lundi 26 février 2024

Rossignol

Audrey Pleynet - Rossignol - Le Bélial’ Collection une heure lumière

 

 

 

Quelque part dans l’espace, une station spatiale abrite des représentants d’espèces venus des quatre coins de la Création. Réfugiés ou expatriés volontaires, ils ont expérimenté le vouloir-vivre ensemble à l’extrême, pratiquant un métissage poussé à un tel point que l’identification des individus a abandonné la notion de morphotype pour lui substituer une carte d’identification génétique. Au sein de cet univers clos des dispositifs complexes appelés Paramètres facilitent au mieux les interactions d’êtres issus d’écosystèmes radicalement différents. Cependant ce modus vivendi encouragé par les « Fusionnistes » génère une contre réaction d’une autre fraction de la population les « Spéciens », favorables à un retour aux différenciations. Une humble stationnienne va cristalliser les tensions.

 

Avec Marguerite Imbert et Emilie Querbalec, Audrey Pleynet est l’une des autrices montantes de la science-fiction française. « Rossignol » a remporté un prix aux Utopiales 2023, le jury ayant apprécié les réflexions autour de l’identité et de l’altérité. Peu importe au fond que le récit ait pour cadre une station spatiale, figure centrale de la série Babylon 5, ou du film de Luc Besson Valérian et la Cité des mille planètes. Les écrivains, écrivaines de talent savent s’affranchir des codes et des thèmes pour créer leur propre espace-temps. Le huis clos d’Audrey Pleynet aurait pu reprendre le titre d’une nouvelle de Ted Chiang « L’histoire de ta vie » popularisée par le film Premier Contact. Dans celui-ci, à la suite de l’apprentissage d’un langage extraterrestre, le personnage principal, Louise recevait des visions de sa vie passé et future. Dans la novella, le génome de l’héroïne contient des matériaux génétiques d’une espèce étrangère, les Spic, qui naissent « avec la conscience complète de leur vie ».

 

Ainsi voyons-nous se dérouler l’existence de cette « Humania » proche des Fusionnistes, dans un ordre pas forcément chronologique, plutôt dicté par les états d’âme et les émotions. Au souvenir d’étranges déambulations synesthétiques dans la station où les perceptions des uns et des autres se reparamètrent, se réalignent constamment pour atteindre un seuil de communication, à l’évocation des amitiés de Lou’Ny’Ha et Ooxyo, succèdent des épisodes de souffrance comme l’hostilité de la mère ou la séparation d’avec son propre fils Joshua. Porté par une écriture impressionniste, pointilliste, qui apporte peu à peu tout son éclairage à l’ensemble, le récit bascule de l’utopie au drame.

 

Brouiller les cartes, pousser une idée à son extrême est une des attentes d’un ouvrage de science-fiction. Mission réussie ici.


59 commentaires:

  1. Chic, une française. J'ai faim de fantastique après cet enfouissement dans Valéry, Cheng et Simmel .
    Le rapport au temps, la conscience de toute une vie comme dans "Premier contact" , cela suffit pour attiser ma curiosité.
    Mais quand même, relisant la première des "Cinq méditations sur la mort" ( mise en écrit de réunions d'amis chez François Cheng s'interrogeant sur la vie et la mort), le lisant, donc, je retrouve ces questions qui me traversent :
    "Rien n'impliquait que nous puissions avoir l'envie et la capacité d'être là ensemble, de trouver un sens quelconque à ce simple fait d'être ensemble. N'est-il pas vrai que nous sommes perdus au cœur d'un univers énigmatique où, selon beaucoup, règne le pur hasard ? Pourquoi l'univers est-il là ? Nous ne le savons pas. Pourquoi sommes-nous là ? Nous n'en savons rien, ou presque. (...) . Au commencement , quelque chose d'extrêmement dense a explosé. C'est par hasard que l'univers est un jour advenu, que sur un de ces débris la vie, un jour, est apparue. (...) Un jour l'homme s'effacera, la vie elle-même s'effacera, sans laisser plus de trace qu'une croûte desséchée, sans que l'univers s'en rende même compte."

