Le Magazine littéraire
consacre un dossier de son numéro estival (569) au posthumanisme. Si ce thème a
eu son heure de gloire romanesque à l’apogée du cyberpunk et bénéficié de
quelques prolongations principalement grâce aux talents de Ian M Banks et Greg
Egan, il semble bien que le sujet soit devenu aujourd’hui la propriété des industriels et des philosophes. Cela ne fait pas le bonheur des sectateurs du
transhumanisme (autre appellation du phénomène) car leurs meilleurs défenseurs
ont toujours été les écrivains alors que les disciples de Platon leur taillent
régulièrement des croupières. Peut être aurait il fallu citer les Kurzweil, Max
More, Vita-More, Bostrom, Pearce et consorts pour équilibrer le débat.
L’historien Milad Doueihi se fait leur porte parole dans ce numéro en prônant
un « humanisme numérique »
Je note en tout cas que
mon article L’Homme augmenté et l’Homme diminué, – modeste en regard du
travail sérieux et remarquable effectué par les contributeurs rassemblés par
Pierre Assouline –, avait au moins le mérite d’ouvrir correctement le débat en
citant Egan et Jean Michel Besnier, pourfendeur des
« technoprophètes »
Le post-humanisme ou
transhumanisme se veut le chantre de l’homme nouveau. Quelques articles
évoquent les figures annonciatrices, Frankenstein, le Golem, et leurs
successeurs, fruits de la robotique et de l’ingénierie génétique.
Outre le dossier consacré à la littérature de science-fiction appliquée à ce
domaine et son corollaire cinématographique (« Le cyclope cinéma »),
on privilégiera l’article de fond « Le transhumanisme est un
nihilisme » rédigé par Valentin Retz suivi de l’interview de Jean-Michel
Besnier par Pierre Assouline. On y apprend que Dante a forgé le néologisme trasumanar
dans la Divine Comédie. Il décrit la transformation subie par le
poète lorsqu’il entre « dans la vision de Dieu ».A cette
transcendance, le rédacteur oppose le fonctionnalisme prôné par le post
humanisme qui aboutit à la fabrication d’un être « technicocompatible » Il aurait pu d’ailleurs citer le roman de Ian M
Banks Les enfers virtuels, sorte de miroir infernal de l’œuvre de Dante.
En tant que lecteur de
science-fiction je regretterai juste l’omission de Bruce Sterling et de Schismatrice
+ dans l’inventaire SF (1) et surtout l’absence d’une bibliographie
transhumaniste.
J’ai pris plaisir à
ouvrir de nouveau ce magazine. La mise en page, jadis austère, a fait place à
une maquette évoquant celle de … Réponses Photos. On trouve
quelques écrits réjouissants sur La Beat Génération, sur Antoine Blondin, et
cerise sur le gâteau un superbe article de Serge Brussolo sur Jean Ray.
Terminons en beauté par un aphorisme de Jules Renard cité par Bernard
Morlino :« Écrire, c'est une façon
de parler sans être interrompu ». Voilà qui milite pour les blogs.
(1)
il est vrai
que l'écrivain sort du catalogue de Folio SF.
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