Emil Ferris - Moi ce que
j’aime c’est les monstres - Livre deuxième - Monsieur Toussaint Louverture
Il aura fallu attendre cinq ans pour connaitre la suite des
aventures de la petite Karen Reyes, jeune fille résidente d’Uptown à Chicago
dans les années 60. Le premier tome a eu un grand succès commercial et a reçu
une pluie de récompenses. On y laissait l’héroïne désemparée par la mort
de sa mère, on la retrouve au sein de ce même quartier glauque, dans l’appartement du sous-sol
qu’elle partage avec son frère ainé Deeze. Un frère protecteur, caïd et artiste,
qu’Emil Ferris croque sous les traits hybrides de Tony Montana et Franck Zappa.
Tous deux fréquentent les musées, ce qui nous vaut au passage de somptueux dessins,
imitations de Courbet, du Caravage, de Goya, de Toulouse Lautrec à côté de crayonnés
à la Crumb.
Mais ce n’est pas très important. Karen a depuis longtemps
troqué le réel contre une vie imaginaire peuplée de gentils monstres. Pourquoi ?
Le hachurage dit Emil Ferris est une façon de combler le vide, avant de lâcher par
l’intermédiaire de son personnage : « L’art est une protection ».
L’artiste n’a pu se rendre aux Utopiales. On aimerait la voir à l’œuvre,
découvrir le secret de ses somptueux portraits. Un troisième, voir un quatrième roman graphique seraient en route.
D'après "Le sommeil" de Gustave Courbet |
Je recommence. Le précédent commentaire étant parti sans relecture et bourré de coquilles !
RépondreSupprimerJe découvre qu'elle est passée par une épreuve qui aurait pu l'anéantir. Une piqûre d'araignée provoquant une paralysie des membres inférieurs et de la main droite avec laquelle elle dessinait. C'est sa fille , alors âgée de six ans qui lui a, avec du ruban adhésif, placé un stylo dans la main droite. Cela a été le début d'un désir de s'en sortir pour elle. Il semblerait que ce soit une artiste extrêmement douée avec ses stylos. Son premier manuscrit a été refusé 41 fois.
Enfin le premier tome est sorti, relié comme un cahier à spirale avec une couverture souple. Le deuxième suit donc. La couverture est moins réussie que celle du premier. Mais vous dites que la traversée vaut le coup d'œil.
Elle a passé son enfance et plus tard dans les musées observant longuement les tableaux exposés.
Cette femme est intéressante.
J'essaierai de voir ce travail à la librairie en haut de la rue Boulard , spécialisée en romans graphiques.
"Je découvre qu'elle est passée par une épreuve qui aurait pu l'anéantir." D'où mon allusion à Frida Kahlo dans le précédent article. SV
RépondreSupprimerOui, j'ai vu cette toile dans votre billet concernant le premier tome. Mais je n'avais pas encore fait le lien. Merci. Ce billet est très profond qui parle beaucoup d'elle. Dans celui-ci son art est mis en valeur.
RépondreSupprimerCes deux femmes diminuées physiquement ont développé une créativité extraordinaire.
Je pense aussi à Joë Bousquet cloué dans son lit après une terrible blessure et qui laisse des livres que j'ai beaucoup aimés. Le meneur de lune, Lettres à Poisson d'or...
Parfois les aléas de la vie développent la créativité comme un bol d'air... C'est magnifique.
Un sacré libertin Gustave Courbet.
RépondreSupprimerEh oui... ses corps de femmes sont magnifiques. Il peint ce qu'il voit, les nus en vrai. Ici, elles dorment.... Ailleurs elles se baignent... Il y a aussi sa correspondance érotique échangée de novembre 1872 à avril 1873 avec Mathilde Carly de Svazzema, dame de la "bonne société parisienne", malheureuse et abandonnée par son mari. . Lettres pleines de fantasmes.
RépondreSupprimerEnfin il a laissé tant de merveilles. Mes préférées les vues de Paris, les portraits. Il avait le goût de l'interdit, du secret. Il était assez sombre, fatigué, pessimiste.
Mais quel artiste. Que de beauté....
Non, pas Paris, ça c'est Degas. Lui c'est plutôt Ornan, la côte normande, les forêts. Il s'est exilé en Suisse suite à la Commune de Paris. Il a eu pas mal d'ennuis, après....
RépondreSupprimerCeci dit, même si les proportions sont justes, je préfère "Le sommeil" peint par Courbet que cette réplique d'Emil Ferris dont notre ami Soleil vert restitue la reproduction. Je trouve qu'elle est beaucoup plus convaincante dans les portraits figurant sur la page.
RépondreSupprimerCourbet c'est un pinceau qui vibre sur la toile jusqu'à toucher par les couleurs et le travail délicat du pinceau cette chair laiteuse et douce où se pose la lumière.
Le Sommeil, peint comme les Demoiselles des Bords de Seine, pour le même commanditaire, l’ambassadeur d’ Égypte en France, grand amateur de beautés parisiennes, dont certaine « Vénus qu’ Ali pige » garde le souvenir. Difficile de faire oublier que Courbet fut aussi le peintre du Second Empire. Ce qu’en fait Ferris pour le Sommeil est carrément calamiteux. MC
RépondreSupprimerOn peut même se demander si l’album vaut la peine d’être lu…. MC
RépondreSupprimerLe sommeil / Gustave Courbet
RépondreSupprimerhttps://www.petitpalais.paris.fr/oeuvre/le-sommeil
"On peut même se demander si l’album vaut la peine d’être lu…. MC"
RépondreSupprimerDites, parler d'ouvrages que vous n'avez pas lu, ça devient une habitude, non ?
Réponse méritée !
SupprimerJe reviens au film , "Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles" de Chantal Ackermann.
RépondreSupprimerIl fait son chemin dans ma mémoire récente.
Il est construit sur la répétition. La vie quotidienne faite de répétitions. Mêmes gestes, mêmes enchaînements, souvent, dans nos vies.
Je me souviens avoir ressenti le même étouffement quand j'observais les rites minutés des communautés monacales. Rites sans lesquels tout se serait écroulé pour chaque moniale.
Donc, Chantal Ackermann filme la faille sur trois jours. L'héroïne est déstabilisée par des imprévus la renvoyant aux choix qu'elle a désappris à faire. Elle trouvait son équilibre précaire dans cette répétition qu'elle traversait en automate : se lever, aérer, préparer le petit déjeuner, courses, cuisine, passes dans la chambre - porte fermée pour les spectateurs -, toilette méticuleuse, retour du fils, etc. Tout pour séparer ses deux vies par une cloison étanche .
Puis les lumières se dérèglent. Elle oublie d'éteindre ou d'allumer, de poser le couvercle sur la soupiere- tirelire.
Et le pire, le ressentiment tabou : vivre un instant de plaisir lors d'une passe. Ce qui laisse à penser que là aussi elle se faisait automate, sans aucun plaisir physique, une activité brève suivie du jet de la serviette au panier et de la toilette méticuleuse de son corps et le récurage de la baignoire. Effacer....
Très peu de paroles. Le claquement des talons sur le sol, un visage inexpressif. Sacré jeu de Delphine Seyrig, parfaite dans sa composition. Une actrice qui a traversé le cinéma comme un fantôme....
Presque un film muet. Étrange.
