J.D. Salinger - L’Attrape-cœurs
- Pavillon Poche - Robert Laffont
« « La vie est un jeu, mon garçon. La Vie est un jeu
qu'on doit jouer selon les règles. »
«Oui, m'sieur. Je le sais. Je le sais bien. »
Un jeu, mes fesses. Quel jeu. Si vous vous mettez du côté où il y a tous les
coups intéressants, alors c'est un jeu, d'accord - je veux bien l'admettre.
Mais si vous êtes de l'autre côté, celui où il n'y a rien d'intéressant, à quoi
rime le jeu ? A rien. Il n'y a pas de jeu. »
Holden Caulfield vient de se faire éjecter à Noël du collège
Pencey Prep, une pension de Pennsylvanie. Il n’en n’est pas à son premier renvoi.
Les dés lancés à sa naissance n’ont pourtant pas été pipés : famille newyorkaise
aisée, un frère scénariste à Hollywood, Phoebe, une petite sœur adorée et un
cadet Allie, décédé prématurément, un deuil dont il ne s’est jamais remis. L’intelligence,
Holden n’en manque pas. Mais peu de choses retiennent son attention, hormis la
littérature par exemple. Il échoue par désintérêt ou parce que les sujets proposés
ne satisfont pas à ses grilles d’évaluation personnelle. Il n’a pas de
direction de vie, il a 16 ans, c’est un adolescent.
Il prend la décision de ne rentrer chez ses parents que quelques jours après la date de réception présumée du courrier d’exclusion de la pension. Ne supportant plus la présence sur place de deux de ses coturnes, dont l’un a le malheur de flirter avec un ancien amour secret, Holden fugue à New-York, errant dans les rues ou fréquentant des bars nocturnes, multipliant les rencontres et échappant par chance au pire.
Nul doute que J.D. Salinger a écrit le ou en tout cas un des romans
cultes de l’adolescence. Il doit son succès à ce personnage les pieds pris dans
le filet du monde des adultes, et à un style oral, un ton qui colle
parfaitement au bonhomme. Après Fante, avant Kerouac, cet écrivain aussi secret
que Pynchon, lançait son héros sur les chemins de la liberté, de l’imprévisible,
comme aussi il y a bien longtemps le Rimbaud de « Ma bohème ».
Quelle joie, ce blog ! Merci Soleil vert.
RépondreSupprimerJe vais acheter à nouveau le livre mais le souvenir d'une première lecture, il y a bien des années, me revient en lisant ce billet. Ce flot de paroles ininterrompu, à la première personne , adressé à un "vous" énigmatique. Ce langage parlé , cru, entrecoupé de jugements négatifs sur certains (presque tous) qui l'ont côtoyé , cet ennui de tout, cette insatisfaction, cette presque insensibilité, cette présence ténue mais omniprésente de la mort. Un adolescent qui sombre dans une déprime se manifestant par ce récit qui couvre ces trois jours de fugue. Un éclat terrible et sombre : le mort du petit frère. Une tendresse intacte pour la petite soeur Phobie. Un soupçon de pédophilie avec ce sommeil interrompu par la caresse du prof et la fuite, la fugue, le lointain. Un autre interne qui le harcèle. Une prostituée avec qui il parlera toute une nuit et son mac qui le frappera parce qu'ils refuse de payer plus. Un disque acheté pour ? qui tombera sur le trottoir et se brisera comme tout ce qui se brisera dans sa vie.
RépondreSupprimerOui, Rimbaud plane et ses "poings dans les poches crevées". D'autres poèmes aussi. Beaucoup de littérature. Il est dans la lecture plus que dans la vie. Une grande émotion me revient du passé, de cette première lecture où les jurons et langage cru, et la révolte étaient comme un sceau d'authenticité.
Et puis la fin, un peu triste, un renoncement à la bohème, le monde des psychiatres...
Voilà une belle suite à "Jeunesse" de Conrad. Deux récits (autobiographiques ?),qui laissent dans le cœur une blessure non cicatrisée, celui de nos jeunes années, de nos capitulations pour entrer dans le monde des adultes...
Quels beaux rendez-vous dans la bibliothèque de Soleil vert.
Phoebé
SupprimerMartine Silberg avait signé ce beau papier dans Le Monde, en 2010.
RépondreSupprimerhttps://www.lemonde.fr/disparitions/article/2010/01/28/le-mystere-attrape-coeurs_1298314_3382.html#:~:text=C%27est%20un%20livre%20culte,%2C%20leurs%20d%C3%A9sirs%2C%20leur%20r%C3%A9volte.
Je n’ai personnellement jamais réussi à sentir l’intérêt de cette œuvre, essentiellement americaine, donc je passe, MC
RépondreSupprimerPourtant cet Holden Caulfield n'a pas ému que des jeunes américains tout comme "Franny" et "Zooey" du même auteur.
RépondreSupprimerDes textes provoquants , émouvants traduisant (comme pour Peter Pan de Barrie) cette peur d'entrer dans le monde des adultes pour certains adolescents qui veulent aimer, être aimés et sont détestables pour se défendre d'être perdus et malheureux.
Le langage de Holden a découragé plus d'un lecteur sérieux tant il est émaillé de paroles crues, de marmonnements volontairement vulgaires mais quelle tristesse dans le coeur de ce grand enfant de seize ans, perdu, renvoyé de son collège, qui se met en danger dans les rues de New-York pendant cette fugue de crainte de retrouver ses parents.
Parfois j'ai pensé au ton de Meursault dans L'Etranger de Camus pour l'indifférence, la peur de l'amour, le refus de se justifier. Lui aussi est étranger à sa vie. Sauf à la fin. Je me souviens d'une chanson qu'il entend, chantée par un gosse des rues, qui parle de la rencontre des coeurs et qui le bouleverse. C'est là qu'il amorcera la fin de sa cavale et qu'il rentrera chez lui pour tenter d'aimer et d'être aimé .
Ce sont des contes symboliques...
Robert Kanters a écrit :
RépondreSupprimer"La place de ce livre, par le succès mais aussi par sa nature profonde, il me semble que c'est chez nous la place du "Grand Meaulnes", et J.D. Salinger pour l'instant est peut-être comme Alain-Fournier : l'auteur d'un grand livre pour l'histoire du coeur."
Et Claude Mauriac, lui, a écrit , à propos de "Franny" et "Zooey" : "J.D. Salinger : révélation d'un chef d'œuvre. Si vous voulez connaître ce qui se fait de plus fécond dans l'art romanesque, aux États-Unis mais aussi n'importe où au monde, lisez les "Nouvelles" de Salinger."
RépondreSupprimerUn petit morceau de "Franny" ( Nouvelle parue en 1955 dans le New-Yorker - "Zooey" l'a suivie de près en 1957) :
RépondreSupprimer"Ce que je sais, moi, c'est que je perds la tête", dit Franny. " Jen ai assez de l'ego, de l'ego, de l'ego. Du mien et de celui des autres. J'en ai assez de tous ceux qui veulent arriver à quelque chose, faire quelque chose de distingué, être intéressants. C'est écoeurant, écoeurant. Ce que les gens disent m'est egal. (...)
J'en ai marre. J'en ai marre de ne pas avoir le courage d'être quelqu'un de très ordinaire. J'en ai assez de tous les gens qui veulent se faire remarquer. "
Et maintenant, Zooey.
RépondreSupprimer"Encore un conseil : nous nous appelons Glass. (...)
Dans un instant, le jeune Glass, le plus jeune des garçons, apparaîtra devant vous en lisant une lettre très longue, lettre qui lui a été envoyée par l'ainé de ses frères encore vivant, Buddy Glass. (...)
A dix heures trente, un lundi matin de novembre 1955, Zooey Glass, un jeune homme de vingt-cinq ans, était assis dans une baignoire remplie à ras bords, et il y lisait une lettre vieille de quatre ans. C'était une lettre qui n'en finissait pas, dactylographiée sur plusieurs pages d'un papier pelure jaune, et Zooey parvenait difficilement à maintenir la lettre appuyée bien au sec sur ses genoux, les seules îles dans cette mer."
Ah, je retrouve ce passage mystérieux , si beau, si significatif , dans "L'attrape-cœurs", page 202.
RépondreSupprimer"Je suis pas très sûr que Phoebé comprenait de quoi je parlais, après tout c'est qu'une petite fille. Mais au moins elle écoutait. Si au moins quelqu'un écoute c'est déjà pas mal.
Elle a dit "Papa va te tuer. Il va te tuer."
Je faisais pas attention. Je pensais à quelque chose. Quelque chose de dingue. J'ai dit "Tu sais ce que je voudrais être ? Tu sais ce que je voudrais être si on me laissait choisir, bordel ?
- Quoi ? Dis pas de gros mots.
- Tu connais la chanson "Si un cœur attrape un cœur qui vient à travers les seigles ?" Je voudrais...
- C'est "Si un corps rencontré un corps qui vient à travers les seigles ." C'est un poème de Robert Burns.
- Je le sais bien que c'est un poème de Robert Burns."
Remarquez, elle avait raison (...) Depuis j'ai vérifié.
Là j'ai dit " Je croyais que c'était "Si un cœur attrape un cœur". Bon. Je me représente tous ces petits mômes qui jouent à je ne sais quoi dans le grand champ de seigle et tout. Des milliers de petits mômes et personne avec eux - je veux dire pas de grandes personnes - rien que moi. Et moi je suis planté au bord d'une saleté de falaise. Ce que j'ai à faire c'est attraper les mômes s'ils s'approchent trop près du bord. Je veux dire s'ils courent sans regarder où ils vont, moi je rapplique et je les attrape. C'est ce que je ferais toute la journée. Je serais juste l'attrape-cœurs et tout. D'accord, c'est dingue, mais c'est vraiment ce que je voudrais être. Seulement ça. D'accord, c'est dingue."
Et, page 245 :
"tous ces trucs que je viens de vous raconter. (...) Je regrette d'en avoir tellement parlé. Les gens dont j'ai parlé, ça fait comme s'ils me manquaient à présent, c'est tout ce que je sais. (...) Faut jamais rien raconter à personne. Si on le fait, tout le monde se met à vous manquer."
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Ça me chamboule comme dans les années soixante....
Et en plus on devine enfin qui est ce "vous".
RépondreSupprimerJe pense aussi à "La dernière bande" de Beckett. Ce vieux clown intellectuel, Krapp, et son enorme magnétophone où il écoute des bobines où il s’est enregistré durant plus de quarante ans à chaque anniversaire.
RépondreSupprimerUn homme face à sa vie.. grossier et coléreux. Comme Holden pourrait écouter ou lire ce morceau de sa vie.
