Alastair Reynolds -
La Maison des Soleils - Le Bélial’
« C'était un visage qui me contemplait comme à
travers la visière d'un casque. Il n'était pas humain, mais je devinais qu'il
l'avait été, dans un passé lointain. On aurait cru une figure sculptée sur une
falaise et soumise à l'action des éléments pendant une éternité jusqu'à ce que
ses traits ne soient plus que traces résiduelles. Les yeux seuls mesuraient dix
mètres de large ; le visage, dix fois plus. La bouche était une crevasse noire
dans le granit de sa chair grise. Le nez et les oreilles n'étaient guère plus
que des monticules arasés sur un flanc de colline. La tête s'évasait au niveau
du cou pour disparaître dans le corps immense que dissimulait le collier de raccord
autour de la base du casque en dôme.
La créature a cillé, moins un clin d'œil qu'un événement
astronomique, l'éclipse d'une binaire à période courte. Il a fallu quelques
minutes aux paupières pour s'abaisser, et la même durée pour se relever. Les
yeux, pourtant braqués sur moi, ne me regardaient pas ; ils restaient inanimés. »
La littérature de science-fiction offre une réponse audacieuse
à la réflexion angoissée de Pascal, « Le silence éternel de ces
espaces infinis m’effraie » : terrain de jeux sans limite,
réinvention de l’Histoire, expériences de pensée sans borne appliquées aux
sciences expérimentales ou molles (uchronie) bref elle oppose l 'infini de
l’imaginaire à l' infini de l’Univers. Le curseur est poussé très loin avec
un nouvel ouvrage des éditions Le Bélial’, La Maison des Soleils paru en
VO en 2008 et signé Alastair Reynolds, un des maitres du Space Opera.
Aux alentours du trentième millénaire, L’Humanité décide
d’essaimer dans la Voie Lactée. La Lignée Gentiane, dont l’ancêtre a mis au
point la technique de clonage envoie mille d’entre eux dans les étoiles. Elle n’est
pas la seule. Chacune explore les mondes, s’y implante, mais toutes se
retrouvent tous les deux cent mille ans pour fêter « La Millième
Nuit ». Le récit démarre six millions d'années plus tard. Nous suivons les
pérégrinations d’un couple de la Lignée Gentiane en route pour le rassemblement
festif. Prenant le chemin des écoliers il récupère un membre du Peuple
Machine, une créature aquatique, récolte des informations auprès d’un
gigantesque Gardien d’un non moins gigantesque entrepôt de données. Ces détours
génèrent un retard de quelques dizaines d’années, une peccadille à l'aune de cette
échelle temporelle … Sur place il constate avec effroi que la presque
totalité des clones de leur Clan a été éliminée. Qui a pu faire cela et pourquoi ?
Les fringants Campion et Purslane
sont à leur manière des survivants enjambant l’émergence et la disparition
de civilisations. La Post-Humanité a réalisé d’impensables avancées
technologiques, biologiques, maitrisant la combustion des astres, allongeant la
durée de vie de ses membres. Mais six millions d’années … Les deux héros de l’histoire
ont en fait vécu quelques dizaines de milliers d’années de temps subjectif, le
reste étant dévolu à la cryogénisation ; pour citer le Gardien « Vous
êtes un ver des livres qui a foré des tunnels à travers les pages de
l’Histoire ». Ces prodigieux humains ne se mesurent pas encore au
Temps des étoiles, mais abordent sans complexe les vastes étendues des Temps
géologiques. Adieu Braudel !
En dehors des pérégrinations des pittoresques Campion et
Purslane, la narration s’offre un détour sur les origines de la lignée par l’entremise
du personnage d’Abigail Gentian. On découvre ses jeux, une étonnante maison de
poupée, Le Palatial, aux fonctionnalités surprenantes comme Le Livre Mentor de L’âge
de diamant de Neal Stephenson. Ce n’est là qu’un des aperçus de cet ouvrage
ambitieux à l’image de La Nuit du Faune de Romain Lucazeau, mais servi
par des moyens narratifs supérieurs. Les deux cents premières pages m’ont émerveillé,
avant de patiner entre les intrigues secondaires des chapitres 14 à 21. Mais j’avoue
bien volontiers avoir été dépassé par ce livre hors du commun.
de quoi, cricri n'a pas encore posté ?
RépondreSupprimer« Dans la pièce ténébreuse, à moins d’un mètre de moi, une forme pâle et lumineuse qui ressemblait à un corps humain mais ne paraissait pas faite de chair se dressait en se contorsionnant…Les pieds…la chose avait des pieds, mais ces pieds étaient privés de contours. Les jambes, le torse, les bras, n’en avaient pas davantage, ils n’avaient pas de limites définies. Ils se contorsionnaient, augmentaient de volume, et rapetissaient, non pas de manière spectaculaire mais continue. Un bras s’enfonçait dans le corps,était englouti à l’intérieur, puis en ressortait comme s’il se déversait au dehors.. les yeux s’étiraient jusqu’à n’être plus qu’un gigantesque œil gigantesque qui masquait tout le haut du visage, s’amenuisait jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’œil du tout avant que tous deux s’ouvrent à leur emplacement normal. Les jambes évoquaient une seule jambe, avant de redevenir deux. Jamais aucun élément ne cessait de trembler, de se tordre, de se contorsionner suffisamment. Longtemps pour que sa silhouette de départ, ses contours ormeaux, se dessinent… ». Dashiell Hamed, Sang Maudit…
RépondreSupprimerUn. Astrophysicien jusqu’en 2004 en plus?
RépondreSupprimerDésolée. Je lis un autre roman présenté par Pierre Assouline.
RépondreSupprimer"La ferme du Paradis" de Bernard Comment.
Une écriture qui m'émeut tant elle est fluide et juste. C'est doux, un peu triste. Ça commence dans mon quartier : la place "d'ener" Rochereau, la rue Froidevaux, la rue Daguerre...
C'est une rencontre insolite entre un homme et une femme, dans un café. Dehors, "il pleuvine. Une chaude pluie d'été."
Il leur faut une chambre. N'importe quelle chambre....
Donc, ici, Soleil vert ouvre un autre livre. "La maison des soleils"... Beau titre.
Alastair Reynolds.
Soleil vert cité cette réflexion angoissée de Pascal, « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie » . C'est bien pour nous embarquer loin, loin de la Terre, loin du temps présent.
Je retourne au mon roman.
D'enfer
SupprimerSoleil vert et la science-fiction : "elle oppose l 'infini de l’imaginaire à l' infini de l’Univers."
RépondreSupprimerDans le roman qu'il nous présente, d'Alastair Reynolds, "La maison des soleils", c'est d'un avenir éloigné qu'il est question, dans celui de Bernard Comment,, "La ferme du Paradis", il s'agit maintenant, d'un retour arrière, novembre 1686. Les fuyards, persécutés
de la Saint Barthélémy, voyagent sous de faux noms, vers la Suisse. "La vallée est emmaillotée d'une neige eclatante". Le titre du chapitre est énigmatique : "L'étranger est une occasion (Proverbe suisse) I : Les Huguenots..
Le vent est est mordant..
Qu'en est-il du roman d'Alastair Reynolds ? Il imagine pour ses voyageurs un "récit qui démarre six millions d'années plus tard. Nous suivons, (dit Soleil vert ) , les pérégrinations d’un couple de la Lignée Gentiane en route pour le rassemblement festif. Prenant le chemin des écoliers." La Voie Lactée...