Et là, Soleil vert, vous nous présentez une femme qui dessine abondamment avec des stylos au point d'en faire sa vie, la justification de sa vie. Au point d'insister auprès des éditeurs car elle veut partager ces dessins avec des lecteurs. Si l'histoire est mince c'est certainement qu'elle est un prétexte pour faire livre. L'histoire importante c'est son regard et cette répétition : faire écho par le dessin à tout ce qui l'habite, mémoire, observation et fantasmes.
Même si son rendu de toiles célèbres est insatisfaisant, il a le mérite de pointer le temps qu'elle a passé devant chaque tableau, comment elle greffe ce regard dans son histoire. C'est aussi son combat pour surmonter son handicap.
Oui, MC est incorrigible... comme s'il ne pouvait s'attarder que sur les livres qu'il a choisis. Très prudent avec les autres. Là, son allergie au croquis du "sommeil" de Courbet par Emil Ferris lui coupe l'envie de découvrir le livre.
Je me souviens d'amateurs, enfants ou adultes , carnet à la main, croquant dans les musées pour s'approprier une toile, sa construction, son mystère. Bien sûr que c'est souvent voué à l'échec pour un observateur extérieur mais pas pour celui qui , dessinant, fixe en sa mémoire un trait, une courbe, une composition.
De grands artistes se sont essayés à cette pratique avec le génie de se détacher du modèle pour y mettre leurs variations des expos sont offertes sur ce thème.
Continuez, Soleil vert. J'aime votre constance, votre "carnet de croquis" que sont vos billets, votre générosité : les offrir sans contrepartie.
Fin du road-movie entre Ackermann, et Emil Ferris. Je retrouve au Carsac du billet précédent.
Merci pour tout.
Je répondrais , SV, que, ainsi résumée, cette mythologie est bien trop américaine tendance idoles en voie de décomposition, pour me plaire, et que je ne vois pas l’intérêt de suivre cette héroïne .Ni de la faire figurer ici. Ce qui n’engage que moi, en effet…
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RépondreSupprimerCe n’était pas le cas?
RépondreSupprimerChristiane , il y a des copistes professionnels.
RépondreSupprimerOui, je sais. J'ai eu l'occasion d'observer longuement les travaux de l'un d'entre eux qui avait sa place réservée au Louvre, y posait son chevalet, s'aidant à l'occasion du zoom de son smartphone. Le résultat était tellement troublant qu'il vendait très bien ses copies en toute clarté.
SupprimerEh bien, je n'ai jamais été convaincue par ce travail où il manquait l'âme et la touche du peintre dont il tentait de capter le secret. C'était moins bon qu'une photo pour approcher l'oeuvre originale. Appliqué , mais sans esprit créatif de la part de ce copiste
Ici, c'est différent, semble-t-il c'est une femme, Emil Ferris, qui s'exprime par le dessin, jouant sur les stries superposées de ses stylos. Elle semble dessiner tout son monde virtuel ou réel. Les tableaux croqués au passage ne sont qu'une halte sur le chemin de sa fiction. Les petits portraits en noir et blanc, en haut à gauche, sont très intéressants ainsi que la façon dont elle amène les fonds obscurs. Même technique que la taille douce : croiser et superposer les traits pour creuser l'ombre. Rembrandt était fameux dans cet exercice.
Je ne crois pas du tout qu'elle cherche la ressemblance. Elle s'exprime surtout par ses dessins, l'écriture semblant un lien entre eux. J'ai hâte de vérifier par moi-même. Je crois que ce roman graphique réserve des surprises.
Relu Barbey: « Une Histoire sans nom »
RépondreSupprimerCe lien permet de découvrir d'autres regards sur cette artiste, tous positifs.
RépondreSupprimerhttps://www.galeriemartel.com/artistes/emil-ferris/
"Foisonnante épopée psychique, grand récit sur les émotions, les troubles de l’identité et les pouvoirs de l’imagination."
RépondreSupprimer(L’Express)
Ce regard sur son livre , "Moi ce que j'aime c'est les monstres", semble se poser sur une oeuvre qui serait l'équivalent d'un Journal intime.
Voilà, j'ai feuilleté le livre chez mon libraire. Premières impressions : c'est bien une sorte de Journal... d'une femme qui a un imaginaire inquiet, tourmenté.
RépondreSupprimerLes dessins fort nombreux ne m'ont pas emballée sauf quelques plans, hors personnages, sur des paysages citadins, des mains, des chaussures, des cheveux, des nuages. Ses personnages sont souvent distordus, menaçants, très laids et ceux qu'elle aime ne sont pas très réussis.
Les tableaux qu'elle visite sont peu nombreux. Bien aimé son esquisse d'une gravure de Goya.
Le texte par contre mériterait d'être lu sans les dessins. Il y a là une exploration psychique digne du monde de Goya, de Spiderman aussi. Des cauchemars dont celui qui remonte à la Shoah. Toute la cruauté du monde est au rendez-vous.
Mais le livre est cher et je n'ai pas envie de pénétrer dans cet univers horrifique.
Le titre reste énigmatique...
Merci, Soleil vert de m'avoir permis de découvrir l'univers d'Emil Ferris. Je comprends que beaucoup aiment son univers, comme un reflet de tout le mal et la souffrance qui peuvent hanter les humains.
Je retourne au roman de Carsac.
Si vous aimez la manière noire, Christiane, ce Barbey la devrait vous ravir…
RépondreSupprimerNon, pas Spiderman mais Spiegelman ! Ayant une grande difficulté à communiquer, Art Spiegelman entreprend l’écriture de la vie des siens dans un roman graphique, Maus. Époustouflant. Grande expo à Beaubourg.
RépondreSupprimer(C'est compliqué de relire le commentaire avant son éventuelle mise en ligne avec la modération car il disparaît dès qu'on l'envoie et la correction automatique du smartphone peut changer certains noms pour inscrire des noms plus connus....
Pour Art Spiegelman, "Les personnages sont incarnés par des animaux qui diffèrent selon la nationalité, ou comme disait Hitler, selon la «race». Les juifs sont représentés en souris, les Allemands en chats et les Polonais en cochons. L’acharnement des Allemands contre le peuple juif, est donc symbolisé dans Maus par l’incontournable poursuite entre le chat et la souris.
RépondreSupprimerLes dessins sont sobres. Les deux tomes sont en noir et blanc les hachures et les gris ont un rôle narratif important."
(Mémorial de la Shoah)
Son influence dans les derniers chapitres du roman graphique d'Emil Ferris est perceptible.
Dans les nouvelles de Barbey d'Aurevilly ,les femmes sont souvent dangereuses, voire maléfiques envers les hommes . Leur féminité est ambiguë. "La vieille maîtresse" est un récit noir, sombre. Les nouvelles réunies dans "Les Diaboliques" sont effrayantes.
RépondreSupprimerÉcriture techniquement virtuose mais quel univers...
Non, je n'aime pas "la manière noire" en écriture, seulement en art..
Je cherchais juste par le dessin à comprendre pour quelles raisons les noirs et blancs d'Art Spiegelman attiraient mon regard et pour quelles autres raisons je prenais mes distances envers les dessins d'Emil Ferris.
Je préfère le noir et blanc dans le dessin, ce qui me rappelle la gravure.
La couleur me fascine quand elle est œuvre de peintre que ce soit aquarelle, huiles, acrylique, pastels. Le trait est alors secondaire comme dans la nature. L'œil se déplace d'une zone d'ombre à une surface colorée travaillée par la lumière et la frontière est douce, sensuelle, presque à deviner comme dans la toile de Courbet s'attardant sur les deux endormies.
