jeudi 20 février 2025

La Ville de vapeur

Carlos Ruiz Zafón - La Ville de vapeur - Actes Sud

 

 

Sous l’ombre tutélaire des grands noms de la littérature espagnole ou de langue espagnole passés ou actuels comme Vargas Llosa, figurent quelques romanciers de talent ; Carlos Ruiz Zafón est de ceux-là. Décédé en 2020 l’écrivain ne s’offusquait pas de leur écrasante présence ; il se promenait avec délice dans le jardin des Cervantes, Borges, et autres Márquez, s’abreuvant même de leurs textes. Il était de Barcelone, comme James Joyce était de Dublin ou Alaa El Aswany d’Alexandrie. Ses deux ensembles romanesques la tétralogie Le Cimetière des livres oubliés et la trilogie du Cycle de la brume en témoignent, comme son ultime publication un recueil de nouvelles La Ville de vapeur.

 

Celles-ci empruntent quelques personnages à la tétralogie, notamment David Martin. Le texte le plus remarquable « Rose du vent » se lit comme une préquelle de L’Ombre du vent. Il raconte l’arrivée à Barcelone d’un architecte muni du plan d’un labyrinthe sous la cité de Constantinople dont l’empereur de l’Empire romain d’Orient lui avait confié la construction. L’assaut des Ottomans mit fin à ce projet ; le concepteur s’enfuit avec ses plans muni, cadeau de Constantin, d’un flacon contenant le sang d’un dragon et d’un pendentif renfermant une larme du Christ.

 

La fiction la plus ambitieuse du recueil « Le Prince du Parnasse » s’appuie sur quelques épisodes peu connus de la biographie de Miguel de Cervantes, son voyage en Italie et quelques séjours à Barcelone. Il s’agit d’un récit d’apprentissage express qui se focalise sur les prémisses d’un écrivain maladroit fasciné par le succès théâtral de Lope de Vega et, alors que les protagonistes assistent à l’enterrement du génial romancier, sur le mystère entretenu d’une hypothétique troisième partie du Don Quichotte.

 

A côté de textes « gothiques », quoique la frontière soit mince, apparaissent des textes à connotation fantastique. Ils ont pour personnage principal une héroïne entre ciel et terre, semblable en cela, comme l’ont remarqué certains, aux figures féminines des contes d’Edgar Poe. « Blanca et l’adieu » est le beau récit d’une amitié amoureuse entre un garçon pauvre et une petite fille riche que tout sépare sauf l’amour des contes. « Alicia à l’aube » reproduit le même schème en plus tragique. Enfin le destin du personnage de « Sans nom » n’est pas sans évoquer celui de la Fantine des Misérables.

  

Un des meilleurs textes « Une demoiselle de Barcelone » raconte la mésaventure d’une petite fille, Laia, venue accompagner son photographe de père pour un job peu ordinaire. Les parents d’une fillette décédée demandent une dernière prise de vue de leur enfant avant la mise en cercueil. La mère inconsolable se prend subitement d’affection pour Laia en qui elle voit un substitut et demande à la revoir régulièrement moyennant espèce trébuchante. La scène se reproduit jusqu’au jour où lassés, père et fille s’enfuient. Laia vient de se découvrir un don d’incarnation qu’elle et son progéniteur entendent mettre à profit. Enfin « Des hommes en gris » évoquent les histoires de spadassin dont Jean-Philippe Jaworski s’est fait une spécialité. Les autres récits ne déméritent pas.

 

 

  • Blanca et l'Adieu, 2021 ((es) Blanca y el adiós, 2020)
  • Sans nom, 2021 ((es) Sin nombre, 2020)
  • Une demoiselle de Barcelone, 2021 ((es) Una señorita de Barcelona, 2020)
  • Rose de feu, 2021 ((es) Rosa de fuego, 2012)
  • Le Prince du Parnasse, 2021 ((es) El Príncipe de Parnaso, 2012)
  • Conte de Noël, 2021 ((es) Leyenda de Navidad, 2003)
  • Alicia, à l'aube, 2021 ((es) Alicia, al alba, 2008)
  • Des hommes en gris, 2021 ((es) Hombres de gris, 2008)
  • La Femme de vapeur, 2021 ((es) La mujer de vapor, 2008)
  • Gaudí à Manhattan, 2021 ((es) Gaudí en Manhattan, 2002)
  • Apocalypse en deux minutes, 2021 ((es) Apocalipsis en dos minutos, 2020)

55 commentaires:

  1. Il me semble que les deux derniers ne sont pas chroniques. Moins convaincants?

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  2. Merci, Soleil vert, de me permettre de retrouver ce grand romancier. Je me souviens de l'ombre du vent...