Les corps sont très différents pour les deux écrivains. Charnels , humains, beaux et pudiques pour l'un, "chair grise. Le nez et les oreilles n'étaient guère plus que des monticules arasés sur un flanc de colline. La tête s'évasait au niveau du cou" pour l'autre.
Les livres sont un formidable tremplin pour faire ressurgir un souvenir oublié. Ainsi page 43 je m'éloigne du récit en fixant un paragraphe jusqu'à ce qu'il révèle un pan de mon passé.
RépondreSupprimer"Simon repasse la frontière dans cette Suisse où les idées nouvelles de 1848 ont triomphé, et s'arrête à La Chaux-de-Fonds pour y fonder une petite usine."
Ces lignes seraient dans importance particulière pour un autre lecteur. Pour moi, que de souvenirs. La ville, le musée, l'amie maintenant morte en évoquant de Gaulle.
Des fictions dont je m'évade souvent pour assembler des morceaux de vie.
Le langage est une caisse de résonance. Il faudra que je lise combien de livres pour savoir....
sans
SupprimerC'est comme la rue Daguerre. Au numéro 86, la petite maison rose, où habitait la réalisatrice Agnès Varda. ..
RépondreSupprimerEt la place Denfert-Rochereau où, dans ce roman, une femme refusait d'habiter car elle entendait le mot redoutable, Enfer. Celui-là même que Soleil vert interrogeait récemment évoquant Hugo et la Chute de Satan ou cette vision de Dante. Ces cercles où erraient dans la souffrance les oubliés de Dieu..
Parfois je ne peux lire rapidement un livre car ayant du temps pour l'accueillir, je le laisse remuer le passé. Mon passé. Mes souvenirs... devenir imprévisible. J'entends le froissement du temps sous l'aile des mots... Un livre qu'écrirait celui qui n'est pas cet écrivain.
Le passé respire avec ce qui nous manque comme si nous étions rêvés par ce qui n'est pas. Une lézarde dans la course des mots.
Un creux... Tous les mots y passent... Peut-être juste un deboîtement. Un enchevêtrement. Un glissement de la page à la pensée qui nous déleste du sujet du livre.
Où cela me conduit-il ?
Je reprends la pensée de Pascal citée par Soleil vert. Lire est aussi aller avec l'infini. Une ondée d'espace... où les mots se décolorent. Une oscillation qui ressemble à de l'immobilité. Lire en étant absente et présente.
Ce n’est pas une reprise, plutôt une variation sur le mot de Pascal, à moins que lire ne vous effraie, ce dont on n’a guère vu d’exemples antérieurement! Pascal place l’univers comme un tout silencieux et effrayant. Vous vous faites de la littérature un moyen d’atteindre l’infini…. MC
RépondreSupprimerExact. La reprise c'était pour le mot infini et ce qu'il m'inspire.
SupprimerMais vous parlez bien de l'effroi de Pascal.
Pour moi, pas d'effroi, juste cette plongée dans fin dans la littérature et parfois , par elle, dans d'étranges coïncidences.
Vous ne jouez pas dans la même cour cette fois-ci.
RépondreSupprimerQui sait... N'en pouvant plus de ne pas savoir ce qui se cache dans les maisons du soleil, je n'ai pu résister à ouvrir ce livre.
RépondreSupprimerIl faut juste séparer ces deux mondes de fiction.
Alastair Reynolds est un paysagiste fin. Son monde cosmique qui occupe les trente premières pages est d'une grande beauté.
RépondreSupprimerAinsi, page 23, le monde des Centaures, la treizième espèce humaine.
" Leur monde premier était une planète super-océane recouverte d'eau dont l'épaisse atmosphère bleutée contenait de l'oxygène. (...) Ils avaient un vague souvenir de leur origine."
Plus loin, le Centaure a marqué une pause, trois de ses sabots à plat, le quatrième effleurant le sol de la pointe."
Me voici repartie vers un autre roman tant aimé.
C'est un roman americain de John Updike. Le Centaure. Un professeur , Georges Caldwell, enseigne les sciences dans un lycée en Pennsylvanie, moqué de ses élèves. Un d'eux lui tirera une flèche dans le pied. En boitant il ira chez Vulcain, bref, le maréchal-ferrant...
RépondreSupprimerLa mythologie n'est pas loin... Le final lui rendra son parcours fulgurant. J'avais tant aimé ce roman, les autres aussi du même écrivain. Le monde d'Updike, entre mythologie et réel, entre fiction et magie. Un tel amour de la vie. Une langue d'écriture parfaite.
Je suis heureuse que Chiron traverse le roman d'Alastair Reynolds. C'est bon signe....
Bon, je retourne à Bernard Comment.
Et maintenant, la phrase mystère : "Adieu Braudel !" Que signifie t-elle ?
RépondreSupprimer"Ces prodigieux humains ne se mesurent pas encore au Temps des étoiles, mais abordent sans complexe les vastes étendues des Temps géologiques. Adieu Braudel !"
RépondreSupprimerSoleil vert, les liens passionnants et difficiles à saisir que vous avez mis sous le nom de Fernand Braudel m'incitent à penser que les éléments fondateurs de ces historiens face au temps, à la sociologie, à la géographie, au passé , aux événements... sont balayés dans les romans de science-fiction et peut-être dans celui-ci.
Dans ce document, un très joli moment concernant les recherches de Braudel : l'homme n'a pas toujours mesuré le temps, il vivait accordé à l'alternance du jour et de la nuit. Puis vinrent les étoiles...
Qu'en est-il du temps, de l'humain, de la Terre (Méditerranée comprise !), de l'histoire des hommes dans cette fiction ? Je ne sais encre... On est ailleurs dans le temps (non mesurable : des milliards d'années ...) et l'espace et je n'ai rencontré aucun des personnages avec une montre ou un calendrier.
Nous sommes plus près de Bergson et Bachelard que de Braudel.
Mais pourquoi lui dire adieu ? Ce livre serait illisible sans toutes les questions posées au fil du temps par les historiens, les philosophes, les savants.
Le rêve, l'imaginaire, la poésie sont des vaisseaux spatiaux familiers... pour voyager avec vous.
Séquence explication : L'historien Fernand Braudel distinguait trois temps, celui de la civilisation, le temps long, le temps de la société, et le temps court celui des humains. Dans le roman de Reynolds,la distinction s'abriter, il b'y a plus que des trmos longs.SV
RépondreSupprimers'abolit
RépondreSupprimerQu'est-ce que c'est un temps long dans cette fiction ?
RépondreSupprimer6 millions d'années sv
RépondreSupprimerOui, cela je l'avais noté dès les premières pages mais une fois entrés dans le récit, y a-t-il un temps long pour les personnages entre les actions et dialogues ? Ce saut dans le temps réserve-t-i ensuite quelque chose de différent dans l'espace temps dans le déroulement des faits ? Y a-t-il des tentatives de retour au passé pour eux ou de nouveaux sauts dans le temps ? Y a-t-il un lien entre le lieu où se déroule l'histoire et ce temps ?
RépondreSupprimerVotre lien si détaillé sur ces querelles intellectuelles entre historiens nous plongent dans des appréciations sur le temps et l'histoire tellement passionnantes.
Pascal y est plus présent que Braudel. Un certain effroi devant l'immensité de ces intelligences. Une sorte de science-fiction....
plonge
SupprimerJ'essaie d'expliquer mieux mais c'est encore confus dans mes idées.
RépondreSupprimerÉcrire "Il y longtemps... " où "Il était une fois...", c'est comme écrire "dans six millions d'années., au fin fond de la galaxie...''
