jeudi 18 avril 2024

Barbares

Rich Larson - Barbares - Le Bélial’ Collection Une heure lumière

 

 


Yanna et Hilleborg, deux contrebandiers, sont engagés par des jumeaux milliardaires pour une balade touristique à l’intérieur d’un nagevide, une créature gigantesque, morte, orbitant autour d’une géante gazeuse. La bestiole, conçue dit-on par une civilisation maitrisant au plus haut point l’ingénierie génétique, n’est pas unique en son genre. Elle ne figure pas au catalogue des agences de loisir et pour cause. S’y aventurer revient à se frayer un chemin au milieu d’une flore et d’une faune particulièrement agressives. Pour corser le tout, les deux commanditaires ont un plan B derrière la tête, et une tierce personne pas animée des meilleures attentions, vient se mêler à l’expédition.

 

Comment faire du neuf avec du vieux ? Rich Larson, auteur du brillant recueil La fabrique des lendemains, répond au défi par une surenchère organique et linguistique, aidé par l’infatigable traducteur expert Pierre-Paul Durastanti. Commençons par les jumeaux baptisés X et Y, humanoïdes certes mais dont le comportement larvaire en milieu aquatique écœure Yanna. Les corsaires de l’espace ne manquent pas dans l’annuaire de la littérature de science-fiction old-age. Ici l’héroïne évoque Lara Croft, mais Larson l’a affublée d’un alter-égo réduit à sa plus simple expression, une tête plongée dans un liquide nutritif. De quoi rappeler à certains lecteurs, Simon Wright, alias « le Cerveau » dans la série Captain Future d’Edmond Hamilton, ou Modok personnage de DC Comics, sans oublier - me semble-t-il - une boite crânienne baladeuse dans Sandman Slim de Richard Kadrey.

  

Depuis le mythe de Jonas et Le voyage fantastique de Richard Fleischer les incursions dans les organismes géants ne manquent pas. Citons entre autres le beau fixed up, Baleinier de la nuit, d’un auteur oublié, Robert F. Young, les Béhémothaures du roman Le sens du vent de Iain M. Banks ou les mondes utérins de Les étoiles sont légion de Kameron Hurley. Pour animer le tout les néologismes font florès : Nagevide, Portoeil (sans doute le point d’entrée dans la bête), acarcassage, volbot, neurolié, Géingenierie (pourquoi pas ingénierie génétique ?), des bombes intelligentes dénommées vonNeumanns (!) etc. Auteur et traducteur ont pris plaisir à livrer Barbares, gageons qu’il gagnera les lecteurs de ce court roman récréatif.


105 commentaires:

  1. Eh bien c'est gai ! Un cadavre de baleine pourri flottant dans l'espace et empli d'entités grouillantes !
    De quoi rester dans le Cahier de l'Herne en compagnie d'Italo Calvino.
    C.

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  2. Aujourd'hui cinquantenaire de la disparition de deux amis.
    J'aurais bien aimé avoir une photo les réunissant avec Simenon.
    Quelques mots bientôt …ailleurs

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  3. Le climat de la nouvelle est plaisant (on se croirait un peu dans un vieux Métal Hurlant revisité) mais la fin m'est apparue décevante. Enfin, on pardonne beaucoup à Larson (on ne prête qu'au Rich) vu l'altitude atteinte par sa Fabrique des Lendemains.

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  4. Une fin en point d'interrogation, je n'ai rien contre.
    Cdlt

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  5. Belle mémoire à vous, Soleil vert.
    C.

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  6. J'ai eu bien de la joie à relire les commentaires sous le lien du roman de Kameron Hurley - "Les étoiles sont légion" - Cela rappelle bien des souvenirs de lecture.

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  7. Ah, je crois pouvoir à nouveau utiliser l'iPhone pour être en lien avec votre blog !

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  8. J'aime beaucoup les couvertures de cette collection (déjà rencontrée pour le roman d'Audrey Pleynet - "Rossignol" - )
    C'est Le Bélial’ - Collection "une heure lumière".
    Qui est l'artiste qui signe ces magnifiques couvertures ?
    Que savez-vous de la ligne éditoriale de cette collection ?
    Merci par avance.

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  9. Les couvertures, Aurélien Police.
    Ligne éditoriale, je ne sais pas.
    L'originalité c'est la spécialisation sur le roman court (novella en langue anglaise) c'est à dire un texte d'une centaine de pages, ne se situant donc ni dans la catégorie de la nouvelle, ni dans celle du roman. Cela semble être un succès commercial.

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  10. Merci, c'est très intéressant et vraiment réussi plastiquement.
    Donc entre nouvelle et roman.
    Distinction souvent posée à propos des ouvrages proposés sur ce blog.
    La distinction dépend-elle seulement du nombre de pages comme le suggérait, un jour, MC. ?

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  11. Dans ce cas précis, oui
    Les prix internationaux distinguent bien ces trois catégories de fiction, établies selon leur taille.

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  12. Ah, je suis déçue... Tant de textes oscillent entre nouvelles, romans et contes.
    Il y a en Turquie, des boules de thé qui, plongées dans l'eau chaude, s'épanouissent comme des nénuphars teintant l'eau d'une belle couleur ambrée. Un thé odorant, délicieux naît de cette magie..
    Prenez une nouvelle trempez-la dans l'imaginaire d'un lecteur, elle deviendra un conte des mille et une nuits, en des centaines de pages. Un livre à traverser le temps.... sur un tapis volant..

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  13. Bien des auteurs du genre étoffent des nouvelles ou les regroupent (technique du fix-up) pour construire des romans, format plus vendeurs.
    Par ailleurs la technique d'écriture d'une nouvelle (short story en anglais) me semble différente de celle d'un roman.