Krapp cherche un souvenir de bonheur... Holden cherche un sens à sa vie...
Quand on a fini le livre, il faut le relire en imaginant cet adolescent dans le lieu d'où il parle. Les chapitres sont alors des rencontres programmées entre lui et celui ou celle qui lui donnant la parole le délivre peu à peu de son angoisse, de son mal de vivre, de son deuil. C'est pour cela qu'ils s'enchaînent comme une suite à peine interrompue. C'est pour cela qu'ils sont emplisde détails sans importance, d'apartés, de jurons il se libère par la parole.... Peut-être lit-on la transcription d'un enregistrement, d'un long monologue, d'un qui se souvient...Les autres lui manquent, bientôt il pourra les retrouver.
RépondreSupprimerOù étaient donc les canards quand le lac était gelé pour ne pas mourir ? Quelle main l'empêche de tomber de la falaise de sa dépression ? Quel coeur rencontre son cœur pour l'arracher au désespoir ? Très très beau secret.
Bon je suis à Orange. Requiem de Verdi par l'orchestre du Capitole de Toulouse avec le chœur de l'orféon Donostiarra ( Les Chorégies d'Orange). Un beau quatuor de solistes. Tugan Sokhiev dirige l'orchestre.
D'ailleurs, tout le texte du récit de Holden est au passé. Il raconte, longtemps après les faits. Les souvenirs surgissent de sa mémoire, un peu embrouillés sans qu'il puisse démêler l'important du banal
SupprimerIl se déverse sans vraiment lutter sauf à la fin quand il se raconte qu'il a beaucoup raconté, trop peut-être et qu'il est triste d'avoir laissé fuir ce passé car ils les aimait tous ces êtres malgré leurs défauts. Il connaît alors le manque, la solitude.
Dans le chapitre 24, Holden évoque cette longue écoute du professeur Antolini chez qui il a trouvé refuge avec un contraste saisissant entre cet homme qui a envie de parler, de lui parler de lui mais pas seulement et lui qui tombe de sommeil et qui n'a qu'une envie, celle de dormir.
Supprimer"tu découvriras que tu n'es pas le premier à être perturbé et même dégoûté par le comportement de l'être humain. (...) Bien des hommes ont été tout aussi troublés moralement et spirituellement que tu l'es en ce moment. Par chance, quelques uns ont écrit le récit de leurs troubles. Si tu le veux, tu apprendras beaucoup en les lisant. De même que d'autres, un jour, si tu as quelque-chose à offrir, d'autres apprendront en te lisant. C'est un merveilleux arrangement réciproque. (...)
Je sais pas si ça vous est déjà arrivé, mais c'est plutôt dur d'être assis là à attendre (...). Je vous jure. Je luttais pour pas bâiller. C'est pas que je le trouvais barbant - oh non - mais tout d'un coup j'avais tellement sommeil."
Ce décalage est magnifiquement écrit.
Et puis, il y a cette scène à laquelle on ne s'attendait pas, page 223.
RépondreSupprimer"Je me suis réveillé brusquement. Je savais pas quelle heure il était ni rien mais j'étais réveillé. Je sentais un truc sur la tête. Une main . La main d'un type. Ouah, ça m'a foutu une de ses frousses... Ce que c'était, c'était la main de Mr Antolini. Ce qu'il faisait, il était assis sur le parquet, juste à côté du divan, dans le noir et tout, et il me tripotait ou tapotait la tête . Ouah, je parierais que j'ai bondi à mille pieds d'altitude.
J'ai demandé "Bon Dieu, qu'est-ce que vous faites ?
- Rien. J'étais simplement assis là, admirant..."(...)
Je savais vraiment pas quoi dire. J'étais vachement embarrassé.
J'ai dit "De toute façon, faut que je m'en aille."
Quelques pages plus loin , il revient sur ce souvenir :
"je me posais la question de savoir si j'avais pas eu tort de croire qu'il qu'il me faisait des avances de pédé. Je me disais que peut-être c'était seulement qu'il aimait bien tapoter la tête des gars quand ils dorment. Ces choses-là, comment savoir ? On est jamais sûr. (...)
Je commençais à réfléchir que même s'il était pédé il avait été drôlement chouette. Je me répétais qu'il avait pas râlé que je l'appelle si tard et qu'il m'avait dit de venir tout de suite chez lui, et qu'il avait pris la peine de me donner des conseils pour trouver la forme de mon esprit et tout, (...). Plus j'y pensais plus je me sentais cafardeux et paumé."
Moui! Le Grand Maulnes qui n’est pas non plus dans mes romans préférés, me semble tout à coup avoir beaucoup d’allure,, comparé à ça…
RépondreSupprimerEt pourtant les indices sont là, dès les premières pages.
RépondreSupprimerLe livre est dédié à la mère de l'auteur...
Première page : " quand je sortirai d'ici, peut-être le mois prochain."
P.23. "enfin je fumais trop, parce que maintenant on m'a interdit."
P.18 . "J'avais seize ans à l'époque et maintenant j'en ai dix-sept."
Quand on a traversé tout le livre, on comprend où il est depuis un an et donc d'où vient cet écrit. Mais nulle précision sur qui l'écrit et pour quelles raisons. On ne sait si c'est un cahier ou Holden écrit jour après jour. Dans ce cas, des dates auraient pu figurer en haut de page. Ou si c'est un enregistrement transcrit. Le numéro des chapitres ne ressemble à rien. La première phrase de chaque chapitre pourrait suivre la dernière du chapitre précédent.
La première phrase du livre : "Si vous voulez vraiment que je vous dise, alors sûrement la première chose que vous allez demander c'est où je suis né et à quoi ça a ressemblé, ma saloperie d'enfance, et ce que faisaient les parents avant de m'avoir, et toutes ces conneries à la David Copperfield, mais j'ai pas envie de raconter et tout."
Le vous est-il le lecteur ? Mais non, on le sait maintenant...
Au fil des pages on décèle une belle intuition de sa part pour décrypter le monde adulte qui l'entoure. Il a l'art de fragiliser les doctes conseils d'un autre professeur par des remarques cocasses. Celui-ci en pleine conversation se décrotte le nez avec un doigt. Et Holden ajoute qu'il ne se gênait pas parce que c'était lui qui était là.
Mais il semble d'un calme imperturbable en racontant ce qu'il choisit de raconter de sa vie, ceux qui l'entouraient. Presque détaché.
Pour ceux qui ont connu des adolescents dans leur vie, enfants, élèves, voisins, la présence d'Holden, sa façon de penser, ce qui traverse cette narration en apartés est d'une vérité criante.
Nous souvenons-nous de notre adolescence, de nos révoltes, de nos jugements péremptoires, de nos rapports conflictuels avec certains adultes, de cette impression d'ennui, de solitude ?
C'est dommage de passer à côté de ce livre, de le mépriser. Mais chacun se rassure comme il peut....
Je ne suis pas passé à côté, Je n’ai pas aimé, c’est tout.
RépondreSupprimerA la différence d’un lectorat féminin pour qui cette œuvre semble être écrite. ( Pas vous, mes consœurs de l’époque!)
RépondreSupprimer"L’intérêt que nous éprouvons pour les personnages ne vient (…) pas de ce que nous y reconnaissons de nous-mêmes (…), mais de ce que nous y apprenons de nous-mêmes. (…) C’est la différence et non la ressemblance qui permet de se découvrir. Les personnages les plus intéressants sont ceux qui vont à l’encontre des dispositions supposées du lecteur." (Vincent Jouve -1992)
RépondreSupprimerCe livre, que vous n'aimez pas, que vous a-t-il appris sur vous-même ?
Jouve, Vincent. "L’effet-personnage dans le roman". PUF.
RépondreSupprimerLa réponse est simple : rien. Que peut-il y avoir de commun entre un produit unîtes strates et un post adolescent breton ? Rien, rigoureusement rien !
RépondreSupprimerUnited
RépondreSupprimerS’y ajoutait encore le bruit fait autour d livre par quelques demoiselles facilement pâmées. Je regrette, je peux dire à Sallinger « tu n’es pas chez moi! »
RépondreSupprimerEn d’autres termes, ni les mêmes valeurs, ni le même ressenti, tout juste une vague impression d’exotisme….MC
RépondreSupprimerEt je suis bien généreux…
RépondreSupprimerRien à faire avec ce consommateur de hamburger mal degrossi.
RépondreSupprimerChristiane, il me semble que vous citez V. Jouve "à faux" : " : je veux dire par là que ce passage ne dit pas vraiment ce que vous lui faites dire, qu'il ne peut vous servir de support dans votre différend avec MC qu'à condition d'en forcer le sens dans une direction qui ne reflète pas celle du livre.
RépondreSupprimerConnaissant l'ouvrage pour l'avoir pratiqué autrefois, j'avais le sentiment que quelque chose clochait ; c'est pourquoi j'ai pris la peine de rechercher le contexte de la citation (pas évident sans numéro de page ou au moins intitulé du chapitre).
Ce passage est en effet illustré par "l'identification parfaite" du lecteur "au personnage-narrateur de la gouvernante" dans la célèbre nouvelle de Henry James, Le Tour d'écrou : plutôt que de prendre le recul nécessaire pour "remettre en cause [son] point de vue sur l'histoire", "nous entrons dans la phobie et les névroses" de la jeune gouvernante — parce que les procédés narratifs, les "ruses du texte" nous y conduisent (du moins lors de la première lecture, "naïve").
Il ne s'agit donc pas d'une incitation à faire l'effort de lire des romans dont les protagonistes "ne sont pas notre genre" a priori, ni d'un retour à "la psychologie des personnages".
V. Jouve a beau réévaluer l'importance des personnages dans l'interaction texte/lecteur, au-delà du rôle purement fonctionnel auquel on a parfois voulu les réduire, sa démarche ne s'oppose pas au formalisme. On peut privilégier la réception et l'expérience concrète de la lecture (qui ne peut se passer d'illusion référentielle et donc aussi de "l'illusion de personne") sans pour autant oublier qu'il s'agit d'une construction du texte.
e.g.
Je signale au passage le chapitre consacré à L'Attrape-Cœur/The Catcher in the Rye dans l'ouvrage (grand public) de Patricia Meyer Spacks sur la relecture, On Rereading. L'auteur est une universitaire et critique américaine qui a lu ce roman (et l'a mis au programme des cours de littérature qu'elle donnait) au moment de sa parution et/ou juste après.
