Robert
Silverberg & Alvaro Zinos-Amaro - Glissement vers le bleu - Editions Actusf
Robert Silverberg le Démiurge, Robert Silverberg le Créateur
de mondes. La couverture rend hommage à cet écrivain longtemps prolifique qui a
décidé de mettre fin à sa carrière. Roma Aeterna, fut sa dernière
création notable, hormis quelques textes courts, dont ceux publiés par les
éditions Actusf. Place désormais aux fonds de tiroir, ce qui n’a rien de
péjoratif. L’auteur de l’oreille interne connaît le sort réservé à ses
grands confrères. Les érudits traquent l’inédit, ou comme c’est le cas ici les
écrits résiduels de projets avortés.
Glissement vers le bleu provient en partie d’un roman
inachevé rédigé en 1987 puis oublié dans un coin d’ordinateur. Il refit surface
en 2012, quand Mick Resnick désireux de lancer une nouvelle collection fit
appel à Robert Silverberg. Celui-ci, en conformité avec sa décision récente de
ne plus rien produire, déclina dans un premier temps la proposition de
l’éditeur, avant de ressortir le texte en question et d’en confier l’achèvement à un de ses
fans. C’est donc un roman à quatre mains qui est aujourd’hui proposé aux
lecteurs. Précisons tout de même que celui-ci avait fait l’objet d’une première
publication numérique par les éditions Actusf dans un format court (nouvelle) sous
le titre « Hanosz Prime s’en va sur Terre »
Dans un futur inimaginable, l’Univers se meurt. Une
singularité, semblable à un trou noir hyper massif dévore la Voie Lactée et
précipite la fin de toutes choses en un probable Big Crunch. L’observation des
étoiles confirme ce décalage général vers le bleu – à l’origine du titre du
roman. Pendant ce temps, dans une lointaine Galaxie, le roi Hanosz Prime subit
une régénération censée lui insuffler une nouvelle jeunesse. L’opération
connaît un tel succès que celui-ci abandonne ses charges monarchiques et décide
de se rendre sur Terre pour observer la fin du berceau des Mondes.
La disparition des Civilisations et des Cultures constitue
un thème récurrent dans l’œuvre de Robert Silverberg. Ce volume n’ y déroge
pas. La surprise vient de la première partie. On ne reconnaît pas le coup de
patte de l’auteur dans ces écrits datant de 1987. Une période encore faste avec
la publication entre autres de L’étoile
des gitans, de Tom O’Bedlam sans
compter de remarquables nouvelles. De là à conclure que le travail de
réécriture a du être conséquent, il n’ y a qu’un pas. Le style est jubilatoire,
l’humour présent avec cette histoire d’amour entre une râpe à fromage et un œuf
dur (les Roméo et Juliette du neuvième Mandala), Silverberg accumule même les
digressions à la Pynchon. Le Maître de l’écriture peut tout se permettre, mais
où est passé le conteur d’autrefois ? Alvaro Zinos-Amaro emboîte le pas
avec pour mission de ficeler l’intrigue. Bof. Ce projet a au moins rendu un fan
heureux.
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