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  14. Alors là tout a fait d'accord cela vaudrait une réflexion passionnante.
    Les nouvelles sont souvent dépréciés et c'est bien dommage. Quelle réussite quand, par une quarante de pages, parfois moins, elles vous salissent par leur inventivité et leur chute imprévisible.
    Le roman par contre excelle à fouiller la psychologie des personnages, leur nombre. Faits souvent d'incertitudes, de cas de conscience, de personnages mi- courageux, mi-lâches, ils nous laissent interrogatifs.

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  15. Cinquantenaire de la disparition de Marcel Pagnol .
    Documentaire ce soir sur La Cinq.

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  16. Merci du rappel. Belle soirées en perspective.

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  17. Parenthèse. Ai trouvé sur les bords de la Seine, dans la Collection UNESCO, série Japonaise, les Heures Oisives, d’ Urabe Kenko, sorte de Montaigne Japonais , mieux connu ici sous son identité de Kamo No Chomei avec ses Notes de ma Cabane de Moine. Deux titres étant représentés sur trois, il s’agit d’une presque intégrale, et le « Montaigne » vaut le détour. MC

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  18. ( A noter d’ailleurs qu’il est aussi bouddhiste que Montaigne catholique dans l’ Apologie de Raymond Sebond!) Je m’arrête là.

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  19. les Heures Oisives, d’ Urabe Kenko
    Dans ma pile
    Merci MC

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  20. "Nous n'avons aucune communication à l'être, parce que toute humaine nature est toujours au milieu entre le naître et le mourir, ne baillant de soi qu'une obscure apparence et ombre, et une incertaine et débile opinion. Et si, de fortune, vous fichez votre pensée à vouloir prendre son être, ce sera ni plus ni moins que qui voudrait empoigner de l'eau : car tant plus il serrera et pressera ce qui de sa nature coule par tout, tant plus il perdra ce qu'il voulait tenir et empoigner. Ainsi, étant toutes choses sujettes à passer d'un changement en autre, la raison, y cherchant une réelle subsistance, se trouve déçue, ne pouvant rien appréhender de subsistant et permanent parce que tout ou vient en être et n'est pas encore du tout, ou commence à mourir avant qu'il soit né.»


    Extrait des Essais (II, 12), (l'Apologie de Raymond Sebond)

    Saisir de l'eau à mains nues....

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  21. Ce qui doit manquer, ce sont les poèmes. Mais toutes les éditions des œuvres sont posthumes….

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  22. Il manque aussi les Notes de Chevet..,

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  23. Bonjour Soleil Vert, comment allez-vous? Et que pensez-vous de cette formidable victoire de Gukesh dans le tournoi des candidats?
    Il a été le plus régulier et a su géré ses nerfs et le stress, magnifique (à mon humble avis) mais il peut aussi remercier Nepo qui a résisté à Caruana de manière incroyable et l’a forcé à la partie nulle, dans cette dernière ronde que j’ai pu suivre sur Capa-Kaspa. J’ai été étonné par le résultat de Ferouza , il va perdre beaucoup de ranking au classement fide.
    Je n’ai pas vraiment aimé les commentateurs surtout le nomme Kévin, qui nommait Gukesh La Guke ou semblable. Les américains faisaient mieux qui le nommaient gentiment Guky. Un bon séjour pour vous dans le monde fictionnel ( c’est peut-être pas français, heureusement ici je ne risque pas de me faire mettre contre le mur par m. Charoulet)

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  24. Bonjour, et merci de votre passage.

    La victoire de Gukesh est méritée. Népo (comme on le surnomme) a laissé passer sa chance de devenir champion du monde à deux reprises par le passé ; dans ce tournoi il a baissé de pied, la nouvelle génération prend les choses en main. C'en est fini des russes hommes ou femmes, place aux chinois et aux indiens. Triste aussi la défaite de Caruana, qui fut longtemps à mes yeux le dauphin de Carlsen.
    En cas de victoire sur Ding Liren, Gukesh sera t-il un champion du monde éphémère comme Ponomarov, ou solide comme Anand ?
    Des interrogations soulevées par la disparition de ces formidables tournois d'accession au titre mondial de jadis, les tournois zonaux, interzonaux et match de candidats qui avaient le mérite de faire surgir des Fischer, Karpov et Kasparov.

    Malgré l'abandon volontaire de son titre, Magnus Carlsen reste toujours le roi de la confrérie.

    Je vous suggère de jeter un œil sur "Les légendes échiquéennes" à droite, On y retrouve des articles passionnants de Georges Bertola et en particulier en page 4, les interrogations soulevées par le l'affrontement de 1948, entre Botvinnik et Keres. Celui-ci a t-il perdu volontairement le match pour sauver sa tête ?

    BAV

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  25. Extrait des Essais (II, 12), (l'Apologie de Raymond Sebond)

    Saisir de l'eau à mains nues....

    Un triangle réflexif sur la religion entre Montaigne, Pascal, Sainte-Beuve
    Apologie au vinaigre

    https://www.persee.fr/doc/rhren_0181-6799_1978_num_8_1_1076

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  26. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  27. Desoleet je me suis trompée d'Henri Weber !
    Voilà celui auquel je pensais :
    https://www.cairn.info/revue-reforme-humanisme-renaissance-2015-2-page-7.htmY

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  28. C'est qu'il y a deux Henri Weber sur internet !

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  29. Et Montaigne de railler . «Qui luy a persuadé que ce branle admirable de la voûte céleste, la lumière éternelle de ces flambeaux roulans si fièrement sur sa teste, les mouvemens espouvantables de cette mer infinie, soyent establis et se continuent tant de siècles pour sa commodité et pour son service ? Est-il possible de rien imaginer si ridicule que cette misérable et chetive créature, qui n'est pas seulement maistresse de soy, exposée aux offences de toutes choses se die maistresse et emperiere de l'univers . , (Il, 12. p. 161-162).

