mardi 12 mars 2024

La papeterie Tsubaki

Ogawa Ito - La papeterie Tsubaki - Picquier Poche

 

 



Comme le roman d’Hiro Arikawa, Au prochain arrêt, La papeterie Tsubaki est tombée par hasard dans mes mains. C’est l’histoire d’une jeune femme qui a hérité de sa grand-mère une boutique à Kamakura, une petite ville côtière située à quelques encablures de Tokyo. Amemiya Hatoko a été élevée par son aïeule surnommée L’Ainée. De ses parents nous ne saurons pratiquement rien et cette absence n’est d’ailleurs pas prétexte aux développements romanesques habituels dont l’histoire littéraire regorge jusqu’à plus soif. Tout est à plat dans ce récit. Le mot « histoire » ne semble pas non plus qualifié pour évoquer un ouvrage chapitré en quatre saisons. Le quotidien d’Amemiya Hatoko s’inscrit dans un Temps cyclique et non linéaire. Les souvenirs de l’aïeule disparue, à la fois mère de substitution et préceptrice, constituent certes un élément central de la narration mais, pour reprendre les propos d’un de ses clients : « Plutôt que de rechercher ce qu’on a perdu, mieux vaut prendre soin de ce qui nous reste ».

 

En dehors de l’activité consacrée à la papeterie Amemiya Hatoko dite « Poppo » exerce le métier d’écrivain public, une longue tradition attachée à la famille Amemiya. L’Ainée lui a enseigné l’art difficile de la calligraphie décliné sur trois types de caractères, les plus courants, les kanji - de provenance chinoise -, les hiranaga et katakana. L’apprentissage laborieux de leur reproduction exacte, qui a phagocyté l’enfance de Poppo, n’est qu’un préalable à la rédaction d’un message dont la teneur détermine le choix et la composition de l’encre, du papier, du support d’écriture, pinceau, plume, stylo sans oublier celui de l’enveloppe, du timbre et du sceau. « Pour des condoléances, la règle veut qu’on broie l’encre à l’envers, de droite à gauche ». Plus loin « Délayer l’encre, c’est le signe d’une grande tristesse » et « Normalement, pour une correspondance formelle, on utilise une enveloppe doublée, mais pour les messages de condoléances, on choisit au contraire une enveloppe simple pour éviter de redoubler le malheur. » Les lecteurs de Stupeur et tremblements se souviennent que la persécutrice japonaise d’Amélie Nothomb lui enverra un message calligraphié après l’envoi de son premier roman, reconnaissance de la promotion sociale de la jeune femme passée du statut de dame-pipi à romancière.

 


Ce faisant, pour reprendre les termes d'une notule journalistique, Amemiya Hatoko crée ou reconstitue un tissu social dont elle devient le pôle, attirant une clientèle toujours plus nombreuse. Comme dans un ouvrage en cours d’élaboration, des personnages inquiets, angoissés ou irrésolus franchissent le seuil de sa boutique pour narrer, clore une histoire personnelle, et disparaitre. Certains restent et intègrent son entourage.

 

Insensiblement le texte d’Ogawa Ito glisse – et ce n’est guère étonnant venant du Japon – d’un art de la belle écriture à un art de vivre. En témoigne la carte du Tendre liminaire semée de temples et de plats culinaires dont « Poppo » raffole. La papeterie Tsubaki est la chronique d’une vie ritualisée, d’un Présent éternel. Il existe une suite, La république du bonheur.


121 commentaires:

  1. Vous mettez en lien votre autre billet concernant d'Hiro Arikawa : "Au prochain arrêt "( Actes Sud - Babel.)
    Relisant les commentaires, je retrouve nos échanges sur ce roman mais aussi - j'avais oublié - sur les tragédies de Racine -sans oublier la belle préface que DHH/ Rosanette a écrit pour "Andromaque".
    Comme c'est étrange d'en passer par Racine pour ressentir la finesse de ce voyage.

    Nous voici à nouveau dans la littérature japonaise. J'attendais ce billet que vous nous aviez promis. Je suis sensible à tout ce qui concerne l'art de la calligraphie dans ce roman et dans votre billet.
    Cet art de tracer, la voie de l'écriture qui mène à la sagesse par la beauté visuelle, la lenteur et un grand calme, cet état de paix nécessaire au calligraphe.
    Vous citez un passage où se révèlent les secrets du bâtonnet d'encre solide. Une encre excellente dont le parfum et le lustre sont caractéristiques.
    Donc, ces bâtonnets se délayent dans une pierre à encre munie d'un creux afin de recevoir l'eau. Un mouvement circulaire nécessaire dont vous dévoilez un sens particulier que j'ignorais .
    Mais ce qui est étonnant c'est que cette jeune femme, Amemiya Hatoko , met cet art au service d'un métier d’écrivain public, une longue tradition attachée à sa famille et ceci dans une petite librairie.
    Lettrée et philanthrope, donc. Généreuse.
    Ce pigment noir de l'encre me fait rêver. Hâte de lire ce livre.
    La beauté demeure une énigme. Chaque être peut être habité par la capacité de la beauté.
    Amemiya Hatoko semble répandre une plénitude de présence au monde, une lumière, une beauté du cœur qui vous ont touché.
    Beauté et bonté...

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  2. Merci !
    Les lettres calligraphiées sont reproduites dans le livre.
    Kamakura charmante ville balnéaire, sans oublier une foret ce bambous

    https://www.kanpai.fr/kamakura

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    1. Je regarde le petit film. La forêt de bambous est impressionnante !

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  3. Correction :
    Ce faisant, pour reprendre les termes d'une notule journalistique

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  4. reprendre les termes d'une notule, sonne mieux que reprendre une notule
    Une énorme faute d'orthographe corrigée en passant :(disparaitre)

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  5. https://soleilgreen.blogspot.com/2013/04/torii-ditsukushima.html

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  6. Il y eut aussi, du même, un Restaurant de l’Amour retrouvé, qui plut beaucoup à un Chef de mes amis….

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  7. du même -> de la même
    A lire donc.

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    1. Vu les goûts très spécifiques du lecteur, peut-être !

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  8. Pour quelles raisons j'aime vos billets, Soleil vert ?
    A cause d'un souvenir d'adolescence.
    Ces années-là, internet n'existait pas, pas plus que les vidéos, ni la télévision . Quand on voulait voir un film, on se tournait vers les affiches. Il y avait alors le temps du désir puisqu'elles annonçaient, "Prochainement", ... le film que nous n'avions pas encore vu.
    Comme vous le faites souvent en annonçant les prochains romans que vous allez chroniquer.
    Mais, un autre aspect de ces affiches me fait aimer vos billets. Elles représentaient très exactement une séquence du film que nous allions voir, comme un agrandissement d'une vue du film. On reconnaissait les visages des vedettes connues, des morceaux de paysages situant l'action et nous savions sans erreur possible que ces images nous promettaient du vrai, que l'on retrouverait cette image dans le film et que ce serait un plaisir. (Aujourdhui quand je les retrouve dans un magasin près du jardin du Luxembourg , à côté de chez Corti, je les trouve un peu kitsch mais aussi émouvantes car elles sont porteuses de nostalgie .)

