mardi 20 août 2024

Night Ocean

Howard P. Lovecraft - Night Ocean et autres nouvelles - J’ai Lu

 

 

Howard Phillips Lovecraft effectue sa rentrée littéraire la 17 Octobre 2024 avec une publication d’une sélection de vingt-neuf récits dans La Pléiade. La prestigieuse collection de Gallimard, après avoir honoré Jules Verne, incorpore donc le natif de Providence dans ses rangs avant, - qui sait ? - d’arpenter un jour la Terre du Milieu de Tolkien au grand désespoir de la vieille garde du lectorat des ouvrages au papier bible. Quoiqu’il en soit les œuvres du créateur de Cthulhu n’en finissent pas de défier le temps et de garnir nos rayonnages avec notamment une récente et formidable intégrale concoctée par David Camus chez Mnémos.

 

Pour ma part j’ai choisi pour lui rendre hommage, un modeste J’ai Lu acquis en 1995 contenant des textes collaboratifs pas toujours du plus haut intérêt littéraire, à l'exception d'une perle, une assez longue nouvelle « Night Ocean » signée Lovecraft et R.H Barlow. La préface de S.T Joshi, qui est au Maitre ce que Reiner Stach est à Kafka, souligne le fait que l’auteur de Dagon, contrairement aux idées reçues, ne vécut pas en solitaire. En témoignent des récits rédigés à plusieurs mains, des travaux de « nègre », et les fictions de confrères édifiées sur ses propres mythologies. La galaxie Lovecraftienne, si l’on prend en compte les multiples déclinaisons cinématographiques ou ludiques, ne cesse de s’étendre.

 

« Night Ocean » est un texte d’atmosphère, plus simplement un poème en prose. Sa fausse simplicité l’apparente pour Joshi aux créations d’Henry James. Mais on pourrait citer la prose poétique de Poe. Le narrateur, un peintre, prend quelques jours de vacances dans une station balnéaire. Il séjourne dans une petite maison en bord de plage, assez loin de la petite ville. Aux premières journées ensoleillées favorisant l’engourdissement des sens et la vacuité de l’esprit succède l’émergence d’une sourde inquiétude soulignée par l’apparition de premiers orages. Aucun véritable évènement ne vient cependant cautionner cette peur irraisonnée hormis la présence éphémère et hypothétique de formes indistinctes près de la mer, un jour de tempête. Les rares visites effectuées dans la cité voisine ne modifient en rien l'état d’âme du personnage, captif d’un univers étrange, sinon de ses tourments intimes.

 

La présence toute proche et cependant impalpable d’autres mondes est un thème récurrent des créations de Lovecraft. Il le décline ici - la participation de R.H Barlow ne semble pas essentielle - en trois vagues successives : la création artistique comme appropriation de visions d’un au-delà, les « ailes de papillon des rêves » objets de plusieurs textes de l’écrivain, et enfin l’existence d’entités très anciennes dont la résurgence marquera la fin de la présence humaine :

« L'océan est vaste et solitaire, et, de même que toutes choses en proviennent, elles y retourneront. Dans les lointaines profondeurs du temps, plus personne ne régnera sur la Terre, et il n'y aura aucun mouvement, sauf dans les eaux éternel­les. Elles viendront battre les rivages sombres de leur écume assourdissante, bien qu'en ce monde mourant plus personne ne puisse voir la froide lumière d'un soleil affaibli jouer sur les marées tourbillonnantes et le sable grossier. Il ne subsis­tera, à la limite des profondeurs, qu'une écume stagnante où se rassembleront les coquilles et les os des êtres disparus qui vivaient au fond des eaux. Des objets silencieux et mous, privés d'une vie paresseuse, seront ballottés le long des rivages. Puis tout sera noir, car pour finir même la lune sur les vagues lointaines disparaîtra. Il ne restera rien en au-dessus comme au-dessous des eaux sombres. Et, jusqu'à la fin des temps, au-delà de de la mort de tous les êtres, la mer continuera de battre à travers la sinistre nuit. »

 

Un très beau texte sans doute inspiré de La maison au bord du monde de William Hope Hodgson.

183 commentaires:

  1. Une belle expérience à lire ce texte, on y éprouve l'infini. Une quiétude parfaite. Une libération.
    Hors du temps. Un songe antérieur... Une atmosphère de page blanche.
    Un livre rare, à decouvrir. Merci.

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  2. Lisant ce texte et ce billet, c'est comme si je découvrais un nouvel âge de ténèbres cerné par un océan d'infini. Un monde d'ombre. Une lumière noire. Comme si on ne savait pas tout.
    Un monde frôlé dans le recueil de contes métaphysiques de Borges, "L'Aleph".
    Mais là, avec Lovecraft que je n'ai jamais lu, il n'y a aucun personnage, sauf l'océan.
    Night Ocean.... Quelle aventure...

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  3. Donc, même la mort est mise à mort puisqu'il n'y a plus d'êtres vivants sur terre ou dans les eaux.

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  4. Mais puisque cet océan est décrit, c'est qu'il y a un observateur, une conscience face à lui. S'il n'y avait pas d'observateur, il n'y aurait pas d'existence connue pour la nommer.
    C'est vertigineux.
    "Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie." écrivait Pascal.
    Le ciel nous est moins étranger...
    Ici, l'univers apparaît. Gravité...
    Un texte qui peut entraîner si loin.
    Qu'est-ce que la vie ?
    Dans l'océan initial, la vie et la mort ont fait leur apparition.
    Une méduse primitive, gélatineuse... Des algues marines...
    La vie existe-t-elle ailleurs ? sur une autre planète ?

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  5. L'autre grand texte - un roman - sur ce thème est Solaris. L'Océan imaginé par Lem est une créature vivante avec laquelle aucune communication n'est possible. Pourtant elle sonde l'inconscient des astronautes au point de créer des formes protoplasmiques nées de leurs désirs. L'océan de Lovecraft suscite diverses émotions dans l'esprit du narrateur. C'est une sorte de communication émotionnelle.
    https://soleilgreen.blogspot.com/2022/01/solaris.html

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    1. Je n'ai pas lu le roman mais vu le film de Tarkovski, "Solaris" , un des plus beaux films de science-fiction que j'ai vu.
      Oui, je revois cet océan mystérieux et inquiétant et la mort qui s'y dissout puisque l'homme de l'espace revoit sa femme morte.

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  6. La Maison au bord du Monde est en effet un texte méconnu, comme tout Hogdson, toutefois la superposition avec Océan Night ne fonctionne pas tout à fait Différence entre un texte d’ Atmosphère ( Lovecraft) et un texte de prodiges plutôt que de présences….

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  7. « Inspiré de » va bien!

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  8. Ah vous n’avez jamais lu Lovecraft? Vous devriez….C’est bon , même en mauvaise traduction , ou avec les suites du disciple Derleth. Maintenant on dispose en poche d’une traduction sérieuse, ce qui n’était pas le cas avant , notamment pour la Bergier de Démons et Merveilles, qui coupait la moitié du texte!

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  9. Un Lovecraft choisi en Pléiade. Il y a des revanches éclatantes.,,

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  10. "Des objets silencieux et mous, privés d'une vie paresseuse, seront ballottés le long des rivages. Puis tout sera noir, car pour finir même la lune sur les vagues lointaines disparaîtra. Il ne restera rien en au-dessus comme au-dessous des eaux sombres. Et, jusqu'à la fin des temps, au-delà de de la mort de tous les êtres, la mer continuera de battre à travers la sinistre nuit. »
    La fin du texte est triste. Un peu comme dans les cent noms de Dieu....

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  11. Non, il y en a plus que dans la Bible. Là c'est : "Les Neuf Milliards de noms de Dieu" , une nouvelle d’Arthur C. Clarke. Je m'étais régalé.
    Eh bien , vous souvenez-vous quand il se retourne ? Les étoiles s'éteignent une à une.

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  12. Voilà, c'était là : Ils regardent en arrière et «pour la dernière fois, au-dessus d’eux, dans la paix des hauteurs, une à une, les étoiles s’éteignaient."

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  13. Arthur Machen,c’est du bon aussi.

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  14. Cette Pythie de Dürrenmatt ne croit pas aux prédictions quelle est obligée de formuler. Elle pense que les hommes sont lâches et peureux et qu'ils se réfugient dans lirrationnel par crainte.
    C'est terrifiant pour elle de voir que les prédictions absurdes qu'elle a données à Oedipe se sont réalisées puisque lui justement a tenté de les éviter.

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  15. Comme si la pire tournure possible des évènements n'était pas prévisible qu'elle arrivait arrive par hasard.
    Quel choix aura fait Lovecraft ?

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  16. Ainsi en est-il des théories scientifiques sur la fin du monde . Ne sont-elles pas comme des fictions divagant entre intuition et nécessité logique ? La science aussi contient des éléments irrationnels . Elle ne peut être considérée comme détentrice de vérités absolues. Ce dont des hypothèses provisoires qu'il faudra confirmer ou infirmer par l'expérience .

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  17. Machen, oui, mais différent en ce sens qu’il peut admettre le positif, dont Le Grand Retour est le plus bel exemple. Par ailleurs, même dans le Grand Dieu Pan, on ne trouve pas de traces d’un culte lovecraftien de l’entité façon Yog Sottoh, Grands Anciens, etc. Et puis quelquefois l’intérêt tombe…

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  18. Sur la Pythie, je me demande si celle de Valery y croit plus que celle de Durenmatt…

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  19. Certes il y a prédestination . « Ils m’ont connue au blancs stigmates ». Et certes le Dieu instrumentalise la créature, mais pour quoi?

