Joël Houssin - Blue - Goater collection Rechute
Refermer Blue,
c’est pour moi refermer la malle aux souvenirs. La faute à cette préface
sensible de Mme Débat. Alors comme ça M Houssin vous déambuliez boulevard des
Batignolles dans les seventies? J’ai arpenté quotidiennement le bitume
entre la Place Clichy et le lycée Chaptal entre 1970 et 1974. Je ne vous y ait
jamais croisé. Quel regret. J’aurais bien volontiers intégré votre gang des
Patineurs ou celui des Monte-en-l’air, anciennes gloires locales. Il est vrai
que les Batignolles, même en 70 n’avaient plus rien d’un faubourg. La place
Clichy n’avait rien non plus d’un ghetto. C’était plutôt Babylon 5, à la
confluence de plusieurs arrondissements et de plusieurs mondes. A l’ouest les
rupins de Rome et de Villiers, au nord la banlieue de Clichy et de Saint-Denis,
la foule interlope de Blanche ou Pigalle et les musicos de la rue Fontaine à
l’est, et plus au sud mes échappées vers la Trinité et les éditions Opta. A
Chaptal, les science-fictionneux au nombre de deux (à ma connaissance, un copain breton et moi) montraient timidement le bout de leurs nez. Ce fut mon
univers.
Bref.
Les Monte en l'air des Batignolles
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Banlieues à la dérive,
ghettos de sinistres mémoire, mur de Berlin, les réminiscences pleuvent à la
lecture du roman de Joël Houssin. D’aucuns se souviendront de New York 1997
le film de John Carpenter ou du désert du monde de Jean-Pierre Andrevon.
Pour le commun des mortels les prisons demeurent des lieux d’exclusions
nécessaires, les cités des no man’s land de pauvreté et d’altérité. Quelques
romanciers sont persuadés du contraire. Dans le séminal Comte de Monte-Cristo,
Edmond Dantès retrouve espoir auprès de l’abbé Faria avant d’aller affronter
les Danglars, Mondego, Morcef et autres
Caderousse. L’Humanité réside à l’intérieur des forteresses, l’Inhumanité à
l’extérieur. Houssin y ajoute une noirceur à la Andrevon qui culmine avec cette
scène où Tout Gris, narrateur et lieutenant de Blue guide son chef, selon les
termes magnifiques de Jeanne A. Débats,
tel « Antigone menant Œdipe » à travers « le miroir de
leurs illusions ».
Ce roman précurseur d’Argentine
témoigne d’une facilité d’écriture déconcertante et d’un art subtil de la
progression dramatique. On s’attache à ces personnages qui dissimulent leur désespoir
sous le masque de la cruauté ou de l’ignorance et en particulier à Blue et Tout
Gris, figures classiques du Cavalier et du Juste, celui qui agit et celui qui
sait. Pour ne rien gâcher, l’ouvrage reparaît dans une nouvelle collection en
forme d’hommage aux défuntes et célèbres éditions Chute Libre. La livrée est
superbe. Comme quoi on peut aller enterrer ses illusions et soigner sa
tenue.
C'était bien, hein ?
RépondreSupprimer(Désolé, je n'ai pas toutes tes références ^^)
Ubik
Oui, il y a une espèce de sincérité dans ce bouquin qui le garde toujours jeune.
RépondreSupprimerbonjour
RépondreSupprimercette couverture tres chute libre m évoque aussi tous les farmers pornos et pas
et le lycée chaptal l'affaire guiot en 71 j'y étais et j ai aussi arpenté la place Clichy et sa librairie
Michou le Terrible (surnom donné par Nebal à Houellebecq) a fait un court séjour en prépa à Chaptal de 74 à 75, mais j'étais déjà ailleurs.
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