    Mais je reviens à vos billets qui n'ont rien de "kitsch" mais qui donnent un aperçu exact du livre que j'attendais.
    Ainsi, ce matin je retrouve Amemiya Hatoko à Kamakura dans la petite papeterie que lui a léguée sa grand-mère et dans cette activité d'écrivain public (qui n'a rien à voir avec cette fonction existant en France dans beaucoup de mairies).
    Dans ce roman il s'agit de calligraphier des adresses, des courriers répondant à des circonstances précises comme celles accompagnant la mort mais pas seulement.
    Vous citez d'ailleurs ce passage (que j'ai eu du plaisir à retrouver, intact,) concernant l'aspect de la lettre et de l'écriture, le geste pour tourner le bâton dencre...
    Et soudain
    Je sais que je vais me séparer de votre billet et entrer dans le roman.
    Dans ces quarante premières pages, je suis surprise par le ton naturel et simple de la narration d'Amemiya Hatoko, attachée à décrire son apprentissage ( souvenirs d'enfance) de calligraphe et ses premières expériences dans cette mission rare de faire de ces courriers des œuvres d'art. Tout est passe au crible : les gestes, les matériaux accessoires rangés en bon ordre dans des boîtes , le papier, l'encre, les pinceaux, les stylos-plume, l'écritoire et surtout la personnalité des clients venant lui commander un travail d'écriture
    C'est très surprenant, très reposant. Pas de pathos, pas de drame, pas d'aventure périlleuse.
    , pas de science-fiction, juste une grande plénitude à tourner les pages du récit, à s'attarder sur les illustrations représentant les caractères de l'écriture. Et pour accompagner ce voyage, le thé chaud aux notes fumées du matin, le chuchotis de la pluie, le camélia du Japon à protéger , le ménage, la préparation d'un repas, la présence -absence de la grand-mère, nommée, l'aînée, les rites.
    Un délice...

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  9. Et en vous lisant Christiane, je complète en esprit ma fiche.

    MC je concède un gout pour le "kitch"; j'aurais dit éclectisme, mais va pour le kitch

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  10. Le mot kitch ne concerne que les affiches pour leurs couleurs et la façon de suggérer un film en insistant sur les stars un peu provocantes et les hommes virils, souvent armés.

    Cette comparaison venue de si loin m'est venue par le fait que vos billets précédent toujours ou presque mes lectures. Cette attente du livre m'a rappelé cette autre attente dans les petits cinémas de quartier.
    C'est une grande différence avec les billets de Paul Edel car les romans qu'il évoque je les ai souvent lus. Donc avec lui c'est le contraire, c'est-à-dire que je ne reconnais pas toujours le roman que j'ai lu, comme s'il le réinventait.
    Vous êtes l'ambassadeur d'un monde qui m'était totalement inconnu pour la science-fiction et peu connu pour la littérature japonaise.

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    1. Les affiches kitch ? "Soudain l'été dernier" où Elisabeth Taylor vampe un Montgomery Clift en slip de bain, ou l'étreinte torride de Clark Gable et Ava Gardner pour "Mogambo", ou "La maison des 7: péchés " avec le poing serré de John Wayne en premier plan et la blonde et sulfureuse Marlène Dietrich le regardant.
      Une qui vous plairait pour "Soucoupes. Volantes ! Terreur dans le ciel ! Menace sur la terre" ( je ne sais même pas si un film a suivi ! ) mais je me souviens de l'affiche !
      La plus belle, vue plongeante sur les trois héros de "Rio Bravo", arme en main (Wayne, Nelson et Dean Martin) Et encore El Dorado ( Wayne - Mitchum). "Un américain à Paris"(Gene Kelly)... Toutes en quadrichromie et nom du réalisateur minuscule alors que le nom des acteurs était énorme. Autant de films que je n'ai vus que bien plus tard au "cinéma de minuit " sur la 3 !

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  11. Votre éclectisme, c'est un autre point de vue que j'apprécie, celui d'intercaler des romans de science-fiction avec d'autres visages de la littérature, de mêler les époques, les auteurs, les pays. Votre bibliothèque est celle d'un voyageur. J'y trouve des trésors et parfois des livres sur lesquels je ne m'attarde pas car il n'y a pas eu de coup de coeur.
    Surtout ne changez pas !

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  12. Dans la papeterie un client demande à l'héroïne de prendre la plume à la place d'un défunt. J'ai pensé un moment évoquer le personnage d'Amélie Poulain dans la fiche.

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    1. J'ai trouvé ce passage émouvant. Le parallèle avec Amélie Poulain est sensible. Elle aussi a fait en sorte qu'une lettre venue du passé apporte un réconfort à un être qui l'attendait.

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  13. Vous aussi vous êtes traversé par une mémoire cinématographique. Cette Amélie Poulain aérienne, espiègle, à l'imagination débordante. Quand j'arriverai à ce passage, je penserai à Amélie Poulain !
    Pour l'instant je regarde un très beau film documentaire qui est passé lundi soir sur la 2 : "Les vies d'Albert Camus." De Georges Marc Benhamou. Très réussi De nombreuses archives. Un beau portrait littéraire porté par la voix de Philippe Torreton.

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    1. Et une belle plongée dans l'Histoire et la politique de ces années-là.

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  14. Je me demandais pourquoi le nom de "papeterie". J'ai ma réponse p.54.
    Pendant les grandes vacances, chaleur et calme plat. Il ne reste que la vente d'articles de papeterie : cahiers, hommes, compas, règles, marqueurs, ciseaux, punaises... des fournitures de base pour écoliers et collégiens.

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  15. Elle se souvient des paroles de sa grand-mère :
    "Mais tu sais, il a des gens incapables d'écrire une lettre malgré tous leurs efforts.Être écrivain public, c'est agir dans l'ombre, comme les doublures des grands d'autrefois. Mais notre travail participe au bonheur des gens."

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  16. La révolte de Amemiya Hatoko à 15 ans envers cette grand-mère autoritaire et jamais satisfaite est un beau morceau du roman , violent en paroles et en comportement. La douceur qu'elle a maintenant est d'autant plus remarquable.

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  17. La lettre qu'on lui commande pour annoncer un divorce est un trésor de tendresse et de respect. Très étonnant. Les juges aux affaires familiales n'ont jamais dû en lire de si douces !

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  18. @ C'est une grande différence avec les billets de Paul Edel car les romans qu'il évoque je les ai souvent lus. Donc avec lui c'est le contraire, c'est-à-dire que je ne reconnais pas toujours le roman que j'ai lu, comme s'il le réinventait.

    Je partage votre opinion, Ch., étant un lecteur assidu des trois blogs... Je n'aurais jamais aussi justement su la formuler. Bàv (JJJ)

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  19. Fidèle présence, JJJ, donnant un poids aux mots en leur faisant écho. Et c'est très important.
    Ce soir j'ai lu ( Paul Edel alias le magicien des mots et des apparences), son cri ouvrant à la délivrance de l'écriture. Mais c'est son intimité. Et puis sa sororité avec Annie Ernaux..., je le préfère frère de Stendhal bondissant sur son cheval à la conquête des femmes et de Rome . Je ne suis pas certaine de désirer le rencontrer en vérité. Peut-être parce que son écriture est plus forte que lui. Elle nous offre un écrivain subtil qui sait nous entraîner hors des étroitesses de la vie. Une élégance nonchalante, une sensualité toujours présente mais discrète s'arrêtant au seuil des corps dévoilés. L'écrivain a fait de l'homme un inconnu. Il n'est plus cet enfant ni cet adolescent mais un homme rayonnant habitant la fluidité des mots. Il s'est sacrifié pour écrire. Ses lecteurs dont je suis aiment de lui le mentir vrai de l'écriture. J'ai envie de lui : chut ! Ne dis pas le secret de l'enfance.