    A l'opposé du célèbre alexandrin cornélien "Je suis maitre de moi comme de l'univers"

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  30. Merci Soleil Vert pour ces commentaires sur le tournoi des candidats. J'avais oublié de signer : c'est Claudio Bahia.
    Oui, on peut vraiment être triste pour Caruana,car il avait son match en main et la victoire toute proche; je crois que Stockfish lui donnait presque +4 à un certain moment. Comment Nepo a-t-il pu renverser la situation et arracher le nul ?? Si Caruana avait gagné l e dernier jeu, c'est probablement lui qui serait le challenger, car je crois qu'il est l'un des meilleurs en parties rapides et aurait gagné aujoud'hui contre Gukesh; je pense que Caruana devait être bien bitter hier soir.
    Pour Keres, j'irai regarder, mais c'est sûr que Botvinik était l'homme du Parti, donc "intouchable"

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  31. Oui, ce texte est épatant mais difficile. Montaigne dans cette apologie de Sebond écrit plutôt en quoi sa pensée diverge de celle de Sebond quant aux questions de foi et d'approche de Dieu difficile, de comprendre où il en est....
    Tout cela n'est pas actuel et pourtant beaucoup se sont posé ces questions qu'ils soient écrivains ou pas. De plus la religion de notre temps est certainement très éloignée de celle du temps de Montaigne.
    N'emergent plus que la paroles des extrémistes qui font des livres des religions monothéistes des combats idéologiques, politiques.
    Bref ce n'est pas simple ! C'est MC. Qui a lancé ce débat ! Et voilà que se superposent les dialogues de joueurs d'échecs. Bon. L'eau coule entre les doigts et nul ne la rattrapera comme le chantait Guy Béart.

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  32. Permettez, SV, on ne peut pas opposer Corneille à Montaigne, et une apologie , qui a ses règles, à une tragédie, qui a les siennes. C’est un peu facile ! MC

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  33. Et d’un point de vue méthodologique, des plus douteux. MC

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  34. Sans doute.
    J'oppose deux expressions, pas deux pensées.

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  35. C'est ainsi que j'ai compris votre citation, Soleil vert.

    MC a ouvert ce débat en écrivant : "A noter d’ailleurs qu’il est aussi bouddhiste que Montaigne catholique dans l’ Apologie de Raymond Sebond!) .
    Et aussi : ". Ai trouvé ,(...) les Heures Oisives, d’ Urabe Kenko, sorte de Montaigne Japonais , (...)"
    MC compare donc aussi des hommes qui n'ont pas vécu dans le même temps, par leur pensée !

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  36. Un autre parallèle, celui entre Corneille et Descartes, bien connu des études littéraires. Pourquoi associer un philosophe et un dramaturge ? Pourquoi lier des catégories disciplinaires tellement étrangères l'une à l'autre ? Cela est possible si on pèse leurs pensées sans lien particulier avec l'époque où ils ont vécu.
    Il y a toujours des représentations qui s’interposent entre nous et les livres. Ici la place de l'homme dans l'univers.

    Sartre n'écrivait-il pas : "C’est l’effort conjugué de l’auteur et du lecteur qui fera surgir cet objet concret et imaginaire qu’est l’ouvrage de l’esprit. Il n’y a d’art que pour et par autrui. La lecture, en effet, semble la synthèse de la perception et de la création ; elle pose à la fois l’essentialité du sujet et celle de l’objet ." ?

    Montaigne invite à tant d'honnêteté, à une pensée
    où dire ce que l’on pense est plus important que d'écrire une louange.
    "Un point de vue douteux" ? Vraiment ?

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  37. Ils n’ont pas vécu dans le même temps, certes, mais c’étaient, chère Christiane, deux esprits religieux! MC

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  38. Vous alors ! Vous êtes comme les chats - aurait dit en riant ma mère - qui retombent toujours sur leurs pattes !
    Ceci dit, je n'ai jamais observé ce prodige n'ayant jamais vu un chat tomber de si haut qu'il ait le temps de se retourner.
    Jouez-vous aux échecs ? Votre tempérament ferait de vous un stratège patient.

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  39. Oui , il y a des bonzeries, certaines dignes de Chamfort, mais il y a aussi une foi profonde! Et ce n’est pas du tout incompatible…

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  40. Soleil vert , on ne peut pas ouvrir ce lien :

    https://www.persee.fr/doc/rhren_0181-6799_1978_num_8_1_1076

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  41. Christiane : J'y suis arrivé en 3 ou 4 secondes
    (pourtant baraka n'est pas mon amie)

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  42. Michel Butor dit quelque chose d'incroyable, que c'est en écrivant cette Apologie que Montaigne aurait perdu la foi.
    Dans le fonds, pas si incroyable que cela.
    C'est en relisant de façon approfondie les pensées de Sebond qu'il s'en sépare, qu'il se révèle à lui-même.
    Je n'explique pas ce cheminement de sa pensée et pourtant je sais que cette expérience m'est connue dans l'acte de lire. Comme si quelque chose cédait d'un raisonnement avec lequel on nous a façonnés et que soudain notre vérité sortait des limbes.
    Quelque chose interdisait la formation de notre jugement. Quelque chose qu'on ne pouvait pas concevoir alors que c'était là, en attente. C'est assez vertigineux.
    Quand on lit "La Recherche", Proust fait parfois allusion à quelque chose qui s'est perdu en proie à trop de temps, une conscience qui surgit quand il ne s'y attendait pas.
    Serait-il possible qu'il y ait des pensées en nous capables de nous déstabiliser, qu'une maîtrise intellectuelle ou psychologique ait cadenassées ? Peut-être de l'ordre d'une blessure non cicatrisée ?
    Lire est parfois trouver un passage intelligible menant de l'une à l'autre.
    Contre-attaquer ces confusions passe parfois par l'acte écrire, premier acte de résistance. C'est comme explorer ce qu'on ne sait pas dire.
    Pour Montaigne la rencontre des mots d'un autre le fait entrer dans le monde inconnu d'une remise en cause de l'argumentation de Sebond. L'écriture philosophique semble en avance sur ce qu'elle sera.
    Une façon de lire comme un dialogue, comme une confrontation incessante avec la pensée d'autrui.