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  20. Ce qui est surprenant dans le texte de Lovecraft choisi par Soleil vert c'est qu'il n'y a pas de dieux. Il y a juste un déclin, un renfermement, la fin d'une parenthèse. Un texte onirique.
    Je n'ai pas encore le livre. Il vient.
    En attendant, pas d'histoire. Juste un océan sous un ciel noir qui palpite encore comme un coeur autonome. Il n'y a pas de bruit. Pas de sang. Pas d'être humain.
    Juste un œil qui contemple . Un monde de contemplation sans âpreté comme on glisse dans le sommeil. C'est très beau. Juste avant l'obscurité.
    Je ne connais pas la Pythie de Valéry (dans quelle oeuvre ?) mais celle de Dürrenmatt est cocasse, prise à son propre jeu ! Qui aurait pu croire qu'une destinée aussi abhérante que celle qu'elle prédit à Œdipe pour se moquer de lui deviendrait réalité ? Elle n'a plus qu'à disparaître. Sage conseil que celui de Teresias... Les vies, certaines.... fabriquent leur destin. Les dieux doivent être jaloux !
    J'aime bien aussi la pensée de Giraudoux.
    J'aime les surprises de SV. Après deux livres étouffants, un texte étrange qui se regarde plus qu'il ne se lit. Je pourrais le peindre ( Soulages aussi !).
    Certains textes donnent un goût d'éternité arrêtée. Est-ce que l'éternité peut s'arrêter. Pierre Assouline rapporte ces mots de Cartier-Bresson :
    "Le temps court et s'écoule et notre mort seule arrive à le rattraper.
    La photographie est un couperet qui, dans l'éternité saisit l'instant qui l'a éblouie." (Dernière page de "Cartier-Bresson L'œil du siècle.")

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  21. Pour qui connait pas du tout Lovecraft, il avait un point commun avec Céline : la peur de l'étranger. Antisémitisme chez l'un, rejet de tout ce qui n'était pas WASP (Blanc, Anglo-Saxon, et Protestant) chez l'autre. Cette crainte maladive lui a inspiré la création d'un monde où les humains seraient menacé par des créatures anciennes et horrifiques. Voir à ce sujet ce qu'en dit un de de ses plus fameux prosélytes en France Michel Houellebecq in H.P. Lovecraft contre le monde, contre la vie

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  22. En effet, « le Cauchemar d’ Insmouth », entre autres , révèle bien cette peur phobique, Soleil Vert. Mais moins injurieuse que chez Celine. Quoique tout aussi prégnante, mais transposée dans le fantastique. MC

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  23. Pour La Pythie, c’est un poème de « Charmes ». Vous l’avez sûrement entendu avec son renversement final ; « Honneur des Hommes, Saint Langage, Discours prophétique et paré /. Belles chaînes en qui s’engage. Le Dieu par la chair révère. Imagination! Largesse! Voici tonner cette Sagesse Et sonner cette Auguste Voix, Qui se connaît quand elle sonne N’être plus la voix de personne, Tant que des Antres et des Bois ». Plus sérieux, mais tout aussi litigieux…..

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  24. Cher Soleil vert. Je viens de lire cette nouvelle, très différente de ce texte porteur que vous nous avez offert. Donc, c'est une songerie finale.
    La nouvelle fait monter la tension sur fond d'orage et de nuit quelque part au bord, tout au bord de l'océan inquiétant.....
    On ne sait trop ce qu'il a vu ou cru voir mais on sait que c'était effrayant, voire monstrueux.
    Cet océan serait vorace et se livrerait à des chasses nocturnes effrayantes ou il abriterait des monstres qui hanteraient cette plage isolée .
    Un peu comme dans les cauchemars que les réveils dissipent comme des brumes., il nous reste l'angoisse au coeur comme trace de cette lecture.
    Je comprends votre évocation de Solaris.
    J'aurais aimé pouvoir la lire en v.o car quelques phrases me sont apparues inutilement chargées d'adjectifs voulant amplifier l'effet inquiétant. (Ex : "J'étais dévoré par la peur, pitoyable et léthargique, d'un inéluctable destin qui serait, je le savais, l'aboutissement de la haine des étoiles scrutatrices....")
    Oui, la préface de S.T. Joshi est intéressante et renforce votre analyse.
    Ce narrateur sur qui tout le récit repose - pas d'autres témoins de ce qu'il a vu et entendu - n'a pas trop envie d'avoir des voisins. Il en aura mais de drôles de voisins qu'il n'arrivera pas à rencontrer... Toutefois la bourgade proche où il se rend fréquemment n'a rien d'effrayant. Son théâtre nocturne se joue dans sa maison, ce qu'il croit voir à travers les fenêtres, sur la plage, ce qu'il entend indistinctement. Et ces étranges débris qu'il trouve au matin sur le grève et qui mériteraient bien une autopsié.... Et en plus ça colle aux chaussures !
    Les atmosphères du lieu variant avec la météo et l'alternance des jours et des nuits est très réussie.
    Donc, pas de fin du monde mais un récit à vous oter l'envie de bains de minuit !
    Ah comme ce texte que vous avez choisi est excellent et comme il m'a entraînée loin de ce conte horrifique. Je le trouvais si paisible....

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  25. « On ne sait trop ce qu’il a cru voir ». Procède des plus efficaces et très Lovecraftien. Ce qui n’implique pas que son monde soit «  sans Dieux ». Il les multiplierait plutôt: Grands Anciens, Ctululhu, etc. Mais pas ici….Une nouvelle analogue à celle-ci serait La Chose dans la Cave. , me semble-t-il…. MC

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  26. J'ai envie de parler d'un autre livre que jattendais.
    Donc il est là...
    COMMENT ÉCRIRE . Pierre Assouline.
    Comment ils ont écrit...
    Vaste, souple, brassant tant d'écritures, de photographies, de documents..
    Pierre Assouline y apparait comme un lecteur ouvert et gourmand créant un étonnant mouvement de houle entre celui qui observe, lit et celui qui, professeur, jongla avec ces analyses pour guider ses élèves de science po.
    Ainsi dans un chapitre qui étudie les personnages, il les écoute en musicien, sachant les reconnaître au son de leur langue dans les dialogues, ou de leur voix intérieure dans les monologues
    Tout cela est vraiment passionnant.
    C'est comme un dessin d'Eischer, une lecture possible à double entrée qui étonne le raisonnement.
    Le livre est beau, enclos dans cette incroyable couverture dorée où s'inscrivent tant de noms d'écrivains aimés ou méconnus.
    Belle typographie, beau choix de ce papier bistre, grande marge réservée à la pliure pour ne pas "casser" le livre.

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  27. (suite) Dans le livre de nombreux portraits. Je m'attarde sur celui de Philip Roth par Kitaj. Des traits légers rapides, jambe gauche . Une seule chaussure à cause du plan coupé. Pas de siège. Puis d'autres traits, moins appuyés en second plan semblant s'attarder sur les épaules, le col de la chemise. On sent des aller-retour rapided du modèle à la feuille.
    Qu'en est-il du visage ? L'a-t-il dessiné avant , après ? Il est d'une précision rare comme si Kitaj cherchait à percer un secret.
    Le regard de Roth est soutenu, presque dur, les lèvres serrées, les cheveux doucement vaporeux.
    C'est un portrait majestueux. Mystérieux. Un homme fermé sur son secret et en même temps offert.
    Quel beau complément au premier chapitre qui le cerne, aux lectures de ces romans..

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  28. Pauvre Lovecraft délaissé pour ça…

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  29. Lu quelques extraits de ce livre que vous évoquez, Soleil vert sur Babelio (Michel Houellebecq in H.P. Lovecraft contre le monde, contre la vie).
    Celui-ci résume assez bien ce que je pressens des livres de cet auteur et se rapproche du texte de Lovecraft (Night Ocean) que vous nous avez offert.
    "Peu d'êtres auront été à ce point imprégnés, transpercés jusqu'aux os par le néant absolu de toute aspiration humaine. L'univers n'est qu'un furtif arrangement de particules élémentaires. Une figure de transition vers le chaos. Qui finira par l'emporter. La race humaine disparaîtra. D'autres races apparaîtront, et disparaîtront à leur tour. Les cieux seront glaciaux et vides, traversés par la faible lumière d'étoiles à demi mortes. Qui, elles aussi disparaitront. Tout disparaîtra. (...) Seul l'égoïsme existe. Froid, inentamé, rayonnant." (p.18)

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  30. Cette note de Jean-Michel Brèque est également très éclairante.

    https://www.noosfere.org/livres/niourf.asp?NumLivre=-316168

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  31. « Pauvre auteur petri de haine « est bien excessif s’il s’applique à Lovecraft, lequel est au moins la figure la plus originale du fantastique américain depuis Poe. J’évite autant que possible les compilations et autres dictionnaires. Et pas seulement celui de Pierre Assouline. Je me méfie des trajectoires toutes faites. En revanche, je ne vois pas en quoi ma remarque sur l’autiste fait de moi un personnage triste ou piètre, je ne sais plus. Lorsque la médecine psychiatrisante substitue son délire à l’humain, et que ledit délire est accepté comme le Messie par l’intéressé, oui, il y a de quoi se mefier.