    Mais, ajoute-t-il,
    "S'il n'y avait aucun sens possible à notre existence, l'idée même de sens ne nous aurait jamais effleurés...."

    Et c'est ainsi que commence la première de ces rencontres que François Cheng a réunies dans ce très beau livre .

    Voyons donc ce que Audrey Pleynet a fait de ses questions. Où nous entraîne -t- elle ?

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  2. Ah, JJJ, si vous saviez ! Je reviens de la médiathèque Montsouris. Fermée à c't'heur. Je suis rentrée par une fenêtre, ai trouvé le Rossignol, endormi, sur une étagère. Je lui ai mis un petit chaperon couleur de lune et suis repartie sous la pluie. Me voici donc sous la couette. J'écoute le rossignol. C'est beau :
    Il me siffle une pensée d'Andrée Chefid.
    "Jusqu'aux bords de ta vie
    Tu porteras ton enfance
    Des fables et ses larmes
    Ses grelots et ses peurs"

    Et voici la première phrase du roman d'Audrey Pleynet :
    "Je n'ai jamais apprécier la solitude."

    Bonne nuit.
    Merci Soleil vert.

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  3. Oh non! Pas Andree Chedid!

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  4. Eh bien, quel accueil pour ces quelques vers mis en exergue par Audrey Pleynet à son roman.
    Qu'avez-vous donc qui explique ce rejet de l'œuvre d'Andrée Chedid que je connais mal mais qui est toute habitée de vie. (Poésie).
    Donc, que dit-elle en ce petit texte ? Qu'on n'oublie pas son enfance. C'est vrai. Les souvenirs sont parfois flous, parfois oubliés mais ces peurs vagues qui nous hantent parfois, ont peut-être à voir avec quelque chose que l'on a vécu, autrefois...
    A part cela, je rentre difficilement dans ce livre. Ce personnage est tellement façonné par diverses modifications de son psychisme que je n'arrive pas à la situer. Si ce n'est qu'elle est intranquille. L'auteur a
    transformé tous les noms usuels du quotidien par des mots difficiles à lire et à mémoriser. La femme qu'elle invente semble s'échapper à elle-même, déborder sur ce qui l'entoure, l'absorber ou le bloquer. Quel drôle d'univers...
    Pour l'instant, je dirais volontiers comme Rose : je ne comprends rien à ce roman. L'écriture est pierreuse. Je n'arrête pas de me prendre les pieds dans son chemin périlleux.
    J'y retourne...

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  5. Cher Soleil vert,
    Je n'arrive pas à m'intéresser à ce roman. C'est bien écrit par moment, confus et long à d'autres. A part les états d'âme de la narratrice, je ne vois pas l'intérêt de l'intrigue si intrigue il y a. Cette station spatiale qui recueille ces êtres hybrides dont elle, c'est le big bazar... Leur communication par transmission ou capture de pensées est un peu vaine.
    Ce n'est pas un livre qui me marquera. Sentimentalité et poésie, désir de bien écrire ne font pas une bonne science-fiction.
    Bon, je fais une pause. Je le reprendrai peut-être plus tard
    Les déclarations de Macron sont inquiétantes....

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  6. Christiane, vous êtes là sur un promontoire avancé de la SF.
    Je comprends vos difficultés.
    Là je viens de lire une nouvelle de Christian Léourier qui est un petit bijou à la Andersen et qui s'appelle "La roulotte". Histoire directement inspirée d'un de ses aïeuls; il rêvait des métiers du cirque et dut remiser sa roulotte en raison d'un accident qui le rendit infirme.