    Pourquoi les pensées deviennent si compliquées sur ce blog ? On n'en finit pas de d'interroger et on sait qu'on mourra dans l'inachèvement de ces combats...

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  43. Entrer ici, chez vous, c'est une étrange expérience. On est dans un entre deux mondes. Comme dans un vestiaire à la piscine. On change d'habits, on prend une douche, traverse une eau pour les pieds puis on devient poisson., change d'élément, on entre dans une eau bleue, un peu verte, irisée .
    La grande verrière est juste une paroi translucide entre le ciel et l'eau. On s'enfonce en apnée. Les bruits sont modelés par l'eau. Le corps est en apesanteur.
    On s'enfonce dans un monde inconnu, clos comme un livre. On nage entre les pages. Les mots nous collent à la peau. On s'habille de mots comme les poissons d'écailles. Les mots flottent. L'encre devient eau. Les feuilles se délavent. Pierre Assouline raconte si bien cela dans Le Nageur.
    Donc, vos livres, Soleil vert, participent à cette eau qui font de nos corps cette avancée fluide, ce jeu avec un élément qui a été notre élément du temps de notre préhistoire.
    Mais je n'aime pas cette carcasse de baleine qui dérive dans l'espace. Elle n'est pas dans son élément. Il ne faut pas tout mélanger sauf pour les signes du zodiaque. J'aime bien ce que vous dites de cette collection, les couvertures aussi.
    Si j'écrivais la dérive d'une baleine ce serait dans l'océane bleue, loin des terres et des hommes. Je parlerai du cri des baleines et de leur saut inexpliqué hors de l'eau et des petits proches des mères. Mer et mère...

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  44. Ainsi page 69 du roman de Pierre Assouline, "Le Nageur" :
    "Le bon nageur, c'est celui qui oublie l'eau, dit Confucius.
    Une fois dans l'eau, si muette mais si éloquente, il est suffisamment hors du monde pour ne plus adhérer à l'instant. Le voilà connecté à l'universel et l'intemporel pour le temps que durera son parcours. Qui nage de sent détaché de l'ordinaire de la vie. Il flotte au-dessus."
    Ou avant : "les ondulations, la coulée, la battue, le jeté des mains au plus loin. (...)"
    Ou plus loin : "Artem a enfin trouvé sa propre écriture, sa musique intérieure, sa couleur. Sans tout donner et sans se désunir."

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  45. Ainsi page 69 du roman de Pierre Assouline, "Le Nageur" :
    "Le bon nageur, c'est celui qui oublie l'eau, dit Confucius.
    Une fois dans l'eau, si muette mais si éloquente, il est suffisamment hors du monde pour ne plus adhérer à l'instant. Le voilà connecté à l'universel et l'intemporel pour le temps que durera son parcours. Qui nage de sent détaché de l'ordinaire de la vie. Il flotte au-dessus."
    Ou avant : "les ondulations, la coulée, la battue, le jeté des mains au plus loin. (...)"
    Ou plus loin : "Artem a enfin trouvé sa propre écriture, sa musique intérieure, sa couleur. Sans tout donner et sans se désunir."

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  46. Encore que le Zodiaque ait sa rigueur, mais en effet, il ne faut pas tout mélanger, Butor et Montaigne par exemple, le premier étant exemplaire de la projection de sa perte de foi sur le second… Bien à vous. MC

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  47. MC, parfois vous me faites penser à la malédiction de Babel qui vous vaudrait d'être confiné dans vos certitudes, de décider qui peut parler intelligemment d'un écrivain à part vous. Que craignez-vous en prenant le risque de sortir de vos certitudes ? Perdre votre âme ?
    Relisez vos commentaires sur ces dernières pages, vous constaterez à quel point ils disqualifient des écrivains, des oeuvres, des intuitions littéraires. Comme si vous vous sentiez supérieur à ceux qui expriment une pensée différente de la vôtre, votre vision du monde quasiment irréfutable.
    Les mots pour vous semblent n'exister que pour confirmer et ratifier vos pensées, vos jugements .
    Quant à votre présence dans la bibliothèque de la science-fiction, c'est un grand mystère car c'est le lieu où l'univers peut basculer...

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  48. L’entretien qui suit a été enregistré le 22 octobre 1996 à l’Université de Lille. Dominique Viart recevait Michel Butor . Mis en ligne sur Cairn.info le 01/09/2016