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    1. Lu la longue réponse que JJJ écrit à Paul Edel sur son blog. Très belle approche des combats d'Annie Ernaux et de ce "pas de deux" insolite. Bien aimé son ouverture aux blessures des femmes face à la domination masculine.
      Paul Edel/ Ajar est un homme, un écrivain magnifique qui entre là dans un combat dangereux avec ses ombres.
      Pourquoi relisant son texte je pense au "Portrait de Dorian Gray" ou à Faust ? Ce contrat tacite que les écrivains passent avec les miroirs ( voir les toiles de Magritte.)
      A l'inverse des acteurs qui parfois ne reconnaissent plus leur vraie identité et se coulent jusqu'à disparaître dans leurs personnages, il cherche à se souvenir. Et ça fait mal !
      La création de haut niveau brise les amarres, transforme une vie en destins extraordinaires
      Des albatros.... Gare aux hommes d'équipage qui se moquent de leur approche malhabile sur le pont des bateaux....
      Et justement le roman que Soleil vert propose : "La papeterie Tsubaki" de Ogawa ito sonde des doubles de ces personnes qui viennent demander à Hatoko d'écrire une lettre où elles disparaissent au profit d'un double...
      Je pense à un roman qui m'a autant écorchée que ce texte de Paul Edel, "J'adore ce qui me brûle" de Max Frisch.
      Quand Reinhardt s'interroge :
      "Qui suis-je ? (...) En quoi sa propre vie se distingue-t-elle d'une vague qui court à la surface de l'eau et n'y laisse aucune trace, étincellement fugitif, chatoiement d'un instant ? (..)
      Arrive un moment où il faut choisir. D'un côté, la mélancolie lorsque l'automne approche, une sensibilité que rien n'épargne, la terreur du mouvement, (...) la terreur de tout ce qui témoigne du passage du temps. (...) Nous acceptons la grande loi de la Mort et du Devenir, nous franchissons le seuil de notre jeunesse, irréversiblement. Les voiles scintillantes de la mélancolie s'effondrent ; une rigueur froide et cristalline envahit toute chose, et le jour vient où on ne s'effraie même plus lorsque paraît un être plus jeune. La terreur, l'horreur de la mort n'est soudain plus qu'un jeu."
      (P.127 - Gallimard )
      Oui, plus Max Frisch qu'Annie Ernaux...

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    2. Il manque : "Et, d'autre part, que voit-on ? Nous passons outre, nous acceptons la grande loi de la Mort....."

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  20. Cet automne ( deuxième partie) commence de façon pas ordinaire. Extraordinaire cette demande d'une lettre ordinaire où un homme épris d'une femme mariée et marié lui-même lui demande d'écrire comme une femme. La lettre doit être ordinaire et pouvoir avoir été écrite par une femme afin, si le mari tombait par hasard dessus, qu'il ne sache pas qu'un homme a écrit cette lettre. Mais elle doit connaître des détails de leur... amitié... pour pouvoir rédiger la lettre et pour qu'elle soit reconnaissable par la destinataire.
    C'est prodigieux, fin, un ruban de Moebius

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  21. Je vais revenir a la hauteur des affiches kitsch pour dire qu’elles montraient aussi ce qui n’était pas montrable: Ou Diable dans Soudain l’ Été dernier voit-on Montgomery Clift vampe par Elisabeth Taylor?! L’image joue parfois avec des plans inexistants. Elle les matérialise, leur donne une existence que par eux mêmes ils n’ont pas, faisant partie d’un inavouable secret…. MC

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  22. Oui, affiche prêtant à confusion puisque Montgomery Clift interprète le psychiatre qui conduira Catherine ( E. Taylor) à se souvenir de la scène traumatisante où elle a vu Sebastian se faire "dévorer" par des jeunes gens, elle, servant d'appât sur cette fameuse plage.
    Sur l'affiche on la reconnaît bien mais Sebastian est représenté de dos et seulement à partir des épaules. Le nom porteur de Montgomery Clift claque à côté de celui d'Élisabeth Taylor.
    On est loin de ce film splendide de Mankiewicz où entre les mains de son affreuse belle-mère magnifiquement interprétée par Katharine Hepburn, elle ne devra sa guérison qu'à ce psychiatre. C'est un film très psychanalytique.
    Mais les affiches de cette époque étaient faites pour attirer l'œil du passant.
    Un oiseau noir dans le titre du film en bas de l'affiche rappelle la scène horrifiante des tortues poursuivies par les oiseaux et fuyant vers la mer. Mais ces indices sont insuffisants pour comprendre qu'ils préfigurent la mort du jeune homosexuel qui séduisait des jeunes gens
    sur les collines bordant cette plage , laissant la candide fiancée seule sur la plage.
    C'est en ce sens que ces affiches, du moins certaines, me sont apparues kitch et trompeuses . Elles font partie du brouillard des années d'adolescence où je les regardais sur les murs de la ville.

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    1. Sebastian est toujours montré de dos dans le film...

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  23. La voici !
    https://cine-images.com/produit/soudain-lete-dernier

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  24. Fort beau film,, même si en apparence freudianerie hollywoodienne. Il y a bien un secret qu’il faut chercher, comme dans une tragédie. Williams n’était pas un âne …

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  25. "L’image joue parfois avec des plans inexistants. Elle les matérialise, leur donne une existence que par eux mêmes ils n’ont pas, faisant partie d’un inavouable secret…. MC"
    Excellent, MC. !

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  26. A votre service Christiane!

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  27. Oui, Tennessee Williams était d'une grande finesse dans ce roman où tout se joue sur la mémoire enfuie. Lune guérit , l'autre sombre dans la folie en comprenant ce qui s'est déroulé sur cette plage...

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  28. J'ai trouvé sur internet des adaptations cinématographiques des œuvres de Tennessee Williams. C'est impressionnant. J'en ai vu beaucoup, très puissants films.
    1950 : La Ménagerie de verre de Irving Rapper, avec Jane Wyman, Kirk Douglas et Gertrude Lawrence
    1951 : Un tramway nommé Désir d'Elia Kazan, avec Vivien Leigh, Marlon Brando, Karl Malden et Kim Hunter
    1955 : La Rose tatouée de Daniel Mann, avec Anna Magnani et Burt Lancaster
    1956 : Baby Doll (La Poupée de chair) d'Elia Kazan, avec Carroll Baker, Karl Malden et Eli Wallach ; scénario original
    1958 : La Chatte sur un toit brûlant de Richard Brooks, avec Elizabeth Taylor, Paul Newman et Burl Ives
    1959 : Soudain l'été dernier de Joseph Mankiewicz, avec Elizabeth Taylor, Katharine Hepburn et Montgomery Clift
    1960 : L'Homme à la peau de serpent (de La Descente d'Orphée) de Sidney Lumet, avec Marlon Brando, Anna Magnani et Joanne Woodward
    1961 : Été et Fumées de Peter Glenville, avec Laurence Harvey, Geraldine Page et Rita Moreno
    1961 : Le Visage du plaisir de José Quintero, avec Vivien Leigh et Warren Beatty
    1962 : Doux oiseau de jeunesse de Richard Brooks, avec Paul Newman et Geraldine Page
    1962 : L'École des jeunes mariés (Period of Adjustment) de George Roy Hill, avec Anthony Franciosa, Jane Fonda et Jim Hutton
    1964 : La Nuit de l'iguane de John Huston, avec Richard Burton, Ava Gardner, Deborah Kerr et Sue Lyon
    1966 : Propriété interdite (This Property Is Condemned), de Sydney Pollack, avec Natalie Wood, Robert Redford et Charles Bronson
    1968 : Boom! (The Milk Train Doesn't Stop Here Anymore) de Joseph Losey, avec Richard Burton, Elizabeth Taylor, Noel Coward et Joanna Shimkus
    1970 : Last of the Mobile Hot Shots de Sidney Lumet, avec James Coburn et Lynn Redgrave
    1987 : La Ménagerie de verre de Paul Newman, avec John Malkovich, Joanne Woodward et Karen Allen

