Pierre
Assouline - Golem - Folio
La femme de Gustave
Meyer, un fort grand-maitre d’échecs, est assassinée à la veille d’un grand
tournoi auquel son mari devait participer. Lui-même sortait d’une consultation
auprès de son ami le professeur Klapman, neurochirurgien réputé. Pour soulager
des maux de tête à répétition celui-ci décide de l’opérer. Soupçonné par la
police du meurtre de sa femme, Meyer décide de fuir après l’intervention. Mais il
doit affronter une autre difficulté. Quelque chose tente de s’emparer de son
esprit.
Dans cette relecture du
mythe du Golem, Pierre Assouline fait le choix de disserter sur la mémoire et
l’oubli plutôt que d’emprunter véritablement les sentiers d’une intrigue
policière dont la résolution émerge rapidement aux yeux du lecteur. Les
craintes liées à l’évocation de l’entité mythologique juive font écho aux inquiétudes suscitées par les développement récents des
neurosciences, où néanmoins les néologismes (transhumanisme, posthumanisme)
fleurissent davantage que les avancées scientifiques.
Soigné pour un semblant d’épilepsie,
Gustave Meyer devient à son insu un être augmenté. Ses capacités mémorielles
déjà considérables, explosent. Pierre Assouline ne pousse pas le trait comme
Greg Egan dans son roman Isolation dont le héros déshumanisé voit sa
volonté supplantée par des algorithmes de décision, mais il engage une
réflexion non moins profonde sur les filiations et les traditions qui engagent
notre destin sur des sentiers déjà tracés.
La patte de l’écrivain
fait mouche, par exemple dans la description d’une salle d’attente d'hôpital dont les
occupants semblent pour certains « prêts à se jeter du haut de leurs
secrets ». On retrouve comme dans Le Paquebot cette faculté
d’entomologiste, voire holmésienne, d’épingler des vies comme des papillons. Il
y a de l’Emanuel Lasker dans ce Meyer. Ailleurs, à l’instar d’un John Brunner
qui dans La ville est un échiquier, plaquait les vingt-cinq premiers
coups d’une partie d’Echecs entre Steinitz et Tchigorine sur une intrigue
romanesque, l’écrivain superpose les mouvements d’une autre partie à l’errance
européenne de son personnage. Un pèlerinage sur les lieux des communautés
disparues, une tournée des ombres : la phrase liminaire du chapitre 9 est
un hommage aux Mémoires de l’ombre de Marcel Béalu.
Quelle voie tracer entre
la mémoire et l’oubli, tel est l’objet de ce très bon livre méditatif qui revisite
l’œuvre de Gustav Meyrink, hanté par les toiles du peintre Mark Rothko
héritier des maitres du clair-obscur.
Quelle surprise de voir apparaître ici un roman qui accompagne souvent mes rêveries ! Entre oubli et mémoire, il surgit, nimbé de blanc, ce blanc de la neige qui fond, ce blanc de la salle d'attente de l'hôpital.
RépondreSupprimerComme vous dîtes bien les forces de l'écriture de "Golem", vous appuyant sur d'autres romans de Pierre Assouline que vous avez lus et chroniqués..
Puis vous faites ce que je n'aurais jamais pu faire : rattacher ce personnage, Gustave Meyer, à ceux d'œuvres de science-fiction que vous connaissez sur le bout des doigts (liens).
Il est plus humain qu'homme augmenté ce Gustave Meyer. Il a peur. J'ai vu cette peur insidieuse s'emparer de son être. Mais une peur d'inconnu. Qui est-il ? Qu'est-il devenu depuis l'implant de cette électrode maléfique dans son cerveau ? Il voudrait être celui qu'il a été. Il voudrait que la mort inexplicable de sa femme puisse ne pas avoir existé.
Il a dans sa fuite, une alliée, sa fille, Nina. Un sacré tempérament !
Du jeu de Go nous passons au jeu d'échecs.
Pierre Assouline a-t-il lui aussi structuré son roman en pensant à ce jeu où il est expert ? Il cite " Le Maître" de Kawabata, "l'éthique contre les chiffres", après Zweig et Nabokov. Et même, Glenn Gould !
N'empêche que votre billet est étonnant.
Votre piste : "Pierre Assouline fait le choix de disserter sur la mémoire et l’oubli plutôt que d’emprunter véritablement les sentiers d’une intrigue policière dont la résolution émerge rapidement aux yeux du lecteur. "
Oui et non.
Oui pour le choix de la mémoire contre l'oubli et pour lintrigue.
Non car il donne à l'insu du lecteur une couleur au roman que l'on n'attend pas : son affrontement avec le Golem. Il nous impose peu à peu un ralentissement dans l'intrigue incitant à la relecture du mythe.
Et là tout devient flou. Comme vous l'écrivez : "Quelque chose tente de s’emparer de son esprit."
Une fantasmagorie assoulinienne. Une exploitation poétique du sujet. Le mythe est marqué par la Kabbale juive et donne une aspiration spirituelle à Gustave Meyer en lutte contre l'univers des démons figuré autant par le Golem que par les robots de l'homme augmenté. Un Faust subi. Gustave Meyer est effrayé par cette force surajoutée par l'implant. Il lutte avec ses forces intérieures.
C'est un livre nocturne malgré tout ce blanc. Un livre plein d'échos...
Ainsi, Rothko.
Celui des derniers temps. Les œuvres qui sont peintes à l'acrylique mate sur papier qui semblent refléter un homme découragé, seul, mélancolique. Il renonce alors aux nuages de couleur pour les grands panneaux de la chapelle de Houston. Toiles monochromes d'un brun tendre ou de noir opaque. Une clarté inversée. Ce qui reste quand le blanc de la neige d'en est allé... A travers elles ont contemple l'infini. au seuil du divin...
Sa fille c'est Emma. Nina c'est la policière à ses trousses.
SupprimerChouette, débattons.
RépondreSupprimerD'abord une remarque sur le texte
- Les joueurs d'échecs à plus de 2700 ELO ne sont pas de l'ordre du millier, mais dépassent la centaine :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Joueurs_d%27%C3%A9checs_ayant_obtenu_un_classement_Elo_de_2_700_points_ou_plus
- Le débat philosophique, la mémoire est-ce l'identité ?
Descartes et Locke bien sur, mais je me souviens d'une conférence de Michel Serres:
https://www.dailymotion.com/video/x52oinn
SupprimerLa conférence en entier de Michel Serrés. Très intéressante.
Que faisons-nous de notre tête quand l'ordinateur, internet nous servent de mémoire externe ?
La créativité, la communication, le coeur.... Le pouvoir de dire non, celui de douter...
https://www.academie-francaise.fr/actualites/communication-de-m-michel-serres-0
Par contre que "Les joueurs d'échecs à plus de 2700 ELO ne sont pas de l'ordre du millier, mais dépassent la centaine". Ça m'est complètement égal. Ce qui est important c'est que Gustave Meyer couche son roi sur l'échiquier ne voulant pas user de ce pouvoir qu'il n'a pas demandé. Renoncer à sa passion pour être intégre c'est un sacré sacrifice. Comme la dernière phase du jeu de Go que vous avez soulignée dans votre précédent billet "Shibumi " de Trevanian.
SupprimerMichel Serrès pense justement quand il dit que même si nous avons maintenant un accès universel et immédiat à une somme considérable d'informations sur notre PC, ce n'est pas encore la connaissance. "C'est un pont qui n'est pas encore bâti. La connaissance est le prochain défi pour l'informatique." À côté de la mémoire, une autre faculté existe : l'imagination, c'est-à-dire la capacité à former des images, à transformer ce qui nous est donné, à questionner.