RépondreSupprimer"Je l'ai adoré lorsque je l'ai lu pour la première fois et je l'ai enseigné avec enthousiasme à Wellesley. Et je l'ai détesté quand je l'ai relu." Après avoir évoqué une collègue qu'elle avait jugée ridicule parce que celle-ci était choquée par les gros mots, elle ajoute : "En relisant le roman aujourd'hui, je suis consternée par la mauvaise qualité de la langue dans un sens tout à fait différent : le vocabulaire appauvri auquel Salinger se limite afin de se rapprocher de la diction d'un élève de prep school. Holden Cauldfield a de grandes idées mais une capacité d'expression limitée." Circonstance aggravante : comme il s'agit d'un récit à la première personne, nous sommes enfermés dans la conscience de Holden — une conscience qu'elle juge déplaisante.
Ce qui me paraît intéressant c'est qu'il s'agit d'un ré-examen perplexe d'un enthousiasme passé (sur le mode "mais qu'est-ce que je pouvais bien lui trouver à l'époque, à ce livre ?) et non d'une entreprise délibérée de démolition — et chez elle, l'étrangeté culturelle n'est pas en cause (contrairement à l'air du temps). (Je ne sais pas si cette plateforme accepte les textes en anglais, sinon je vous aurais recopié d'autres passages évoquant ses raisons d'alors et celles de maintenant.)
Pour ma part, et bien que femme (!), je n'ai pas du tout aimé ce roman lorsque je l'ai lu pour la 1ère et unique fois (en v.o., et jeune (à peine moins que le protagoniste), mais plus d'un 1/4 de siècle après sa parution) ; toutefois, peut-on parler (sérieusement) d'un roman qu'on n'a jamais relu ?
e.g.
P. Meyer Spacks évoque en même temps une autre lecture des années 50 qui a autant baissé dans son estime : Lucky Jim, de K. Amis (Amis père), très différente par le ton … et dont je garde un excellent souvenir (dans son genre). Un de ses arguments les réunit: elle identifie rétrospectivement une sympathie excessive et un peu "facile" pour les outsiders comme explication commune à son goût d'alors.
RépondreSupprimer(je ne voudrais pas que l'on pense que je cite Meyer Spacks uniquement quand ça m'arrange, quand elle va dans mon sens. Cela dit, je n'ai pas non plus relu Lucky Jim…)
Enfin, pour "faire passer" les choses autrement (choses qui m'importent) et faire rire tout le monde (à moins, évidemment, que je ne réussisse à fâcher tout le monde et rétablir l'unanimité contre moi), je m'étonne de l'échange ci-dessus : un peu comme une conversation où l'un dirait détester la chanson "Les lacs du Connemara" et l'autre s'indignerait : "Comment peut-on ne pas aimer l'Irlande ? C'est si beau l'Irlande."
Eh bien, MC. comme d'habitude quand vous n'aimez pas un livre vos arguments reviennent à dire que vous ne l'aimez pas. La liste est longue de vos detestations. Je pense que je ne réagirai plus à ces déclarations intempestives de votre part. Détestez à loisir. Que m'importe.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerLe roman de Salinger a été publié en 51 mais les premiers copyright remontent à 1945. D'où l'idée de recontextualiser. Cette écriture, crue, orale, au vocabulaire limité, tranche avec la littérature des Faulkner, Hemingway etc. C'est pourquoi je citais Kerouac, mais j'aurais pu évoquer la prose de Bukowski, peut-être celle de Burgess que je ne connais pas bien.
RépondreSupprimerC'est moderne ! Sur le propos on peut essayer effectivement de tisser un lien avec L'étranger
C'est intéressant, Soleil vert, de suivre le cheminement de votre pensée. Bukovski et Burgess, oui, je n'y avais pas pensé.
RépondreSupprimerLa date 1945 n'est pas anodine.
Peu à peu votre grille de lectures se complète, la science-fiction venant apporter les soubresauts d'auteurs tentant d'échapper au bourbier de l'Histoire, des guerres des atrocités, levant la tête vers le monde encore bien inconnu de l'espace dans lequel notre vaisseau-Terre est bien mal en point.
Dans "L'attrape-cœurs" ce qui m'a le plus saisie c'est le manque de confiance qu'Holden éprouvé vis-à-vis du monde des adultes dans lequel il évolue mais il veut aussi sortir de l'enfance. La fin du livre montre qu'il n'a pas vraiment changé d'attitude.
Les nouvelles "Franny" (1955) et "Zooey" (1957), les deux plus jeunes des sept enfants de la famille Glass , viennent compléterer ce regard que porte Salinger sur la vie, le suicide, la mort, cette époque-là.
Seymour, l'aîné s'est suicidé en Floride où il était en vacances avec sa femme. C'est ce suicide qui est évoqué dans la lettre que lit Zooey dans sa baignoire... Walt, un des jumeaux a été tué par une explosion accidentelle lorsqu'il était dans l'armée d'occupation au Japon.
Salinger est préoccupé par des personnages qui vont mal.
Salinger publia dans le New Yorker une autre nouvelle, «Un jour rêvé pour le poisson-banane», dans laquelle apparaissaient les personnages de la famille Glass, les sept enfants, que l'on retrouvera dans d’autres nouvelles.
RépondreSupprimerUne famille assez névrosée...
Je ne peux quand même pas faire semblant d ´aimer ce que vous idolâtrez. Il est de fait que l’exemplaire en question doit être en Bretagne. Il est aussi acquis que les compléments de l’anonyme(?) tuent deux de vos arguments. Je maintiens n’avoir rien à dire ( et pour cause!) devant ce roman, et les faciles liens tressés ci-dessus avec les pires écrivains de la Beat Génération ( plus des images, en fait , que des stylistes) me découragent d’y trouver quoi que ce soit d’intéressant. Je redis que je passe mon tour. MC
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SupprimerUn très intéressant dialogue entre Anthony Burgess et Bernard Pivot sur "L'orange mécanique". Dans ce roman, Burgess pose un problème capital : si pour lutter contre le Mal, l'État transforme le cerveau des délinquants pour les obliger à changer d'attitude, cela est-il éthique ? Cela est-il le bien ? Il pose le problème de la liberté de l'être humain, de ses choix, du Mal. Comment le discerner, le combattre ? Problème très actuel puisqu'il choisit de mettre en scène une bande de jeunes délinquants au comportement atroce. Lui aussi utilisé un langage particulier, une sorte d'argot parlé dans la bande.
RépondreSupprimerIl revient sur une erreur d'interprétation des spectateurs qui ont vu le film (Kubrick)adapté du roman et qui ne retiennent que la violence.
https://fresques.ina.fr/europe-des-cultures-fr/fiche-media/Europe00075/anthony-burgess.html
Par ailleurs, dans L'attrape-cœurs la violence n'est pas de même nature. Elle est ce qui empêche cet antihéros, Holden, de trouver des repères dans sa vie.
Pour Bukovski, j'avais consulté sa correspondance. Qu'était-ce écrire pour lui ? être un autre que soi tout en étant soi ?
RépondreSupprimerCe paradoxe semble être au centre de son questionnement quand on lit ses lettres où il tangue entre une détestation de soi, des pages écrites, des essais, des poèmes qui finissent détruits. Mais, dans ces mêmes lettres, on lit sa haine du monde.
En état d'ivresse, il fit une sortie remarquée sur le plateau d'Apostrophes...
Difficile à lire.. démoli par une enfance où il était brutalisé par son père et par l'alcool et autres stupéfiants.
L'écriture semble avoir été son refuge. Une écriture déréglée par un langage qui n'appartenait qu'à lui.
"Quand on boit, le monde est toujours dehors, mais en attendant il ne te tient pas à la gorge. Les gens me semblent bien plus intéressants quand je picole."
RépondreSupprimerCharles Bukowski.
Mais aussi, une autre visage de Bukowski dans ces lignes :
RépondreSupprimer"La tristesse est causée par. l'intelligence, plus on comprend certaines choses, plus. on souhaite ne pas les comprendre".
mon propos n'était pas spécialement de m' "infiltrer" dans votre échange, mais d'abord de rectifier ce qui m'apparaît comme un usage très désinvolte, peu scrupuleux, de la citation alors même qu'on l'utilise comme argument d'autorité.
RépondreSupprimerSalinger reste un auteur "culte" pour certains, alors que pour d'autres son œuvre a "mal vieilli" ; je pourrais résumer ainsi quelques arguments des déçus :
Et si la modernité lexicale ne suffisait pas à créer une véritable modernité de la forme ?
Et si les choix narratifs (d'un récit à la 1ère personne rédigé dans une langue se conformant aux caractéristiques de celle d'un adolescent) se révélaient trop coûteux, limitant la portée du roman ?
Et si nous avions été séduits par ce qui n'était que les oripeaux modernisés du pathos ?
Et si une partie de notre enthousiasme était dû au fait que le texte nous avait tendu un miroir flatteur (complaisant) en tant qu'interprètes capables de surmonter les limites de ce langage pauvre (le "traduire" en quelque sorte), de percevoir les allusions, de reconstituer l'implicite, deviner/inférer les traumatismes — mais aussi d'éprouver notre supériorité en ce domaine par comparaison avec les figures-repoussoirs contenues dans le texte (qui n'écoutent ou ne comprennent pas).
e.g.
Ce que j'ai cité est écrit dans son livre. La question que je pose ne correspond pas aux intentions troubles sur vous supposez. C'est vous qui êtes peu scrupuleux avec vos jugements péremptoires et votre étalage très embrouillé de thèses n'apportant rien à mon interrogation. Moi, au moins je cite des extraits des romans concernés. Vous, vous cherchez à parader avec une culture très mal assimilée. Ceci sera ma dernière réponse vous concernant. Je n'aime pas du tout votre état d'esprit et vos intrusions. Vous n'avez rien apporté à la lecture du roman proposé
RépondreSupprimerJe suppose que la colère vous empêche de lire clairement ce qui est écrit.
RépondreSupprimer— Parce que l'expression "citer “à faux”" pouvait prêter à confusion, j'avais explicité : "forcer le sens" du passage.
On pourrait aussi parler de "détournement de citation" — de la même façon que l'on peut faire dire à une "petite phrase", tirée d'un long entretien ou un discours, autre chose que ce qu'elle signifiait dans son contexte : cela ne signifie pas que la phrase a été inventée, ni que l'on a substitué un mot à un autre, mais qu'il y a eu glissement de sens, qu'elle n'est pas pertinente dans l'argumentation différente où elle a été transportée, qu'on lui fait jouer un autre rôle.