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  29. Pour Rose.
    Dans le roman de Tennessee Williams cela se passe à "Cabeza de Lobo", une modeste station balnéaire espagnole où Sebastien et Catherine un riche américain, passent des vacances et où il trouvera la mort .
    Pour le film, peut-être les plages des Galapagos où les petites tortues à peine nées se précipitent désespérément vers la mer pour échapper aux oiseaux carnassiers qui fondent sur elles.
    Ce qui est extraordinaire dans le film c'est le déni de la mère qui ne peut affronter la vérité de la vie de son fils, qui l'auréole de pureté et qui voit Catherine comme une rivale.
    Magnifique rapprochement entre ces petites tortues dévorées vivantes et le sort de Sebastian qui se donnait le droit de consommer les jeunes gens qu'il désirait sans aucun respect....
    Et bien sûr le travail du psychiatre qui contourne les ordres de l'affreuse Violet ( lobotomiser Catherine) pour faire surgir de l'oubli la scène qui a traumatisé Catherine et qui sera dévoilée à la fin du film.
    Oui, un film éprouvant et magnifique.
    Superbe programmation dans votre ciné-club !

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    1. où Sebastien , un riche américain,, et Catherine, passent.....


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    2. Qu'est-ce que ce ciné-club ? Je le pensais destiné à des adultes cinéphiles....
      Je maintiens que c'est un excellent film.

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    3. Lier passionnant donner par Jazzi :

      https://www.allocine.fr/film/fichefilm-1884/secrets-tournage/

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  30. Je n'évoque jamais de musique dans ce blog, à quelques exceptions près en annexe de qq fiches.
    Ici ce sera le repertoire classique qui accompagne mes lectures
    Donc ce soir :
    Beethoven String Quartet No 14 Op 131 in C♯ minor Alban Berg Quartet
    https://www.youtube.com/watch?v=ZMDlqG7_TSc

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  31. De l’excellent film ou de l’excellent théâtre filmé ? MC

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  32. Qu'en pensez-vous ?
    La séquence finale où il fuit poursuivi par des hordes de jeunes surgissant de toutes les ruelles de ce village et sa montée vertigineuse puis son enfouissement dans ce magma de corps furieux d'où ne s'élève un instant qu'un bras demandant de l'aide. Le visage et les cris effrayés de Catherine. Ça c'est du cinéma.
    Les dialogues précis, incisifs sur fond de folie, peut-être du théâtre.
    Je n'ai ni vu ni lu la pièce. Je n'ai vu que le film, un très grand film de Mankiewicz, un très beau texte de Tennessee Williams.
    Le lien ( ci-dessus) permet de découvrir la blessure initiale, irréversible, inoubliable de Tennessee Williams.
    Tout ça remué par une affiche trompeuse.
    Tout ça pour d'autres, pour illustrer à quel point les billets de Soleil vert sont excellents pour donner envie d'en savoir plus sur un livre quand il écrit juste ce qu'il faut pour amorcer le désir de lire le livre mais sans tromper le futur lecteur.

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  33. Je reviens au récit des quatre saisons d'Ogawa Ito , "La papeterie Tsubaki ".
    Soudain un nouveau rite : l'adieu aux lettres. Hatoko fait un grand feu.
    "Un feu , c'est étrange. On ne se lasse jamais de le regarder. Des milliers, des centaines de milliers, des millions de mots montaient au ciel, enveloppés dans les flammes. Je les contemplais, songeuse (...).
    Les flammes nous libéraient de la nécessité de parler. Elles nous invitaient à prêter l'oreille à notre voix intérieure. Le rossignol s'est remis à chanter."

    Ce passage et ce rite mevoquent une façon de vivre....
    Le feu entre réel et irréel... Les mots s'envolent, les flammes s'envolent. Alors apparaît l'oiseau. Le chant de l'oiseau.
    Cette femme est poète. C'est dans le clair-obscur de son âme qu'elle laisse pénétrer la lumière du feu. Elle devient braise de silence puisque les mots s'envolent.
    Ce livre est un grand rêve, le lisant je l'échange contre sa douceur. Un témoignage de beauté qui ramène à la vie lente, aux objets familiers.
    Les mots sont éphémères... Elle les libère, attentive.
    Un halo poétique entoure l'écriture de cet être
    double comme un songe...
    Naître dans l'écriture comme Paul Edel. Le passage magnifique de son récit.

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  34. Étrange impression en refermant ce livre. Les mots n'y sont qu'un obstacle transparent car Ogawa Ito semble regarder un autre espace. De lettre en lettre, on entre dans la tranquillité de son regard, de sa vigilance extrême. C'est un livre rayonnant.

    De lettre en lettre...
    Je me souviens de la "Vue de Delft". Proust et son personnage Bergotte... Il écrit : "Il aurait fallu passer plusieurs couches de couleurs, rendre ma phrase précieuse comme ce petit pan de mur jaune."
    C'est exactement cela que l'autrice fait en créant un personnage qui a longtemps, près de l'aînée, refait ses signes d'écriture, corrigé la position de la main, de l'avant bras, appris le secret des encres. Tout ce travail préparatoire pour accéder à cet espace confidentiel qui est le secret enfoui au plus profond de l'être de chacun des visiteurs venant lui demander d'écrire une lettre. Comment traverser cette obscurité ? Quelque chose qui n'a pas encore eu lieu.
    Comblant ses visiteurs, elle se dénude lentement par une sorte d'effacement....
    Très belle dernière lettre qu'elle écrit à sa grand-mère, l'aînée.
    Un livre fait de silence.
    Un beau cadeau que l'on vous a fait, Soleil vert.
    Le "Quartet No 14 Op 131 in C♯ minor" de Beethoven interprété
    par le groupe de musiciens Alban Berg semble être son miroir.... Comme si vous aussi donniez la parole à un absent..

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    1. Très belle dernière lettre qu'elle écrit DE sa grand-mère, à elle adressée. Mystère et transparence...

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  35. Pour T Williams, c’est peut-être le fait qu’il soit dramaturge qui me conduise à cette lecture théâtrale. Cependant, j’ai le souvenir d’une alternance récit/ plans dans l’épisode précité.Comme si le drame devait être narré pour être pleinement dit et vécu. Le dernier plan, avec la mort de Mrs Noble s’inscrit aussi dans cette logique théâtrale et cathartique d’une certaine façon . Bien à vous et à Soleil Vert. MC


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    1. ."Comme si le drame devait être narré pour être pleinement dit et vécu."
      Votre remarque est vraiment intéressante.
      Un peu comme le rôle des chœurs dans la tragédie grecque.

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  36. JJJ,
    Je reviens pour vous. Pour vous parler de ce roman que sans vous j'aurais raté et cela aurait été un grand dommage.
    Donc, "Mémoires de Melle" de Michel Chaillou.
    J'allais entre deux romans tellement différents, celui-ci et celui coup de cœur de Soleil vert.
    J'ai eu besoin de temps entre les deux. Leur pâte d'écriture, leurs cibles sont tellement de deux mondes étrangers l'un à l'autre. Deux livres que j'ai lus passionnément.
    Donc, "Mémoires de Melle".
    Ma première réaction c'est mon émerveillement devant cette langue et le labyrinthe dans lequel Michel Chaillou la perd puis la retrouve, la tord, la troue, la caresse, la brusque. C'est comme lire un livre élastique qui vous malmène délicieusement. On ne sait plus où on est.