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    1. "Piètre", concernait la lecture hâtive du livre de Pierre Assouline paru la veille. "Ça" ne se fait pas !

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    2. La remarque sur l'autiste changeant de sexe et son rapport à sa mère est incompréhensible écrite de cette façon embrouillée dans votre commentaire succint au bas de la page des commentaires suivant le billet Mygale. On ne sait où vous voulez en venir et ce que vient faire l'autisme (et le vôtre) là-dedans ...

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  32. Enfin, libre à vous dans un accès de positivisme délirant de permettre cette transformation que, pour ma part, quoique ayant eu les mêmes symptômes d’autisme, je n’ai jamais envisagée !

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  33. «  je crois en la médecine » stupidité parentale. Les médecins sont humains et peuvent se tromper comme nous.

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  34. La mer vue par Pessoa :
    …Nous sommes ceux que nous ne sommes pas, la vie est brève et triste. Le bruit des vagues, la nuit, est celui de la nuit même ; et combien l'ont entendu retentir au fond de leur âme, tel l'espoir qui se brise perpétuellement dans l'obscurité, avec un bruit sourd d’écume dans les profondeurs ! Combien de larmes pleurées par ceux qui obtenaient, combien de larmes perdues par ceux qui réussissaient ! Et tout cela, durant ma promenade au bord de la mer, est devenu pour moi le secret de la nuit et la confidence de l'abîme. Que nous sommes nombreux à vivre, nombreux à nous leurrer ! Quelles mers résonnent au fond de nous, dans cette nuit d'exister, sur ces plages que nous nous sentons être, dans le flot de l'émotion ! Ce que l’on a perdu, ce que l'on aurait dû vouloir, ce que l'on a obtenu et gagné par erreur ; ce que nous avons aimé pour le perdre ensuite et constater, après l'avoir perdu et l'aimant pour cela même, que tout d’abord nous ne l'aimions pas ; ce que nous nous imaginions penser, alors que nous sentions ; ce qui était un souvenir, alors que nous croyions à une émotion ; et l'océan tout entier arrivant, frais et sonore, du vaste fond de la nuit tout entière, écumait délicatement sur la grève, tandis que se déroulait ma promenade nocturne au bord de la mer..

    Qui sait seulement ce qu'il pense, ou ce qu'il désire ? Qui sait ce qu’il est pour lui-même ? Combien de choses nous sont suggérées par la musique, et nous séduisent parce qu'elles ne peuvent exister ! Combien de choses que la nuit évoque et que nous pleurons, alors qu’elles n'ont jamais été ! Telle une voix s'élevant de cette paix de tout son long étendue, l'enroulement des vagues explose et refroidit, et l’on perçoit une salivation audible, là-bas sur le rivage invisible. Combien je meurs si je sens pour toute chose ! Et combien je sens que j'erre ainsi, humain et incorporel, le cœur immobile comme peut l'être le rivage - et tout l'océan de tout, dans cette nuit où nous vivons, vient briser ses hautes vagues pour refroidir ensuite, moqueur, durant ma promenade nocturne, éternelle, au bord de la mer …

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    1. Pessoa... Quelle chance de vous lire et de le relire.
      Ce texte est magnifique. Quelle prose somptueuse... Face à l'océan, à la houle, à la nuit il nous révéle son être intérieur, sentiments fluctuants, souvent désespérés.
      Il y a un lien très fort avec le texte final de la nouvelle de Lovecraft .
      Puis le lien humain semble rompu pour l'un et l'autre. C'est alors une autre réalité, une vaste terre inconnue. La nuit leur est vérité.
      Ils sont alors pleins de tristesse.
      Impatience de l'âme pour Pessoa, morbidité et apparition des monstres pour Lovecraft.
      L'homme et la mer... Deux abîmes face-à-face. un chaos... Songe et fantastique. Solitude.
      L'écriture vagabonde leur révèle qui ils sont mais aussi un empêchement de penser, d'être différents. La nuit de referme sur eux. Ils écrivent...
      Flux et reflux des vagues et des consciences.
      Fantômes et spectres, horribles chez Lovecraft, obscurément lumineux chez Pessoa.
      Pessoa est dans le tournoiement des étoiles comme Van Gogh dans ses nuits sur toile.
      Liberté et splendeur ailée chez Pessoa, gouffres sordides et ensanglantéd chez Lovecraft.
      Rêve d'évasion dans un autre ciel chez Pessoa, noir de suie chez Lovecraft.
      Le passage 52 du Livre de L'intranquillité de Pessoa est gémellaire des sensations du narrateur dans Night Océan :
      "Le vent s'est levé... C'était d'abord comme la voix d'un espace vide... L'espace soufflant à l'intérieur d'un trou, une faille dans le silence de l'air. Puis est monté un sanglot, un sanglot du bout du monde, et l'on s'est aperçu que les vitres tremblaient et qu'en réalité c'était le vent. Puis cela a résonné plus loin, un hurlement sourd, des pleurs dépourvus d'être face à la nuit grandissante, un grincement de choses diverses, une chute de petits morceaux, un atome de fin du monde."

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  35. Pierre Assouline n'a pas encore parlé d'un livre dans lequel je me risquerais peut-être. "Le syndrome de l'Orangerie", de Grégoire Bouillier.
    J'ai eu du mal à émerger de l'horrifique mort volontaire de Marcelle Pichon du "Cœur ne cède pas". Un fait divers distillé jusqu'à l'agonie terrible et solitaire.
    Donc il reste longtemps dans la rotonde de l'Orangerie devant les variations des "Nymphéas" de Claude Monet.
    Contemplation longue que j'ai aussi vécue dans ce lieu.
    (Florence Bouchy dans "Le Monde des livres" du 23 août repère dans son angoisse face aux Nymphéas un symptôme de son rapport à l'écriture.)
    Angoisse....
    Pour quelles raisons éprouve-t-il cette angoisse ? Il ressentirait une "atmosphère morbide" comme si la mort était cachée dans ces grands panneaux. Ou comme si cette longue contemplation le conduisait à ses propres pulsions de mort déjà obsédantes dans "Le cœur ne cède pas".
    Quel voyage du regard propose-t-il dans ce livre. Minera-t-il la mémoire poétique des bleutés aériens et liquides que j'en garde ?

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  36. Votre texte de Pessoa, Soleil vert, me conduit à la fin d'une courte nouvelle de "L' exil et le royaume" d'Albert Camus.
    "La femme adultère", un splendide texte érotique qu'il a réécrit quatre fois...

    "Ses yeux s'ouvrirent enfin sur les espaces de la nuit.
    Aucun souffle, aucun bruit, sinon, parfois, le crépitement étouffé des pierres que le froid réduisait en sable, ne venait troubler la solitude et le silence qui entouraient Janine. Au bout d'un instant, pourtant, il lui semblait qu'une sorte de giration pesante entraînait le ciel au-dessus d'elle.. Dans les épaisseurs de la nuit sèche et froide, des milliers d'étoiles se formaient sans trêve et leurs glaçons étincelants, aussitôt détachés, commençaient de glisser insensiblement vers l'horizon. Janine ne pouvait s'arracher à la contemplation de ces feux à la dérive. Elle tournait avec eux et le même cheminement immobile la réunissait peu à peu à son être le plus profond, où le froid et le désir maintenant combattaient. Devant elle, les étoiles tombaient une à une, puis s'éteignaient parmi les pierres du désert, et à chaque fois Janine s'ouvrait un peu plus à la nuit. Elle respirait, elle oubliait le froid, le poids des êtres, la vie démente ou figée, la longue angoisse de vivre et de mourir. Après tant d'années où, fuyant devant la peur, elle avait couru follement, sans but, elle s'arrêtait enfin. En même temps, il lui semblait retrouver ses racines, la sève montait à nouveau dans son corps qui ne tremblait plus. Pressée de tout son ventre contre le parapet, tendue vers le ciel en mouvement, elle attendait seulement que son cœur encore bouleversé s'apaisât à son tour et que le silence de fit en elle. Les dernières etoiles des constellations laissèrent tomber leurs grappes un peu plus bas sur l'horizon du désert, et s'immobilisèrent . Alors, avec une douceur insupportable, l'eau de la nuit commença d'emplir Janine...."

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  37. La, c’est plutôt Booz endormi, ou Ruth bien éveillée…

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  38. Très joli ! L'humour vous va bien.

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  39. Sensualité plutôt qu'érotisme, qu'on retrouve ailleurs chez Camus. Pas tout à fait le cimetière étoilé du "bleu du ciel" de Bataille :) SV

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  40. Bataille, "Le bleu du ciel", pour la revue "Le Minotaure" . D'abord un texte puis un court roman sulfureux.
    Délire mythologique ou broderie sur un fait divers concernant un tueur de dames.

    Oui, Camus a une écriture sensuelle, souvent liée au soleil et à la mer.
    Je ne m'attendais pas à Bataille !

    ""La terre, sous ce corps, était ouverte comme une tombe, son ventre nu s'ouvrit à moi comme une tombe fraîche. Nous étions frappés de stupeur, faisant l'amour au-dessus d'un cimetière étoilé."

    C'est un érotisme violent, tabou, nécrophage, ,digne d'un minotaure

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  41. Plutôt nécrophile que nécrophage. Il ne les mange pas quand même. Ça c'est l'océan de Lovecraft !

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  42. Oui, ce ciel étoilé est très différent pour Bataille !