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  7. Vous êtes, face à cet océan de nouvelles et de romans SF comme un marin au long cours. Tellement accordé à la houle, frôlé par des mouettes rieuses. Des dauphins accompagnent le sillage de votre nef.
    Moi, j'ai le mal de mer. Ce rossignol joue à l'oiseau moqueur. Je tente bien d'écrire et de dessiner mais le bateau tangue et mes aquarelles sont tombées à la flotte.
    Andersen... Il fut mon compagnon de lecture dans l'enfance ancienne. Magiques contes où le réel devenait émerveillant.
    Sur le pont un albatros malouin est venu se reposer puis il a pris son envol, majestueux.
    J'aime bien vous lire. Vous devriez écrire des nouvelles SF à tire d'aile.

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  8. Les oiseaux d'Argyl... La roulotte est la première nouvelle. Chic !
    Christian Léourier, passager clandestin.
    Ne m'en voulez pas si je change de livre !

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  9. Petit-Pulcher et des deux têtes me plaît beaucoup. Sa tête à penser et sa tête à rêver échangent des dialogues surréalistes. J'adore ! Merci, capitaine.

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  10. C'est magnifique. Je pense beaucoup au roman de Boris Vian "L'écume des jours". Ça coule de source et ça m'emporte. Je vais passer la soirée avec Petit-Pulcher.

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  11. C'est rare de faire se suivre des nouvelles si différentes d'inspiration tellement réussies. Aucun effort pour entrer dans le monde imaginaire de Christian Léourier. Il est très convaincant et sait appuyer ses fantasmes sur une observation très précise du réel. Ainsi les égouts de la deuxième nouvelle digne de ceux des Misérables où Valjean porte Marius inanimé. C'est un grand lescteur qui a su trouver son chemin d'écriture. C'est un réel plaisir de le lire, d'entrer dans son théâtre. Quel livre puissant. C'est extra !
    Mais Petit-Pulcher le bicéphale est vraiment de ma famille.

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  12. L'avant-propos qu'il signe donne la clé de la première nouvelle, La roulotte, par l'impressionnante aventure de ce grand-père qui lui a laissé le goût du voyage, des roulottes, des clowns tristes, de la cruauté humaine. Il dit que ces nouvelles écrites pendant ces trente années sont comme des photos. Chacune se rapportant at un évènement qui l'a marqué.
    Cet auteur est tout à fait celui que je cherchais. Me voilà enfin dans mon monde.

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  13. Ce livre porte la signature graphique de Xavier Collette pour la couverture. Les lettres y sont autant d'oiseaux.
    D'ailleurs qu'est-ce que ces oiseaux d'Argyl, cette nouvelle qui a donné le titre au recueil ? Qu'est-ce donc que cette planète où les oiseaux ont remplacé les hommes ? Pourvu qu'ils ne soient pas agressifs comme ceux d'Hichcock !
    De nouvelles en nouvelle j'apprends à reconnaître les thèmes de cet auteur. La cruauté des hommes l'emporte souvent sur la grâce qui reste celle de la première nouvelle : La roulotte.
    C'est un univers fictif qui prend racine sur notre monde bien réel. J'ai terminé la deuxième qui esquisse ce monde - déjà là - où il faut vendre des parties de son corps pour survivre. Terrible.
    Heureusement, sans retrouver la beauté de La Roulotte, quelque chose d'impalpable allège le fardeau de ces survivants... Je ne sais encore quoi.
    Je crois que je suis sensible à l'univers onirique des nouvelles, un espace plein de beauté malgré le cynisme de l'auteur quand il nous renvoie pêle-mêle les choix d'une société sans vergogne où certains dominent en utilisant et méprisant leurs semblables. Des nouvelles cinglantes mais beaucoup de lumière....

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    1. Ce combat entre le narrateur et le rapace est envoûtant.

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  14. La peau bleue. Si brève. Juste une page. Un sanglot...

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  15. Si vous voulez vraiment le savoir, je ne la trouve pas Grande cette poetesse. Francophone tant qu’on voudra, mais pour le reste, non . Il manque la Grâce. Un peu comme Char pas encore réduit à ces justes proportions…. Bien à vous. MC

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  16. La grâce... Oui, on la rencontre parfois dans un texte. Je l'ai trouvée en lisant la première nouvelle du recueil "Les oiseaux d'Argyl" de Christian Léourier. Celle nommée "La roulotte".
    Comme si une lumière émanait du texte plutôt que de l'éclairer.
    Comme dans certaines gravures et peintures de Rembrandt.