C'est placer le conte dans un temps qui n'est pas le nôtre mais souvent ce qui se passe alors a le même rythme et les mêmes ressorts que ce qui se passerait de nos jours sauf adjuvants du merveilleux pour sauter les obstacles par magie.
Ici, dans les trente premières pages le merveilleux est dans le paysage interstellaire et la vitesse des vaisseaux de l'espace mais pas (encore) dans le dialogue des protagonistes.
Peut-être des surprises à venir.
Le plus intéressant de vos liens c'est ce désir des historiens d'explorer la notion de temps en regard de l'homme, des structures sociales, des avancées de la science.
Je ne comprends pas tout c'est ardu mais j'aime ces questions que je ne m'étais jamais posées.
Je remets le passage de votre lien sur les trois temps de Braudel :
RépondreSupprimer"Les trois temps de l’histoire correspondent à une théorie formalisée par l’historien et géographe Fernand Braudel, considéré comme le fondateur de la géohistoire (Ribeiro, 2012). C’est dans son travail sur la Méditerranée et le Monde méditerranée à l’époque de Philippe II (1949) qu’il développe ces trois temps, qui correspondent, au plan formel, aux trois parties de l’œuvre.
Le premier temps, celui des civilisations, de « la longue durée », est d’échelle millénaire. Il emporte avec lui religions, arts et mentalités en se matérialisant dans l’architecture, la peinture, la littérature, la musique et l’art de vivre des peuples du Bassin méditerranéen. Le deuxième temps perçu par Braudel est social. Dans le droit fil de l’École des Annales, fondée par Marc Bloch et Lucien Febvre, et de la conception marxiste de l’Histoire (Thuillier et Tulard, 1990), ce temps-là oscille au gré des mouvements séculaires de l’économie, des modes de production et du commerce : esclavage, servage, salariat, avènement du capitalisme industriel puis financier dictent largement la vie quotidienne des communautés humaines et, plus largement, de toutes les communautés vivantes. Troisième et dernier temps de l’historien, « le temps des individus » selon la formule braudélienne, celui de nos vies et de notre quotidien."
Ici, dans le roman d'Alastair Reynolds, je vois surtout le troisième temps, celui du quotidien de ces personnages.
Ou encore le premier temps, celui des civilisations, de «la longue durée», d’échelle millénaire."
Où pourquoi pas le deuxième qui est social...
Alors, "Adieu Braudel" ?
ou
SupprimerJe laisse tomber :) SV
RépondreSupprimerCela ne vous ressemble pas ! Vous offrez un lien extraordinairement riche pour éclairer cette fiction pour la rattacher au Temps.
RépondreSupprimerJe l'ai lue, impressionnée par les idées qu'il met à jour.
Cela devient pour moi plus important que la fiction présentée, me plonge dans un questionnement qui ne m'a jamais quittée : qu'est-ce que le temps ? Et en littérature : comment les écrivains mettent en scène le temps ?
Vous ouvrez la boîte de Pandore et hop vous la refermez. Je suis déçue...
Mais soit, je ne poserai plus de questions sur le Temps !
Oh, regardez ce que j'ai trouvé page 36 :
RépondreSupprimer"L'appareil d'Ateshga a pivoté, retournant vers la géante gazeuse à toute vitesse. Des particules exotiques ont éclos dans son sillage ; l'espace-temps torturé, meurtri, retrouvait sa tension normale. Les étoiles et un bord des anneaux de sont troublés, comme à travers une eau agiteey."
Là, cat devient intéressant. Leur trajectoire trouble l'espace-temps....
agitée - ça
SupprimerQu'est-ce qu'une bulle d'impasse ?
RépondreSupprimerC'est au moment où ils découvrent les douze vaisseaux suspendus dans l'atmosphère, "chacun flottant dans une bulle d'impasse".
Sont-ils hors du temps piégés par une sorte d'inertie ?
Page 43, il est question d'un mot de passe permettant d'accéder aux données d'un système du passé.
RépondreSupprimerUn mot de passe encore valide.
Mot de passe qui leur permet d'échapper à l'étau d'atmosphère qui les retient prisonniers.
Et puis il y a cette information :
"Les civilisations sont prêtes à payer cher pour des esprits remplis de souvenirs anciens."
Donc une amnésie collective a touché cette civilisation avancée.
C'est souvent un beau moteur de la science-fiction : retrouver le passé, une trace du passé.
Mais, six millions d'années pour renouer avec notre temps, c'est beaucoup !
Il est question aussi de capsules de sommeil pour les longs voyages. Image souvent employée dans la science-fiction. Une anesthésie... durable....
RépondreSupprimerBon,je retourne au roman de Bernard Comment pour ne pas vous ennuyer. Bonne suite.
RépondreSupprimerMais vous ne nous ennuyez pas! MC
RépondreSupprimerTout juste quelques étonnements devant ce qui est un poncif du genre SF: le voyage dans le temps et ses conséquences. Ah le Paradoxe de Langevin…
RépondreSupprimerC'est sympa, MC. Mais Soleil vert a posé une question à laquelle je ne savais pas répondre. J'ai ouvert le lien et j'ai été abasourdie par toutes ces questionnements des historiens et des philosophes sur le Temps et l'histoire. C'est passionnant.
RépondreSupprimerAprès je me suis demandée si le Temps vu par Braudel était mis à mal dans cette fiction d'Alastair Reynolds.
Comme vous je pense que le voyage dans le temps est un poncif mais il est trompeur si l'homme qui fait ce voyage ne change pas malgré les époques et les paysages (planètes) traversés.
Les livres choisis par Soleil vert nous viennent toujours accompagnés de questions paradoxales. Ici, le Temps.
Cette question est tellement importante que les aventures des deux voyageurs me paraissent secondaires.
Certains noms de groupes d'êtres, de lieux, d'appareils sont beaux car ils portent une mémoire,: le peuple des Centaures, Ailes d'argent ou Badinage pour les vaisseaux , la lignée Gentiane et ses norias, .. le puits de gravité de l'étoile... Ondulant comme un banc d'anémones de mer, la Vigilance, Andromède, la Voie lactée , les Coureurs des confins, Hespéros, le docteur Méningé.... Le bois des ombres...
Pour revenir au Temps, cette phrase amusante :
"J'ai foncé vers mon propre avenir pendant que mon vaisseau dévorait l'espace et le temps."
Ou celle-ci : " comme les inhibiteurs de croissance avaient étiré mon enfance, j'en gardais quelques souvenirs."
Ou encore : "Rien ne va plus vite, y compris nos messages. Plus de conversations normales - il fallait trop longtemps aux phrases pour faire l'aller-retour."
Il est possible que le Catalogue des Vaisseaux, genre épique s’il en fut, soit moins poétique dans sa langue d’origine. Auquel cas chapeau au traducteur
RépondreSupprimerMC
RépondreSupprimerÇa commence avec Augustin et l’opposition , dans la Cité de Dieu , du Tempus et de l’ Aeternitas. Ça fonctionne ( peut-être) dans un monde théocratique. Les avis sont partagés.. Le temps des Politiques marie le Sacré et le Profane ( la Monarchie, qui chez nous tombe de l’intérieur) . Après, une succession de régimes, de replâtrages : Restauration , Monarchie de Juillet, Empire, tentatives de Restzuration autour d’Henry V , et République d’abord bien incertaine, mais spirituellement point faites pour durer..de 1815 à 1870, la France est un vaste Dictionnaire des Girouettes, et il s’en vend beaucoup jusqu’en 1945…
RépondreSupprimerAugustin a beaucoup interroger le Temps. Ses Confessions, ce premier livre de l'écriture de soi est vraiment un trésor.
