Patrick Modiano - Rue des
Boutiques Obscures - Folio
« Qui pousse un certain Guy Roland, employé d'une
agence de police privée que dirige un baron balte, à partir à la recherche d'un
inconnu, disparu depuis longtemps ? Veut-il se retrouver lui-même après des
années d'amnésie ?
Au cours de sa recherche, il recueille des bribes de la
vie de cet homme qui était peut-être lui et à qui, de toute façon, il finit par
s'identifier. Comme dans un dernier tour de manège, passent les témoins de la
jeunesse de ce Pedro Mc Evoy, les seuls qui pourraient le reconnaître Denise
Coudreuse, Freddie Howard de Luz, Gay Orlow, Dédé Wildmer, Scouffi, Rubirosa,
Sonachitzé, d'autres encore, aux noms et aux passeports compliqués, qui font
que ce livre pourrait être l'intrusion des âmes errantes dans le roman policier »
Le prix Goncourt 1978 attribué à Patrick Modiano attira
l’attention sur une œuvre conçue comme une entreprise mémorielle avec une
espèce de fascination pour le Paris de l’Occupation. Les Nobel firent de leur
récipiendaire un Proust moderne, mais certains lecteurs le comparèrent à
Georges Simenon et lui-même cita l’Eugene Sue des Mystères de Paris. Il n’y
a pas cependant dans Rue des Boutiques Obscures cette tension qui anime
la littérature policière. Lancé dans une recherche identitaire, le narrateur
Guy Roland déroule un fil avec la patience du laborantin développant une photo
argentique. Pas de coup de théâtre, pas de révélation subite. Il rencontre,
questionne assez brièvement des personnes qui, ouvrant au passage une boite
contenant quelque objet ou image témoin d’un passé brumeux, délivrent sans
certitude absolue quelques informations, avant de s’effacer eux-mêmes comme des
êtres fantasmagoriques émergeant un instant de la surface de l’existence avant
de replonger dans les eaux de l’oubli. Il est beaucoup question de photos, de
bottins, d’annuaires. Comme Balzac, Modiano établit un registre d’état-civil. Dans
cet espace-temps romanesque les lieux et les personnages sont éparpillés comme
les pièces d’un puzzle : une église russe, un pianiste américain rescapé d’un
mariage de complaisance, égaré à Paris, un certain Freddie qui dit-on fut Outre-Atlantique
le confident d’un acteur célèbre, une escapade à Tahiti … Peu à peu émerge la figure d’un certain Pedro nanti d’un passeport sud-américain qui aurait fui avec
quelques autres du Paris de l’occupation vers Megève. Est-ce une révélation ou
le narrateur s’octroie-t-il l’historique d’un inconnu qui lui ressemble par
lassitude ou paresse ? On ne le sait pas. Dans le bain chimique des
souvenirs tout est provisoire, comme ce moniteur de sport balnéaire présent
dans des photographies d’estivant à l’exception des dernières sans que l’on
connaisse, ni son identité, ni les raisons de sa disparition. Etrange univers,
fascinant, mais où l’absence de tension narrative comme évoqué plus haut
alourdit la lecture.
Très étrange Patrick Modiano. Plus on le lit, plus on tourne en rond dans un passé qui toujours s'évanouit au cœur de cette période de l'Occupation. Jamais ou presque de présent si ce n'est des rues arpentées à la recherche d'un souvenir. Ses héros se ressemblent , un peu de lui, un peu d'un fantôme. Parfois un état civil comme dans "Dora Bruder", rend la recherche crédible. Parfois on avance surtout en imaginaire
RépondreSupprimerIl y a une énigme dans sa création, énigme à laquelle lui-même ne pourrait répondre : pourquoi cette écriture prisonnière d'une zone du temps passé , restée trouble pour ceux qui s'en souviennent. Il semble perdu... Je pense souvent en pensant à lui aux personnages du Grand Meaulnes, sauf que Paris remplace le Valais. Un mélancolique avide d'écrire.