SupprimerVotre lien (Serrés) est épatant qui donne à redécouvrir la légende de Saint Denis.
Supprimer" Au troisième siècle après Jésus-Christ, à Lutèce, les communautés chrétiennes se réunissaient en divers lieux secrets pour tenter d’échapper aux persécutions diligentées par Rome. Elles célébraient leur culte et étaient nourries par la parole de celui qu’elles avaient élu comme évêque : l’un de ces pasteurs, que l’Église élèvera ensuite à la gloire des autels, s’appelait Denis. Trahie, sa communauté est dispersée et subit le martyre – lui-même est décapité. Or la légende rapporte que, sur le lieu de son supplice, Denis se penche et ramasse sa tête, qui vient d’être emportée par le glaive du bourreau – d’après les vies de saint Denis écrites à l’époque carolingienne, il aurait marché vers le nord durant plusieurs kilomètre, sa tête sous le bras, traversant « Montmartre » en empruntant la voie qui sera appelée la « rue des Martyrs » ; au terme de son parcours, il aurait remis sa tête à une femme pieuse originaire de la noblesse romaine, avant de se laisser tomber à terre. On l’ensevelit à cet endroit précis, et une basilique fut édifiée ensuite en son honneur."
Mais il en fait autre chose, un conflit entre nous, êtres humains et l'I.A représenté par nos échanges avec les ordinateurs et lutisation des iPhones.
Soit , répond Michel Serres :"l'externalisation de notre système nerveux vers un nouveau support. Une opération qui s’était déjà produite, jadis, avec les livres ! Mais alors, que reste-t-il dans nos têtes ? "L’intelligence, l’invention, l’innovation".
SupprimerQui parle en moi ?
RépondreSupprimerVaste sujet
Vous écrivez : " Qui parle en moi ?
RépondreSupprimerVaste sujet."
Dans le dernier chapitre, Gustave Meyer est enfin libre et il n'a rien oublié. Son courage a été de dominer la force obscure en lui et il a fait ce qu'il devait.
Vous citez Béalu (dont la librairie "Au pont traversé" a été mon refuge si longtemps. )
Quelle est cette phrase liminaire ?
Je n'ai trouvé que celles de Beckett après que le livre a refermé ses ailes :
"Je suis de nouveau loin, j'ai encore une lointaine histoire, je m'attends au loin pour que mon histoire commence, pour qu'elle s'achève, et de nouveau cette voix ne peut être la mienne. C'est là où j'irais, si je pouvais aller, celui-là que je serais, si je pouvais être."
("L'innommable").
Oui, "Qui parle en lui ?
Vaste sujet....
Vous écrivez aussi :
"Le débat philosophique, la mémoire est-ce l'identité ?"
Vaste sujet aussi ...
Proust écrirait pour vous répondre que le passé ne peut devenir du "Temps retrouvé " que si nous ne le forçons pas à revenir car il est hors de notre portée. Et qu'il se cache parfois dans un objet, un parfum, un faux pas.
Dépend-il du hasard ? A Prague, Gustave Meyer dans ces derniers chapitres rencontre sa fêlure, la fêlure d'une communauté. Il semble la conserver en lui dans son silence, une courbure de son âme. Vient un moment où il doit s'en défaire.
Celui qui part. Celui qui reste... dans un effondrement du temps. Depuis que le rabbin Loew avait enfermé sa créature au grenier après qu'il fut pris de folie destructrice. Et qu'il s'était échappé...
De plus le vieil homme praguois qui lui tend son chapeau lui dit malicieusement que le vrai nom de Gustave Meyrink , l'auteur de "Golem", est Gustave Meyer. Ce romancier qui "avait tenu de bout en bout la note juste du fantastique (...) grâce à des rêves reliés à la mémoire et à la vie par des labyrinthes...."
"Qui peut dire qu'il "sait" quelque chose sur le Golem ?"
Sa réapparition était signalée tous les trente-trois ans depuis le dix-septième siècle....
Le rituel ne variait pas : l'individu au physique inhabituel et au regard étrange marchait en vacillant(...) puis était rendu à son invisibilité."
C'est vraiment agréable d'échanger avec vous, Soleil vert. Je vais ouvrir vos deux liens.
Mémoire et identité ?
RépondreSupprimerDans le rêve deux identités peuvent de mêler en un seul. Dans le délire, encore pire ! il existe aussi des fausses identités dont le résultat est que le sujet de prend pour un autre.
Ce Napoléon que vous aviez chroniqué était très surprenant.
Mais c'est vrai que identité et appartenance sont deux choses différentes.
Simon Leys / La mort de Napoléon. ( Espace nord)
Supprimer"Messieurs-dames, hélas ! l’Empereur vient de mourir ! » La nouvelle se répand rapidement à travers toute l’Europe. Pourtant, Napoléon n’est pas mort. Après une ingénieuse évasion, il a réussi à regagner la France, laissant un sosie occuper sa place à Sainte-Hélène – et ce n’est que ce dernier qui vient de trépasser. Mal ajusté à son incognito, Napoléon va traverser une série d’étranges épreuves. Confronté à son propre mythe, saura-t-il recouvrer son identité? Et qui est-il donc, maintenant que l’Empereur est mort ?"
https://soleilgreen.blogspot.com/2023/09/le-golem.html
RépondreSupprimerVotre billet était excellent et le débat qui suit est vraiment complémentaire de celui d'aujourd'hui. On y parle beaucoup du Golem de Pierre Assouline, aussi.
RépondreSupprimerBéalu :
RépondreSupprimer« Et maintenant il y avait ce pont à traverser, ce seul pont jeté sur le fleuve pour atteindre une rive invisible. Qu'allez-vous faire au-delà ? dirait l'autre voix plus terrible encore. Car ce pont est une frontière et cette autre rive un autre monde. Et pour passer du l'un à l'autre je devais affronter les deux sentinelles qui se confondaient de plus en plus au brouillard et à la nuit. D'où je venais je le savais, mais ce que je voulais au-delà, comment le dire ?
Ainsi soliloquant j'approchai de l'entrée du pont et me trouvai bientôt à deux pas des gardes dont la silhouette grandissante et la complète immobilité commençaient à me rassurer. N'était-ce pas de simples statues de pierre ? Combien j'avais eu tort de m'effrayer ! Et plus grand tort encore sans doute de tant me soucier à propos de l'autre rive. Tandis que l'avançais d'un pas allègre, sous l'effet de ce nouveau courage, la brume tout à coup se dissipa pour faire place à la nuit étincelante, et, dès que j'eus traversé le pont, les fantômes vinrent à ma rencontre."
C'est le dernier récit du recueil "Mémoires de l'ombre" intitulé "Le pont" où Béalu réunit 120 récits brefs . Édité par Marabout, collection. Fantastique
SupprimerQuatrième de couverture :
"Cent vingt récits brefs sont regroupés dans ce recueil. Chacun plonge d'emblée au cœur du fantastique le plus délirant, au milieu des ténèbres, des monstres, de l'immoralité, de l'incongruité... S'il y a ici des références à notre monde quotidien, c'est surtout pour le mettre en question, pour montrer à quel point il renferme des ambiguïtés et des paradoxes. Pour Marcel Béalu, la réalité sort de l'ombre et la liberté passe par le territoire des songes."