Il faut un Matisse pour faire cohabiter couleur et trait. C'est très rare.
Mais je m'égare... Si vous me branchez sur l'art, on en n'a pas fini....
Bien amicalement.
Une autre difficulté m'a empêché d'aller plus avant dans le roman graphique d'Emil Ferris, c'est le texte saturant les pages au point d'étouffer la lectrice que je suis. Un texte malmené par les bulles de la BD, qui oblige l'œil à chercher les mots dans tous les sens avec souvent une trop grande importance de dialogues sans lien.
RépondreSupprimerJ'ai un besoin vital d'une langue écrite classique avec la forme de la prose ou de la poésie versifiée. Ici, je fatigue.
De plus les nombreux dessins collant à ces bribes de texte ôtent toute espérance du vide, du blanc de la page.
Par contre j'ai apprécié ce qu'elle fait des tableaux choisis. Elle les intègre à son histoire, s'en écarte, les déforme, en fait une motivation pour les inclure à ses fantasmes assez violents.
Seuls les romans graphiques japonais que Soleil vert nous a présentés, m'ont comblée avec leurs dessins purs, jamais surchargés, les grands vide dans les pages, très peu de texte. Beauté spirituelle des personnages choisis, délicate présence de la nature. Un bain de philosophie, une retenue dans le dessin.
Un Prêtre marié est aussi un roman gothique, mais qui tient debout. Une Histoire sans Nom tient plutôt du bouquin janséniste…,avec rétablissement acrobatique à la fin Mais. Dans les deux cas, c’est la femme qui est en danger, et ne s’en sort pas. Oui j’entendais le terme de manière noire au sens artistique.
RépondreSupprimerOui, MC, comme les espaces de Nagakami générés par la peinture, loin des émotions exaltées.. Des flux de matière sans dessin préalable. Des fonds d'ombres faits de vagues successives. Il ne dépend pas de la représentation du monde, lui le solitaire. Comme Mark Rothko... Leurs toiles engloutissent le spectateur dans des espaces emplis de lumière intérieure.
SupprimerJino Taguenushi / Furari, par exemple.
RépondreSupprimerUn des plus beaux mangas que j'aie eu entre les mains. Inoubliable billet de Soleil vert.
https://soleilgreen.blogspot.com/2023/09/furari.html
Jiro Taniguchi....
RépondreSupprimerJe compare ces deux modes d'expression, ce roman graphique et les romans et nouvelles sans images. L'art de la BD - sauf exemple donné avec Taniguchi- , propose une surabondance d'images empêchant les yeux du lecteur d'imaginer les images nées du texte. Une métamorphose, un secret caché dans l'écriture. L'inverse me plaît également : le silence des œuvres d'art que nous aimons et la parole intérieure qui en naît dans un va-et-vient fantasmatique de l'extérieur vers l'intérieur de soi.
RépondreSupprimerJ'ai ainsi suivi ce que Tinkar, le personnage de Carsac dans "Pour patrie l'espace", voyait avec ces premières lignes : "Tinkar tombait entre les étoiles. Partout autour de lui, au-dessus, sous lui, l'infini, leurs points lumineux brillaient, impassibles. Il tournoyait en tombant et voyait passer la Voie lactée comme une zone de feu glacé."
Les yeux du promeneur qui traverse une exposition ou un texte doivent conserver leur pleine liberté. Un enchantement. La trace d'une absence...
Carsac, l'homme des grottes dort de ces lieux d'enfermement pour lever les yeux vers la profondeur infinie du ciel, la nuit. Un souffle qui anime ses fictions. Lui aussi laissé une trace sur la paroi du monde, la trace de son absence dans un avenir lointain.
sort(dort) - laisse
RépondreSupprimer« Depuis quatre mille ans il tombait dans l’abîme »…
RépondreSupprimerBien dury, Hugo et La chute de Satan....
Supprimersûr !
SupprimerC'est pénible cette modération qui empêche de relire un commentaire envoyé. En avez-vous vraiment besoin, Soleil vert ? C'était mieux avant et plus rapide....
Si c'est pour les rejets de MC, ce n'est pas grave. On le connait avec ce réflexe d'éloigner une oeuvre qu'il n'a pas lue. Mais il a aussi une présence sympa, hors contexte. C'est un baladin.... Un taquin... Un pas méchant mais un entêté. Que voulez-vous, il est ...Breton. Je vous parle en connaissance de cause, ma mère était bretonne. Je l'adorais mais elle commençait toujours par dire non. Cela nous faisait sourire.
SupprimerJe profite de ce temps de latence pour lire l'autobiographie de Claude Lanzmann, "Le lièvre de Patagonie". Merveilleux livre qui me fait traverser toute une vie, les soubresauts de l'Histoire et la grande passion qui l'unit au Castor pendant sept ans. Merci à Bloom (RdL) qui m'a conseillé cette lecture.
RépondreSupprimerEuh, il arrive aussi que je les ai lues et que je les éloigne…ou que je les lache en cours de route. Supporteriez-vous l’Homme Sans Qualité?
RépondreSupprimerQuelle question originale ! Ah, Musil...
RépondreSupprimerL'homme du possible ou l'homme du réel ? Il semble que Soleil vert opte pour l'homme du possible en choisissant les romans et nouvelles qu'il présente.
RépondreSupprimerMais vous-même n'êtes pas vraiment l'homme du réel....
Dans les lectures de Soleil vert je decouvre à chaque fois une modification du rapport au monde à travers ces personnages, ces histoires ainsi qu’une variation des séparations, des limites qui sont actuellement dans notre quotidien..
RépondreSupprimerCher MC., vous intervenez sur ce blog, avec, souvent un ton ironique, voire sarcastique, mais parfois aussi avec la sagesse, le sérieux que vous apportent le recul et la connaissance de l’Histoire, de vos recherches, de vos lectures. Vous n'êtes pas ordinaire et pas toujours facile à comprendre !
RépondreSupprimerMais comme j'apprécie les interventions des visiteurs de Soleil vert dont les vôtres et plus que tout celles de Soleil vert.
Peut-on décrypter la probable faillite de la culture européenne, et l'annonce du chaos à venir ?
RépondreSupprimerDans un de ses livres, René Char écrit ces lignes :
"Cette part jamais fixée, en nous sommeillante, d'où jaillira demain le multiple.
Insouciants, nous exaltons et contrecarons la nature et les hommes.
Cependant, terreur, au-dessus de notre tête, le soleil entre dans le signe de ses ennemis.
La lutte contre la cruauté profane, sera-t-elle notre novation ?
Au soleil d'hiver quelques fagots noués et la flamme au mur.
Terre où je m'endors, espace où je m'éveille, qui viendra quand vous ne serez plus là ?"
Ne lit-on pas une invitation à ouvrir des livres de fiction ou de poésie, des essais philosophiques aussi ?
Il a bien mis 2 r à contrecarons. Je n'en ai mis qu'un seul et là ce n'est pas la correction automatique du smartphone. Je ne connaissais pas la racine de ce mot ancien.
SupprimerSoleil vert, à propos des fictions de Carsac, évoque justement un poème d'Arthur Rimbaud. Ce poète n'a-t-il pas posé des questions fondamentales liées à l'incertitude de la vie humaine ? N'a-t-il pas pressenti, exploré un ordre futur possible dans ses sombres illuminations ? Une quête juvénile de l'absolu... On l'a dit poète "voyant"...
