Anders
Fager - Les furies de Borås - Mirobole Editions
Mirobole Editions est un tout jeune éditeur français né en
2012, qui publie des ouvrages policiers et fantastiques inédits ou peu connus
d’auteurs européens, russes, turques voir moldaves …Le design des couvertures d’inspiration
publicitaire tranche de l’univers éditorial habituel. La collection
« Horizons pourpres » par exemple accumule bocaux et soupières remplis
de choses innommables. Tout ceci est sympathique, mais bien évidemment le
lecteur va surtout s’intéresser au contenu (du livre pas du bocal) au premier
chef. A cet égard la publication du recueil de nouvelles de l’écrivain suédois
Anders Fager Les furies de Borås constitue un coup d’éclat.
Anders Fager, à l’image de Jean-Philippe Jaworski, fut
d’abord un auteur de Jeux de rôle, avant de revêtir le costume d’un écrivain
traditionnel. Une double casquette favorisée par l’écriture de textes inspirés
de l’oeuvre de H.P Lovecraft. Les furies de Borås comprend une sélection de nouvelles
extraites de trois recueils suédois. L’épouvante, le fantastique donnent le ton
de l’ensemble. Les récits phares, comme « Les furies de Borås » ou « Trois semaines de bonheur » trouvent un prolongement dans d’autres
nouvelles, intitulés parfois sobrement « Fragments ». C’est l’occasion de retrouver des personnages
clefs comme Sofie la veilleuse ou Malin Mânsonn (1), fille aux formes généreuses
… et au parfum de varech. Outre ces créations de mythes ou bestiaires tout à
fait remarquables, figurent des textes inclassables mais tout aussi peaufinés
comme « Un point sur Västerbron ».
Bref cet auteur a un talent fou : imagination débordante, faculté de plier
l’écriture au sujet. Passera t’il la barrière romanesque ?
De ce recueil,
extrayons subjectivement un florilège et tout d’abord « Les furies de Borås », inspiré de Carrie.
Dans un dancing, des jeunes filles adeptes d’un culte ancien cherchent une
victime. Un sabbat de sorcière sur fond de tentacules et un produit d’appel
idéal pour le lecteur diront les marketeurs.
« Le vœu de l’homme brisé » relate
un épisode final des guerres nordiques en 1718. Des troupes de l’armée du roi de
Suède Charles XII traversent un village norvégien et massacrent les habitants.
Un regard oblique sur l’Histoire par le biais du fantastique. Récit d’ambiance
prenant.
Malin Mânsonn tient
un magasin d’aquariophilie dans un sous sol au centre de Stockholm. La qualité
de ses poissons n’est plus à démontrer. Pour nourrir ses silures et autres
bestioles elle recourt à un truc pas banal. Sexe et varech, effet garanti,
voilà le sujet de « Trois semaines
de bonheur ».
« Un point sur Västerbron » essaye d’éclaircir
un fait divers peu commun : des personnes âgées mues par un appel
irrésistible et mystérieux, empruntent un pont et se jettent à l’eau. Inventaire
minutieux des circonstances d’un phénomène incompréhensible, ce thème a été
traité dans Rendez vous avec Rama de Arthur Clarke ou « Le géant
noyé » de Ballard.
Le docteur Lohrman
tente de soigner Elvira Wallin. La jeune femme relate le même rêve obsédant. Légèrement
vêtue elle descend l’escalier de service jusqu’ à la cave ou une chose l’attend.
« L’escalier de service »
évoque un compte-rendu d’analyse freudien au début du XXè siècle, écrit dans
une langue classique.
Les furies de Borås est un recueil incontournable. Il semble que la Suède ait déniché son
Jean Ray.
Merci Hermeline ! Magnifique chronique sur un magnifique auteur ! Bientôt la suite chez Mirobole...
RépondreSupprimerMerci et à bientôt donc
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