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    1. MC : oui. En fait il y a deux façons de parler d'un recueil de nouvelles ; un survol rapide ou une énumération. Je préfère la premiere. SV

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  3. La magie de l'écriture de Carlos Ruiz Zafón est intacte. Je viens d'avaler sans arrêt les deux premières nouvelles. Qu'est-ce qui fait qu'on ne peut s'empêcher de tourner la page pour lire la suite ? Qu'est-ce qui fait qu'on pressent pour l'avoir reconnu que ce ne sera pas une fin joyeuse, que la mort et la solitude viendront piper les dés mais que ce sera beau envoûtant plus fort que la mort et la solitude ?
    Carlos Ruiz Zafón est un conteur né. Il ensorcelle son lecteur. Le fantastique naît dans un décalage du temps du récit contre le temps des prémonitions du narrateur. Lui, il sait et nous raconte, à sa façon, ces grands mystères.
    Ah, je me réjouis de savoir lire. Depuis toujours dans ma mémoire, ouvrir un livre est assurément le geste au monde qui m'est le plus familier. Livre fermé, j'accepte de patienter mais... pas trop !

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  4. MC: oui. En fait il y a deux façons de parler d'un recueil de nouvelles, l'énumération ou le survol. Je préfère la seconde. Imaginez un recueil de cinquante nouvelles. SV

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  5. Dans la nouvelle " La femme de vapeur", remarquable torsion du temps. Deux mois suffisent pour une éternité. La nouvelle commence un soir de juillet et se termine en août. Entre ces quelques semaines, le narrateur aura vécu avec les habitants de l'immeuble chaleureux pour lui qui sort de prison.
    La chute de la nouvelle est étonnante : ils sont tous morts des années avant sa présence dans l'immeuble fragilisé par ce bombardement qui les avait tous tués.
    Retour en prison mais aussi retour la nuit de la belle jeune fille qui l'invita à entrer dans l'immeuble, partagea langoureusement ses nuits, disparaissant au matin et de nouveau présente dans les nuits du prisonnier, bien que morte, semble-t-il....
    C'est un vrai parcours de lecture, un pari, où la mort n'est qu'un article de journal et une photo effacée par un présent onirique qui reprend le fil de l'histoire.
    Il n'y a que dans la fiction que de tels prodiges sont possibles ou dans l'art. Je pense à Guernica où Picasso a éternisé l'instant de l'horreur. Arrêt sur image.
    Il est certain que certains lecteurs se pinceront pour se réveiller en hurlant : Ce n'est pas possible, c'est n'importe quoi !
    Dans les années 70 c'est Annie Saumont qui me révéla l'écriture exigeante des nouvelles et l'attente du lecteur quant à leur pirouette finale.
    Dans ce recueil, des nouvelles courtes ont un rouage subtil lié au temps différent. On y entre dans le présent ou dans le futur avant de deviner que l'ogre du passé va tout engloutir.
    J'aime beaucoup cette écriture dé-raisonnable, libératrice, fantastique.
    Nos nuits savent nous offrir ce chamboule-tout. Il suffit de rêver....

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  6. Annie Saumont définissait la nouvelle ainsi : "un texte court avec une intensité dramatique forte, une chute définitivement fermée et des événements qui ne se racontent pas tous ; il revient au lecteur de reconstruire les passages manquants. Ce sont donc des œuvres qui ne permettent aucune erreur, où chaque mot n’a qu’une place possible, celle qu’il occupe. "

    C'est aussi l'excellence des nouvelles de Carlos Ruiz Zafón.

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  7. Et Annie Saumont inventa la poudre…. Oui Sv,,j’ai bien lu.

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  8. https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2017/01/31/mort-de-l-ecrivaine-annie-saumont_5072348_3382.html

    Eh oui, Annie Saumont .