Extraordinaire ! Ainsi donc s'éclaire le nom de sa librairie, "au pont traversé". Il est vrai aussi qu'elle n'était pas éloignée du pont Saint-Michel
RépondreSupprimer"En 1949, Marcel Béalu donne à sa librairie parisienne, "Le Pont traversé", le nom d'un récit de Jean Paulhan. Il l'installe (...) 16 rue Saint-Séverin dans le quartier de la Sorbonne, et enfin dans une ancienne boucherie dont il conserve l'enseigne au 62 rue de Vaugirard.'
RépondreSupprimer
RépondreSupprimerEt la voilà :
https://arcanum.paris/photos-insolites/559/le-pont-traverse/le-pont-traverse
Donc c'est un fabuleux passage que vous avez créé, Soleil vert, entre Jean Paulhan, Marcel Béalu, Pierre Assouline et son personnage, Gustave Meyer, traversant le pont Charles, à Prague. Un chemin qui le mènera au cœur de la vieille ville, jusqu'à la synagogue Vieille-Nouvelle qui a survécu à tant de pogroms. C'était un vendredi.... Il franchit l'étroite porte de la synagogue et entra. Les prières du shabbat l'avaient dirigé en ce lieu où se tenait quatre siècles avant le rabbin Loew, celui qui donna vie au Golem....
C'est l'histoire d'une répétition qui s'inscrit dans une autre histoire mais c'est aussi autant de lieux d'hébergements pour notre mémoire, nos rêves.
RépondreSupprimerC'est aussi le pouvoir des mots qui nous libèrent des peurs qui remontent à l'enfance et nous incarcéraient, un apaisement apprivoisant les monstres, les Golems, les démons, les mauvaises fées qui nous hantaient. Des passerelles...
RépondreSupprimerPour ce roman de Pierre Assouline, je pense à une pensée de G.Deleuze :
"Fuir, ce n'est pas se réfugier dans l'imaginaire, c'est créer de la vie. Écrire, c'est tracer des lignes de fuite."
J'aime beaucoup, page 150, le message qu'Emma trouve sur l'ordinateur de sa mère et qui l'a fait sourire.
RépondreSupprimer"Je n'ai rien à te dire, sinon que ce rien c'est à toi que je veux le dire."
signé : Golem.
C'est une très belle idée du romancier. "Une manière éprouvée de parler à tous pour ne s'adresser qui à un seule."
Pour Bealu, la libraire n’existe plus. On peut toujours relire la Mort à Bénidorm, ou l’ Araignée d’ Eau…
RépondreSupprimerOui, L'Araignée d'eau.
RépondreSupprimerBien sûr que la librairie n'existe plus... mais la photo rappelle des souvenirs... Maintenant c'est une enfilade de restaus...
" L'origine du mot "échec" vient du mot persan "shah", le roi. Or pour gagner une partie, le but est bien entendu de vaincre celui-ci en l’attaquant et le rendant incapable de bouger. C’est le fameux "échec et mat" — "shah mat", pour "vaincu", "impuissant", "paralysé". "Lorsque le monde arabe adopte le jeu, il rebaptise "shah" en "sheykh" pour désigner les échecs."Sheykh mat."
RépondreSupprimer(Je cherchais l'origine du nom dans vos deux rubriques sur le jeu d'échecs ( col. de droite), plus que les résultats des championnats.)
"Pierre Mac Orlan, à propos du jeu d’échecs, écrivait dans son roman L’Ancre de miséricorde : « Il y a plus d’aventure sur un échiquier que sur toutes les mers du monde. »
RépondreSupprimerEst-ce cela pour vous ?
Aux échecs, pour chacun des deux joueurs, la première case à droite doit être blanche.
RépondreSupprimerLa première page du roman de Pierre Assouline est dominée par le blanc.
La dernière séquence du jeu : échec au roi, renvoie Gustave Meyer au blanc... Suit le texte mystérieux de Beckett annonçant une autre partie qui se jouerait ... là où le blanc de la neige repose.
Diriez-vous comme le philosophe Moses Mendelsshon « les échecs sont trop sérieux pour être un jeu, mais trop ludiques pour être pris au sérieux » ?
RépondreSupprimerJulien Gracq dit : « je n’ai jamais été initié aux échecs. J’ai tâtonné dans leur direction de moi-même, sans guide, difficilement mais obstinément, je leur ai appartenu dès le début sans que j’y eusse la moindre aptitude, comme la boussole au pôle magnétique." (Lettrines II)
RépondreSupprimerVoilà une citation qui me fait ventriloque !
Comme dans le roman "Le Joueur d'échecs" de Stefan Zweig, on peut supposer que Gustave Meyer jouera dans sa tête des parties d'échecs qui lui permettront d'échapper à la folie, au désespoir mais sans pouvoir affronter désormais d'autres joueurs que lui-même.
RépondreSupprimerhttps://www.musee-orsay.fr/fr/oeuvres/dr-emanuel-lasker-and-his-brother-4149
RépondreSupprimerPour vous, Soleil vert, ce philosophe.
Superbe !
RépondreSupprimerSuperbe c'est pour le commentaire qui suit !
SupprimerAlbert Einstein reprochait a son ami le champion Emanuel Lasker de gaspiller ses impressionnantes facultés intellectuelles a ce jeu. SV
RépondreSupprimerDevenu fou Steinitz, autre champion, proposait une partie a handicap à Dieu . SV
RépondreSupprimerSuperbe, encore !
SupprimerSoleil vert, je vais peut-être vous décevoir. Savez-vous le passage du roman de Pierre Assouline que je préfère ?
RépondreSupprimerPas les échecs, pas Prague, presque pas la neige mais, page 158, ce dialogue inoubliable entre lui et Rothko, à la Tate Modern de Londres.
C'est devant une grande toile : "Black on Maroon", une toile de 1959, l'année où à New-York Marcus Rothkowitz devint Mark Rothko.,(...)
Face à elle, il se retrouvait désemparé, prêt à s'abandonner ; il aurait voulu s'y réfugier (...) Rothko lui communiquait cette sensation ineffable d'être comme inhumé en lui-même."
Cette huile sur toile, 266x457cm, est toute en longueur, puissante, enveloppante, oui.. Une palette sombre, un brun tendre. Elle fait partie d'une série.Toutes ont un fond rouge profond leur donnant une grande subtilité chromatique.
C'est une des peintures murales qui devaient "décorer"... une salle du Seagram Building de New-York. Une salle longue et étroite d'une surface d'environ 50 m² d'un restaurant de luxe.
Rothko a accepté cette commande mais s'attend à ce que ces toiles soient refusées. Cela le réjouit presque...
Il remboursera l'acompte et fera retirer ses "Murals". Les peintures seront disséminées dans le monde (Japon, Washington, diverses collections privées...) et neuf appartiennent donc à la Tate Gallery de Londres.
Ces toiles sont comme des lignes de vie...
La terre des damnés en attente de résurrection... Rothko écrira : "Une aventure inconnue dans un espace inconnu...".
Une marge d'indéfini en plein cœur du roman. Le romancier a posé son être sur la surface de la toile et s'y est déployé dans un mouvement tournant jusqu'à la plénitude abdiquant toute volonté... pour dialoguer avec l'action de peindre de Rothko. Un souffle...
Qui commence page 158 et se termine page 166.
RépondreSupprimerCa ne me choque pas.
RépondreSupprimerEn fait tout cette errance me plait.
Comme celles d'Antoine Blondin qui se soumettait avec plaisir aux contrôles de police car il n'était jamais certain de son identité.
J'apprécie vivement cette réaction, imprévisible Soleil vert.
RépondreSupprimerBelle mémoire de Blondin.
https://larepubliquedeslivres.com/jadis-monsieur-blondin/
RépondreSupprimerLa délicieuse préface de Christian Authier au dernier livre d'Antoine Blondin, "Monsieur Jadis ou l'école du soir."