    "Dans cette nuit opaque, je m'étais rendu ivre de lumière ; ainsi, de nouveau, Lazare n'était devant moi qu'un oiseau de mauvais augure, un oiseau sale et négligeable. Mes yeux ne se perdaient plus dans les étoiles qui luisaient au-dessus de moi réellement, mais dans le bleu du ciel de midi."

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  43. Très près de Meursault dans "L'Etranger "de Camus....
    La guerre... Les attentats... Les meurtres... L'absurde...

    "Chaque éclat de la musique, dans la nuit, était une incantation qui appelait à la guerre et au meurtre. Les battements de tambour étaient portés au paroxysme, dans l’espoir de se résoudre finalement en sanglantes rafales d’artillerie : je regardais au loin… une armée d’enfants rangée en bataille. Ils étaient cependant immobiles, mais en transe. Je les voyais, non loin de moi, envoûtés par le désir d’aller à la mort. Hallucinés par des champs illimités où, un jour, ils s’avanceraient, riant au soleil : ils laisseraient derrière eux les agonisants et les morts. À cette marée montante du meurtre, beaucoup plus acide que la vie (parce que la vie n’est pas aussi lumineuse de sang que la mort), il serait impossible d’opposer plus que des vétilles, les supplications comiques de vieilles dames" .
    Le Bleu du ciel. (Imaginaire/ Gallimard)

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  44. Les « festins inommables « ne sont que suggérés quand ils ont lieu chez Lovecraft!. Pas de responsabilité dans l’intrusion de Bataille. MC

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    1. Comme l'écrit Nietzsche dans son essai sur "Schopenhauer", "Il faut deviner le peintre pour comprendre l'image."
      D'où vient, par exemple, dans les contes d'Edgar Poe, cette eau lourde, profonde, noire ? Une rêverie de la mort propice au malheur humain, à la souffrance. Le ciel aussi y est au fond des eaux. L'eau le dévore et les étoiles aussi. Cette eau mène à l'inconscient d'Edgar Poe. Un voyage onirique vers le domaine d"Arnheim. On pense aussi aux Chants de Maldoror de Lautréamont.
      L'eau dans ce conte de Lovecraft conduit le lecteur vers l'ombre la plus noire. L'eau y a la même substance que la nuit, insondable. L'océan y avale les ombres. L'eau devient la matière de la mort. Leurs inconscients se rapprochent, oui. Des eaux maudites... inquiétantes. Des paysages lugubres.
      Ces écrivains nous révèlent le fond de leur être même cachés derrière leurs personnages. Des livres comme des destins intimes.

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  45. Dans la Chute de la Maison Usher, c’est très net. Et si on ajoute que Usher égale soupir, on a une véritable dramaturgie qui s’installe et structure le conte…

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    1. Marc Porée, professeur de littérature, explique qu'entrer dans une nouvelle de Poe, "c’est accepter l’emprise que va exercer sur vous un maître du suspens, qui sait faire que ses effets convergent vers un objectif unique, vous placer dans un état de Terreur."
      C'est exactement cela comme l'univers de Lovecraft, semble-t-il.

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  46. Cela dit, c’est plus une eau d’engloutissement, un peu gothique, qu’autre chose. Nb Saviez-vous que Poe a rencontré Dumas à Paris en 1832? J’aurais voulu être là. Et Dumas qui y fait allusion très clairement dans sa version de Double Assassinat dans la Rue Morgue publiée à Naples quand il s’y trouve avec Garibaldi. On ne sait rien sur Poe en 1832, si ce n’est que , sortant des Marines (eh oui!), il demande à combattre en Pologne. Ce qui est accordé semble-t-il. De la a penser que Dupin égale Dumas plus Edgar… Et qu’il a pu lire en français l’édition de «  l’âne qui enfanta Bug-Jargal »….

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    1. Oui, un engloutissement effrayant de cette maison Usher et le retour à la vie de cette morte-vivante venue pour se venger. Quelle ambiance charmante !
      Cette rencontre Poe/ Dumas... De quoi ont-ils parlé ? Mystère.,.

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  47. D’après ce que dit Dumas, il y a eu séjour à Paris assez long semble-t-il et assez cordial pour que Dumas s’en souvienne autour de 1857. Ce qui change pas mal de choses pour notre vision de Poe, auteur ultra américain…

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  48. Maintenant je ne dis ps , et Dumas non plus, que c’est son meilleur élève!

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  49. Ah le livre que je n’ai pas fini , et qui me défie , à Paris, où il est encore!

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  50. Je crois que couper dans le cas présent c’est rendre service….

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  51. Il y a un indéniable côté Homérique, mais la, c’est l’Homere de la platitude…

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  52. Ce que j'apprécie dans vos choix, Soleil vert, c'est que vos livres ne suivent pas le flot des nouveautés qui envahissent les librairies au rythme des rentrées. Souvent vous ressortez un livre paru dans les années passées. Vous privilégiez la science-fiction, un goût que vous partagez avec des amis et qui a un parfum d'adolescence.
    Je lis beaucoup de ces livres que je n'aurais jamais choisis sans vos chroniques. Je découvre des écrivains qui ont façonné ce monde imaginaire. Les lisant je retrouve d'autres lectures n'appartenant pas à cette part de la littérature. Je découvre que ces fictions sont parfois très anciennes. L'époque de Jules Verne, même avant. Voltaire s'y est diverti. Puis j'éprouve un sentiment diffus d'angoisse. Le fond de ces créations prend souvent naissance après l'extinction quasi totale de la race humaine, l'anéantissement de la terre. D'autres mondes sont mis à contribution, colonies galactiques peuplées de restes d'hommes et de robots. Les mêmes tares y survivent : guerres, autoritarisme, morts violentes, esclavagisme. Peu de femmes (sauf pour la détente des guerriers), beaucoup d'hommes. Un lectorat que j'imagine masculin même si des femmes ont donné de bons ouvrages dans ce domaine.
    Et puis il y a MC, fidèle de votre blog bien avant que je ne le découvre. Il a ses préférences souvent différentes des vôtres. Il aime les livres qui font peur, plein d'ésotérisme, de sorciers, de maléfices. Cela doit le changer de ses recherches inépuisables dans d'autres domaines.
    Beaucoup de batailles entre nous deux. J'aime bien.
    Beaucoup d'harmonie avec vous SV, pas dans le choix des livres mais dans la façon de dire les choses du monde qui essaiment de la littérature, poésie comprise
    Bon, trêve de bavardage ! MC m'a fait comprendre que la lectrice que je suis a évolué par rapport à Pascal Quignard. Par contre il continue de ne rien comprendre a Virginia Woolf, à Marguerite Duras, à Beckett, aux Viennois. Bref il est comme quelqu'un de vrai, c'est-à-dire parfois insupportable.
    Il n'a pas lu le livre de Pierre Assouline. Attitude de mépris qui le prive d'une écriture d'une grande finesse...
    J'aime aussi beaucoup, mais vraiment beaucoup quand vous choisissez une nouvelle, un roman hors science-fiction. Alors la mer est étale...
    Bonne journée.

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  53. Narcisse des mots, je veux bien , à condition de noter que parfois, ici , le narcissisme joue contre le lyrisme. Vous ai-je dit que je me mettrai au Procès , dans la Vialatte? Bien à vous, MC

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  54. A suivre d'ici une dizaine de jours un roman italien au titre inoubliable. SV

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  55. Dix jours ! Je commence le compte à rebours...

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  56. Bonne vacances à vous(bien méritées)

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  57. Ce sont les miracles des armoires à livres. On y trouve des polars, de la SF francaise, dont je n’ai pas rendu compte ici, façon planante et tibetaine annees 1980, et , en une jolie édition de poche tres propre début annees 1960, Kafka!

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  58. Je suis très attachée aux premières traductions même si les suivantes ont paraît-il des qualités certaines. C'est toute une mémoire de la découverte d'un livre. Une façon de remonter le temps.

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  59. Ce « livre-suaire » explique peut-etre la réaction très négative de Marie Sasseur….

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  60. Oui, je l'ai lue. C'est un livre, une série de livres qui ne laissent pas indifférent. Rose aussi garde un souvenir éprouvant du livre précédent, "Un cœur qui ne cède pas".
    De plus, pour tous ceux qui aiment l'œuvre de Claude Monet et la dernière, Les Nymphéas, passer par les dé-lires de Grégoire Bouillier, invite à se frotter les yeux !
    Quel est cet étrange écrivain qui, de livre en livre, perturbe les lecteurs.
    Il échappe à toute attente, à toute impression de prévoir ce qu'il va écrire à la page suivante.
    Provocateur, farceur ?
    Il a besoin de l'écriture, que son écriture soit lue comme s'il se fabriquait un destin à travers l'œil du lecteur. Un peu comme cette pensée qu'il exprime dans son livre : l'oeuvre d'art n'existerait que par le "regardeur".
    On peut s'y frotter - avec des pauses -. On peut s'y perdre, se mettre en colère comme elle, ne pas l'affronter comme Rose, l'aimer comme Olympe.
    Tant de livres.... Celui-ci on ne peut le nommer. Roman ? Biographie ? Psychanalyse ? Rêverie ? Étalage....
    Mais il compte dans son effort d'écrire même s'il est inclassable.
    J'aimerais bien connaître l'avis de Pierre Assouline et de Paul Edel....

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  61. Quel rapport Grégoire Bouillier avec Lovecraft.