RépondreSupprimerLe lit du temps coule dans leurs rêveries et dans nos lectures....
C'est bien, à nouveau, le rythme réactif et rapide de l'apparition des commentaires. Merci, soleil vertt.
RépondreSupprimerSoleil vert
SupprimerVous ne trouvez pas , Christiane , que ces prédictions chariennes ont un petit air de voyant de foire du trône? Il ne manque plus que Philippulus: « le châtiment ahah! Le Châtiment! » Merci de ce moment , fort comique malgré lui! MC
RépondreSupprimerJe me moque de ce que vous appelez les prédictions. J'ai surtout noté les thèmes que l'on retrouve dans les romans de SF :
Supprimerle multiple qui jaillit des rêveries - la terreur liée au soleil, le feu , la sécheresse ou l'inverse, la nuit, le froid, puis : "qui viendra quand vous ne serez plus là ?" Thème de presque toutes les fictions SF avec les entités mi-humaines, mi- IA...
Si j'avais voulu la beauté de ses poèmes ce n'est pas dans ce recueil que je l'aurais trouvé mais dans : Le poème pulvérisé, ou, Feuillets d'Hypnos, ou, Seuls demeurent, ou, Retour amont....
Pour le "châtiment", voir Hugo.
Vous êtes lourd parfois... Passons !
Pas faux. Char, - pourtant j'ai un Pléiade - me gonfle un peu désormais. En réaction j'ai relu ému, "une soirée perdue" d'Alfred de Musset où se trouvent, enchâssés, deux vers admirables d'André Chénier. SV
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerJe reviens à Emil Ferris et surtout au premier tome de cette fiction et ce billet qu'alors vous avez ecrit.
RépondreSupprimerUn passage retient mon attention : "se faufilant entre les images, un texte, des dialogues, une histoire habilement menée qui fait la part belle à l’imaginaire et au quotidien de Karen. La jeune fille dévore les revues d’horreur et endosse le personnage d’un loup-garou, peuplant le monde réel de monstres issus de ses lectures ou de ses songes. Le thème de la monstruosité prend aussi chez Ferris une autre dimension, celui du rapport de l’artiste à son corps qu’avait si cruellement représenté Frida Kahlo."
Brusquement me vient une impression : et si ce malaise que j'ai ressenti, venait de quelque chose de monstrueux qui émane de ces dessins, de la mise en page, du texte sombre que j'ai lu par bribes. Si ces deux livres étaient l'expression de cette rage, de cette aversion qu'elle éprouve pour son corps, pour sa jeunesse difficile dans cet appartement triste, pour la société...
Vous évoquez aussi le "palais du facteur Cheval", construction qui m'a toujours mise mal à l'aise à cause de cette surcharge, de cette saturation de formes tarabiscotées.
Tout cela, ressenti comme une anxiété , en tournant les pages de "Moi ce que j'aime c'est les monstres", chez ce libraire
Je lie ce presque dégoût de la vie à une exposition vue en 2020 au Centre Pompidou. C'était découvrir la création de Francis Bacon. Surtout les toiles postérieures au suicide de son amant Georges Dyer. Leur relation était violente et sa peinture s'en ressent. Surtout , ce triptyque inspiré de l'Orestie, "Eschyle" et les toiles qui suivirent. Un peintre autodidacte brutalisé par son père quand il était enfant. Il peint des visages hurlants, des scènes d'épouvante,, des spectres, des squelettes, des corps sanglants, déchiquetés, convulsés. Le cri, la souffrance humaine... Une expo assez éprouvante... Toiles maîtrisées , superbes mais tragiques. Lui aussi peint le drame de l'existence, l'importance du corps et de la chair dans un réalisme âpre et brutal.
Des artistes de la mémoire qui scrutent la vie et mettent à nu l'horreur qui s'y cache. Des regards sans concession.
J'ai évoqué René Char car Rose (RdL) l'évoquait sous le dernier billet de Passou, comme Jazzi qui évoque admirablement Aragon m'a fait penser à cette expo de Francis Bacon.
RépondreSupprimerLe rire de MC ne m'étonne pas. Il a déjà retenti quand je citais Char. Et voilà, SV, que vous aussi ressentez un agacement. Je continue à bien aimer certains de ses poèmes, comme certains livres, Musil, pour "L'homme dans qualités"..... Ulrich.... (Merci, MC !)
Nous sommes constitués de tant de strates d'émotions, de lectures, d'oeuvres d'art longtemps contemplées ... comme Emil Ferris....
Nous naviguons, précaires, téméraires sur les rapides de la vie. Joie de vous lire tous les deux tels qu'en vous-mêmes.
Une Soirée perdue - Musset
RépondreSupprimer"J’étais seul, l’autre soir, au Théâtre-Français,
Ou presque seul ; l’auteur n’avait pas grand succès.
Ce n’était que Molière, et nous savons de reste
Que ce grand maladroit, qui fit un jour Alceste
Ignora le bel art de chatouiller l’esprit
Et de servir à point un dénoûment bien cuit.
Grâce à Dieu, nos auteurs ont changé de méthode,
Et nous aimons bien mieux quelque drame à la mode
Où l’intrigue, enlacée et roulée en feston,
Tourne comme un rébus autour d’un mirliton.
J’écoutais cependant cette simple harmonie,
Et comme le bon sens fait parler le génie.
J’admirais quel amour pour l’âpre vérité
Eut cet homme si fier en sa naïveté,
Quel grand et vrai savoir des choses de ce monde,
Quelle mâle gaîté, si triste et si profonde
Que, lorsqu’on vient d’en rire, on devrait en pleurer !
Et je me demandais : Est-ce assez d’admirer ?
Est-ce assez de venir, un soir, par aventure,
D’entendre au fond de l’âme un cri de la nature,
D’essuyer une larme, et de partir ainsi,
Quoi qu’on fasse d’ailleurs, sans en prendre souci ?
Enfoncé que j’étais dans cette rêverie,
Çà et là, toutefois, lorgnant la galerie,
Je vis que, devant moi, se balançait gaîment
Sous une tresse noire un cou svelte et charmant ;
Et, voyant cet ébène enchâssé dans l’ivoire,
Un vers d’André Chénier chanta dans ma mémoire,
Un vers presque inconnu, refrain inachevé,
Frais comme le hasard, moins écrit que rêvé.
J’osai m’en souvenir, même devant Molière ;
Sa grande ombre, à coup sûr, ne s’en offensa pas ;
Et, tout en écoutant, je murmurais tout bas,
Regardant cette enfant, qui ne s’en doutait guère :
« Sous votre aimable tête, un cou blanc, délicat,
Se plie, et de la neige effacerait l’éclat. »
Puis je songeais encore (ainsi va la pensée)
Que l’antique franchise, à ce point délaissée,
Avec notre finesse et notre esprit moqueur,
Ferait croire, après tout, que nous manquons de cœur ;
Que c’était une triste et honteuse misère
Que cette solitude à l’entour de Molière,
Et qu’il est pourtant temps, comme dit la chanson,
De sortir de ce siècle ou d’en avoir raison ;
Car à quoi comparer cette scène embourbée,
Et l’effroyable honte où la muse est tombée ?
La lâcheté nous bride, et les sots vont disant
Que, sous ce vieux soleil, tout est fait à présent ;
Comme si les travers de la famille humaine
Ne rajeunissaient pas chaque an, chaque semaine.
