Ken
Liu - Le regard - Le Bélial’ Collection une
heure lumière
Dans le Chinatown de Boston, Ruth Law, ex policière, exerce la profession de détective
privé. Ses investigations se bornent souvent à l’examen de feuilles d’impôts de
contribuables indélicats. Ce jour là cependant une femme vient la prier d’enquêter
sur la mort de sa fille. La police a retrouvé son cadavre mutilé, énucléé. Mona
vivait de la prostitution et l’enquête a conclu trop rapidement à un règlement
de compte d’un gang chinois.
En face, le Surveillant, ainsi se nomme le criminel, est un
psychopathe prudent et méthodique mu par une espèce de volonté de pouvoir. Il
va devoir affronter un adversaire déterminé, une super woman. Ruth en effet est
une femme augmentée. Des pistons pneumatiques, des tendons renforcés et autres
accessoires décuplent ses capacités physiques. Un régulateur contrôle ses
émotions. C’est grâce à cela qu’elle tient le coup, depuis la mort de sa fille
dont elle se tient pour responsable.
En suggérant un univers cyberpunk mâtiné de voyeurisme, Ken
Liu se donnait les armes d’un thriller futuriste intéressant. Le résultat déçoit.
L ‘affrontement entre ces deux castrés émotionnels que sont Ruth et Le
Surveillant n’atteint pas l’intensité dramatique de L’homme démoli d’Alfred Bester. Comme dans les blockbusters
policiers le combat final est un remake d’un trauma initial revécu et dépassé. Le
thème de l’homme augmenté que j’avais relevé dans Isolation de Greg Egan n’est qu’effleuré. Maîtriser ses émotions ?
La belle affaire, on croule sous les publications de genre.
En choisissant de donner à cette novella un titre français emprunté
à une nouvelle extraite de L’archipel du rêve
de Christophe Priest, l’avisé traducteur Pierre Paul Durastanti aiguillait aussi le récit sur
le thème du voyeurisme. On y parle de sex-tape, d’œil caméra. Mais là encore l’écrivain
effleure le sujet. Peut être par manque de place.
On dirait que Ken-Liu après s’être lâché dans La ménagerie de papier a mis le
régulateur en marche en proposant cette histoire. Le regard est avant tout un thriller efficace, qui se lit rapidement …
et s’oublie aussi vite dans un coin de bibliothèque.
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