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  9. Et la traduction de "L'attrape-coeurs" est tout à fait convaincante . Mais revenons aux nouvelles. Je l'avais écoutée en librairie. Pour sûr, ce n'est pas une oratrice. Elle est timide, parle peu, bredouille même. Mais la lire c'est découvrir sa force, son métier. Elle sait mettre en scène un quotidien dont elle rabat les cartes en quelques pages jusqu'à jubiler dans les derniers mots qui laissent le lecteur pantois. Une belle découverte cette Annie Saumont.
    Cela n'enlève rien à tant d'autres écrivains qui se sont lancés dans l'écriture de nouvelles : Italo Calvino, J.D. Salinger, Musil, Maupassant, Woolf, Ballard et tant d'autres...
    Cet anonyme narquois n'a même pas signé son commentaire. .. bah, je me passerai de sa con...descendance.

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  10. Et quelques autres...

    https://dequoilire.com/top-33-des-meilleurs-recueils-de-nouvelles/

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  11. Je n'ai peut-etre pas signé, mais c'était reconnaissable! Qui donc peut hair Annie Saumont, sinon moi? MC

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  12. J'ai, d'Annie Saumont, une nouvelle que j'aime beaucoup. "Autrefois, le mois dernier".
    Éditée en 100 exemplaires pour les membres de l'association "Les éditions du Chemin de fer".
    On m'a offert ce joli livret de 66 pages dont une page sur deux est occupée par une photo. J'y tiens.
    C'est un adolescent qui raconte quelques jours de sa vie, sur la montagne où il vit avec sa mère.
    Une fille vient passer quelques jours pour se reposer...
    Un récit initiatique où le jeune homme quitte son enfance .
    "Autrefois je faisais des bateaux. Je creusais le bois avec mon couteau. Autrefois, le mois dernier. Je ne jouerai plus jamais. Je m'allonge au bord du torrent le visage au-dessus de l'eau. La fille s'étend près de moi. Elle m'embrasse dans le cou puis elle dit, Rentrons."
    Celine Duval, artiste plasticienne a donné des photos en noir et blanc de sa collection personnelle qui alternent avec le texte. Elle a constitué un fonds iconographique de sources variées. Ici, tous les clichés choisis offrent des personnages populaires, années 50. Le cadre est un village de montagne.
    Pour le lecteur, cette ambiance d'un passé proche, quelques décennies, va bien avec le mot "autrefois".
    L'écriture est un long monologue un peu brouillon quant au temps, alternant l'évocation de cette rencontre, le dialogue écrit avec la mère qui est sourde et de brèves notes délicieuses du printemps sur la montagne. Un récit d'une grande pureté.

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  13. Je viens de lire "Rose de feu" de Carlos Ruiz Zafón
    Ce monstre qui s'échappe des entrailles de l'inquisiteur cupide quand il a avalé le contenu du flacon.
    "Ils entendirent ensuite craquer la peau et les membres de Jorge de León et sa voix, hurlante d'épouvante, se transformer en rugissement, celui de la bête qui se dégageait de ses chairs et se décuplait à vue d'œil dans un fatras sanguinolent d'écailles, de griffes, d'ailes. Une queue hérissée d'arêtes coupantes comme des haches se poursuivait sur le dos du plus grand serpent qui fut (...)"

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  14. Très à la mode durant des années que je préfère oublier.Vide aussi…

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    1. Voilà une "mode" que je n'ai pas connue, MC.
      Je l'ai lue dans quelques nouvelles qui ont leur place dans la littérature. Elle a mené également un grand travail de traduction dont cet "attrape - cœurs" de J.D. Salinger où un adolescent, en HP, raconte quelques jours de sa vie, par écrit à la demande, - on le comprend à la fin - des psychiatres qui tentent de le soigner et qu'il vouvoie.
      J'avais aimé les dernières lignes : "Je regrette d'en avoir tellement parlé. Les gens dont j'ai parlé, ça fait comme s'ils me manquaient à présent, c'est tout ce que je sais. (...) C'est drôle. Faut jamais rien raconter à personne. Si on le fait, tout le monde se met à vous manquer."