Notre siècle a ses mœurs, partant, sa vérité ;
Celui qui l’ose dire est toujours écouté.
Ah ! j’oserais parler, si je croyais bien dire,
J’oserais ramasser le fouet de la satire,
Et l’habiller de noir, cet homme aux rubans verts,
Qui se fâchait jadis pour quelques mauvais vers.
S’il rentrait aujourd’hui dans Paris, la grand’ville,
Il y trouverait mieux pour émouvoir sa bile
Qu’une méchante femme et qu’un méchant sonnet ;
Nous avons autre chose à mettre au cabinet.
Ô notre maître à tous ! Si ta tombe est fermée,
Laisse-moi dans ta cendre, un instant ranimée,
Trouver une étincelle, et je vais t’imiter !
J’en aurais fait assez si je puis le tenter.
Apprends-moi de quel ton, dans ta bouche hardie,
Parlait la vérité, ta seule passion,
Et, pour me faire entendre, à défaut du génie,
J’en aurai le courage et l’indignation !
Ainsi je caressais une folle chimère.
Devant moi cependant, à côté de sa mère,
L’enfant restait toujours, et le cou svelte et blanc
Sous les longs cheveux noirs se berçait mollement.
Le spectacle fini, la charmante inconnue
Se leva. Le beau cou, l’épaule à demi nue
Se voilèrent ; la main glissa dans le manchon ;
Et, lorsque je la vis au seuil de sa maison
S’enfuir, je m’aperçus que je l’avais suivie.
Hélas ! mon cher ami, c’est là toute ma vie.
Pendant que mon esprit cherchait sa volonté,
Mon corps savait la sienne et suivait la beauté ;
Et quand je m’éveillai de cette rêverie,
Il ne me restait plus que l’image chérie :
« Sous votre aimable tête, un cou blanc, délicat,
Se plie, et de la neige effacerait l’éclat. »
Juillet 1840.
Max Frisch le dit autrement et c'est beau, aussi.
RépondreSupprimer"J'adore ce qui me brûle" (traduit de l'allemand par Maurice Beerblock)- Gallimard
Page 127
"Tout était clair pour Reinhardt lorsqu'il était seul. "Qui suis-je ? Un homme de trente ans qui gagne tout juste de quoi vivre. C'est la moitié de ta vie, mon vieux, la moitié de ta vie ! Quand vas-tu t'éveiller et te mettre en route ? A quel âge vient-elle, mon Dieu, cette maturité que, lorsqu'on est jeune, on soupçonne avec tant d'envie chez les adultes ? Quand commence-t-elle, la vie véritable, profonde, essentielle ?" La moitié de son existence déjà derrière lui, un tas de toiles brûlées, carbonisées, parties en cendres, disparues, comme si elles n'avaient jamais existé. Aujourd'hui, quand il fait le compte de ses propres affaires, ne fût-ce que pour trouver quelque chose de vendable, que possède-t-il ? En quoi sa propre vie se distingue-t-elle d'une vague qui court à la surface de l'eau et n'y laisse aucune trace, étincellement fugitif , chatoiement d'un instant ? "Voilà comme j'ai vécu au-dessus du monde, sans accomplir la moindre action, sans rien produire qui me survive, sans pousser de racine dans une existence plus vaste et plus valable ! Un beau matin, couché dans son lit, on se frappe le front : Mon Dieu, voilà tout ce que je suis !"
Quoique l’annexion soit de bonne guerre, j’ai l’impression que Soleil Vert est plus de mon côté que du votre, Christiane, pour ce qui est des compétences chariennes….Acceptez que Char le gonfle, même si ce n’est qu’un peu. Moi, c’est beaucoup….comme disait mon cher Maître À Le Gallo : » encore un sur lequel on se fait beaucoup d’illusions !»
RépondreSupprimerBien sûr que j'accepte que vous n'aimiez pas l'écriture de Char. Figurez-vous que je l'ai découvert par ses études critiques et non par sa poésie.
SupprimerÉtudes critiques portant sur des ouvrages de littérature ou d'art ou de poésie. Puis par son amitié avec Albert Camus.
J'ai donc acquis le Pléiade qui contient bien des notes. J'ai découvert aussi sa poésie très inégale. Ai beaucoup aimé certains vers, certaines images pas le ton emphatique, pas les derniers recueils . Ce n'est pas mon poète de référence et de préférence mais je n'aime pas que l'on s'en moque - ce que vous avez fait avec un plaisir fou !
Cette citation n'était pas proposée comme illustrant sa poésie puisque j'avais ôté des vers inutiles à ma préoccupation. J'étais dans mon interrogation sur la science-fiction, sur la fiction et je trouvais trois échos dans ce texte à mes pensées.
Soleil vert c'est un autre chemin. Celui d'un poète qui m'importe plus que l'amateur de romans de science-fiction. Ainsi ce poème de Musset. Ce Misanthrope vu au Français, son lien secret avec Molière, cet éclat de bonheur sensuel découvrant la nuque d'une jeune femme, sa tristesse, celle qui était la sienne cette année-là. Je n'aime pas qu'il dise que Char le gonfle. Ce n'est pas une façon de parler d' un poète qu'il a aimé... autrefois.
Bon, nous n'allons pas passer le réveillon sur Char !
Bien à vous, garnement
https://fresnault-images.fr/fr/page-68083-la-visite-de-philippulus
RépondreSupprimerUne conférence qui pourrait vous étonner, MC, Philippulus, oui, mais celui de Tintin ( "L'étoile mystérieuse"). C'est délicieux !
https://www.citebd.org/neuvieme-art/le-heraut-de-la-fin-du-monde
RépondreSupprimerEt le voici en images ! Dans un espace qui évoque un roman graphique, c'est extra !
C'était donc ça votre commentaire ! J'adore ce Philippulus, vieillard barbichu qui annonce le châtiment en brandissant un index menaçant.
RépondreSupprimerAh c'est bien votre réaction. Donc vous avez lu Tintin. Je ne connais pas ce volume, L'étoile mystérieuse. C'est donc à cela que vous pensiez... Bien vu !
Christiane, l’Etoile Mystérieuse fait partie des incontournables, tant pour Philipullus que l’ Astéroïde , ou … la méchante Banque Bohlwinkel!!! Ce devait être mon deuxième Tintin, et je ne l’ai jamais oublié, et souvent relu!
RépondreSupprimerDans les incontournables, placer le Lotus Bleu et les Cigares du Pharaon, comme Tintin au Tibet! MC
RépondreSupprimerMerci, MC. Un livre à découvrir, surtout maintenant.
RépondreSupprimerTintin au Tibet, j'ai aimé, Le lotus bleu ? Pas lu....
Sur Marianne une critique élogieuse de la parution du nouveau livre d'Emil Ferris.
RépondreSupprimerhttps://www.marianne.net/culture/cultures-pop/moi-ce-que-jaime-cest-les-monstres-livre-deuxieme-cote-bd-le-manifeste-d-emancipation-d-emil-ferris
SupprimerSoleil vert dit: à
RépondreSupprimerInédits de Borges :
https://www.gallimard.fr/catalogue/textes-retrouves/9782073006592
Quelle bonne nouvelle ! Merci
Le Lotus Bleu et les Cigares forment diptyque…signalons la parution du dernier Politica ce Samedi, avec un article de votre serviteur sur un ixieme grimoire…Et les autres articles , qui ne déméritent pas! Thème du numéro ; Ésotérisme et Littérature…
RépondreSupprimer"L’enfer, c’est le ciel en creux", écrivait Barbey d’Aurevilly dans "Les Diaboliques".... Vertige....