Il est fort possible que le détournement ait été involontaire, notamment si vous citez de seconde main (i.e. si vous avez extrait la citation non pas directement du livre de V. Jouve, mais d'un article qui citait ce passage (à bon ou à mauvais escient, seul(e) pourrait le dire qui a lu (et compris) les deux). Les "chaînes" ou "cascades" de citations, fréquentes dans certains types de travaux académiques, sont notoirement propices aux glissements de sens, pas plus excusables pour autant, notamment lorsqu'il y a utilisation d'un logiciel de type "reference manager").
Dans ce cas (citation de seconde main), 1) il est tout simple de le dire 2) la rectification reste néanmoins nécessaire (question de déontologie, qui dépasse de beaucoup nos deux petites personnes).
Si au contraire vous avez lu de près le livre de Jouve et choisi d'utiliser cette phrase en toute connaissance de cause, il vous sera facile de me fournir la référence complète, le type d'approche pratiqué dans la partie concernée, mais surtout de justifier sa pertinence dans votre argumentation. Si le point de vue se défend, je n'aurai aucun mal à le reconnaître.
e.g.
RépondreSupprimer— N'ayant pas le roman sous la main, étant occupée par d'autres lectures et ne me sentant pas obligée d'obéir aux diktats, je me suis contentée de résumer les arguments des "déçus" parce qu'ils me paraissent intéressants (par rapport à ce dont je me souviens de mes réactions) et certainement plus propres que de vagues souvenirs (je parle des miens) à stimuler ou relancer un débat véritablement littéraire.
— Ce qui m'amène au rapport entre ma plaisanterie (qui est tombée à plat) et la discussion en cours.
Pour être tout à fait juste d'ailleurs, il faudrait compléter l'échange absurde que j'avais imaginé à titre d'illustration (parce que je pensais que là, au moins, l'absurdité serait perceptible) — pardon de vous l'infliger une seconde fois :
A — Je déteste la chanson "Les lacs du Connemara"
B — Comment peut-on ne pas aimer l'Irlande ? C'est si beau l'Irlande.
A — Ah, non, ne m'agacez pas avec ça : j'ai bien le droit de préférer la Bretagne !
Il s'agissait de montrer, en grossissant le trait, que le thème d'une œuvre (ou d'une œuvrette) n'en faisait pas la valeur (ou la "réussite"). Tout dépend de ce qui en est fait : l'écriture, la construction
Ce n'est pas parce que "ça parle de" la difficulté de vivre à l'adolescence (même si la famille n'a pas de soucis financiers), des répercussions d'un suicide sur les proches, de l'incommunicabilité (ou, à ajouter maintenant en vrac : de la violence, de l'alcoolisme, du combat contre le Mal avec majuscule, de la difficulté d'écrire voire de la haine de soi) que la valeur ou la qualité de l'œuvre est directement indexée sur l'importance du problème (ou du sentiment ou de l'événement).
Chacun sait qu'il y a des livres piteux ou simplement quelconques qui s'attaquent pourtant à de grands et beaux thèmes, et inversement, des chefs-d'œuvres sur presque rien, ou rien d'apparemment remarquable ou mémorable ou "sérieux".
(Roméo et Juliette, ça parle d'amour, le roman de gare aussi. Le Roi Lear, ou Le Guépard, ça parle de la vieillesse, tel romancier qui nous raconte sa prostate aussi.)
Chacun a eu l'occasion (du moins il faut l'espérer) de grandes et fortes expériences de lecture avec des roman dont les thèmes (ou les personnages) avaient a priori tout pour l'@indifférer, lui déplaire souverainement, voire le repousser. Même chose pour la sympathie ou l'antipathie que nous inspirent a priori les écrivains, l'image que nous avons d'eux.
Certes, je ne rappelle là que des évidences, mais alors pourquoi continuer d'utiliser (de brandir) les thèmes (ou tel attribut social ou psychologique d'un protagoniste, ou tel comportement d'un écrivain dans telle ou telle circonstance) comme s'il s'agissait d'arguments décisifs (pour ou contre) ?
Désolée, Soleil Vert, pour l'agitation ; je vais trouver le chemin de la sortie.
e.g.
Un bout de phrase manque, il y un -s en trop à la fin de "chefs-d'œuvre" et une arobase s'est infiltrée — tant pis, je suis déjà partie.
RépondreSupprimere.g.
Eh oui, ce n’est pas parce que « ça parle de « ou, variante , que « ça résonne comme », que c’est intéressant surtout si vous avez une autre conception du genre romanesque en vous, ce qui est mon cas, quelque chose entre Marcel Brion et la Princesse de Cleves, mais qui vous fait dire non à Beckett. Ici j’entends toujours la voix de Marc Fumaroli: « quand on croise de la mauvaise philosophie avec de la mauvaise littérature , on a Mr Samuel Beckett… « MC
RépondreSupprimerVincent Jouve dans cet essai tente d'élucider l'énigme que pose un personnage par rapport au lecteur. La façon dont le lecteur aborde un personnage révèle autant de lui que du livre lu.
RépondreSupprimerC'est à partir de là que cette pensée de V. Jouve ma intéressée . Si, au lieu de se centrer sur le personnage, on se tourne vers le lecteur, on apprend beaucoup sur lui : pourquoi aime-t-il ou rejette -t-il un personnage, un roman ?
Le lecteur que je visais disait seulement, encore une fois, qu'il n'aimait pas ce livre, voire qu'il le tenait en piètre estime et je désirais comprendre pour quelles raisons il avait écrit cela, non entrer dans l'analyse de l'essai de Vincent Jouve .
Ce lecteur, sur ce blog , multiplie les rejets d'oeuvres, d'auteurs, voire de mouvement littéraires comme récemment les écrivains autrichiens et allemands. Sans explications ça finit par être lassant.
D'où ma surprise, e.g. quand vous êtes intervenu(e) un peu en porte-à-faux dans ce dialogue que je tentais d'amorcer avec celui qui s'était exprimé anonymement.
La suite de vos commentaires m'est apparue un peu obsessionnelle et sans rapport avec l'objet de mon questionnement pas plus qu'avec le roman de Salinger que je relisais pour l'occasion en tentant de suivre le long monologue du personnage.
Pas la peine de vous mettre dans des états pareils dans une noria de commentaires que je découvre ce matin.
Vous paraissez apprécier cette chanson de Michel Sardou, du moins les rejets ou ou adulations qu'elle provoque. C'est assez amusant dans ce contexte.
Bon, bonne journée quand même.
m'a
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerMais non! Pas plus d’œillères que vous quand, à l’opposé, vous mobilisez Bukowski ou Beckett pour défendre ce roman borborygmal! Simplement un rappel , appuyé qui plus est sur les textes de e.g. Nulle stratégie, au demeurant, et si j’ai des détestations, moins qu’on ne le dit ici, je préfère cela à un amour universel ! MC
RépondreSupprimerCeci encore: il ne s’agit pas de se soumettre dans le cas de la citation Fumaroli enne a je ne sais quel ordre, il s’agit d’en apprécier la perfection rosse. Apparemment ce n’est pas le cas pour tous..
RépondreSupprimerLa Littérature sans la rosserie, c’est la Bibliothèque Rose rayon Comtesse de Segur….
RépondreSupprimerOui, Soleil vert, j'ai pensé à "L'Etranger" de Camus. Cet "etranger", n'est-ce pas Meursault lui-même, étranger à lui-même, au monde et à ses règles, voire au lecteur. Un peu comme Holden Caulfield est étranger à lui-même dans cette narration.
RépondreSupprimerMeursault comme Caulfield éprouvent l’absurdité d'un moment de leur existence, sans pour autant le penser consciemment, lucidement. Ils traversent leur présent avec indifférence.
RépondreSupprimerlndifférence mais aussi candeur avec laquelle ils font l'exploration de leur vie. Une succession de sensations, de sentiments et d’actions qu'ils notent, sans suite logique, sans continuité.
RépondreSupprimerDépossédés d'une volonté propre, déconnectés du réel, ils vont comme des automates au hasard, l'un de la plage d'Alger, l'autre du méandre des rues de New-York.
RépondreSupprimerC'est pour ces deux antihéros un divorce entre la réalité et le monde.
RépondreSupprimere.g, j'aime les débats.
RépondreSupprimerL'écriture de Salinger diffère ai-je dit de celle des grandes figures de l'époque. Cependant il a été en contact avec eux. Hemingway admirait son talent et Salinger voulait s'inspirer de Fitzgerald. Il faudrait que je m'attaque aux nouvelles pour constater cette influence. A la lecture de ce seul roman, je n'ai rien vu.
Inversement, quelle a été l'influence revendiquée par les successeurs de Salinger ? Certains ont été impressionnés par Céline (Fante). Mais Salinger ?
Meursault , si « sot » soit-il, a encore un ancrage humain et ne passe pas son temps à récriminerdans un sabir en neo-beckett, lequel differencie, si j’ai bien compris , par son existence même, Sallinger de Camus.( Qui , lui, sait encore ecrire un roman ..,,). MC
RépondreSupprimerDe mon point de vue, s’entend!
RépondreSupprimer
RépondreSupprimerhttps://www.lemonde.fr/idees/article/2010/02/06/j-d-salinger-pour-toujours_1301977_3232.html
"Lorsqu'on est très jeune, on a besoin de modèles. J'ai su que J. D. Salinger serait mon modèle, dans la vie et dans l'écriture. "A Perfect Day for Banana Fish", ou "Teddy", et surtout cette première nouvelle du recueil, "Esmé", dans laquelle l'on assiste a la visite tonitruante d'un "grand écrivain" dans le mess d'une compagnie de soldats durant la seconde guerre mondiale - c'était comme si un frère aîné, avec ce pli d'amertume que donne l'expérience, ce léger sarcasme des générations perdues dans la guerre (dans toutes les guerres), et aussi ce regard rêveur qui attend une révélation, n'importe quelle révélation, pour sortir de la boue de l'incapacité et de l'inadaptation -, un frère aîné m'invitait dans son monde.
Et je le suivrais, non par aveugle admiration, mais parce que, plus jeune que lui, je pouvais le rejoindre dans le sentiment d'une vérité enfin accessible et lui apporter ma foi en retour - et qu'il ne voulût pas de ma confiance ne pouvait pas me décourager, car c'était dans l'ordre des choses. Dans "Catcher in the Rye", (L'Attrape-coeur), je n'avais plus l'âge de Holden Caulfield, mais j'ai tout aimé en lui, sa façon de commencer, "if you really want to hear about this, son Jesus H. Christ" (après lui, vint Rejean Ducharme avec son "hostie de comique" !), son fétichisme pour une casquette de base-ball, son dégoût pour le pathos du cinéma. Bien sûr, c'était un tour de force qu'un homme de 30 ans arrive ainsi à nous glisser dans la peau d'un adolescent de 13 ans, mais c'était mieux qu'une réussite littéraire, c'était ça, être ça.