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  17. Les lecteurs sont constitués de tant de stratifications qu'ils perçoivent les textes très différemment..
    Le langage devient passage, transhumance ou haie épineuse....
    Les mots ont une matérialité que l'on touche avec les yeux. On les entend aussi. Le son qui ensorcelle le sens .
    Nous sommes comme des voyageurs.... en ouvrant un livre.

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    1. Serait-ce incongru de penser que l'on peut sentir la justesse d'un texte grâce au timbre de l'écriture avant même d'en avoir compris le sens ?
      Il se créé parfois un lien mystérieux entre un écrivain et son lecteur. Un chemin fait d'inexprimable. Le lecteur cingle alors à contre-courant vers la source d'une parole.

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  18. Au festival Étonnants voyageurs, Christian Léourier évoque trois de ses romans. J'aime bien sa voix et sa façon de parler, paisible, simple.

    https://youtu.be/huuNoCh1YK8?si=I6HZMRr1zSEuuTw9

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  19. Closer (RdL) à propos du roman de Karinthy, "Epépé" pensait que ce qui n'admet qu'une seule lecture n'exerce pas de fascination durable.

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  20. Sur ce roman (Epépé) comme dans cette nouvelle (La roulotte) pèse une énigme insondable.

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  21. Ainsi je reçois la subjective objectivité des lecteurs...
    L'écriture passe de forme en forme. Alors affleurent les livres qui nous fondent.

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  22. « Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qui s’est passé ».

    Phrase qui concluait une de mes fiches de lecture récente.
    Qui sait ?

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  23. Oui, je me souviens.
    Ce l'un dans l'autre était comme la matrice d'un être virtuel qui aurait pu être.
    L'écriture est peut-être cette mise au monde... tardive.

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  24. Cette citation a ébranlé... Passou finit son billet avec elle et elle avait marqué un autre lecteur sur la RdL. Il faut croire qu'elle éveille un frisson de l'âme pour beaucoup.

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  25. Rose, lui donne un bel écho avec cette citation de Musset :
    "Alors s’assit sur un monde en ruines une jeunesse soucieuse."
    (La Confession d’un enfant du siècle, 1836).

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  26. Comment étaient les choses au commencement ?
    La science-fiction est comme une immense forêt où nous faisons des rencontres éphémères. On peut y marcher pendant des heures et se retrouver toujours au même endroit.
    Forêt ensorcelante comme celle du pays d'Ouche ou l'ensorceleur (l'écrivain) s'unit à l'ensorcelé (le lecteur).
    Temps de métamorphoses où se tissent des destins.
    Lire devient alors une gravitation irrésistible vers un temps de mémoire...
    Mais comment étaient les choses au commencement ?
    L'écriture est peut-être le seul chemin vers l'inexprimable caché dans le réel.

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  27. Je n'arrive plus à lire les autres nouvelles, surtout les dernières.
    J'ai la nostalgie de la première, La roulotte.
    Merci de m'avoir fait découvrir ce texte rare.

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  28. Quelque chose me préoccupe. Je lis dans l'oubli, heureusement souvent partiel. Je lis en oubliant. La lectrice oublie.
    Mais pour aller plus loin, les peintres me reposent de l'écriture.
    Parfois trop de mots.
    Mais j'aime les rencontres que permettent les livres.
    Celles offertes par les romans de Camus et de Giono me réconcilient avec le monde.
    Et si je lis tant c'est pour recevoir la vie, un surcroît d'existence. Pour voir autrement. Ces lectures taillent en moi, forent l'oubli.
    Qu'y avait-il avant l'oubli ?
    Comment étaient les choses au commencement ?
    Lire... un plaisir d'écriture, parfois une plénitude ou une déliaison, d'autant plus sur le mode de l'irréel ou du passé.