RépondreSupprimerJ'aime bien votre voyage dans le temps et l'histoire. Quant à la traduction , Pierre-Paul Durastanti est un maître dans le domaine de la science-fiction.
Campion et Purslane , les deux personnages principaux, masculin/ féminin , sont des clones immortels. C'est cela peut-être qui change le rapport au Temps car, immortels, ils ont tout le temps qu'ils désirent pour vivre leur aventure. Donc cher Soleil vert, Braudel dépassé, oui, mais en trichant un peu, en supprimant la mort qui est tellement constitutive du temps d'une vie. Cette lignée Gentiane semble d'ailleurs faite de clones.
RépondreSupprimerDonc ils ont le temps de parcourir la galaxie, et en profitent pour chercher un vaisseau qui irait plus vite que le leur.
Mais un aléa va troubler leur mission...
Et ils vont arriver en retard.
Ça c'est ahurissant ! Quel paradoxe ( Langevin ?). Comment être hors du temps et arriver en retard. C'est sur des torsions de ce genre que cette fiction est source de plaisir.
Le paradoxe du physicien Paul Langevin (MC) selon lequel deux personnes ne vieillissent pas à la même vitesse si l'une d'entre elles voyage rapidement ne semble pas s'appliquer ici pour ces clones. Est-ce une des données à découvrir en lisant le roman ? Campion et Purslane vieillissent-ils ou sont-ils fixés une fois pour toutes au stade de jeunes adultes (amoureux, et toujours ensemble) où l'on fait connaissance avec eux.
RépondreSupprimerQu'est-ce qui vieillit dans ce monde de clones sans mort ?
Qu'apporte le personnage nommé Machine tout en ferraille mais agissant et semblant penser ?
Je crois qu'ils rencontrent un descendant des humains, non trafiqué. Quand même, drôlement résistant ! Six millions d'années. Hibernation ? Sommeil artificiel ? Pauvre créature... Du Bellay a de quoi surgir de son sarcophage de plomb ? Où est son cher village ?
Le présent, le futur sont modifiés par le passé, le temps des souvenirs. Et cela est encore une belle idée d'Alastair Reynolds, puisque ces deux clones sont traversés par des ombres du passé. Mais quel passé ? Est-ce celui des humains à partir desquels ils ont été clonés ?
RépondreSupprimerEt ces humains ont connu la mort les séparant des vivants. Les clones sont condamnés à l'infini du temps sans mort. Comme les galaxies dans lesquelles ils voyagent qui se perpétuent malgré la mort des étoiles remplacées par celles qui naissent .
RépondreSupprimerC'est un roman qui semble interroger l'idée d'infini comme une prison. Mais je peux me tromper car je n'ai lu qu'une quarantaine de pages.
Le roman de Bernard Comment questionne à sa façon l'idée de l'ennui de ce qui se répète, de ce qui dure, de la peur que la lassitude désagrège ce couple qui a tant besoin d'intensité. Eux aussi voyagent, s'arrachent cherchant ainsi à rester dans le désir, dans l'imprévu.
La mort est ce qui donne sens au temps. L’univers magnifique que crée Alastair Reynolds est fait de mouvemens et de changements, de surprises hors la mort.
RépondreSupprimerLa mort en est pour l'instant absente donc pas de deuil, pas de séparation entre la vie et la mort. Pourtant il n’y a pas de stagnation. On trouve des transformations de l'intrigue initiale. Plein d'imprévus.
Les clones sont remplis de réactions humaines : surprise, agacement, contrariété, projets...
Ces clones sont-ils donc héritiers des humains jusque dans leur comportement ?
Je suis curieuse de découvrir comment Alastair Reynolds va se sortir de ce début de roman troublant.
mouvements
SupprimerEst-on hors du Temps dans ce roman ? Et alors la question de Soleil vert prendrait tout son sens.
RépondreSupprimerJe ne l’ai pas lu, mais il suppose un mo ment que certains personnages ne soient pas ou plus soumis au temps des horloges. En ce sens on y échappe bien, selon des modalités à définir..
RépondreSupprimerOu plus exactement, on revient au temps long , ce qui constitue la rupture avec Braudel, lequel ne sort pas, pour la troisième phase, d’un certain positivisme …
RépondreSupprimerParadoxe de Langevin. On m’a aussi dit, et une personne ayant autorité, qu’il y était question d’un homme remontant dans le temps et tuant son propre Grand Père, ce qui pose le pb de l’existence présente dudit homme. C’est à cela que je pensais sur la foi de vieux mais surs souvenirs…
RépondreSupprimerÇa devient passionnant.
RépondreSupprimerCette définition du "temps long" comme étant celui qui échappe aux horloges éclaire ce questionnement qui m'est venu en lisant la réponse de Soleil vert.
Moi aussi il me faut un temps... long ...pour comprendre, pour me souvenir.
Vous, messieurs, êtes des voltigeurs.
Je reste en terrienne attachée par la pesanteur à la terre de mon grand-père qui marchait avec patience dans l'oliveraie sous le ciel de Provence traversé de soleil. Tout était dépourvu d'angoisse. Les jours étaient d'une beauté si claire. Il marchait beaucoup. Nous aussi.
C'était un voyage comme une traversée du monde .
Nous les petits, l'oliveraie c'était notre nouveau monde... les olives et les vignes
et au-delà, la Montagnette où nous partions à l'aventure dans l'odeur puissante, résineuse des pins. Les cigales faisaient silence à notre approche.
A cette époque je lisais les plantes, les roches, les cris des éperviers. Nous rentrions les mollets griffés par les broussailles, ivres de soleil..
Au retour, en ville, il nous restait nos rêves. Alors, nous lisions pour retrouver ce passé irréel.
C'était comme l'écrit Pessoa, "Tout sentir, de toutes les manières ; savoir penser avec ses émotions, et sentir avec sa pensée ; ne rien désirer fortement, sauf en imagination."
Au retour, donc, nous avions la réalité devant nous. A l'école, nous faisions semblant de ne pas savoir lire pour donner à l'institutrice la joie de nous apprendre et pour être comme les autres.
Je crois que je vivais dans le temps long puisque nous échappions aux horloges....
C’est intéressant cette idée de clonage. En ce qui nous concerne, chaque humain est le réagencement d’un autre. On est tissé de mille vies qui nous ont précédés .
RépondreSupprimerPas tout à fait d'accord. Oui, des vies nous ont précédés et accompagnés mais à l'heure des choix nous étions seuls. Votre pensée penche trop vers la reproduction de modèles antérieurs. C'est discutable...
SupprimerIl y a des moments de la vie où une ressemblance se fait jour et fort heureusement, plein d'autres où chacun est libre de mener sa barque....
L’ anonyme de 18h 5 n’est pas moi. Je pense qu’effectivement au moment des choix nous sommes seuls et surplombés par une galerie illustre d’ exempla . C’est un peu le paradoxe de la clémence d’ Auguste ( un choix) effectué tout de même en invoquant les exemples dissonants de César et de Sylla. Que nous apprend Cinna sinon que le choix est le moment où le personnage se trouve, et trouve du même coup sa place: « O siècles, o Mémoire, Contemplez à jamais/ Ma dernière victoire! ». Et n’en déplaise à Napoléon, on est au dessus de la solution « politique » proposée par Livie…MC
RépondreSupprimerAh, bien.cela m'étonnait dans votre pensée. Merci.
RépondreSupprimerJe maintiens que nous héritons aussi d’atomes de ceux qui nous ont précédés. Oui on peut mener sa barque ,fort heureusement, encore faut-il avoir au préalable recousu les haillons des ancêtres.