(Puisque J. D. m'a fait aimer les italiques.) J'ai tout lu de lui, "Franny and Zooey", ... "Seymour : an Introduction". J'aurais voulu que J. D. Salinger ne cessât pas d'écrire. Puis, quand il est devenu évident qu'il ne publierait plus, quand a grandi la légende de l'homme qui préférait cultiver ses roses et qui vivait, comme il l'avait dit un jour, "dans le New Hampshire avec sa femme et son chien", j'en ai ressenti un peu de chagrin mêlé à cette espèce de confiance que l'écrivain devait ressembler à ses personnages, dire les choses une fois, et puis se taire. Puisque nous sommes imparfaits, il avait droit, lui, à être parfait. Merci J. D., pour toujours."
Jean-Marie Gustave Le Clézio
"sabir en neo-beckett,"
RépondreSupprimeron a compris MC ...
https://www.libe.ma/Jerome-David-Salinger-Un-ecrivain-de-l-errance-et-de-la-solitude_a103031.html
RépondreSupprimerCe très beau regard sur Salinger.
RépondreSupprimerPour e.g.
Voilà où j'ai trouvé cette citation de V. Jouve.
https://preo.u-bourgogne.fr/textesetcontextes/index.php?id=908
RépondreSupprimere.g. (suite)
https://www.persee.fr/doc/litt_0047-4800_1992_num_85_1_2607
Pour en revenir à Camus, Visconti qui adapta L'Etranger en 1967 avec Mastroianni dans le rôle-titre, dit de ce roman qui le passionnait :
RépondreSupprimer"En 1942, nous étions à l'aube de l'existentialisme : les hommes étaient prêts à se poser la question de leur destin et Camus fut un des premiers à nous offrir une réponse précise. Il nous indiquait comment vivre en étranger dans une société organisée, comment se soustraire à ses lois, s'enfermer dans l'indifférence, se confiner dans l'absurde. Voilà le message de L'Etranger."
Même désir chez Holden, plus incertain car il est jeune et ne sait plus trop qui il est, ce qu'il veut. Seule la petite Phobie, si pleine de sagesse, le remettra dans le réel. Un très beau couple frère/sœur s'épaulant dans ce moment difficile.
Phobé
SupprimerPhoebé
SupprimerEt en 1967, Visconti ajoute : "N'en déplaise à ses contempteurs, la jeunesse actuelle aimé Camus. Le caractère de Meursault, en ce sens, est exemplaire. Son ennui de vivre et son plaisir d'exister, sa rébellion devant un système qui l'enferme, ce mépris si profond qu'il n'incite même pas à la révolte devant l'absurdité de le condition humaine, c'est exactement l'attitude des garçons et des filles qui ont vingt ans aujourd'hui. Un mépris de l'univers conditionné qui leur est imposé, un refus de cet univers. "
RépondreSupprimerLe film fut boudé, trop littéral, trop démonstratif.
aime - la
SupprimerChristiane, merci d'avoir confirmé mon hypothèse quant au cheminement de la citation et d'avoir entendu ma mise en garde quant aux risques de glissements progressifs que présentent les chaînes de citations.
RépondreSupprimerVotre intérêt pour le rôle du lecteur (implicite/virtuel et individuel, réel) est bien sûr légitime, mais puisque vous avez consulté l'article dans lequel V. Jouve résume son livre (lui-même issu de sa thèse), vous aurez eu un aperçu de la complexité du modèle théorique élaboré (assez novateur à l'époque).
Par ailleurs, comme dans d'autres domaines théoriques qui connaissent des mouvements de balancier, ce qui commence comme un renouveau d'intérêt bienvenu des chercheurs pour un pôle auparavant quelque peu délaissé (en l'occurrence celui de l'effet du texte et de la réception) finit par prendre toute la place et tourner à la tarte à la crème entre les mains des suiveurs.
Vous n'étiez pas forcée de le savoir, et de toute façon, cela ne diminue en rien la validité des travaux pionniers et solides, mais vous comprendrez que l'on ne voie pas d'un bon œil la convocation d'une étude pointue et fouillée, croisant différentes approches elles-mêmes complexes (je parle bien sûr de celle de Jouve, L'Effet-personnage dans le roman), pour en tirer un passage plutôt banal, et pouvant faire figure d'assertion gratuite (dans la mesure où il est séparé des arguments sur lesquels il s'appuyait) et gentiment moralisatrice (ce qu'on en dit, c'est pour leur/ son bien, celui des lecteurs ou du lecteur auquel vous vous adressiez).
Ce n'est pas rendre service à l'ouvrage en question — ni, me semble-t-il (même si en effet cela ne me regarde pas), à la cause que vous soutenez (quelle que soit votre appréciation des raisons invoquées par votre interlocuteur, après tout lui aussi lecteur réel et individuel, qui a le droit de ne pas accepter le rôle que lui assigne le texte). Car V. Jouve le rappelle d'emblée : "L'œuvre se prête ainsi à différentes lectures, mais n'autorise pas n'importe quelle lecture." La liberté du lecteur est contrainte, codée par le texte.
RépondreSupprimerSoleil vert, je n'ai malheureusement aucune compétence particulière pour parler des auteurs que vous mentionnez.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerJe continue à apprécier le formidable travail d'Agathe Berland concernant le personnage d'Holden Caulfield dans le roman de Salinger (Lien) et à juger tout à fait pertinente l'utilisation qu'elle fait des nombreuses citations de l'essai de Vincent Jouve.
RépondreSupprimerCet unique roman de Salinger, L'attrape-cœurs, bifurque vers ses nouvelles. Le "lectant" comme le nomme V.Jouve, le met en relation avec ses autres textes. Ce roman n'est pas clos sur lui-même. Il porte en lui tout un univers de sens propre à Salinger qui ne se contente pas de créer un texte mais le greffe par sa langue d'écriture et son thème à ce qui est sa marque, son univers. Les frontières de son identité sont marquées par des évènements, dont la dernière guerre mondiale. Il a participé au débarquement en Normandie. Soleil vert a raison de préciser la date où cet écrit est né. Mais d'autres événements plus personnels dont une fugue quand il était adolescent marquent aussi cet écrit.
RépondreSupprimerOn est loin d'une adulation mièvre face à un écrit réservé au lectorat féminin envisagé par ce lecteur. Mais pour comprendre cela , il faut avoir lu ce roman et ses nouvelles. Il est bon aussi de le situer dans la grande famille des romanciers de ces années-là. C'est à l'intérieur de ces événements et influences qu'il faut trouver sa raison d'écrire et la raison de le relire en 2024.
« Le lecteur qui ne cesse de lister ses détestation sur le blog de SV » Exagération manifeste, peut-être hallucinée, que je ne laisse pas passer, ( dernière intervention , 13 Juillet, vers 10h 30) MC
RépondreSupprimer>Soleil vert, je n'ai malheureusement aucune compétence particulière pour parler des auteurs que vous mentionnez.
RépondreSupprimerVous savez, je n'ai jamais eu la moindre compétence en quelque domaine que ce soit, meme ceux qui me passionnent. Je prolonge mon existence, je gribouille un peu c'est tout
A l'intention du lecteur froissé s'il passe par là.
RépondreSupprimerJe n'oublie en rien son immense érudition, ses recherches pointues en pays breton (Histoire des religions) ou son goût pour le spiritisme, la sorcellerie, l'alchimie,
mais
ses aversions pour la création romanesque du vingtième siècle et au-delà offrant un rejet systématique pour tout ce qui n'est pas son goût ( dontcertains auteurs et parfois une partie de leur oeuvre : Hugo ( poésie), Malraux, de Gaulle, des historiens...), de la science-fiction ( mais rarement les livres qui sont présentés ici), de l'Opéra, de l'art ( après sélection !), du théâtre classique (après sélection !), des lieux où il peut chiner des éditions du passé.
Bref, un lecteur érudit aimant mépriser ce qu'il n'aime pas. Un homme-cactus....
e.g.
RépondreSupprimerJe reviens à vous. Nous ne sommes pas d'accord, c'est le possible d'une rencontre réduite par l'échange de quelques mots à propos d'une citation. Néanmoins j'apprécie votre désir d'expliquer, votre éthique. La notion de vérité revient souvent dans votre pensée. Les références que vous donnez vous situent dans un domaine de recherche dans le domaine des langages, de la littérature. Mais vous avez utilisé ces dernières heures des motivations cachées sous l'erreur qui sont offensantes.
Je vous ai lu, me semble-t-il, parfois sur ce blog dans l'espace commentaire, toujours discret(e) et précise. Votre ton est mesuré, technique parfois.
Bon, cette citation vous aura rendue orageuse. cat va. On est entre nous, ici. Peu de participants à l'espace commentaire ce qui ne veut pas dire qu'il n'est pas lu.
C'est le seul blog où j'interviens car j'aime la quiétude habituelle du lieu. Loin des réseaux sociaux que je ne fréquente pas.
C'est laisser-aller la vie comme elle va, suivant les lectures de Soleil vert. La science-fiction lue par lui présente toujours une interrogation sur l'homme, sur la nature, sur les désastres provoqués par les humains. Et puis il y a l'espace, ces confins inconnus, ces voyages qui font rêver depuis Jules Verne et Voltaire. C'est reposant même quand cela se passe mal. Parfois il attrape un roman sur ses étagères qui n'a aucun rapport avec la science-fiction mais plutôt avec la littérature classique. J'aime ces haltes-là. Elles me plongent dans l'immobilité méditative de la lecture, dans les souvenirs. Être ici, agrandit l'espace intérieur. On peut être attentif et détendu.
Soleil vert est honnête et généreux, talentueux aussi . Lire et écrire ici sont des instants de plénitude.
Pouvez-vous saisir que le refus d’argumenter est précisément la conséquence nécessaire du fait que je n’aime pas cet ouvrage? Ou celui de Musil? D’avance merci. L’homme Cactus. MC
RépondreSupprimerça va, on est....
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerSoleil vert, je n'ai qu'une connaissance très incomplète, confinant à l'ignorance, des œuvres des écrivains en question, des mouvements dans lesquels ils s'inscrivent, et de ceux à qui l'on entreprend de les comparer.