RépondreSupprimer"Les natures au coeur sur la main ne se font pas l'idée des jouissances solitaires de l'hypocrisie, de ceux qui vivent et peuvent respirer la tête lacée dans un masque. Mais, quand on y pense, ne comprend-on pas que leurs sensations aient réellement la profondeur enflammée de l'enfer? Or, l'enfer, c'est le ciel en creux. Le mot diabolique ou divin, appliqué à l'intensité des jouissances, exprime la même chose, c'est-à-dire des sensations qui vont jusqu'au surnaturel."
SupprimerJ'ai un peu de mal à différencier mysticisme et ésotérisme. Barbey d'Aurevilly lisait Thérèse d'Avila....
Je pensais fort à ce rapprochement quand nous échangions sur La Chute de Satan. Ce Lucifer, ange de lumière déchu, puis cette plume blanche qui lui appartenait et qui, ne sombrant pas dans l'abîme, devient la lumière.
SupprimerIl y a une opposition, une symétrie , chez Hugo entre Dieu et Satan, l'un absorbant dans sa noirceur la lumière dont il est exilé. Et Dieu à la fin du poème déclarant : Qu'il vive.
Vous disiez à l'époque que Hugo était attiré par l'ésotérisme.
Et puis Sartre écrit que L'enfer c'est les autres. Qui est alors le Je du narrateur ? Se prend-il pour Dieu ?
Il y a longtemps, MC, que vous évoquez cette recherche, effectivement très liée pour vous à la littérature.
Quand j'étais à latelier- gravure et que j'encrais les plaques de cuivre, puis les essuyais, c'était dans les sillons du métal que l'encre attendait le "lin blanc" de la feuille pour y inscrire son empreinte sombre.
L'ésotérisme c'est un peu cela, de l'encre noire dans les blessures du cuivre... et des âmes.
Soleil vert va se demander vers quoi nous derivons... Heureusement c'est en fin d'un billet sur l'étrange amour d'Emil Ferris pour les monstres....
Et chez Stalker, Juan Asensio analyse Les Diaboliques de Barbey d'Aurevilly dans un long et splendide billet où j'ai relevé cet extrait :
Supprimer"Si Pierre Glaudes a parfaitement raison d'indiquer que, suivant une «logique paradoxale» à laquelle obéira du reste aussi Léon Bloy, c'est Satan qui garantit désormais «la permanence de Dieu», comme quelque «revers ténébreux d'une médaille dont l'avers a perdu son éclat», Dieu restant vivant «malgré son silence, malgré son retrait» (p. 17), il faut remarquer que, dans les deux cas, divin ou diabolique, c'est une forclusion du drame, infernal ou saint, secret dans les deux cas là encore, qui permet de révéler ce qui ne doit pas l'être, voire qui ne peut pas l'être."
https://www.juanasensio.com/archive/2020/11/21/les-diaboliques-de-barbey-d-aurevilly.html
SupprimerNon pas qu’il vive ! Mais qu’il soit autre: ce qui est considéré comme le dernier vers est emblématique du retournement exigé, et que , dans son chemin intérieur exclusivement voué au sommeil tant cherche, Satan atteint; « Satan est mort, renais, O Lucifer céleste ! » Il y a la moins antithese que retour aux origines. Je ne crois pas que le mysticisme de Barbey posant en lecteur de Thérèse soit sérieux. Mais il reçoit le royalisme commotione par la Révolution. En ce sens, le « Prêtre Marie », partiellement les Diaboliques, totalement l’Ensorcelee et une Histoire sans Nom l’intéressent beaucoup. La phrase dont Peladan tire orgueil, je vous vois très bien travaillant pour la Sainte Église Catholique et Romaine » peut être d’une vacherie sans nom…
RépondreSupprimerAh oui, j'ai confondu avec la libération de lange Liberté et ce "Va" qui clôt cette partie.
RépondreSupprimerDieu, selon Hugo, avait autorisé l’ange à descendre dans le gouffre près de Satan désespéré. Puis, il y a eu l'affrontement avec Isis-Lilith, la terrible , qui annonçait l’anéantissement de toute espérance humaine.
C'est alors que d’un mot, «Va», Satan autorisa l’ange liberté à remonter sur terre pour libérer les hommes de cette malédiction.
(Il faut croire que Hugo s'est trompé ! L'ange a dû se perdre en chemin....)
Je note le retournement que vous pointez. Hugo aime cette situation dans ses romans : Jean Valjean, Javert... Son idée de la Rédemption.
Mais la rédemption n'est pas un retour aux origines, plutôt une évolution positive sinon il n'y a plus de mouvement mais le cercle permanent de l'ouliboros.
ouroboros !
SupprimerJe vois que la présentation de votre intervention est résumée par : "Du bon usage d'une visionnaire dans la conversion des élites nobiliaires"
RépondreSupprimerCe qui semble lier vision et ésotérisme . Vous pouvez en dire plus ?
Est-ce la rencontre du secret et du sacré ?
RépondreSupprimerJ'ai terminé Le lièvre de Patagonie. C'était un formidable témoignage de vie de Claude Lanzmann. Triste et tragique à la fin quand la Shoah est le centre de ses souvenirs.
RépondreSupprimerAujourd'hui, une prison terrible et sanglante en Syrie a délivré ses prisonniers. On ne sait ce que cette armée de libération qui a fait fuir Bachar Al-Assad installera comme régime mais ces prisonniers civils torturés, avilis, enfin libres doivent avoir l'impression de revivre.
Ainsi les tortionnaires, les dictateurs chutent. C'est une bonne chose si les nouveaux dirigeants installent la paix pour leur peuple. Quel bouleversement historique !
L’Ange ne s’est pas perdu en chemin et Hugo ne s’est pas trompé. Ici devait prendre place la.,,,Prise de la Bastille dont seuls quelques vers sont écrits, avec, on le suppose, Liberté surgissant dans le Ciel parisien. Cet épisode Gancien et pompier n’a heureusement pas été écrit…Peut-être doublait-il l’affrontement Isis-Liberte. Les anciennes éditions présentent la Bastille dans le texte, pas la Poésie/Gallimard qui la repousse dans ses notes.., On peut donc se tromper.
RépondreSupprimerSe perdre en chemin... Je pensais, hors Hugo, à l'Histoire qui déroule ses sombres répétitions.
SupprimerNon, il ne s’agit pas d’ésotérisme mais d’un système de croyances mi-celtique mi-chrétien, note au premier degré, Quand la voyante déclare avoir souffert six heures dans un étang pour faciliter une naissance dans une illustre famille bretonne, il y a ici reprise du thème de la Banshee illustrée en Bretagne et en Irlande, C’est un thème de conte ( cf Le Braz) mais comment Maunoir le saurait-t-il? Enfin et surtout, il y a Jeanne des Anges et Loudun, qui servent de modèles écrasants à la petite, par l’intermédiaire de ses Confesseurs, Dire à « Joseph »; « vous n’avez pas de collet? Vous n’êtes pas Jésuite » montre qu’on a en tête un autre Joseph que celui de Bethleem, Joseph Surin , confesseur de Jeanne descAnges.Pas de savoir caché mais une mystique très traditionnelle….
