Leo
Perutz - La Troisième Balle - Zulma
Premier roman publié par Leo Perutz, La troisième balle a
pour cadre la conquête du Nouveau Monde par Cortez. Il raconte l’affrontement
de deux hommes, le duc de Mendoza et Franz Grumbach, présentés comme des fils
« batards » de Charles Quint. Le conflit, dont le point de départ est
un duel au cours duquel l’ami d’un des protagonistes succombe, prend un tour
idéologique, le rhingrave allemand prenant fait et cause contre les Espagnols,
en faveur de la Réforme et des indiens de Montezuma.
Si l’auteur déroule le canevas historique des opérations
militaires des troupes de Charles Quint, le corps du récit prend en revanche
une tournure singulière que l’on retrouvera dans les œuvres suivantes de
Perutz. En lieu et place de la progression narrative propre à ce genre épique,
l’auteur aligne, juxtapose une série de scènes où à chaque instant le fil de
l’intrigue semble se rompre et prendre une direction uchronique. Comme l’explique
le 4e de couverture, le réel et l’imaginaire ne cessent de se télescoper,
plongeant le lecteur dans un rêve éveillé.
Le Diable, convoqué tour à tour par les personnages, mène la
danse. Peut être faut il y trouver l’explication de ces
caractères à la limite de la caricature, tour à tour exaltés ou taciturnes
comme issus de fabliaux ancestraux. Les indiens surgissent timidement de l’arrière
plan narratif. Les mésaventures de l’un d’entre eux donnent l’occasion au
romancier d’exploiter une palette inédite que n’aurait pas reniée l’auteur des Nouvelles orientales. Capolca , maître des statuettes du
grand roi Montezuma a charge de « sculpter » – on dirait aujourd’hui photographier
– tous les grands évènements du Royaume. Il apporte à son souverain des
représentations en bois et cuivre de Cortez et de ses gens. Celui-ci lui
demande de reproduire la fumée des arquebuses. Tandis qu’il s’interroge sur la
façon de procéder, un espagnol blesse mortellement le sculpteur au cours d’une
rixe : «Sur le moment, Capolca ne sentit
pas qu’il était touché ; il était simplement très étonné et ravi de revoir
le nuage de fumée s’échapper de l’arquebuse. Et il sut dans l’instant comment
et en quelle matière il pourrait l’imiter : avec le duvet que certains
oiseaux des étangs portaient autour du cou et qu’il avait vus souvent dans les
marais du nord de la ville. Et il se souvint que ce duvet avait naturellement
la couleur du nuage de fumée : il était blanc, gris pâle et vert. Et il s’en
réjouit. Puis il s’écroula »
Ces lignes remarquables donnent au lecteur la respiration nécessaire
à la lecture d’un roman un peu long encore que doté d’une écriture d’une sûreté
absolue.
Bonjour,
RépondreSupprimerNous publions début octobre dans notre collection de poche Z/a La Neige de saint Pierre de Leo Perutz, traduit par Jean-Claude Capèle.
Il nous semblait que vous pourriez être intéressé par ce roman en vue d'une chronique sur votre blog. Si c’est le cas, nous serions ravis de vous en faire parvenir
un exemplaire !
Pourriez-vous nous communiquer votre adresse postale pour l’envoi ?
Je vous remercie par avance.
Bien à vous,
Katharina Schrenk, Éditions Zulma
18, rue du Dragon
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Tél. 01 58 22 19 90
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