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  29. Oui, j’ai noté cela. On se souvient parfois plus d’un tableau que d’un livre.cela tient-il à ce que le tableau sélectionné peut-être rattaché à un continuum , ou s’imposer par sa valeur propre. Ici ,il y a les deux cas: le tableau-continuum, avec des Baigneuses qui ont accroché précédemment les yeux de Glenmor et de Xavier Grall, le tableau qui s’impose, façon K Yamada , ( même si ce n’est pas de lui).Un troisième cas, enfin, mixte, serait à relier à l’habitude: le tableau de famille, en quelque sorte, qu’on a l’habitude de voir la et qu’on ne conteste plus, parce que ses qualités l’emportent ou paraissent l’emporter sur ses défauts…. MC

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  30. « Qui ont accroché les yeux de Glenmor etc » . Ça, je ne le savais pas en l’achetant, je l’ai su deux ans après, mais le moyen maintenant D’en faire abstraction? Donc tableau tableau devenu tableau-continuum.., MC

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  31. "Rattaché à un continuum"... Oui, MC, c'est tout à fait cela .
    Il n'y a pas le mouvement incessant de la formation des choses comme dans l'écriture. C'est une peinture de durée propice à la réminiscence spirituelle qui est mouvement lent du temps. Le lointain de la toile se mêle au lointain du temps. Du temps sedimenté. Quelque chose à jamais perdu.
    Une âme de lumière comme dans les fresques de Fra Angelico sur les murs de San Marco.
    Aucun instinct de possession ou de domination face à l'impalpable du temps. Seulement une trace dans le passage du temps...
    Le silence d'une toile face à la fureur du monde... Giotto... Rembrandt... Morandi...

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  32. J'aime bien aussi le tableau de famille...

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  33. Ne manquez pas les poèmes de Raymond Prunier

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  34. @ cela tient-il à ce que le tableau sélectionné peut-être rattaché à un continuum

    aij toujours pensé que cette expression était un brin pléonasmatique. Il faudrait en débattre, j'y pense pendant que j'essuis. Bàv, from JJJJJije

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  35. Que diriez-vous d'autre, JJJ, pour exprimer cette pause du temps quand on regarde une toile, quand on y repense ?
    Qu'est-ce que vous essuyez ?

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  36. Belle question, Xtiane... Aij bien peur d'une réponse qui menacerait de devenir un fleuve, vu ma propension à remplir le vide mental provoqué par la contemplation d'une toile de Malevitch, quand j'essuie machinalement ma vaisselle en ma cuisine... Si vous saviez tout ce qui me vient à la cervelle al'hors, vous en seriez proprement a-kablée ! Aussi, préfère-j vous épargner, à la caisse... Les continuum ne valent que pour ceux qui ne souffrent pas de ruptures neuronales dans leurs circuits internes, car leur sérotonine est encore bien huilée... Pour les autres, souffrant de troubles mnésiques, comme le disent nos neurologues pas tentés, le "rattachement à un continuum" provoque comme une brindille de nostalgie, un gout du pléonasme que l'on essaie de rattraper avant que d'être oublié.
    Bien à vous, Xtiane, si vous parvenez à traverser ce délire dans le parc de Montsouris mouillé... ET si vous passez devant la maison des luminaires de Perzel, veuillez bien la saluer de ma part. J'aimerais qu'elle existât encore, que je me trompe pas d'adresse.
    Bàv, chère internaute amicale.

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    1. Plus sérieusement, le carré blanc sur fond blanc ou le carré noir sur fond blanc de Kasimir Malevitch c'est un moment très important dans l'art du XXe siècle. Une révolte contre l'impératif figuratif , un rejet des anciennes lois de l'esthétique.des siècles précédents . Un travail de couleurs pure sans objet, tout en aplats mais très travaillé. Carrés décentrés, .subtiles variations de blancs Son essai Le monde sans objet tressé le langage et le silence . La peinture pour lui devait libérer l'homme du monde matériel en le plongeant dans l'infini, le cosmos. C'est un aboutissement dans son oeuvre qui vient après un long raisonnement comme s'il tentait de séparer l'esprit de son corps.
      Staline, rejetant l'art non figuratif, le fit emprisonner et torturé sous prétexte d'espionnage. Sur sa tombe, un carré noir sur fond blanc.