RépondreSupprimerLes superstitions religieuses sont toujours bien vivaces. Elles viennent de si loin, ont un rapport avec le diable, le malheur. On brûlait les sorcières, on encensait les devins. Les pratiques restent ( le buis béni, le fer à cheval, la crainte d'un chat noir, la puissance de la lune, un trèfle à quatre feuilles, les grigris, les maléfices, les présages et prédictions, les mauvais sorts, etc...)
RépondreSupprimerC'est un monde souterrain qui croît là où règne le doute, la peur, l'irrationnel. Un monde de pratiques qui sert à manipuler les gens crédules. Un monde que je n'aime pas.
J'ai commencé un très beau roman de Miguel Bonnefoy, franco-vénézuélien , paru aux éditions Rivages. Grand Prix du roman de l'Académie française, 2024. Le rêve du jaguar.
RépondreSupprimerC'est l'histoire d'une vie. Une mendiante de Maracaibo, au Venezuela, recueille un nouveau-né sur les marchés d'une église. Élevé dans la misère il deviendra un des plus grands chirurgiens de son pays.
Son histoire ? Révélée dans un carnet que Cristobal, le dernier descendant de cette lignée, ouvre.
Les premières lignes :
"Au troisième jour de sa vie, Antonio Borjas Romero fut abandonné sur les marches d'une église...."
Et du prix Femina 2024.
SupprimerC'est l'histoire d'un homme qui ressemble à un conte mais aussi le récit de l'évolution du Venezuela. Un pays marqué marqué par la dictature, la démocratie, les coups d'État et les révolutions qui l'ont façonné. ..
SupprimerCroyances, apparitions, légendes, un conte luxuriant, une écriture trop riche mais généreuse. Envie de rêver , de faire confiance.
Supprimer"Dans mon enfance, ce mythe avait un nom : Antonio Borjas Romero. J'ai toujours entendu le récit du destin de mon grand-père, orphelin de la rue, gavroche et rufian, enfant de la misère et de l'ignorance, qui devint cardiologue et fondateur de la première université de Maracaibo, sauvant ainsi à la fois le cœur des hommes et celui de la connaissance", confie Miguel Bonnefoy.
Supprimer"Je ne connais rien aux romans, répondit-elle. Mais je sais que les paysans de Maracaibo sont persuadés que, dans toute portée de chats, il y a un jaguar. La mère, prudente, l’isole, le chasse, pour l’empêcher de dévorer les autres. Il grandit différemment. Il s’émancipe. Ce sont les bâtisseurs de cette ville. On est tous fils d’un rêve de jaguar. » p. 289
SupprimerJ’aimerais savoir pourquoi ce livre emprunte son titre à Lecomte de Lisle. Après vous êtes libre de ne pas aimer, mais vous vous condamnez à ne pas comprendre…,
RépondreSupprimerMC ce n'est pas que j'aime ou n'aime pas, c'est un monde, l'ésotérisme , qui me met mal à l'aise. Je crois l'avoir déjà écrit.
SupprimerCes croyances obscures, je m'en éloigné dès que les croise en littérature.
Cela ne met pas en doute l'estime que je porte à vos recherches en ce domaine des croyances en Bretagne. Je suis certaine que cette revue est de haute qualité mais elle ne répond pas à mes centres d'intérêt.
Quant au titre du livre, ce léopard prend une grande place dans les souvenirs de Miguel Bonnefoy. Ses ancêtres venezueliens, par sa mère, ont marqué l'enfant qu'il fut par cette légende, par ce grand-père et cette grand-mère tout à fait extraordinaires.
Borges aussi, dans ses nouvelles, inventé un léopard qui hante les visions d'un prisonnier.
Soleil vert nous annonce la sortie d'un nouveau recueil d'inédits de Borges :
https://www.gallimard.fr/catalogue/textes-retrouves/9782073006592
Voilà un imaginaire que j'aime.
Je ne vous ai pas dit de l’acheter! Et comment puis-je comprendre, de votre part, » un monde que je n’aime pas? » Vous croyez que je l’aime, moi?’!
RépondreSupprimerJe suis d’autre part étonné qu’un Jaguar soit assimilé à un Léopard, et qu’on ne dise pas: j’ai piqué mon titre à Lécomte de Lisle. Ce Femina est d’un sans gêne littéraire qui se pose la…
RépondreSupprimerhttps://www.nationalgeographic.fr/animaux/culture-generale-animaux-predateurs-jaguar-et-leopard-comment-les-differencier
RépondreSupprimerhttps://www.google.com/imgres?imgurl=https%3A%2F%2Fwww.monde-animal.fr%2Fwp-content%2Fuploads%2F2020%2F03%2Frecapitulatif-differences-jaguar-guepard-leopard-scaled.jpg&tbnid=d_aX_IK3tVvW5M&vet=1&imgrefurl=https%3A%2F%2Fwww.monde-animal.fr%2Fleopard-jaguar-guepard-differences%2F&docid=4jN-dOsy4GmWHM&w=2560&h=1493&source=sh%2Fx%2Fim%2Fm4%2F2&kgs=27755bb3e157ca68#vhid=d_aX_IK3tVvW5M&vssid=mosaic
RépondreSupprimerBon, moi je préfère les chats !
RépondreSupprimerhttps://www.cinematheque.fr/film/32627.html
RépondreSupprimerVous me donnez envie de revoir ce film loufoque et irrésistible : "L'impossible monsieur bébé" de Howard Hawks ( 1938 ) avec Katharine Hepburn, Cary Grant et Charles Ruggles.
Je lis de temps à autre un des soixante-dix articles des "Textes retrouvés" de Borges.
RépondreSupprimerPage 18 (longue méditation sur les croyances), je lis :
"(...) De sorte que si vous vous attachez aux mots de mon propos et que vous cherchez la manière de les retourner et de les réfuter, vous y parviendrez sans doute, et vous goûterez alors un amusant coup d'échec verbal et un bref délassement de l'esprit vous confirmant que votre dialectique d'homme qui lit est supérieure à la mienne (...). Mais si, délaissant les ruses de la joute orale, vous tâchez d'approfondir la substance de ce que j'affirme, vous sentirez l'édifice de la vie se fissurer et s'effondrer. ; les opinions les plus contraires ne se démentiront jamais ; l'Eternité ridée, tiendra tout entière dans le bref intervalle de l'actualité ; les formidables ombres théologiques s'évanouiront et l'espace infini sombrera dans son exorbitance d'étoiles "
( Écrit en 1922, publié en août 1922 dans le numéro 44 de la revue madrilène Cosmopolis, sous le titre " Le ciel bleu, c'est le ciel et il est bleu". Traduit par G. camenen). 6 pages de 12 à 18.
Ce texte m'intéresse qui évoque, ici et ailleurs, ces joutes écrites qui font le sel et l'usure de la patience des blogueurs....
On dit que le jaguar possède la capacité de se déplacer entre les mondes en raison de son aisance aussi bien dans les arbres que dans l'eau, de sa capacité à chasser aussi bien la nuit que le jour et de son habitude de dormir dans des grottes, des lieux souvent associés aux ancêtres décédés.
RépondreSupprimerLeconte de Lisle en a rêvé ...
"Sous les noirs acajous, les lianes en fleur,
Dans l'air lourd, immobile et saturé de mouches,
Pendent, et, s'enroulant en bas parmi les souches,
Bercent le perroquet splendide et querelleur,
L'araignée au dos jaune et les singes farouches.