    Cinq ans au Maroc, de quinze à dix-huit ans.
    Un duo phénoménal : sa mère et lui.
    Lui a beaucoup de liberté. Il va et vient, goûte un peu les études mais ce qui lui plaît c'est la jouissance auprès des hommes ou des femmes dans des lieux de passage. Je n'ai jamais rencontré autant d'érections que dans ce roman ! Il ne finit pas de chercher où et près de qui il pourrait découvrir ce plaisir envahissant !
    Et ce n'est pas de trop car tout est trop dans ce roman. Trop de soleil. Trop de sable. Trop de maisons blanches, de marchés, de bruits, de musiques, de voix, de corps, d'amour. D'amour de la vie et de douleur.
    Et c'est la douleur qui serre le cœur du lecteur comme un étau. Car il n'a plus quinze ans ni dix-neuf. Il a , je ne sais quel âge, celui d'un souvenir brûlant qu'il cherche à raconter, ces années-là. Comme une saveur sur la langue, comme une langue qu'il commence à oublier : l'arabe. Souvent il traduit un mot dans les deux langues et il est heureux de les écrire côte à côte, gémellaires. Même Melle , près de Niort, où il a été surveillant, plus tard, pour gagner de quoi poursuivre ses études, même Melle c'est loin dans le temps.
    Dans les dernières pages, l'homme qu'il est devenu reprend la barre de cette nef folle et la conduit au port où calmement, mélancoliquement, il parle du temps qui passe, de ce Maroc qui en a vu des années difficiles, devenu un rêve qui se dissout, ,de sa mère qui l'a porté a bout de bras quand elle a dû fuir la France, douloureusement...
    C'est un bel homme au coeur vaste comme la mer libre comme ces oiseaux et ces vagues. Un poète truculent, -surtout quand on est femme lectrice de cet âne lubrique et si peu sûr de lui. Pourquoi le choix de cet animal modeste ? Pourquoi ce braiment qui déchire les oreilles ? Pourquoi cette douceur dans le regard de celui qui semble avoir été inventé pour servir les hommes en portant de lourdes charges. Mais celui-ci est espiègle et fait ce qu'ils veut et va où il le souhaite à la recherche de belles croupes. Ah le forcené !
    Mais le pays est si vivant qu'il en reste un peu de sable entre deux pages puisque Melle veut dire sable en arabe.
    Merci, JJJ, vous êtes un bon passeur. J'aurai bien aimé parler avec cet écrivain dans sa maturité. C'est un intellectuel qui a bien du mal à cacher son étonnante érudition.
    Sur ce, bonne nuit.

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  37. Maintenant, je regarde...

    https://www.michel-chaillou.com/biographie/

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  38. Oui, la Tragedie Grecque. C’est tout à fait cela. MC

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  39. Oui, sauf qu'il n'y aura pas douze personnages mais un jouant le rôle de récitant pour annoncer face au destin et aux dieux la parole du peuple.
    Autre chose.
    J'y pense en vous lisant. Ce qu'annoncé les titres de Tennessee Williams.
    Soudain.... L'été dernier...
    Il y a là une annonce qui éclaire la tragédie par l'irruption d'un temps bref qui va traverser l'épaisseur de l'oubli vertigineux de Catherine comme un oiseau qui fond sur sa proie, comme cette horde meurtrière et vengeresse saisit le prédateur, comme les oiseaux aux Galapagos qui font de la plage une arène rouge sang en dechisquetant les bébés tortues qui fuient vers l'océan sans l'atteindre.
    Un "soudain" qui va la ramener sur cette plage... Un été... "dernier" liant la proximité ou la scène finale.
    Un peu comme dans le théâtre d'Anouilh.

    Vous n'avez pas réagi au dernier billet de Paul Edel. JJJ et son ami anonyme s'y sont risqués. Quels beaux échanges ! Mais Elena Nesco a ajouté une réflexion qui est très proche de mon ressenti.

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    1. Comme la voix off de Catherine dans la scène finale de la dévoration de Sebastian par la horde.

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  40. Enfin, MC, le film... Ne pas oublier le travail du génial Mankiewicz qui a su introduire des plans extérieurs vraiment bien choisis. Et une lumière de fin d'un monde pour aller vers la clarté terrassante du soleil sur les pierres comme dans le Théâtre Antique...

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    1. La Comtesse aux pieds nus... Le fantôme de Mme Muir.. Eve... Pandora.... Fils au scalpel. Personnages féminins inoubliables.

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  41. Feuilleté "Les dieux ont soif" d'Anatole France. Le sujet ne m'emballe pas, que lire de lui ?

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  42. Alors là... A part Crainquebille et son "Mort aux vaches", lu il y a des dizaines d'années, je ne sais ...
    Cette notule peut-être pour éclairer l'oubli de cet écrivain :

    https://books.openedition.org/pur/124905

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  43. Et ce texte de Marianne qui va encore plus loin :https://www.marianne.net/culture/anatole-france-lecrivain-le-plus-insulte-de-france

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  44. Je n’ai pas réagi tout de suite, non . Mais l’affaire Bloy m’a fait sortir de mon bois. Bien à vous. MC

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  45. C’ est qu’il y eut Brousson, le « secrétaire » félon employé pour Jeanne d’ Arc, qui se répandit longtemps en insultes posthumes parfois drôles après la mort de France…Mais il vaut mieux lire le Père Thibault, spécialement quand il s’attaque à des formes ancienneS. La Chronique Moyenageuse de l’Ile des Pingouins, par exemple. MC


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  46. Je suis étonnée par le chemin que prennent les commentaires sous le billet de Paul Edel. Il écrit un texte ténébreux , déchirant, s'appuyant sur un aveu d'Annie Ernaux .Son enfance oppressantes y est esquissée comme une nasse dont il aspirait à s'échapper, ce qu'il fit par l'écriture.
    Et nous en sommes à compléter une liste de femmes écrivains, à les classer, à les comparer, à se demande si une écriture peut être reconnue comme féminine...
    Comme si les uns et les autres voulaient éluder la douleur qui a surgi de cette mémoire d'enfance .
    C'est sur ce point, MC, que j'attendais votre réaction pas sur Bloy qui est une façon adroite d'éluder ce bouleversant texte de Paul Edel..

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  47. Bachelard écrit dans "Poétique de la rêverie" :
    "A méditer sur l'enfant que nous fûmes, par-delà toute histoire de famille, après avoir dépassé la zone des regrets, après avoir dépassé tous les mirages de la nostalgie, nous atteignons une enfance anonyme, pur foyer de vie, vie première, vie humaine première."
    La reconstitution du passé ouvre-t-elle toujours à la nostalgie ? aux regrets ? Certaines enfances ont été dangereuses, menaçantes, oppressantes.
    Néanmoins, le récit qui en nait est-il authentique ? Vision d'un passé obscur coupé de son contexte. Se souvenir de son enfance c'est aussi faire un deuil. Elle est si lointaine... Et tant sont morts...
    Bachelard ajoute :
    "L'enfance que nous racontons, nous ne l'atteignons pas."
    Je pense à celles que nous racontent Witold Gombrowicz, W.G. Sebald, ou Kafka. Ce texte de Paul Edel, m'évoque la tentative d'autobiographie de Michel Leiris ( "L' Age d'homme"). Une écriture nue qui façonne la vie de l'adulte qu'il est devenu. "La damnation était faite.", écrit-il en éveillant ses souvenirs enfouis. L'écriture nait aussi de ce noyau d'enfance.
    Je pense aussi à "Enfance" de Nathalie Sarraute. Deux voix qui s'opposent, celle de l'enfant qu'elle a été, celle de l'écrivain qu'elle est devenue. La voix de l'enfant écrasant l'assurance de l'adulte. L'écriture devient vacillante sous la colère de l'enfant. Ébranlement infernal...
    Et Proust, qu'écrit-il ?
    "Quand nous avons dépassé un certain âge, l'âme de l'enfant que nous fûmes et l'âme des morts dont nous sommes sortis viennent jeter à poignées leurs richesses et leurs mauvais sorts..."
    Solitude des enfances...