"Drôles de gens. De ceux qui ne laissent sur leur passage qu’une buée vite dissipée. Nous nous entretenions souvent, Hutte et moi, de ces êtres dont les traces se perdent. Ils surgissent un beau jour du néant, et y retournent après avoir brillé de quelques paillettes. Reines de beauté. Gigolos. Papillons. La plupart d’entre eux, même de leur vivant, n’avaient pas plus de consistance qu’une vapeur qui ne se condensera jamais”.
RépondreSupprimerUn roman sur la vie qui s'oublie comme cette petite fille, à la fin du roman, qui pleure parce qu'elle aurait voulu jouer plus longtemps sur la plage et qu'on retrouve au coin d'une rue comme une page que l'on a tournée.
C'est une enquête longue, complexe nous mettant parfois face à une page du Bottin pour chercher un nom, une adresse.
Roman choral aussi où la mémoire d'autres personnages nous est donnée et vient percuter celle du narrateur.
Une enquête qui sert de prétexte pour faire revivre cette période noire de l'Occupation où des gens disparaissaient, parfois abandonnés en pleine montagne par un passeur peu scrupuleux après avoir été dépouillés de leurs biens.
C'est écrit à la première personne dans un style pas toujours littéraire car au plus près de la façon de parler du narrateur.
Bien sûr il va retrouver la mémoire dans un épilogue sans fioritures, juste des faits. Comment était-elle habillée la dernière fois qu'il l'a vue ?
De cet émiettement, mille et une sensations de retrouver quelque chose qui a vraiment existé. Un peu Simenon et son Maigret, oui, qui, au long d'une enquête prend le temps de penser à la fragilité des hommes.
Un Prix Goncourt bien mérité pour cette éclosion de l'Histoire.
Saurons-nous jamais qui on était et ce qui s'est passé dans l'étrange amnésie de notre vie ?
"Une petite fille rentre de la plage, au crépuscule, avec sa mère. Elle pleure pour rien, parce qu'elle aurait voulu continuer de jouer. Elle s'éloigne. Elle a déjà tourné le coin de la rue, et nos vies ne sont elles pas aussi rapides à se dissiper dans le soir que ce chagrin d'enfant? (p.251).
RépondreSupprimerOn pense aussi à un autre livre au titre ressemblant, "La boutique obscure", ce recueil de rêves de Georges Perec.
RépondreSupprimerCes deux écrivains aiment les fragments de mémoire teintés par l'imaginaire, du moins la rêverie...
"Je crois qu’on entend encore dans les entrées d’immeubles l’écho des pas de ceux qui avaient l’habitude de les traverser et qui, depuis, ont disparu. Quelque chose continue de vibrer après leur passage, des ondes de plus en plus faibles, mais que l’on capte si on est attentif."
RépondreSupprimerPourquoi 47 chapitres ? Était-ce son âge quand il a écrit ce livre ? Ou bien , s'est-il passer quelque chose d'important pour lui durant l'année 1947 ?
RépondreSupprimerpassé
Supprimer1947, l'année de naissance de son frère mort à 10 ans... Et à qui il a dédié dix de ses romans....
RépondreSupprimerAh non , pas le frère mort à dix ans! Comme disait une mauvaise langue de la RDL: « je me demandais pour qui il écrivait. Maintenant que je sais que c’est pour son frère, je comprends mieux… » Il y a une limite au pathos, MC
RépondreSupprimer"Rudy Modiano était le frère unique de Patrick Modiano.Né le 5 octobre 1947, il est mort d'une leucémie début 1957. Modiano a successivement fourni deux indications légèrement différentes pour ce décès. "En février 1957, j'ai perdu mon frère", écrit-il dans Un pedigree. Il date la mort de Rudy du 29 janvier 1957 dans la "Chronologie" (2008) comme dans les "Repères biographiques" des "Cahiers de L'Herne" (2012).
RépondreSupprimer« Le choc de sa mort a été déterminant. Ma recherche perpétuelle de quelque chose de perdu, la quête d’un passé brouillé qu’on ne peut élucider, l’enfance brusquement cassée, tout cela participe d’une même névrose qui est devenue mon état d’esprit. »
(Entretien avec Pierre Assouline).