    Michel Butor, à propos de la préface aux Essais de Montaigne :
    "Je vais vous donner un exemple. Un jour, un éditeur m’a demandé d’écrire des préfaces pour une édition en livre de poche des "Essais" de Montaigne, dans la collection « 10/18 ». J’avais une immense admiration pour Montaigne, mais je me considérais tout à fait incapable d’en parler. Ce n’était pas mon style, ça ne me serait pas venu à l’idée si cet éditeur ne m’en avait pas fait la proposition. J’étais très étonné qu’il m’ait fait cette proposition et je me demandais ce que je pourrais faire. Alors, il m’a dit que j’étais libre de changer l’ordre des Essais. Je pouvais par exemple faire un volume dans lequel je réunissais les essais sur la mort, un autre les essais sur les thèmes du voyage ou sur la réflexion sur l’antiquité. Cela m’a scandalisé. Je ne voulais pas faire ça à Montaigne parce que j’avais le sentiment qu’il avait voulu publier ses Essais d’une certaine façon, et que le plus important était de comprendre comment c’était fait. Et puis, il y avait la suite chronologique des trois volumes. Alors j’ai dit : non, je ne changerai pas l’ordre des Essais et je vais essayer de dire pourquoi il y a quelque chose en moi qui dit que les Essais de Montaigne ont été mis par lui dans cet ordre-là pour de bonnes raisons. C’est ce qui m’a fait accepter d’écrire ces préfaces. Ça a été un -travail extrêmement difficile parce que Montaigne est le plus retors de tous les écrivains. C’est un écrivain qui se trouve dans une période particulièrement mouvementée, une période de guerres de religions en France, et qui a besoin de se faufiler et qui y réussit merveilleusement. Je me suis dit qu’il fallait que je trouve la raison pour laquelle ce livre est comme il est. Donc, je me suis lancé dans toute une enquête et j’ai fini par trouver la structure du premier livre des Essais de Montaigne à partir de ce qu’il dit lui-même de ses Essais.
    Montaigne a voulu publier le premier livre des Essais pour rendre hommage à un de ses amis, Étienne de La Boétie. Et il désirait publier une œuvre de cet ami, le Discours de la servitude volontaire, et puis faire une espèce de préface et de commentaire là-dessus. Il se trouve que ce livre de La Boétie a été publié dans une édition pirate à l’époque. Le livre qu’il voulait présenter au public était déjà dans les librairies. Alors, il s’est dit qu’il fallait faire quelque chose de différent et il a publié un certain nombre de sonnets de son ami La Boétie.

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  49. J'ai dû couper sa réponse car le commentaire était trop long. Vous pouvez lire cet entretien avec ce lien. Il y parle de bien des écrivains.
    https://www.cairn.info/revue-roman2050-2016-2-page-159.htm

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  50. Oh oh....

    https://www.science-et-vie.com/science-et-culture/une-adolescente-a-aide-a-identifier-une-nouvelle-espece-de-reptile-marin-geant-134261.html

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  51. En pause lecture, j'attends la note de Moody s sur mon blog sv

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  52. Ce qui est reproduit ici de Butor sur Montaigne est extrêmement, ou archi-, plat. A peine le niveau d’un cours de terminale. Que ce soit coupé n’engage pas à lire le reste! On sent le pion incapable de lire un grand texte. Et ce n’est pas être méchant, mais lucide, que de le dire. MC

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  53. "Essais sur les Essais", tel est le titre de cette préface demandée à un écrivain par les éditions 10/18. Michel Butor déclarera à André Clavel : « La critique, pour moi, c’est de la littérature sur la littérature. Quand on aborde une œuvre, on ne doit pas l’étouffer sous l’érudition, on doit aucontraire lui donner une nouvelle énergie. L’art de la critique est un art de cata-lyse : en ajoutant nos propres mots à une œuvre qu’on aime, on la change.»
    Ce n'est pas Thibaudet , ni A. Compagnon. C'est un écrivain découvrant dans le premier volume de ces Essais une structure construite autour d'un absent , Etienne de La Boétie.
    Michel Butor est un écrivain de grande culture, un poète.
    Je ne m'étonne pas que vous ressentiez une exclusion en le lisant. Il vous déstabilise et votre réponse est de rayer son écriture d'un trait, une ligne plane.
    Retournez à vos chères études, MC, et laissez aux explorateurs la joie de suivre l'écriture de Michel Butor. Il faut laisser l'autre cultiver son jardin et s'y sentir heureux... et continuer son chemin.

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  54. Butor, critique littéraire, c'est une écriture à contre courant, des essais déroutants contenant paradoxes et inventions. Une création.

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  55. Butor ne fait pas de distinction entre la Critique et la création. Les deux sont intimement mêlées. A chacun de s'y sentir bien ou l'inverse .

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  56. Mais il respecte la construction en "alluvionnements" des Essais de Montaigne.
    On peut juste penser que le mot "essais" ne signifie pas la même chose pour les deux écrivains.

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  57. S’il faut être Butor pour découvrir la place de La Boetie dans Montaigne…et jouer de surcroît les profonds critiques du neo-roman, à une époque où il donne encore le change, je ne m’étonne plus de rien, que de ce fétichisme absurde. Lequel ne me déstabilise pas, bien au contraire ! Mais il y a critique et critique, et celle-là n’en est tout simplement pas. A la limite, discours d’histoire littéraire, inconsciemment, et si on veut. Pas plus. MC


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  58. Et qu'avez-vous à dire, docteur lettré , sur les Essais de Montaigne ?

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  59. J'évoque bien sûr dans le tome I des Essais de Montaigne, le livre II, chapitre XII - Apologie de Raimond Sebond..
    200 pages où Montaigne s'en prend à la grande assurance de R.Sebond pour dire en toute humilité à quel point l'homme s'enorgueillit de sa soi-disant supériorité sur l'animal et le voit comme un grain de sable dans l'univers.
    Un scepticisme de bon aloi qui ne plut pas toujours, ni au XVIIe ni au XVIIe s. à commencer par Pascal.

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  60. La fin de ce chapitre est admirable.
    Surtout une belle interrogation sur le Temps : "Ce qui est éternel, c'est-à-dire qui n'a jamais eu de naissance, ni n'aura jamais de fin ; à qui le temps n'apporte jamais aucune mutation. Car c'est chose mobile que le temps, et qui apparaît comme une ombre, avec la matière coulante et fluante toujours, sans jamais demeurer stable ni permanente. ; à qui appartiennent ces mots : devant et après, et a été ou sera (...) Et quant à ces mots : présent, instant, maintenant (...). Ces termes là sont changements, passages où vicissitudes de ce qui ne peut durer."

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  61. Je me souviens de ce billet émouvant de Pierre Assouline : MaC, la mort et Aragon....

    https://larepubliquedeslivres.com/pour-saluer-montaigne-cheval/

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  62. Cf in La Cite de Dieu, l’analyse du binôme tempus/aeternitas. Je soupçonne cette méditation d’irriguer l’ Apologie de R S, en profondeur….