SupprimerPour aller dans votre sens, ce qui me frappe ce sont les non-dits familiaux des générations précédentes qui atteignent mystérieusement les enfants ou adultes des générations qui suivent et les fragilisent. Mais ce n'est pas pour moi une histoire d'atomes, de clonage (exacte réplique en tous points du modèle) mais une situation dramatique, un dilemme qui ressurgit alors qu'il est resté secret. ( Une naissance hors mariage, un suicide, une maladie psychosomatique, une mort...)
SupprimerCela est possible et demande une aide pour sortir de la répétition, du soi-disant destin ou un caractère fort.
Livie: « Essayez sur Cinna ce que peut la clémence », ceci bien avant que la grâce ne touche Auguste…
RépondreSupprimer
RépondreSupprimerOui, Livie le sort de la répétition.
"...Après avoir en vain puni leur insolence,
Essayez sur Cinna ce que peut la clémence ;
Faites son châtiment de sa confusion,
Cherchez le plus utile en cette occasion :
Sa peine peut aigrir une ville animée,
Son pardon peut servir à votre renommée ;
Et ceux que vos rigueurs ne font qu'effaroucher
Peut-être à vos bontés se laisseront toucher...."
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RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerBon, je reprends.
RépondreSupprimerL'empereur Auguste est écartelé, ses pensées
nous viennent dans un grand monologue.
C'est l'heure du choix que vous notiez .
Même s'il prend conseil auprès de Livie, sa femme, et, après avoir entendu Cinna, il décide de pardonner : « Soyons amis, Cinna, ...."
Car refuse la logique de le punir par la mort et décide de pardonner .
SupprimerIl y a effectivement le dilemme de Cinna, mais je m’occupais de celui d’ Auguste. Les conseils de Livie ne sont pas bien accueillis ( « Vous m’aviez bien promis les conseils d’une femme… et c’en sont la, Madame! « ) Il faut l’appel aux puissances célestes et infernales, et par cet appel, leur désaveu, pour qu’Auguste s’avance seul sur la scène de l’ Histoire. Ce qui passe par la mort de la solution « politique ». On entre dans le domaine des grandes âmes, et du ralliement. La symétrie entre le monologue d’ Auguste, accusateur » Pourtant, ce que l’on ne pourrait jamais imaginer\. Cinna, tu t’en souviens, et veut m’assassiner » et le vers final, ou la faute est transcendée par celui qui doit l’évaluer, est , de ce point de vue frappante par le renversement qui s’y joue ;« Qu’ Auguste a tout appris, et veut tout oublier. »
RépondreSupprimerOui, pour Cinna, le dilemme est différent : tuer Auguste pour être fidèle à la parole donnée à Emilie de venger son père, ou ne pas tuer Auguste en se souvenant qu'à la mort de son père, c'est lui qui l’a élevé.
SupprimerDonc choix difficile car opposant ces deux décisions.
La clémence d'Augi est encore plus forte.
C'est bien d'avoir choisi "Cinna ou la clémence d'Auguste" pour en venir à l'heure du choix ou chacun se révèle à lui-même.
Auguste
SupprimerCar l'empereur Auguste est un tyran sanguinaire et son tempérament devrait le conduire à tuer ces opposants. D'où la décision surprenante, magnanime, héroïque.
SupprimerOui, vous savez être clair.
RépondreSupprimerCe qui est crime au IV est absous au Veme par un acte de volonté pure. Et le tissu royal se refait à partir de ce moment là, prophétie de Livie, ralliement des conjures..,
RépondreSupprimerOui, décidant la clémence il met fin à la violence.
SupprimerDans "La maison des soleils", d'Alastair Reynolds, un passage m'a fait rêver, qui me parle. C'est celui-ci page 594 :
RépondreSupprimer"... C'est l'un des plus grands supervides de l'univers visible - une vaste région de l'espace dépourvue de galaxies, le néant parfait de la création. Supposez qu'il y ait des galaxies dans ces ténèbres, chacune cachée dans sa propre Absence(...). L'absence se dirige peut-être aussi vers son état final."
J’ai un peu de mal à visualiser, sans doute à cause des coupures. Une sorte de silence effrayant parce qu’il n’y a rien, ou que le rien peut être caché? Un peu baroque, tout ça ,…
RépondreSupprimerC'est reposant ! Trop de bruit et de batailles dans ce roman. Là plus rien ne bouge. Même le temps est immobile...
RépondreSupprimer« La plus rien ne bouge ». Alistair ou Bernard?
RépondreSupprimerNi l'un ni l'autre. C'est un roman qui donne le tournis. Les vaisseaux ne cessent de changer de vitesse et de direction. Le temps est accéléré ou ralenti selon les besoins des personnages. Et comme sur Terre, les rapports entre les différentes communautés sont belliqueux. Les clones sont menacés de mort par meurtres ou assassinats.
RépondreSupprimerDans ce passage cité tout est figé. Plus un mouvement, plus un bruit. Mais ce n'est hélas qu'une supposition.
Si vous signiez vos interventions ce serait quand même plus sympathique.
Êtes-vous un lecteur de cette fiction ou un polemiqueur brassant des concepts succincts pour le plaisir ?
Je ne connais pas assez les œuvres de l'auteur pour juger de ce livre. Il doit y avoir des chemins entre les ouvrages qu'il a écrits.
Je garderai de la lecture de ces maisons du soleil (à saute-chapitres) des descriptions poétiques de l'espace mais le livre est bien long....
Quant à Bernard Comment, je reprends à peine la lecture de "La ferme du Paradis". Roman mis en pause le temps d'explorer ce livre d'Alastair Reynolds.
RépondreSupprimerEt là, ce jour, je tombe sur un billet de Pierre Assouline qui ne me laisse pas indifférente, surtout en ce qui concerne "Ulysse" et "Finnegans Wake" de James Joyce.
Me voici donc replongée dans ces oeuvres.
La lecture est aussi un dédale... même si on ne s'appelle pas Stephen Dedalus ! Work in Progress...
Soleil vert avait fait une halte pour ses nouvelles dont "Les Dublinois".
Nous voici maintenant près d'une femme qui s'endort en murmurant "Yes" un mot à peine prononcé qui signifie l'acquiescement, la fin d'une résistance....
"Oui"... le dernier mot d'"Ulysse"...
Le livre commençait par Bloom préparant le petit déjeuner et s'apprêtant à le porter à son épouse.... Molly....
Puis Molly et Léopold Bloom s'endorment tête-bêche dans le lit conjugal. Un vrai ruban de Moebius...
Vide pour vide , le cosmos de "Finnegans Wake" ne tient que par l'écriture dans le chaos verbal de chaque page !
Heureusement qu'il existait à Paris, rue de l'Odéon, la librairie "Shakespeare & Company" et une formidable éditrice, Sylvia
Beach, pour proposer "Ulysse" en langue originale. (1920). Les Anglais et les Irlandais venaient acheter l'ouvrage alors qu'il était interdit dans leur pays, jugé scandaleux. C'est que l'écrivain ne craignait de semer dans ses livres un peu de scatologie, de sexe, d'argot concernant les parties anales de ses personnages.
La correspondance de James et Nora en ce domaine est un... tourbillon !
Connaissez-vous cette anthologie ?
RépondreSupprimerhttps://viduite.wordpress.com/2024/09/23/la-grande-anthologie-du-fantastique-volume-1-jacques-goimard-roland-stragliati/
Mille excuses , le non -signataire, c’était moi! MC .