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    2. Quand elle donne la parole à des adolescents dans ses nouvelles, dont celle que j'évoque, plus haut, je trouve qu'elle traduit bien le rythme de leurs paroles, l'intonation, les tics de langage, les gaucheries. Une sorte de mimétisme.

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  15. Je crois me souvenir que c’est ce style «parle «  que précisément j’abomine…. MC

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  16. C'est intéressant votre remarque car j'ai beaucoup d'aversion pour entrer dans les livres écrits "en langue parlée", y cmpris "L'attrape-cœurs" de Salinger, peut-être parce que c'est une imitation de l'enfant ou de l'ado que ces auteurs ne sont pas.
    Mais si le roman est bon, après une difficile période d'adaptation, j'essaie de comprendre pourquoi l'auteur a pris ce risque. Ainsi dans cette nouvelle "Autrefois, le mois dernier", cette langue donne beaucoup de vérité
    aux hésitations bourrues de cet adolescent vis à vis de sa mère, de cette jeune fille, des autres.
    J'ai été , il y a quelques années, passionnée par le travail d'une chercheuse en linguistique qui enregistrait, dans les transports en commun qu'elle prenait tous les jours, des bribes de conversation pour, revenue chez elle, les étudier.
    Il y a entre la langue écrite classique et la langue orale une telle différence que lorsqu'elles sont utilisées en mélange hasardeux affaiblissent l'écriture du livre. C'est souvent le cas dans la SF et beaucoup dans les romans actuels..
    Je crois que ce glissement vers la langue orale explique en partie les réticences de la jeune génération pour aborder la littérature classique.
    L'usage des réseaux, des smartphones n'arrange rien. Peut-être que le goût de la conversation, de la correspondance se perd.
    La langue classique est l'incarnation de la vie spirituelle.
    En ce moment je me plais à lire "Correspondance à trois" entre Rilke, Pasternak et Tsvétaïéva. Chacun voit dans l'autre un poète. Ils se comprennent à demi-mot. Ce sont de très beaux dialogues.
    Ainsi Tsvétaïéva à Rilke à propos de la traduction.
    "(...) Chaque langue a quelque chose qui lui appartient en propre, qui l'a fait ce qu'elles est. C'est pourquoi tu sonnes en français autrement qu'en allemand - et c'est la raison même pour laquelle tu as choisi le français ! L'allemand est plus profond que le français, plus plein, plus dilaté, plus sombre. (...)"

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  17. De la vie de l’esprit, oui. De la vie spirituelle, seulement partiellement. Voltaire n’est pas Massillon. Votre chercheuse ( trouveuse?) représente ce que j’abomine. Une science aveugle et bête à laquelle je n’ai jamais mordu.Je me souviens de deux remarques, mises sur mon premier devoir de linguistique. À) cadre casuel du verbe guérir 1) « Sens de ce jargon? » et 2) à Choisir un exemple « Je suis guéri de la linguistique « …,

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  18. Mes anciens maîtres de lettres regrettaient qu’il n’y ait plus de Molière pour ces disciplines-là…. MC

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  19. Eh bien moi j'aime beaucoup les bleus mouvants de Geneviève Asse, les poèmes de Sylvia Baron Supervielle, les poèmes de René Char, les œuvres de Musil, les études de Catherine Boré, tous les Jankélévitch et tous les Bachelard, et Barthes , et Pavese et Quignard et Italo Calvino et Virginia Woolf et Camus et Henri Bauchau et Beckett et Le Clezio et Jacques Pierre Amette et Pierre Assouline et Mauriac et Pessoa et Kafka et Cheng et Rilke et Ingeborg Bachmann et Eluard et Aragon et Proust et Sartre et Baudelaire et Reverdy et Jaccottet et François Cheng et Valéry et Claudel et Duras et Apollinaire et Rimbaud et Hugo et Celan et Daniel Arasse et Georges Perros et Pinget... Et tant d'autres... et j'aime les gens qui savent aimer et je déteste ceux qui ne savent que détester..