« En février 1957, j’ai perdu mon frère. (…) A part mon frère Rudy, sa mort, je crois que rien de tout ce que je rapporterai ici ne me concerne en profondeur. »
(extrait de Un pedigree).
Patrick Modiano a dédié à Rudy ses huit premiers romans, dont le premier à lui seul : La Place de l’étoile, La Ronde de nuit, Les Boulevards de ceinture, Villa Triste, Livret de famille, Rue des boutiques obscures, Une jeunesse, De si braves garçons.
Patrick Modiano a jusque à présent très peu évoqué directement son frère, si l'on excepte la fiction (Remise de peine) et quelques phrases décisives dans Un pedigree. Finira-t-il par aborder de front ce sujet douloureux ? C'est ce à quoi l'incite Frédéric Beigbeder, dans un article du "Figaro" (février 2011): "Pardon de me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais... à votre tour, monsieur Modiano. Il faut plonger. Rudy est inévitable."
A lire à propos du lien entre Patrick Modiano et son frère disparu : Frère du précédent, de Jean-Bertrand Pontalis (Gallimard, 2006).
Psychanalyste et écrivain, J.-B. Pontalis consacre à Modiano quelques pages de ce livre sur les relations entre frères, et sur son propre frère Jean-François Lefèvre-Pontalis. « Il ne peut être que notre ami, qu’un frère très proche, ce grand garçon inquiet, incapable de finir une phrase, mécontent si, croyant lui venir en aide, on tente de la finir à sa place », écrit notamment Jean-Bertrand Pontalis.
" En février 1957, j’ai perdu mon frère. Un dimanche, mon père et mon oncle Ralph sont venus me chercher au pensionnat. Sur la route de Paris, mon oncle Ralph qui conduisait s’est arrêté, il est sorti de la voiture, me laissant seul avec mon père. Dans la voiture, mon père m’a annoncé la mort de mon frère. Le dimanche précédent, j’avais passé l’après-midi avec lui, dans notre chambre, quai de Conti. Nous avions rangé ensemble une collection de timbres. Je devais rentrer au collège à cinq heures, et je lui avais expliqué qu’une troupe de comédiens jouerait pour les élèves une pièce dans la petite salle de théâtre du pensionnat. Je n’oublierai jamais son regard, ce dimanche-là.
RépondreSupprimerÀ part mon frère Rudy, sa mort, je crois que rien de tout ce que je rapporterai ici ne me concerne en profondeur. J’écris ces pages comme on rédige un constat ou un curriculum vitae, à titre documentaire et sans doute pour en finir avec une vie qui n’était pas la mienne. Il ne s’agit que d’une simple pellicule de faits et gestes. Je n’ai rien à confesser ni à élucider et je n’éprouve aucun goût pour l’introspection et les examens de conscience. Au contraire, plus les choses demeuraient obscures et mystérieuses, plus je leur portais de l’intérêt. Et même j’essayais de trouver du mystère à ce qui n’en avait aucun. Les événements que j’évoquerai jusqu’à ma vingt et unième année, je les ai vécus en transparence — ce procédé qui consiste à faire défiler en arrière-plan des paysages, alors que les acteurs restent immobiles sur un plateau de studio. Je voudrais traduire cette impression que beaucoup d’autres ont ressentie avant moi : tout défilait en transparence et je ne pouvais pas encore vivre ma vie. »
"Un Pedigree", coll Blanche, Gallimard, 2005, p.44.45
J'ai trouvé sur un blog inconnu ( "Sur un livre penchée ") une excellente critique de ce roman qui complète bien celle de Soleil vert. Ici un passage :
RépondreSupprimer"(...) Le monde de l’errance est un point commun à tous les romans de Modiano et cette déclinaison mélancolique de la quête peut s’expliquer par l’histoire personnelle de l’auteur, celle d’une enfance blessée et abandonnée (parents divorcés, enfants ballottés à droite et à gauche, chez des amis, dans des établissements, puis perte pour l’auteur du frère cadet si proche, mort de leucémie à l’âge de dix ans). Ces blessures semblent inguérissables et nourrissent les thèmes chers à Modiano qui affirme « Mon dessein : me créer un passé et une mémoire avec le passé et la mémoire des autres ».