RépondreSupprimerJ’ai lu des livres de Stragliati , dont un sur le fantastique irlandais, mais pas cette anthologie. MC
RépondreSupprimerBien, MC, mais c'est très compliqué de s'y retrouver entre tous ces interlocuteurs qui signent "Anonyme" ! (Vous, JJJ, la libraire....)
RépondreSupprimerDe plus la première question était inutile puisque j'avais bien indiqué l'origine de la citation du livre , "Les maisons du soleil".
Vous croyez vraiment à ces histoires d'atomes ? Ce qui serait infernal pour les enfants de criminels et d'aliénés dangereux.
Bien sûr on ne peut ignorer l'hérédité mais elle est si complexe et faite de tant de croisements d'ancêtres divers.
Je crois beaucoup à la possibilité de choix de chaque être humain, à sa libre conscience, au pardon plutôt que la vengeance.....
Je n'aime pas surcharger le blog de Soleil vert mais cette anthologie m'a semblé intéressante.
Parfois trop de livres différents nous entraînent vers des pensées contradictoires. Ainsi lier James Joyce à ses écrits si complexes, si structurés , si émouvants ( Les Dublinois) à la sexualité écœurante de certaines scènes écrites, crues , dcatologiques, bestiales et désastreuses qui choquaient même Beckett ! Et que dire de la correspondance avec sa dernière épouse. Les deux jouant le même jeu de l'innommable pensé , vécu et nommé ....
Au moins Les maisons du soleil nous mettent à l'abri des ces scènes degoutantes. Et La ferme du Paradis aussi.
Paul Edel parle du fatras d'Ulysse ( Joyce)
Il est d'une honnêteté tellement appréciable.
scatologiques
Supprimerà propos du roman dont il est question dans cet article :
RépondreSupprimer" Les deux cents premières pages m’ont émerveillé, avant de patiner entre les intrigues secondaires des chapitres 14 à 21"
Ah ! au milieu de l'unanime ovation bloggesque, enfin quelque Hun qui évoque le malaise ressenti, et qui va grandissant tandis que j'avance dans ma lecture de La Maison des Soleils.
Je suis coincé (stucked) un peu avant le chapitre 21, et pas très enthousiaste devant ces chapitres entièrement constitués de conversations pas vraiment palpitantes. Je ne viens pas ici pour demander de l'aide, mais pour témoigner de mon ennui; franchement, Eversion m'avait un peu plus intrigué. J'ai peut-être du mal avec le space opéra depuis que papa a disparu dans un transport de troupes qui s'est perdu dans le vide spatial entre Uranus et Pluton, victime d'une guerre cosmique qui n'a pas encore eu lieu. D'où mon décalage temporel.
Merci d'avoir un nom et un prénom John Warsen, même si ce sont des pseudos. Votre commentaire est très drôle, tonique, argumenté.
RépondreSupprimerBonjour, Phil. Oui, je n'avais pas lu Chardonne.
RépondreSupprimerLà, pour Joyce, c'est très complexe, il a besoin de la trivialité des mots, du son de ces mots tout en quémandant à travers ce personnages de Molly Bloom l'amour pur et absolu pour une femme, la considérant presque comme une mère, une Vierge.
Dans sa vie privée, il a entraîné Nora dans un jeu obscène. Elle finit par lui ressembler (Correspondance). Je crois bien qu'ils devaient s'aimer follement. (Au sens propre).
Ulysse c'est un récit fragmenté répondant à une organisation solide et offrant un portrait si vivant de Dublin. Et beaucoup de conversations incohérentes, de monologues inachevés. Parfois, il ne faut pas chercher à comprendre. C'est comme de la vie. Presque dix-huit nouvelles....
Il y a là un mystère que je ne peux atteindre qui me paraît plus masculin que féminin. Une sorte de folie bestiale, déjantée au moment des rapports sexuels que certains ne peuvent assumer avec une femme aimée, respectée. Comme si cette pulsion et ce sexe les tourmentaient , les conduisaient à une jouissance transgressive,, un peu honteuse qui s'épanouit dans des relations éphémères, hors du foyer, parfois brutales, dépassant les limites des conventions.
Ainsi, (RdL), il est fort possible que Cl. aimait Cl. Elle a eu raison de ne pas accepter les jeux de débauche proposés mais tort de quitter sa terre. Quand elle en parlait c'était un bonheur de la lire.
Enfin, la RdL est quand même dans son espace commentaires un étalage de vie privée assez étouffant.
Les procès, les faits-divers et les massacres des guerres étant utilisés comme moyens détournés de parler de soi.
Bonne suite à vous cher Phil (ceci pour répondre au vos "dear" qui précèdent vos apostrophes). J'espère que vous lirez ce petit aparté écrit pour vous.
Joyce semble avoir savouré l'obscurité de son livre, affirmant qu'il y avait « mis tellement d'énigmes et de casse-têtes que cela occupera les professeurs pendant des siècles à discuter de ce que je voulais dire, et c'est la seule façon d'assurer son immortalité » .
Supprimerhttps://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/un-livre-des-voix-la-conjuration-des-imbeciles-de-john-kennedy-toole-7523004
RépondreSupprimerÉcouter Jacques-Pierre Amette évoquer Ignatius Relly à quatre heures du mat, c'est réjouissant !
Dire que c'est la pauvre mère de John Kennedy Toole, après sa mort ,qui a réussi à faire publier ce roman, c'est émouvant !
Les lectures de l'ouvrage sont épatantes.
Superbe émission rediffusée pour un grand bonheur.
Reilly
SupprimerJohn Kennedy Toole se suicide, désespéré, n'étant pas reconnu et publié pour ce roman, "La conjuration des imbeciles" et vingt ans après sa mort , le prix Pulitzer lui est décerné. Walker Percy fut le premier à s'intéresser à ce grand roman américain . Roman tendu par sa mère.
RépondreSupprimerJ-P. Amette en parle bien avec une voix encore juvénile (1982).
>John Warsen : selon "L'épaule d'Orion" l'auteur aurait préalablement taillé dans le texte :)
RépondreSupprimerCe que j'aime retrouver chez Joyce, Kennedy Toole, J-P. A, c'est leur habitude de noter ce qu'ils entendent sur des feuilles ou des carnets. Dans "Ulysse", Stefen ne se promène pas sans ses fiches. Des répertoires pour l'imaginaire...
RépondreSupprimerDans l'émission que j'ai mis en lien, les textes lus à haute voix ( dialogues entre les personnages qui sont proches d'Ignatus Reilly) animent le texte d'une vérité étonnante. Tout est ramené à la parole.
Dans le roman choisi ce jour par Soleil vert, "La maison des soleils", j'ai beaucoup aimé les têtes de chapitre où l'on retrouve un personnage émouvant at l'origine de cette saga, une femme raconte sa vie et celle de sa lignée, Abigail Gentian. On la découvre dans son enfance vivant dans une maison immense, inquiétante qu'elle qualifie de manoir de fantômes et de monstres.
J'ai relu son histoire, très attachante. Étrange fillette qu'une certaine madame Kleinfelter maintient à un âge fixe.
C'est la seule voix que je reconnais, que j'attends au fil des chapitres.
Quand elle est libérée de cet inhibiteur de croissance, dans la quatrième partie, elle devient l'avenir. Sa traversée du roman devient vertigineuse. Son histoire m'aurait suffi.
Comme l'écrit Phil, je reste très sentimentale !