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  20. en passant (rapidement, car je n'ai pas lu l'auteur dont il est question), mon œil a été accroché par la mention de la Correspondance à trois. Si ce n'est déjà fait, je me permets de suggérer en complément la lecture du livre de Martine Broda (collection "en lisant en écrivant" chez Corti), L'Amour du nom Essai sur le lyrisme et la lyrique amoureuse — lequel replace ces virtuoses de l'amour impossible (comme excellent combustible pour le feu de l'écriture, selon l'image de Serge Efron) au sein d'une très longue longue tradition.

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    1. Merci. J'aime beaucoup les pistes ouvertes par ce commentaire.

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  21. (L'anonyme de 15:25 c'était moi, e.g.)
    J'en profite pour ajouter que si Jankélévitch défend (soutient, justifie) l'éclectisme dans le domaine esthétique (dont les règles, la logique sont distinctes de celles qui régissent le domaine de la morale avec ses "incompossibles" : le premier, celui des goûts, des prédilections, relevant du "en même temps" contrairement au second, soumis à l'alternative, au "ou bien … ou bien…"), il me semble pour ma part que cela ne fonctionne qu'à qualité ou valeur égale, à l'intérieur d'une même catégorie ; que certaines lectures font époque et nous rendent plus "difficiles", plus exigeants envers ce que nous lirons ensuite (et cela, sans qu'il y ait démarche volontaire de notre part).
    Bien sûr, ce "pour ma part" n'est peut-être qu'un "en ce qui me concerne du moins", un "dans mon cas (étroitement singulier)". On pourrait sans doute lui objecter la capacité de bon nombre de lecteurs à cloisonner leurs attentes, notamment selon les genres (ou selon les circonstances — comme celles où tout "divertissement" est bon à prendre). Sans même parler de l'argument-massue du relativisme, ici comme ailleurs : le constat de l'absence d'unanimité quant aux critères de la valeur ou de l'excellence. (Il y a quelques contre-arguments, mais j'étais censée faire bref.)
    e.g.

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    1. Là c'est plus compliqué de vous comprendre.
      Jankélévitch est avant tout un poète sensible aux traces, à la musique, à l'indicible, à lirrévocable. Un moraliste aussi en ce qui concerne le pardon lié à la mémoire.
      Je relirai à tête reposée.
      Là je viens de remonter la rue de Vaugirard sous une pluie battante et je tente de me sécher dans la salle d'attente de ma cardio préférée . A plus tard .

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  22. C’est un peu facile cette liste de Philies. Je pourrais aussi en reprendre une bonne partie, moins Char et quelques autres dont je n’ai pas entendu parler. ( Catherine Boron? C’est quoi ça ?)Que l’éclectisme de Cousin fonctionne pour un Jankélévitch et seulement pour lui, je comprends aussi, même si je ne partage pas sa détestation de la musique allemande et son adulation Faureeenne….. On peut aussi garder Claudel, Soulier compris, ce qui n’est pas le cas de mon estimée correspondante. Mann et Music, si voyons le voulez, quoi que j’y sois rétif. Il s’agit moins de détestation que de rétivite, ne vous en déplaise. On dira que le resultat est le même….Pour être , il faut aimer mais aussi détester. Autrement, on fait de tout et de son contraire une gigantesque Bibliothèque Rose….Et l’on s’y emmêle ! Bien à vous. MC

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  23. https://cv.hal.science/catherine-bore#:~:text=Catherine%20Bor%C3%A9%20est%20actuellement%20Professeure,de%20l'Acad%C3%A9mie%20de%20Versailles.
    L'amie dont j'ai eu la chance de croiser la route et que vous dîtes détester !

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  24. Une gigantesque bibliothèque rose ! Eh bien, je l'aime !

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  25. Je ne la déteste pas, je ne la connais pas! Cela dit, on trouve de tout dans l’ Académie de Versailles…

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  26. Soit pour la Bibliothèque Rose!…. MC

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  27. Et quant au titre de Professeure, d’un féminisme mal dégrossi, il vaut celui d’écrivaine…

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  28. MC, vous me fatiguez. Que de temps perdu ! Vous bourrez ce blog de vos détestations et quand on vous le fait remarquer vous cherchez à vous en défendre . C'est lassant. Je ne vous réponds plus . Gardez votre morgue, vos jugements hâtifs. Je lis et j'apprécie qui je veux.