Au fait, pourquoi je cite Emanuel Lasker.Ce champion utilisait la psychologie pour vaincre ses adversaires. SV
RépondreSupprimerIntéressant !
RépondreSupprimerVous dîtes : " toute errance me plaît."
Page 204, l'errance de Meyer doit tout à Beckett. Et ça c'est onirique.
"Un soir à Paris, alors qu'il dînait chez le peintre Avigdor Arikha, celui-ci l'emmena dans sa bibliothèque, et sortit d'un tiroir fermé à clé "L'innommable ", une nouvelle dont son ami Samuel Beckett lui avait offert le manuscrit original. Ils le feuilletèrent délicatement jusqu'à ce que vers le milieu quelques dessins sur les pages verso attirent leur regard : un problème d'échecs. La curiosité de Gustave Meyer, qui lui vouait une grande admiration et savait sa passion pour le jeu, fut piquée au vif. Il en photographia mentalement les positions et les mouvements. Des années après, dans sa fuite, il décalqua sur une carte de l'Europe l'échiquier dessiné par l'écrivain et répercuta les coups qu'il avait imaginés. C'est ainsi que "L'innommable" et Beckett furent les guides souterrains de son Grand Tour."
Comme dans "Shibumi", le jeu est l'architecture du roman.
Oui, la psychologie est certainement essentielle entre deux adversaires à ce jeu car ils doivent deviner mutuellement la stratégie de l'autre et pour cela, bien s'observer.
Ici deux esprits se rencontrent : Beckett et Meyer comme dans la rencontre Rothko Assouline.
Euh, lapsus !
RépondreSupprimerIl faut lire la rencontre Rothko Meyer (Pierre Assouline n'étant pas Gustave Meyer (heureusement pour son cerveau ! il est seulement le créateur de Gustave Meyer.)
La citation de Samuel Beckett en exergue dans le beau roman, "Golem", de Pierre Assouline, m'a donné envie de me replonger dans les 200 pages de "L'innommable". Écriture serrée sans un blanc, sans paragraphe. Un monolologue terrible, douloureux. Comme il a bien choisi !
RépondreSupprimerUne citation de "L'innommable" figure dans un paratexte d'un recueil purement sf que j'aborderai prochainement.
RépondreSupprimerEtranges circulations.
Étranges circulations, oui...Heureuse de recevoir à nouveau les commentaires du blog. Quand la dernière panne a eu lieu, j'ai omis de remettre en route le suivi des commentaires par email.
RépondreSupprimerMais revenons à cette incroyable coïncidence. Ce texte immense de Beckett est écrit en un seul souffle, haletant, angoissé.
Il peut effectivement inspirer des écrivains et s'infiltrer par citations dans des textes où règne la peur, l'angoisse d'être perdu.
Je vais continuer à le relire mais totalement. Il m'avait tant angoissée que je l'avais mis en pause. Il attendait que Pierre Assouline le réveille et maintenant vous.
Votre lecteur "Convergence des parallèles" aurait bien des choses à nous dire sur ces livres et textes qui se rencontrent, se font signe.
Mais qu'est-ce que c'est un être sans nom ? Un innommable ? Quelqu'un qui n'existe pas ?
RépondreSupprimerPour Beckett après Malone et Molloy, celui-ci n'a plus que la parole pour exister.
J'ai revu , hier, le grand film d'Aki Kaurismaki, "L'homme sans passé". Cet homme est amnésique, suite à une agression. Dépouillé de ses papiers d'identité, il erre, ne peut dire son nom. Il est dans un monde inconnu.... Un film troublant et humaniste
C'est très étrange l'opposition entre la position du personnage de "L'innommable" au début du roman de Beckett et celle de Gustave Meyer , personnage de Pierre Assouline dans son roman, "Golem".
RépondreSupprimerLe premier est prisonnier d'un minuscule espace, assis quelque part entre le centre et le bord et voit passer des fantômes, surtout Malone.
Le deuxième est mobile et immobile dans une longue errance qui le mène à Prague comme destination finale. Immobile dans son effarement, il va à la rencontre de ses fantômes et porte en lui, le pire : Golem.
Les deux veulent parler ... Une langue inaudible pour les autres.
Enfin, Gustave Meyer a une lectrice, sa fille, Emma.
Les deux sont hôtes de l'absurdité d'une incarcération, l'un dans un lieu, l'autre dans sa tête.
Les deux auteurs à l'origine de ces écrits sont passionnés par le jeu d'échecs.
Gustave Meyer doit son itinéraire à un dessin de Beckett trouvé sur l'original de son roman, "L'innommable". C'est une stratégie du début d'une partie d'échecs.
Voilà les pièces et mon échiquier en début de partie.
Jouer contre les auteurs de ces deux romans c'est mission impossible pourtant rien qu'un petit début, un ou deux coups, me rempliraient de joie.
Page 24 de L'innommable, une précision :
RépondreSupprimer"Je dois supposer un commencement à mon séjour ici, ne serait-ce que pour la commodité du récit. L'enfer lui-même, quoique éternel, date de la révolte de Lucifer. Il m'est donc loisible, à la lumière de cette lointaine analogie, de me croire ici pour toujours, mais non pas depuis toujours."
(Voir "La fin de Satan" de Victor Hugo ou M.C..)
Le roman de Pierre Assouline commence par une citation de Beckett, toujours de "L'innommable".
"Où irais-je, si je pouvais aller, que serais-je, si je pouvais être, que dirais-je, si j'avais une voix, qui parle ainsi, se disant moi ?"
Gustave Meyer ? sa "vie se déroulait pour l'essentiel dans l'espace clos d'un échiquier "... Quant aux noms de ses spectres, il dit : "Il faisait sombre à l'intérieur de chaque nom."
Et pour quelles raisons "ce grand maître d'échecs s'identifiait au grand peintre Rothko (...) jusqu'à s'en faire le porte-voix d'outre-tombe" ?
Lui aussi reste assis pendant des heures mais c'est face à un tableau de Rothko, à la Tate Modern se laissant attirer par le grand vide du "Black on Maroon".
"Il ne voyait que l'au-delà à travers les deux rectangles en son centre après avoir troué la toile du regard.(...) Une force sourde et puissante qui lui tombait sur la nuque."
Il scrute un point qui nous échappe., un trou foré dans la toile, dans le roman et dans la langue.
La parole de l'innommable se confond avec son épuisement, livrée à l'impuissance, à la répétition.
Le néant borde le chemin de ces deux personnages.
L'innommable dit : " ça va être le silence, là où je suis, je ne sais pas, je ne le saurai jamais , dans le silence on ne sait pas, il faut continuer, je ne peux continuer, je vais continuer."( Page 213)
Ces voix de silence, comme elles se ressemblent...
Une citation de "L'innommable" qui pourrait être du roman de Pierre Assouline.
RépondreSupprimer"Ce qui me laisse perplexe, c'est de devoir ces connaissances à des gens avec qui je n'ai jamais pu entrer en communication. (...) Ils m'ont également affranchi sur Dieu. Ils m'ont dit que c'est de lui que je relève en dernière analyse."
Mais les miroirs sont source d'inversion. Les personnages nés des fictions ne sont alors pas des doubles malgré la fascination des parallèles. Juste une trace... S'il se rencontrent c'est toujours en termes d'échecs.
RépondreSupprimerL'obscurité creusée deviendra peut-être lumière.