Le thème de la quête interminable fait écho à la recherche proustienne qui passe par le travail de mémoire ainsi qu’au puzzle perecquien. Les êtres sont désancrés et obsédés par un passé qu’ils tentent de retrouver, laborieusement, morceau par morceau.(...)"
C'est, sans entrer dans le registre sentimental, une façon de saisir un peu du passé de Patrick Modiano en lien avec son écriture.
Pour lire l'article :
RépondreSupprimerhttps://surunlivreperchee.com/2009/11/29/patrick-modiano-rue-des-boutiques-obscures-un-echo-a-perec-ernaux-et-quelques-autres/
Excellent. SV
RépondreSupprimerDans ce roman, il est étranger à lui-même, comme Guy l'est par rapport au narrateur. Il écrit : "Je ne suis rien" en incipit . Le narrateur est le personnage le plus effacé du roman, en quête d'une identité. Montrant une vieille photo, où il croit être, à un autre personnage , il lui demandera : "vous trouvez que je lui ressemble ?"
RépondreSupprimerDevant la réponse évasive puis négative de celui-ci, il déduira qu'il n'est pas celui qui est sur la photo.
C'est comme s'il était celui par qui les autres personnages sont introduits dans le roman. Comme ce couple de fugueurs, perdus ou presque dans les montagnes enneigées, séparés par deux passeurs malhonnêtes et dont on perd la trace sans savoir ce qu'ils fuyaient et ce qu'ils étaient l'un pour l'autre.
Même la fin du roman est évasive quand il décide de partir pour Rome à la recherche de celui qui habitait "rue des boutiques obscures", un autre qui est peut-être lui...
C'est une mémoire poétique un peu comme celle de Nerval dans Nadja. Ou encore , Verlaine et ses ombres dans les paysages
C'est un univers poétique plus qu'un roman policier ou une autobiographie.
A-t-il vraiment envie d'élucider le passé ? Pas sûr...
Il y a deJérôme Garcin, un livre intéressant : «Patrick Modiano, rive droite, rive gauche», Flammarion.
RépondreSupprimerOn peut lire page 150 :
"Ce soir là, Modiano m’avoue envier les écrivains qui considèrent la littérature comme un métier. Il jure aspirer à écrire des livres comme Simenon faisant ses Maigret : en batterie, sans état d'âme."
Je ressens cela, le lisant, comme une distance avec ce qu'il écrit, restant évasif, ne cherchant surtout pas à sortir du flou, des traces. Cherchant au contraire à ne pas trouver la solution pour pouvoir rester dans l'absence de clarté. C'est un écrivain de la brume, du sfumato.
Le livre de Jérôme Garcin c'est "littérature vagabonde". Autant de chapitres que d'écrivains aimés. "Rive droite, rive gauche" est le titre du chapitre réservé à Patrick Modiano.
SupprimerTout le chapitre "Rive droite, rive gauche", réservé à Patrick Modiano est d'une grande finesse. Ainsi, Jérôme Garcin ecrit :
Supprimer"Alors,pourquoi marche-t-on si bien dans les pas de Modiano ? Parce que l'intrigue est secondaire. Parce que l'émotion passe par les images, et non par les faits, parce que l'angoisse, lentement, sûrement, monte des lieux comme la brume opaque dans le petit matin solognot (...)"
J'ajoute pour les amateurs que dans ce très beau recueil où Jérôme Garcin évoque ces écrivains par un lieu auquel ils sont attachés, on rencontre René Char à l'Idle-sur-la-Sorgue, Jacques Chessex en Suisse, à Ropraz, Henri Guillemin en Bourgogne, julien Gracq à Saint-Florent-le-Viel, Anne Philipe à Ramatuelle, Philippe Jaccottet ay Grignan, Rinaldi dans l'île, Maurice Chappaz en son Valais, Le Clezio à Nice.... Et beaucoup d'autres... Une belle façon de voyager en littérature qui est familière à Jacques Barrozi.
