Luis
Sepulveda - Le vieux qui lisait des romans d’amour - Points - Editions Métailié
Sur le quai d’El Idilio,
un petit village de l’Amazonie équatorienne, des indiens Jivaros ramènent le
cadavre d’un chasseur blanc. La coupable est une femelle jaguar rendue folle
par la mort de ses petits tués par le gringo. Quelques temps plus tard l’animal
récidive en s’attaquant à des touristes.
Le maire de la localité demande alors à Antonio José Bolivar, un vieil homme
qui a longtemps vécu dans la forêt amazonienne, de participer à une battue.
Le vieux, ainsi le
surnomme t’on, vit seul dans une cabane de fortune, depuis la mort de sa femme.
Il occupe son temps en lisant des romans à l’eau de rose ou en récupérant du
venin de serpent qu’il revend à des laboratoires pharmaceutiques. Le couple
pensait s’établir, à l’instigation de leur gouvernement, comme agriculteurs
dans l’un des bras du fleuve. Les pluies continuelles ont eu raison de la santé
de son épouse et de leur projet. Sauvé par les indiens Shuars, Bolivar vit
désormais reclus et s’attaque à contre cœur à la traque du fauve.
Premier roman de Luis Seiulveda,
l’histoire du « vieil homme et la forêt » selon l’heureuse
expression du préfacier, n’a pas à rougir de l’illustre comparaison avec le
romancier américain. Le récit démarre avec la truculence d’un film de John Ford
et s’achève dans l’atmosphère d’un Délivrance de John Boorman. Cette
narration colorée, heureuse, n’élude pas le constat d’une humanité cruelle dont
l’appréhension simpliste et destructrice du monde s’oppose à la compréhension
complexe de la faune et de la flore de la jungle. Dégoûté des hommes, Bolivar
ne cède pas cependant à l’appel de la forêt, dont pourtant, à l’exception des
indiens Shuars, il reste le meilleur connaisseur. Il méprise les chasseurs, qui
masquent leur peur en massacrant de petites proies, car eux-mêmes sont méprisés
par les grands prédateurs. C’est pourquoi il choisit le moyen terme des livres
qui seuls rendent la compagnie des hommes fréquentable.
Le vieux qui lisait
des romans d’amour est enfin un
ouvrage militant dédié à la mémoire des défenseurs de l’Amazonie. On adhère bien volontiers au combat de Luis
Sepulveda, tant pour le propos que pour l’éclat d'un texte magnifique. Un chef
d’œuvre d’une centaine de pages rehaussé par la traduction de François Maspero
himself et dans cette édition par une couverture somptueuse.
Roman dépaysant de Sépulveda, veritable ode a la nature;
RépondreSupprimerJ'ai passé un bon moment avec ce vieux qui lit des romans d'amour
le vrai,celui qui fait souffrir (antidote à la vieillesse)
En revanche,il ne m'a pas rappelé Santiago du "Viel homme et la mer"
Merci de rendre hommage au traducteur;on les oublie trop souvent.
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