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  48. Quelle lectrice je suis face à son texte ? Le flux des phrases rend l'auteur tellement présent. Une présence nerveuse, lyrique, spontanée, assourdissante. Une résistance au silence. A l'injustice. Un regard profond, très grave. Inapaisable. Presque une métamorphose...
    Étrangeté d'un ancien petit garçon qui ne songeait qu'à s'en sortir. Qui ne parlait pas car il ne pouvait dire ce qu'il ressentait. L'enfant qui plus tard habitera un pays qui n'existe que par le pouvoir des mots. Mais pour cela il fallait fuir, se sauver, s'échapper loin de l'enfermement dans la famille.

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  49. Je me permets de vous suggérer une lecture de Monnin Isabelle ”Odette Froyard en trois façons ”.
    L’auteure y raconte ”la vie minuscule ”de sa grand-mère,qui avait une manière de se tenir,une forme de dignité. Placée dans un orphelinat maçonnique à Paris.Une reconstruction d’une vie.

    Une libraire

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  50. Un grand merci, chère libraire, de me faire découvrir cette écriture, cette vie en apparence discrète et transparente. Tout une vie avec certainement des blessures cachées. Je vais à la recherche de ce livre.

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  51. J'ouvre le livre.
    J'aime la dédicace :
    "Aux habitants de mon enfance. "
    Je pars à l'aventure.
    Encore merci.

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  52. Une de mes prochaines "cibles" pourrait être Shibumi de Trevanian

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    1. Merci, Soleil vert, mais en attendant je savoure la lecture du livre d'Isabelle Monnin ”Odette Froyard en trois façons ”.
      Gardez là précieusement dans vos amies cette libraire. Un livre qui s'installe dans mon cœur.
      (J'ai vu qu'il y avait des commentaires qui s'inscrivent en double. Désolée.)

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  53. Son écriture est tellement précise, douce, intuitive.
    J'aime l'apparition du souvenir. C'est exactement comme cela :
    "Un battement , de paupière ou de cœur, et elle fut là, c'est ainsi qu'opèrent les idées. D'abord furtives puis insistantes, certaines s'installent jusqu'à l'obsession. (...)
    Elle avait eu la vie ordinaire d'une femme ordinaire de sa génération. Me poussaient des bourgeons de colère : le concept de femme puissante condamnait les autres à un silence penaud. Elle avait été une femme ordinaire en tout, une parmi les millions d'ordinaires qui ne sont ni héroïques ni suppliciées (...)
    Toutes les vies méritaient d'être non seulement vécues mais distinguées. Il y avait de l'extraordinaire dans chaque destin, fût-il éphémère ou apparemment dans relief.(...)
    Que se passe-t-il lorsqu'il ne se passe rien d'autre que la vie qui passe ?"

    C'est encore plus subtil que les vies ordinaires de Pierre Michon.
    Quelle beauté !
    Merci, libraire

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  54. Il y a tant de Docteurs en Féminité Litteraire. Pourquoi ne pas parler tout simplement d’écriture? Colette plus Willy donne Claudine. Colette moins Willy arrive à être Colette, tout simplement. On n’ira pas se battre pour savoir si son écriture est féminine ou pas. Elle est. Elle sait raconter une histoire, et même plus! La dessus, cf ses lettres à Proust. Bien à vous. MCourt

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    1. Ce qui m'intéresse c'est le texte de Paul Edel, son rapport avec son passé.

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  55. Je continue donc la lecture du récit de mémoire contre l'oubli d'Isabelle Monnin, "Odette Froyard en trois façons".
    Le rapport que la narratrice a avec ses morts est limpide :
    "Bien qu'élevée hors de toute croyance en une quelconque vie après la mort, des deuils précoces m'avaient appris à croire en mes fantômes. J'avais aménagé l'endroit où mes disparus continuaient de vivre : une clairière dans une forêt, un lieu de fiction vraie où je savais les retrouver. Je m'adressais à eux souvent, dans le secret de ma conversation intérieure...."
    C'est captivant cette révélation de sa grand-mère qu'elle retrouve d'abord dans des gestes familiers, des rites simples comme un repas. Peu à peu l'image perd son flou et un visage bienveillant surgit de l'oubli se rapproche...

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  56. Il faut savoir! Tantôt c’est la féminité, tantôt PE et son passé…. MC

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    1. Eh oui, je sais ! Le féminisme, je l'ai balayé comme secondaire. , le texte de Paul Edel, non..
      Depuis quelques semaines, il écrit des textes traversés par l'ombre de ceux qui ne sont plus et qu'il retrouve dans des scénettes très précises.
      Mais soudain c'est son enfance qui vient lui demander des comptes dans un dialogue imaginaire, vertigineux avec Annie Ernaux. Alors le passé, son passé l'emporte sur les notions d'écriture féminine ou pas.
      Dans ce livre que cette libraire de passage propose à notre lecture c'est un grave face à face de la narratrice avec sa grand-mère disparue bien des années avant. Tous ces livres, ces textes nous sondent. Qu'avons-nous oublier de nos morts, de ceux qui nous ont faits ?
      J'aurais aimé que vous vous exprimiez sur cela plus que sur l'écriture de Colette.

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  57. Quand elle veut forcer sa mémoire, elle doute, elle ne sait plus très bien. Un peu comme Barthes dans "La chambre claire" qui ne peut faire coïncider des photos de sa mère avec son visage et qui finira par le retrouver, mystérieusement, dans une photo d'enfance.
    Je crois que la narratrice s'en veut d'avoir vécu la mort de sa grand-mère comme quelque chose qui devait arriver à son âge... Elle qui était alors très occupée par ses projets, sa vie, sa jeunesse.
    Il faut du temps pour entrer dans la vérité de ceux qui ne sont plus là... Même questionnement dans le dernier livre de Marie-Hélène Lafon.
    On se souvient puis ça s'arrête sur une scène revenue du passé, puis des blancs, des inconnaissances, des questions sans réponse.

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  58. Mais ce genre de questionnement, c’est vous, pas moi. Ne pas vouloir que je vous ressemble me paraît important. Ce serait vous singer…. MC

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    1. Comme diraient les Dupondt qui sont de généreux orfèvres en devises : « C'est mon opinion et je la partage " !
      Cascades de malentendus....
      Tintin ? Une mine....

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  59. M.C.
    Nous sommes faits pour nous comprendre, c'est un plaisir !

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  60. Vous me rassurez à cette heure tardive! J’ai cru que vous me reprochiez de ne pas avoir posé vos questions ! MC

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  61. Oui, il est très tôt cher ami. J'ai cru que vous me reprochiez de ne pas vous avoir posé de questions ! "Nous foulons un sol où la main de l'homme n'a jamais mis le pied »

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  62. Retour au roman d'Isabelle Monnin, "Odette Froyard en trois façons".
    Je lis avec gourmandise cette rencontre avec une vieille dame délicieuse dont la vie semble conditionnée par "bien faire" ce qu'il faut faire car "le travail n'attend pas". Étourdissante suite de tâches ménagères répétées d'un jour à l'autre. Dignité, discrétion.
    Mystère.
    La narratrice cherche, cherche quelque chose qu'elle ne connait pas encore. Quelque chose qui ne se laisse pas encore rendre présent.
    Elle se fie à son écriture vive, enveloppante, tendre et amusée. Cherche à percevoir cette grandeur cachée dans une vie en apparence sans importance.
    "Il faut parfois des décennies pour interroger les évidences. Qu'y avait-il sous la surface ?" de cette femme ?
    "A qui appartiennent les souvenirs ? A ceux qui les gardent ou à ceux qui les habitent ? Que deviennent les choses qu'on oublie pendant qu'on ne pense pas à elles ?
    Des scènes"minuscules mais précises comme des courts-métrages en noir et blanc" surgissent à l'improviste. "Chaque souvenir en appelait un autre...."
    Quel délice !