SupprimerComme Montaigne il pourrait écrire : “toute humaine nature est toujours au milieu, entre le naître et le mourir, ne baillant de soi qu'une obscure apparence et ombre, et une incertaine débile opinion”.
RépondreSupprimerJe prends des notes ! SV
RépondreSupprimerIl y a tout de même un lotissement de la littérature par le biographisme qui me paraît inquiétant…
RépondreSupprimerLe nouveau roman condamnait la narration, le personnage, l'auteur, et bien sûr l'Histoire, la biographie d'un écrivain. Patrick Modiano, tourna le dos à ses impératifs et ecrivit un roman de la mémoire, en plusieurs livres dévoilant un passé encore proche, celui de l'Occupation : La Place de l'Étoile , La Ronde de nuit , Pedigree, Dora Bruder, Rue des boutiques obscures...
RépondreSupprimerToujours à la recherche du passé de personnages evanescents mêlé à son passé
Et que dire du père disparu, apatride, silhouette traquée et inquiétante parmi d'autres sur fond de marché noir, de commerces douteux, d'appuis peu recommandables.
On dit Kafka et son père... Que dire de l'obsession du père pour Modiano ?
Et pourtant Modiano a résisté à l'autobiographie. Sa vie transposée, enfouie dans ses romans , il semble tourner autour sans vraiment la décrire. Des esquisses....
RépondreSupprimerIl disait à propos de l'autobiographie : "on risque de donner une impression de débraillé, de déballage, qui est le contraire de la littérature».
Pas facile de cerner ses romans car c'est de romans qu'il s'agit et non d'autobiographies.
dont il s'agit
SupprimerOn peut se demander si toute son oeuvre n'est pas comme une longue lettre adressée à ses parents... Lettre posthume qu'ils ne liront jamais.
RépondreSupprimerQuand il a appris en 1977 que son père était mort en Suisse ,cela faisait onze ans qu'il ne l'avait pas vu...
En exergue de son roman "Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier", il choisit Stendhal : "Je ne puis donner la réalité des faits, je n'en puis présenter que l'ombre ."
RépondreSupprimerC'est dire son désir de rester dans le domaine des traces....
Le lisant j'ai l'impression d'être face à une écriture pudique, élégante, forte, celle d'un homme qui suit les traces d'une vie tellement compliquée...
RépondreSupprimer« l’ Aquarelliste de nos malheurs » il y a du vrai,,dans ce jugement d’un autre écrivain…
RépondreSupprimerQuelle belle façon de le lire.
RépondreSupprimerA propos d'exploration, j'écoute la suite de cette fascinante série "Les grandes traversées" sur Franz Kafka.
Aujourd'hui, les nuits de Franz Kafka. Beaucoup d'extraits de son journal.
Douleur de l'acte d'écrire. Incroyable cruauté de certains textes. Entre douleur et perversion des tortures qu'il imagine. ("La colonie pénitentiaire")Des rêveries aussi noires et terribles que celles de Goya. Viandes, sang, puanteur, danger tel le dernier texte évoqué.....Un univers effrayant.
Son "trou" où écrire, une "matrice" sombre, un puits... ses nuits où il creuse, mord, souffre en écrivant. Un terrier, où il creuse, mi homme, mi animal... Comme dans le dernier texte : "Le terrier". Des galeries comme un labyrinthe où la créature avance ennemie d'elle-même. Une machine littéraire effrayante inachevée. Presque un champ de ruines...
Tout cela écrit avec simplicité dans une langue dépouillée, claire, presque tendre.
Les intervenants de cette émission sont très forts. Les lectures, puissantes.
Tout ce monde offert en ouvrant des livres... Modiano, Kafka... Des fictions qui nous emportent au loin mais aussi au plus près quand elles ont la transparence d'une aquarelle.
"Des aquarellistes de nos malheurs", oui....