Leur longue ombre sur la neige comme des souffles à entendre. Quel est leur vrai lieu ? La source, une obscurité trouée, n'est pas la même pour chacun d'eux.
Ils se retrouvent face à face de chaque côté d'un échiquier. Un, voit tout en noir, l'autre, tout en blanc.
Ces deux citations de "L'innommable" de Beckett, qui ouvrent et ferment le roman sont comme un dialogue de Pierre Assouline avec un écrivain aimé, un remerciement pour la forme inversée de ce qu'il allait exprimer dans l'écriture de "Golem".
RépondreSupprimerLa lutte de deux voix comme un Lied de Schubert... Aucun exilé n'oublie sa terre...
Fin de partie pour moi. C'est la première fois que je joue aux échecs... Je suis épuisée !
Merci, Soleil vert,pour votre accueil.
Et puis il y a les voix de Mahooud et Worm qui viennent assiéger l'innommable. L'un ou l'autre, interchangeables, inexistants.
RépondreSupprimerCette entité qui n'a pas de nom, qui ne peut pas bouger, qui est comme pétrifiée dans un espace réduit à un trou est une voix, une voix qui se cherche, qui se refuse. Dernier rempart avant le néant. Si le soliloque cesse, il ne lui restera plus rien.
Beckett a traduit son roman en anglais après l'avoir écrit en français.
Ici, souvent, le réel est plein de trous, aussi.
La fiction sert de rustine à un réel qui se dégonfle comme un pneu crevé.
C'est aussi une traduction.
J'ai hâta de lire le texte que vous avez raccordé à "L'innommable".
Page 166 de "L'innommable" :
RépondreSupprimer"je suis l'air, les murs, l'emmuré, tout cède, s'ouvre, dérive, reflue, des flocons, je suis tous ces flocons, se croisant, s'unissant, se séparant, où que j'aille je me retrouve, m'abandonne, vais vers moi,viens de moi, jamais que moi, qu'une parcelle de moi, reprise, perdue, manquée, des mots, je suis tous ces mots, tous ces étrangers, cette poussière de verbe, sans fond où se poser, sans ciel où se dissiper, se rencontrant pour dire...."
Toutes ces voix en lui, construisant un Je indécis. Il parle comme Antoine Blondin dans votre citation. "qui se soumettait avec plaisir aux contrôles de police car il n'était jamais certain de son identité."
RépondreSupprimerOn sent une menace dans ce long soliloque de Beckett. Une menace de dissolution des mots, de la voix. Une oppression. Une dispersion. La fin d'une illusion. Au bord de l'inexistence. Juste avant une sorte de folie. Un épuisement de la conscience. Il n'arrive pas à se séparer de ces voix. Quelle violence, qu'elle férocité.
RépondreSupprimerDes lèvres balbutiantes. Des voix...
Elles sont acharnées comme les Sirènes
Circé avait prévenu Ulysse :
"- Faites attention, vous allez rencontrer des sirènes. Si vous écoutez leur chant, elles vous attireront avec elles et vous feront vous noyer."
Est-ce qu'il attend quelque chose ? Le temps s'efface alors il peut attendre.
En attendant Godot... Incertitude quant à son identité...
Le monologue de Lucky...
Qu'est-ce qui peut soulager la souffrance humaine ?
Souffrance et mort sont irrémédiables semble nous dire Beckett. Et elles concernent tous les hommes... Il y a tellement d'attentes dans ce monde...
Qu'est-ce que le noir beckettien ? Un univers crépusculaire.
"Que tout devienne noir, que tout devienne clair, que tout reste gris, c'est le gris qui s'impose..."
Étonnée que le roman de Pierre Assouline conduise à ce chemin, à ce roman catastrophe de Beckett, à ce personnage suspendu dans le noir décidant ses voix qui s'entremêlent. Une marionnette... Un être écoute ses voix.
Un roman sans action ou un livre de philosophie ? Ou le chant d'un poète... Le rythme, le son...
Un personnage comme une ombre, une incarnation de la condition humaine.
Œuvre énigmatique ouvrant aux questions d'identité.
« La Mort a Béni Dorm « se trouve plus difficilement que les deux recueils précédents, mais je la recommande.
RépondreSupprimerJe ne connais pas ce conte de Marcel Béalu.
SupprimerAutrement , je crois que je commence à comprendre La Fin de Satan…
RépondreSupprimerC'est très difficile à comprendre. Quelque chose s'ouvre dans le sommeil de Lucifer qui permet à l'ange Liberté d'aller.
RépondreSupprimerComment imaginer que le prince du mal, l'ange déchu laisse aller la lumière à la lumière.
Le "Tout est grâce" de Bernanos ne descend pas dans ces ténèbres.
J'ai eu longtemps un vieux professeur de théologie comme ami épistolaire. Je lui ai rendu deux visites à Louvain la Neuve. Il était bon , rieur, très ouvert d'esprit sauf quand il évoquait Satan. Il y croyait vraiment, en avait très peur, le sentait rôdant autour des hommes. Et ce n'était pas un conte fantastique pour lui.
J'étais désarmée, ne savait que lui dire... Aussi vacillant qu'une proche, bretonne, avec ses superstitions.
Les deux avaient des peurs irrationnelles venues de l'obscur des générations qui les avaient précédés.
C'est très difficile de dialoguer avec un être qui a ce genre de croyance. Il faut attendre que l'instant sombre passe puis parler très vite d'autre chose ..
Je les aimais beaucoup.
Mais qui était Dieu pour Victor Hugo ?
RépondreSupprimerQue de combats des ténèbres et de la lumière dans son œuvre poétique et même dans ses romans ! Qui était aussi son Satan ? Ange de lumière précipité par un Dieu jaloux dans l'abîme.
Un amour réciproque féroce, une lutte de pouvoir et entre eux, une plume...
Ces paroles ultimes d'Hugo tellement droites.
RépondreSupprimer"Je désire être porté au cimetière dans un corbillard.
Je refuse l’oraison de toutes les églises ; je demande une prière à toutes les âmes.
Je crois en Dieu."
C'est "Leur" ( et non "un") corbillard, celui des pauvres à qui il donne cinquante mille francs dans ses volontés exprimées pour ses obsèques, deux ans avant sa mort .
RépondreSupprimerComme si le Mal n’etait qu’un moment nécessaire de l’évolution de la Création. Comme s'il fallait que Dieu ne soit pas parfait.
RépondreSupprimerOui, tout cela est très compliqué.
Le Bien ne pose pas de problème mais le Mal, quelle énigme....
Et Olympio qui est comme un autre lui-même :
RépondreSupprimer« Je crois, voilà tout. La foule a les yeux faibles. C’est son affaire. Les dogmes et les pratiques sont des lunettes qui font voir l’étoile aux vues courtes. Moi je vois Dieu à l’œil nu. »
Retour à Pierre Assouline. Dans "Vies de Job", il raconte un séjour qu'il fit dans l' École biblique et archéologique de Jérusalem, et dans le couvent proche, un lieu d'écriture qui l'inspire. Des mois d'études... comme son héros, Gustave Meyer, passait des heures à la bibliothèque du Saulchoir, une Thébaïde en plein Paris. Lui passionné par la kabbale, Pierre Assouline par les traces de Job dans la Bible et dans les dictionnaires de langue hébraïque.
SupprimerA l'heure du café, il questionne un religieux sur le sens littéral de la Bible et celui-ci lui répond : "Le sens littéral ne peut s'identifier ni à des faits historiques purs et durs, ni à une croyance tenue comme une certitude ; il ressemble plutôt à une quête de compréhension unique, qui se fait dans un clair-obscur de raison et d'irrationnel, dont l'enquête critique et l'adhésion croyante sont deux moments, deux antagonistes, et où le dogme est une lumière plutôt qu'un carcan."
