Léo Henry - Philip K. Dick goes to Hollywood - Actusf
« Des fois je me
dis que j’aurais du rester avec Yoko. J’aurais fini de pisser vert à force de
manger macrobiotique » J L
Léo Henry nouvelliste remarqué et remarquable publie aux
éditions Actusf un petit recueil de fictions offert pour l’achat de deux
volumes. Il serait dommage de passer à côté, d’autant que le catalogue propose tout
un tas de textes intéressants de Sylvie Lainé à Roland Wagner en passant par
Georges R. R. Martin etc. Au pire suppliez l’éditeur ou fauchez le.
Invoquant les mânes du grand P K. Dick, Léo Henry se livre
aux délices de l’uchronie et de la parodie. Evénements culturels, personnages
contemporains passent à la moulinette sans coup férir avec un souci de
documentation étonnant, qu’il s’agisse d’anecdotes échiquéennes sur la vie de
Bobby Fischer ou le cinéma avant-gardiste soviétique. En citant ce dernier
texte, je dois témoigner d’ailleurs d’un grand éclat de rire à la lecture des « règles de la nuit », non pas tant
à cause de la nouvelle elle-même, mais en raison des restitutions Google associées
à cet item. Plus sérieusement on peut voir, pourquoi pas, dans l’élaboration de
ce titre, une compression inconsciente à la César de La règle du jeu de Renoir et des Portes de la nuit de Carné. Quant au récit, un peu à la manière de
Borges, l’auteur évoque un film imaginaire d’un auteur bien réel.
Sans faire injure aux autres nouvelles « Meet the Beätles » et « Fe6 !! » constituent le plat
de résistance de Philip K. Dick goes to
Hollywood. La première raconte la longue carrière des Beatles après la mort
de Paul Mc Cartney en 1967. Un point de départ uchronique inspiré par une
rumeur bien réelle de l’époque. Certains fans étaient persuadés qu’un frère
jumeau de Paul l’avait remplacé, ce qui aurait expliqué la baisse de qualité de
sa production musicale. Dans le récit de Léo Henry, Lemmy Kilmister, bassiste
de Motörhead
dans notre espace-temps, succède au célèbre gaucher et oriente les compositions
du groupe vers un rock plus musclé.Dans la foulée, les Fab Four participent au
festival de Woodstock qui vire au cauchemar d’ Altamont, les Stones se séparent…
On ne va pas tout dévoiler, mais ce texte est le meilleur « What if »
écrit sur les Beatles.
« Fe6 !! »
repose sur le postulat suivant : et si le champion du monde d’échecs américain
Robert Fischer avait été une machine programmée ? L’alibi uchronique est en
fait des plus minimes, car tout ce que décrit l’auteur est avéré, hormis le
Klipoth instrument kabbalistique.Décrit tour à tour comme un sociopathe et un génie, la vie
du prodige américain, mort à 64 ans soit le nombre de cases d’un échiquier, se
prête à toutes les interprétations.
Un peu en retrait, « Philip K. Dick goes to Hollywood » raconte sous forme
épistolaire la difficile élaboration de Blade
Runner qui passe successivement des mains de David Lynch à celles de
Cronenberg. « No se puede vivir sin
amar », titre issu du film Under
the Volcano ressemble à un Tintin
chez les Picaros qui se terminerait mal. Quant à « Interview » il confirme que, passé
trois heures du matin, Léo Henry est le
Frank Zappa de la SF.
On est à 100% d'accord sur ce bouquin !
RépondreSupprimerA.C.
Et une couv sympa !
RépondreSupprimer