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  63. Autrement , j’étais en conférence sur « la Voyante de Vichy » ,mal nommée car bien plus pro-hitlerienne que marechaliste….d’où ce décrochage de Montaigne. MC

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  64. https://books.openedition.org/putc/758

    Ah, c'est bien , je découvre. Oui le même enchaînement des idées. Je pensais plutôt à Saint Augustin.

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  65. Rien ne se perd !
    "Dans le film "007 Spectre", James Bond utilise cette expression lorsqu'il fait exploser sa montre, dont le compte à rebours est d'une minute.
    Dans une bande dessinée, Valérian et Laureline, Tempus Fugit est le nom du vaisseau spatio-temporel des héros.
    Dans "Batman", la série animée de 1990, le personnage de Clock King, a pour identité secrète Temple Fugate.
    Dans la série télévisée "X-Files : Aux frontières du réel", Tempus fugit est un double épisode constituant les 17e et 18e épisodes de la saison 4 de la série télévisée."

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  66. Geneviève Zaepffel ?
    Qui est-ce ?
    Originaire de Paimpont... Oui, pro-hitlérienne !

    Ses prédictions étaient effectivement anti-britannique et germanophile. Elle déclarait qu’elle allait se rendre à Vichy pour prendre contact avec le Maréchal et le supplier d’accentuer la collaboration avant qu’il ne soit trop tard !
    Elle sera dénoncée comme étant susceptible d’être une espionne au service de l’Allemagne.
    Condamnée à la Libération, elle poursuit ses activités à partir des années cinquante au Manoir du Tertre à Paimpont.

    Eh bien, drôle de mémoire ! et drôle de conférence ! La forêt de Brocéliande....

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  67. MC,
    Wittgenstein dans son "Tractatus" disait : «Sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence.»
    Umberto Eco élude habilement ce point de vue philosophique par l'écriture narrative et répond : «Il faut raconter ce qu’on ne peut théoriser».
    Avez-vous lu "Le Pendule de Foucault" ? Eco aime bien l'utopie, les lieux qui n'existent pas, le monde magique, la réécriture romanesque de l'Histoire, des pincées d'ésotérisme et de surnaturel. Un peu comme vous....

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  68. Je n’ai jamais réussi à lire ce pendule surchargé de références. Je suis allé écouter à l’opposé cette conférence car GZ, dont on ne connaît rien avant guerre, a tout de même formé (ou déformé?) à l’occulte des 1937 un certain Pierre Plantard, dont on entendra beaucoup parler plus tard autour de Rennes-Le-Chateau. Restait aussi le problème des dernières années, gaulliennes selon certaines sources, et qui ne fut pas abordé. Ma seule contribution à la conférence fut le rappel de l’imaginaire médiéval dans les deux camps. Lorsque Zaepfel dit «  Hitler a été créé pour vous punir » en 1941, ce n’est pas très différent de la « nouvelle chevalerie nazie »ou Dieu intervient, entrevue par Alphonse de Châteaubriant vers 1937, et cette image du Chevalier est à son tour reprise par Aragon dans La Diane Française….(Avec la synthèse, cependant » Celui qui croyait au Ciel, Celui qui n’y croyait pas… » )Souligner cette convergence des imaginaires feodaux était intéressant, je crois…

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  69. Gaulliennes: il est dit que De Gaulle la consultait. C’est évidemment faux..

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  70. Chevaleresque. Il existe tout un impense de paladins, de chevalier de haute époque, que l’on soit à Uriage, chez l’ Aragon de la Diane, ou même chez Rémy. Et tout cela nous éloigne bien de GZ….

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  71. En fait, c’est à partir de sa déclaration d’aller chez le Marechal que ses malheurs commencent ! Car toutes les polices la surveillent alors de près, et font qu’il n’y aura pas d’audience à Vichy!!!

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  72. MC,
    vous êtes parfois un peu lunaire... habitant un autre monde façon Méliès.

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  73. Je ne sais pas si c’est habiter un autre monde que de rappeler quelques exactitudes…

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    1. C'est le choix de vos livres cités ou œuvres choisies ou conférences qui doivent me laissent perplexe.

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  74. Vous me faites penser à la Sœur Théodora du "Chevalier inexistant" d'Italo Calvino. Elle prend la place de l'auteur et raconte l'histoire du Chevalier inexistant se déclarant l'auteur de cette histoire invraisemblable qu'elle est en train d'inventer sur la base de vieux documents qu'elle aurait trouvés dans son couvent, devenant alors sans vergogne la voix narratrice du roman.
    Vous freinez sans le vouloir le cours des évènements d'un monde qui semble se pulvériser, un monde terrestre trop perturbé, trop en désordre, naviguant, imperturbable sur .
    Vous imaginiez un jour sur ce blog, Soleil vert débonnaire traversant le désert sur un méhari, des paniers pleins de livres accrochés à sa monture et jetant avec désinvolture les livres qui l'ennuyaient par dessus son épaule, dodelinant, rêveur ,dans les sables lointains. Eh bien, je crois que c'était un autoportrait que vous ecriviez. Soleil vert, lui, préfère son astronef tout au fond du web guettant une aurore boréale.