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  62. Les photos spirites , c’est au moins trente ans avant 1900, et le Procès Buguet, en 1875, avait porté le coup de grâce à ces gens qui venaient chez lui, et se faisaient tirer les vers du nez par une habile employée de manière à ce que le maître de céans put confectionner , par un système de portraits robots, le spectre le plus ressemblant possible. Pas un des clients ne porta plainte, s’ils furent cités à comparaître. Et Monet n’y figurait pas! La Prose de Bouillier me semble ici empêtrée dans un mauvais style de conservateur….

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  63. La photo est dans le livre et je la trouve émouvante.

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  64. Et je m’avoue perplexe quant à Monet « « photographiant son propre corps astral », Lequel n’est censé apparaître, selon Kardec, qu’ après la mort de l’ individu…

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  65. (Kardec et la majorite des spirites !)

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  66. Possible qu’elle soit émouvante, mais il se moque du monde! MC

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  67. C’est assez amusant de vous voir fuir Lovecraft pour vous extasier chez Bouiller devant un magma spirite!

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  68. Je suis aussi. allé souvent à Giverny du temps de Gerald Van der Kemp. Le seul Monet que j’ai vu était celui de la pierre tombale du charmant enclos de l’ Eglise de Giverny. Si je l’ ai entendu parler, ce devait être dans le volume ou Clemenceau rapporte leurs conversations….De quelle Olympe me parlez-vous ?

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  69. Pourquoi parler de Grégoire Bouillier (qu’on aime bien par ailleurs) alors que la chronique de SV parle de Lovecrafte? C’est un mystère. Un peu de mesure tout de même Madame.

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    1. En y réfléchissant, votre question est épatante !
      Pourquoi parler de Grégoire Bouillier alors que la chronique de Soleil vert parle d'une courte nouvelle de Lovecraft ?
      Eh bien, comme je l'ai exprimé dans les commentaires relatifs à "Night Océan", Lovecraft laisse monter une angoisse dans sa nouvelle, quelque chose d'effrayant, d'informel qui envahit son paysage, la nuit. Quelque chose qui a un rapport avec la mort.
      Il se trouve que j'ai délaissé cette nouvelle terrifiante en annonçant que je cherchais d'autres lectures pour oublier le malaise durable qu'avait provoqué en mes pensées cet océan dévoreur, semblant abriter des créatures tueuses. Ouvrant "Le Monde des livres", la chronique de Florence Bouchy ma interpellée. Elle évoquait le dernier livre de Grégoire Bouillier "Le Syndrome de lOrangerie". Elle note l'angoisse qu'il a éprouvée à la vue des Nymphéas de Claude Monet. Elle voit ce livre "comme l'emblème du combat qu'il mène contre les pulsions de mort qui l'assaillent et menacent le monde."
      Voilà qui me faisait penser à Night Océan plus qu'aux Nymphéas de Monet.
      L'océan pour l'un, l'eau sombre du bassin dans ces panneaux immenses pour l'autre.
      Elle le cite : "Le truc, dit-il, ce n'est pas de lutter contre l'angoisse, c'est de faire de cette angoisse un moteur."
      Que de coïncidences découvertes grâce à votre question. Merci infiniment.
      Bouillier pense que des morts sont cachés sous les Nymphéas et part à la recherche de coïncidences signifiantes comme le narrateur le fait au matin en remontant la grève battue par les flots. Il trouvera un morceau visqueux ressemblant à une main. Bouillier trouvera maint morts dans la vie de Monet, dans la vie.
      Le Syndrome de lOrangerie finit par devenir le syndrome de Night Océan...
      Reste à comprendre dans ces atmosphères morbides l'origine de ces inspirations.
      Émerger de ces deux livres pour retrouver ce sentiment de méditation et de paix intérieure que je ressens quand je me laisse envelopper par les Nymphéas de Claude Monet.

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  70. Lovecraft est un fantastiqueur d’horreur et d’épouvante. Qu Océan Night soit fondé là dessus n’étonnera que celles et ceux qui ne l’ont jamais lu. On. aurait pu prendre aussi bien l’ Affaire Charles Dexter Ward, du même, ou , pour les Dieux, Dagon…C’est vrai qu’on ne s’attend pas qu’un conte de Lovecraft finisse par « ils se marierent, furent heureux , et eurent beaucoup d’enfants. Et c’est vrai que l’ Horreur dans le Musée, même si Derleth y a mis la maîn, nous éloigne un peu des photos pseudo sprirites de Grégoire Bouiller…. MC

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  71. Vous faites une fixette sur cette photo ! Il y a bien d'autres pistes dans ce livre....

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  72. Lovecraft est aussi en France une machine a fric éditoriale .
    Lancement sur le site Ulule d'un financement participatif pour un ouvrage de Lovecraft illustrė par Druillet. Le pot demarre a 100 euros pour culminer à 800 euros avec des cartes postales, sculptures et tutti quanti. Ceci mis à part, lecture de "Le Christ s'est arrêté à Eboli de Carlo Levi . SV

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  73. J'avais aimé ce roman lu il y a si longtemps. J'ai tout oublié de l'histoire sauf la lumière qui l'irradiait.
    Allez-vous en parler ?
    Eh bien , ils ne semblent pas chez Ulule !

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  74. Oui, j'en parlerai. Je trouve que J. Ascensio pour une fois n'appuie pas suffisamment sur les points forts de ce grand livre et pourtant c'est pil poil dans ses cordes si je puis dire ...SV

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  75. Ah j'ai hâte. La mémoire va me revenir en vous lisant. C'est une étrange mémoire. l'Italie bien sûr. Une innocence dans un village oublié où les gens sont très pauvres. Un narrateur dépendant d'une surveillance policière. Peintre, je crois peut-être aussi autre chose.

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  76. Quand même, SV, ce titre "Le Christ s'est arrêté à Eboli" est ambigu... Signifie-t-il qu'il s'y est arrêté pour partager ou qu'il s'est arrêté afin de ne pas y entrer ?Eboli... Un village plus au sud.
    Dans ma mémoire, il y a confusion avec un village troglodyte, Matera, ou Pasolili a tourné une partie de son "Evangile selon saint Matthieu", un très beau village tout blanc où les gens vivaient dans les anfractuosités de la roche. Un lieu tragique et beau.
    Et puis le "Christ", ce nom ici que signifie-t-il ? Y a-t-il un lien avec ce que voit et vit le narrateur, exilé ? Avec la religion ? Je ne me souviens plus. Certainement en rapport avec des positions politiques et la répression en Italie pendant la guerre.
    Mais pourquoi cette impression durable de lumière. Quelque chose qui n'a pu être vaincu. Quelque chose hors du temps.
    Je lirai votre compte-rendu passionnément. Ce sera revenir aux années 80. Une lecture d'alors. C'était âpre et envoûtant. Peut-être un roman, peut-être un journal....

    En attendant j'ai repris "Le Syndrome de l'Orangerie". J'avais fait une longue pause après un chapitre ahurissant racontant son voyage au camp d'Auschwitz où il fut choqué par le décalage entre l'horreur de ce que les déportés avaient vécu et une sorte d'indifférence de la guide qui conduisait la visite des "touristes" . Ce sont des pages très difficiles à traverser, très crues, presque révoltées. Il pousse le souvenir un peu trop loin quand il superpose ce souvenir proche à la visite du jardin de Monet. Et là ,à nouveau cette obsession des morts que Monet aurait cachés consciemment ou non dans cette série des Nymphéas.
    Cet écrivain est vraiment obsessionnel. Ce livre finit par ressembler en partie au précédent , "Un cœur qui ne céder pas", et par la hantise à celui de Lovecraft.
    Florence Bouchy dans "Le monde des livres" terminait son article en s'attardant à l'écriture de Grégoire Bouillier, plus exactement à son langage.
    Elle s'interroge. Que voit-il vraiment s'il enlève les mots qui font écran aux Nymphéas ? Si il gomme le mot "chef-d'œuvre ?
    Pour se faire, Bouillier échappe aux Nymphéas pour retrouver un de ses philosophes favoris, Ludwig Wittgenstein. Les limites du langage.... Pour Bouillier les mots sont-ils des "gommes" qui empêchent de forer le réel ? Donc Bouillier serait un combattant, un ferrailleur ... Cette lecture est vraiment épuisante !

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  77. A noter, puisqu'on parle de langage et d'écriture, la tentative remarquable de Jacques Barrozi, sur son blog "Le lézard de Paris", dans le chapitre "Littérature", un écrit inclassable : "JE(U)".
    Il écrit une autobiographie uniquement avec les mots de ses écrivains préférés.. le texte est bouleversant. J'ai souvent oublié qu'il s'agissait d'un agencement de citations. Le texte lui ressemble tellement... De plus, en fin de texte il donne scrupuleusement les sources de ses citations. Chapeau l'artiste !

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  78. Ah ce St Matthieu sulpicien jusqu’à l’insupportable!

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  79. J’aime encore mieux Lovecraft, pas vous?

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  80. Non, à choisir, je préfère la langoureuse nageuse de Paul Edel !