RépondreSupprimerMême si, ou justement parce que, j'ai eu la chance d'être formée à cela, j'ai en revanche pleinement conscience de l'ampleur du travail qui serait nécessaire en partant de quasiment zéro : plusieurs mois à temps plein …
Je ne dispose pas de ce temps-là, et je vous avouerai que me manque aussi pour l'instant la moindre motivation.
(En tout cas, votre modestie vous honore !)
e.g.
Soleil vert,
RépondreSupprimerne laissez pas minimiser vos recherches, vos billets toujours scrupuleux et passionnants. J'admire votre ouverture d'esprit en ce qui concerne vos lectures et votre capacité à écouter les autres. Ne vous laissez pas démobiliser par des fats qui défendent une vision de la littérature très partisane du haut de leur tour d'ivoire. Ces faux érudits sont une plaie. Bonne journée à vous et bonnes lectures. J'écrirai et citerai ici bientôt des échos d'autres nouvelles de Salinger.
A plus tard.
De ces nouvelles, ma préférée est peut-être "Pour Esmé avec amour et abjection".
RépondreSupprimerJuste avant le débarquement, le jour J, le narrateur de trouve en avril 1944, avec une soixantaine de soldats américains, en préparation de prédebarquement dans le Devonshire, en Angleterre.
Le dernier soir, juste avant d'embarquer pour Londres, ayant quartier libre, il entre dans un salon de thé où il rencontre une serveuse Esmé accompagné de son jeune frère, Charles.
Une conversation drôle, poétique, profonde va commencer avec l'enfant puis avec Esmé.
Le titre de la nouvelle naît de ce passage :
" - Puis-je savoir ce que vous faisiez avant d'entrer dans l'armée ? me demanda Esmé.
Je dis que je n'avais encore rien fait du tout, que je n'étais sorti de l'Université que depuis un an, mais que j'aimais me considérer comme un auteur de nouvelles .
Elle acquiesça poliment.
- Édité ? demanda-t-elle. (...)
Je me mis à expliquer que la plupart des éditeurs américains étaient une bande de ...
- Mon père écrivait très joliment, coupa Esmé. Je garde un certain nombre de ses lettres (...)
Mon regard tomba sur sa montre à énorme cadran. Je lui demandai si elle appartenait à son père.
Elle regarda son poignet d'un air grave :
- Oui, elle était à lui, dit-elle. Il me l'a donnée, juste avant que Charles et moi soyons évacués.(...)
- Je serais extrêmement flattée si vous vouliez écrire, un jour, une histoire rien que pour moi. Je dévore les livres. Ça n'a pas besoin d'être terriblement long ! Du moment que ce n'est ni bête, ni puéril. Ce que je préfère, c'est les histoires sur l'abjection.
- Sur quoi ? dis-je (...)"
Bien plus tard, il recevra un petit paquet fermé, qu'on avait fait suivre plusieurs fois. A l'intérieur, un billet et un objet enveloppé dans du papier de soie. Il prit le billet et le lut....
accompagnée
SupprimerJean-Louis Curtis préface ses nouvelles subtilement. Ainsi, il écrit :
RépondreSupprimer"(...) Sans que l'auteur intervienne une seule fois, sans explication, sans commentaire, par la seule vertu d'une conversation à bâtons rompus, le lecteur est amené à saisir un réseau de relations interpsychologiques dont les personnages ne sont pas, ou ne sont pas encore, conscients. Salinger est un diabolique prospecteur des choses informulées. Naturellement, vous allez penser tout de suite aux "tropismes" de Nathalie Sarraute, et vous n'aurez pas tout à fait tort ; mais les méthodes respectives des deux auteurs sont très différentes, voire opposées. S'il fallait à tout prix établir un rapprochement, ce serait plutôt avec l'art d'Henry Green ; encore faudrait-il apporter à de tels parallèles une infinité de correctifs et de nuances. Salinger peut se rencontrer avec certains de ses contemporains. Il ne doit rien à personne."
Quant à "Un jour rêvé pour le poisson-banane", la première nouvelle du recueil, le lecteur ne cesse de se demander qui est Seymour jusqu'à la dernière ligne.
RépondreSupprimer"Où est-il ?
- Sur la plage.
- Sur la plage ? Tout seul ? Est-ce qu'il se tient convenablement dur la plage ?
- Maman ! dit la jeune femme. Tu parles de lui comme si c'était un fou dangereux."
Seymour... Une fin à couper le souffle....
sur
SupprimerCurtis a raison, dans la préface, quand il écrit : "Les personnages de Salinger, sont toujours un peu à côté de ce qu'ils ressentent, un peu à côté de ce qu'ils croient dire, ou de ce qu'ils voudraient faire entendre. Ils cherchent leurs mots, ils bredouillent, ils se répètent. Et c'est de ce décalage perpétuel, de ce perpétuel , que naît l'ambiguïté - et aussi le pathétique et la drôlerie.à-peu-près . Le maniement de ce langage parlé, démotique, c'est le triomphe absolu de Salinger. (...) Chez Salinger, le sens privilégié est l'ouïe. Salinger capte à merveille le débit, je rythme, l'intonation du discours parlé ; et aussi ses particularités individuelles, des tours de phrase, tics, rengaines, gaucheries...
RépondreSupprimerSalinger ne prend guère la peine de décrire les choses, de poser un décor. Brusquement les gens sont là, ils parlent ; et la parole leur confère aussitôt une présence physique, un visage, des coordonnées sociales, une certaine densité d'intelligence ou d'émotion."
@ Je n’ai personnellement jamais réussi à sentir l’intérêt de cette œuvre, essentiellement americaine, MC
RépondreSupprimerJe prends le fil en cours de route, juste pour dire à MC : étonnamment, alors que nous n'avons rien de commun, j'ai toujours pensé la même chose au sujet de l'attrape coeur...,
mais en rien à cause de son origine américaine...
D'ailleurs, j'apprécie que SV l'ait situé entre la beat g et pynchon, pour lesquels j'ai toujours eu la plus grande des faiblesses (jjj).
Bàv,
Euh, la Préciosité n’eut pas que des Cathos et des Madelon. Le roman précieux ravissait fort le jeune Louis XIV, et lui laissa, via Marie Mancini qui les lui fit lire, une empreinte profonde et durable. La Fête des Plaisirs de l’ Île Enchantée est une fete précieuse que couronne le Moliere de la Princesse d’ Élide. Psyché est aussi une admirable pièce précieuse unissant Moliere et Corneille, pour ne s’en tenir qu’au théâtre et à ces deux-là . Et Mademoiselle de Scudery n’est pas si ridicule qu’on veut bien le dire.., MC
RépondreSupprimerOn peut même voir dans les projets qui nous sont parvenus de la Galerie des Glaces ( Apollon, Hercule, tous deux renvoyant à Louis XIV avec Le Brun comme signataire, )comme une manifestation de cette préciosité….
RépondreSupprimerSans parler des commandes royales à Lully; » faites-moi un Amadis , Baptiste, une Isis, un Roland Furieux, et surtout , n’oubliez pas Armide! » Je ne vois pas ce qu’il peut il y avoir de plus précieux que ces sujets là…
RépondreSupprimerDes Essarts, le Tasse, l’ Arioste…
RépondreSupprimerEh bien, moi, je préfère Salinger, Updike, Musil, Amette, Wittgenstein, Frisch, Zweig, Beckett, Camus, Valery, Duras, Blondin, Mann, Roth, Balzac, Joyce, Simenon, Kafka, Fitzgerald,
RépondreSupprimerStendhal, Mauriac, Yourcenar, Jankélévitch, Handke, Pessoa, Char, Pavese, Calasso, Bachelard, O.Rolin, Dumézil, Proust, Gaspar, Barthes, Quignard, Calvino, Faulkner, Sartre, Pérec, Perros, Sarraute, Robbie Grillet, Le Clezio, Giono, Bernanos, Mauriac, McCarthy, Rilke, Claudel, Rosset, Nerval, Baudelaire, Queneau, Reverdy, Metz, Borges, Butor, Bousquet, Césaire, Gracq, Dante, Assouline, McCullers , Woolf, Colette, Gombrowicz , Celan, Wilde, Kundera, Zola, Rimbaud, etc...
Ce n’est plus une réponse, c’est un catalogue…
RépondreSupprimerIncomplet....
RépondreSupprimerNotez que des Essarts traduisit Amadis, le Tasse, Armide, et le troisième Roland. Œuvres représentatives du courant précieux s’il en fut. Je le dis parce que je n’ai pas l’impression d’avoir ete compris. Sur ce, je retourne à la Pucelle de Gournay!
RépondreSupprimerPar exemple, j'aurais pu ajouter Heimito von Doderer dont je viens de terminer "Mort d'une dame en été". Une nouvelle de 40 pages tout à fait délicieuse. Éditée avec goût par une maison d'édition qui soigne ses publications :"Sillage". Avec une traduction de François Grosso.
RépondreSupprimerC'est une aventure cocasse qui arrive à un écrivain qui s'attendait à passer un été tranquille dans sa ville désertée de ses habitants et qui se trouve hélas le seul voisin présent dans la pension de famille où il est hébergé quand une vieille dame est retrouvée morte dans son lit. Et il sera chargé de toutes les démarches qui vont précédé l'enterrement....
Et bien sûr , je n'ai pas cité les auteurs de SF que Soleil vert m'a fait découvrir puisque ce que j'en pense est écrit sur ces pages .
Le catalogue serait infini comme la bibliothèque de Borges avec même quelques inédits....
Ce matin, Soleil vert, j'évoquais une des nouvelles de Salinger, "Un jour rêvé pour le poisson-banane" enchainant avec quelques notes de Curtis dans son introduction.
RépondreSupprimerPuis j'ai été interrompue. Je reprends donc ce que je voulais dire de cette nouvelle admirablement construite et fort bien écrite. Entre une conversation téléphonique et une plage où rien ne cible particulièrement une histoire "essentiellement américaine"...
Donc, une mère inquiète demande avec insistance, par téléphone, à sa fille Muriel, des nouvelles de son voyage et surtout comment s'est comporté Seymour Glass, dont elle semble douter de la santé mentale. La fille agacée raccroche assez rapidement. Puis se repose sur son lit pendant que Seymour est sur la plage.
de l'hôtel où ils sont en vacances.
Deuxième scène : une enfant curieuse et joueuse, Sybil, engage une conversation charmante avec Seymour. Ils se baignent ensemble. Seymour invente pour elle une légende , celle du poisson banane. L'enfant s'amuse puis le quitte pour retourner près de sa mère.
Troisième scène : Seymour remonte dans la chambre de l'hôtel où Muriel est endormie, ouvre sa valise, saisit un pistolet, l'arme et ...