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  75. Retour sur une de vos questions, Soleil vert.
    La virilité affirmée et comique du grand-père, et le tonton criant du haut d'un arbre qu'il veut une femme, c'est dans "Armarcord" ( "Je me souviens").
    Oui, un grand film surréaliste et grivois, satirique.
    Souvenirs d'une bande d'adolescents blagueurs occupés à faire mille bêtises et obsédés par le sexe, eux aussi.
    Un film de Fellini pas toujours apprécié car très long, décousu et cru, tout en nostalgie mais aussi frôlant l'absurde, du moins onirique.
    Film né de ses souvenirs d'enfance à Rimini dans les années 30 sous le fascisme mais on est dans la vie de cette petite ville de province....
    Ce dont je me souviens, outre ces personnages pittoresques, c'est l'inoubliable musique de Nino Rota et aussi cette scène où les habitants sortent dans leurs barques au milieu de la nuit pour voir passer l'énorme et mystérieux transatlantique tout illuminé mais aussi la Gradisca dont tous ces jeunes sont amoureux !
    Et la neige qui tombe et les gosses émerveillés

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  76. En fait, ce n'est pas de la neige. Il s'agit des manines, flocons de graines de peupliers, qui tombent comme la neige et annoncent la fin de l’hiver.

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  77. Que dit Fellini de son film Armarcord ?

    "Le fascisme est en quelque sorte une ombre menaçante qui ne demeure pas immobile derrière notre dos, mais qui grandit souvent au-dessus de nous et nous précède. Le fascisme sommeille toujours en nous. Il y a toujours le danger de l’éducation, d’une éducation catholique qui en connaît qu’un but : conduire l’homme à une dépendance morale, réduire son intégrité, lui dérober tout sentiment de responsabilité pour le garder dans une immaturité qui n’en finit pas. Dans la mesure où je décris la vie dans un petit endroit, je représente la vie d’un pays et présente aux jeunes gens la société dont ils sont issus. Je leur montre ce qu’il y a eu de fanatisme, de provincial, d’infantilisme, de lourdeur, de soumission et d’humiliation dans le fascisme de cette société là. » (Federico Fellini, Amarcord, éditions Diogene, Zurich, 1974, p319).

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  78. Ou encore dans un entretien de Federico Fellini par Valerio Riva au sujet du film Armarcord :
    "Nous avons tendance à rester d’éternels enfants, à nous décharger de nos responsabilités sur les autres, à vivre avec la confortable sensation qu’il y a quelqu’un qui pense pour nous ; tantôt c’est la mamma, tantôt le père, tantôt le maire, ou le Duce, ou la madone, ou l’évêque, en somme toujours les autres. Entre temps, on n’a d’autre liberté que celle de cultiver des rêves ridicules, le rêve du cinéma américain, ou celui du harem oriental. Ces mythes, toujours semblables et monstrueusement inactuels, me paraissent aujourd’hui le plus grave instrument de conditionnement de l’Italien moyen."

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  79. J’ai imaginé ça, moi?????

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  80. C'était un commentaire "anonyme" que j'aimais beaucoup, en début d'année , sous un billet où SV avait refermé un roman dont le début ne lui plaisait pas.
    A qui l'attribuer, j'ai pensé à vous à cause de tous ces romans et auteurs que vous rejetez mais il peut être aussi de JJJ qui parfois a la plume poétique. Je me souviens avoir exprimé mon plaisir à lire ce commentaire.
    Le désert, les caravanes, l'allure dolente des méharis...

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  81. Je crois que c'était dans les commentaires sous le billet de SV concernant "Ou ce que vous voudrez" , un roman de Jo Walton publié chez Denoël collection Lunes d’Encre. Je ne retrouve pas le billet de SV. Nous avions eu beaucoup de désaccords à propos de ce roman...

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  82. Dans ce roman étrange, j'aimais tout ce qui concernait Florence.
    Mais les voyages incessants de la narratrice entre le pays imaginaire où elle se projetait et les autres intrigues qui finissaient par se mélanger rendaient le roman parfois difficile à suivre et parfois je me détachais des intrigues.
    Le titre "Ou ce que vous voudrez" n'était-ce pas la liberté pour l'auteur et pour le lecteur de réunir trois dimensions : le réel, la fiction et l’imaginaire comme dans le théâtre de Shakespeare qui d'ailleurs éclaire le titre ?
    Encore que j'hésite entre fiction et imaginaire car les époques du passé, évoquées sont tantôt réelles tantôt fictives, et l'auteur est tantôt elle, au présent, tantôt ce personnage fictif qui crée aussi son histoire et qui vit les aventures de l'auteur par procuration.
    Enfin c'était quelque part sur le blog de Soleil vert mais il y a tant de livres chroniqués, tant de débats sur la littérature que je rends au temps ce que le temps a avalé.

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  83. Je ne crois pas qu’il soit de moi, mais sait-on jamais? Je suis dans la préface de Sainte Beuve aux lettres de la Marquise de Crequi, préface fort intéressante pour ce qu’elle nous dit de Sénac de Meilhan et de son roman l’ Émigré sur la gestation de la Révolution dans les esprits faibles…Ce livre est aussi accessoirement une pièce de musée, car portant les corrections avant tirage et par deux fois la signature de Sainte Beuve! Le tout acquis pour dix euros. S’il est des bouquinistes qui résument à leurs clients les livres qu’ils ne liront pas, ( Guitry!)Il en est d’autres qui ne savent pas lire….

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    1. Eh bien, quel voyage dans le temps avec ces deux personnalités. Un temps troublé, Louis XV... Louis XVI.... Voltaire... Rousseau... Tous deux écrivant, se croisant dans les salons littéraires. Vous en trouvez des pépites sur les Quais !
      Une entorse me rend plus sédentaire et mes lectures depuis le Cahier Italo Calvino me font réouvrir des romans comme Le Chevalier inexistant, tellement savoureux.
      Ce soir je regarde un film de science-fiction, La mémoire dans la peau. Un Matt Damon très crédible. Un parcours pas ordinaire.
      Je ne connais pas du tout ce réalisateur Doug Liman. Ce film a plus de vingt ans. On n'y songe pas...