Oui, les exergues sont parfois intéressantes. Et mettent en abyme le personnage . Cf Dune de FH , etc
RépondreSupprimerMC
RépondreSupprimerCe ne sont pas des exergues, M.C. mais de véritables récits de plusieurs pages qui commencent chacune des huit parties du récit. Peu à peu se dévoile par eux la vie de l'être à l’origine des clones, Abigail Gentian.
RépondreSupprimerAh, pardon , et désolé, mais je vis actuellement sans librairie, ce qui ne me facilite pas le contact avec les œuvres! Cela va changer à partir de demain.
RépondreSupprimer"sans librairie".... Où êtes-vous donc ? J'imagine mille et une situations propices à un cadre de science-fiction !
RépondreSupprimerJe suis sur la côte bretonne, ou il y a une Maison de la Presse ou je fais de fréquents séjours, mais si le régionalisme y est , la littérature n’y est pas. Ramuz disait que le « regionalisme rapetisse » . Il en faut, mais je suis d’accord avec lui. MC
RépondreSupprimerAlors profitez de cette halte pour vous remplir de la beauté de cette côte sauvage.
RépondreSupprimerNous avons heureusement une armoire à livres, j’en ai parlé, qui donne parfois dans la SF ou la Fantasy. Les Bertsekers, et Elric, qui ira sans doute à un petit neveu que j’ai de ce prénom là…
RépondreSupprimerY ai trouvé aussi la Maison sur le Rivage, de la grande Daphne du Maurier…une histoire ou s’entrelacent les temps. Le Moyen Âge et l’ Époque actuelle. Il remplacera un de mes exemplaires , qui postule au rang d’ ex de travail! Jolie manière de désigner un livre pour lequel on ne peut rien…
RépondreSupprimer"Il n’y avait ni passé, ni présent, ni futur. Tout ce qui vivait faisait partie d’un tout. Nous étions tous rattachés les uns aux autres, à travers le temps et l’éternité ; et lorsque nos sens seraient ouverts à une nouvelle perception de l’existence, comme les miens l’avaient été par la drogue de Magnus, la fusion s’opposerait, il n’y aurait plus de séparation, il n’y aurait plus de mort… Voilà à quoi aboutirait finalement l’expérience : grâce à cette possibilité de déplacement dans le temps, la mort serait abolie."
RépondreSupprimer"La Maison sur le Rivage", Daphné Du Mourier.
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Supprimers'opèrerait
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RépondreSupprimerProchain article on prend le train. SV
RépondreSupprimerJe suis déjà dans le hall attendant que le livre s'affiche. Autour de moi des voyageurs passent et repassent regardant leur montre ou leur smartphone.
RépondreSupprimerJ'attends sous les verrières de la gare. Je vois les volutes bleues que peignait Monet.
Je n'ai jamais vu un peintre dans une gare, installé dans un temps long, immobile au milieu des passants pressés.
J'aime ce temps d'attente sereine à pressentir l'arrivée d'un train.
Qui montera dans ce train ? Qui en descendra ? De quel voyageur l'écrivain se souciera-t-il ? Qu'est-ce que cet homme ou cette femme pourra vivre dans ce train alors qu'il est transporté, que le paysage semblera bouger, tourner autour de lui. Peut-être des gouttes de pluie zèbreronnt les vitres. Peut-être regardera-t-il les gens autour de lui ? Peut-être, paupières baissées pensera-t-elle à sa vie, à quelque chose qui la préoccupe ?
Chance d'avoir le loisir d'attendre un train là où souvent ce sont plutôt des vaisseaux du futur qui font escale.
Ça serait bien si c'était un train à vapeur à cause de Claude Monet... Mais il y a tant de trains dans la littérature. Quels mots créeront ce train là, ce voyage là ? Merci, Soleil vert, de nous donner envie d'un livre.
C'est comme autrefois. Le soir tombe. L'enfant attend. Vient le père ou la mère qui assis sous la lampe ouvrira le livre et enchantera le glissement dans le tiède sommeil puis eteindra la lampe et sortira à pas de velours pour ne pas le réveiller.
A l'aube, l'enfant tournera les pages du livre et cherchera à retrouver par les mots cette histoire qui s'est dissoute dans son sommeil.
Ah, c'est bien le blog d'un enchanteur...
On a déjà examiné le cas Gennefort, le bien nommé !
RépondreSupprimerAh oui, je me souviens de cette histoire d’espionnage, «La croisière bleue» de Genefort. Et de L’Agénor, ce paquebot volant tracté par une locomotive. Et des rails que des ouvriers devaient monter à chaque arrêt du train. mystérieux roman...
RépondreSupprimerhttps://soleilgreen.blogspot.com/2024/05/la-croisiere-bleue.html
RépondreSupprimerc'est magnifique et tellement juste, ce que vous dites sur les errances de Rôz. J'aimerais pouvoir le lui dire ainsi, mais n'ai pas ce don ni votre sensibilité empathique pour exprimer ce que j'éprouve de ses mots, exactement. Voilà peut-être une différence fondamentale entre nous. Comment peut-on trouver la bonne distance pour faire mouche, sans passer par le contact physique direct ? Bàv.
RépondreSupprimerc'était JJJ, comme vous vous en doutez bien, sorry, j'ai oublié de signer. Bàv,
RépondreSupprimerLà, JJJ, c'était facile de vous reconnaître !
RépondreSupprimerPourquoi pas Un train de nuit pour Lisbonne ”de Pascal Mercier (2004),à lire au rythme du train,en attendant la chronique de SV.
RépondreSupprimerLibraire
Merci, Libraire, mais là je lis un livre attachant de Yasmina Reza, "Récits de certains faits". Elle sait observer les gens, être attentive et les croquer d'un trait de plume. Elle ne s'épargne pas au passage.
RépondreSupprimerElle l'a dédié à Pascale Robert-Diard, une personne dont les chroniques judiciaires ont beaucoup d'importance à mes yeux de lectrice.
Le livre est mince et profond. Je pense, tout en le savourant lentement, l'avoir terminé pour l'arrivée du "train" de Soleil vert.
Mais je note ce train de nuit pour Lisbonne. Merci.
Puisque vous êtes libraire, j'espère que vous proposez des albums de Claude Ponti. Je l'écoute, une petite demi-heure sur France culture. Un régal de finesse. J'ai vraiment vécu de grandes complicités avec mes petits-enfants en lisant et observant les images et les textes de ses albums. Ils sont maintenant adultes et se souviennent de ses heures enchantées qu'ils ont gardées précieusement. C'est un auteur qui ne s'étonne pas des perceptions étranges des enfants et les enfants sont très à l'aise dans son monde d'inversions. Des livres comme des secrets à partager... qui font grandir.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerC'est un bien étrange livre que ce patchwork de Yasmina Reza... "Récits de certains faits". 54 scènes courtes tantôt Issues des chroniques judiciaires, tantôt de sa vie, ou cueillies au fil des jours dans le métro, la rue, les escaliers.
RépondreSupprimerC'est un ensemble instable avec certaines pages si justes, si âpres, ou d'un comique grinçant.
J'aime cette enfant entrant dans le lieu où son arrière-grand-mère repose dans son cercueil , demandant à sortir et disant à sa mère : "c'est drôle, son corps est là mais il n'y a personne dedans", ou ces deux vieux s'appuyant l'un à l'autre ou son amie descendant l'escalier et chantantonnant par inadvertance et se coupant en disant - C'est une erreur.
Des grands procès et des tout petits presque insignifiants en apparence. Une lecture troublante qui n'exige qu'un ordre aléatoire. Une esquisse nue.
Je commence "Train de nuit pour Lisbonne" de Pascal Mercier (Peter Bieri de son vrai nom).