Toujours pages 168/169, P.A. évoque Claudel qui fut toute sa vie farouchement hostile au sens littéral; il avait en exécration l'exégèse moderniste.(...) Il n'admettait pas qu'une critique biblique ne fasse pas état de la spécificité de l'Ecriture sainte comme Révélation."
Il ajoute, certainement avec un sourire, "J'ai lu toute la bibliographie consacrée au Livre de Job : ça parle des souffrances endurées par ses lecteurs."
Lui aussi, plus tard, comme Gustave Meyer, cherchera une synagogue . Ce sera à Heidelberg. Une synagogue proche du site de la synagogue détruite lors de la Nuit de Cristal du 10 novembre 1938.
C'est fou comme les marches de Gustave Meyer et de Pierre Assouline sont parallèles !
C'est ce fragment de poème de Victor Hugo qui me ramène vers d'autres écritures.
Ce Rien dans "La bouche d'ombre" :
RépondreSupprimer"Ô passant, comprends-tu ce mot : Rien !
Ce qu’on nomme le mal est peut-être le bien ?"
Toujours dans ce grand poème, "Ce que dit la bouche d'ombre" :
RépondreSupprimer"Dieu sentit une douleur.
Le poids prit une forme, et, comme l’oiseleur
Fuit emportant l’oiseau qui frissonne et qui lutte,
Il tomba, traînant l’ange éperdu dans sa chute.
Le mal était fait. Puis, tout alla s’aggravant ;"
Comme si le Mal était de la matière lourde.
Seul le sommeil de Lucifer laissera passer, je crois, une mue.
Et, un peu plus loin ;
RépondreSupprimer"Pas de deuil infini, pas de maux incurables,
Pas d’enfer éternel !
Les douleurs vont à Dieu, comme la flèche aux cibles" ;
"On verra palpiter les fanges éclairées,
RépondreSupprimerEt briller les laideurs les plus désespérées
Au faîte le plus haut,
L’araignée éclatante au seuil des bleus pilastres
Luire, et se redresser, portant des épis d’astres,
La paille du cachot !"
C'est étonnant ! Ce poème est vraiment intéressant pour éclairer "La fin de Satan"
Mais je sais qu'à chaque fois que j'écris "C'est comme si...", j'invente ce qui est écrit dans le livre ou la parole de lautre et peut-être ce qui s'est passé. C'est une affaire de perception, de jugement, de proposition. Du dire à partir de la parole écrite de l'autre.
RépondreSupprimerC'est le risque de celui qui publie ses écrits.
Mais c'est aussi une reconnaissance.
Enfin il y a ce lien entre écriture et peinture, presque une aventure amoureuse pour ce qu'on ne peut pas écrire. Ici la plénitude devant une toile de Rothko. L'écriture cherche l'image pour paraître.
Tous les mots ici se nourrissent de la distance, de l'inachèvement, de la métamorphose.
La correspondance entre un lecteur et un écrit est Souvent une source d'émerveillement.
L'Autre est profusion et lacune car sa connaissance est impossible. Fascination de l'impénétrable.
Irréel du présent comme une ubiquité dans le temps. Les mots sont à l'orée de l'intemporel... une si belle expérience du langage .
La lecture est l'invention d'un voyageur en quête d'une trace...
« La Bouche d’Ombre » est une mise en forme du système des Tables, dont on est redevable à Charles Hugo. « « Qui donc était Dieu pour Victor Hugo? »Une absence, je pense. Matérialisée par le Ciel Bleu de Nemrod et l’absence d’écho de l’agonie du Christ.(. O nuit! Ce qui sortit de Jésus, c’est Caiphe). Ce qui n’empêche pas que cette absence azuréenne puisse être blessée ( Nemrod, meme si point d’interrogation). Ou commander au Déluge. Dans tous les cas, un Dieu de cauchemar, qui manipule les etres . ( Noe pour le Déluge)
RépondreSupprimerCe n’est pas la bonne expression mais il y a de cela. On est plutôt face à un Dieu onirique dont la seule chose qu’ on sache est qu’il existe , avec une tendance visionnaire aux châtiments . Cf Melchisedech, condamné à tout voir.Il ne faut pas alors s’étonner qu’une atmosphère de cauchemar en émane, que viendra exorciser Liberté , parce que conçue des deux forces antagonistes. Hugo dit joliment qu’il y a de l’atheisme en elle. Dans tous les cas, Hugo fait l’impasse sur le mythe biblique du « non serviam! ».´pour lui substituer une rivalité cosmique très révélatrice. MC
Un combat de titans. Hugo face à l'océan...
RépondreSupprimerGrand commentaire. Merci
Mais quand même l'évêque de Dignes, Jean Valjean, sa mort....
RépondreSupprimer"Il était renversé en arrière, la lueur des deux chandeliers l’éclairait ; sa face blanche regardait le ciel, il laissait Cosette et Marius couvrir ses mains de baisers ; il était mort. La nuit était sans étoiles et profondément obscure. Sans doute, dans l’ombre, quelque ange immense était debout, les ailes déployées, attendant l’âme."
RépondreSupprimerJe dirais qu’on reste dans l’interrogation, quel que soit tout ce qu’Hugo rajoute pour faire passer Dieu. Et l’ « Ange mystérieux » renvoie assez bien à la première Legende des Siècles: « Je vis dans la nuée un clairon monstrueux ». La chose biblique y est, pas l’ Être qui y correspond…MC
Supprimer"La chose biblique y est, pas l’Être qui y correspond…"
RépondreSupprimerQuelle belle approche de Dieu !
Pour que l'invisible devienne visible ? Mourir....
Hugo à Jersey, c'était pour moi, dabord une intense période de création littéraire et l'exil bien sûr.
RépondreSupprimerVous y avez ajouté, il y a quelques mois, dans une longue conversation sur "La Chute de Satan", Hugo et la pratique des Tables tournantes. Vont-elles rapprocher Hugo de Dieu ?Les questions sur la religion sont-elles l'objet de séances spirites, de ces tables parlantes ?
Peu importe...
Ne croyez-vous pas que ce face à face quotidien avec l'océan, surtout la nuit, depuis la verrière de Hauteville House, suffit à lui donner cette impression d'infini, de gouffres, de ténèbres ?
L'affrontement de l'ombre et de la lumière ne lui donne-t-il pas l'impression d'appartenir au cosmos dans une sorte de perte du réel ? Dieu aussi, une profondeur sans fond, comme la chute de Satan.
Je crois qu'il subissait l'ivresse des profondeurs ... Le Promontoire du Songe...
Ajoutez-y les flamboiements et tournoiements d'étoiles, les tempêtes, les orages, les eclairs... La démesure de l'univers...
Une impression d'immense liberté et d'effroi.
Entre le noir et l'infini, j'imagine le poète écrivant ou dessinant, "l'œil ouvert sur le noir". Plumes et encre brune. Solitude et vertige. Énormité poétique... Éblouissement...
J'ai en tête cette vague suspendue dans le vide, un lavis rehaussé de gouache blanche pour l'écume, cette œuvre qu'il a nommée "Destinée". Une vision qui décrit si bien ce face à face avec l'inaccessible, cet œil fixé sur l'inconnu...