      Il écrit : "J'ai percé l'abat-jour bleu des restrictions des couleurs, j'ai débouché dans le blanc ; camarades aviateurs, voguez à ma suite dans l'abîme, car j'ai érigé les sémaphores (...)
      J'ai vaincu la doublure bleue du ciel, je l'ai arrachée, j'ai placé la couleur à l'intérieur de la poche ainsi formée et j'ai fait un nœud. Voguez ! Devant nous s'étend l'abîme blanc et libre. »

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  37. C'est étrange, je pensais au carré blanc de Malevitch cet après-midi. Belle rêverie en essuyant la vaisselle.
    C'est comme le blanc de quelqu'un qui ne veut pas répondre...
    Le parc mouillé de pluie lente, je vois. Les luminaires de Perzel, pas du tout.
    Je ne pense pas à un pléonasme en lisant ce continuum de MC. Une toile, parfois, sait être entêtante. Ça occupe les pensées. Une mémoire de couleurs qui palpite comme un appel. Parfois comme un feu de détresse, parfois comme un souvenir de douceur. On a le temps de la regarder, de revenir la contempler, de la rencontrer dans un livre. Sans les mots, elle vous parle. Vous étreint. Vous enveloppe. Parfois, elle surgit, inattendue, face à un paysage, une lumière.
    Vous qui peignez, vous dialoguez en silence avec une estampe, un tableau. Posant votre pinceau là où dans un temps passé un artiste a retenu son pinceau jusqu'à poser une tâche de couleur dans un souffle. L"aquarelliste travaille avec des pauses mais quand il lance son pinceau sur le papier humide, le geste est rapide, sûr, et se fond dans les tons délavés déjà posés. Parfois, la feuille sèche , fait naître un ajout, une ligne, un point, un rehaut de couleur.
    Puis ça ne bouge plus. C'est immobile en équilibre. Prêt au dialogue avec le regard d'un visiteur...
    J'aime bien quand vous faites la vaisselle. ( de quoi liquider le passé...).

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  38. Belle lecture d'Hugo Pradel pour Le royaume enchanté de Russell Banks (En attendant Nadeau). Merci, JJJ.
    Cet homme a une belle plume mais le roman ne ressemble pas du tout à ce qu'il dit. Je suis entrée dedans et en suis ressortie épuisée et déçue et passablement énervée. Mais lire Hugo Pradel est un régal !

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  39. J’ai utilisé continuum dans un sens ou Soleil Vert aurait pu l’employer…. MC

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  40. Ces deux chapardeurs d'étoiles et de songes...

    https://bibliotheques.paris.fr/2016/doc/SYRACUSE/587478/kan-ha-diskan-correspondances-grall-glenmor?_lg=fr-FR

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  41. Ah merci. Ça a l'air extraordinaire. Je vais monter là-haut voir de quoi il retourne.https://www.perzel.fr/atelier-showroom/

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  42. Glenmor a pas mal initié Le Parisien Grall a la Bretagne. Leur correspondance doit être interessante, si elle existe. D’un autre cote ce barde breton ( je parle de Glenmor) parlant français est-il encore crédible pour la génération actuelle? Il faudrait voir. L’ amusant est que je me souviens d’une phrase d’ Helias à Grall, comme quoi ledit Helias avait le moyen de diffuser Glenmor à la télévision et qu’il l’avait employé. Ce qui s’appelle botter discrètement. Vous trouverez ça dans l’émission de Pivot. Bien à vous. . MC