RépondreSupprimerRaimund Gregorius, professeur de langues anciennes dans un lycée
de Berne, va donc monter dans un train pour Lisbonne avec pour seul bagage, un livre, nous confie l'éditrice des Argonautes, Katharina Loïc van Hoof dans une longue présentation enthousiaste. C'est un roman traduit de l'allemand (Suisse) par Nicole Casanova ( traductrice de Zweig, de Roth...).
Donc, un livre écrit en portugais pour seul bagage à cause d'une question posée par Amadeu de Prado, l'auteur du texte : "S'il est vrai que nous ne pouvons vivre qu'une seule partie de ce qui est en nous, qu'advient-il du reste ?"
Sommes-nous capables de changer en cours de route ?
Merci, libraire.
Les choses viennent , il suffit d'attendre. Voici l'heure d'ouvrir ce livre...
Deux citations en exergue, Michel de Montaigne et Fernando Pessoa.
SupprimerQuel beau choix.
A propos de train. Tout au début du roman "Train de nuit pour Lisbonne", un livre de Simenon est cité "L’Homme qui regardait passer les trains". Je crois bien que ce livre n'existe pas... Est-ce que Pascal
RépondreSupprimerMercier aime les trains au point d'inventer un roman de Simenon ?
Eh bien, je me trompais, ce roman de Simenon existe bien. C'est un de ses romans hors Maigret, un roman "dur". Il faudra que je le lise !
RépondreSupprimerPar contre je sais que le pont de Kirchenfeld qui mène à Berne existe. Je l'ai vu. Impressionnant ! Une amie m'avait invitée. Elle evoqua les suicidés se jetant du haut du pont...
RépondreSupprimerPlus tard elle s'est suicidée en se jetant par la fenêtre de sa chambre...
Je crois l'avoir évoquée. Elle habitait loin de la Chaux-de-Fonds, résidence familiale, mais y retournait de temps à autre. Elle travaillait et vivait à Berne.
Ainsi l'écriture peut être liée à une identité oubliée, tapie dans un paysage. Le pont, cet entre-deux bien mystérieux qui relie deux rives....
Quel rôle a-t-il dans le roman ? Ici une rencontre. Raimund Gregorius passe sur le pont, sa sacoche emplie des cahiers de ses élèves et voit une jeune femme sur ce point prête à se jeter dans le vide.
Dans sa hâte de la protéger il laisse tomber les cahiers dans l'eau. Oui, il pleut dru. Et la sacoche s'est ouverte.
Après c'est un peu extravagant. Elle inscrit au stylo sur le front de cet homme qu'elle ne connait pas un numéro de téléphone de peur de l'oublier.... C'est un peu farfelu. Et lui distribue les cahiers tachés 1 à ses élèves.
Ma foi... Pourquoi pas...
Cette lecture me donne le frisson....
"Le vent soufflait en rafales, chassait au-dessus de lui les nuages bas et retourna son parapluie. C'est alors qu'il aperçut la femme au milieu du pont. Accoudée au parapet, elle lisait sous les torrents d'eau ce qui semblait être une lettre. Elle était obligée de la tenir à deux mains. Quand Gregorius s'approcha, elle froissa soudain le papier, le pétrit en une boule qu'elle jeta d'un geste violent dans le vide. Involontairement, Gregorius avait accéléré la marche et il n'était plus éloigné d'elle que de quelques pas. Il vit la fureur sur ce visage blême et mouillé de pluie. (...) À présent, la femme s'appuyait sur le parapet, les bras tendus, et ses talons glissaient hors des souliers. Elle va sauter. Gregorius abandonna le parapluie à un coup de vent qui l'emporta par-dessus le parapet, il jeta par terre sa serviette pleine de cahiers d'élèves et lança à voix haute une série de jurons qui n'appartenaient pas à son vocabulaire habituel. La serviette s'ouvrit et les cahiers glissèrent sur l'asphalte mouillé. La femme se retourna. Pendant quelques instants, elle contempla sans bouger les cahiers qui noircissaient dans l'eau. Puis elle tira un stylo feutre de la poche de son manteau, fit deux pas, se pencha vers Gregorius et lui écrivit une série de chiffres sur le front."
SupprimerJ'oublie le train.
RépondreSupprimerIl reste deux hommes , un vivant, Raimund Gregorius, un mort, Amadeu de Prado dont le livre transforme en profondeur celle de Gregorius, lui donne le courage de faire ce voyage, de s'arracher à son existence bien rangée.
Gregorius veut des réponses à des questions encore en germe sur le sens de sa vie.
C'est terriblement efficace. Berne s'estompe et se précise Lisbonne, ses intellectuels, son peuple, la Résistance contre le dictateur Salazar .
Libraire, vous m'avez fait prendre un étrange train qui traverse les mots et les apparences. C'est un livre initiatique, mystérieux qui touche un homme en plein cœur. Un livre qui me fait beaucoup penser au "Livre de L'intranquillité" de Fernando Pessoa, qui est d'ailleurs cité à plusieurs reprises..
Ce livre de Pessoa qui m'a tant bouleversée, que j'ai surligné, interrogé, toujours à portée de main . Un livre, justement, dans lequel Pessoa ne cesse d'interroger son identité, l'identité que lui prêtent les autres.
C'est très impressionnant. Une sorte de palimpseste entre livres que le lecteur découvre.
Il me semble, arrivée au milieu du livre que le réseau des mots devient très broussailleux. Il y a trop de citations sur des thèmes devenus usés, l'âme, la liberté, la lucidité, le courage, la droiture...
RépondreSupprimerLa force de l'écrivain se situe ailleurs, là où elle se fait charpente, dans les gestes, les portraits des personnages qui tissent ces rencontres, les notations d'ambiances, d'odeurs, les sons.
Le personnage qui mène ce récit, Gregorius , est un être incertain, qui doute, fait des allers et retours entre Berne et Lisbonne, entre son passé et son présent.
De très beaux personnages face à lui, un peu mutiques, un peu crispés, à la confidence méfiante.
Je crois que Pascal Mercier aurait pu resserrer l'intrigue, élaguer. Son Gregorius en met du temps à savoir ce qu'il veut...
Le début du roman était nerveux, passionnant. Passées les cent premières pages, on ne sait plus trop quel fil suivre...
Je ressens parfois cela, un essoufflement dans l'écriture d'un roman. 500 pages...
Peut-être un sentiment contraire dans les pages ay venir...
Il faudrait arrêter de lire durant au moins une semaine... Peindre ou flâner, n'absolument rien faire. S'éloigner des écrans et des expositions. Rougir le soleil. Ne pas essayer de suivre tous ses rayons verts. Non, le cri-christ ne s'est pas seulement arrêté à Eboli, il a Oursivi son fil épars, en silence avec Sergio, et bien d'autres.
RépondreSupprimerC'est beau et doux...
Supprimer"Le Guépard" sur ciné-classic
SupprimerLa musique de Nino Rota... Luchino Visconti... Le prince Don Fabrice de Salina., Burt Lancaster.. La belle Angelica, Claudia Cardinale... Le neveu félin,Tancrède, Alain Delon... La demeure fascinante... Beauté et mélancolie...
Délice....
Oursivi... Un ami de MàC... mais poursuivons....
SupprimerOh mon passé qui ouvre les portes...
RépondreSupprimerLa vie a décanté les savoirs, il reste ce limon des mots, ces livres comme une terre habitable, quand ils sont lumineux.
De mots en mots s'en vient le grand silence et quand il sera là , nous nous reposerons a écrit Tchekhov à la fin d'Oncle Vania ...
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