Dieu et Satan existent pour lui dans cette fascination, ce vertige, cette palpitation. Le look out, pour affronter ce théâtre d'ombres sans rien autour. L'océan intérieur de Victor Hugo.
d'abord
SupprimerJ'ajouterais bien que la souffrance ressentie à la mort de Léopoldine ouvre une porte à Hugo celle de... l’invisible, un chemin pour la rejoindre....
RépondreSupprimerL'invisible c'est aussi le pays des âmes. Celui de 'a lumière. Encore une séparation avec la matière. Comme il l'a fait pour Dieu en envoyant Lucifer dans une chute sans fin au cœur d'une matière noire, hors de la lumière.
RépondreSupprimerAvec ces Tables tournantes, Hugo
RépondreSupprimerSemble construire une religion nouvelle qui ferait de lui un prophète. Ce n'est plus du christianisme mais un lieu indéfini habité par les âmes hors du monde et en lui car il est un peu panthéiste. Tout est habité par ces âmes : le vent, les herbes, les fleurs, les arbres, les pierres, les paysages...
Métempsycose ?
RépondreSupprimerLa « fille morte » qui se manifeste dans la première séance peut-être, comme les participants en conviennent , ou la fille du Général Le Flo, ou celle de Victor Hugo. Je crois que c’est la Mort qui vient preciser les choses très ultérieurement: « les époux charmants noyés dans le Fleuve pensent à vous ». A vérifier. La mort comme accès à Dieu est le moyen utilisé dans « Dieu », poème philosophique contemporain du Satan et des Contemplations. Ce Dieu qu’ Hetzel n’aime pas et qui sera rangé sans remords dans les posthumes. Bien voir qu’on est à Jersey pour les séances , les tables, une grande partie du Satan, et la médiation de Leopoldine-Ange Liberté, si on peut désigner les choses ainsi. Personnellement, je pense qu’il y a là comme un aggrandissement d’un personnage vécu. Le moyen de faire autrement si on tient compte de sa mort précoce à dix-huit ans? Liberté accomplit donc dans la création hugolienne ce que Leopoldine, restée l’ange enfantin des Contemplations, n’accomplit pas.( ici voir » Mors » « À celle qui est restée en France », ou elle reste fixée funestement à son personnage de jeune fille morte. Au rebours, la vague de « ma Destinée » renvoie à Guernesey ainsi que le Look-out, mais vous le savez. bien à vous. MC
RépondreSupprimerOui, il a eu conscience d’être le Prophète d’un nouveau culte, parlant des cahiers des Tables comme « des évangiles de ce siècle-ci » Malheureusement, ils sont en partie perdus….MC
RépondreSupprimerMerci de me ramener à Guernesey. Je connais peu de choses du séjour à Jersey. Les dessins et l'avis exposés à la maison de Victor Hugo conduisaient il est vrai à Guernesey. Pourquoi a-t-il quitté cette île et sa maison ?
RépondreSupprimerC’est la séance de l’ Ânesse de Balaam qui introduit la Métempsycose. On ne peut pas dire que ce soit du Hugo, dans la mesure où elle le réclame et l’invoque: « ou est Victor Hugo ? » En revanche , il y aurait à voir du côté de Charles, dont l’univers, d’un pessimisme halluciné, ne l’exclut pas. C’est par l’ Anesse que l’on sait que « l’Homme vole à travers la création comme un oiseau de branche en branche »…,
RépondreSupprimerLe pourquoi, c’est une lettre furibonde à Palmerston, suite à la venue de Bonaparte chez Victoria. La sanction a ete le déménagement à Guernesey. Ce qui fait dire à Hugo, qui n’ guère compris, ou donné l’impression de comprendre, que le mot « expioulsionne », que l’anglais est du français mal prononcé…Pas si mal vu!
RépondreSupprimerUn cadeau !
RépondreSupprimerhttps://www.musee-orsay.fr/fr/oeuvres/victor-hugo-dans-le-rocher-des-proscrits-22367
Ça change des photos du grand âge où il pose en patriarche inspiré !
RépondreSupprimerhttps://histoire-image.org/etudes/hugo-exil
Si les Tables ont rapproché Hugo de Dieu? Je ne le crois pas. On oscille entre le monde de la Mort, celui de l’ Ombre du Sépulcre, et celui, embryonnaire vu les textes conservés, de l’ Archange-Amour. Mais on a très peu de chose relevant de ce dernier, comme si le médium n’y croyait pas…L’annonce du passage des mondes du premier à ceux du second ne dépasse pas l’effet d’annonce, soit que des séances soient perdues, soit qu’elles n’existent pas. On sait par recoupement les séances perdues , une séance Moise, une séance Sade, etc. Mais on ne voit pas qu’elles pourraient être dans cette période celle de l’ Archange-Amour. Et il n’y a pas trace de progression. Je crois que les Tables l’ont marqué comme phénomène s’adressant à lui personnellement. Pour ce qui est de Dieu, en revanche, c’est raté. Si on ajoute qu’ Hugo, souvent, n’assiste pas aux séances à moins d’y être expressément invité…
RépondreSupprimerEh bien, ils ne devaient pas être gais autour de ces tables ! Quelle ambiance !
SupprimerSaint-Malo faisant face à Jersey, n'y a-t-il pas pour Victor Hugo un lien de fascination pour Châteaubriant dont le tombeau fend les eaux de Saint-Malo ?
RépondreSupprimer«Et Jersey donnera le Rocher des Proscrits !». ( Auguste Vacquerie?)
RépondreSupprimerJe préfère l'imaginer détendu dans sa maison parisienne de la place des Vosges, jouant avec ses enfants, vivant de douces heures avec Juliette Drouet plutôt que dans ces sombres et inquiétantes heures passées autour des tables tournantes à invoquer les morts.
RépondreSupprimerMais nous devons aux unes l'œuvre et aux autres le bonheur qui n'a pas laissé de traces.
Et j'oublie en chemin le pamphlétaire se répandant avec force sur l'usurpateur.
Le frère du Beau-Frere, Paul, auquel VH ne pardonnera jamais d’avoir noyé sa fille, quitte à s’être noyé lui-même, cf « À P.V. « in Contemplations, Auguste, l’Ami de l’ exil, et de Madame Hugo en tout bien tout honneur !
RépondreSupprimerOui c'est vrai qu'il a aimé sa femme Adèle Fouchet, le premier amour de sa vie, mais aussi sa maîtresse Juliette Drouet et quelques autres moins assidûment. Ce grand poète avait un grand appétit.... et beaucoup de vigueur.
RépondreSupprimerÇa rassure, il n'y a pas que les morts, les esprits, les spectres et autres entités hantées... Dans sa vie.
Et l'écriture pour s'éloigner de tout ce monde frénétique.
Ah ces grands hommes, cela ne devait pas être facile de vivre près deux !
La maison de la Place des Vosges, ou Madame Hugo se fait bien absente. Celle de la Rue François 1er, aussi, et la propriété de Louise Bertin, pour les vacances. Je ne parlais d’ Auguste que parce que vous m’envoyiez le Rocher des Proscrits. Mais il fut fidèle. Ce n’était pas le cas de tout le monde. Il mérite d’être associé à ce bonheur îlien puis parisien…
RépondreSupprimerAh oui, fidèle ! Vous me la baillez belle !
SupprimerSa mère, Sophie Trébuchet, semble avoir été une femme remarquable. Libre penseur, anticléricale, indépendante...
RépondreSupprimerElle a dû certainement l’inspiré mais pas jusqu'au point où elle en aurait fait un défenseur de la cause féminine !
Un article mi-caustique mi- admiratif qui ne manque pas de saveur !
