J’ai longtemps négligé de sacrifier à ces marronniers de
début ou de fin d’année appelés bilans. Sans doute par indifférence. Or en
relisant mes fiches de lecture, je me suis aperçu qu’elles ne traduisaient pas
toujours une hiérarchie d’appréciations - forcément subjective – mais bien
présente dans mon esprit. Du coup je considère d’un œil neuf les bloggers qui
terminent leurs chroniques par une notation. L’exercice peut paraître scolaire.
Il témoigne en fait d’une forme d’honnêteté par rapport au lecteur.
Il me faut maintenant expliquer ce titre inspiré non pas par
un péplum improbable, mais par un discours de Valery Giscard d’Estaing,
« bilantant » comme disent affreusement les personnels de santé, sa
première année de mandature présidentielle. La phrase exacte fut « Adieu donc 1974, et salut à toi 1975 ».
Ce n’est pas tant la théâtralité de cette allocution spécifique au chef d’état,
source d’inspiration pour Le Luron et Desproges, qui m’interpella, que la
parenté de ces dates. Oui, septembre 1974 comme septembre 2015 restent, à titre
personnel, de très mauvais souvenirs. Et donc, comme tous les français, et pour
des motifs individuels et collectifs, je dis : dégage 2015 ! Quant à
2016, reprenant une expression giscardienne de fin de mandature, je m’en remets
à la Providence.
Il y eut cependant l’année dernière, des atolls de lecture
au sein des tempêtes événementielles.Si le vieil ours que je suis réussis à attraper au moment de leur parution quelques vifs argents dans
le fleuve « science-fictif », il n’en est pas de même pour la
littérature hors genre.De cette dernière j’extraie deux chefs d’œuvre indémodables,
l’un japonais La ballade de l’impossible de Haruki Murakami, l’autre
chinois Le chant des regrets éternels de Anyi Wang. Le
premier évoque L’écume des jours de Boris Vian mais lui est très
supérieur, le second retrace l’existence d’une femme originaire de Shanghai, et
a été qualifié d’œuvre balzacienne. Dans ces deux romans, héros et héroïnes
opposent aux vicissitudes de leur existence une noblesse d’âme indéfectible.
En science fiction, La ménagerie de papier
de Ken Liu a créé l’évènement, L’ Adjacent est considéré par certains
comme le meilleur roman de Christopher Priest. Lus en 2015, mais hors
actualité et pour certains des classiques, les ouvrages majeurs ne
manquent pas : le cycle de La Terre mourante, Destination Ténèbres, Les Scarifiés …En deuxième rideau, Les furies de Boras
étonnent. Un regret, les œuvres récentes de China Miéville déçoivent un peu. Pour
conclure, je mentionnerai le recueil Philip K. Dick goes to Hollywood de Léo Henry chez Actusf.
Une incursion, mais de taille en polar, Une plaie ouverte de Patrick Pécherot. Le beau et triste chien gardien d’étoiles n’a rien à envier aux meilleures productions mangas. Enfin la
série BD Preacher, en cours d’édition chez Urban comics, balaie tout sur
son passage.
Pour terminer quelques réalisations destinées
à choir sous les sapins de Noël, livres d’art ou albums photographiques. Tout d’abord, Poésies,
Une saison en enfer, Illuminations de Rimbaud chez Diane De Selliers. En
regard de chaque poème, une reproduction d’une toile contemporaine. Des historiens d’art président aux choix
picturaux. L’imprimeur italien qui travaille à l’ektachrome magnifie les
tableaux. Il est vrai que chez Diane De Selliers le sublime a été atteint avec les voyages en Italie de Stendhal. Les
tarifs aussi décollent …
Réédité en 2014, Elles ont conquis le monde les grandes aventurières de Alexandra Lapierre et Christel Mouchard chez Arthaud raconte le destin de femmes qui partirent explorer le monde, avec le double objectif d’échapper à leur condition et d’inventer leur vie. La couverture représentant Osa Johnson, pionnière avec son mari des films documentaires, inaugure un festival iconographique au service de textes passionnants.
Il est bien le Pécherot, hein ? Il est bien ?
RépondreSupprimerps : Bonnes lectures pour 2016
Ubik
Abcholument, cher compatriote.
RépondreSupprimerJ'ai eu un moment de honte, quand j'ai demandé à l'auteur l'origine du titre ("C'est de ce temps-là que je garde au coeur une plaie ouverte")
Dès que je l'ouvre c'est pour dire une connerie ...
Bonne année encore à toi et aux tiens
Bonne année 2016 !
RépondreSupprimerEt surtout, plein de bons bouquins !
A.C.
Merci. Bonne année à toi aussi ! J'ai ressorti un petit Silverberg ...
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