Il reste quatre lignes pour que la nouvelle se termine....
Je ne sais pas si l'arme était américaine....
Toute cette nouvelle de joue sur des dialogues : mere-fille, Seymour -Sybil. Peu de détails concernant le couple Muriel-Seymour. Une inquiétude gagné le lecteur qui n'aura sa réponse que dans les dernières lignes
RépondreSupprimerChanceux sont les lecteurs de ce grand écrivain... américain !
François Grosso? Ce n’est pas plutôt François Rosso??
RépondreSupprimerNon
RépondreSupprimerhttps://editions-sillage.fr/?p=473
RépondreSupprimerIl existe un Francois Rosso, d’ailleurs « « « Grosso » au point de vue volume, qui exerce le noble art de traducteur…
RépondreSupprimerJe m'en doute sinon vous n'auriez pas posé la question. Le traducteur choisi par les éditions Sillage, "Grosso", offre un texte vraiment agréable à lire.
RépondreSupprimerPaul Edel a fait sur son blog une présentation remarquable de Doderer. C'est ce qui m'a donné envie de le découvrir.
Je sais, mais il semble que l’accueil des Commentaires ait changé , ou me trompé-je ?Quoiqu’il en soit, Impossible de rien laisser presentement depuis quelques jours….
RépondreSupprimerToutefois, dans ses nouvelles, J.D. Salinger offre parfois un portrait de ses personnages. Ainsi dans "Teddy". :
RépondreSupprimer" - Teddy ! Nom de Dieu, tu m'entends ?
Sans changer la position prudente de ses pieds, Teddy tourna le buste et lança vers son père un regard empli d'une interrogation candide. Ses yeux, brun clair et tout petits, convergeaient légèrement, l'œil gauche plus nettement que je droit. Il ne louchait pas au point d'être défiguré, ni même de se faire remarquer. Il louchait juste assez pour qu'on s'en aperçoive après avoir longuement et sérieusement réfléchi au fait qu'on eût aimé ses yeux plus profonds, plus bruns, plus écartés. Son visage, tel qu'il se présentait, frappait par une beauté encore mal éclose, mais réelle.(...)
Teddy s'était retourné et remis à regarder par le hublot.
- A trois heures trente-deux, nous avons croisé le Queen Mary qui avançait en sens inverse, au cas où cela intéresserait quelqu'un, dit-il lentement. Ce dont je doute.
Sa voix était curieusement et joliment rauque, comme celle de certains petits garçons. (...)
- Je vais t'en foutre des Queen Mary, si tu ne descends pas de ce sac tout de suite ! dit son père."
Salinger précise le décalage de registre de langue entre Teddy et ses parents, plus loin, dans une autre scène :
"Teddy hésita.
- J'ai dit "assez embarrassant ". J'ai employé un adverbe restrictif.
- Je vais t'en foutre, des adverbes restrictifs, mon coco, si tu ne descends pas de ce sac ! dit Mr McArdle."
Ainsi on retrouve cette façon d'écrire de J.D. Salinger avec l'emploi de ces dialogues tenant lieu de portraits et ces portraits sous-entendant les non-dits d'un personnage.
L'écriture des nouvelles est un régal et le roman "L'attrape-cœurs" est très différent par sa longueur et par le choix d'un long monologue d'un jeune personnage à la dérive qui s'exprime dans un langage cru.
Dans la nouvelle, "Teddy", pas d'adolescent mais deux enfants, Teddy et sa soeur. Teddy est étrange, pas forcément sympathique. La suite de la nouvelle, sur le pont du paquebot mettra le lecteur face à un dialogue entre Teddy et un passager, assez déroutant. Qui est-il ? Entre grâce et dureté, entraîné vers un destin qu'il semble ne pas avoir choisi. Pas de gentillesse, ni de sourire, il est intransigeant, semble savoir ce qui l'attend, ce qu'il désire. Personnage un peu terrifiant... Lui aussi souffre comme un enfant qui serait déjà adulte et las de vivre, submergé par une angoisse existentielle qu'il a du mal à définir. Comme si, dans ces nouvelles, enfants ou adolescents savaient ce qu'ils allaient perdre en entrant dans l'âge adulte : leur clairvoyance. D'où un certain nombre de morts violentes comme fin de non-recevoir.
RépondreSupprimerSalinger semble avoir peur de vivre à travers cette galerie de personnages dont les plus vulnérables sont les enfants et adolescents ou des hommes-enfants comme on en trouve dans la famille Glass.
RépondreSupprimerSalinger devait vivre dans une solitude douloureuse, dans la nostalgie d'une enfance idéalisée. Béance obscure de l'enfance... Celle-là teinte de tendresse ses nouvelles et ce roman. Le monde se laisse regarder par des enfants dépassés par des problématiques trop grandes pour eux. Peu d'adultes protecteurs autour d'eux qui leur donneraient des repères, des limites. Ils semblent seuls, en plein désarroi, face à des réalités insupportables comme la mort, l'absence, la maladie, l'échec.
Salinger serait-il un grand sentimental qui ne peut se rassurer qu'en écrivant ?Cette présence de personnages enfantins permet que quelque chose soit transmis en secrète complicité avec eux.
Le lire - et pas seulement ce roman - c'est déplier un à un les plis de sa vie, de sa mémoire, de sa pensée.
Parfois le lisant je pense à d'autres romans autobiographique : Walter Benjamin, "Enfance berlinoise", Michel Leiris, "L'âge d'homme ou encore au Roquentin de "La Nausée" de Sartre :
"Sale arbre, sale marronnier ! Attends voir, attends un peu !" et il lui donna des coups de pied. Mais l'arbre resta tranquille - tranquille comme s'il était de bois."
Des écrivains qui retrouvent parfois une écriture d'enfance avec son obscurité et son innocence.
Peut-être ai-je été un peu longue, Soleil vert, mais Salinger me tient au cœur et je me suis réjouie de cette porte que vous avez ouverte dans la littérature. Merci.
RépondreSupprimerTrès intéressant billet de Bertrand Legendre sur la traduction de ce roman de Salinger :
RépondreSupprimerhttps://www.lemonde.fr/vous/article/2010/03/27/traduire-trahir-j-d-salinger_1325255_3238.html
La nouvelle de J.D. Salinger qui ressemblerait le plus au ton du roman "L'attrape-cœurs" me semble être : "Jolie la bouche et verts mes yeux".
RépondreSupprimerCette fois-ci, ni enfants ni adolescents mais un couple en pleine crise. Le mari, au téléphone, se confie à un ami :
" - Elle n'a aucun respect pour moi. Elle n'a même plus d'amour, bon Dieu. Au fond, en analysant bien, je n'ai plus d'amour pour elle, moi non plus. Je sais plus. Je l'aime et je l'aime plus. Ça dépend. C'est selon les jours, bon Dieu ! Chaque fois que je me décide à en finir pour de bon, faut qu'on dîne en ville pour une raison ou pour une autre. Et je la retrouve quelque part. Et elle s'amène avec ses putains de gants blancs ou quelque chose... je sais plus. (...) Tu vois ce que je veux dire. Je sais plus.. ou bien encore, je pense - bon Dieu, c'est gênant à dire -, je me mets à penser à ce poème à la con que je lui ai envoyé quand on commençait à se fréquenter :
"Rose est ma couleur et blanche,
Jolie ma bouche et verts mes yeux..."
Bon Dieu, c'est pas des choses à dire, mais il me l'a rappelait. Elle n'a pas les yeux verts mais ça me faisait penser à elle.... je sais pas. Qu'est-ce que ça fait ? Je perds les pédales, moi. "
Hors le langage, je remarque encore une fois encore que l'explication du titre de la nouvelle se réfère à un détail contenu dans le texte. Titres désarmants, souvent un peu ridicules, en contraste avec le contenu de la nouvelle, souvent tragique.
Je tiens à signaler que, si j’ai parlé d’œuvre américaine, c’est bien’ parce que je l’ai lue et étudiée dans sa langue d’origine. Peut-être aurait-on du prendre les Nouvelles. Mais à l’époque, c’est le culte de l’œuvre romanesque qui dominait. L’ approche par traduction est toute différente. On lit un texte qui est le résultat d’un processus mental extérieur à l’écrivain. C’est le cas ici. MC
RépondreSupprimerLà, je suis d'accord, MC. Oui, les nouvelles sont très intéressantes. C'est intéressant que vous les ayez découvertes dans la langue d'écriture. Dommage que vous n'ayez lancé le dialogue sur ce terrain. Là, je vous aurais suivi.
RépondreSupprimerJustement, dans cette nouvelle, un arrière-plan personnel semble, bien qu'informulé, surgir comme une vibration, dans une conversation, pourtant banale, entre ces deux hommes . Enfin une conversation qui se transforme en monologue....
RépondreSupprimerMais l'écrivain reste peu connu : un roman insolite qui a attiré les regards et les critiques, quelques nouvelles... Mais quel univers ! J'ai commencé par les nouvelles traduites par Jean-Baptiste Rossi pour Pocket. En 2017 elles sont à nouveau éditées chez Laffont, cette fois-ci traduites par Sébastien Japrisot. Deux belles traductions.
Un souvenir de lecture mémorable, réveillé par ce chouette billet de Soleil vert.
Petites mises au point (toujours préférables aux poings) :
RépondreSupprimer— Soleil vert ne s'y sera pas trompé, je pense : ma réponse (aux rapprochements littéraires proposés, sur la validité desquels j'aurais été bien en peine de prononcer le moindre jugement) était aussi sincère que véridique. C'est le temps qu'il me faudrait pour être en état de fournir un avis autorisé.
Pourquoi interpréter cela comme un dénigrement de son activité de blogueur ? Ni la SF, ni la Fantasy ne m'attirent particulièrement (c'est d'ailleurs pourquoi je ne suis qu'une visiteuse très occasionnelle), mais cela ne signifie pas que je méprise a priori ces genres (et les autres apparentés). La conscience de mon ignorance en la matière, sans même parler de quelques notions de politesse élémentaire, m'interdiraient donc de toute façon de prétendre trancher de la qualité de son travail.
En l'occurrence, sa présentation, sobre, du roman de Salinger n'appelait aucune intervention rectificatrice de ma part ; pour une fois que j'avais lu l'ouvrage dont il était question, j'aurais pu à la rigueur donner mon opinion en passant, comme je l'avais fait à propos des romans de Jérôme Leroy et de Goran Petrović. Cependant ma lecture remontant à … la fin des années 70, je n'aurais probablement pas jugé utile de m'exprimer pour dire seulement qu'à l'époque j'avais détesté ce roman.
