samedi 17 août 2024

Gravité à la manque

George Alec Effinger - Gravité à la manque - Mnémos

 

 

 

Dans le secteur de Boudayin, quartier ou métropole inconnue du Proche ou du Moyen Orient, Marîd Audran traine ses guêtres de détective privé dans les cafés et boites de nuit de la Rue principale, dopant son humeur à coups de petites pilules à défaut d’alimenter son compte en banque.  La chance semble tourner quand un ressortissant russe lui offre une coquette somme pour retrouver son fils disparu. Contacté, le lieutenant de police Okking lui révèle que le jeune homme a été retrouvé mort trois ans auparavant. Pire, l’employeur d’Audran meurt assassiné. C’est le début d’une série de crimes.

 

En 2015 Mnémos rééditait en un volume une trilogie romanesque de la fin des années 80 de George Alec Effinger complétée par quelques nouvelles, sous le titre Les nuits du Boudayin. Inspiré par des séjours qu’il effectua dans le quartier français de la Nouvelle-Orléans, l’auteur dressait le décor d’un Moyen Orient des années 2170 ou l’observance des lois de l’Islam s’accommodait paradoxalement de l’existence et de l’activité nocturne de personnages transgenres ou à la personnalité modifiée ou augmentée par des implants, impliqués dans toutes sortes de trafic. Bien difficile dans ces conditions, surtout pour un enquêteur, de savoir qui est qui, d'autant que les améliorations proposées peuvent étendre vos compétences ou carrément vous transformer en bête de foire.

 

Polar cyberpunk, Gravité à la manque évolue dans un monde aux frontières recomposées, anticipant par exemple la fin de l’URSS. A la faune de souteneurs, de « michetons », de trafiquants du Boudayin, s’ajoute celle des espions. Un Bey (résurgence de l’empire ottoman !) tient tout ce petit monde à sa botte. Sous le regard croisé de celui-ci et d’Okking, Audran va tenter de juguler la série noire. Le lecteur a un peu de mal à déficeler l’intrigue, les cadavres s’accumulent comme dans les oeuvres de Raymond Chandler. Contrairement à l’énoncé de la quatrième de couverture - mais il faut bien vendre - Gravité à la manque n' est pas un roman futuriste. Effinger proposait simplement au lecteur un Orient fantaisiste et un récit pittoresque, sans temps mort, parsemé d’aphorismes rigolos.


7 commentaires:

  1. Faut-il penser avec Stravinski qu’ici « le mauvais goût , c’est déjà très bien », bref, qu’un honnête savoir faire ici suffit???

    RépondreSupprimer
  2. Peut-être un jour...

    Là je suis plongée dans la lecture du Journal de Kafka et j'attends un livre dont JJJ avait copié un large extrait sur la rdl : de Bernard Pingaud "Kafka ou l'imitation."
    Mais promis si j'en parle ce sera sous le billet Kafka !

    RépondreSupprimer
  3. Et puis j'attends le 22 avec impatience, jour de parution du dernier Essai de Pierre Assouline. "Comment écrire" (Albin Michel), contenant des centaines d'entretiens d'écrivains à travers le monde, leurs textes éclairant leurs techniques, leur méthode ou leur absence de méthode....
    Un regard sur des écrivains vivants ou disparus, française ou etrangers.

    RépondreSupprimer
  4. @ CP, Bernard Pingaud avait inventé un double de Max Brod pour les besoins d'une mise en perspective de la vie de Franz dont Max n'avait pas toujours connu les zones d'ombre en dépit de son indéfectible amitié et de leurs différends... BP avait dû beaucoup inventer..., on le sent bien depuis qu'on sait à peu près tout de ce que Max fit des papiers de Franz, et depuis le monument d'érudition des trois tomes de la biographie de Stach récemment traduite. Le "roman" de Pingaud nous replonge dans la même familiarité que notre découverte de Max Brod, naguère, décalée mais passionnante. Je suis persuadé qu'il vous passionnera Ch., même si vous saurez y émettre des réserves, la longueur et pas mal de redites, mais ce n'est rien, à mon avis.
    L'invention romanesque de l'histoire d'une amitié tortueuse comme celle qui unit Franz et Max, des individus aux caractères aussi dissemblables demeure un événement, et ce bouquin un peu oublié mérite assurément d'être intégré à notre "fonds Kakfa", si nous nous en sommes doté. Bàv,

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci, JJJ. Oui, les amitiés sont parfois tortueuses. Elles courent comme les ruisseaux souterrains jusqu'à trouver un lieu où faire source.

      Supprimer
    2. Je n'ai pas encore commencé le livre de Bernard Pingaud. Ce sera pour lundi 9.
      C'est très beau ce que vous en dîtes. Encore merci.

      Supprimer
  5. Cà fait maintenant une belle éternité que j'ai cette trilogie en attente sous la main. Ce sont en ma possession, distincts, trois Denoël en Présence du futur. Mon espoir actuel: m’intéressant depuis peu au Polar noir US des années 30's, j'espère sous peu voir mon instinct me pousser à nouveau vers Alec Effinger, l'entamer et le finir de bon appétit.

    RépondreSupprimer

Attente de modération