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  63. Isabelle Monnin est vraiment très douée pour être conteuse autant qu'auteur d'un roman policier dans ce livre émouvant et intriguant : ”Odette Froyard en trois façons ”.
    "Pourquoi Odette Froyard (...) semblait fuir obstinément les occasions de se raconter, comme une clandestine craignant d'être démasquée. Son silence n'était pas un vide mais un plein, un trou rempli de mots qu'elle contint toute sa vie."

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  64. Mais elle lit. La narratrice se souvient....

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  65. Donc, il y a trois parties. Me voici abordant la deuxième après la traversée de l'orage sur Paris. Orage qui semble avoir libéré la narratrice. Que réserve Odette Froyard au lecteur de sa vie, à sa lectrice préférée, sa petite-fille ?

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  66. Ce qui est impressionnant c'est que son fils ne semble pas la connaître vraiment. Il ne s'est pas posé trop de questions.

    C'est très juste. Nous regardons souvent nos parents dans le quotidien de l'enfance et plus tard sans trop savoir d'où ils viennent, quelles épreuves ils ont subies, quelle famille les a formés. Une sorte de pudeur fait écran...
    La répétition des jours endort la curiosité et l'étonnement semble réservé à ce qui vient du dehors.
    Et puis, les anciens ont leurs secrets....

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  67. Dans cette deuxième partie,l'écriture change. La journaliste prend le relais de la conteuse quand elle décide de chercher plus avant dans l'Histoire qui servit de berceau à la jeune Odette Froyard. La guerre, les morts, les femmes dans la tourmente....
    Cette femme a une écriture moirée, éclairée par les variations de ses sentiments d'incertitude. Elle est celle qui questionne, s'attarde sur les photos, les journaux de l'époque, les cartes postales... Des archives qui cèdent leurs trésors ...

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  68. Fayard... Un nom qui chute par l'ivrognerie et l'abandon. Un héritage qui condamna Odette à l'humiliation, l'assignant à la pénitence et à la discrétion....
    "Odette Froyard était la descendante autant du salaud que de ses victimes. "
    Voilà. C'est clair !

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  69. "Chaque famille est un mensonge.
    Par pudeur, lâcheté, aveuglement, on cache les nœuds, on ne dit pas ce qui compte et on 'e raconte que la surface des anecdotes, ad libitum pour couvrir les vacarmed enfouis. Chaque famille est un mensonge qui se transmet de vie en vie, de siècle en siècle. Mais dans les doubles fonds des anecdotes de glissent les non-dits."
    Page 107

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  70. Avec plaisir. Bonne continuation de lecture.La fiction ouvre un passage vers la réalité et beaucoup de lecteurs ignoraient que les francs-maçons étaient poursuivis par les nazis.

    La libraire

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  71. Oui, elle devient lourde cette vie. L'orphelinat franc-maçon a essayé de réparer les erreurs du père. Mais les enfants ont été courbés avant lagey par le poids de ces mémoires cachées. Le livre devient bouleversant.
    Merci, encore.

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  72. "En 1937, des enfants de combattants de la guerre d'Espagne y avaient été recueillis. En 1940, l'édifice fut mis à sac par la Gestapo et les orphelins répartis en province pour échapper à la traque morbide qui pourchassait les francs-maçons comme les Juifs. Vichy en fit quelque temps une arbitraire et cruelle maison de redressement pour enfants délinquants."
    Page 127

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  73. J'ai donc traversé le réel de la vie terrible de cette fratrie décimée par la déportation à Auschwitz. Travail scrupuleux et douloureux dans les archives. Juifs , Résistants, francs-maçons et enfants de francs-maçons unis dans les mêmes convois et dans la même horreur de l'extermination à Auschwitz..
    Toutefois, dans les dernières pages de cette seconde partie, je fais le même constat qu'elle :

    "Au bout de la route, apres les orties, sur ce chemin au long duquel elle m'avait tant de fois tenu la main, se trouvait la source de tout : la dimension imaginaire de nos vies, celle qui nous sert de tremplin ou de pansement. La fiction n'est pas fausse, tous les romans savent cela. Elle ouvre un passage vers la vérité que le réel tente d'occulter. A la source, il y avait une porte."
    Page 187.

    Va-t-elle l'ouvrir dans la troisième partie ?

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  74. Et je retrouve le ton que je préfère, celui de la romancière. Ce passage est d'une telle clarté...

    "Chez eux, quand le père n'était pas mort, on exigeait le silence. Les enfants comme il faut étaient muets, sinon cat partait en pof, coups de casquette. Et après, quand le père était mort, la mère ne supportait aucun bruit, elle disait ça me porte sur les nerfs, et son malheur exigeait qu'on se taise. Elle fermait la porte pour n'être qu'avec lui, ce long chagrin exigeant qui l'avait prise et ne la relâchait plus, donnant aux petits le signal paradoxal d'une liberté possible. De l'autre côté de l'appartement, suffisamment loin pour que leur mère ne les entende pas, se trouvait une grande pièce où ils dormaient ensemble, dans trois lits que les huit se partageaient, pouvait alors monter un bruit de basse-cour, qui est une autre manière de silence ; rien ne se disait puisque rien ne pouvait s'entendre. C'est ainsi qu'Odette apprit à se parler pour elle-même au milieu des autres, sans déranger ni être dérangée. Elle était seule sans jamais l'être, c'est une connaissance de promiscuité : savoir être seule et tous en même temps."

    C'est vraiment un livre très fort et cette Odette devient tellement compréhensible, tellement grande et minuscule .

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  75. Ah bon? beaucoup de lecteurs ignoraient que les FM étaient poursuivis par les nazis? Ne pas oublier Bernard Fay, SVP….

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  76. Bonsoir, MC.
    Il se trouve que cette grand-mère s'est trouvée, enfant , par les hasards de l'Histoire avoir , à 10 ans, été propulsée dans le monde des adultes devant s'occuper des plus jeunes dans sa famille puis à l'orphelinat.
    Sa petite-fille se souvient par bribes de sa présence aimée mais tellement silencieuse et un peu distante. Elle cherche à comprendre des années après sa mort , sa vie en apparence banale, son histoire, étant persuadée qu'aucune vie n'est anodine, sans intérêt.
    Ses recherches la conduisent à comprendre l'histoire douloureuse de sa famille où les femmes ont dû de débrouiller avec leurs enfants pour survivre. Le père a déraillé les abandonnant.
    Ce qui est superbe dans ce roman / récit , mêlant fiction et vérité historique, que je n'ai pas terminé, c'est l'entêtement chaleureux avec lequel elle ne cesse de vouloir l'honorer. A elle de rendre l'amour qu'elle a reçu. C'est très beau et très bien ecrit.
    Cette libraire qui passait sur les terres de Soleil vert nous a fait un beau présent.
    Sans elle, ce livre ne serait pas entré dans la bibliothèque de Soleil vert et je ne l'aurais peut-être pas lu.
    Soleil vert a la délicatesse de nous laisser explorer un livre qu'il n'a pas choisi.
    C'est cela la lecture vivante, la littérature, se prêter des livres, s'en parler et par eux, avoir le coeur plus grand.