(e.g.)
ai-je bien compris que vos bouvard et pécuchet étaient MC et JJJ ?
RépondreSupprimerSi oui, ce n'est pas très gentil de votre part... Mais bon, vous n'êtes pas tjs des plus gentilles, quand vous êtes un brin vexée dans votre humour propre impérial.
Il est vrai que parfois, ici, on ose prendre un peu de place, pas très longue (sic), il faut bien le reconnaître... Bonne suite à vous... Pourreiz-vous quelque jour établir, lcé, le catalogue des écrivains chinois trduits en français que vous n'avez jamais lus, Mo Yan par exemple, merci ? Bàv (JJJ)
JJJ,
RépondreSupprimerVous avez écrit un commentaire ? Où ça ?
Bouvard et Pécuchet c'était un clin d'œil à l'entente parfaite de MC et e.g pour dénigrer ce roman de Salinger qui n'est pas le meilleur de l'écriture de Salinger mais qui mérite une attention dans la relecture.
Toujours en amitié avec vous. Et votre expo ?
Vous aussi faites des portraits !
https://soleilgreen.blogspot.com/2023/07/soixante-neuf-tiroirs.html
RépondreSupprimerAh oui, je me souviens, e.g. de votre commentaire, le premier.
Ce roman était très difficile. Que de tiroirs ! Je n'ai pas arrêté de sauter des pages, puis de revenir en arrière pour y comprendre quelque chose !
Bonne journée à vous.
@ chparrat,
RépondreSupprimervoir le post de 11h20 signé :
"Anonyme Anonyme a dit...
@ Je n’ai personnellement jamais réussi à sentir l’intérêt de cette œuvre, essentiellement americaine, MC /// Je prends le fil en cours de route, juste pour dire à MC : étonnamment, alors que nous n'avons rien de commun, j'ai toujours pensé la même chose au sujet de l'attrape coeur..., mais en rien à cause de son origine américaine... D'ailleurs, j'apprécie que SV l'ait situé entre la beat g et pynchon, pour lesquels j'ai toujours eu la plus grande des faiblesses (jjj).
Bàv,
Merci, je n'avais pas vu la signature et 'avais attribué à e.g.
SupprimerVous savez , JJJ, je n'avais même pas lu votre commentaire en entier. Tirée à hue et à dia par messire MC, le cactus et ses detestations et e.g explorant fanatiquement un essai de V. Jouve qui était hors de mon exploration de l'oeuvre de Salinger, ett me laissait de marbre, j'avais décidé de les renvoyer à leurs critiques non fondées sur le roman de Salinger et à leurs flots de paroles bruyantes. C'était eux Bouvard et Pécuchet, et non vous.
SupprimerD'habitude je lis tranquillement ici et m'exprime de même. Là, avec ces trublions, obligée de défendre mes positions et mes auteurs aimés. Ce fut harassant...
Comment allez-vous ? Survivez vous aux incessantes batailles de la RdL. Trop de politique, là-bas , pas assez de coeur et de modestie dans les paroles qui s'y répandent
Ici on échange sur la littérature et c'est tellement reposant - en principe.
Bonne journée à vous. Mes amitiés à Rose.
Quelques pages de la biographie Salinger intime" de Denis Demonpion :
RépondreSupprimerhttps://books.google.com/books/about/Salinger_intime_Goncourt_de_la_biographi.html?hl=fr&id=FsRDDwAAQBAJ#v=onepage&q&f=false
Pour e.g.
RépondreSupprimerhttps://soleilgreen.blogspot.com/2023/11/vivonne.html
Et voilà pour votre passage à 2h du matin.
JJJ,
RépondreSupprimerCelui-ci, mystérieux m'a beaucoup marquée :
https://soleilgreen.blogspot.com/2023/04/la-cangue-dor.html
Sans oublier les livres rares de François Cheng.
RépondreSupprimerEt vous, cher JJJ, ? Quels auteurs inuits n'avez-vous pas encore lus ?
Et sans les mots, juste avec les couleurs : Zao Wou-Ki .
RépondreSupprimerEt pour finir, le Musée Cernuschi, mon repère...
RépondreSupprimer7 avenue Vélasquez, Paris
JJJ: Je me répète, mais americain vaut ici pour la langue où je l’ai lu. Et le fait que ça ne m’a pas transporté, oui, MC
RépondreSupprimerAh quand Zao Wou Ki s’enerve, quel peintre! Et aussi, c’est moins connu, quel Professeur aux Beaux Arts ! N’imposant en rien sa vision , manifestant beaucoup d’humilité, pour que sorte au mieux celle de l’élève..,Mais votre repère de Cernuschi n’est- il pas plutot un repaire?
RépondreSupprimerRepère... repaire...
SupprimerD'abord un repère... La découverte... L'émerveillement, le jour où j'y suis entrée. C'était dans une petite allée près du parc Monceau, un parc où j'aimais retrouver une dame qui a enchanté mon enfance et dont je m'étais un peu éloignée, les années venant.
Les rouleaux de peinture chinoise, le silence, les grands bouddhas, les statuettes en terre cuites, les tortues qui portaient le monde sur leur dos... Les petits aimaient le mystère du lieu, les dragons peints et dans ces paysages de brume et de montagnes . Je cherchais toujours le petit personnage qui contemplait le paysage... Le temps se fige dès que j'ouvre cette mémoire... Repaire... Il eût fallu que je ne déménage pas si souvent... Quelques années, il le fut. C'est une jolie ombre, très douce... Un lavis à l'encre de Chine....
Bêtise d’ un ISF hollandais qui fit sortir, par le truchement de Madame, toutes ses toiles pour la Suisse. Lui ne pouvait plus lutter déjà à l époque…
RépondreSupprimerZao Wou-Ki,... j'ai dû abdiquer, renoncer à maîtriser, renoncer à chercher une structure . Un dessaisissement à l'usure pour se laisser porter par ce vide, ce souffle. Suivre un unique trait de pinceau. Parfois la violence, oui. On entre dans la toile par des paysages sans consistance qui soudain vous enserrent, vous portent, vous invitent. Une abstraction bonne pour l'esprit, une plénitude.
RépondreSupprimerVie mystérieuse de formes. Une éclosion de couleurs qui fusionnent les unes dans les autres. Des blancs silencieux, des bleus aériens, des violets inquiétants.
Un monde de traces.
L'empire de l'encre avant la peinture à l'huile .
Un artiste qui comprend le vent... la légèreté de l'espace...Il accueille aussi la lumière mais elle est impossible à décrire.
Ah, JJJ a éveillé par son espièglerie un espace à rêver, en saisissant au passage un nom que je n'ai pu changer sur le blog de PE à cause d'une maladresse d'inscription. Quand j'ai essayé, le message s'est effacé emportant un long commentaire où je m'abandonnais à la mémoire de Vienne, la ville des paradoxes, sa dure frivolité dénoncée par Thomas Bernhard et Kraus. Vienne... Le vieux palais des Habsbourg, les dorures, les clinquants. Et adossée à la Vienne impériale, la modernité, les peintres de la Sécession, les cafés où se réunissaient les intellectuels désespérés... Un souvenir... Roue du Prater et musiquette du Troisième Homme.
Musil, que vous n'aimez pas qui a su exprimer cet étouffement...
Et les fiacres, les cochers en chapeau melon...
Vienne de la mort... Vienne dans ma bibliothèque... Wittgenstein, Musil, Zweig, T. Bernhard...
Vienne de Kokoschka, de Klimt...
Le Belvédère et ses jardins...
Plus tard, les Brueghel, Rembrandt, Rubens..
Bref, tout s'est envolé... Tant pis !
Il fut un temps où je collectionnais tous les livres possibles sur Zao Wou Ki. Collection close par celui que me dédicaça le Maître, un jour qu’il était à peu près seul dans sa Galerie du Marais, alors que par un contraste piquant, une autre Galerie que je ne nommerai pas focalisait bien mal à propos toute l’attention des riverains avec je ne sais quel faiseur de croutes. « Peintre du vent » est tout à fait exact. C’est en tous cas l’impression qu’il donne.
RépondreSupprimerLà, je vous retrouve, MC, si juste quand vous parlez peinture. Nos rapports avec le langage est plus compliqué. La peinture c'est comme des romans non écrits. L'écriture, d'une façon assourdie est sinueuse, ambigüe. On parle des écrivains qu'on n'aime pas avec toujours un peu de mauvaise foi. L'écriture m'inquiète, me met à vif. Une sorte de bataille. L'apaisement dans la poésie dans l'écheveau des lectures. Je rêve d'un sentir-écrire comme cette plénitude immédiate devant l'art . Les deux naissent d'un même univers : le silence et la solitude. Lire comme on respire.
RépondreSupprimerCe qui est bien ici c'est que l'on est préservé du bruit de la parole surtout dans les disputes. L'âpreté vindicative des débats pour faire triompher sa parole sur celle de l'autre me rend toujours triste. Parfois les langages ne communiquent plus...
Ici, l'habitude du monologue est comme peindre. Et quand la parole devient épineuse, il reste l'écriture solitaire, une chambre claire comme la lecture . Une joie .
Philippe Jaccottet traduit très bien cette impression dans ses carnets, "La semaison".
"Hier soir, de nouveau : le bleu intense et froid du ciel au-dessus de la neige qui couronne la montagne de Lance, et plus bas les couleurs très sombres, comme concentrées, ds chmps, des jardins, de chemins. Il y a là un lien avec l'eau et avec la lune. Mais encore ? La neige éclairée de l'intérieur, une clarté muette, immobile, et la profondeur des bleus..."
Presque un Zao Wu-Ki....
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RépondreSupprimerhttps://www.zaowouki.org/fr/artiste/oeuvres/encres-de-chine-miniatures/
RépondreSupprimerJe contemple ces encres de Zao Wu-Ki. Dans les années 1980, il consacrait à nouveau, beaucoup de temps à cette technique. Encres conjuguées à l'aquarelle.. on sent la souplesse du geste, la rapidité de l'exécution. C'est un travail à l'horizontale contrairement aux grandes toiles à l'huile qui suivront, souvent des polyptyques. Dans les encres sur papier c'est presque un retour aux sources.
N'est-il pas au croisement de trois mondes, la Chine qu'il quitte en 1948, l'influence de la peinture américaine pour l'abstraction de l'après-guerre, son retour à un art oriental dans les années 1980.
Enfin, les organisations picturales de grand format a l'huile, des effets de plein et de vide. Les critiques parlent d'abstraction lyrique. Un espace neuf où le regard se perd et où il touche à une vérité plus profonde.