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  84. Pour le reste, je ne procède pas au choix des sujets de conference. Tout dépend des travaux en cours ! Ici , c’est un choix d’ E Kreis qui n’est pas n’importe qui…

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  85. Bonne nouvelle : bon premier Mai à tous
    Mauvaise nouvelle : décès hier de l'écrivain Paul Auster.
    Je vais parcourir son oeuvre ici.

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  86. A vous aussi, Soleil vert.
    Paul Auster, oui, tristesse...
    Écrivain et traducteur dont nos poètes contemporains
    Romancier de la solitude aussi et du temps rond comme la lune.
    Je me réjouirais de le rencontrer ici... dans sa belle écriture.

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  87. Au risque de rompre ce chœur, je n’avais guère apprécié son dernier opus . «  Dans le Scriptorium, «  je crois…

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  88. Faut lire Baumgartner,sur la solitude et le deuil,son dernier roman.

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  89. “Tout notre raisonnement se réduit à céder au sentiment.” Blaise Pascal.
    Voilà qui rejoint Montaigne non ?
    " misérable et chetive créature, qui n'est pas seulement maistresse de soy, exposée aux offences de toutes choses"

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  90. Tout vient à point à qui sait attendre...
    Beau ricochet !

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  91. La Marquise de Crequi a eu sa correspondance avec Rousseau, non reproduite ici, et assassine gaillardement Voltaire avec Sénac de Meilhan. Ses Lettres à Rousseau ( un brouillon?) auraient ete léguées au Chevalier de Pougens qui les aurait publiées . Mais ou? On ne le trouve pas. Jo Wilton a aussi donné Les Griffes et les Crocs, dragonisation d’un roman de Trollope où les Dragons ont remplacé les humains… bien à vous. MC

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  92. Je viens de terminer la relecture du Chevalier inexistant de Calvino. Quel grand bonheur de lecture ! Quel conte extravagant ! Je retiens sa chute dans la mer et la solution qu'il a trouvé : marcher au fond de l'océan avec son armure jusqu'à retrouver terre. La nuit d'amour entre cette armure vide mais parlante et la jeune femme bien réelle est un autre morceau de choix, laissant la belle toute ébahie... Il y a tant d'inventions glissant au creux dune écriture maniérée et paillarde ou innocente.
    Et tout cela sous les yeux d'un Charlemagne abasourdi et de nonnes rebelles, avides d'aventures dont Théodora qui ne cesse d'intervenir sur l'aventure de son écriture. C'est extra, aurait chanté le grand Léo Ferré.
    Et tout cela dans une conque à l'abri de la pluie incessante dont je sortais pour regarder dans la soirée le ciel de nuit zébré d'éclairs entre deux roulements et grondements de tonnerre.
    Bref, je ne pouvais échapper à ce charme pour vous répondre MC, à propos de votre lecture où cette marquise écrit bien du mal de Voltaire à Rousseau.
    Jo Walton -je suppose, s'est amusée en remplaçant des humains par des dragons. J'aime sa plume virevoltante, ses dédoublements. Encore une qui n'a pas toujours les pieds sur terre.

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  93. Elle assassine Voltaire, mais où avez-vous pris qu’elle en faisait de même pour Rousseau? Cette édition est, à la lettre, introuvable!

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  94. Dans leur correspondance :

    https://studio.bluelionguides.com/j-j-rousseau-l-homme-de-la-nature-a-paris/au-quartier-latin/chez-la-marquise-de-crequy/

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  95. Critique littéraire et écrivain, Sainte-Beuve a également été un observateur avisé du siècle des Lumières. Dans ses Causeries du Lundi, il a notamment brossé les portraits de quelques grandes dames du XVIIIè siècle dont celui de Madame de Créqui.
    "à un certain moment, à 44 ans, elle prit un parti absolu, celui de la dévotion, qui se marquait alors par une réforme dans la toilette, par les habitudes extérieures.
    Elle ne voulut pas laisser dans le doute ses amis et leur écrivit .
    « Je comprends par le commencement de votre lettre, lui répondait sur ce point Jean-Jacques (13 octobre 1758), que vous voilà tout à fait dans la dévotion. Je ne sais s’il faut vous en féliciter ou vous en plaindre: la dévotion est un état très doux, mais il faut des dispositions pour le goûter. Je ne vous crois pas l’âme assez tendre pour être dévote avec extase, et vous devez vous ennuyer durant l’oraison. Pour moi, j’aimerais encore mieux être dévot que philosophe, mais je m’en tiens à croire en Dieu, etc. »
    Quelques années après il lui écrivit (juillet 1764): « Je reconnais avec joie toutes vos anciennes bontés pour moi dans les voeux que vous daignez faire pour ma conversion. Mais, quoique je sois trop bon chrétien pour être jamais catholique, je ne m’en crois pas moins de la même religion que vous; car la bonne religion consiste beaucoup moins dans ce qu’on croit que dans ce qu’on fait: ainsi, madame, restons comme nous sommes; et quoi que vous en puissiez dire, nous nous reverrons bien plus sûrement dans l’autre monde que dans celui-ci. » Il était alors fugitif, ayant quitté Montmorency et retiré à Motiers-Travers.
    D’Alembert aussi cessa de voir madame de Crequi lorsqu’elle se jeta tout à fait dans la religion. Du temps qu’elle le voyait, elle lui disait quelquefois, à propos de ses colères d’enfant à l’Académie: «Vous n’êtes que furibond, vous n’êtes pas furieux. »
    Voltaire aurait dit, selon Pougens, en apprenant cette conversion de madame de Crequi: « Ah! c’est Pascal qui nous a fait ce larcin-là. » Je ne sais s’il a dit réellement ce mot, et je ne voudrais pas refuser à Pascal l’honneur d’avoir contribué à l’entière réformation de madame de Crequi. C’est elle qui a écrit pourtant : «"Je ne regrette point Pascal; ses lumières étaient aussi étendues que sa société était triste ."

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