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  29. Vous aimez aimer. Moi, j’aime avoir aussi des cibles ! Dont Geneviève A. Mais pas que…Quand vous l’aurez compris…

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  30. Ah celle-ci aussi , bien vue par Fumaroli: « Beckett et son théâtre de l’ aphasie! »

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  31. e.g
    J'ai relu votre deuxième commentaire. Il me reste toujours un peu obscur. Mais puisqu'il évoque Jankélévitch, je me permets d'enchaîner librement.
    Le livre de lui que je préfère c'est : "L'irréversible et la nostalgie". Dans ces pages, il écrit ce qu'il ressent de douloureux dans l'écoulement du temps : "chaque moment de notre vie advient une seule fois dans toute l'éternité et ne sera plus jamais." ou encore "Le passé est un absent qui ne reviendrai jamais."
    C'est par cet essai que j'ai connu sa pensée.
    En opposition, ou en accord profond, c'est une des raisons qui me font aimer tant la littérature, la lecture. Car c'est une activité qui arrête le temps, qui le module selon le rythme de l'écrivain, qui permet des échappées , des retours en arrière.
    Et puis il écrit ou dit tout cela avec tant de douceur et de modestie que ça finit par ne pas être grave ce sens unique de la vie.

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    1. Christiane, il s'agissait de la distinction (dans la ligne de Kierkegaard) entre les approches esthétique et éthique ; pour la 1ère, liée au domaine du sensible (de la sensation), la notion de cohérence (de non-contradiction) ne serait pas pertinente : "On peut aimer à la fois César Franck et Claude Debussy sans être sommé de se justifier."
      (J'ai cru entendre : sauf sur les blogues ?…)
      Ce n'est pas le passage que j'ai cherché en vain pour le citer, mais il faudra pour l'instant se contenter de cette phrase (tirée du cours sur la tentation).
      En ce qui concerne l'irréversible, le "sens unique" du temps humain vécu (l'incitation de V.J., à la suite de Bergson, à se méfier des fausses représentations suggérées par les métaphores spatiales employées pour parler du temps), il s'agit tout de même de le prendre au sérieux… (quand le mal est fait, qui ne peut pas être défait, doit-on se contenter de dire "oups", ou "nous n'avons pas voulu cela" ?) Mais V.J. a du style, du brio, de l'élégance — son sérieux n'est pas pesant.
      (Les rapports temps/littérature/lecture, immense domaine (même sans prendre en compte, du fait de mon ignorance crasse, leur thématisation par la science fiction ou le fantastique !) ; le temps représenté dans l'œuvre est une chose, le temps de la lecture en est une autre, et donc aussi la liberté de mouvement (retours en arrière, saut dans "l'avenir" (à tel stade du récit)), selon qu'il s'agit de celle d'un narrateur ou celle des lecteurs — ou encore le tempo…)
      Pardon à Soleil Vert et à ses lecteurs pour mon hors sujet prolongé par cette réponse.
      e.g.

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  32. C'est un plaisir, e.g de suivre votre pensée. Merci beaucoup.

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  33. Ah non mais pas du tout, Jankelevitch m'interesse, je n'ose pas dire plus car mon niveau de philo est très bas. J'ai fait sa connaissance dans un débat televisé ( il y a des lustres) qui avait fait suite à la projection de "La Machine à explorer le Temps". Grosse explosion de colere de sa part contre les petits hommes blonds ...

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  34. Jankélévitch écrivait le contraire du Mal ce n'est pas le Bien, c'est L'Amour. Une force agissante qui seule permet de vaincre le jamais plus du temps passé qui jamais ne reviendra. C'est une Gestion de courage.

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  35. Dans le tome III des Lieux de Mémoire de Nora, une belle étude de la Conversation à travers les âges de Marc Fumaroli…