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  81. Quelle bibliothèque Jazzi !
    Brigitte Fontaine, La symphonie pastorale fabriquée a partir de titres SV

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  82. C'est dommage, MC, que vous bloquiez parfois sur un détail. Par exemple j'aurais aimé échanger avec vous sur cette obsession de la mort chez ces deux écrivains, pas comme un passage mais juste des corps morts qui inspirent la peur, la pourriture, l'effroi, le néant.
    Certaine barque traverse le fleuve de la mort vers un autre monde connu seulement du nautonier.
    Et puis il y a la lumière. Le récit embrouille de Bouillier manque de lumière. A force d'enterrer les morts, tous ses personnages tombent ... c'est l'hécatombe... des tombes partout. Quant à votre talentueux, dites-vous, Lovecraft, il peuple cet entre-deux de monstres plus terrifiants les uns que les autres.
    Alors je me pose dans la douceur ébouriffante de la nageuse de Paul Edel, ou dans la magnificence du puzzle autobiographique et littéraire de Jazzi. Je sens aussi venir vers nous le prochain billet de Soleil Vert qui saura nous parler de ce village isolé de l'Italie du sud ou la misère devient de la douleur pour des hommes qui se sentent oubliés étrangers dans un monde où ils n'ont pas de place. Le Christ s'est arrêté à Eboli....
    Dans le film de Pasolini c'est sa propre merey qu'il a filmé en Marie éplorée au pied de la Croix. Long ? Peut-être c'est un peu un adagio , une question posée à la mort de cet homme qui devait porter l'espérance. La suite c'est un conte des mille et une nuits. Beaucoup de nuits ont succédé à ces mille nuits et toujours en attente des hommes meurent.
    Bouillier abîme les Nymphéas en y projetant ses hantises. C'est une si belle et profonde création. J'magine Monet heureux, concentré quand il peignait...
    Écrire peindre écouter ou composer une musique ce sont des moments de puissants bonheurs pour ensemencer le réel de lumière.
    Bien à vous, cher rochon. Souvenez-vous de notre dialogue sur la Chute de Satan, ces gouffres chaotiques et cette plainte lancée vers l'ultime source de lumière
    Je n'ai pas peur de la mort même si c'est vraiment un accroc au temps de vivre. Bonne nuit à vous.
    PS : le "ça" de Pierre Assouline est une ballade dans une bibliothèque immense. Et... "ça" c'est un grand bonheur...

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  83. Ah oui, mais alors le ciel me préserve de ces écrivains qui, mis en échec devant un chef d’œuvre pictural , exhument des philosophes qu’ils comprennent mal, s’ils les comprennent , histoire de faire monter la sauce et multiplier la perplexité du lecteur. Non , ce n’est pas ma conception de la littérature, si toutefois j’en ai une ! Monet et Wittgenstein, ça fait deux. Ramuz et Cezanne, ça se comprend. Mais Wittgenstein mobilise pour excuser les carences de Bouille, non! J’ aime bien mieux Lovecraft , qui lui n’a pas de telles prétentions! MC

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  84. « Talentueux, dites-vous, Lovecraft » Je rassure, je ne suis pas le seul à le dire.!!!

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  85. Pour une fois je suis d'accord. Je suis presque arrivée au bout du roman mais il me lasse tant que je lis d'autres livres pendant que le livre de Bouillier se repose. Après Wittgenstein c'est Freud... Et puis la longue agonie de Camille et bien sûr le portrait de la morte. Entre Marcelle Pichon et Camille c'est un vrai observatoire de la mort. Plus le roman s'écoule plus l'auteur de lâche dans des petites réflexions d'agacement qui rendent la pâte d'écriture indigeste.
    Enfin, je l'aurais lu !
    Mais il y a tant de livres qui méritent l'attention....

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  86. Mais ce n'est pas le talent de Lovecraft qui m'exaspère plutôt l'univers macabre de cette nouvelle. Je n'éprouve aucun plaisir à lire cette nouvelle. Une exception, le beau texte final que Soleil vert avait offert à la fin de son billet. J'ai eu le temps de rêver sur son atmosphère poétique.

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  87. @ CP, un message" à votre intention sur le billet précédent que j'ai oublié de le signer (JJJ), Bàv

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  88. J'ai commencé "Le Christ s'est arrêté à Eboli". Voilà un écrivain qui me convient, Carlo Levi. La traduction de Jeanne Modigliani donne beaucoup de profondeur à ce texte.

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  89. La différence paraît être dans la montée de l’épouvante et la confrontation progressive de l’homme avec des Dieux Oubliés ou au contraire, toujours la: les Grands Anciens. Présences hostiles qui rôdent autour des hommes , sans pour autant les tuer tous, -comment aurait-on les récits, sinon? (Encore que le cas de la personne rapportée existe , je crois, dans l’Affaire Charles Dexter Ward). Bref il y a montee de l’épouvante pour basculer dans un autre monde: «  Hourra! Hourra! Smarra!/ Toutes les portes sont ouvertes/ Pour nous qui venons des eaux vertes/ Et qui sortons du hallier noir! ». Il arrive à Hugo d’être Lovecraftien dans ce Chant des Songes! Bien à vous. MC

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  90. Ou n’aimez-vous pas les fantastiqueurs?

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    1. Pour l'instant, je dois sortir. On m'attend, désolée. Je reprendrai cette conversation passionnante dans la journée.

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    2. Première arrivée au restaurant à l'ombre des arbres. Il fait bon.
      Le fantastique ? Je l'aime quand il procède par coïncidences. Ainsi au moment voulu rencontrer la personne que l'on n'attendait pas !

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    3. Un peu comme dans "La Belle et la Bête" conte revu par Jean Cocteau. Un jeu de décalcomanies. Ce fantastique là me plaît. Pas ce qui génère l'horreur et la peur. Des sortilèges qui ourlent les apparences de vérités cachées.

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  91. C'est magnifique cette méditation. Oui, on peut être écrasé par la présence des mythes anciens ou se donner la joie d'en sourire. Le réel a bien assez d'aspérités pour me conduire à l'observation avec parfois un crayon en main.
    Je laisse les dieux continuer leur bataille rageuse à qui perd gagne !

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  92. Je me souviens... Il fallait découper le motif et l'immerger quelques secondes dans de l'eau jusqu'à ce que le papier support se détache.. puis il fallait le faire glisser, l'appliquer delicatement sur la feuille à décorer et enfin, à l'aide d'un chiffon doux, en lisser délicatement les plis .
    C'était magique. Surtout ce moment où le motif se détachait de son support, prêt à changer d'appartenance flottait quelques instants dans l'eau....
    Le fantastique c'est cela. Quelque chose qui se détache de son support habituel pour adhérer au une autre réalité. Une sorte de migration d'eau et de papier.... Un glissement.

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  93. Pas toujours, non ! Et pour Lovecraft ou le Poe du Gordon Pym, on peut être reserve

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  94. La définition du fantastique comme une peau qui se détache.

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    1. Plutôt un glissement superposant deux mondes différents, un décalage dans le temps où deux temps différents, des êtres qui changent d'apparence mais une "peau qui se détache"...

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  95. Oh non, pas "une peau qui se détache" !

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  96. Borges dans ce domaine est exceptionnel.

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  97. Borges est un fantastiqueur intellectuel qui a reçu une éducation anglaise. D'où parfois des parodies très fines dans le Conte lui-même Rouge et Bleu, par exemple, et même le Barde Irlandais dans l'Aleph:"oui mon Roi, je connais tout, les cycles d'Ulster et de Munster", vous avez là une dimension parodique que vous ne trouvez pas toujours ailleurs!

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  98. L'humour de Lovecraft, lui, se refugie dans des calembours dont il truffe sa mise en scène et qui visent ses amis: "Les œuvres du Comte d'Erlette," pour Derleth, par exemple. Humour aussi pour happy few, si on veut bien le regarder sous cet aspect là... MC

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  99. C'est certain et c'est un vrai plaisir de lire ses Fictions. Ce qui n'existe pas devient le réel. Ainsi ce pays d'Uqbar. Une cité perdue... Fictions qui permettent de comprendre le réel.
    Des signes - monogramme - comme origine antérieure à l'écriture. Un langage oublié. Indéchiffrable. Une référence mythologique, Tlon, un monde idéal.
    Ce sont des écrits de rêveur.
    Un rêveur qui crée le réel.
    Beaucoup de répétitions dans le temps, comme des cycles. Des constructions circulaires. Idem pour l'écriture.
    (Jazzi rencontre ainsi dans "JE(U)", ceux qui ont parcouru les mêmes chemins que lui. Une écriture lointaine qui se transmet par le langage. Des glissements... Une piraterie littéraire qui superpose des écritures dont une, la sienne, faite de silence. Il rend la fonction d'auteur, précaire.)
    Borges ne suggère t-il pas que tous les auteurs sont un seul auteur ? Un lecteur qui donne une identité à l'auteur ! Belle pirouette !
    Ce que vous dîtes de l'œuvre de Borges la décentre, la ramifie.
    C'est le seul écrivain qui parle de Dieu intelligemment car il en fait un dieu hésitant. Un Dieu tâtonnant qui déambule dans l'histoire de la Création comme dans un labyrinthe infini, fait d'univers parallèles Un Eden aux sentiers qui bifurquent... que Borges peuple de fantômes, de spectres.
    Et dans l'Histoire de l'éternité c'est aux traductions anglaises des contes qu'il a recours.
    Avec lui, l'éternité n'est pas immobile, elle file et trace une histoire en longues durées hétérogènes, engendrant un monde de reflets. Une sorte de matrice générant et recueillant le temps....
    "L'immortel" qui ouvre l'Aleph est inouï, le grand conteur grec qui oublie qu'il a écrit l'Odyssée et qui devient, son propre traducteur.
    Autre présence qui m'a amusée, Averroès, le grand philosophe Arabe qui commente Aristote mais qui bloque devant La Poétique !
    Bref, un vivier de fantastique qui me plaît beaucoup.

