Jasper
Fforde - L’affaire Jane Eyre - 10/18
« Dans le monde
de Thursday Next, la littérature fait quasiment office de religion. A tel point
qu’une brigade spéciale a du être créée pour s’occuper d’affaires aussi
essentielles que traquer les plagiats, découvrir la paternité des pièces de
Shakespeare ou arrêter les revendeurs de faux manuscrits. Mais quand on a un
père capable de traverser le temps et un oncle à l’origine des plus folles
inventions, on a parfois envie d’un peu plus d’aventure. Ainsi lorsque Jane
Eyre l’héroïne du livre fétiche de Thursday Next est kidnappée par Achéron Hadès,
incarnation du mal en personne, la jeune détective décide de prendre les choses
en main et de tout tenter pour sauver le roman de Charlotte Bronte d’une mort
certaine. »
Jasper Fforde est un auteur britannique qui a travaillé dans
l’industrie cinématographique avant de se lancer dans la littérature. Son
premier coup d’essai L’affaire Jane Eyre
fut en quelque sorte un coup de maître et remporta un vif succès commercial. S’en
suivirent sept autres récits à ce jour, bâtis autour du personnage de Thursday
Next.
En témoigne le 4e de couverture, cet ouvrage fou
fou fou mélange allègrement les genres.
C’est d’abord une uchronie dans laquelle le moteur à réaction n’a pas été
inventé, où les dirigeables côtoient les avions à hélice. Dans ce monde entièrement
dévoué à la littérature, le célèbre roman de Charlotte Bronte a une fin
différente : Jane Eyre n’a pas épousé Mr Rochester. Cerise sur le gâteau,
les dodos ont fait leur réapparition (grâce à l’ingénierie génétique). En background
du récit, Fforde évoque une guerre interminable opposant anglais et russes en
Crimée. Elle a laissé de nombreuses traces chez les protagonistes en
particulier chez l’héroïne de ce récit qui a perdu un frère dans le conflit.
Thursday Next appartient à une catégorie « d’agents
très spéciaux », les OpSpecs qui œuvrent dans des domaines aussi variés
que la traque des faux littéraires ou le colmatage des failles temporelles. Sous cet angle, L’affaire Jane Eyre se rappellera aux bons souvenirs des amateurs
des X files ou des Men in black. Mais au delà de l’intrigue
policière (on notera que l’oncle de Thursday se prénomme Mycroft), l’oeuvre de
Jasper Fforde rejoint le courant plus général du non sens anglais qui va du Dr Who aux fantasy débridées de Terry
Prachett.
Cela donne l’invention des asticots synonymiques, appelés
aussi vers correcteurs, qui s’empressent de régurgiter du texte aussitôt qu’on
leur abandonne un manuscrit, ou d’un portail donnant accès à l’intérieur des
livres. Une opportunité dont se saisit le maléfique Achéron Hadès qui dérobe l’appareil
en question ainsi que des originaux de Dickens et Bronte menaçant de
modifier l’histoire littéraire à tout jamais.
La réussite majeure de ce page turner tient aux savants
amalgames d’une imagination débridée, d’une intrigue policière à laquelle rien
ne manque, y compris les conflits entre services rivaux, d’un humour
dévastateur, et surtout grâce à ce détective, femme à la fois pugnace et fleur
bleue, confrontée à un choix cornélien entre amour et honneur.
Superbe document. Merci.
RépondreSupprimerC'est une espèce de jeu littéraire dont les Anglo-saxons raffolent, de vertige, dont le maitre mot est plaisir
RépondreSupprimerBien à vous
SV