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  36. Ah, les "correcteurs" automatiques et/ou les trop petits claviers — je suppose qu'à la place de "gestion" il faut lire "question" et que le 🙂 de SV représente à la fois une allusion à la substitution d'une lettre par une autre ET une vraie question, tout à fait pertinente puisque le thème de la "volonté bonne" (et tout ce qui la sépare de la simple "bonne volonté") revient très souvent dans ses textes de philosophie morale. (Ce qui ne l'empêche pas de classer Kant parmi les puristes (dans Le pur et l'impur, à propos du mensonge).)
    SV, on pourrait aborder le problème dans l'autre sens : quel que soit l'apprentissage, il faut bien commencer quelque part (là c'est encore un thème récurrent chez V.J. : le courage des commencements, préférables à une perfection rêvée — virtuelle, ectoplasmique), alors pourquoi pas par les textes de Jankélévitch, surtout quand on est sensible au charme de son écriture et/ou intéressé par les thèmes qu'il "déplie".
    Christiane, oui, il y consacre plusieurs livres, notamment son Traité des vertus réédité, remanié (Le sérieux de l'intention, Les vertus et l'amour I et II, L'innocence et la méchanceté, tous accessibles dans la collection "Champs", Flammarion), d'autres ouvrages encore (de différentes époques) ont été regroupés dans la collection "mille et une pages". D'un livre à l'autre on voit réapparaître des thèmes de prédilection abordés sous un autre angle, articulés différemment (de même qu'il va illustrer telle notion par un exemple musical) ; c'est un univers varié mais cohérent, dans lequel on se retrouve assez vite "en pays de connaissance".
    (Je ne sais pas si la comparaison est valable, puisque ma flemme se manifeste dans ces autres domaines — tant pis, j'ose : l'effort initial à consentir ne me paraît pas si différent, en tout cas pas plus grand que pour se familiariser avec tous ces "mondes" et peuplades (et tout le lexique ad hoc…) des romans de Fantasy ou encore certaines règles de jeux.)
    e.g.

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  37. (Aucun spécialiste ne s'y tromperait, mais j'aurais quand même dû le préciser : lorsque je parle de Jankélévitch, je me situe en dehors de mon domaine de compétence.)
    e.g.

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  38. Oui, e.g., "D'un livre à l'autre on voit réapparaître des thèmes de prédilection abordés sous un autre angle, articulés différemment."
    C'est peut-être cette ritournelle qui donne au lecteur l'impression de poursuivre une quête philosophique déjà amorcée dans un livre précèdent.
    Merci pour la correction. Oui "question" et non "gestion" !
    V.Jankélévitch c'est tout un monde de pensée. Un monde bien à lui dans lequel on entre en méditant.
    Un monde... Comme Soleil vert parlé de "Mondes" de la fantasy dans le billet suivant.
    C'est une des qualités de ce blog : trouver son chemin entre imaginaire des fictions proposées et réflexion continue sur le sens de la vie, les questions de survie, les lendemains qui ne ... chantent pas. De livre en livre, d'exploration en exploration, de jour en jour...

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  39. Sylvia Baron Supervielle a du talent. Pour Geneviève Asse, c’est autre chose. N’a-t-elle pas été choisie pour décorer l’Elysee par notre couple présidentiel?!

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  40. Jankélévitch pouvait bien se permettre cette explosion de colère la, SV! MC

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  41. Je me doutais bien que ce devait etre une Littérature d'IUFM. Mais si elle posait les bonnes questions, elle devait etre l'exception qui confirme la régle... Je les avais rebaptisés ^pour mon compte Instituts Universitaires de Formation des Mediocres, et m'y suis fort ennuyé.. Ca leur allait beaucoup mieux! Bien à vous. MC

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  42. Cela ne mérite aucune réponse, MC
    Allez votre chemin et ne m'adressez plus jamais la parole.

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    1. Ou plutôt si, une réponse.
      L'IUFM de Seine-Saint-Denis m'a permis de côtoyer des enseignants de grande qualité culturelle et pédagogique. Les jeunes enseignants en formation que nous avons suivis sur le terrain ou dans les heures de recherche commune ont souvent été des guides de qualité pour les élèves qui leur étaient confiés.
      Votre remarque cinglante est à l'opposé de mes souvenirs.

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  43. Je reviens sur Fumaroli. Une erreur. La manie de faire contrepoids à Juliette Recamier l’amène à écrire que le salon Hugo période spirite de Guernesey ( lire Jersey) était dirigé par « une autre Juliette « , ce qui est faux. Juliette ne sortant du placard que dans les années 1860, et etant qui plus est fort sceptique envers les manifestations « de votre Dame de bois blanc »ceci des 1854….

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