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    1. C'est une nouvelle de l'Aleph : "La Quête d'Averroès". Borges raconte les difficultés rencontrées par Averroès, lors de sa traduction de "La Poétique" d'Aristote en rencontrant souvent les mots comédie et tragédie car à l'époque, les concepts de comédie et tragédie, tout comme celui du théâtre sont inconnus des Arabes.Une scène aurait pu l'aider à imaginer ce qui se cachait derrière les mots comédie et tragédie. Des enfants jouaient sous son balcon et justement c'était un jeu théâtral ! Mais il n'y a pas donné d'importance.

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  100. Selon Corneille qui se donne les gants de citer son Grand Commentaire, Averroes.ne se trompe pas sur la Tragédie en ce qu’elle est , il le cite, « un art de louer ». Précisons d’ailleurs que ce Grand Commentaire (au moins dix volumes in Quarto) était parfaitement accessible en Occident grâce à une édition vénitienne de Manuce, (XVIeme, en traduction latine) la même que j’ai vue dans une reliure à la Du Seuil, soit Dix septième siècle…

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  101. Vous me faites rêver avec vos sources connues de si peu de chercheurs en littérature.
    Averroès... Que de beauté dans ses méditations....

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  102. Ses arguments en faveur de l'existence de Dieu par la providence sont pleins d'espérance... Ce monde est-il vraiment fait pour le bien de l'homme ?
    En ces temps de cataclysmes, ou la machine s'est enrayée ou ce Dieu a démissionné !

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  103. Corneille ne s’embarque pas là dedans ! Il dit simplement , et il a raison ,s’agissant de Don Sanche d’ Aragon,
    Qu’il ne voit pas dans cette pièce de tragique sauf si « selon Averroes, la Tragédie est un Art de Louer ».Cette référence à embarrassé beaucoup de Cornéliens qui n’ont pas pensé au plus simple : un traduction latine d’ Averroes, bien visible avec sa reliure si dix septième au Salon du Livre Ancien…Quant au Dieu-moteur d’ Aristote, il est déjà bien connu déjà de Ronsard: « Je crois en un moteur qui gouverne les cieux », et effectue sa percée en Occident sous Thomas d’ Acquin et la Somme…Il faudrait savoir de quoi St Thomas a disposé. Il semble que ce soit un « Aristote in progress ». ( La traduction de Jacques de Venise? Une ou d’ autres ?). MC

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    1. D'accord, j'étais restée à la nouvelle de Borges

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    2. Mais vous avez raison puisque en exergue on peut lire cette phrase d'Ernest Renan : "S'imaginant que la tragédie n'était autre chose que l'art de louer...."
      Ernest Renan, "Averroës",, 48 (1851)
      Un extrait :
      "La plume courait sur le papier ; les arguments s'entrelaçaient, irréfutables ; mais une légère préoccupation compromettait la béatitude d'Averroës. Le tahafut, travail de hasard, n'en était pas le motif, mais un problème de nature philosophique dépendant de l'œuvre monumentale qui justifierait Averroès devant les générations : le commentaire d'Aristote. Ce grec, source de toute philosophie, avait été accordé aux hommes pour leur enseigner tout ce qui se peut savoir ; interpréter ses ouvrages comme font les ulémas le Coran, était la difficile entreprise que se proposait Averroès. (...) Ce médecin arabe se consacrant à la pensée d'un homme dont quatorze siècles le séparaient ; aux difficultés intrinsèques s'ajoutait le fait qu'Averroës, ignorant du syriaque et du grec, travaillait sur la traduction d'une traduction. La veille, deux mots douteux l'avaient arrêté au seuil de la "Poétique". Ces mots étaient "tragoedia" et "comoedia". Il les avaient déjà rencontrés, des années auparavant, au livre troisième de la "Rhétorique" ; personne dans l'Islam n'entrevoyaient ce qu'ils voulaient dire. (...) Les deux mots pullulaient dans le texte de la "Poétique" : impossible de les éluder."

      Borges ajoute un commentaire à la fin de la nouvelle : "(...) Je me souviens qu'Averroës qui, prisonnier de la culture de l'Islam, ne put jamais savoir la signification des mots tragédie et comédie. (...) Je compris qu'Averroës s'efforçant de s'imaginer ce qu'est un drame, sans soupçonner ce qu'est un théâtre, n'était pas plus absurde que moi, m'efforçant d'imaginer Averroës, dans autre document que quelques miettes de Renan, de Lane et d'Asin Palacios."

      Roger Caillois traduisant de l'espagnol cette nouvelle tiré du dernier recueil de "fictions" de J.L. Borges : "El Aleph" , a dû se trouver plus d'une fois dans un labyrinthe !
      Je l'ai lue dans "l'Aleph - L'imaginaire / Gallimard.

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  104. Ce qui nous éloigne de Lovecraft et de sa cosmogonie…

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  105. Mais il est ici des lecteurs de Lovecraft.

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  106. Eh bien, ils ne disent pas grand chose !

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  107. J'ai lu le billet, l'ai apprécié. J'ai lu la nouvelle, en ai parlé, ici, n'ai pas trop aimé. A part Soleil vert et Marc Court, je n'ai lu aucun commentaire sur Lovecraft et sur cette nouvelle.
    N'ayant plus à rien à dire ni de l'auteur ni de la nouvelle, je continue à lire et à parler de littérature..

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  108. J'ajoute que nous sommes toujours dans un échange sur le fantastique. Question posée par MC à propos de mon aversion pour tout ce qui est fantastique d'horreur dont Lovecraft. C'est ainsi que l'excellent Borges est apparu.

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  109. Mais est-ce le but du blog que de choisir ?

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  110. Et de démolir le premier par l’exaltation du second?

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  111. Quand ce n’est pas Paul Edel…

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  112. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  113. Non, pas jaloux. Je pense simplement que l’effet d’une autorisation sans contrôle peut inhiber ceux et celles qui d’ordinaire y participent. Et ne plus voir Biancarelli ou quelques autres me paraît signifiant de cette. Inhibition . MC

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  114. Pour les livres descendus, ce blog n’avait primitivement pas pour mission d’être une succursale des viennois.,,

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  115. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  116. « Et Satan dit à Dieu: tu ne seras pas seul! »…

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  117. Jeté un coup d'œil sur ce bouquin mal écrit, ou Monet côtoie Vivaldi, et la pire familiarité de langage côtoie une expression correcte sans plus. Non, rien qui m'ait fait tomber de ma chaise ou crier "Chapeau-bas, un génie!" On peut vivre sans lire cela. MC

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  118. C'est exactement ma conclusion.
    Je vous signale que vous vous éloignez de votre Lovecraft....

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  119. La voilà votre bataille. Oui, MC, une fête à relire... Les commentaires sont des chemins qui bifurquent....

    https://soleilgreen.blogspot.com/search?q=La+bataille+de+Dorking

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  120. Au fait je suis né â Vienne (France) ah ah
    A part ça " Le Christ s'est arreté a Eboli" est un grand livre. SV

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  121. Le Christ s'est arrêté à Eboli est un très grand livre que je lis lentement. (MC évoquait Le syndrome de l'Orangerie de Grégoire Bouillier.).
    Vous êtes né à Vienne ! J'espère que vous nous raconterez un jour les souvenirs que vous avez de cette ville. J'y ai fait une courte traversée lors de l'exposition Klimt. Déambulant dans la ville je cherchais les traces des grands architectes Art nouveau.
    La Frise Beethoven de Klimt exposée au Pavillon de la Sécession et les portraits.dont celui d'Alma Mahler. Trois murs peints, du bonheur aux forces hostiles.... De l'or à la couleur.... le fameux baiser... Ses dessins à l'Albertina dont d'une merveilleuse sensualité, doux et subtils.
    Mais l'ombre de Mahler, de Freud, de Schnitzler , de Kokoschka, de Schiele, de Wittgenstein, de Musil... Je pensais aux intellectuels désespérés... Une ville entre insouciance et tragédie...
    Bonne fin de vacances.
    Hâte de vous lire à nouveau.

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  122. Euh , Vienne, France, sans Klimt, sans Beethoven, mais pas sans rien…


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  123. Autre lieu peu Lovecraftien, où je m’égare? Du moins pas une ville « neuve » comme ici!

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  124. Anonyme - 3 septembre 2024 à 12:26
    "Pour les livres descendus, ce blog n’avait primitivement pas pour mission d’être une succursale des viennois.,,

    Très drôle quand on lit le lieu de naissance de Soleil vert !!! Une belle succursale...

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  125. C'est une bien jolie ville, cette Vienne en Isère. Plein de vestiges gallo-romains et le fleuve qui explique son nom, ville au bord du fleuve. Ainsi donc Soleil vert, vous avez vu le jour à bord de ce vaisseau. Votre dernière migration fait de vous un parisien de la bordure près des communes de l'autre côté des boulevards extérieurs
    Nous habitons cette frontière où se plaisent les jardins les oiseaux et les chats. Et puis la nuit cette lune qui aspire tant de silence.
    Bonne fin de vacances.