C'est là que le tueur de boeufs et de chevaux,
Le long des vieux troncs morts à l'écorce moussue,
Sinistre et fatigué, revient à pas égaux.
Il va, frottant ses reins musculeux qu'il bossue ;
Et, du mufle béant par la soif alourdi,
Un souffle rauque et bref, d'une brusque secousse,
Trouble les grands lézards, chauds des feux de midi,
Dont la fuite étincelle à travers l'herbe rousse.
En un creux du bois sombre interdit au soleil
Il s'affaisse, allongé sur quelque roche plate ;
D'un large coup de langue il se lustre la patte ;
Il cligne ses yeux d'or hébétés de sommeil ;
Et, dans l'illusion de ses forces inertes,
Faisant mouvoir sa queue et frissonner ses flancs,
Il rêve qu'au milieu des plantations vertes,
Il enfonce d'un bond ses ongles ruisselants
Dans la chair des taureaux effarés et beuglants."
Leconte de Lisle n'est-il pas né à la Réunion, alors appelée île Bourbon ?
N'a-t-il pas passé son enfance dans l'Océan Indien ?
N'a-t-il pas voyagé en Orient ?
Rien d'étonnant, donc, s'il écrit, habité par les mythes de ces terres lointaines, Les Poèmes Barbares qui sont de grandes et splendides rêveries .
Rêveries proches de celles de Miguel Bonnefoy qui lui aussi, bien que né à Paris, ne cesse dans ses romans d'évoquer dans une langue chatoyante le Venezuela de sa lignée maternelle et la Colombie de son père.
Le bond du jaguar n'est-il pas celui de ses ancêtres nés dans la misère et se retrouvant par leur intelligence et leur courage au sommet de leurs rêves ?
Rectification : "Miguel Bonnefoy naît le 22 décembre 1986 à Paris, où sa mère, issue de la grande bourgeoisie de Maracay, est attachée culturelle à l’ambassade du Venezuela. Son père est quant à lui un romancier chilien. Il vit six ans à Paris avant de rejoindre le pays de sa mère (le Venezuela) puis de s’installer à Lisbonne.
RépondreSupprimerPassionné de théâtre, il poursuit ses études après l’obtention de son baccalauréat à la Sorbonne et obtient deux masters de littérature, le premier sur Louis Aragon et le second sur Romain Gary. "
Donc, Chili, pas Colombie !
https://youtu.be/i2W29Fmhjgs?si=73MgvG3aq_oXsbuj
RépondreSupprimerIci, dans La Grande librairie, Miguel Bonnefoy répond à votre question, MC : pourquoi ce titre "le rêve du jaguar' ?
Voyage en Orient, je ne crois pas. La mort du voyage caractérise les poètes parnassiens. On rêve sur ce qu’on ne voit pas ; le Jaguar, la Cordillère et le Condor…Ce n’est pas que tout soit reussi. Il est d’effroyables légendes nordiques par le même Lecomte. Mais il succède tout de même à Hugo.
RépondreSupprimerOn rêve sur ce qu'on ne voit pas.... Oui.
SupprimerJ’y jetterais un coup d’œil, mais je me méfie des fonds de tiroir qui vont engraisser Maria Kodama…
RépondreSupprimerMais elle est morte sans laisser de testament. Inquiétude pour le devenir de l'œuvre de Borges. Cinq neveux seraient apparus...
SupprimerAh? J’ignorais. La famille à la Sud-Américaine peut reserver des surprises…
RépondreSupprimerC’est pourquoi je me méfie de ce genre de textes…
RépondreSupprimerCes textes retrouvés ont été traduits de l'espagnol (Argentine) par Silvia Baron Supervielle et Gersende Camenen qui signent toutes deux une introduction et une postface éclairantes.
RépondreSupprimerG.C. précise que Borges a prononcé ou dicté ces textes entre 1922 et 1985. Que ce sont des articles publiés dans différents journaux et revues, essentiellement argentins ou des recensions d'ouvrages plus ou moins érudits, ou des critiques de livres, de films, ou des hommages rendus à des écrivains classiques ou contemporains, des préfaces aussi, quelques conférences.
Elle précise que ces textes ont paru çà et là mais qu'ils n'avaient jamais été rassemblés et traduits en français.
Elles ont choisi de les présenter par ordre chronologique.
Dans la postface, S.B.S. ajoute : " Un jour je reçus un message d'un libraire de Buenos Aires qui m'annonçait la parution de trois volumes de textes non recueillis de Borges initialement publiés entre 1919 et 1986. Il s'agissait de "Textos recobrados". Je les ai commandés et , dès les premières pages, j'ai reconnu ses titres. (...) Tous les "Textes retrouvés" possèdent une étonnante beauté. Dès que je me suis penchée sur eux, j'ai ressenti une puissante intensité, le monde de Borges est présent."
Bien sûr la lecture complète de cette présentation et de cette posface apportent bien d'autres précisions authentifiant l'origine et la valeur de ces textes.
Je viens de lire un autre texte dans cet ouvrage "l'énigme d'Ulysse".
RépondreSupprimerJe me posais des questions quant à la faute que Dante imputait à Ulysse pour en faire un condamné à errer sans fin dans le deuxième cercle noir de la Divine Comédie, le Purgatoire.. Une condamnation tellement mystérieuse... faisant de Dieu la Justice et non l'Amour. L'Ulysse de Dante est mystérieux. Son destin est tracé par le Fatum. Sa faute semble antérieure au premier acte qu'il commettra. Ou est-ce l'arrogance ? Ses mensonges ? Son audace ? Borges aime cette énigme
Ce texte publié en 1948 dans "Escritura", à Montevideo, traduit par Gersende Camenen, est étonnant. Où était la faute d'Ulysse ? Borges en fait un autre Achab, capitaine infortuné de "Moby Dick", à la destinée tragique. Borges écrit ne pas avoir trouvé la clef de l'énigme et souhaite qu'elle continue de l'être.
Une lecture aux ramifications infinies qui parle de destin.
Je reviens au "rêve du jaguar" par une page éblouissante (256).
RépondreSupprimer"Lire, ce n'est pas voyager. Les pages ont l'immobilité du métal et de l'agate. Cristobal s'attelait à ces royaumes pétrifiés, plongé dans leurs géométries d'encre et de grain, se perdant dans ses labyrinthes pour mieux se retrouver, (...) . C'est là que réside la fondation invariable des hommes, la part de refuge où se reposer du chaos, un havre sans départ ni exil. Les romans sont une île entourée de terre."
Très étonnant et tellement juste cette immobilité dans la lecture
Ce "Rêve du jaguar" de Miguel Bonnefoy est un roman magnifique autour d'une approche de la solitude d'un destin, celui du jaguar qui sur trois générations ne s'est trouvé que dans l'écart des siens, construisant une immobilité dans le tourbillon d'une vie et dans celle d'un pays.
RépondreSupprimerIl me rappelle un autre roman qui reste une énigme pour moi, "Niembsch ou l'immobilité" de Peter Härtling ( traduit de l'allemand par Bernard Lortholary) , paru au Seuil . Le destin de Nikolaus Niembsch, plus connu sous le nom de Lenau, né en 1802, mort en 1850, un grand poète romantique et solitaire qui sombra dans la démence. Lui aussi connu la tentation de l'immobilité dans une cascade d'aventures. Un savoir, hors du temps.