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  43. MC,
    C'est en lisant votre remarque :
    "Le tableau peut s’imposer par sa valeur propre. Ici ,il y a les deux cas: le tableau-continuum, avec des Baigneuses qui ont accroché les yeux de Glenmor et de Xavier Grall,"
    que j'ai fait des recherches sur ces deux hommes qui m'étaient inconnus.
    J'essayais de suivre votre pensée ainsi que celle de JJJ l'avant sa vaisselle en pensant à Malevitch.
    Donc ces hommes que vous citez ont eu un choc en contemplant les baigneuses. Celles de Cézanne ? De Picasso ?
    J'aimerais bien en savoir plus à ce sujet
    Merci.

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  44. Pour Cézanne, la série des baigneuses semble révéler une incapacité de toucher ces formes autrement que par la touche du pinceau, le geste coloré. Soit par son imagination... Pas de modèles à l'atelier...
    Il semble continuer les créations d'autres peintres ( Courbet ?). Une série comme pour prolonger le désir, le fantasme.
    Ces femmes sont frénétiques, exubérantes , lourdes.
    Puis les formes deviendront plus sculpturales, monumentales.
    Il pose un nouveau regard sur le corps des femmes. Elles seront plus stylisées, plus élaborées. Les toiles plus construites, plus rigoureuses. De l'érotisme il passe à la pensée... géométrique.
    Curieusement le sexe des femmes représentées devient incertain. On dirait qu'il peint un monde androgyne. Les sexes se confondent. Les formes deviennent équivoques.
    Maîtrise, apaisement. Comme une innocence succédant à la sauvagerie des premières toiles.Tons plus lumineux, plus vibrants . Le corps devient un élément parmi les autres dans l'espace .
    Les dernières aquarelles sont faites de transparences où les corps se mêlent au ciel aux feuillages. Comme dans un rêve. Transfiguration.
    Plus tard Matisse et Picasso reprendront le flambeau.

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    1. Et nous parlions de Kasimir Malevitch pour qui la recherche en peinture ne devait etre que pure sensation comme pour, plus tard, Mark Rothko, Yves Klein, et bien d'autres.

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    2. Ce qui est intéressant pour Kasimir Malevitch c'est que ce carré noir sur fond blanc est apparu alors qu'il travaillait sur les décors d'un opera d'Alexeï Kroutchenykh et Mikhaïl Matiouchine, dont il était chargé.
      L'opéra, présenté à Moscou fut surtout reconnu dans les milieux intellectuels Il s'agissait d'une sorte d'absurdité dans le langage. Les comédiens pouvaient interpréter le texte en improvisant sur les différents sens des mots. Là apparaît le carré noir sur fond blanc. Le noir représentait l'éclipse totale du soleil.
      (Comme dans un roman de science-fiction !)
      D'ailleurs, dans le final, les comediens clamaient : «Tout le monde mourra et nous, nous sommes éternels.»

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  45. J'aime bien quand Paul Edel envoie tout balader. Il le fait à l'occasion du film Dali. (Voir commentaire sur la RdL). Ça réveille !

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  46. Et comme les chemins se rejoignent parfois, en 1927, lors d'un voyage en Allemagne, il rencontra longuement Walter Gropius et les artistes de l'école d'architecture et d'arts du Bauhaus.
    Immense découvreur, artiste et philosophe.
    Ses dernières années de très difficiles. Persécuté , emprisonné, brisé tant sur le plan moral que matériel, il retournera à la peinture figurative pour se plier aux exigences du régime.
    Il meurt en 1935.
    Un carré noir sur sa tombe....

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    1. Un peu mystique comme Tolstoï... Un peu fou, illuminé... Presque un personnage de roman...

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  47. Ne pas oublier aussi son travail avec Kandinsky et les formidables expositions qu'ils firent ensemble !

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  48. Paul Edel et Dali, qui l’eut cru?!

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  49. Ça ne m'étonne pas du tout. Il y a une liberté inouïe chez notre ami Paul Edel. Il peut tout transformer en folie douce sur un battement de cœur.

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