Hanosz Prime s’en va sur Terre »

Dans un futur inimaginable, l’Univers se meurt. Une singularité, semblable à un trou noir hyper massif dévore la Voie Lactée et précipite la fin de toutes choses en un probable Big Crunch. L’observation des étoiles confirme ce décalage général vers le bleu – à l’origine du titre du roman. Pendant ce temps, dans une lointaine Galaxie, le roi Hanosz Prime subit une régénération censée lui insuffler une nouvelle jeunesse. L’opération connaît un tel succès que celui-ci abandonne ses charges monarchiques et décide de se rendre sur Terre pour observer la fin du berceau des Mondes.

La disparition des Civilisations et des Cultures constitue un thème récurrent dans l’œuvre de Robert Silverberg. Ce volume n’ y déroge pas. La surprise vient de la première partie. On ne reconnaît pas le coup de patte de l’auteur dans ces écrits datant de 1987. Une période encore faste avec la publication entre autres de L’étoile des gitans, de Tom O’Bedlam sans compter de remarquables nouvelles. De là à conclure que le travail de réécriture a du être conséquent, il n’ y a qu’un pas. Le style est jubilatoire, l’humour présent avec cette histoire d’amour entre une râpe à fromage et un œuf dur (les Roméo et Juliette du neuvième Mandala), Silverberg accumule même les digressions à la Pynchon. Le Maître de l’écriture peut tout se permettre, mais où est passé le conteur d’autrefois ? Alvaro Zinos-Amaro emboîte le pas avec pour mission de ficeler l’intrigue. Bof. Ce projet a au moins rendu un fan heureux.

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