RépondreSupprimerhttps://www.ouest-france.fr/culture/livres/lire-magazine/pourquoi-victor-hugo-pourrait-avoir-peur-aujourd-hui-du-metoo-b8099452-77b5-11ec-b8b0-24be4f2fcae3
Je n'oublie pas que sur la stèle de la tombe de Stendhal au cimetière Montmartre, on peut lire :
RépondreSupprimerArrigo Beyle/ Milanese/ Scrisse/ Amo/ Visse/ Ann. LIX M. II/ Mori Il XXIII marzo/ MDCCXLII.
À savoir :
Henri Beyle, Milanais, il écrivit, il aima. Il vécut 59 ans 2 mois. Mort le 23 mars 1842.
Il écrivit, il aima.
Comme Victor Hugo.
Paul Vacquerie fut le mari de Leopoldine. Ne pas confondre avec Paul Foucher, autre adorateur d’ Adele, et lui, de sa famille. Le destin lui permit de recevoir en pleine figure les. Lettres, brûlées depuis, de Sainte Beuve et d’ Adele.une illusion s’écroula ce jour là…
RépondreSupprimerOui, les Tables sont un très épuisant moyen de passer le temps. Non, ces bourgeois du Dix-Neuvieme ne sont pas d’une gaieté folle, hors la séance sur la Critique. Mais le pourraient-ils, avec cet Hugo christique, ( « mon père joue auprès d’eux un rôle biblique » écrit Charles)ces drapeaux rouges, ce nouveau rapport à la mort qui nait à Jersey?
RépondreSupprimerBonsoir, MC, merci pour ces deux derniers messages.
RépondreSupprimerJe vais maintenant m'intéresser à ces nouvelles de Robert Sheckley réunies dans "Deux hommes dans les confins".
Merci pour ce bel aparté.
Sophie Trébuchet épousa Leopold, puis fréquenta plus que de raison Faneau de Lahorie, pris dans la conspiration du Général Malet et fusille. Ce sont les deux seules choses sûres qu’on ait d’elle. Hugo en’ a fait une Vendéenne, ce qu’elle n’était pas non plus. C’est une nantaise avec tout ce que cela sous-entend de rapport à l’Esclavage, tel qu’illustre par le premier Bug-Jargal. Et la « libre-penseuse » leur fait découvrir la Bible, aux dires de son fils…
RépondreSupprimerPas lu ce Sheckley la, dont on disait qu’il avait un sérieux poil dans la main…MC
RépondreSupprimerSe méfier des on-dit....
SupprimerAh, vous dites "libre-penseuse". Vous êtes certain de ce féminin ?
RépondreSupprimer"Penseuse" est rare...
RépondreSupprimerLe dernier billet de Pierre Assouline sur Italo Calvino est remarquable. J'ai commandé Le Cahier Calvino (L'Herne).
RépondreSupprimerJ’ai repris le votre, très bêtement. J’en reviens au Dieu Hugolien: » une absence existante ». Pour la dame, pas sur du tout qu’elle ait été « libre-penseuse » au sens des Lumières…
RépondreSupprimerLibre-penseur.... J'ai hésité avec ce féminin, mais suis restée non convaincue par l'expression au masculin pour une femme.
RépondreSupprimerPour sa mère, je comprends votre restriction. Je pensais juste que la religion n'était pas son souci. Elle semble avoir été très libre dans ses pensées, détendue.
Pour Victor Hugo c'est plus compliqué. Il est divisé par la moitié, (clin d'œil au billet de Pierre Assouline) l'une s'opposant à l'autre : rejeter les religions, les dogmes et ne pas pouvoir ne pas parler de Dieu.
Ses personnages comme Valjean veulent racheter leurs fautes passées par une obligation morale de vivre dans l'honnêteté et la lumière.
Dieu pour Hugo... Oui, une absence-présence dont il ne peut se passer. Un alter-ego ( il était très
orgueilleux aimant ce qui est grandiose) qu'il aime affronter.
On peut même ajouter avec Jean Gaudon que la séance dite Leopoldine a provoqué pour un moment une « conversion par les larmes ». Il entendit et et il crut. En ce sens les Tables ont fait quelque chose. Quant à le rapprocher de Dieu… MC
RépondreSupprimerOn peut se demander si cet aspect divisé par deux n’est pas une conséquence de la Révolution perçue par la génération romantique. Lamartine aussi sera déiste et sa Genevieve se tournera vers les humbles. Aucun des deux ne reprendra l’appareil ecclésiastique dans leurs croyances. Tous deux penseront à Dieu seul…
RépondreSupprimerIl y a un peu de robespierrisme là dedans….
RépondreSupprimerPlutôt Moïse ou Prométhée que Robespierre ! Il voulait tant être le centre du monde ce proscrit, ce pourfendeur de la loi civile....
RépondreSupprimerCe soir, pierre Assouline de Gaulle/ Churchill sur la 13 public-Sénat
RépondreSupprimerhttps://programmetv.ouest-france.fr/documentaire/histoire/de-gaulle-versus-churchill-memoires-de-guerre-guerres-des-memoires-c295752349/
N’oubliez pas que la description la plus convaincante comme la plus mythifiante de la Révolution reste Quatre-Vingt-Treize, spécialement le Chapitre des Trois Dieux, que Gance démarque dans son Napoleon. Or les trois Dieux, c’est le triumvirat sous Robespierre….et Cimourdain dans le roman , un ex-prêtre, justement…
RépondreSupprimerCimourdin ? La ligne droite qui ne connait pas la courbe, selon Hugo...
RépondreSupprimerDanton, Marat, Robespierre...
Dans ces combats fratricides, entre républicains et royalistes, Hugo choisira d'écrire les barricades de la Commune de Paris et y campera ce merveilleux lutin, Gavroche.
Extrait de son poème, L'enfant.
"(...) Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,
Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois,
Plus éclatant que les cymbales ?
Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l’oiseau merveilleux ?
— Ami, dit l’enfant grec, dit l’enfant aux yeux bleus,
Je veux de la poudre et des balles."
Christiane , pour le commentaire
RépondreSupprimer1793... Quelques mois de cette année meurtrière .
RépondreSupprimerLe roman du XIXe siècle entre fiction et Histoire, fleuron de la littérature, Hugo y versera tout son cœur.
C'est là qu'on retrouve Les Misérables, Marius, les barricades.
Hugo ne cesse d'interroger la violence, ce mélange d’ombre et de lumière incarné par ces beaux personnages . Il pense à travers eux. Et chante la liberté.
Christiane
SupprimerNon , Gavroche doit mourir en 1842. La Commune et la Barricade des Misérables n’ ont rien à faire ici…Au demeurant, certains poèmes de l’ Année Terrible comme « La Prisonnière passe » , sont pour le moins ambigus…Meme si je soupçonne Louise Michel d’avoir contribué à la documentation!
RépondreSupprimerLe « merveilleux poème « vient des Orientales, ce qui change tout. Il ne s’agit pas de glorification de l’enfance insurgée à Paris! De plus dans un recueil qui prône l’Art pour l’´Art, vous jouez de malheur!
RépondreSupprimerOui oui vous avez raison. Passons à autre chose....
RépondreSupprimerQuatre vingt Treize est l’ultime roman déposé dans la crèche de Marianne III. Il faudrait que vous vous demandiez pourquoi . Il s’agit d’un acte de réconciliation.
RépondreSupprimerCimourdain.
RépondreSupprimerMC vous êtes incroyable !!! mais je quitte Hugo tout à la joie d'avoir reçu le cahier de L'Herne consacré à Italo Calvino. Une merveille que je dois à Passou.
RépondreSupprimerBonne journée.
C.