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-grandes-traversees/le-veilleur-de-nuit-1145855
RépondreSupprimer"Le Terrier" (Der Bau) est un récit de Franz Kafka écrit à Berlin fin 1923, six mois avant sa mort.
RépondreSupprimerExcellente page de Babelio sur ce livre. Beaucoup aimé l'avis des lecteurs.
RépondreSupprimerhttps://www.babelio.com/livres/Kafka-Le-terrier/31962#!
Cette remarque de Pierre Assouline :
RépondreSupprimer"Dans l'œuvre de Franz Kafka, "Le terrier" est plus puissant que "La Métamorphose ", car avec le "je" on y est vraiment, on ressent mieux la claustrophobie ; alors que le cancrelat Gregor Samsa étant un "il", on ne peut se mettre à sa place."
C'est là où des critiques pertinents font avancer le lecteur à pas de géant !
Retour aux fondamentaux de ce blog avec La Fraternité des Sept Rois, sorte de nouvelles publiees dans le Strand, et que couronne un fantastique victorien. Ce n’est pas Modiano, et on s’y fait quand même…
RépondreSupprimerC'est MC qui va être content !
RépondreSupprimer?
RépondreSupprimer?
RépondreSupprimerMC.... Parce que vous avez dit que vous veniez ici pour la science-fiction.
RépondreSupprimerIci il’ s’agit plutôt de pré-polar, contemporain de la parution de Sherlock Holmes. L’œuvre est écrite à deux mains qui sont respectivement L T Meade et Robert Eustace. On peut soupçonner que la voix d’une détective devenant , je cite, « virile et masculine » à la pensée d’arrêter le gros poisson femelle qui structure le feuilleton est une correction d’ Eustace. Mais on n’a plus les manuscrits. Dans d’autres textes, la Sorcière du Strand, le Secret de la clé anthropométrique , se glisse une dimension quelque peu métapsychique par le personnage de la redoutable Madame Sara. J’en parlerai peut-être si j’en viens à bout. MC
RépondreSupprimerCe qui est intéressant, c’est le sous-titre des deux volumes: « nouvelles étranges et mystérieuses »…En plus des romans!
RépondreSupprimerAlors vous êtes un lecteur heureux. Oui, parlez-en. Pour ma part je suis plongée dans un essai passionnant sur l'écriture romanesque. Je me régale.
RépondreSupprimerJ'ai bien aimé relire ou découvrir Modiano et Kafka grâce à Soleil vert.
Bonne soirée à tous.
Ces élections emplissent radios et télés avec des prises de paroles contradictoires.
Le passé des partis et des hommes teintent ces débats de haine, de rage, de dénis, d'accusations pas toujours inappropriées.
Nous avons un président, très jeune , un peu halluciné qui n'en a pas fini avec son désir d'être seul au pouvoir, seul à parler, seul à décider. Est-il un ancien enfant unique à qui l'on cédait tout ?
Cultivé, passionné de célébrations, de défilés, un peu va-t-en-guerre comme un certain Corse et fasciné par les banques et les financiers.
Il aurait, dans une troupe théâtrale, excellé.
On rêve d'hommes posés et droits, à l'écoute du peuple et des autres membres du gouvernement. Un homme de métier qui ait une voix éminente, ne choisissant pas le populisme.
Bon, il y a dimanche et après, seule une lenteur de l'exécutif laissera les passions se poser.. puis le pouvoir rendra les uns et les autres différents...
Il fera chaud cet été....
Le Corse avait plus de perpendiculaire que le présent président..
RépondreSupprimerL’amusant, c’est que j’ai acheté sans le savoir les livres en question à l’ éditeur-chercheur! On trouve de tout à Saint Sulpice…
RépondreSupprimerUn commentaire a sauté.
RépondreSupprimerDesole SV, J’avoue quand même avoir du mal à imaginer à quoi ressemble une « « « Chiromancienne détective, « , même si je sais qu’ on en a employé au moins une pour retrouver la trace d’un secrétaire de l’ Élysée sous Mac Mahon ou Grevy, qui fut payée d’un lustre de cristal, ou un « Détective psychique ». Voyons…
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