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  126. J'avance dans la lecture du roman de Carlo Levi, "Le Christ s'est arrêté à Eboli". Je comprends la raison pour laquelle je me souvenais malgré la dureté du roman d'une impression lumineuse. Je la retrouve au fil des pages. Tout est dans l'écriture, superbe, goûteuse tout en serrant au plus près l'utile. C'est un bain de jouvence de baigner dans la clarté lumineuse de cette écriture si bien servie par la traductrice Jeanne Modigliani.
    Je retrouve mes arrêts devant mes oeuvres d'art préférées, pas le thème mais la façon de peindre, d'utiliser les couleurs, de sertir les lumières ou les ombres ou de les confondre par un subtil sfumato.
    C'est rare et puissant . Je savoure chaque scène même les plus dures pour m'éclabousser d'un retour à la beauté.

    "Les argiles commencèrent à se dissoudre, à couler lentement le long des pentes, en glissant vers le bas, torrents de terre grise dans un monde en liquéfaction. Dans la chambre le son métallique des gouttes qui tombaient sur la terrasse résonnait comme sur une peau tendue, et se joignait au grondement et au sifflement du vent. J'étais comme sous une tente dans un désert. Des fenêtres me parvenait une lumière sombre et incertaine. Les collines semblaient douloureusement assoupies au milieu de cette désolation. Seul Barone tout heureux courait dehors, sous l'eau, comme un lutin, reniflait les odeurs de la terre mouillée et rentrait en sautillant, secouant son poil trempé."
    P. 213 dans mon Folio Gallimard.

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  127. Les enfants aussi, dans ce profond roman de Carlo Levi :
    "Tous ces enfants avaient quelque chose de singulier : ils tenaient de l'animal et de l'homme adulte, comme si, à la naissance, ils avaient recueilli tout prêt un fardeau de patience et la conscience obscure de la douleur. Leurs jeux n'étaient pas les jeux ordinaires des enfants du peuple, dans les villes, jeux qui sont partout les mêmes. Les bêtes étaient leurs seuls compagnons. Ils étaient renfermés, ils savaient se taire et, sous leur naïveté enfantine, ils étaient impénétrables comme les paysans, dédaigneux d'un impossible réconfort. Ils avaient aussi la pudeur paysanne qui défend au moins l'âme dans un monde désolé."
    Voilà, suite après le billet de Soleil vert...

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  128. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  129. Pour en revenir à cette nouvelle de Lovecraft, il me semble qu'il piége le lecteur en passant progressivement d'un monde très rationnel à une atmosphère de plus en plus subjective. Le narrateur sombre alors dans l’angoisse sans pouvoir décrire ce qui est à l'origine de cette angoisse. Et ça c'est très réussi.
    C'est comme si l'être humain pénétrait dans un monde parallèle où il n'a plus de place, comme s'il disparaissait englouti par une déformation effrayante de son monde.
    Ainsi cet océan, à la nuit tombée semble devenir le refuge de monstres démoniaques.
    Enfin, le narrateur ne les voit pas mais sent leur présence qui envahit par encerclements son lieu de villégiature Seule la maison, volets fermés le protège. Il ne peut sortir qu'au matin pour retrouver un monde apaisé mais, comme une scène de crime, truffé d'indices prouvant que la mort était à l'œuvre.
    C'est un peu notre impuissance face aux cauchemars nocturnes qui dérèglent une réalité reconnaissable pour nous faire basculer dans un monde où le rêveur devient impuissant, juste spectateur.
    C'est remarquablement construit et raconté mais cette fiction fait trop peur pour que je m'engage vers d'autres écrits de lui plus terrifiants encore.

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  130. Cette peur cosmique que Lovecraft distille dans ses écrits m'évoque celles des récits émergeant dans la mémoire des peuples quant aux origines de notre monde terrestre. Comme si l'homme n'était qu'un hôte de passage dans un univers immense ayant existé bien avant lui et encore tapi quelque part prêt à continuer des batailles de géants belliqueux ignorant les hommes comme l'homme le fait des insectes, parfois.
    J'ai rencontré ces représentations dans les peintures et sculptures exposées au musée des Arts premiers du quai de Branly.
    Notre monde rationnel et si fragile est très contemporain.

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  131. Il y a plutôt. des récits à divinités plus ou moins rassurantes qui interviennent dans la vie des peuples.Chez les Navajos, par exemple ., elles sont multiples. Chez Lovecraft, c’est aussi de la création mythologique avec un interventionnisme qu’il faut prendre comme opposé au puritanisme dans lequel il a été bercé. Dieux démoniaques remplaçant le Dieu biblique, une figure de fou -arabe qui plus est!- comme la figure centrale de l’Illumine, etc…

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  132. Et ici, la suggestion au lieu de l’ affirmation, Quelque chose se passe, qu’on peut comprendre mais non démontrer. Quelque chose de démoniaque, bien sûr…

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  133. Quel est la place de l'être humain face à ces dieux démoniaques dans les fictions de Lovecraft ?

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  134. Une place transitoire SV

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  135. Merci, SV.
    Cela m'est encore impossible à imaginer, l'extinction de la race humaine à laquelle j'appartiens. Je peux me passer des dieux et des diables, pas des miens, les humains , même si souvent ils sont lâches, décevants, fragiles, cruels., immatures... mais comme l'écrit Musset ils aiment. Un monde sans l'humain c'est un monde sans amour....

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  136. En examinant une frise chronologique des espèces humaines de ces sept derniers millions d’années, nous decouvrons qu'à toutes les époques de l’histoire des hominines, plusieurs espèces différentes ont coexisté. Ainsi l'exposé Cécile Bon dans la revue Sciences :

    .https://www.mnhn.fr/fr/actualites/l-espece-humaine-a-t-elle-frole-l-extinction-il-y-a-900-000-ans

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  137. Un peu de vraie science-fiction :
    https://www.francetvinfo.fr/sciences/astronomie/fin-du-monde/si-les-humains-disparaissaient-soudainement-que-se-passerait-il_2340805.html

    Inclus un très joli montage de 2 minutes !

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  138. Dans ce monde après l'extinction de l'humain j'aimerais devenir un peu d'eau. Eau des océans qui porte la vie. Eau des ruisseaux pour les plantes et les oiseaux. Eau des nuages pour inventer la pluie et les arcs-en-ciel. Eaux des mares pour les grenouilles et les libellules. Eau de la neige pour caresser les montagnes. Et pour le blanc...
    Et vous ?

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  139. Audrey Pleynet autrice française a ecrit une nouvelle sur ce thème : "encore 5 ans", je dois l'avoir en pdf. SV

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  140. Je ne vois pas très bien, il est exact que chez Lovecraft, l’engrenage des Dieux assigné à l’homme une place éphémère, mais pour autant, il ne le détruit pas, On peut lire comme une sorte de Greste, le récit des combats menés. Et il en est où l’homme survit…

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  141. Je découvre "Démons et Merveilles" de ce monsieur Lovecraft. Il était temps. Désolé pour ce léger contre-temps historique. Je me souviens que Bruno Latour en avait fait grand cas dans l'un de ses livres, mais, même de son vivant, j'étais passé à côté. Je n'arrive plus à suivre tous les cours d'eaux à la fois. Et "choisir" pour rester avec les gens qu'on aime parce qu'ils savent toujours quoi lire, même cela est un pb. Alors, à quoi bon lutter ? Longue vie à tous.tes, bàv.

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  142. Je me souviens de l'avoir lu jadis en 10/18. SV

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  143. JJJ , il n’est pas exagéré de parler de deux textes pour » Démons et Merveilles ». Et il est très. vraisemblable que vous avez lu la version très allégée mise au point par Jacques Bergier pour l’E.O, et reproduite partout ailleurs jusqu’à une époque récente. Même l’intégrale Bouquins reproduit ce montage. Le « Démons et Merveilles » actuel est un poche récent, qui lui respecte le texte de Lovecraft, et est en conséquence beaucoup plus noir. Je pense que « La Cité de Kaddath » ne s’y trouve pas. En revanche, pas mal de diableries. Bien à vous. MC

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  144. Parmi les passeurs de Lovecraft en France pour le meilleur et pour le pire, on commence à se faire une idée plus précise du rôle joué par Jacques Bergier…

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  145. Cf la thèse de Damien Karbovnik sur le Mouvement Planète et ses auteurs, non encore publiée.

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  146. Lovecraft reprend un thème connu depuis le XIXe siècle dans la littérature fantastique : la peur la plus ancienne est toujours liée à l'inconnu. La peur doit monter progressivement faisant passer le lecteur de la curiosité à la peur, être annoncée par des signes ( bruits, souffles, ombres, cris....).

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  147. Permettez: il crée quand même, ce faisant, sa propre mythologie. Et la, la comparaison avec Poe fonctionne.

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  148. Bien sûr avec Poe, avec Baudelaire, Marie Shelley, Wells, .... Les mystères qui font peur... Et même avant Grimm et Perraulte, tous ces récits qui nous balancent entre plaisir et peur parce que ce sont des fictions, des livres...
    C'est moi qui ai changer.
    J'ai laissé les ogres derrière moi !

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  149. et Steven KING, le plus angoissant de l'heure, ... avec des ogres recyclés.

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    1. Je ne connais ses fictions mais je connais celles de Conan Doyle....

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  150. Dans les Sherlockeries, il y a le remarquable Michael Dibdin. King a composé un cours sur son Art d'Ecrire.C'est intéressant.

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