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  77. Voilà, j'ai terminé ce beau roman par ce chant d'amour qu'Isabelle Monnin a inscrit à la fin comme le perroquet pour Félicité. Flaubert aussi permet un envol secret à Félicité... après une vie humble de servitude.
    Merci, chère libraire pour ces heures de lecture du attachantes.
    "Odette Froyard en trois façons"... Une Trinité...

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  78. Magnifique billet de Paul Edel.

    "(...) Quand on relit « Le feu follet » , ou quand on revoit le beau film de Louis Malle magnifiquement adapté,en 1963, avec Maurice Ronet dans le rôle d’Alain, on se dit que Drieu a été notre Scott Fitzgerald, tous deux morts à quatre ans de distance. Tenue classique de la prose, ligne si nette d’un récit sobre, psychologie étudiée au rasoir, (...)"

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  79. Drieu La Rochelle pas pour l'instant
    SV

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  80. Oui, je comprends, Soleil vert...

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  81. Je trouve ce compliment quelque peu exagéré. Drieu a joue la carte Petain et à payé.Fort heureusement , d’ailleurs. La comparaison avec Fitzgerald est hors normes.il pouvait arrivé à Drieu d’être stupide. Fitzgerald, non ! Comparaison idiote à tous égards. MC

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  82. Ah...oui, celà peut être dit et c'est bien de le dire.
    J'ai aimé la balade triste et désabusée du film de Louis Malle.
    Quant à la fin de vie de DLR... débâcle, fascisme antisémitisme et homophobie.
    Encore une fois, une création de PE, incluse dans la noria des présences enfuies des textes précédents. Et le rêve est beau.

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  83. MC : après visionnage du concert de louis Chedid assisté d'Yvan Cassar ( qui au passage nous a joué du Debussy et la bande son de "La liste de Schindler") hier soir sur France 4,. pas de doute, dans la famille Chédid, entre Andrée, Louis et Mathieu c'est Louis que je préfère.

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  84. "On ne dit jamais assez aux gens qu’on aime qu’on les aime"

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  85. Oh, vous alors, vous êtes un sacré numéro ! Bon, je l'ai sur ma tablette ( c'est plus rapide !). Ai besoin de vous car je n'y comprends pas grand chose...
    Vous êtes inimitable. Vous nous annoncez donc un livre que vous n'avez pas encore lu ou peut-être autrefois.
    Vraiment votre blog est une source de jouvence. Le temps y est un jeu constant.
    Tenez, page 44 :
    "Le réel, l'irréel, l'important, l'insignifiant, l'A-Présent, l'Après ; (...) Tout s'emmêlait."
    C'est à peu près moi en train de lire ce roman. J'adore !
    A bientôt je vous envoie à tous les deux un grand bol de soleil, fenêtres ouvertes comme le livre.

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  86. Votre blog :
    https://images.app.goo.gl/XqBbWRzEdwLTtBP6A

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  87. Ah j'ai trouvé page 64. (Je copie le passage car il est en dehors de l'intrigue donc ne dévoile rien en ce qui la concerne.)
    C'est un bel idéal :
    "C'est un homme qui a toute mon estime. Il possède la vertu de ... comment dire... de "Shibumi".
    - "Shibumi", monsieur ?
    Nicolai avait déjà entendu ce mot, mais à propos de jardins, d'architecture, où il suggère une beauté équilibrée.
    - Quel sens donnez-vous à cette expression, monsieur ?
    - Oh ! Un sens imprécis. Et incorrect, je le crains. Une tentative maladroite pour décrire une qualité ineffable' "Shibumi" implique l'idée du raffinement le plus subtil sous les apparences les plus banales. C'est une définition d'une telle exactitude qu'elle n'a pas à être séduisante, si véritable qu'elle n'a pas à être belle. "Shibumi" est compréhension plus que connaissance. Silence éloquent. Dans le comportement, c'est la modestie sans pruderie. Dans le domaine de l'art, (...) c'est la simplicité harmonieuse, la concision intelligente. En philosophie, (...) c'est le contentement spirituel, non passif ; c'est exister sans l'angoisse de devenir. Et dans la personnalité de l'homme, cest... l'autorité sans la domination..."

    Très intéressant . Ça ressemble au Tao. Je crois qu'ils sont en Chine. Je n'ai pas trop suivi, m'attardant aux paysages, tantôt vus d'avion, tantôt sur terre.

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  88. Non, plutôt au Japon pour le raffinement.

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  89. Il y a une femme inquiète, Hannah Stern, une étudiante américaine , qui fuit des tueurs. Elle cherche la protection d'un homme qui vit dans un château loin de tout.

    Au début on revient sur ces Jeux de Munich où des athlètes juifs avaient été massacrés dans leur hôtel par des terroristes palestiniens et du commando israélien qui avait été envoyé pour les venger.
    J'ai dû voir un film de Clint Eastwood sur cette histoire.
    Après c'est le roman de Trevanian.Je crois qu'Hannah Stern faisait partie d'un groupe dont certains membres ont étés abattus en pleine foule, qu'elle est une sorte de rescapée Je crois aussi que les tueurs qui la poursuivent font partie de la "Mother Company" , un consortium puissant chapeautant les multinationales du pétrole, opposé à la CIA.
    Alors là je nage !!! Besoin de Soleil vert ! Car on la retrouve un peu perdue, affolée , bouleversée, dans un café au pays basque puis dans un avion en partance pour Toulouse, Tarbes et Pau .
    Là , je me suis installee dans ses yeux. Cela me rappelait des souvenirs heureux : "L'avion perça la mince couche de nuages et s'éleva dans le bleu vif de l'infini. (...) Hanbah contempla par le hublot la chaîne des Pyrénées aux cimes couvertes de neige dans l'air limpide, mer d'écume...."
    Je la retrouve cherchant le château d'Etchebar où demeure le mystérieux Nicholai Hel. Il doit être fort pour pouvoir la protéger.
    Mais quel rapport avec le"Shibumi" ?
    Vous me direz, Soleil vert ?
    C'est très compliqué ce roman, mêlant du vrai et de l'irréel. Un peu votre marque, non ?

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  90. Non, le film c'est plutôt : "Munich", de Steven Spielberg.

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  91. Oui, c'est ça "Munich" .
    Jeux d'été de 1972 à Munich. Le groupe terroriste palestinien Septembre noir tue onze membres de l'équipe olympique israélienne. L'Opération "Colère de Dieu", est créé pour les venger.

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  92. Désolé, je suis en décalage temporel.
    Pas reçu shibumachin
    Les libraires m'ont dit aujourd'hui, peut-être sans doute demain.
    Je ferai attention à mes annonces la prochaine fois

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  93. Mais non, ne changez rien. Je fais une pause jusqu'à votre billet . J'ai d'autres livres à reprendre. Rien ne presse.

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  94. De plus vous aviez laissé un doute quant à ce choix, ciblant ce livre comme une possibilité parmi d'autres. Si vous voulez chroniquer un autre roman, aucun problème. C'est que le titre m'a intriguée. Je suis curieuse. Et ce que j'ai compris de ce récit jusqu'à là permet quelques haltes intéressantes au milieu d'un roncier. De plus, je ne connais rien au jeu de Go qui semble éclairer la structure du roman. J'ai cherché un peu sur les sites littéraires dinternet. C'est peu clair, roman majoritairement apprécié, minoritairement rejeté comme étant trop embrouillé. Plus j'avançais plus ça devenait complexe, intégrant des pans réels de l'Histoire politique américaine sur fond de surnaturel , du moins d'étrangeté avec ce personnage hors norme de la famille des justiciers.
    Je le reprendrais plus tard...

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